Que coûtent les mésalignement du taux de change à l'économie marocaine ?

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Que coûtent les mésalignement du
  taux de change à l’économie
          marocaine ?

                         Fadlallah Abdellali,
      Docteur-chercheur à l’Université Mohamed V- Rabat- Agdal.
 Faculté des sciences juridiques, économiques, et sociales- Rabat- Agdal
                     abdellali.fadlallah@gmail.com
                      0665 93 23 07, 0662 32 50 63

                          Abdelhafid boghiri
    Faculté de Droit de Tanger, Université Abdelamlk Esadi, Tanger.
                         a.boghiri@gmail.com
                             0661335152

                            Ismail Mouhil
    Faculté de Droit de Rabat-Agdal, Université Mohamed V, Rabat.
                       Isamil.mouhil@gmail.com
                              0661416375
Fadlallah Abdellali & Abdelhafid boghiri & Ismail Mouhil                    310

     Résumé
     L'objet de cette étude est d’analyser l’impact des mésalignements de taux de
change réel sur l’économie nationale. Pour cela, on a eu recours aux résultats de
la méthode CGER du FMI selon lesquels l’évolution en moyenne géométrique,
du mésalignement, durant la période 2006-2011, est de l’ordre de 2,5%. Ainsi, les
études des mésalignements en MEGC sont reconnues des meilleures, pour
évaluer les effets des mésalignements sur la stabilité macroéconomique. Le
modèle utilisé est un modèle statique basé sur la MCS (2007). Les principaux
résultats: une perte probable au niveau PIB réel d’un montant de 3 milliards de
dirhams, la consommation privée et publique, respectivement, de plus de 2,5
milliards de dirhams et 1,3 milliards de dirhams. Quant aux agrégats ayant
bénéficié d’une hausse, sont la production locale et la consommation
intermédiaire, fort, d’environ un milliard de dirhams.
     Mots clés: CGER, MEGC, MCS, Bouclage, Analyse de sensibilité.
     Abstract
     The aimof this thesis is to analyze the impact of equilibrium real exchange
rate’s misalignments on the macroeconomic balance. To achieve this objective,
we opted forthe CGER method developed by IMF’s experts. In 2006, according to
the results of our study, the annual evolution of the misalignments following
geometric average, during 2006-2011, is around 2.5 %. Thus, misalignment’s
studies in MEGC has been recognized as the best, to assess the misalignment’s
effects on the macroeconomic stability. The model, adapted to the national
economy, used in this study is a static model based on the MCS (2007). The main
macroeconomics results of the misalignment’s impact are: A probable loss on real
GDP around 3 billion dirhams, private and public consumption, respectively,
around 2.5 billion and 1.3 billion dirhams. Though, the aggregates having
benefited from a rise, are the local production and the intermediate consumption.
     Keywords: CGER, CGE, MCS, Looping, Sensitivity Analysis.

  Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
Que coûtent les mésalignement du taux de change à l’économie marocaine ?   311

    Introduction
      Le suivi de l’évolution du taux de change et de son niveau attire toujours
l’attention des autorités monétaires des pays et plus particulièrement au Maroc
vu sa relation aux variables macroéconomiques. En effet, tout écart du taux de
change par rapport à son niveau d’équilibre (mésalignements) peut les affecter
d’une manière significative et in fine impacter la situation économique globale.
     Ces mésalignements créent divers problèmes, allant de l’incertitude à propos
de la rentabilité de l’investissement dans le secteur des biens échangeables,
jusqu’à la gestion des finances publiques, de la dette extérieure, des réserves de
change. La suppression des impacts des mésalignements et de l’incertitude
associée aux fluctuations dans les grandes devises représentait le principal
objectif attendu de la gestion du taux de change.
     Dans ce cadre, les impacts macroéconomiques des mésalignements du taux
de change mis en évidence par la littérature empirique dépendent étroitement
de la façon dont les effets sont évalués. Cela implique que, si les impacts des
mésalignements du taux de change ne sont pas correctement identifiés, les
implications ou recommandations de politiques tirées d'études basées sur ces
mésalignements peuvent être trompeuses.
     Il est à rappeler que les effets des mésalignemnts du taux de change sur le
niveau des prix, la politique budgétaire et monétaire, l'investissement, le
commerce, la croissance, ont été traités par une large littérature théorique et
empirique. Généralement, les conclusions ne sont pas consensuelles. Des
résultats contradictoires sont aussi fréquents. Quelques points de consensus
semblent aussi émerger sur l’analyse de l’impact de la dynamique du taux de
change sur l’économie nationale.
     Au Maroc, des études montrent que les mésalignements du taux de change
constituent un des principaux facteurs de l’équilibre macroéconomique, si l’on
accepte qu’il détermine l’insertion d’une économie dans les échanges mondiaux,
et dans les échanges internationaux de capitaux. Il ressort de ce genre d’analyse
que l’analyse d’impact des mésalignements est justifiée non seulement par son
rôle dans la stabilité macroéconomique, mais également en tant que déterminant
de la croissance car la valeur externe de la monnaie détermine la compétitivité
des exportations et l’attractivité (Drabli (2009)).
Fadlallah Abdellali & Abdelhafid boghiri & Ismail Mouhil                          312

