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Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada Recherche, politiques et pratiques Volume 40 · numéro 3 · mars 2020 Dans ce numéro 69 Recherche quantitative originale Microfacteurs associés à la consommation d’alcool et à la consommation excessive d’alcool chez les jeunes dans l’étude COMPASS (2012-2013 à 2017-2018) 77 Recherche quantitative originale Exposition à la fumée du tabac et sommeil : estimation de l’association entre concentration de cotinine urinaire et qualité du sommeil 90 Aperçu Mise à jour sur la santé mentale positive chez les jeunes au Canada 96 Aperçu Mise à jour sur la santé mentale positive chez les adultes au Canada 102 Remerciements à nos évaluateurs de 2019 103 Autres publications de l’ASPC Promouvoir et protéger la santé des Canadiens grâce au leadership, aux partenariats, à l’innovation et aux interventions en matière de santé publique. — Agence de la santé publique du Canada Publication autorisée par le ministre de la Santé. © Sa Majesté la Reine du Chef du Canada, représentée par le ministre de la Santé, 2020 ISSN 2368-7398 Pub. 190451 PHAC.HPCDP.journal-revue.PSPMC.ASPC@canada.ca Also available in English under the title: Health Promotion and Chronic Disease Prevention in Canada: Research, Policy and Practice Les lignes directrices pour la présentation de manuscrits à la revue ainsi que les renseignements sur les types d’articles sont disponibles à la page : https://www.canada.ca /fr/sante-publique/services/rapports-publications/promotion-sante-prevention-maladies-chroniques-canada-recherche-politiques-pratiques/information-intention-auteurs.html Indexée dans Index Medicus/MEDLINE, DOAJ, SciSearch® et Journal Citation Reports/Science Edition
https://doi.org/10.24095/hpcdp.40.3.01f Recherche quantitative originale Microfacteurs associés à la consommation d’alcool et à la consommation excessive d’alcool chez les jeunes dans l’étude COMPASS (2012-2013 à 2017-2018) Simone D. Holligan, Ph. D. (1, 2); Wei Qian, Ph. D. (2); Margaret de Groh, Ph. D. (1); Ying Jiang, M.D., M. Sc. (1); Scott T. Leatherdale, Ph. D. (2) Cet article a fait l’objet d’une évaluation par les pairs. Diffuser cet article sur Twitter Résumé Points saillants Introduction. Cette étude a permis d’examiner les associations entre microfacteurs et • La prévalence de la consommation consommation d’alcool ainsi que consommation excessive d’alcool au sein d’un vaste d’alcool a varié entre 52 % et 58 % échantillon de jeunes Canadiens. et les taux de consommation exces- sive d’alcool ont varié entre 34 % Méthodologie. Cette étude descriptive et analytique a porté sur les élèves du secondaire et 41 % chez les élèves de l’étude ayant participé à l’étude COMPASS entre 2012-2013 et 2017-2018. Nous avons utilisé la COMPASS entre 2012-2013 et 2017- modélisation par équations d’estimation généralisées pour déterminer chez les répon- 2018. dants les associations entre les microfacteurs et la probabilité de consommer de l’alcool • Entre 2012-2013 et 2017-2018, com- et de consommer de l’alcool de manière excessive plutôt que ne pas consommer parativement aux élèves n’ayant d’alcool. jamais consommé de cannabis, les élèves qui en consommaient étaient Résultats. Les élèves ayant déclaré consommer du cannabis étaient plus susceptibles de 4,5 fois plus susceptibles de con- déclarer consommer de l’alcool plutôt que n’en avoir jamais consommé (rapport de sommer de l’alcool plutôt que de cotes [RC] = 4,46; intervalle de confiance [IC] à 95 % : 4,33 à 4,60), comparativement n’en avoir jamais consommé, et 4 fois aux élèves ayant indiqué ne pas consommer de cannabis. Les élèves ayant déclaré plus susceptibles d’avoir une con- fumer du tabac étaient plus susceptibles de déclarer consommer de l’alcool de manière sommation excessive d’alcool que excessive plutôt que ne l’avoir jamais fait (RC = 2,52; IC à 95 % : 2,45 à 2,58), com- de ne jamais avoir consommé d’al parativement aux élèves non-fumeurs. Les élèves ayant déclaré disposer d’un revenu cool de manière excessive. hebdomadaire de plus de 100 $ étaient plus susceptibles de déclarer consommer de • Entre 2012-2013 et 2017-2018, com- l’alcool de manière excessive plutôt que de ne l’avoir jamais fait (RC = 2,14; IC à parativement aux élèves non- 95 % : 2,09 à 2,19), comparativement aux élèves ayant indiqué ne disposer d’aucun fumeurs, les fumeurs avaient une revenu hebdomadaire. probabilité 2 fois supérieure de consommer de l’alcool que de n’en Conclusion. Un revenu disponible plus élevé, l’usage du tabac et la consommation de avoir jamais consommé, et une pro cannabis étaient associés à une consommation d’alcool et à une consommation exces- babilité 2,5 fois supérieure d’avoir sive d’alcool chez les jeunes. Ces résultats peuvent éclairer la mise en place de mesures une consommation excessive d’alcool de prévention de l’usage de plusieurs substances dans les écoles secondaires. plutôt que de ne jamais avoir con- sommé d’alcool de manière excessive. • De 2012-2013 à 2017-2018, compara Mots‑clés : jeunes, alcool, consommation excessive d’alcool, cannabis, marijuana, tabagisme tivement aux élèves n’ayant aucun revenu disponible, chez les élèves Introduction hommes et de quatre boissons alcoolisées disposant d’un revenu hebdoma- ou plus chez les femmes2, a été associée à daire supérieur à 100 $, la probabi Une forte consommation d’alcool chez les un rendement scolaire inférieur et à d’autres lité de consommer de l’alcool plutôt adolescents peut nuire à leur développe- comportements à risque, notamment