Que coûtent les mésalignement du taux de change à l'économie marocaine ?
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Que coûtent les mésalignement du taux de change à l’économie marocaine ? Fadlallah Abdellali, Docteur-chercheur à l’Université Mohamed V- Rabat- Agdal. Faculté des sciences juridiques, économiques, et sociales- Rabat- Agdal abdellali.fadlallah@gmail.com 0665 93 23 07, 0662 32 50 63 Abdelhafid boghiri Faculté de Droit de Tanger, Université Abdelamlk Esadi, Tanger. a.boghiri@gmail.com 0661335152 Ismail Mouhil Faculté de Droit de Rabat-Agdal, Université Mohamed V, Rabat. Isamil.mouhil@gmail.com 0661416375
Fadlallah Abdellali & Abdelhafid boghiri & Ismail Mouhil 310 Résumé L'objet de cette étude est d’analyser l’impact des mésalignements de taux de change réel sur l’économie nationale. Pour cela, on a eu recours aux résultats de la méthode CGER du FMI selon lesquels l’évolution en moyenne géométrique, du mésalignement, durant la période 2006-2011, est de l’ordre de 2,5%. Ainsi, les études des mésalignements en MEGC sont reconnues des meilleures, pour évaluer les effets des mésalignements sur la stabilité macroéconomique. Le modèle utilisé est un modèle statique basé sur la MCS (2007). Les principaux résultats: une perte probable au niveau PIB réel d’un montant de 3 milliards de dirhams, la consommation privée et publique, respectivement, de plus de 2,5 milliards de dirhams et 1,3 milliards de dirhams. Quant aux agrégats ayant bénéficié d’une hausse, sont la production locale et la consommation intermédiaire, fort, d’environ un milliard de dirhams. Mots clés: CGER, MEGC, MCS, Bouclage, Analyse de sensibilité. Abstract The aimof this thesis is to analyze the impact of equilibrium real exchange rate’s misalignments on the macroeconomic balance. To achieve this objective, we opted forthe CGER method developed by IMF’s experts. In 2006, according to the results of our study, the annual evolution of the misalignments following geometric average, during 2006-2011, is around 2.5 %. Thus, misalignment’s studies in MEGC has been recognized as the best, to assess the misalignment’s effects on the macroeconomic stability. The model, adapted to the national economy, used in this study is a static model based on the MCS (2007). The main macroeconomics results of the misalignment’s impact are: A probable loss on real GDP around 3 billion dirhams, private and public consumption, respectively, around 2.5 billion and 1.3 billion dirhams. Though, the aggregates having benefited from a rise, are the local production and the intermediate consumption. Keywords: CGER, CGE, MCS, Looping, Sensitivity Analysis. Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
Que coûtent les mésalignement du taux de change à l’économie marocaine ? 311 Introduction Le suivi de l’évolution du taux de change et de son niveau attire toujours l’attention des autorités monétaires des pays et plus particulièrement au Maroc vu sa relation aux variables macroéconomiques. En effet, tout écart du taux de change par rapport à son niveau d’équilibre (mésalignements) peut les affecter d’une manière significative et in fine impacter la situation économique globale. Ces mésalignements créent divers problèmes, allant de l’incertitude à propos de la rentabilité de l’investissement dans le secteur des biens échangeables, jusqu’à la gestion des finances publiques, de la dette extérieure, des réserves de change. La suppression des impacts des mésalignements et de l’incertitude associée aux fluctuations dans les grandes devises représentait le principal objectif attendu de la gestion du taux de change. Dans ce cadre, les impacts macroéconomiques des mésalignements du taux de change mis en évidence par la littérature empirique dépendent étroitement de la façon dont les effets sont évalués. Cela implique que, si les impacts des mésalignements du taux de change ne sont pas correctement identifiés, les implications ou recommandations de politiques tirées d'études basées sur ces mésalignements peuvent être trompeuses. Il est à rappeler que les effets des mésalignemnts du taux de change sur le niveau des prix, la politique budgétaire et monétaire, l'investissement, le commerce, la croissance, ont été traités par une large littérature théorique et empirique. Généralement, les conclusions ne sont pas consensuelles. Des résultats contradictoires sont aussi fréquents. Quelques points de consensus semblent aussi émerger sur l’analyse de l’impact de la dynamique du taux de change sur l’économie nationale. Au Maroc, des études montrent que les mésalignements du taux de change constituent un des principaux facteurs de l’équilibre macroéconomique, si l’on accepte qu’il détermine l’insertion d’une économie dans les échanges mondiaux, et dans les échanges internationaux de capitaux. Il ressort de ce genre d’analyse que l’analyse d’impact des mésalignements est justifiée non seulement par son rôle dans la stabilité macroéconomique, mais également en tant que déterminant de la croissance car la valeur externe de la monnaie détermine la compétitivité des exportations et l’attractivité (Drabli (2009)).
