Note d'orientation succincte - Numéro : 001/01

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Note d'orientation succincte - Numéro : 001/01
Note d’orientation succincte
         Numéro : 001/01
Note d'orientation succincte - Numéro : 001/01
1    Note d’orientation succincte numéro : 001/01
2    DOMAINE DE RECHERCHE : Prise en charge des cas de COVID-19
3    TITRE : Efficacité de l’utilisation de la chloroquine/hydroxychloroquine dans la prise en charge des
     cas de COVID-19
4    DATE DE PUBLICATION : 26/05/2020
5    CONTEXTE
     La maladie pandémique à coronavirus-19 (COVID-19) a fait basculer le système de santé mondial dans
     une crise dont les conséquences socioéconomiques ont un impact négatif sur tous les domaines
     d’activités à travers le monde. À l’heure où des recherches sont menées pour approuver définitivement
     une thérapie, plusieurs protocoles de traitement sont utilisés, avec des appréciations diverses. Parmi
     ces médicaments, la chloroquine (CQ), médicament antipaludique, et son dérivé l’hydroxychloroquine
     (HCQ) ont été proposés comme traitement [1]. La présente note d’orientation entend faire le point sur
     les avis de la communauté scientifique en ce qui concerne l’utilisation de la CQ/HCQ pour le traitement
     de la COVID-19.

6    STRATÉGIE DE RECHERCHE/MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE
     La méthodologie de recherche a consisté à extraire, à partir de trois bases de données, à savoir,
     PUBMED, OMS COVID-19 et IRIS (archives institutionnelles de l’OMS pour l’échange d’informations), les
     articles publiés pendant la période allant du mois de janvier 2020 au 20 mai 2020. Les mots clés de
     recherche utilisés dans le cadre de cette approche étaient les suivants : « chloroquine (CQ) »,
     « hydroxychloroquine (HCQ) », « traitement COVID-19 », « maladie à coronavirus-19 », « prophylaxie
     COVID-19 », « efficacité de la chloroquine » et « prise en charge des cas de COVID-19 ». Le premier
     inventaire a consisté à passer en revue les articles sur le sujet et à examiner les données factuelles
     relatives à l’Afrique. Grâce à cette stratégie de recherche, 81 titres et synthèses d’études publiées en
     anglais ont été trouvés. À la suite d’un examen plus approfondi des synthèses, 13 publications ont été
     retenues selon les critères d’inclusion. Le texte intégral de ces publications a été demandé et utilisé
     aux fins de la présente synthèse.

7    SYNTHÈSE DE LA LITTÉRATURE MONDIALE PUBLIÉE SUR LE SUJET
     Selon Katelyn et al. (cité dans Tonnesmann et al.), la chloroquine a été synthétisée pour la première fois
     en 1934 et a été largement prescrite pour la prévention et le traitement du paludisme, ainsi que pour
     le traitement de maladies auto-immunes, telles que la polyarthrite rhumatoïde et le lupus
     érythémateux disséminé [2, 3]. L’hydroxychloroquine a ensuite été introduite en 1955 et a rapidement
     été privilégiée en raison de son profil de sécurité supérieur [2]. La chloroquine et ses dérivés, dont
     l’hydroxychloroquine, moins toxique, ont été utilisés pour traiter diverses maladies, dont le lupus
     érythémateux systémique, la polyarthrite rhumatoïde et le paludisme, parmi de nombreuses autres
     indications. Un grand nombre d’articles publiés ont fait état de l’efficacité de la CQ/HCQ au cours des
     dernières décennies dans le traitement du paludisme.
     Cependant, la résistance de P. falciparum à la chloroquine a été attestée dans de nombreux pays, y
     compris dans la Région africaine, bien que P. vivax demeure sensible à la chloroquine en Asie du Sud-
     Est et dans certaines autres parties du monde. La découverte et le développement de dérivés de
     l’artémisinine en Chine et leur évaluation en Asie du Sud-Est et dans d’autres régions ont permis de
     créer une nouvelle classe d’antipaludéens très efficaces. Les combinaisons thérapeutiques à base