le que de ne jamais en avoir con- ment mental et physique1. La consom tabagisme et la consommation de drogues sommé était supérieure de 87 % et mation excessive d’alcool, c’est-à-dire la illicites chez les jeunes3. Les données de la probabilité de consommer de l’al consommation en une même occasion de l’Enquête canadienne sur le tabac, l’alcool cool de manière excessive plutôt cinq boissons alcoolisées ou plus chez les et les drogues chez les élèves (ECTADE) que de ne jamais l’avoir fait était multipliée par deux. Rattachement des auteurs : 1. Agence de la santé publique du Canada, Ottawa (Ontario), Canada 2. École de la santé publique et des systèmes de santé, Université de Waterloo, Waterloo (Ontario), Canada Correspondance : Simone D. Holligan, 200, avenue University Ouest, Waterloo (Ontario) N2L 3G1; tél. : 519-888-4567; courriel : sholligan@uwaterloo.ca Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada Vol 40, n° 3, mars 2020 69 Recherche, politiques et pratiques
de 2014-2015 indiquent que, si les taux de prospective qui permet d’évaluer les com- d’éthique de la recherche de l’Université consommation d’alcool sont semblables portements liés à la santé et le fonction Waterloo (BER no 17264) et des commis- chez les filles et les garçons, ils augmen- nement psychosocial d’un vaste échantillon sions scolaires concernées. tent en fonction du niveau scolaire3. de jeunes Canadiens10. COMPASS recueille D’autres études ont montré que la con- des données hiérarchiques et longitudina- Échantillon d’analyse sommation excessive d’alcool tendait à les auprès d’un échantillon de commodité débuter entre 13 et 15 ans et atteignait un composé d’écoles secondaires et d’élèves Cette étude transversale répétée repose sommet à la fin de l’adolescence et au de la 9e à la 12e année fréquentant ces sur les données concernant la consomma- début de l’âge adulte4,5, et qu’une consom écoles. Notre étude transversale répétée tion d’alcool et la consommation exces- mation excessive d’alcool à l’adolescence visait à déterminer, sur une période de six sive d’alcool d’un vaste échantillon d’élèves permettait de prédire une consommation ans, si la consommation d’alcool et la du secondaire provenant d’écoles de excessive d’alcool au début de l’âge consommation excessive d’alcool chez les l’Alberta, de la Colombie-Britannique, de adulte. Les jeunes sont également davan- jeunes Canadiens étaient associées au l’Ontario, du Nunavut et du Québec entre tage susceptibles de consommer de l’alcool sexe, à l’origine ethnique, au niveau sco- 2012-2013 et 2017-2018; aucune donnée de façon excessive s’ils sont fumeurs ou laire, à l’usage du tabac, à la consomma- n’a été obtenue pour les élèves de consomment du cannabis, s’ils sont à un tion de cannabis et au revenu disponible. 12e année du Québec en 2016-2017 et en niveau scolaire supérieur ou s’ils ont Ces résultats peuvent éclairer les initia- 2017-2018. L’évaluation de la consomma- davantage d’argent de poche4. Les don- tives de prévention primaire susceptibles tion d’alcool et de la consommation exces- nées de la National Longitudinal Survey of de réduire la consommation d’alcool chez sive d’alcool des élèves a été effectuée au Youth 1979 – une enquête menée aux les jeunes. moyen du questionnaire COMPASS des- États-Unis – indiquent que la consomma- tiné aux élèves, décrit ailleurs10. La taille tion excessive d’alcool entre 17 et 20 ans Méthodologie de l’échantillon a généralement augmenté augmentait le risque relatif de consomma- au fil des ans, avec 24 173 répondants en tion excessive d’alcool entre 30 et 31 ans Description de l’enquête 2012-2013, 45 298 en 2013-2014, 42 355 en par plus de 2 chez les hommes et par plus 2014-2015, 40 436 en 2015-2016, 46 957 en de 3 chez les femmes6. L’étude COMPASS facilite l’évaluation de 2016-2017 et 66 501 en 2017-2018. l’influence du milieu bâti, des politiques La forte consommation d’alcool chez les et des programmes sur divers résultats Mesures jeunes a également été associée à des chez les élèves. Elle recueille, année par comportements qui compromettent la santé et entraînent des coûts sociaux plus année, des données hiérarchisées et longi- Les variables sociodémographiques sont tard. L’abus d’alcool entamé à l’adoles tudinales fondées sur divers facteurs intra- le sexe (filles, garçons), l’origine ethnique cence et poursuivi à l’âge adulte a été personnels, interpersonnels, scolaires et (blanche, noire, asiatique, autochtone hors associé à des cancers liés au mode de vie, communautaires. Les taux de consomma- réserve, latino-américaine ou hispanique à des maladies du foie et à des maladies tion d’alcool, l’usage du cannabis et du et autre, mixte ou inconnue), le niveau cardiovasculaires (l’abus d’alcool étant ici tabac, l’obésité, le sentiment d’apparte scolaire (9e, 10e, 11e et 12e années) et le défini comme plus de 4 consommations nance à l’école, l’intimidation, le rende- revenu hebdomadaire disponible (0 $, de standard par jour pour les hommes et plus ment scolaire et la santé mentale sont 1 $ à 20 $, de 21 $ à 100 $ et plus de de 2 consommations standard par jour évalués au niveau des élèves. La collecte 100 $). Lorsque plusieurs choix de réponse pour les femmes au cours du dernier des données COMPASS a commencé au étaient sélectionnés à la question sur l’ori mois)6. D’autres travaux ont révélé des cours de l’année scolaire 2012-2013 et a gine ethnique, la réponse « mixte » a été liens entre consommation excessive d’alcool lieu chaque année, avec la participation déduite. et faibles niveaux d’investissement