Fadlallah Abdellali & Abdelhafid boghiri & Ismail Mouhil 312 A cette étude d’impact, le MEGC couvre un champ d’analyse suffisamment large de ces mésalignements, sur les principales politiques structurelles (politique budgétaire, la politique commerciale, les politiques sectorielles, des politiques sociales, des politiques d’emploi, et de change). En outre, ils tentent d’esquisser un profil clair et aussi précis que possible de l'économie, tout en restituant les principales caractéristiques des phénomènes étudiés. En dépit de toutes leurs faiblesses, ces modèles demeurent les plus adéquats pour analyser les répercussions des politiques macroéconomiques telles que les politiques commerciales. Ils permettent particulièrement de prendre en compte les interférences entre les différents secteurs d’une économie, ce qui s’avère utile quand il s’agit d’évaluer les impacts des mouvements du taux de change sur une économie. Au Maroc, la majorité des principaux modèles, qualifiés d’opérationnels, servant à répondre à des exigences de grande envergure, ont été développés par des institutions publiques. Particulièrement, il s’agit des contraintes de temps important du développement de ce modèle, de compétences, et de sources de données demandées que seuls des organismes publics ou grands bureaux d’études puissent assurer. De telles réflexions sont nées des travaux s’employant à relier les normes de change à l’activité économique, ce qui a conduit à une prolifération des recherches portant sur la détermination de la nature de la relation entre taux de change et performance économique, dans un univers de plus en plus évolutif. Ainsi, quel que soit l’approche, le niveau du taux de change réel n’est pas sans conséquences sur la croissance et l’équilibre macroéconomique. Ces éléments d’analyse constituent une brèche dans la doctrine dominante consistant à associer les performances économiques aux mésalignements et nous invitent à réfléchir sur cette relation. Ainsi, notre objectif est d’analyser les effets des mésalignements sur l’équilibre des marchés et le fonctionnement de l’économie. Cette analyse demeure importante car elle permet de justifier des mesures à engager, pour le développement des organisations. Après avoir présenté une synthèse de la littérature théorique et empirique sur la relation entre les mésalignements et l’équilibre macroéconomique, on procédera à une évaluation empirique pour déterminer l’impact des mésaligenemts sur l’équilibre macroéconomique, et pour proposer en grande Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
Que coûtent les mésalignement du taux de change à l’économie marocaine ? 313 conclusions, des mesures opérationnelles pour optimiser les gains de régime de change pour les organisations. 1. Synthèse de la littérature théorique et empirique de la détermination des mésalignements et dynamique macroéconomique Sans doute, la problématique portant sur la méthode d’analyse de la dynamique du taux de change fait l’objet d’un grand débat qui trouve son origine dans l’évolution de l’économie internationale, étant conditionné par son rôle primordial qu’il joue au niveau de la détermination de la situation intérieure, extérieure et enfin la stabilité macroéconomique. Le regain d’intérêt pour l’étude de la dynamique du taux de change au Maroc s’explique par deux faits économiques majeurs. En premier lieu, il a été observé que ce nouveau contexte économique, caractérisé par une intégration accrue dans les marchés internationaux et accompagné par l’adoption de régimes de change plus flottants, a amplifié les fluctuations et les déséquilibres de change. En second lieu, une distorsion persistante et récurrente du TCR est considérée être à l’origine de crises économiques et de faibles performances économiques. Plusieurs approches ont été développées et utilisées pour analyser la dynamique du taux change réel d'équilibre. Certaines études ont montré que le taux observé du dirham correspond à un équilibre qui prend en compte, principalement, les fondamentaux macroéconomiques de l’économie et les anticipations sur les fondamentaux futurs. D’autres approches ont interprété le taux de change réel comme un indicateur de la compétitivité. La valeur fondamentale du taux de change réel d'équilibre est la valeur du change réel assurant simultanément la réalisation de l'équilibre interne et de l'équilibre externe. Y. ZOUHAR a étudié les mésatignements du taux de change marocain en utilisant l’approche macroéconomique pour l’évaluation de la Soutenabilité du Compte Courant de la Balance des Paiements Marocaine. L'évaluation de la soutenabilité du compte courant revient à déterminer si la politique de taux de change menée est adéquate, autrement dit, il s'agit d'examiner s'il y a ou non un désalignement de la monnaie par rapport à son niveau d'équilibre. L’approche macroéconomique cherche à déterminer le "solde du compte courant sous- jacent" et le taux de change réel d'équilibre qui lui est associé. La comparaison de
Fadlallah Abdellali & Abdelhafid boghiri & Ismail Mouhil 314 ces deux valeurs laisse indiquer que le compte courant de la balance des paiements marocaine est soutenable. Naciri (2010) a étudié la relation entre l’équilibre du taux de change, la balance des paiements et l’économie intérieure via un modèle comptable. Il a montré qu’un déficit au niveau des transactions courantes de la BP marocaine ne signifie pas nécessairement qu’il y a un besoin d’ajustement, si ce déficit est temporaire suite à une chute des prix des exportations ou une surévaluation de la monnaie nationale par exemple. Ainsi, l’auteur montre que l’impact des désajustements du taux de change sur la balance des paiements peut être approché à travers les niveaux d’épargne et d’investissement de l’économie. En distinguant entre le secteur privé et le secteur des administrations publiques au niveau de l’épargne et l’investissement, Jandab