     A cette étude d’impact, le MEGC couvre un champ d’analyse suffisamment
large de ces mésalignements, sur les principales politiques structurelles (politique
budgétaire, la politique commerciale, les politiques sectorielles, des politiques
sociales, des politiques d’emploi, et de change). En outre, ils tentent d’esquisser
un profil clair et aussi précis que possible de l'économie, tout en restituant les
principales caractéristiques des phénomènes étudiés.
      En dépit de toutes leurs faiblesses, ces modèles demeurent les plus adéquats
pour analyser les répercussions des politiques macroéconomiques telles que les
politiques commerciales. Ils permettent particulièrement de prendre en compte
les interférences entre les différents secteurs d’une économie, ce qui s’avère utile
quand il s’agit d’évaluer les impacts des mouvements du taux de change sur une
économie.
     Au Maroc, la majorité des principaux modèles, qualifiés d’opérationnels,
servant à répondre à des exigences de grande envergure, ont été développés par
des institutions publiques. Particulièrement, il s’agit des contraintes de temps
important du développement de ce modèle, de compétences, et de sources de
données demandées que seuls des organismes publics ou grands bureaux
d’études puissent assurer. De telles réflexions sont nées des travaux s’employant
à relier les normes de change à l’activité économique, ce qui a conduit à une
prolifération des recherches portant sur la détermination de la nature de la
relation entre taux de change et performance économique, dans un univers de
plus en plus évolutif. Ainsi, quel que soit l’approche, le niveau du taux de change
réel n’est pas sans conséquences sur la croissance et l’équilibre
macroéconomique.
     Ces éléments d’analyse constituent une brèche dans la doctrine dominante
consistant à associer les performances économiques aux mésalignements et nous
invitent à réfléchir sur cette relation. Ainsi, notre objectif est d’analyser les effets
des mésalignements sur l’équilibre des marchés et le fonctionnement de
l’économie. Cette analyse demeure importante car elle permet de justifier des
mesures à engager, pour le développement des organisations.
     Après avoir présenté une synthèse de la littérature théorique et empirique
sur la relation entre les mésalignements et l’équilibre macroéconomique, on
procédera à une évaluation empirique           pour déterminer l’impact des
mésaligenemts sur l’équilibre macroéconomique, et pour proposer en grande

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Que coûtent les mésalignement du taux de change à l’économie marocaine ?      313