dans de plus de 100 000 élèves provenant de les études, qui se traduisent par le fait de 162 écoles en Alberta, en Colombie- Pour évaluer la fréquence de la consom- manquer des cours et de ne pas faire les Britannique, en Ontario, au Québec et au mation d’alcool, on a demandé aux élèves devoirs demandés7. Par ailleurs, les jeunes Nunavut. Le recrutement a commencé « Au cours des 12 derniers mois, combien qui jouissent d’un bien-être positif ont dans les écoles de l’Ontario en 2012-2013 de fois as-tu consommé plus d’une gorgée une probabilité inférieure de consommer et les écoles de l’Alberta ont été incluses d’alcool? » Les réponses ont été regrou- de l’alcool de façon excessive8. En effet, la en 2013-2014. Le recrutement de nouvelles pées en trois catégories : aucune consom- tendance à la consommation d’alcool et à écoles s’est poursuivi en 2014-2015 et en mation antérieure (« je n’ai jamais la consommation excessive d’alcool est un 2015-2016. En 2016-2017, des écoles du consommé d’alcool »), aucune consomma- indice potentiel de la manière dont un Québec, de la Colombie-Britannique et du tion actuelle (« je n’ai pas consommé jeune réussit à traverser l’adolescence Nunavut ont été ajoutées. Davantage d’alcool au cours des 12 derniers mois » sur les plans de sa santé physique, de sa d’écoles du Québec et de la Colombie- ou « je n’ai consommé qu’une gorgée santé mentale et de son développement Britannique ont été recrutées en 2017- d’alcool ») et consommation actuelle psychosocial9. 2018. De plus amples renseignements sur (« moins d’une fois par mois », « une fois l’étude COMPASS, en particulier le proces- par mois », « deux ou trois fois par mois », L’étude COMPASS (étude de cohorte sur sus d’échantillonnage et de collecte des « une fois par semaine », « deux ou trois l’obésité, la consommation de marijuana, données, sont disponibles en ligne (www fois par semaine », « de quatre à six fois l’activité physique, la consommation d’al .compass.uwaterloo.ca). Les approbations par semaine » ou « tous les jours »). Pour cool, le tabagisme et le comportement en matière d’éthique ont été obtenues évaluer les comportements de consomma- sédentaire) est une étude de cohorte pour cette étude auprès du Bureau tion excessive d’alcool, on a posé aux Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada Recherche, politiques et pratiques 70 Vol 40, n° 3, mars 2020
élèves la question « Au cours des 12 der avons utilisé des estimations empiriques 4 fois plus susceptibles de déclarer con- niers mois, combien de fois as-tu bu de l’erreur type pour calculer les inter- sommer de l’alcool plutôt que de n’en 5 verres d’alcool ou plus à une même valles de confiance et les statistiques de avoir jamais consommé (rapport de cotes occasion? » Les réponses ont été regrou- test. Les statistiques de concordance ont [RC] = 4,46; intervalle de confiance [IC] à pées en trois catégories : aucune consom- permis d’évaluer la qualité de l’ajustement 95 % : 4,33 à 4,60; tableau 2). Les mation excessive antérieure (« je ne l’ai des modèles logistiques. Toutes les analy- fumeurs étaient plus susceptibles que les jamais fait »), aucune consommation ses ont été réalisées au moyen du logiciel non-fumeurs de déclarer consommer de excessive actuelle (« je n’ai pas bu 5 verres statistique SAS, version 9.4 (SAS Institute l’alcool plutôt que de n’en avoir jamais ou plus en une même occasion au cours Inc., Cary, Caroline du Nord, États-Unis). consommé (RC = 2,11; IC à 95 % : 2,03 à des 12 derniers mois ») et consommation La signification statistique pour les modèles 2,21). Comparativement aux filles, les gar- excessive actuelle (« moins d’une fois par logistiques a été fixée à p < 0,05. çons étaient moins susceptibles d’affirmer mois », « une fois par mois », « deux ou trois consommer de l’alcool plutôt que n’en fois par mois », « une fois par semaine », Résultats avoir jamais consommé (RC = 0,87; IC à « de deux à cinq fois par semaine » ou 95 % : 0,86 à 0,88) et les élèves non « chaque jour ou presque »). Caractéristiques individuelles blancs étaient moins susceptibles que les élèves blancs de déclarer consommer de Pour évaluer l’usage de tabac, on a posé l’alcool plutôt que de n’en avoir jamais Le tableau 1 illustre que l’échantillon des aux élèves la question suivante : « Au consommé (RC = 0,65; IC à 95 % : 0,64 à élèves du secondaire était équilibré entre cours des 30 derniers jours, combien de 0,66). Comparativement aux élèves de garçons et filles d’une année à l’autre, soit jours as-tu fumé au moins une cigarette? » 9e année, les élèves de 11e année (RC = environ 50,0 % par groupe. La répartition Les réponses ont été regroupées en deux 1,34; IC à 95 % : 1,31 à 1,37) et de des répondants par niveau scolaire a varié catégories : non-fumeur (« aucun ») et 12e année (RC = 1,62; IC à 95 % : 1,58 à entre 21,6 % et 27,3 % entre 2012-2013 et fumeur (« 1 jour », « 2 ou 3 jours », « 4 ou 1,66) étaient plus susceptibles de con 2015-2016; on note toutefois des propor- 5 jours », « de 6 à 10 jours », « de 11 à sommer de l’alcool que de n’en avoir tions réduites d’élèves de 12e année en 20 jours », « de 21 à 29 jours » ou « 30 jours jamais consommé, tandis que les élèves 2016-2017 (19,3 %) et en 2017-2018 (17,6 %). [chaque jour] »). de 10e année étaient moins susceptibles de La plupart des élèves ont déclaré être consommer de l’alcool que de n’en avoir d’origine blanche, avec des proportions Pour évaluer la consommation de canna- jamais consommé (RC = 0,93; IC à 95 % : allant de 65,4 % à 73,8 % selon l’année; bis, on a