montre que la désépargne du secteur public a entraîné, si une épargne nette positive du secteur privé, un solde déficitaire au niveau du compte courant et une insoutenabilité de la balance des paiements pour la période 2008-2011. A ce niveau, il est important de souligner que les relations entre le compte courant de la balance des paiements et le secteur intérieur demeurent des identités et elles ne peuvent apporter une description du comportement des agents économiques. Jandab (2011) souligne que le calcul du mésalignement via le modèle estimé décrit l’évolution du désajustement du TCR dans les pays émergents au cours de la période 1979-2008. Cette évolution s’avère, pour certains pays, persistante et récurrente mais aussi décroissante et à un faible niveau. Un tel résultat peut être expliqué par l’orientation de ces économies vers la flexibilité du TCR qui est, à son tour, susceptible de réduire le degré de déséquilibre du TCR. J. Bouoiyour (2005) a estimé les poids relatifs de chaque monnaie étrangère dans le panier de devises composant le dirham pour la période 1973-2005 sur des données mensuelles. Il a montré, qu’avant l’avènement de l’euro, les politiques de change du Maroc étaient basées sur une « crawling basket ». L’étude a montré que la naissance de l’euro a entraîné, après 1999, une profonde modification de la politique de change marocaine. D’une part, la composante automatique de l’ajustement du taux de change du dirham en fonction du différentiel d’inflation entre le Maroc et ses partenaires a été abandonnée, l’inflation interne ayant été stabilisée à un niveau comparable à celui des économies développées. Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
Que coûtent les mésalignement du taux de change à l’économie marocaine ? 315 Le CGER, un groupe du FMI, a développé une méthode de détermination des mésalignements du taux de change, utilisée pour les économies avancées et émergentes, incluant le Maroc. L’article « Methodology for CGER Exchange Rate Assessments » publié par le FMI en 2006, présente l’évaluation de la dynamique du taux de change d’équilibre selon trois périodes successives ou approches: L’approche macroéconomique : L’approche macroéconomique détermine l’ajustement du taux de change réel qui égalise le solde sous-jacent avec un solde norme du solde extérieur courant, en deux principales étapes. En premier lieu, on calcule la norme du solde extérieur courant à partir d’un ensemble de variables macroéconomiques: solde budgétaire, ratio de dépendance des retraités, taux de croissance démographique, avoirs extérieurs nets (AEN) en début de période, solde pétrolier, taux de croissance du PIB réel par habitant et revenu relatif. En deuxième lieu, on calcule l’ajustement du taux de change qui égalisera cette norme et le solde sous-jacent par le jeu des élasticités des exportations et des importations au taux de change réel. L'approche de taux de change d’équilibre : La méthode de la viabilité externe détermine l’ajustement du solde extérieur courant qui stabilise les avoirs extérieurs nets en pourcentage du PIB à un niveau de référence. La viabilité extérieure : La méthode du taux de change réel d’équilibre détermine un taux de change réel d’équilibre via une régression sur variables macroéconomiques et la compare avec une estimation de base. Les principes d’évaluation de l’appréciation des mésalignements sont : Si la moyenne des mésalignements des trois méthodes est située entre - 5% et +5%, alors le mésalignement global est considéré comme étant nul. Si tous les mésalignements des trois méthodes sont inférieurs à 10% en valeur absolue, alors le mésalignement global est considéré comme étant nul. Si tous les mésalignements s’écartent de moins de 10% les unes des autres, alors la moyenne des trois méthodes est choisie comme mésalignement.
Fadlallah Abdellali & Abdelhafid boghiri & Ismail Mouhil 316 Tableau 3 : Résultats des travaux du FMI Approche Viabilité Taux de Moyenne Evaluation économique extérieure change globale d’équilibre Sous-évaluation qui se situe 2006 -13,4% -2,1% -22,3% -12,6% entre -3% et 23% Absence de 2007 3,1% -3,8% -5,2% -1,9% mésalignements Mésalignements 2008 14,9% -8,1% 6,9% 4,6% entre -9% et 15% Mésalignements 2009 13,6% -5,5% 16,1% 8,1% entre -6% et 17% Mésalignements 2010 21,7% -2,2% 11,2% 10,2% entre –3% et 23% Sur la période 2006 – 2011, l’analyse de la dynamique du taux de change réel d’équilibre selon les rapports du FMI, laisse entrevoir trois périodes distinctes de sur ou sous-évaluation. L’année 2006, où le taux de change réel effectif du dirham était sous-évalué par rapport à son niveau d’équilibre. L’année 2008, où la tendance s’inverse et le DH était en équilibre. La période (2008-2011), où la tendance s’inverse et le DH était sous-évalué. 2. Mésalignement et équilibre macroéconomique général : Synthèse de la littérature empirique Le débat s’est focalisé récemment sur les causes et les effets de l’appréciation des taux de change réels dans les pays en développement et en transition. Deux points de vue s'opposent: le premier concerne le Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