conclusions, des mesures opérationnelles pour optimiser les gains de régime de
change pour les organisations.
    1. Synthèse de la littérature théorique et empirique de la détermination
des mésalignements et dynamique macroéconomique
    Sans doute, la problématique portant sur la méthode d’analyse de la
dynamique du taux de change fait l’objet d’un grand débat qui trouve son origine
dans l’évolution de l’économie internationale, étant conditionné par son rôle
primordial qu’il joue au niveau de la détermination de la situation intérieure,
extérieure et enfin la stabilité macroéconomique.
      Le regain d’intérêt pour l’étude de la dynamique du taux de change au Maroc
s’explique par deux faits économiques majeurs. En premier lieu, il a été observé
que ce nouveau contexte économique, caractérisé par une intégration accrue
dans les marchés internationaux et accompagné par l’adoption de régimes de
change plus flottants, a amplifié les fluctuations et les déséquilibres de change. En
second lieu, une distorsion persistante et récurrente du TCR est considérée être à
l’origine de crises économiques et de faibles performances économiques.
     Plusieurs approches ont été développées et utilisées pour analyser la
dynamique du taux change réel d'équilibre. Certaines études ont montré que le
taux observé du dirham correspond à un équilibre qui prend en compte,
principalement, les fondamentaux macroéconomiques de l’économie et les
anticipations sur les fondamentaux futurs. D’autres approches ont interprété le
taux de change réel comme un indicateur de la compétitivité. La valeur
fondamentale du taux de change réel d'équilibre est la valeur du change réel
assurant simultanément la réalisation de l'équilibre interne et de l'équilibre
externe.
      Y. ZOUHAR a étudié les mésatignements du taux de change marocain en
utilisant l’approche macroéconomique pour l’évaluation de la Soutenabilité du
Compte Courant de la Balance des Paiements Marocaine. L'évaluation de la
soutenabilité du compte courant revient à déterminer si la politique de taux de
change menée est adéquate, autrement dit, il s'agit d'examiner s'il y a ou non un
désalignement de la monnaie par rapport à son niveau d'équilibre. L’approche
macroéconomique cherche à déterminer le "solde du compte courant sous-
jacent" et le taux de change réel d'équilibre qui lui est associé. La comparaison de
Fadlallah Abdellali & Abdelhafid boghiri & Ismail Mouhil                       314

ces deux valeurs laisse indiquer que le compte courant de la balance des
paiements marocaine est soutenable.
     Naciri (2010) a étudié la relation entre l’équilibre du taux de change, la
balance des paiements et l’économie intérieure via un modèle comptable. Il a
montré qu’un déficit au niveau des transactions courantes de la BP marocaine ne
signifie pas nécessairement qu’il y a un besoin d’ajustement, si ce déficit est
temporaire suite à une chute des prix des exportations ou une surévaluation de la
monnaie nationale par exemple. Ainsi, l’auteur montre que l’impact des
désajustements du taux de change sur la balance des paiements peut être
approché à travers les niveaux d’épargne et d’investissement de l’économie.
     En distinguant entre le secteur privé et le secteur des administrations
publiques au niveau de l’épargne et l’investissement, Jandab montre que la
désépargne du secteur public a entraîné, si une épargne nette positive du secteur
privé, un solde déficitaire au niveau du compte courant et une insoutenabilité de
la balance des paiements pour la période 2008-2011. A ce niveau, il est important
de souligner que les relations entre le compte courant de la balance des
paiements et le secteur intérieur demeurent des identités et elles ne peuvent
apporter une description du comportement des agents économiques.
     Jandab (2011) souligne que le calcul du mésalignement via le modèle estimé
décrit l’évolution du désajustement du TCR dans les pays émergents au cours de
la période 1979-2008. Cette évolution s’avère, pour certains pays, persistante et
récurrente mais aussi décroissante et à un faible niveau. Un tel résultat peut être
expliqué par l’orientation de ces économies vers la flexibilité du TCR qui est, à son
tour, susceptible de réduire le degré de déséquilibre du TCR.
      J. Bouoiyour (2005) a estimé les poids relatifs de chaque monnaie étrangère
dans le panier de devises composant le dirham pour la période 1973-2005 sur des
données mensuelles. Il a montré, qu’avant l’avènement de l’euro, les politiques
de change du Maroc étaient basées sur une « crawling basket ». L’étude a montré
que la naissance de l’euro a entraîné, après 1999, une profonde modification de la
politique de change marocaine. D’une part, la composante automatique de
l’ajustement du taux de change du dirham en fonction du différentiel d’inflation
entre le Maroc et ses partenaires a été abandonnée, l’inflation interne ayant été
stabilisée à un niveau comparable à celui des économies développées.

