POLITIQUE NATIONALE DE LUTTE CONTRE LE PALUDISME DE LA RCA - PROGRAMME NATIONAL DE LUTTE CONTRE LE PALUDISME
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MINISTERE DE LA SANTE, DE L’HYGIENE REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE PUBLIQUE ET DE LA POPULATION Unité – Dignité – Travail ************** ************** POLITIQUE NATIONALE DE LUTTE CONTRE LE PALUDISME DE LA RCA PROGRAMME NATIONAL DE LUTTE CONTRE LE PALUDISME BOALI, OCTOBRE 2016
PREFACE Le paludisme demeure en République centrafricaine (RCA) la première cause de morbidité et de mortalité malgré les efforts déployés tant au niveau national qu’international. Les résultats de la revue à mi-parcours du Plan Stratégique National (PSN) 2012-2016 de lutte contre le paludisme, ont montré quelques progrès notamment la réduction significative de taux de décès liés au paludisme et l’amélioration du système de collecte des données utilisant la téléphonie mobile. Toutefois, de nombreuses faiblesses et des contraintes persistent entre autre l’insuffisance des intrants pour l’atteinte de la couverture universelle ainsi que l’absence d’un document de Politique Nationale de lutte contre le Paludisme et des directives actualisées. En réponse à ces faiblesses et aux contraintes relevées, la RCA opte pour la promotion de l’accès universel à l’ensemble des interventions de prévention et de prise en charge des cas de paludisme, l’amélioration du système d’approvisionnement, l’extension des interventions à base communautaire, le développement des documents normatifs du programme et l’amélioration du système de suivi et évaluation. La présente politique s’inspire des orientations du Plan de Transition du Secteur de la Santé 2015-2017 (PTSS) prises en compte dans le Pilier 2 du Plan de Relèvement et de Consolidation de la Paix (RCPA) 2017-2021. Elle intègre par ailleurs, les orientations internationales notamment l’un des Objectifs du Développement Durable à savoir l’ODD3, la stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) 2016-2030, le cadre pour la mise en œuvre de la stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme 2016-2030 dans la région africaine et le document d’Action et d’Investissement pour Vaincre le Paludisme du partenariat Roll Back Malaria (RBM). La disponibilité de ce document permettra de mettre en œuvre les activités de lutte contre le paludisme dans un cadre renforcé de partenariat public-privé, avec l’appui des partenaires bi et multi latéraux, les Organisations Non Gouvernementales (ONG), et la participation des Communautés à la base. Au nom du Gouvernement, j’exprime toute notre gratitude à l’OMS qui a appuyé l’élaboration de ce document par ses soutiens financier, technique et matériel. Je félicite les membres du groupe des experts et le Consultant qui, en dépit des conditions de travail difficiles, ont su conduire le processus à terme et produire un document de qualité. Fruit d’un large consensus grâce au processus participatif mis en place pour sa validation qui a impliqué l’ensemble des partenaires du développement sanitaire, ce document se veut une réponse aux aspirations légitimes des populations en matière de lutte contre le paludisme. Les partenaires et les intervenants du Programme National de lutte contre le Paludisme ont désormais un cadre national approprié pour l’amélioration de la qualité de la prise en charge des cas du paludisme dans le pays. Je vous engage donc à en faire bon usage. Ministre de la Santé de l’Hygiène Publique et de la Population Dr FERNANDE DJENGBOT 1
Table des matières REMERCIEMENTS .......................................................................................................................... 4 LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS ...................................................................................... 7 1. PROFIL DU PAYS .................................................................................................................... 8 2. ORGANISATION DU SYSTEME DE SANTE ...................................................................... 10 3. ANALYSE DE LA SITUATION DU PALUDISME .............................................................. 11 3.1. Analyse épidémiologique ................................................................................................. 11 3.2. Analyse de la réponse de la lutte contre le paludisme ...................................................... 12 3.3. Analyse des Forces Faiblesses Menaces et Opportunités ................................................. 13 4. PRIORITES NATIONALES DE LA LUTTE CONTRE LE PALUDISME ........................... 15 5. ORIENTATIONS POLITIQUES EN MATIERE DE LUTTE CONTRE LE PALUDISME . 15 5.1. Vision, Mission ................................................................................................................ 16 5.2. Principes directeurs et Valeurs ......................................................................................... 16 5.3. But et objectifs.................................................................................................................. 17 5.4. Stratégies nationales de lutte contre le paludisme ............................................................ 18 5.4.1.1. Mesures de prévention du paludisme .......................................................... 18 1. Lutte anti vectorielle .................................................................................................................... 18 2. Chimio prévention ........................................................................................................................ 19 5.4.1.2. Diagnostic et traitement du paludisme ............................................................. 20 5. Financement du programme de lutte contre le paludisme à l’échelle nationale et internationale 26 6. CADRE DE MISE EN ŒUVRE DE LA POLITIQUE DE LUTTE ANTIPALUDIQUE ...... 28 6.1. Cadre institutionnel et organisationnel de la lutte contre le paludisme ............................ 28 2