Que coûtent les mésalignement du taux de change à l’économie marocaine ? 317 «Mésalignement», un point de vue selon lequel l’appréciation du taux de change réel engendre une perte de compétitivité qui, à son tour, se traduit par une détérioration de la balance courante. Quant au second point de vue, celui des fondamentalistes, il considère que cette appréciation traduit des changements des secteurs réels fondamentaux qui entraineront une dégradation de l’équilibre épargne-investissement. Les mésalignements peuvent avoir des conséquences à LT qui vont au-delà de l’impact couramment exercé à CT sur la compétitivité du pays considéré. Une surévaluation très sensible tendrait à ralentir la croissance. C’est pourquoi ce phénomène a reçu une attention dans les discussions politiques comme source de déséquilibre macroéconomique dont la correction est l’une des conditions cruciales pour assurer la stabilité macroéconomique. Ghura et Grennes ont montré que le mésalignement du TCR génère une baisse de la rentabilité de l’industrie ayant des prix relatifs faibles. En effet, le mésalignement, souvent sous forme d’une surévaluation des cours domestiques, impacte négativement les activités portant sur les biens échangeables. Ceci affecte l’équilibre macroéconomique via une détérioration de la balance des paiements et une destruction des réserves de change. El Garssi analyse la difficulté de la relation entre les mésalignements et l’équilibre macroéconomique, et les incertitudes théoriques qu’elle soulève. On peut s’attendre à ce que l’impact passe soit par des mesures sur le taux de croissance des quantités des facteurs de production, soit par des mesures de la croissance de la productivité totale. Les mesures de la productivité totale des facteurs opèrent soit à partir d’un impact sur la vitesse d’ajustement sectoriel aux chocs, soit via un effet sur le commerce extérieur, ou de l’ouverture en totale. En général, les mésalignements affectent les performances macroéconomiques par leur capacité à mobiliser l’épargne, à faciliter la répartition des capitaux et à améliorer la gestion du risque. Ils peuvent favoriser la croissance par le jeu de leurs effets sur l’accumulation du capital et l’allocation des ressources offrant des opportunités aux agents économiques qui en sont les plus dépendants. Il faut signaler à ce stade que pour évaluer les impacts potentiels des désalignements du taux de change réel, les économistes quantitativistes s’appuient généralement sur l’analyse des données en MEGC (Modèles
Fadlallah Abdellali & Abdelhafid boghiri & Ismail Mouhil 318 d’Equilibre Général Calculable) qui ne nécessitent pas l’obtention d’informations sur une longue période comme cela serait nécessaire pour construire des modèles économétriques. La plupart des MEGC utilisés pour évaluer les impacts des mésalignements sur l’équilibre macroéconomique s’appuient sur une modélisation néoclassique telle que celle présentée dans Dervis et Al , Lofgren et Al, sur le modèle de l’International Food Policy Research Institute. À partir d’un modèle macroéconomique très simple, l’étude de Kamas indique que l’effet récessif des mésalignements tient, entre autres, à la forte indexation des salaires et à la faiblesse de l’élasticité de substitution entre inputs importés et valeur ajoutée. Pour examiner les effets de court terme de la dévaluation de 50 % du franc CFA sur l’activité économique de la Côte d’Ivoire, Bourguignon et al. (1995) utilisent un modèle d’équilibre général qui prend en compte le marché monétaire. Ces auteurs estiment qu’au bout de deux à trois ans, la hausse du PIB due à la dévaluation serait de 4,8 %. Nouve et Al ont cherché à analyser l’impact des déséquilibres du taux de change sur la réduction de la pauvreté et la croissance économique au Mali à l’aide d’un MEGC dynamique. Le résultat central de leur étude est que la sous- évaluation conduirait à un faible renforcement de croissance économique - qui passerait de 4,47 % à 4,64 % par an - et à une réduction de la pauvreté, mais ces effets positifs seraient très faibles et largement insuffisants au regard des Objectifs du Millénaire pour le Développement puisque la pauvreté ne se réduirait que de 10 % entre 2004 et 2015. Dans ce cadre, Bakhti et Sadiki ont étudié les incidences d’une dévaluation sur les diverses composantes de l’économie marocaine, lorsqu’on fait varier certains indicateurs comme l’emploi, la croissance, l’investissement ou tout autre facteur. Après une dévaluation, les effets opposés des risques négatifs et des améliorations positives entraînent une évolution en deux temps. La première phase se caractérise par une dégradation immédiate des avoirs extérieurs. Ensuite, et au fur et à mesure que la production augmente ses quantités, une deuxième phase correspondant à un redressement de la balance commerciale doit s'installer progressivement. Selon cette étude, l'impact assez limité de cette dévaluation relativement importante de 10%, s'explique par la nature de nos importations et de nos exportations. Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
Que coûtent les mésalignement du taux de change à l’économie marocaine ? 319 3. Soubassement théorique du modèle Lorsqu’il est question d’évaluer les impacts des mésalignements du taux de change réel sur une économie, il est, fréquemment, fait appel aux modèles multidimensionnels tels que les Modèles d’Equilibre Général Calculable (MEGC). En dépit de leurs faiblesses, ces modèles demeurent les plus adéquats pour analyser les répercussions des politiques macroéconomiques telles que les politiques de change. Ils permettent, particulièrement, de prendre en compte les interférences entre les différents secteurs d’une économie, ce qui parait, essentiellement, primordial, quand il s’agit d’évaluer les impacts du taux de change sur une économie. Notre modèle est statique, il décrit les interrelations entre les différentes composantes de l’économie et le comportement des agents économiques. Il est assez agrégé au niveau des secteurs d’activité. Il a été adapté à l’appréhension du mésalignement du taux de change réel. En effet, le modèle de base ne considérait que le taux de change nominal, et cette version prend en compte le taux de change réel dans son cadre théorique. Le dimensionnement du modèle (c’est-à-dire la détermination des niveaux de désagrégations à retenir) concerne les comptes qu’il intègre. Ainsi, les Facteurs de production se suffisent des deux facteurs (primaires) traditionnels, le travail et le capital. Quant aux agents économiques, ils sont au nombre de quatre, tous représentatifs, les Entreprises, l’Etat, les Ménages et le Reste du monde. Au