posé aux élèves la question « Au 0,91 à 0,95). Comparativement aux élèves les proportions moyennes des autres groupes cours des 12 derniers mois, combien de ne disposant d’aucun revenu hebdoma- ethniques sur l’ensemble des années étaient fois as-tu consommé de la marijuana ou daire, les élèves disposant de plus de 100 $ de 4,3 % pour ceux d’origine ethnique du cannabis? ». Les réponses ont été regrou étaient plus susceptibles (RC = 1,87; IC à noire, de 6,9 % ceux d’origine ethnique 95 % : 1,82 à 1,92) et les élèves disposant pées en deux catégories : non-consommateur asiatiques, de 3,2 % pour ceux d’origine de 1 $ à 20 $ étaient moins susceptibles (« je n’ai jamais consommé de cannabis » ethnique autochtone et vivant hors (RC = 0,78; IC à 95 % : 0,76 à 0,79) de ou « j’ai déjà consommé du cannabis, mais pas au cours des 12 derniers mois »), réserve et de 2,3 % pour ceux d’origine déclarer consommer de l’alcool plutôt que et consommateur (« moins d’une fois par ethnique latino-américaine ou hispanique; n’en avoir jamais consommé. Comparati mois », « une fois par mois », « deux ou trois la proportion d’élèves s’étant identifiés vement à l’année de référence 2012-2013, fois par mois », « une fois par semaine », comme d’origine ethnique asiatique en davantage d’élèves ont déclaré consom- « deux ou trois fois par semaine », « de 2017-2018 était environ le double de celle mer de l’alcool plutôt que de ne pas en quatre à six fois par semaine » ou « chaque des années scolaires précédentes. La pré- consommer en 2013-2014 (RC = 1,12; IC jour »). valence de l’usage du tabac variait entre à 95 % : 1,09 à 1,15), et moins d’élèves 10,1 % et 11,7 % selon l’année, tandis que ont déclaré consommer de l’alcool plutôt Analyses statistiques la prévalence de la consommation de can- que de ne pas en consommer en 2015- nabis variait entre 23,0 % et 26,0 % selon 2016 (RC = 0,87; IC à 95 % : 0,85 à 0,90), l’année. La proportion d’élèves ayant déclaré en 2016-2017 (RC = 0,93; IC à 95 % : 0,90 Nous avons effectué des analyses sta tistiques descriptives pour toutes les un revenu disponible se situant entre 1 $ à 0,95) et en 2017-2018 (RC = 0,96; IC à variables à l’étude. Nous avons adapté les et 20 $ par semaine variait entre 30,2 % et 95 % : 0,94 à 0,99). modèles d’équations d’estimation généra 34,9 % entre 2012-2013 et 2017-2018. La lisées (EEG) au moyen de la procédure prévalence de la consommation d’alcool Nous avons constaté des résultats simi- SAS PROC GEE, avec une distribution se situait entre 51,5 % et 57,5 % et la laires pour les associations avec les élèves binomiale et une fonction de lien logit. consommation excessive d’alcool entre ne consommant pas actuellement d’alcool Étant donné la nature transversale répétée 33,6 % et 40,5 %, selon les années; la pré- et ceux n’en ayant jamais consommé de cette étude, qui donne lieu à des don- valence la plus faible a été relevée en (tableau 2). Comparativement aux élèves nées corrélées et regroupées, les structures 2017-2018. ne consommant pas de cannabis, les con- de corrélation provisoires à symétrie com- sommateurs de cannabis étaient plus sus- posée, autorégressive, indépendante, non Facteurs associés à la consommation ceptibles d’indiquer ne pas consommer structurée et échangeable ont été testées d’alcool actuellement d’alcool plutôt que de n’en pour assurer l’ajustement du modèle. Tous avoir jamais consommé (RC = 1,69; IC à les modèles utilisaient une structure de Comparativement aux élèves ayant déclaré 95 % : 1,64 à 1,75). Les fumeurs étaient corrélation échangeable fondée sur les ne pas consommer de cannabis, les con- également plus susceptibles de ne pas résultats des premières analyses. Nous sommateurs de cannabis étaient plus de consommer actuellement d’alcool plutôt Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada Vol 40, n° 3, mars 2020 71 Recherche, politiques et pratiques
TABLEAU 1 Caractéristiques individuelles et prévalence de la consommation de substances chez les élèves ayant participé à l’étude COMPASS, Canada, entre les années scolaires 2012-2013 et 2017-2018 2012-2013 2013-2014 2014-2015 2015-2016 2016-2017 2017-2018 (Na = 24 173) (Na = 45 298) (Na = 42 355) (Na = 40 436) (Na = 46 957) (Na = 66 501) Caractéristiques % % % % % % n n n n n n (IC à 95 %) (IC à 95 %) (IC à 95 %) (IC à 95 %) (IC à 95 %) (IC à 95 %) Sexe Filles 11 886 49,6 22 149 49,4 20 663 49,3 19 279 48,3 22 975 49,6 33 015 50,1 (49,0 à 50,2) (48,9 à 49,9) (48,8 à 49,8) (47,8 à 48,8) (49,1 à 50,1) (49,7 à 50,5) Garçons 12 076 50,4 22 712 50,6 21 263 50,7 20 601 51,7 23 319 50,4 32 923 49,9 (49,8 à 51,0) (50,1 à 51,1) (50,2 à 51,2) (51,2 à 52,2) (49,9 à 50,9) (49,5 à 50,3) Année 9 6 305 26,2 11 793 26,2 11 070 26,3 10 585 26,3 11 945 27,1 15 950 27,8 (25,6 à 26,8) (25,8 à 26,6) (25,9 à 26,7) (25,9 à 26,7) (26,7 à 27,5) (27,4 à 28,2) 10 6 179 25,7 11 817 26,2 11 493 27,3 10 612 26,4 12 437 28,2 16 107 28,0 (25,2 à 26,3) (25,8 à 26,6) (26,9 à 27,7) (26,0 à 26,8) (27,8 à 28,6) (27,6 à 28,4) 11 5 894 24,5 11 229 24,9 10 489 24,9 10 179 25,3 11 238 25,4 15 291 26,6 (24,0 à 25,0) (24,5 à 25,3) (24,5 à 25,3) (24,9 à 25,7) (25,0 à 25,8) (26,2 à 27,0) 12 5 699 23,7 10 233 22,7 9 078 21,6 8 807 21,9 8 538 19,3 10 112 17,6 (23,2 à 24,2) (22,3 à 23,1) (21,2 à 22,0) (21,5 à 22,3) (18,9 à 19,7) (17,3 à 17,9) Origine Blanc 17 124 70,8 33 414 73,8 30 836 72,8 28 641 70,8 32 993 70,3 43 510 65,4 ethnique (70,2 à 71,4) (73,4 à 74,2) (72,4 à 73,2) (70,4 à 71,2) (69,9 à 70,7) (65,0 à 65,8) Noir 1 102 4,6 1 785 3,9 1 892 4,5 1 991 4,9 1 936 4,1 2 593 3,9 (4,3 à 4,9) (3,7 