6.2. Structures de mise en œuvre ............................................................................................. 29 7. MISE EN ŒUVRE DE LA POLITIQUE NATIONALE DE LUTTE CONTRE LE PALUDISME ................................................................................................................................... 29 Le suivi et l'évaluation de la mise en œuvre seront assurés par le SLP en collaboration avec le SNIS, les services déconcentrés de santé et les partenaires d’appui au Programme National de Lutte contre le Paludisme. ................................................................................................................ 30 8. MISE A JOUR DE LA POLITIQUE DE LUTTE CONTRE LE PALUDISME..................... 30 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ......................................................................................... 31 3
REMERCIEMENTS Le processus d’élaboration du Document de politique nationale de lutte contre le paludisme a été conduit sous la supervision du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) par un groupe d’experts nationaux, un consultant national et des partenaires appuyant la lutte contre le paludisme en RCA. Le Ministère de la Santé de l’Hygiène Publique et de la Population (MSHPP), remercie toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin à la rédaction de ce document. Ces remerciements s’adressent en particulier aux : Partenaires de la lutte contre le paludisme en RCA, pour leurs appuis techniques et financiers qui ont été déterminants pour avoir un document de qualité, Membres des équipes techniques d’experts, qui ont conduit avec professionnalisme le processus d’élaboration et de validation de la Politique Nationale de lutte contre le Paludisme; Directeurs régionaux et préfectoraux de santé, institutions de formation en santé et de recherche, pour leurs contributions valeureuses au document ; Membres de l’équipe du PNLP, pour le suivi et la coordination efficace du processus ayant permis de doter le programme d’un document de qualité. 4
PROCESSUS D’ELABORATION DU DOCUMENT DE POLITIQUE Le processus d’élaboration du document de politique a suivi les étapes ci-dessous : Revues documentaires ; Consultation des personnes ressources (principales parties prenantes de la lutte contre le Paludisme) ; Elaboration du draft du document ; Travaux de relecture avec les groupes des experts ; Validation lors d’un atelier national ayant réuni les principales parties prenantes de la lutte contre le Paludisme en RCA dont les noms sont cités ci-dessous, du 26 au 28 Octobre 2016 ; Partage avec l’équipe de l’OMS (consultants internationaux) ; Finalisation du document par le consultant national. 5
Liste des équipes de travail Dr GAUNEFET Christel Gynécologue -Obstétricienne, Paludologue, Médecin de Santé Eddith Publique spécialité Gestion de la Santé de la Reproduction, Consultant national Dr MOYEN Jean Méthode Médecin Epidémiologiste, expert en Paludisme, coordonnateur du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) Dr NDOUA Christophe Médecin généraliste, chargé du SE au SLP Dr DEKOYO Moise Pharmacien, responsable de Gestion des Achats et Stocks au SLP Mr MODOMALE Léon Technicien en salubrité et environnement, responsable communication au SLP Mr GUEZZA Dieudonné Technicien supérieur en Santé Publique, responsable lutte anti vectorielle au SLP Dr BEKAKA YOULE Economiste et Manager de Santé Publique, Coordonnateur DOBINET Oscar National de la PCIMNE Dr NAMBEI Wilfrid Pharmacien Biologiste et de Santé Publique, PhD, chef de Sylvain service du développement des laboratoires Dr NAISSEM Médecin de Santé Publique, spécialité Gestion de la Santé de la GUENDOKO Yolande Reproduction Chargé de Mission en matière de Population et de Lutte contre les Maladies Dr NAMBOUA Louis Médecin de Santé Publique, responsable de la prise en charge des cas de paludisme au Service de Lutte contre le Paludisme Pr BOBOSSI SERENGBE Professeur de Pédiatrie, Chef de Service de la Clinique Gustave Médicale Infantile Pr KOFFI Boniface Professeur d’Anatomopathologie, vice Doyen de la Faculté des Sciences et de la Santé Pr SERDOUMA Eugene Professeur agrégé de Gynécologie-Obstétrique, Directeur Général de la Planification et de la Gestion des Etablissements Hospitaliers Dr GOANA Valentin Médecin de Santé Publique, Chargé de Mission en matière de Politiques et Stratégies Dr TEKPA Gaspard Médecin Infectiologue, épidémiologiste, médecin du travail, chef de service des maladies infectieuses Dr MBEKO SIMALEKO Médecin de Santé Publique, Directeur Général de la Population Marcel et de Lutte contre les Endémies Spécifiques Dr DIEMER Henri Médecin de Santé Publique. Directeur de Lutte contre les Endémies Spécifiques Dr KOMANGOYA- Médecin de Santé Publique, Chargé du Programme VIH/Sida, NZONZO Aristide Désiré Tuberculose et Paludisme au Bureau pays de l’OMS Centrafrique Dr KITEZE Emmanuel Médecin de Santé Publique, responsable du programme survie de l’enfant à l’UNICEF Dr SIOLO MBARY Mada Médecin de Santé Publique, Paludologue. Responsable du Bebelou programme paludisme à la FICR/CR Dr MBOLISSA Wilfried Médecin généraliste, Responsable du Suivi Evaluation au programme paludisme à la FICR/CR Dr MBOUFOUNGOU Médecin généraliste, Médecin chef du centre de santé de Boali Eloi Dr ODDIO Magloire Médecin généraliste, Directeur de la Région Sanitaire N° 1 Dr BELTOUM Médecin généraliste, Médecins Sans frontières 6