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Que coûtent les mésalignement du taux de change à l’économie marocaine ?     315

     Le CGER, un groupe du FMI, a développé une méthode de détermination des
mésalignements du taux de change, utilisée pour les économies avancées et
émergentes, incluant le Maroc. L’article « Methodology for CGER Exchange Rate
Assessments » publié par le FMI en 2006, présente l’évaluation de la dynamique
du taux de change d’équilibre selon trois périodes successives ou approches:
      L’approche macroéconomique : L’approche macroéconomique détermine
l’ajustement du taux de change réel qui égalise le solde sous-jacent avec un solde
norme du solde extérieur courant, en deux principales étapes. En premier lieu, on
calcule la norme du solde extérieur courant à partir d’un ensemble de variables
macroéconomiques: solde budgétaire, ratio de dépendance des retraités, taux de
croissance démographique, avoirs extérieurs nets (AEN) en début de période,
solde pétrolier, taux de croissance du PIB réel par habitant et revenu relatif. En
deuxième lieu, on calcule l’ajustement du taux de change qui égalisera cette
norme et le solde sous-jacent par le jeu des élasticités des exportations et des
importations au taux de change réel.
    L'approche de taux de change d’équilibre : La méthode de la viabilité
externe détermine l’ajustement du solde extérieur courant qui stabilise les avoirs
extérieurs nets en pourcentage du PIB à un niveau de référence.
    La viabilité extérieure : La méthode du taux de change réel d’équilibre
détermine un taux de change réel d’équilibre via une régression sur variables
macroéconomiques et la compare avec une estimation de base.
    Les principes d’évaluation de l’appréciation des mésalignements sont :
     Si la moyenne des mésalignements des trois méthodes est située entre -
5% et +5%, alors le mésalignement global est considéré comme étant nul.
      Si tous les mésalignements des trois méthodes sont inférieurs à 10% en
valeur absolue, alors le mésalignement global est considéré comme étant nul.
     Si tous les mésalignements s’écartent de moins de 10% les unes des
autres, alors la moyenne des trois méthodes est choisie comme mésalignement.
Fadlallah Abdellali & Abdelhafid boghiri & Ismail Mouhil                       316

                         Tableau 3 : Résultats des travaux du FMI
       Approche   Viabilité           Taux        de Moyenne Evaluation
       économique extérieure          change                 globale
                                      d’équilibre

                                                                    Sous-évaluation
                                                                    qui se situe
2006 -13,4%             -2,1%         -22,3%               -12,6%
                                                                    entre -3% et
                                                                    23%

                                                                    Absence     de
2007 3,1%               -3,8%         -5,2%                -1,9%
                                                                    mésalignements

                                                                    Mésalignements
2008 14,9%              -8,1%         6,9%                 4,6%     entre -9% et
                                                                    15%

                                                                    Mésalignements
2009 13,6%              -5,5%         16,1%                8,1%     entre -6% et
                                                                    17%

                                                                    Mésalignements
2010 21,7%              -2,2%         11,2%                10,2%    entre –3% et
                                                                    23%

     Sur la période 2006 – 2011, l’analyse de la dynamique du taux de change réel
d’équilibre selon les rapports du FMI, laisse entrevoir trois périodes distinctes de
sur ou sous-évaluation. L’année 2006, où le taux de change réel effectif du dirham
était sous-évalué par rapport à son niveau d’équilibre. L’année 2008, où la
tendance s’inverse et le DH était en équilibre. La période (2008-2011), où la
tendance s’inverse et le DH était sous-évalué.
      2. Mésalignement et équilibre macroéconomique général : Synthèse de la
littérature empirique
     Le débat s’est focalisé récemment sur les causes et les effets de
l’appréciation des taux de change réels dans les pays en développement et en
transition. Deux points de vue s'opposent: le premier concerne le

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Que coûtent les mésalignement du taux de change à l’économie marocaine ?       317