niveau des marchés des biens et services, ils sont représentés par les branches et les produits. Les branches d’activité se limitent à quatre branches : Branche primaire, Branche industrie, Branche services marchands et Branche des services non marchands. Et les produits sont, de quatre produits : Produit primaire , Produit industrie, Produit services marchands et Produit des services non marchands. Spécifications de la production : La fonction de production adoptée pour une branche d’activités, est une fonction de Leontief (complémentarité) combinant la consommation intermédiaire totale et la valeur ajoutée de la branche. La valeur ajoutée est composée de la main d’œuvre et du stock du capital physique, dans la plupart des cas selon une fonction de substitution CES (constant elasticity of substitution), dont les paramètres sont des élasticités de substitution entre ces facteurs de production. Quant au troisième grand facteur de production,
Fadlallah Abdellali & Abdelhafid boghiri & Ismail Mouhil 320 constitué de la consommation intermédiaire totale de la branche considérée, il est constitué de tous les intrants intermédiaires et qui sont régis par une stricte complémentarité au sein de cette branche d’activité. Commerce Extérieur : La théorie qui devrait naturellement servir de référence pour la présentation des échanges commerciaux d’un pays avec l’extérieur est la théorie néoclassique du commerce international. Cependant, l’hypothèse néoclassique d’homogénéité des produits est abandonnée au profit d’une hypothèse proposée par ARMINGTON (1969) qui suppose une substituabilité imparfaite entre les produits d’origines différentes quel que soit le degré de leur similitude. Pour la modélisation des importations, la proposition d’Armington stipule que les consommateurs déterminent une demande de biens intérieurs et une demande de biens importés en fonction des prix relatifs. Ainsi, le modèle prend considère l’imparfaite substituabilité entre les biens produits localement et les biens en provenance du reste du monde. Cette hypothèse repose sur la notion de différenciation des biens par pays d’origine dans la structure de la demande. La répartition de la demande de ce bien composite entre les deux sources concurrentes est régie par une fonction à élasticité de substitution constante (CES). Quant aux Exportations, celles-ci sont représentées par un output sous forme d’un agrégat des divers produits de la branche, destinés au marché intérieur et au marché extérieur. Le modèle utilise des fonctions à élasticité de transformation constante (CET) emboîtées à deux niveaux permettant de capter l’imparfaite substituabilité entre les biens produits pour le marché intérieur et ceux qui sont destinées à l’exportation. Cadre comptable : La Matrice des Comptes Sociaux Le cadre comptable consiste à déterminer les données qui implémentent le modèle et leurs sources. Pour le présent MEGC, c’est la matrice issue de celle officielle pour 2007 ressortie par le HCP, adaptée à la problématique. Conformément au dimensionnement du modèle, elle est agrégée en quatre secteurs d’activités : l’activité primaire (agriculture et pêche), l’activité secondaire (représentant l’industrie), l’activité tertiaire marchande (les services marchands) et les services non marchands. Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
Que coûtent les mésalignement du taux de change à l’économie marocaine ? 321 Les paramètres : Outre la matrice qui exprime les flux des agrégats d’intérêt pour le modèle, les paramètres du modèle ont fait, également, objet d’estimation, cette estimation appelée calibrage ou calibration dans le langage de la modélisation économique. Les différents paramètres ayant fait l’objet d’estimation dans le modèle sont des paramètres se rapportant aux fonctions de comportement adoptées. Il s’agit des fonctions de production, de consommation, d'investissement, de consommation de l'Etat et du compte reste du monde qui englobe la fonction de demande des exportations et la fonction ces des importations et de la fonction cet des exportations. Le calibrage de ces paramètre se fait à partir des données de l’année de base figurant dans la MCS, d’autres concernant certains blocs sont calibrés économétriquement, conditionnellement à la disponibilité de séries assez longues des agrégats y afférents. Cependant, en cas de non disponibilité de telles séries, l’estimation économétrique est impossibles et donc, le recours va vers des estimations approximatives en empruntant des paramètres sur des pays voisins « au sens économique », et si des pays voisins n’en disposent pas, une estimation subjective dite « pifométrique » est inévitable. Toutefois, ces paramètres peuvent être très ou peu sensibles, au niveau de leur influence sur les résultats des simulations. Pour mesurer cet aspect (sensibilité), une analyse de sensibilité par le modèle, c’est-à-dire, voir le changement des résultats des simulations suite au changement de l’estimation de ces paramètres. Les bouclages choisis : La fermeture ou bouclage est le choix d’exogénéisation des variables permettant de rendre le système solvable (ayant une solution unique). Dans le cas de cette étude, avant bouclage, on s’est retrouvé avec un nombre de variables endogènes (y compris celles qui seront éxogénéisées par bouclage) supérieur au nombre des équations. Ainsi, on a eu à éxogénéiser des variables au lieu d’éliminer des équations, et puisque l’étude concerne le taux de change, le bouclage a concerné l’éxogénéisation des agrégats (variables) en lien avec la balance des paiements qui sont le solde du compte courant et le solde du compte courant rapporté au PIB (ratio), et deux variables de la sphère de l’Administration publique, à savoir, la valeur des dépenses publiques et le ratio du solde budgétaire par rapport au PIB. En tout, on a choisi trois bouclages représentés dans le tableau ci-dessous.