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS AMM Autorisation de Mise sur le Marché ASC Agent de Santé Communautaire CCC Communication pour un Changement de Comportement CDMT CNRISTAR Centre National de référence des Infections Sexuellement transmissibles et de la Thérapie Antirétrovirale CNTS Centre National de Transfusion Sanguine CTA Combinaison thérapeutique à base d’Artémisinine FMSTP Fonds Mondial de Lutte contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme IEC Information Education Communication IPB Institut Pasteur de Bangui LNBCSP Laboratoire National de Biologie Clinique et de Santé Publique MID Moustiquaire à Imprégnation Durable MILD Moustiquaire Imprégnée d’Insecticide à Longue Durée MSHPP Ministère de la Santé de l’Hygiène Publique et de la Population ODD Objectif de Développement Durable OMS Organisation Mondiale de la Santé PCA Paquet complémentaire d’activité PMA Paquet Minimum d’activité PID Pulvérisation Intra Domiciliaire PNLP Programme Nationale de Lutte contre le Paludisme PRCPCA Plan de Relèvement et Consolidation de la Paix en Centrafrique PSE Plan de Suivi et Evaluation PSN Plan Stratégique National PTF Partenaire Technique Financier PTSS Plan de Transition du Secteur de la Santé RBM Roll Back Malaria RCA République Centrafricaine SLP Service de Lutte contre le Paludisme SNIS Système National d’Information Sanitaire SP Sulfadoxine Pyrimethamine TDR Test de Diagnostic Rapide TPI Traitement Préventif Intermittent TPIg Traitement Préventif Intermittent pendant la grossesse TPIn Traitement Préventif Intermittent chez le nourrisson 7
1. PROFIL DU PAYS 1.1. Présentation du pays La République Centrafricaine est un pays enclavé situé au « cœur de l’Afrique » entre 2°10 et 11° de latitude Nord. Elle couvre une superficie de 623.000 Km² et est limité, au Nord par le Tchad, à l’Est par le Soudan et le Sud Soudan, à l’Ouest par le Cameroun et au Sud par la République Démocratique du Congo et la République du Congo. 1.2. Ecosystème, environnement et climat La RCA est située en zone tropicale pluvieuse. La végétation est constituée d’environ 3,5 millions d’hectares de forêt au sud et d’une zone de savane boisée au nord. Le relief est peu accidenté avec une altitude moyenne qui varie entre 650 et 850 m, et un réseau hydrographique très dense provenant de la dorsale oubanguienne. La moyenne annuelle des températures avoisine 26 °C. La pluviométrie indique en moyenne : pour la saison pluvieuse 226 mm (juillet), et pour la saison sèche 5 mm (décembre). Ce contexte physique est l’un des facteurs qui favorisent le développement de nombreuses maladies transmissibles dont le paludisme. La situation en latitude et la continentalité agissent sur les éléments du climat et font de la RCA un pays intertropical à climat très diversifié. Figure 1: Zones climatiques en RCA Source : Institut géographique national, Université de Bangui 1.3. Organisation administrative Au plan administratif, le pays est divisé en sept régions. A part la Région Sanitaire N°7 (Bangui), qui compte huit arrondissements, les autres Régions sont subdivisées en 16 préfectures, 71 sous- préfectures et 2 postes de contrôle administratif, 175 communes, et environ 10.000 villages et quartiers de ville. 8
1.4. Données démographiques La population de la RCA est estimée à 5.058.820 habitants en 2016 avec un taux d’accroissement naturel de 2,51%. La population féminine représente 50,2 % parmi lesquelles 24,5 % sont en âge de procréer (15-49 ans). La proportion de la population de moins de 5 ans est de 17,3 % et celle des femmes enceintes de 4%. La densité moyenne en RCA est estimée à 8,3 habitant/km2. En RCA, 62,1% de la population vivent en milieu rural et 37,9% en milieu urbain2. Selon les estimations au 31/08/2016, il y’avait encore 385.750 personnes déplacées (en sites et dans les familles d’accueil) à l’intérieur de la RCA. Notons que 92 sites sont encore ouverts dont 21 à Bangui – Bimbo et 71 hors Bangui-Bimbo3. 1.5. Contexte socio-politique La République centrafricaine a été confrontée au cours des deux dernières décennies à des crises successives d’ordre politique, militaire, économique et social. Ces crises ont fragilisé les institutions publiques et privées, entraînant la destruction des infrastructures économiques et sociales, et la détérioration générale du niveau de vie de la population. La RCA fait partie des pays les moins avancés en raison de la faiblesse des indicateurs socioéconomiques (extrême pauvreté, niveau de revenu par tête d’habitant et niveau de l’espérance de vie à la naissance). Malgré l’immensité de ses ressources naturelles, la RCA demeure l'un des pays les plus pauvres du monde, se classant 187ème sur 188 pays dans l'Indice de développement humain 2015. En fin 2013, le Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant était de 333,20 USD soit une réduction de 33%, par rapport à 2010. Pour la même année, le taux de croissance réel était de -14,5%. 1.6. Données sanitaires : Les niveaux d'indicateurs de santé sont préoccupants. La RCA est classée parmi les pays au monde ayant une très faible couverture sanitaire. Le taux de mortalité générale est passé de 17%o en 1988 à 20%o en 2003. En quinze ans, l'espérance de vie à la naissance de la population a reculé de plus de 6 ans passant de 49 ans en 1988 à 43 ans en 2003 et 49,5 ans en 2013. Cette chute de l'espérance de vie est principalement liée à la pauvreté, à la co-infection VIH/Tuberculose, au paludisme, et au faible niveau d'éducation des populations notamment des femmes. Le paludisme, le SIDA et la tuberculose sont les principales causes de morbidité et de mortalité. Le paludisme touche 37% de la population totale dont environ 32% sont des enfants de moins de 5 ans. La couverture vaccinale est très basse depuis de nombreuses années, avec seulement 28 % des enfants d’un an complètement vaccinés en routine en fin 2013. La RCA avait déjà avant la crise des taux de mortalité maternelle et infanto-juvénile parmi les plus élevés au monde, avec respectivement 890 décès pour 100.000 naissances vivantes, et 174 décès pour 1.000 en 2010. 1 RGPH 2003 2 RGPH 2003 3 Cluster santé 9