à 4,1) (4,3 à 4,7) (4,7 à 5,1) (3,9 à 4,3) (3,8 à 4,1) Asiatique 1 423 5,9 2 303 5,1 2 313 5,5 2 466 6,1 3 018 6,4 8 125 12,2 (5,6 à 6,2) (4,9 à 5,3) (5,3 à 5,7) (5,9 à 6,3) (6,2 à 6,6) (12,0 à 12,5) Autochtone 721 3,0 1 596 3,5 1 416 3,3 1 288 3,2 1 606 3,4 1 854 2,8 (2,9 à 3,2) (3,3 à 3,7) (3,1 à 3,5) (3,0 à 3,4) (3,2 à 3,6) (2,7 à 2,9) Latino- 551 2,3 856 1,9 888 2,1 942 2,3 1 201 2,6 1 663 2,5 Américain ou (2,1 à 2,5) (1,8 à 2,0) (2,0 à 2,2) (2,2 à 2,5) (2,5 à 2,8) (2,4 à 2,6) Hispanique Autre, mixte 3 252 13,5 5 344 11,8 5 010 11,8 5 108 12,6 6 203 13,2 8 756 13,2 ou inconnue (13,1 à 13,9) (11,5 à 12,1) (11,5 à 12,1) (12,3 à 12,9) (12,9 à 13,5) (12,9 à 13,5) Usage Non-fumeur 21 587 89,3 40 027 88,4 37 592 88,8 35 689 88,3 41 167 88,8 59 266 90,0 du tabac (88,9 à 89,7) (88,1 à 88,7) (88,5 à 89,1) (88,0 à 88,6) (88,5 à 89,1) (89,8 à 90,2) Fumeur 2 586 10,7 5 271 11,6 4 763 11,3 4 747 11,7 5 182 11,2 6 625 10,1 (10,3 à 11,1) (11,3 à 11,9) (11,0 à 11,6) (11,4 à 12,0) (10,9 à 11,5) (9,9 à 10,3) Consom- Non-con- 17 332 71,7 32 780 72,4 30 698 72,5 29 475 72,9 34 359 73,2 50 176 75,5 mation sommateur (71,1 à 72,3) (72,0 à 72,8) (72,1 à 72,9) (72,5 à 73,3) (72,8 à 73,6) (75,2 à 75,8) de Consomma- 6 273 26,0 11 434 25,2 10 716 25,3 9 960 24,6 11 508 24,5 15 265 23,0 cannabis teur (25,5 à 26,6) (24,8 à 25,6) (24,9 à 25,7) (24,2 à 25,0) (24,1 à 24,9) (22,7 à 23,3) Inconnue 568 2,3 1 084 2,2 941 2,2 1 001 2,5 1 090 2,3 1 060 1,6 (2,1 à 2,5) (2,1 à 2,3) (2,1 à 2,3) (2,4 à 2,7) (2,2 à 2,4) (1,5 à 1,7) Revenu 0 $ 3 775 18,0 7 192 18,3 6 921 18,8 6 721 19,1 7 520 18,8 10 611 19,3 disponible (17,5 à 18,5) (17,9 à 18,7) (18,4 à 19,2) (18,7 à 19,5) (18,4 à 19,2) (19,0 à 19,6) 1 $ à 20 $ 7 325 34,9 12 911 32,8 11 836 32,1 10 781 30,6 12 345 30,8 16 628 30,2 (34,3 à 35,5) (32,3 à 33,3) (31,6 à 32,6) (30,1 à 31,1) (30,4 à 31,3) (29,8 à 30,6) 21 $ à 100 $ 6 475 30,8 11 978 30,5 10 805 29,3 10 056 28,6 11 487 28,7 15 565 28,3 (30,2 à 31,4) (30,0 à 31,0) (28,8 à 29,8) (28,1 à 29,1) (28,3 à 29,1) (27,9 à 28,7) Plus de 3 426 16,3 7 236 18,4 7 326 19,9 7 655 21,7 8 691 21,7 12 282 22,3 100 $ (15,8 à 16,8) (18,0 à 18,8) (19,5 à 20,3) (21,3 à 22,1) (21,3 à 22,1) (22,0 à 22,7) Consom- Jamais 4 865 20,7 9 687 21,9 9 849 23,8 10 137 25,7 12 076 26,3 17 943 27,4 mation (20,2 à 21,2) (21,5 à 22,3) (23,4 à 24,2) (25,3 à 26,1) (25,9 à 26,7) (27,1 à 27,7) d’alcool Aucune 5 535 23,6 9 108 20,6 8 624 20,8 8 060 20,4 9 114 19,9 13 794 21,1 consomma- (23,1 à 24,1) (20,2 à 21,0) (20,4 à 21,2) (20,0 à 20,8) (19,5 à 20,3) (20,8 à 21,4) tion actuelle Consomma- 13 075 55,7 25 444 57,5 22 985 55,4 21 291 53,9 24 715 53,8 33 684 51,5 tion actuelle (55,1 à 56,3) (57,0 à 58,0) (54,9 à 55,9) (53,4 à 54,4) (53,3 à 54,3) (51,1 à 51,9) Suite à la page suivante Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada Recherche, politiques et pratiques 72 Vol 40, n° 3, mars 2020
TABLEAU 1 (suite) Caractéristiques individuelles et prévalence de la consommation de substances chez les élèves ayant participé à l’étude COMPASS, Canada, entre les années scolaires 2012-2013 et 2017-2018 2012-2013 2013-2014 2014-2015 2015-2016 2016-2017 2017-2018 (Na = 24 173) (Na = 45 298) (Na = 42 355) (Na = 40 436) (Na = 46 957) (Na = 66 501) Caractéristiques % % % % % % n n n n n n (IC à 95 %) (IC à 95 %) (IC à 95 %) (IC à 95 %) (IC à 95 %) (IC à 95 %) Consom- Jamais 12 539 52,1 22 766 50,4 22 201 52,6 21 934 54,5 25 700 55,0 38 776 58,5 mation (51,5 à 52,7) (49,9 à 50,9) (52,1 à 53,1) (54,0 à 55,0) (54,6 à 55,5) (58,1 à 58,9) excessive Aucune 2 058 8,6 4 075 9,0 3 705 8,8 3 383 8,4 4 102 8,8 5 221 7,9 d’alcool consomma- (8,2 à 9,0) (8,7 à 9,3) (8,5 à 9,1) (8,1 à 8,7) (8,5 à 9,1) (7,7 à 8,1) tion excessive actuelle Consomma- 9 481 39,4 18 291 40,5 16 300 38,6 14 963 37,2 16 971 36,3 22 278 33,6 tion (38,8 à 40,0) (40,1 à 41,0) (38,1 à 39,1) (36,7 à 37,7) (35,9 à 36,7) (33,2 à 34,0) excessive actuelle Abréviations : COMPASS, étude de cohorte sur l’obésité, la consommation de marijuana, l’activité physique, la consommation d’alcool, le tabagisme et le comportement sédentaire; IC, intervalle de confiance. a Cadre d’échantillonnage. que de n’en avoir jamais consommé, com- manière excessive plutôt que de n’avoir consommer actuellement d’alcool de manière parativement aux élèves non-fumeurs jamais consommé d’alcool de manière excessive et le fait de ne jamais l’avoir fait (RC = 1,32; IC à 95 % : 1,26 à 1,39). excessive (RC = 0,74; IC à 95 % : 0,73 à (tableau 2). Comparativement aux élèves Comparativement aux élèves ne disposant 0,75). Comparativement aux élèves de ne consommant pas actuellement de can- d’aucun revenu hebdomadaire, les élèves 9e année, les élèves de 11e année (RC = nabis, les consommateurs de cannabis disposant d’un revenu hebdomadaire de 1,37; IC à 95 % : 1,34 à 1,40) et de étaient plus susceptibles d’indiquer ne pas 21 $ à 100 $ (RC = 1,08; IC à 95 % : 1,05 12e année (RC = 1,77; IC à 95 % : 1,73 à actuellement consommer d’alcool de manière à 1,11) et de plus de 100 $ (RC = 1,11; 1,81) étaient plus susceptibles de déclarer excessive plutôt que de ne jamais l’avoir IC à 95 % : 1,08 à 1,15) étaient plus sus- consommer de l’alcool de manière exces- fait (RC = 2,43; IC à 95 % : 2,39 à 2,47). ceptibles de ne pas consommer actuelle- sive plutôt que de n’avoir jamais con- Les fumeurs étaient également plus sus- ment d’alcool que de n’en avoir jamais sommé d’alcool de manière excessive. ceptibles de déclarer ne pas actuellement consommé. Comparativement aux élèves ne disposant consommer d’alcool de manière excessive d’aucun revenu