Fadlallah Abdellali & Abdelhafid boghiri & Ismail Mouhil 322 4. Résultats d’impacts Tout d’abord, il est à signaler que les résultats seront présentés selon les trois bouclages et leurs moyennes (les résultats) en variation relative, puis une variation en montant correspondante à la moyenne. La lecture devrait tenir compte, des signes de variations de l’agrégat considéré suite à la simulation, selon les bouclages et leur moyenne. En second lieu, l’importance est accordée à la différence des amplitudes de ces variations (entre bouclages et leur moyenne). Puis, en fin de compte, le montant équivalent à la moyenne servira à estimer l’amplitude de l’effet du mésalignement en dirhams pour répondre à la problématique centrale. Le choc est la simulation d’un écart sur le taux de change réel issus des rapports du FMI. Ainsi sa valeur estimée, servant à l’étude de son impact, est de +2,498%. Pour la compréhension de la nature des résultats, il est nécessaire de percevoir le choc qui est une diminution du taux de change réel (surévaluation par rapport au taux de change réel d’équilibre), en %, correspondante au mésalignement, comme un passage inverse ou retour de la situation réel, celle enregistrée effectivement, vers la situation d’équilibre (qui devait avoir eu lieu). Par conséquent, les résultats affichés dans cette partie correspondent aux écarts des performances affichés en situation réelle, étant une situation d’équilibre au sens (néoclassique) de l’équilibre général, par rapport à la situation d’équilibre au sens du taux de change d’équilibre théorique appréhendé dans les analyses théoriques précédentes. Ainsi, une baisse (chiffres positifs dans les tableaux) signifie que le mésalignement aurait permis une hausse de la variable en question (agrégat, prix ou indice), et vice versa, une hausse indique qu’il aurait fait baisser cette variable. Les principaux résultats sont : Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
Que coûtent les mésalignement du taux de change à l’économie marocaine ? 323 Tableau : Résultats d'impacts sur le Volume des Exportations par secteur Résultats en % REFERENCE Moyenne Moyenne Secteurs (Millions Dhs) Bouclage 1 Bouclage 2 Bouclage 3 des (Millions Dhs) 3 bouclages PRIMAIRE 1 840 -0,653 -0,507 -0,507 -0,56 -102,3 INDUSTRIE 11 796 -0,469 -0,366 -0,366 -0,40 -471,9 SERVICES MARCHANDS 8 480 -0,542 -0,424 -0,424 -0,46 -392,8 SERVICES NON MARCHANDS 0 0,000 0,000 0,000 0,00 0,0 Source: Calculs de l'auteur via simulation par le modèle construit En montant, le modèle ressort un gain moyen (des trois bouclages) majeur dans le secondaire (472 millions de dirhams), suivi légèrement par le montant des gains des services marchands (393 millions de dirhams) et puis, avec un degré moindre, quelques 102 millions de dirhams dans le secteur primaire. Tableau : Résultats d'impacts sur le Volume des Importations par secteur Résultats en % REFERENCE Moyenne Moyenne Secteurs (Millions Dhs) Bouclage 1 Bouclage 2 Bouclage 3 des (Millions Dhs) 3 bouclages PRIMAIRE 5 314 1,510 1,224 1,223 1,32 701,0 INDUSTRIE 20 615 1,370 1,132 1,132 1,21 2 497,2 SERVICES MARCHANDS 2 790 1,517 1,258 1,257 1,34 374,9 SERVICES NON MARCHANDS 0 0,000 0,000 0,000 0,00 0,0 Source: Calculs de l'auteur via simulation par le modèle construit La moyenne en montant ressort une grande atténuation pour les produits industriels, avoisinant les 2.5 milliards de dirhams par rapport au primaire pour lequel le modèle affiche une baisse de 701 millions de dirhams et un peu moins pour les services marchands de près de 375 millions de dirhams. Ainsi, une baisse de la valeur des importations et une hausse de la valeur des exportations, grâce au mésalignement, auraient évité une dégradation du solde commercial, de manière plus prononcé pour les produits industriels.