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d’artémisinine (CTA) sont considérées comme le meilleur traitement dont nous disposons à l’heure
 actuelle contre le paludisme à P. falciparum sans complications, à privilégier à la place de la
 chloroquine ; c’est pourquoi l’OMS, compte tenu des données disponibles, a recommandé aux pays de
 passer du traitement à la chloroquine aux combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine [4]. La
 plupart des pays de la Région africaine de l’OMS ont changé leur politique de traitement du paludisme
 à P. falciparum entre 1996 et 2004, d’abord en passant à l’administration de sulfadoxine-
 pyriméthamine (SP) ou d’amodiaquine à titre provisoire, puis aux CTA ; la chloroquine est néanmoins
 toujours utilisée pour le traitement de P. vivax en Éthiopie.
 En ce qui concerne l’effet de la CQ/HCQ sur le virus, on s’accorde à reconnaître son efficacité in vitro.
 Les évidences montrent que la CQ/HCQ est efficace en tant qu’agent antiviral lorsqu’elle est testée sur
 un virus quelconque dans des cultures cellulaires (in vitro) [1]. Selon Beattie et Timothy (cité par Al-
 Bari), des études in vitro ont montré que la chloroquine est efficace contre plusieurs virus, y compris le
 coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV). De multiples mécanismes d’action qui
 perturbent le stade précoce de la réplication des coronavirus ont été identifiés chez la chloroquine. En
 outre, la chloroquine a un effet sur l’activité du système immunitaire par sa fonction de médiateur de
 la réponse anti-inflammatoire, ce qui peut réduire les dommages dus à une réponse inflammatoire
 exacerbée [5, 6].
 Dans la communauté scientifique, les avis divergent quant au succès de la CQ/HCQ dans la prise en
 charge des patients atteints de COVID-19. De janvier à avril 2020, les études paradoxales sur l’effet de
 la CQ/HCQ sur la réplication du virus ont été importantes d’un point de vue de santé publique. Un essai
 ouvert non randomisé a été mené en France et a mis en évidence une diminution significative de la
 charge virale et de la durée de portage chez les patients atteints de COVID-19 recevant de
 l’hydroxychloroquine (600 mg/jour pendant dix jours), avec des effets accrus pour les combinaisons y
 associant l’azithromycine [Mégarbane (cité par Gautret et al.) 7, 8]. De même, le potentiel de
 l’hydroxychloroquine pour le traitement de 22 patients atteints de COVID-19 a été partiellement
 confirmé et, étant donné qu’il n’y a pas de meilleure option à l’heure actuelle, l’administration
 d’hydroxychloroquine pour le traitement de la COVID-19 est prometteuse, dans le cadre d’une prise en
 charge raisonnable [9]. Cependant, Molina et al. n’ont trouvé aucun élément permettant de confirmer
 une forte activité antivirale ou un intérêt clinique de la combinaison hydroxychloroquine/azithromycine
 pour le traitement de leurs patients atteints de COVID-19 qui étaient hospitalisés dans un état grave
 [10]. Une petite étude randomisée menée en Chine révèle que chez les patients atteints d’une maladie
 COVID-19 d’intensité légère ou modérée, aucune différence dans les taux de guérison n’a été constatée
 après l’administration d’hydroxychloroquine [11]. Après examen des études menées dans différents
 contextes et avec différentes méthodologies, on constate qu’il n’existe aucune étude sur la CQ/HCQ en
 tant que traitement de la COVID-19 qui démontre de manière satisfaisante l’efficacité ou l’absence de
 dommages de ce traitement [2].
 L’efficacité et la sécurité de la CQ/HCQ pour le traitement de la COVID-19 restent à définir [12]. À ce
 jour, la solidité épistémologique des différentes études, qui dépend de leurs méthodologies et de la
 taille des échantillons considérés, ne permet pas de tirer des conclusions qui seraient reconnues à
 l’unanimité par la communauté scientifique. La recherche sur l’utilisation de la CQ/HCQ pour la prise en
 charge des patients atteints de COVID-19 dans la Région africaine reste balbutiante et fragmentée. La
 plupart des études menées à ce jour sur le sujet soulignent à l’unanimité la nécessité de poursuivre les
 recherches en mettant en place des études randomisées avec des échantillons suffisamment

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représentatifs statistiquement pour faciliter la prise de décisions fondée sur des données
     scientifiquement acceptables pour tous.

8    RÉSUMÉ DE LA LITTÉRATURE SUR LE SUJET EN AFRIQUE
     En dehors de l’utilisation anecdotique de la CQ/HCQ pour la prophylaxie de la COVID-19 dans certains
     pays et de l’étude publiée par Abena et al. appelant les pays africains à envisager sérieusement la mise
     en place de programmes de surveillance des prescriptions pour veiller à ce que toute utilisation de
     CQ/HCQ hors usage indiqué soit appropriée et bénéfique pendant cette pandémie [12, 13], il n’existe
     aucune étude significative connue sur l’Afrique en particulier. Par ailleurs, aucun effet indésirable n’a
     été signalé dans la littérature grise ou publiée.