hebdomadaire, les élèves plutôt que de ne jamais l’avoir fait, com- Facteurs associés à la consommation disposant d’un revenu hebdomadaire de parativement aux élèves non-fumeurs (RC = 21 $ à 100 $ (RC = 1,42; IC à 95 % : 1,39 excessive d’alcool 1,48; IC à 95 % : 1,44 à 1,52). Compara à 1,45) et de plus de 100 $ (RC = 2,14; IC tivement aux élèves ne disposant d’aucun à 95 % : 2,09 à 2,19) étaient plus suscep- Comparativement aux élèves ayant déclaré revenu hebdomadaire, les élèves disposant tibles de déclarer consommer de l’alcool ne pas consommer de cannabis, les con- d’un revenu hebdomadaire de 21 $ à 100 $ de manière excessive plutôt que de n’avoir sommateurs de cannabis étaient 4 fois (RC = 1,23; IC à 95 % : 1,20 à 1,25) et de jamais consommé d’alcool de manière plus susceptibles de déclarer consommer plus de 100 $ (RC = 1,55; IC à 95 % : 1,51 excessive. Comparativement à l’année de de l’alcool de manière excessive plutôt à 1,58) étaient plus susceptibles de ne pas référence 2012-2013, les élèves étaient que de n’avoir jamais consommé d’alcool actuellement consommer d’alcool de manière plus susceptibles de déclarer consommer de manière excessive (RC = 3,99; IC à excessive plutôt que de ne jamais l’avoir de l’alcool de manière excessive plutôt 95 % : 3,92 à 4,06) (tableau 2). Les que de n’avoir jamais consommé d’alcool fait. fumeurs étaient également plus suscepti- de manière excessive en 2013-2014 (RC = bles que les non-fumeurs de déclarer con- 1,22; IC à 95 % : 1,19 à 1,26) et en 2014- Analyse sommer de l’alcool de manière excessive 2015 (RC = 1,06; IC à 95 % : 1,03 à 1,09), plutôt que de n’avoir jamais consommé et moins susceptibles de déclarer consom- Cette étude montre des associations spéci- d’alcool de manière excessive (RC = 2,52; mer de l’alcool de manière excessive fiques entre certains microfacteurs et une IC à 95 % : 2,45 à 2,58). Comparativement plutôt que de n’avoir jamais consommé consommation d’alcool ou une consom- aux filles, les garçons étaient plus sus d’alcool de manière excessive en 2015- mation excessive d’alcool au sein d’un ceptibles de consommer de l’alcool de 2016 (RC = 0,93; IC à 95 % : 0,90 à 0,96), vaste échantillon d’élèves canadiens du manière excessive plutôt que de n’avoir en 2016-2017 (RC = 0,91; IC à 95 % : 0,89 secondaire. La consommation de cannabis jamais consommé d’alcool de manière à 0,94) et en 2017-2018 (RC = 0,78; IC à est associée à une probabilité 4 fois plus excessive (RC = 1,02; IC à 95 % : 1,00 à 95 % : 0,76 à 0,80). élevée de consommation d’alcool et de 1,03), et les élèves non blancs étaient consommation excessive d’alcool, tandis moins susceptibles que les élèves blancs Des résultats similaires ont été observés que l’usage du tabac est associé à une de déclarer consommer de l’alcool de pour les associations avec le fait de ne pas probabilité deux fois plus élevée de ces Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada Vol 40, n° 3, mars 2020 73 Recherche, politiques et pratiques
TABLEAU 2 Modèles EEG de régression logistique multinomiale examinant les microfacteurs associés à la consommation d’alcool et à la consommation excessive d’alcool chez les élèves du secondaire, étude COMPASS, Canada, 2012-2013 à 2017-2018 Consommation d’alcool Consommation excessive d’alcool Variable Niveaua Limite Limite Limite Limite RC Valeur p RC Valeur p inférieure supérieure inférieure supérieure Consommation actuelle par rapport à aucune consommation antérieure Sexe Garçons 0,87 0,86 0,88 < 0,001 1,02 1,00 1,03 0,008 Niveau scolaire 10 0,93 0,91 0,95 < 0,001 0,91 0,89 0,93 < 0,001 11 1,34 1,31 1,37 < 0,001 1,37 1,34 1,40 < 0,001 12 1,62 1,58 1,66 < 0,001 1,77 1,73 1,81 < 0,001 Origine ethnique Autre que Blanc 0,65 0,64 0,66 < 0,001 0,74 0,73 0,75 < 0,001 Usage du tabac Fumeur 2,11 2,03 2,21 < 0,001 2,52 2,45 2,58 < 0,001 Consommation de Consommateur 4,46 4,33 4,60 < 0,001 3,99 3,92 4,06 < 0,001 cannabis actuel Revenu disponible 1 $ à 20 $ 0,78 0,76 0,79 < 0,001 0,70 0,68 0,71 < 0,001 21 $ à 100 $ 1,35 1,32 1,37 < 0,001 1,42 1,39 1,45 < 0,001 Plus de 100 $ 1,87 1,82 1,92 < 0,001 2,14 2,09 2,19 < 0,001 Année de collecte 2013-2014 1,12 1,09 1,15 < 0,001 1,22 1,19 1,26 < 0,001 des données 2014-2015 0,98 0,95 1,00 0,097 1,06 1,03 1,09 < 0,001 2015-2016 0,87 0,85 0,90 < 0,001 0,93 0,90 0,96 < 0,001 2016-2017 0,93 0,90 0,95 < 0,001 0,91 0,89 0,94 < 0,001 2017-2018 0,96 0,94 0,99 0,004 0,78 0,76 0,80 < 0,001 Statistique de concordance 0,834 0,893 Aucune consommation actuelle par rapport à aucune consommation antérieure Sexe Garçons 0,90 0,89 0,91 < 0,001 0,88 0,87 0,89 < 0,001 Niveau scolaire 10 0,99 0,97 1,02 0,596 0,92 0,90 0,94 < 0,001 11 1,04 1,01 1,07 0,002 1,29 1,26 1,31 < 0,001 12 1,04 1,01 1,07 0,005 1,50 1,47 1,54 < 0,001 Origine ethnique Autre que Blanc 0,88 0,86 0,89 < 0,001 0,76 0,75 0,77 < 0,001 Usage du tabac Fumeur 1,32 1,26 1,39 < 0,001 1,48 1,44 1,52 < 0,001 Consommation de Consommateur 1,69 1,64 1,75 < 0,001 2,43 2,39 2,47 < 0,001 cannabis actuel Revenu disponible 1 $ à 20 $ 1,00 0,98 1,02 0,937 0,84 0,82 0,86 < 0,001 21 $ à 100 $ 1,08 1,05 1,11 < 0,001 1,23 1,20 1,25 < 0,001 Plus de 100 $ 1,11 1,08 1,15 < 0,001 1,55 1,51 1,58 < 0,001 Année de collecte 2013-2014 1,06 1,03 1,09 < 0,001 1,10 1,07 1,13 < 0,001 des données 2014-2015 0,98 0,95 1,01 0,204 1,01 0,98 1,03 0,605 2015-2016 0,90 0,87 0,93 < 0,001 0,94 0,92 0,97 < 0,001 2016-2017 0,88 0,86 0,91 < 0,001 0,98 0,96 1,01 0,157 2017-2018 0,94 0,91 0,96 < 0,001 0,95 0,92 0,97 < 0,001 Statistique de concordance 0,586 0,747 Abréviations : EEG, équation d’estimation