«Mésalignement», un point de vue selon lequel l’appréciation du taux de change
réel engendre une perte de compétitivité qui, à son tour, se traduit par une
détérioration de la balance courante. Quant au second point de vue, celui des
fondamentalistes, il considère que cette appréciation traduit des changements
des secteurs réels fondamentaux qui entraineront une dégradation de l’équilibre
épargne-investissement.
      Les mésalignements peuvent avoir des conséquences à LT qui vont au-delà
de l’impact couramment exercé à CT sur la compétitivité du pays considéré. Une
surévaluation très sensible tendrait à ralentir la croissance. C’est pourquoi ce
phénomène a reçu une attention dans les discussions politiques comme source de
déséquilibre macroéconomique dont la correction est l’une des conditions
cruciales pour assurer la stabilité macroéconomique.
     Ghura et Grennes ont montré que le mésalignement du TCR génère une
baisse de la rentabilité de l’industrie ayant des prix relatifs faibles. En effet, le
mésalignement, souvent sous forme d’une surévaluation des cours domestiques,
impacte négativement les activités portant sur les biens échangeables. Ceci
affecte l’équilibre macroéconomique via une détérioration de la balance des
paiements et une destruction des réserves de change.
     El Garssi analyse la difficulté de la relation entre les mésalignements et
l’équilibre macroéconomique, et les incertitudes théoriques qu’elle soulève. On
peut s’attendre à ce que l’impact passe soit par des mesures sur le taux de
croissance des quantités des facteurs de production, soit par des mesures de la
croissance de la productivité totale. Les mesures de la productivité totale des
facteurs opèrent soit à partir d’un impact sur la vitesse d’ajustement sectoriel
aux chocs, soit via un effet sur le commerce extérieur, ou de l’ouverture en totale.
     En général, les mésalignements affectent les performances
macroéconomiques par leur capacité à mobiliser l’épargne, à faciliter la
répartition des capitaux et à améliorer la gestion du risque. Ils peuvent favoriser
la croissance par le jeu de leurs effets sur l’accumulation du capital et l’allocation
des ressources offrant des opportunités aux agents économiques qui en sont les
plus dépendants.
     Il faut signaler à ce stade que pour évaluer les impacts potentiels des
désalignements du taux de change réel, les économistes quantitativistes
s’appuient généralement sur l’analyse des données en MEGC (Modèles
Fadlallah Abdellali & Abdelhafid boghiri & Ismail Mouhil                        318

d’Equilibre Général Calculable) qui ne nécessitent pas l’obtention d’informations
sur une longue période comme cela serait nécessaire pour construire des modèles
économétriques. La plupart des MEGC utilisés pour évaluer les impacts des
mésalignements sur l’équilibre macroéconomique s’appuient sur une
modélisation néoclassique telle que celle présentée dans Dervis et Al , Lofgren
et Al, sur le modèle de l’International Food Policy Research Institute.
     À partir d’un modèle macroéconomique très simple, l’étude de Kamas
indique que l’effet récessif des mésalignements tient, entre autres, à la forte
indexation des salaires et à la faiblesse de l’élasticité de substitution entre inputs
importés et valeur ajoutée. Pour examiner les effets de court terme de la
dévaluation de 50 % du franc CFA sur l’activité économique de la Côte d’Ivoire,
Bourguignon et al. (1995) utilisent un modèle d’équilibre général qui prend en
compte le marché monétaire. Ces auteurs estiment qu’au bout de deux à trois
ans, la hausse du PIB due à la dévaluation serait de 4,8 %.
     Nouve et Al ont cherché à analyser l’impact des déséquilibres du taux de
change sur la réduction de la pauvreté et la croissance économique au Mali à
l’aide d’un MEGC dynamique. Le résultat central de leur étude est que la sous-
évaluation conduirait à un faible renforcement de croissance économique - qui
passerait de 4,47 % à 4,64 % par an - et à une réduction de la pauvreté, mais ces
effets positifs seraient très faibles et largement insuffisants au regard des
Objectifs du Millénaire pour le Développement puisque la pauvreté ne se
réduirait que de 10 % entre 2004 et 2015.
     Dans ce cadre, Bakhti et Sadiki ont étudié les incidences d’une dévaluation
sur les diverses composantes de l’économie marocaine, lorsqu’on fait varier
certains indicateurs comme l’emploi, la croissance, l’investissement ou tout autre
facteur. Après une dévaluation, les effets opposés des risques négatifs et des
améliorations positives entraînent une évolution en deux temps. La première
phase se caractérise par une dégradation immédiate des avoirs extérieurs.
Ensuite, et au fur et à mesure que la production augmente ses quantités, une
deuxième phase correspondant à un redressement de la balance commerciale
doit s'installer progressivement. Selon cette étude, l'impact assez limité de cette
dévaluation relativement importante de 10%, s'explique par la nature de nos
importations et de nos exportations.