Fadlallah Abdellali & Abdelhafid boghiri & Ismail Mouhil 324 Tableau: Résultats d'impacts sur la Production par Secteur Résultats en % REFERENCE Moyenne Moyenne Secteurs (Millions Dhs) Bouclage 1 Bouclage 2 Bouclage 3 des (Millions Dhs) 3 bouclages PRIMAIRE 14 490 -0,588 -0,431 -0,431 -0,48 -700,5 INDUSTRIE 40 060 -0,321 -0,227 -0,227 -0,26 -1 034,9 SERVICES MARCHANDS 43 656 -0,216 -0,133 -0,134 -0,16 -703,0 SERVICES NON MARCHANDS 11 857 1,446 0,982 0,983 1,14 1 348,0 Source: Calculs de l'auteur via simulation par le modèle construit Les effets sur le commerce extérieur auraient concerné la production locale sectorielle. De ce fait, hormis la baisse que le mésalignement aurait fait subir à la production non marchande, la production des secteurs marchands aurait profité de celui-ci. La plus grande hausse aurait été au bénéfice du secondaire puis du primaire et du tertiaire avec le même niveau de gain estimé à 700 millions de dirhams. Tableau : Résultats d'impacts sur la Valeur Ajoutée Sectorielle Résultats en % REFERENCE Moyenne Moyenne Secteurs (Millions Dhs) Bouclage 1 Bouclage 2 Bouclage 3 des (Millions Dhs) 3 bouclages PRIMAIRE 8 656 -0,588 -0,431 -0,431 -0,48 -418,5 INDUSTRIE 9 337 -0,321 -0,227 -0,227 -0,26 -241,2 SERVICES MARCHANDS 26 661 -0,216 -0,133 -0,134 -0,16 -429,3 SERVICES NON MARCHANDS 9 447 1,446 0,982 0,983 1,14 1 074,0 Source: Calculs de l'auteur via simulation par le modèle construit L’autre facteur de production qu’est la valeur ajoutée aurait connu les mêmes sens de variations. Au niveau des montants, comparativement à la demande de consommation intermédiaire, ceux-ci auraient été plus conséquents. Ainsi, la baisse de la valeur ajoutée de la branche aurait dépassé le milliard de dirhams. Dans le même registre, la hausse de la production des secteurs marchands aurait impliqué une hausse plus importante (par rapport à la demande de consommation intermédiaire) de leur valeur ajoutée. Plus précisément, la hausse aurait dépassé les 400 milliards de dirhams, au moment où celle de l’industrie aurait affiché la plus petite hausse d’un montant de moins de 250 millions de dirhams. Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
Que coûtent les mésalignement du taux de change à l’économie marocaine ? 325 Tableau: Résultats d'impacts sur les revenus des agents économiques Résultats en % REFERENCE Moyenne Moyenne Revenu par agent (Millions Dhs) Bouclage 1 Bouclage 2 Bouclage 3 des (Millions Dhs) 3 bouclages REVENU DISPONIBLE DES MENAGES 44 423 0,100 -0,397 -0,397 -0,23 -1 027,9 REVENU DES ENTREPRISES 26 604 -0,160 -0,391 -0,392 -0,31 -836,5 REVENU DE L'ETAT 22 785 -0,236 -0,359 -0,359 -0,32 -724,4 Source: Calculs de l'auteur via simulation par le modèle construit La plus importante hausse est à mettre à l’actif des ménages d’un montant de plus d’un milliards de dirhams, puis les entreprises de plus de 800 millions de dirhams et de presqu’un quart de milliard de dirhams pour l’Etat. Tableau: Résultats d'impacts sur les Principaux Agrégats Macroéconomiques Résultats en % REFERENCE Moyenne Moyenne Agrégats (Millions Dhs) Bouclage 1 Bouclage 2 Bouclage 3 des (Millions Dhs) 3 bouclages PIB REEL 53 811 0,717 0,556 0,556 0,61 3 280,8 PRODUCTION 110 063 -0,122 -0,085 -0,085 -0,10 -1 072,0 IMPORTATIONS 28 719 1,411 1,161 1,161 1,24 3 573,2 CONSOMMATION TOTALE DES MENAGES 36 852 0,819 0,685 0,685 0,73 2 689,8 CONSOMMATION PUBLIQUE 11 411 1,432 0,974 0,975 1,13 1 286,0 INVESTISSEMENT 19 216 0,157 0,224 0,221 0,20 385,9 CONSOMMATION INTERMEDIAIRE 55 493 -0,239 -0,167 -0,167 -0,19 -1 060,5 EXPORTATIONS 22 116 -0,512 -0,400 -0,400 -0,44 -966,9 Source: Calculs de l'auteur via simulation par le modèle construit En définitive, au niveau macroéconomique, le mésalignement aurait, selon ce modèle, affecté le PIB réel d’un montant d’un peu plus de 3 milliards de dirhams, la consommation privée et publique, respectivement, de plus de 2,5 milliards de dirhams et presque 1,3 milliards de dirhams. Quant à l’investissement global, il aurait diminué de plus de 300 millions de dirhams en situation d’équilibre (du taux de change réel). Mais, ce sont surtout les importations qui auraient baissé suite au mésalignement d’un montant maximal, de l’ordre de plus 3,5 milliards de dirhams. Quant aux agrégats ayant bénéficié d’une hausse, sont la production locale et la consommation intermédiaire, fort logiquement, d’environ un milliards de dirhams.