généralisée; RC, rapport de cotes. a Catégories de référence : filles; 9e année; Blanc; non-fumeur; non-consommateur de cannabis; 0 $; 2012-2013. deux comportements. Les données de problématique d’alcool (selon l’échelle 17 ans que chez les 18 ans et plus11. La l’Enquête de surveillance canadienne de AUDIT) chez les fumeurs par rapport aux différence dans cette association pour les la consommation d’alcool et de drogues non-fumeurs11,12. À partir des données de deux groupes d’âge est frappante et (ESCCAD) et de l’Enquête sur la santé l’ESCCAD et de l’ESCC, Kirst et ses col- indique un besoin d’interventions chez les dans les collectivités canadiennes (ESCC) laborateurs ont signalé que l’importance jeunes qui consomment plusieurs sub- ont révélé une prévalence significative- de l’association entre l’usage du tabac et stances. En prenant en compte l’ensemble ment plus élevée de la consommation la consommation excessive d’alcool était de ces éléments, nous émettons l’hypo excessive d’alcool et de la consommation plus grande chez les adolescents de 12 à thèse que les jeunes négocient peut-être Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada Recherche, politiques et pratiques 74 Vol 40, n° 3, mars 2020
l’usage de diverses substances, sans doute déclaré disposer d’un revenu supérieur à recrutement d’écoles participantes de dif- en raison de la pression exercée par leurs 100 $ étaient environ deux fois plus sus- férentes zones géographiques, soit l’Ontario, pairs et des attitudes anticonformistes ceptibles de déclarer consommer de l’Alberta, la Colombie-Britannique, le Québec manifestées à l’adolescence4. l’alcool et d’en faire une consommation et le Nunavut10. Bien que la méthodologie excessive. Des travaux antérieurs ont mon d’échantillonnage ait pu avoir une inci- En ce qui concerne le sexe, les filles tré que les ressources financières de la dence sur la validité externe, bon nombre étaient plus susceptibles que les garçons famille étaient un puissant prédicteur de des constatations présentées ici sont de déclarer consommer de l’alcool, tandis la consommation de substances chez les comparables à d’autres études à grande que les garçons étaient légèrement plus jeunes (âge moyen d’environ 17 ans) : les échelle sur la consommation d’alcool et la susceptibles que les filles de déclarer con- jeunes ayant un statut socioéconomique prévalence de la consommation excessive sommer de l’alcool de manière excessive. élevé étaient plus susceptibles de consom- d’alcool chez les jeunes Canadiens, à Ces résultats sont à comparer aux résul- mer de l’alcool que les jeunes ayant un savoir l’Enquête sur la santé dans les col- tats de l’ECTADE de 2016-2017, où la statut socioéconomique faible15. Les élèves lectivités canadiennes et l’Enquête de sur- prévalence de la consommation d’alcool disposant d’un revenu plus élevé peuvent veillance canadienne de la consommation était similaire chez les filles et les garçons, considérer la consommation d’alcool comme d’alcool et de drogues (42 % de préva- à 44 % pour les deux groupes, tandis que économiquement réalisable. En outre, les lence de la consommation d’alcool11) et la prévalence de la consommation d’alcool données de l’Enquête sur la santé dans les l’Enquête canadienne sur le tabac, l’alcool à risque élevé (5 verres ou plus en une collectivités canadiennes ont montré que et les drogues chez les élèves (prévalence même occasion) était de 25 % pour les les jeunes (de 15 à 19 ans) qui travail- de 44 % de la consommation d’alcool et garçons et de 23 % pour les filles13. De laient de plus longues heures étaient plus de 24 % de la consommation d’alcool à plus, McCarty et ses collaborateurs ont susceptibles d’afficher une forte consom- risque élevé13). montré qu’une consommation de canna- mation épisodique d’alcool, mais cela ne bis durant l’adolescence était un facteur s’appliquait qu’aux jeunes de familles à Conclusion prédictif d’une consommation nocive revenu modeste ou élevé16. Bien que les d’alcool à l’âge adulte chez les deux sexes, jeunes puissent travailler pour diverses Cette étude fournit un aperçu des associa- ainsi que d’une consommation excessive raisons, que ce soit pour combler des tions entre certains microfacteurs et la d’alcool à l’âge adulte chez ceux s’étant nécessités de la vie ou se procurer des consommation d’alcool ainsi que la con- identifiés comme de sexe masculin6. articles de luxe, les stratégies d’établisse sommation excessive d’alcool chez les ment de prix minimum peuvent constituer jeunes Canadiens. La consommation de Nous avons également constaté des dif- des obstacles efficaces à la consommation cannabis, l’usage du tabac et un revenu férences dans la prévalence de la consom- d’alcool chez les jeunes17. disponible élevé ont été associés à la con- mation d’alcool et de la consommation sommation d’alcool et à la consommation excessive d’alcool selon les groupes eth- Le recrutement d’écoles dans de nouvelles excessive d’alcool chez les élèves du sec- niques. Les élèves non blancs étaient zones géographiques pendant l’étude s’est ondaire de l’étude COMPASS. Ces résul- moins susceptibles de déclarer consom- traduit par un moins grand nombre tats peuvent éclairer la prise de mesures mer de l’alcool et consommer de l’alcool d’élèves de 12e année en 2016-2017 et en visant la prévention de l’usage de plu de manière excessive que les élèves s’étant 2017-2018, ainsi que par un moins grand sieurs substances chez les jeunes. identifiés comme blancs. Les données nombre d’élèves s’étant identifiés comme de l’enquête Toronto Youth Crime