Les résultats de l’enquête Health Resources Availability Mapping System (HeRAMS) de 2014 montrent que la couverture nationale en soins prénatals est de 69,1%. 2. ORGANISATION DU SYSTEME DE SANTE L’organisation du système de santé est de type pyramidal à trois niveaux : Niveau central qui a un rôle régulateur et stratégique ; Niveau régional qui a un rôle technique ; Niveau périphérique qui a un rôle opérationnel ou de mise en œuvre. Les prestations de soins sont effectuées selon trois niveaux : Au niveau périphérique ou district/ préfecture sanitaire : c’est l’unité opérationnelle du système de santé : l’organisation de l’offre de soins au niveau du district sanitaire comprend deux échelons interdépendants : (i) le premier échelon constitué de plusieurs centres de santé et (ii) le deuxième échelon constitué d’un Hôpital de District ou hôpital de référence pour le premier échelon. Chaque Aire de santé est couverte par un Centre de santé et ses annexes. Un paquet minimum d’activités (PMA) et un paquet complémentaire d’activités (PCA) sont définis pour les centres de santé et les hôpitaux de districts respectivement. Le PMA comprend le diagnostic et le traitement du paludisme simple, la référence des cas de paludisme grave après un traitement pré transfert, la distribution des Moustiquaires à imprégnation Durable (MID), le Traitement Préventif Intermittent du Paludisme pendant la grossesse (TPIg), et le traitement préventif intermittent du paludisme chez le nourrisson (TPIn). Le PCA comprend en plus du PMA la prise en charge du paludisme grave. Au niveau communautaire : la PECADOM était offerte dans 10 sous-préfectures sur 72. Depuis 2015, l’adoption de la stratégie d’interventions intégrées à base communautaire en matière de santé a permis d’ouvrir des sites de soins communautaires dans cinq sous-préfectures supplémentaires. Ces sites font la prise en charge de la pneumonie et de la diarrhée chez les enfants de moins de 5 ans et offrent la prise en charge du paludisme à toute la population. Au niveau secondaire, on retrouve les hôpitaux régionaux. Ces structures assurent des activités de consultation et d’hospitalisation en médecine générale, en Pédiatrie, en Gynécologie Obstétrique et en Chirurgie. Ces hôpitaux constituent le deuxième niveau de référence Le niveau tertiaire est celui des Centres Hospitalo-Universitaires (CHU) et des centres de diagnostic. Ces niveaux de référence disposent d’un plateau technique leur permettant d’assurer la fonction de centre de référence nationale 10
Figure 2: Pyramide sanitaire en RCA. 3. ANALYSE DE LA SITUATION DU PALUDISME 3.1. Analyse épidémiologique Compte tenu de sa situation géo climatique, la RCA fait partie des pays d’Afrique subsaharienne où le paludisme est stable, avec une transmission haute (>1 cas pour 1000 habitants) sur toute l’étendue du territoire4. La transmission palustre est de type holoendémique avec un pic en saison de pluie entre les mois de mai et octobre. De plus, des risques d’épidémies existent dans les situations d’urgence complexe. Le Plasmodium Falciparum est responsable de la quasi-totalité (99,6%) des cas du paludisme en RCA5. Deux principales espèces anophéliennes sont rencontrées en Centrafrique. Il s’agit de : (i) anophèles funestus, très prolifique dans les marais herbeux et dont la population atteint un pic à la fin de la saison des pluies et en début de saison sèche. Elle est signalée dans tout le pays ; (ii) Anophèles gambiae, opportuniste se reproduisant à la faveur de la moindre accumulation d’eau douce temporaire. Les vecteurs secondaires de cette espèce sont les Anopheles arabiensis dans les zones de savanes sèches et les Anopheles nili et Anopheles paludis dans les zones de savanes plus humides. Aucune carte à jour sur la distribution des vecteurs n’est disponible. Aussi leurs sensibilités aux insecticides n’ont fait l’objet d’aucune étude depuis 2010. Selon les données du SLP de 2013, le paludisme a constitué 59%6 des causes de recours aux soins dans toutes les tranches d’âge contre 40% en 2001. Les enfants de moins de 5 ans font à 4 Rapport mondial sur le paludisme OMS 2015. 5 Performance of paracheck SD Bioline Malaria. BMC infectious diseases. 2014. 11
eux seuls 52% de ces cas. Cette même année, 34% des décès hospitaliers ont été attribués au paludisme contre 24% en 2005. Les données de surveillance d’alerte précoce sur les camps des déplacés de Bangui, Bimbo et Bégoua ont fait ressortir le paludisme (42,33%) comme la première cause des maladies suivi des infections respiratoires aigües (10,87%) et les diarrhées aigües aqueuses (7,50%7). 3.2. Analyse de la réponse de la lutte contre le paludisme Compte tenu des échecs des stratégies antérieures de lutte contre le paludisme, l’OMS, en association avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), et la Banque Mondiale (BM) ont mis en place l’initiative faire reculer le paludisme (FRP). En 1998, la RCA a souscrit à cette initiative. Cette initiative a été matérialisée par la rédaction et la mise en œuvre de trois plans stratégiques nationaux notamment pendant les périodes respectives de 2001-2005, 2007 – 2011, 2012-2016. Le dernier plan a été mis à jour pour couvrir la période de 2015-2017 afin de s’aligner au PTSS 2015-2017 élaboré pour faire face à la situation de crise socio-politique. Le dernier PSN a adopté la stratégie de prise en charge communautaire intégrée (PEC-ci) de la pneumonie, de la diarrhée et du paludisme. Sur le plan thérapeutique, le pays a adopté depuis 2005 des Combinaisons Thérapeutiques à base des dérivés de l’Artémisinine (CTA) pour le traitement des cas de paludisme simple et de l’Artesunate injectable en 2012 en première intention, pour la prise en charge des cas de paludisme grave. Par ailleurs, une étude réalisée en 2013 sur l’efficacité thérapeutique des antipaludiques utilisés en RCA a démontré que les combinaisons thérapeutiques à base d’artemisinine sont efficaces et tolérées dans