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Que coûtent les mésalignement du taux de change à l’économie marocaine ?      319

    3. Soubassement théorique du modèle
     Lorsqu’il est question d’évaluer les impacts des mésalignements du taux de
change réel sur une économie, il est, fréquemment, fait appel aux modèles
multidimensionnels tels que les Modèles d’Equilibre Général Calculable (MEGC).
En dépit de leurs faiblesses, ces modèles demeurent les plus adéquats pour
analyser les répercussions des politiques macroéconomiques telles que les
politiques de change. Ils permettent, particulièrement, de prendre en compte les
interférences entre les différents secteurs d’une économie, ce qui parait,
essentiellement, primordial, quand il s’agit d’évaluer les impacts du taux de
change sur une économie.
    Notre modèle est statique, il décrit les interrelations entre les différentes
composantes de l’économie et le comportement des agents économiques. Il est
assez agrégé au niveau des secteurs d’activité. Il a été adapté à l’appréhension du
mésalignement du taux de change réel. En effet, le modèle de base ne considérait
que le taux de change nominal, et cette version prend en compte le taux de
change réel dans son cadre théorique.
     Le dimensionnement du modèle (c’est-à-dire la détermination des niveaux de
désagrégations à retenir) concerne les comptes qu’il intègre. Ainsi, les Facteurs de
production se suffisent des deux facteurs (primaires) traditionnels, le travail et le
capital. Quant aux agents économiques, ils sont au nombre de quatre, tous
représentatifs, les Entreprises, l’Etat, les Ménages et le Reste du monde. Au
niveau des marchés des biens et services, ils sont représentés par les branches et
les produits. Les branches d’activité se limitent à quatre branches : Branche
primaire, Branche industrie, Branche services marchands et Branche des services
non marchands. Et les produits sont, de quatre produits : Produit primaire ,
Produit industrie, Produit services marchands et Produit des services non
marchands.
     Spécifications de la production : La fonction de production adoptée pour une
branche d’activités, est une fonction de Leontief (complémentarité) combinant la
consommation intermédiaire totale et la valeur ajoutée de la branche. La valeur
ajoutée est composée de la main d’œuvre et du stock du capital physique, dans la
plupart des cas selon une fonction de substitution CES (constant elasticity of
substitution), dont les paramètres sont des élasticités de substitution entre ces
facteurs de production. Quant au troisième grand facteur de production,
Fadlallah Abdellali & Abdelhafid boghiri & Ismail Mouhil                          320