9    CONCLUSIONS SUR LA POLITIQUE À MENER
     Les informations sont actuellement mitigées. L’efficacité de la chloroquine sur d’autres coronavirus
     similaires, connue depuis longtemps, et son utilisation dans la Région africaine pour la prise en charge
     du paludisme – bien qu’à des doses différentes que celles proposées pour le traitement de la COVID-19
     – viennent étayer son utilisation. En outre, la chloroquine est relativement peu coûteuse. Cela étant,
     les données scientifiques actuelles ne permettent pas de tirer des conclusions sur l’utilité et les effets
     secondaires de l’administration d’hydroxychloroquine aux doses recommandées pour la prise en charge
     de la COVID-19.
     Les décisions relatives à son utilisation dans les pays devraient être prises en tenant compte de ces
     orientations.
10 RECHERCHE EN COURS DANS LA RÉGION AFRICAINE
   L’utilisation de l’hydroxychloroquine a été explorée dans le cadre de l’essai clinique « Solidarity » de
   l’OMS, auquel participent des patients de plusieurs pays – pour de plus amples renseignements, veuillez
   consulter le lien suivant : https://www.who.int/fr/emergencies/diseases/novel-coronavirus-
   2019/global-research-on-novel-coronavirus-2019-ncov/solidarity-clinical-trial-for-covid-19-
   treatments.
11 RECOMMANDATIONS DU BUREAU RÉGIONAL DE L’AFRIQUE POUR LA POURSUITE DES RECHERCHES
   Le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique encourage les chercheurs à attester scientifiquement
   l’efficacité des divers protocoles de traitement reposant sur la CH/HCQ dans la Région africaine, le but
   étant de fournir des données scientifiques susceptibles d’orienter les politiques visant à améliorer la
   prise en charge des patients atteints de COVID-19. À cette fin, le Bureau régional invite tous les comités
   de riposte à la COVID-19 à faire un usage optimal de leurs comités scientifiques et à étendre leur
   collaboration aux milieux universitaires et autres partenaires connexes afin de pouvoir entreprendre
   des études scientifiques solides sur le sujet.

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12    Références bibliographiques
       [1] A. Sharma, Chloroquine paradox may cause more damage than help fight COVID-19, Microbes and Infection,
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      [2] Katelyn A. Pastick,1, Elizabeth C. Okafor et al., Hydroxychloroquine and Chloroquine for Treatment of SARS-CoV-2
      (COVID-19), Open Forum Infectious Diseases, 2020
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      Immunotoxicol 2013; 35:434–42
      [4] WHO Malaria Treatment Guidelines 2006
      [5] Beattie RH Sturrock and Timothy JT Chevassut, Chloroquine and COVID-19 – a potential game changer? Clinical
      Medicine 2020 Vol 20, No3: 2 78–81
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      [7] Bruno Mégarbane (2020): Chloroquine and hydroxychloroquine to treat COVID-19: between hope and caution,
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      [8] Gautret P, Lagiera JC, Parola P, et al. Hydroxychloroquine and azithromycin as a treatment of COVID-19: results of
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      What Every Clinician Should Know. Ann Intern Med. doi:10.7326/M20-1334
      [12] Pascale M. Abena, Eric H. Decloedt, Emmanuel Bottieau, Fatima Suleman, Prisca Adejumo, Nadia A. Sam-Agudu,
      Jean-Jacques Muyembe TamFum, Moussa Seydi, Serge P. Eholie, Edward J. Mills, Oscar Kallay, Alimuddin Zumla, and
      Jean B. Nachega. Chloroquine and Hydroxychloroquine for the Prevention or Treatment of Novel Coronavirus Disease
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      2020, pp. 1–5 doi:10.4269/ajtmh.20-0290
      [13] Elsevier. Chloroquine and hydroxychloroquine as available weapons to fight COVID-19, International Journal of
      Antimicrobial Agents 55 (2020) 105932, www.elsevier.com/locate/ijantimicag
      NOTE D’ORIENTATION SUCCINCTE ELABOREE PAR : Kwami Dadji, Humphrey Karamagi, Regina Titi-Ofei, Jean Claude
      Nshimirimana, Aminata B. Seydi, Pascal Mouhouelo, James Asamani, Hillary Kipruto, Julie Nabyonga, Akpaka Kalu et
      Felicitas Zawaira

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