le traitement du paludisme simple à Bangui. Les cas d’échecs étaient dus à des infections nouvelles et à des mutations de résistance. Des directives de prise en charge ont été élaborées avec l’adoption de la stratégie de prise en charge à domicile (PECADOM) pour améliorer l’accessibilité des populations défavorisées aux traitements du paludisme. Cette directive fut révisée en 2013 prenant en compte le traitement préventif intermittent du paludisme chez les femmes enceintes et les nourrissons à base de Sulfadoxine-Pyriméthamine et le traitement du paludisme grave par l’artésunate. Dans le cadre de la lutte anti vectorielle, trois campagnes de distribution de masse ont été réalisées respectivement en 2008, 2010-2011 et 2014-2015. La pulvérisation intra domiciliaire a été réalisée par une ONG dans la sous-préfecture de Paoua en 2009. Les mesures de salubrité de l’environnement avec les travaux de canalisation et de l’assainissement du milieu ont été réalisées à Bangui pendant les années 2011-2012 dans le cadre du projet PURISU-Banque mondiale. Par ailleurs depuis 2015, la distribution des MILD a été introduite en routine avec l’appui des partenaires dans les activités de PEV et CPN dans certaines formations sanitaires des Régions Sanitaires 4,5 et 6 qui n’ont pas bénéficié de distribution de masse. 7 Rapport cluster santé 2015. 12
Les allocations budgétaires de l’Etat pour la Santé représentent en moyenne 9% du budget général de l’Etat et reste donc en deçà du seuil recommandé par la déclaration d’Abuja (15%). Par ailleurs, compte tenu des tensions de trésorerie, beaucoup de décaissements ne sont pas faits. Sur ce montant moins de 1% est accordé à la lutte contre le Paludisme. Dans le cadre de mobilisation des ressources, des financements ont été obtenus auprès du Fonds mondial au titre du Round 4 en 2004, du Round 8 phase 1 et 2 en 2008 et dans le cadre du nouveau modèle de financement, l’obtention d’un accord de financement pour l’extension des subventions paludisme en 2016. Situation en 2016. La Coordination de la lutte contre le paludisme est assurée au niveau central par le Service de Lutte contre le Paludisme depuis sa création en 2005 par Décret n°05.121 du 06 juin 2005. Le SLP est représenté au niveau intermédiaire et périphérique par respectivement 7 points focaux régionaux et 80 Points focaux sous préfectoraux. Ces points focaux sont chargés, entre autre, de la coordination et du suivi de la mise en œuvre des activités de lutte contre le paludisme dans leurs circonscriptions respectives. Les principaux résultats obtenus en 2015 ont montré que :8, la proportion de la population à risque estimé avoir accès à une MII dans leur ménage a dépassé 50%, la PID n’a pas été utilisée pour protéger la population à risque, la distribution des CTA pour traiter le paludisme a plus de 80% des cas de paludisme estimés fréquentant les établissements de santé publics, le traitement préventif intermittent du paludisme chez la femme enceinte 69%, le TPIn n’a pas été mis en œuvre, l’efficacité thérapeutique des CTA reste élevée, avec un taux d'échec du traitement médian inférieur à 10% observée, et, depuis 2010, il a été rapporté la résistance aux pyréthrinoïdes et au DDT mais pas de résistance rapporté aux organophosphorés et aux carbanates, 3.3. Analyse des Forces Faiblesses Menaces et Opportunités FORCES FAIBLESSES Attention accordée par le Gouvernement à la lutte Insuffisance des ressources humaines contre le Paludisme matérialisant la création d’un formées dans certains domaines de lutte Service de Lutte contre le Paludisme et la volonté de contre le Paludisme (entomologie, contribuer au financement de la lutte contre le parasitologie, paludologie etc…) paludisme Faible diffusion des documents des 8 Rapport mondial sur le paludisme en 2015.OMS.2016. 13
Existence des documents stratégiques et des directives de prise en charge des cas de directives nationales de prise en charge des cas de paludisme paludisme traduites par une déclaration politique en 10 points ; Insuffisance dans l’application correcte des directives nationales de prise en Disponibilité des points focaux Paludisme à tous les charge des cas de Paludisme ; niveaux du Système de santé Absence de données rapportées de Disponibilité des intrants (TDR, CTA et autres pharmacovigilance antipaludiques) dans la quasi-totalité des FOSA du Pays à travers les subventions des PTF ; Absence de stratification épidémiologique Développement de l’offre communautaire des soins intégrant le paludisme Absence de surveillance entomologique Absence de programme de formation de Intégration des activités de lutte contre le paludisme aux activités des autres programmes (Santé de la courte durée sur la paludologie à Reproduction et PEV). l’université de Bangui Existence de pool de formateurs et superviseurs pour le PNLP Existence d’un moyen de collecte et de transmission des données par téléphonie (Rapid Mobile Phone RAMP) Acceptabilité des stratégies à base communautaire par la population OPPORTUNITES MENACES Disponibilité des partenaires à accompagner les Insécurité ne permettant pas aux efforts du Gouvernement (Fonds Mondial, UNICEF, interventions de lutte contre le Paludisme OMS, Rock Back Malaria, ONG, etc.) d’atteindre toutes les personnes en état besoins ; Existence des institutions de recherche dans le pays Retrait/suspension des financements par Existence des institutions de formation les bailleurs ; Non décaissement du financement de l’Etat 14