Fadlallah Abdellali & Abdelhafid boghiri & Ismail Mouhil 326 Ainsi, en guise de synthèse des résultats, le mésalignement aurait été coûteux en termes des prix, ce fait pouvant être considéré comme facteur d’inflation (avec réserve), au PIB et par suite la croissance de 3 milliards de dirhams équivalents à 0.61%, la demande se serait décontractée quoique la production locale aurait été améliorée de plus d’un milliards de dirhams, au même titre que la consommation intermédiaire et les exportations d’un montant avoisinant le milliard de dirhams. Conclusion L'étude des effets des mésalignements du taux de change sur l'économie demeure très importante et primordiale pour chaque économie. Elle permet de présenter et de justifier des mesures à engager et d'optimiser les gains des régimes de change et de minimiser les coûts qu'ils imposent à l'économie. Notre objectif dans cette étude se place dans cette optique. Rappelons que nous n’avons pas discuté le choix de régime de change par les autorités en ce sens que nous ne cherchons pas à mettre en évidence le régime le plus approprié pour le pays. De notre étude, on rappelle les principaux résultats au niveau macroéconomique, de l’impact des mésalignements : une perte probable au niveau PIB réel d’un montant de 3 milliards de dirhams, la consommation privée de plus de 2,5 milliards. Quant aux agrégats ayant bénéficié d’une hausse, sont la production locale et la consommation intermédiaire, fort logiquement, d’environ un milliard de dirhams. En outre, le mésalignement aurait été coûteux en termes des prix, ce fait pouvant être considéré comme facteur d’inflation (avec réserve), au PIB et par suite la croissance de 3 milliards de dirhams équivalents à 0,61%, la demande se serait contractée quoique la production locale ait été améliorée de plus d’un milliard de dirhams. En guise de conclusion, l’étude, tant théorique qu’empirique, de l’impact des mésalignements du taux de change réel sur l’équilibre macroéconomique nous a permis de déduire un enseignement capital. Il s’agit de la relativité de l’objectif de la réduction des coûts des mésalignements sur l’équilibre macroéconomique. Les expériences ont montré que cet objectif doit être mené en se basant, sur des prérequis pour faciliter sa bonne marche. En effet, une instauration de la culture de gestion des risques des changes dans les organisations, la cohérence des objectifs de la monétaires et budgétaires, une politique d’intervention Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
Que coûtent les mésalignement du taux de change à l’économie marocaine ? 327 efficace, un nouveau cadre monétaire et une libéralisation graduelle et prudente du compte de capital doivent être aussi pris en compte, car ils permettent d’augmenter les chances de réussite d’une stratégie de change. Ainsi, comme les résultats les confirment, la flexibilité du taux de change n’est pas favorable en soi pour favoriser la compétitivité des organisations à moyen terme. Le Maroc peut également être réticent à adopter un régime de changes flottants si les outils dont il dispose pour mener une politique monétaire indépendante et composer avec la volatilité du taux de change sont limités. De plus, un régime de changes flottants doit être assorti d’un point d’ancrage nominal crédible afin d’assurer la « cohérence » du régime monétaire du pays.
Fadlallah Abdellali & Abdelhafid boghiri & Ismail Mouhil 328 Bibliographie AGHEVLI B.B., KHAN M.S. et MONTIEL P., (1991), Exchange rate policy in developing countries : some analytical issues, IMF Occasional Paper, N° 78, March. AND WHALLEY, J., (1992), Applying general equilibrium, Cambridge University press, Cambridge. ARSLAN et RAZMI (2006), The impact of exchange rate uncertainty on export growth : evidence from Korean Data, International Economic Journal, N°103, Autumn. DRABLI (2009), Stabilisation and Adjustment in a small Open Economy: Ireland, 1979-95, Oxford Review of Economic Policy, Vol. 12, N°3. ÉGERT. B, LOMMATZSCH. K, LAHRÈCHE-RÉVIL. A, (2007) Real Exchange Rates in Small Open OECD and Transition Economies: Comparing Apples with Oranges?, William FARUQEE (1996), Quelle stratégie de change dans les économies en développement, Revue Mondes en développement, Montalieu. FMI, (2006), METHODOLOGY FOR CGER EXCHANGE RATE ASSESSMENTS. GIERSCH (1985), Perspectives on PPP and Long-Run Real Exchange Rates, Working Paper n° 4952, NBER. GOLDSTEIN (1998), On the analytical fondations of the Fondamental Equilibrium Exchange Rate, in C.P. Heargreaves ed., Macroeconomic Modelling of the Long-Run, E. Elgar. JANDAB(2011), Choix d’un Régime de Change Optimal et Croissance Economique : Cas du Maroc", IX AISPE Conference The theory and practice of economic policy: tradition and change, Italy. JANDAB, (2011), Choix d’un Régime de Change Optimal et Croissance Economique : Cas du Maroc, IX AISPE Conference The theory and practice of economicpolicy: tradition and change, Italy. LIPSCHITZ L. (1979), Exchange rate policy for a small developing country, and the selection of an appropriate standard, IMF Staff Papers, N°26, September. MINISTERE DES FINANCES (2004), MODELE : MODEPF, Direction des Etudes et des Prévisions Financières. Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
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