and blancs et un plus grand nombre d’élèves Remerciements Victimization Survey ont révélé que, com- s’étant identifiés comme asiatiques en parativement aux élèves de l’Asie du Sud 2017-2018. On a observé des diminutions L’étude de référence COMPASS a été et de l’Asie de l’Est, la probabilité de con- modérées de la prévalence globale de la appuyée par une subvention transitoire de sommer de l’alcool chaque semaine était consommation d’alcool et de la consom- l’Institut de la nutrition, du métabolisme signi ficativement plus élevée chez les mation excessive d’alcool en 2016-2017 et et du diabète (INMD) des Instituts de élèves originaires du Canada, de l’Europe en 2017-2018. Ces résultats font ressortir recherche en santé du Canada (IRSC) dans de l’Ouest, de l’Europe de l’Est, de l’Europe la nécessité d’un échantillon important et le cadre de l’attribution du financement du Sud, de l’Amérique du Sud et de la diversifié de jeunes pour les futures études prioritaire « Interventions pour prévenir Chine14. Ensemble, ces résultats indiquent de cohorte. ou traiter l’obésité » (OOP-110788; subven- que les facteurs culturels et les normes tion accordée à S. Leatherdale) et d’une traditionnelles, ainsi que l’environnement Forces et limites subvention de fonctionnement de l’Institut social, peuvent influer sur la consomma- de la santé publique et des populations tion d’alcool chez les jeunes Canadiens. Les données du questionnaire COMPASS (ISPP) des IRSC (MOP-114875; subvention Étant donné que les élèves non blancs ne destiné aux élèves reposent sur l’auto accordée à S. Leatherdale). M. Leatherdale représentaient que 29 % de l’échantillon déclaration. Les procédures de collecte est titulaire d’une chaire de recherche global de notre étude, nos constatations des données employées limitent le biais appliquée en santé publique qui est pourraient ne pas être généralisables. de désirabilité sociale en utilisant une financée par l’Agence de la santé publique approche fondée sur l’information active du Canada (ASPC), en partenariat avec les La consommation d’alcool et la consom- et le consentement passif, en maintenant IRSC. Mme Holligan a reçu le soutien de mation excessive d’alcool variaient égale- la confidentialité et en minimisant la sous- l’Agence de la santé publique du Canada ment selon les niveaux déclarés de revenu déclaration18. L’étude COMPASS utilise par l’entremise du programme des bourses hebdomadaire disponible. Les élèves ayant également l’échantillonnage dirigé pour le de recherche scientifique du Conseil de Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada Vol 40, n° 3, mars 2020 75 Recherche, politiques et pratiques
recherches en sciences naturelles et en 5. Thompson K, Stockwell T, Leadbeater 13. Gouvernement du Canada. Résumé génie du Canada (CRSNG). B, et al. Association among different des résultats de l’Enquête canadienne measures of alcohol use across ado- sur le tabac, l’alcool et les drogues Conflits d’intérêts lescence and emerging adulthood. chez les élèves (ECTADE) 2016-2017 Addiction. 2014;109(6):894-903. [Internet]. Ottawa (Ont.), Gouverne Les auteurs déclarent n’avoir aucun con- ment du Canada; [modification le 12 flit d’intérêts en ce qui concerne ces 6. McCarty CA, Ebel BE, Garrison MM, juin 2018; consultation en juin 2019]. travaux. et al. Continuity of binge and harmful En ligne à : https://www.canada.ca drinking from late adolescence to /fr/sante-canada/services/enquete Contributions des auteurs et avis early adulthood. Pediatrics. 2004;114(3): -canadienne-tabac-alcool-et-drogues 714-719. -eleves/sommaire-2016-2017.html SH a conçu l’étude et rédigé le manuscrit. KB a analysé les données. SL a élaboré 7. Patte KA, Qian W, Leatherdale ST. Les 14. Brown C, Langille D, Tanner J, et al. l’enquête et recueilli les données de abus occasionnels d’alcool en lien Health-compromising behaviors among l’étude. Tous les auteurs ont contribué à avec le rendement scolaire, l’investis- a multi-ethnic sample of Canadian l’interprétation des résultats et aux sement dans les études et les aspira- high school students: risk-enhancing ébauches du manuscrit et en ont approuvé tions et attentes en matière de effects of discrimination and accul- la version finale. scolarité : une étude longitudinale turation. J Ethn Subst Abuse. 2014; chez les élèves du secondaire ayant 13(2):158-178. Le contenu et les points de vue exprimés participé à l’étude COMPASS. Promo dans le présent article sont ceux des tion de la santé et prévention des 15. Hanson MD, Chen E. Socioeconomic auteurs et ne reflètent pas nécessairement maladies chroniques au Canada. 2017; status and substance use behaviors in ceux du gouvernement du Canada. 37(11):421-432. adolescents: the role of family resources versus family social status. Références 8. Hoyt LT, Chase-Lansdale PL, McDade J Health Psychol. 2007;12(1):32-35. TW, et al. Positive youth, healthy 1. Butt P, Beirness D, Gliksman L, et adults: does positive well-being in 16. Breslin FC, Adlaf EM. Part-time work coll. L’alcool et la santé au Canada : adolescence predict better perceived and adolescent heavy episodic drink- résumé des données probantes et health and fewer risky health behav- ing: the influence of family and com- directives de consommation à faible iors in young adulthood? J Adolesc munity context. J Stud Alcohol Drugs. risque. Ottawa (Ont.) : Centre cana- Health. 2012;50(1): 66-73. 2005;66(6):784-794. dien de lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies; 2011. 72 p. 9. 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