4. PRIORITES NATIONALES DE LA LUTTE CONTRE LE PALUDISME Le grand défi de la lutte contre le paludisme en RCA reste la mise en œuvre effective des activités de lutte contre le paludisme dans tous les districts afin d’atteindre la couverture universelle. Les priorités pour les années à venir sont de: Promouvoir l’accès universel durable à des mesures de lutte antivectorielle, des produits de diagnostic et des médicaments antipaludiques qui soient adaptés et de qualité garantie, avec un accès gratuit ou subventionné, Maintenir un accès et une couverture élevée à des interventions de qualité pour un impact durable ; Mettre en place des systèmes efficients de surveillance épidémiologique, de surveillance entomologique et de l’efficacité des médicaments, Promouvoir une communication en faveur du changement comportemental et social. Mobiliser des ressources viables pour le programme national de lutte contre le paludisme ; Renforcer le partenariat multisectoriel, transfrontalier et sous régional afin d’optimiser les opportunités de financement et de coordination ; Renforcer le système de santé (Ressources Humaines, Gestion des Achats et Stocks, Système d’Information Sanitaire, leadership et gouvernance, infrastructures et équipements, prestations de services et financement) et le système communautaire. 5. ORIENTATIONS POLITIQUES EN MATIERE DE LUTTE CONTRE LE PALUDISME La RCA se situe à la phase 1 dans la lutte contre le paludisme et se caractérise par les programmes axés sur le contrôle de la maladie. La Politique nationale de lutte contre le Paludisme est un document officiel d’engagement politique adopté par les autorités pour le bien être de la population. 15
5.1. Vision, Mission Vision Centrafrique, pays où le paludisme est éliminé à l’horizon 2030 pour un développement économique durable et le bien-être de la population. Mission Assurer un accès universel aux interventions les plus efficaces de prévention, de promotion et de prise en charge du paludisme à un coût abordable à toute la population centrafricaine en vue de contribuer à la réduction de son impact socio-économique sur le développement humain durable. 5.2. Principes directeurs et Valeurs La mise en œuvre de la politique nationale adhère aux différents engagements et instruments nationaux et internationaux en matière de lutte contre le paludisme, notamment le PTSS 2015-2017, le RCPCA 2017-2021, l’ODD3 en relation avec le Paludisme, le VIH, la Tuberculose, les Maladies TN, l’Hépatite, les maladies transmissibles par l’eau et autres maladies transmissibles, le cadre pour la mise en œuvre de la stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme 2016-2030 dans la région africaine. Elle se fonde sur les principes que sont : a) L’appropriation et la conduite par les pays avec l’implication et la participation des communautés, dans le cadre d’une approche multisectorielle. Il s’agit de mobiliser d’autres secteurs et de coopérer avec eux dans la lutte contre le paludisme et en vue de son élimination. b) L’équité d’accès aux services de santé. Ce principe consiste à identifier les groupes de sous-populations et les communautés les plus susceptibles d’être touchés par le paludisme ou mal couvertes par les interventions de lutte contre le paludisme et à cibler ces groupes par des interventions et des services appropriés de lutte contre le paludisme. La planification, l’allocation des ressources et la mise en œuvre doivent s’adosser sur des mécanismes innovants pour pouvoir toucher les populations pauvres, hautement vulnérables, difficiles à atteindre, déplacées ou migrantes. c) Un partenariat inclusif et coordonné. Le ministère de la santé doit jouer le rôle de chef de file pour assurer une meilleure harmonisation et un meilleur alignement des parties prenantes. d) La collaboration avec les communautés économiques régionales. Il s’agit d’intégrer l’élimination du paludisme dans le programme de développement de l’Afrique en prenant appui sur les plateformes politiques et économiques régionales. Conformément à l’esprit du PNDS, la politique de lutte contre le paludisme se base sur des valeurs universelles, à savoir : le respect des droits humains, d’équité, l’égalité ou la justice sociale, l’éthique dans les pratiques professionnelles et la qualité. 16
5.3. But et objectifs But Contribuer à l’amélioration de l’état de santé de la population centrafricaine par l’élimination du fardeau socio-économique du paludisme. Objectifs intermédiaires ‒ Réduire le taux d’incidence du paludisme d’au moins 40% en 2020 par rapport à son niveau de 2016 ; ‒ Réduire le taux de mortalité liés au paludisme d’au moins 40% en 2020 par rapport à son niveau de 2016 ; ‒ Réduire le taux d’incidence du paludisme d’au moins, 75% en 2025, par rapport à son niveau de 2016 ; ‒ Réduire les taux de mortalité liés au paludisme d’au moins, 75% en 2025, par rapport à son niveau de 2016 ; ‒ Réduire le taux d’incidence du paludisme d’au moins 90% en 2030 par rapport à son niveau de 2016; ‒ Réduire les taux de mortalité liés au paludisme d’au moins 90% en 2030 par rapport à son niveau de 2016. Objectifs stratégiques ‒ Améliorer l’accès et atteindre la couverture universelle aux mesures de prévention de 100% de la population ; ‒ Assurer l’accès et la couverture universelle aux moyens de diagnostic précoce de tout cas suspect de paludisme et le traitement rapide et correct de 100% des cas de paludisme diagnostiqué avec un traitement efficace et de qualité ; ‒ Promouvoir la communication pour un changement comportemental (CCC). ‒ Rendre l’environnement plus favorable à la lutte contre le paludisme et mettre à profit l’innovation ; ‒ Développer le partenariat multisectoriel et entre les pays ; 17
5.4. Stratégies nationales de lutte contre le paludisme Les stratégies de lutte contre le paludisme appliquées par le PNLP en RCA s’inspirent du cadre pour la mise en œuvre de la stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme 2016-2030 et adaptés au contexte national en fonction des différentes périodes de son exécution. Si le pays passe du stade de contrôle au stade de preelemination ou d’élimination, les stratégies vont varier. 5.4.1. Pilier 1 : garantir l’accès universel à la prévention, au diagnostic et au traitement du paludisme 5.4.1.1. Mesures de prévention du paludisme La prévention du paludisme, composante majeure de la lutte contre le paludisme, comprend : (i) la mise en œuvre complémentaire des stratégies de lutte anti vectorielle et (ii) l’administration d’une chimio-prévention dans certaines groupes de population. Des directives nationales sur les différentes stratégies de prévention du paludisme doivent être élaborées et régulièrement mises à jour. 1. Lutte anti vectorielle La Lutte Anti - vectorielle (LAV) est un volet essentiel pour la prévention du paludisme. Elle doit être menée sur la base des données épidémiologiques et entomologiques locales. Les deux interventions de base applicables à grande échelle sont les moustiquaires à imprégnation durable et les pulvérisations intra domiciliaires à effet rémanent. a. Moustiquaires à Imprégnation Durable (MID) Dans le cadre de la lutte intégrée contre les vecteurs, le PNLP doit promouvoir l’utilisation de la MID comme mesure de protection individuelle. Toute la population doit bénéficier des MID pour un accès universel. Le choix de la MID utilisée dans le pays doit être fait par un comité d’experts sur la base de la préqualification OMS et en tenant compte de la sensibilité des vecteurs aux insecticides dans le pays. Les MID doivent être distribuées en routine aux groupes cibles (femmes enceintes, enfants de 0-11 mois), de façon intégrée aux prestations des services de santé et à travers des approches communautaires novatrices. En vue de permettre une couverture universelle pérenne aux MID, des campagnes de distribution de masse de moustiquaires à toute la population doit être organisé. En fonction des circonstances d’autres types de distributions peuvent se faire pour couvrir les besoins spécifiques d’un groupe de personnes vulnérables. b. Pulvérisation Intra domiciliaire (PID) à effet rémanent La PID ne sera utilisée que dans certains cas afin d’empêcher l’apparition des résistances dans les zones ou les MID sont d’usage courant, ou d’atténuer cette résistance. Elle sera utilisée aussi dans des situations d’urgences complexes pour faire face à un risque d’épidémie et aussi en situation d’épidémie. La décision d’application de la PID dans le pays doit se faire sur la base de critères épidémiologiques et entomologiques spécifiques aux zones ciblées. Lorsque la PID et les MID sont réalisés ensemble, il faut utiliser pour l’une et l’autre des insecticides aux modes d’action différents. 18
c. La gestion des gites larvaires y compris les traitements larvicides Les recommandations de l’OMS par rapport à la gestion des gîtes larvaires font que cette stratégie ne peut être applicable en RCA, car à ce niveau les habitats aquatiques des moustiques sont trop nombreux et disséminés surtout en saison pluvieuse. d. La gestion et la manipulation environnementale Afin d’améliorer le cadre de vie en général et celui de l’habitat en particulier, des mesures d’assainissement du milieu et de gestion de l’environnement doivent être vulgarisées dans le pays. Pour cela, une approche multisectorielle impliquant toutes les parties prenantes concernées par ce volet doit être promue par le ministère de la santé sur la base d’un partenariat diversifié et solide avec la société civile, le secteur privé et d’autres départements ministériels. A cet effet, le PNLP doit s’inscrire dans les efforts nationaux visant à mobiliser des ressources suffisantes permettant la mise en place de programmes d’assainissement et de gestion de l’environnement notamment en milieu urbain. Le PNLP devra faire un plaidoyer auprès du gouvernement pour l’application de la déclaration relative au renforcement des travaux d’assainissement et d’urbanisation des zones urbaines pour améliorer l’environnement immédiat des populations centrafricaines. 2. Chimio prévention Les stratégies de traitement préventif sont des éléments clés de l’approche à plusieurs volets retenues pour réduire la charge de la morbidité et la transmission du paludisme. La chimio prévention consiste à développer le traitement préventif au sein des groupes de populations les plus vulnérables. a. Traitement préventif intermittent du paludisme chez la femme enceinte (TPIg) Le traitement préventif intermittent du paludisme pendant la grossesse (TPIg) utilisant la Sulfadoxine Pyrimethamine (SP) doit être administré à toutes les femmes enceintes, lors de chaque consultation prénatale prévue exceptée lors du premier trimestre et ceci jusqu’à l’accouchement. Le programme de Santé de la Reproduction en RCA recommande quatre consultations prénatales pour les grossesses d’évolution normale. Le PNLP doit développer un cadre de collaboration avec les services en charge de la Santé de la Reproduction lors de la mise en œuvre des mesures de prévention chez les femmes enceintes à travers les services de santé et au niveau communautaire. b. Traitement Préventif Intermittent chez le nourrisson (TPIn) Le traitement préventif intermittent chez le nourrisson doit être appliqué dans tout le pays si la résistance parasitaire à la SP (définie par une prévalence de la mutation 540 du gène pfdhps ≤ 50%) n’est pas élevée. Dans le cas contraire cette mise en œuvre ciblera les districts éligibles. Le TPIn doit être intégré au Programme Elargi de Vaccination de routine au niveau des formations sanitaires ainsi que d’autres canaux. Son exécution suivra les directives nationales. Un plan annuel de mise en œuvre du TPI chez le nourrisson doit être élaboré sur la base des recommandations de l’OMS. 19
c. Chimio prophylaxie chez les personnes en provenance des pays non impaludés Des traitements préventifs du paludisme chez le voyageur en provenance des pays non impaludés doivent être adoptés et appliqués selon les directives nationales. Ce traitement devrait être donné parallèlement à des conseils sur les mesures à prendre pour réduire les piqures de vecteurs. 3. Vaccination antipaludique L’application d’un vaccin antipaludique en RCA doit être envisagée par le PNLP dès qu’il y a une recommandation de l’OMS d’application. Pour ce faire, un cadre de mise en œuvre au niveau du pays devra être défini et adopté selon la politique nationale de santé. 5.4.1.2. Diagnostic et traitement du paludisme La politique de prise en charge du paludisme comprend le diagnostic biologique et le traitement précoce et efficace avec des antipaludiques de qualité. Des directives nationales sur le diagnostic biologique et le traitement spécifique du paludisme, à différents niveaux de la pyramide sanitaire et au niveau communautaire, doivent être élaborées et régulièrement mises à jour sur la base des recommandations de l’OMS. 1. Diagnostic biologique du paludisme Tous les cas suspects de paludisme vu au niveau d’une formation sanitaire ou par un Agent de Santé Communautaire (ASC) doivent être confirmés au moyen de méthodes de détection des parasites telles que la microscopie de qualité garantie ou les tests de diagnostic rapide. Tous les prestataires de service (personnel de laboratoire, personnel soignant, ASC) doivent être formés sur les techniques de réalisation de la microscopie et/ou des TDRs et équipés pour fournir des services de diagnostic. Leur supervision formative régulière sera promue en vue d’assurer la qualité du diagnostic. a. Confirmation du paludisme par la microscopie La microscopie est l’examen de référence pour la confirmation biologique du paludisme car elle permet l’identification des différentes espèces plasmodiales et le suivi du traitement des cas graves de paludisme (densité parasitaire). Elle doit être réalisée au niveau des structures de santé disposant d’un équipement adapté et de personnel qualifié, notamment dans toutes les structures de référence (hôpitaux nationaux, régionaux et préfectoraux/district, cliniques privées), et de manière progressive au niveau des centres de santé des secteurs public, privé, confessionnel et associatif. b. Confirmation du paludisme par les TDR Les TDR doivent être systématiquement réalisés dans toutes les structures de santé (publiques, privées, associatives, confessionnelles) où l’examen microscopique n’est pas disponible et au niveau communautaire. Dans les hôpitaux de référence, les TDR doivent être utilisés dans les services d’urgence et en cas de non fonctionnalité de la microscopie. Le type de TDR à utiliser doit être défini et périodiquement mis à jour par un comité national d’experts sur la base des pré qualifications de l’OMS. c. Diagnostic du paludisme par la Réaction en chaîne par polymérase (PCR) La réaction en chaine par polymérase (Polymerase Chain Reaction ou PCR) utilise des enzymes pour reproduire en masse et amplifier une portion d’un brin d’acide desoxyribonucleique (ADN) 20
afin de faciliter l’analyse, par exemple pour rechercher certains gènes. Cette technique peut être utilisée dans des situations particulières, notamment pour identifier des espèces morphologiquement similaires (P. malariae et P. knowlesi), pour tester l’efficacité à distinguer les primo-infections des rechutes et des recrudescences, et pour le dépistage de la population lors de programmes spéciaux d’élimination ou d’endiguement de la maladie. Elle n’est pas encore utilisée pour la pratique clinique quotidienne. 2. Traitement du paludisme L’ASC et les prestataires des services de santé devraient confirmer le diagnostic avant administration du traitement antipaludique. Traiter tous les cas positifs avec des médicaments antipaludéens appropriés et efficaces. Chaque cas confirmé devrait faire l’objet d’un suivi et être enregistré dans le système de surveillance. Le traitement doit être administré en fonction de la forme du paludisme (simple ou grave) et du niveau du plateau technique de la structure réalisant la prise en charge. Pour éviter que le paludisme simple n’évolue vers le paludisme grave, le PNLP devra veiller à ce que les médicaments de qualité soit disponible à tous les niveaux. Toutefois, vu la gravité du paludisme surtout dans les groupes vulnérables, en cas d’absence totale des moyens de diagnostic, un traitement présomptif doit être envisagé chez les cas suspects de paludisme. a. Traitement du paludisme simple La stratégie du traitement du paludisme simple est basée sur la bithérapie. En RCA, cette bithérapie utilise les CTA qui doivent être prescrite devant tout cas de paludisme simple à Plasmodium Falciparum. Les associations en dose fixe (combinant deux principes actifs différents en un seul comprimé) sont fortement recommandées. Ce traitement doit être réalisé au niveau de toutes les formations sanitaires publiques, confessionnelles, associatives, privées et dans la communauté. Les combinaisons thérapeutiques à base d’arteminisine recommandées conformément à la liste nationale des médicaments en RCA sont : Artemether + lumefantrine, Artesunate+ amodiaquine et Dihydroartemisinine + Piperaquine. b. Traitement du paludisme grave Le traitement du paludisme grave repose désormais sur les dérivés d’Artémisinine (artésunate ou artemether) ou des sels de quinine par voie parentérale. Dès que la voie orale est possible, le relais du traitement parentéral doit être fait avec les CTA. Ce traitement doit être réalisé exclusivement au niveau des formations sanitaires de référence et des centres de santé améliorés. c. Traitement du paludisme chez la femme enceinte Le traitement du paludisme simple chez la femme enceinte associe la quinine par voie orale à la clindamycine au cours du 1er trimestre de la grossesse, et les CTA par voie orale pendant les deuxième et troisième trimestres de la grossesse. Le traitement du paludisme grave chez la femme enceinte utilise de l’artésunate pendant toute la durée de la grossesse. En l’absence de l’artésunate, préférer l’artemether à la quinine en perfusion. d. Traitement pré-transfert du paludisme grave 21
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