constitué de la consommation intermédiaire totale de la branche considérée, il est
constitué de tous les intrants intermédiaires et qui sont régis par une stricte
complémentarité au sein de cette branche d’activité.
     Commerce Extérieur : La théorie qui devrait naturellement servir de
référence pour la présentation des échanges commerciaux d’un pays avec
l’extérieur est la théorie néoclassique du commerce international. Cependant,
l’hypothèse néoclassique d’homogénéité des produits est abandonnée au profit
d’une hypothèse proposée par ARMINGTON (1969) qui suppose une
substituabilité imparfaite entre les produits d’origines différentes quel que soit le
degré de leur similitude. Pour la modélisation des importations, la proposition
d’Armington stipule que les consommateurs déterminent une demande de biens
intérieurs et une demande de biens importés en fonction des prix relatifs.
     Ainsi, le modèle prend considère l’imparfaite substituabilité entre les biens
produits localement et les biens en provenance du reste du monde. Cette
hypothèse repose sur la notion de différenciation des biens par pays d’origine
dans la structure de la demande. La répartition de la demande de ce bien
composite entre les deux sources concurrentes est régie par une fonction à
élasticité de substitution constante (CES).
     Quant aux Exportations, celles-ci sont représentées par un output sous forme
d’un agrégat des divers produits de la branche, destinés au marché intérieur et au
marché extérieur. Le modèle utilise des fonctions à élasticité de transformation
constante (CET) emboîtées à deux niveaux permettant de capter l’imparfaite
substituabilité entre les biens produits pour le marché intérieur et ceux qui sont
destinées à l’exportation.
     Cadre comptable : La Matrice des Comptes Sociaux
      Le cadre comptable consiste à déterminer les données qui implémentent le
modèle et leurs sources. Pour le présent MEGC, c’est la matrice issue de celle
officielle pour 2007 ressortie par le HCP, adaptée à la problématique.
Conformément au dimensionnement du modèle, elle est agrégée en quatre
secteurs d’activités : l’activité primaire (agriculture et pêche), l’activité secondaire
(représentant l’industrie), l’activité tertiaire marchande (les services marchands)
et les services non marchands.

  Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
Que coûtent les mésalignement du taux de change à l’économie marocaine ?      321

     Les paramètres : Outre la matrice qui exprime les flux des agrégats d’intérêt
pour le modèle, les paramètres du modèle ont fait, également, objet d’estimation,
cette estimation appelée calibrage ou calibration dans le langage de la
modélisation économique. Les différents paramètres ayant fait l’objet
d’estimation dans le modèle sont des paramètres se rapportant aux fonctions de
comportement adoptées.
     Il s’agit des fonctions de production, de consommation, d'investissement, de
consommation de l'Etat et du compte reste du monde qui englobe la fonction de
demande des exportations et la fonction ces des importations et de la fonction cet
des exportations. Le calibrage de ces paramètre se fait à partir des données de
l’année de base figurant dans la MCS, d’autres concernant certains blocs sont
calibrés économétriquement, conditionnellement à la disponibilité de séries assez
longues des agrégats y afférents.
     Cependant, en cas de non disponibilité de telles séries, l’estimation
économétrique est impossibles et donc, le recours va vers des estimations
approximatives en empruntant des paramètres sur des pays voisins « au sens
économique », et si des pays voisins n’en disposent pas, une estimation
subjective dite « pifométrique » est inévitable. Toutefois, ces paramètres peuvent
être très ou peu sensibles, au niveau de leur influence sur les résultats des
simulations. Pour mesurer cet aspect (sensibilité), une analyse de sensibilité par le
modèle, c’est-à-dire, voir le changement des résultats des simulations suite au
changement de l’estimation de ces paramètres.
     Les bouclages choisis : La fermeture ou bouclage est le choix
d’exogénéisation des variables permettant de rendre le système solvable (ayant
une solution unique). Dans le cas de cette étude, avant bouclage, on s’est
retrouvé avec un nombre de variables endogènes (y compris celles qui seront
éxogénéisées par bouclage) supérieur au nombre des équations. Ainsi, on a eu à
éxogénéiser des variables au lieu d’éliminer des équations, et puisque l’étude
concerne le taux de change, le bouclage a concerné l’éxogénéisation des agrégats
(variables) en lien avec la balance des paiements qui sont le solde du compte
courant et le solde du compte courant rapporté au PIB (ratio), et deux variables
de la sphère de l’Administration publique, à savoir, la valeur des dépenses
publiques et le ratio du solde budgétaire par rapport au PIB. En tout, on a choisi
trois bouclages représentés dans le tableau ci-dessous.
Fadlallah Abdellali & Abdelhafid boghiri & Ismail Mouhil                         322

     4. Résultats d’impacts
     Tout d’abord, il est à signaler que les résultats seront présentés selon les trois
bouclages et leurs moyennes (les résultats) en variation relative, puis une
variation en montant correspondante à la moyenne. La lecture devrait tenir
compte, des signes de variations de l’agrégat considéré suite à la simulation, selon
les bouclages et leur moyenne. En second lieu, l’importance est accordée à la
différence des amplitudes de ces variations (entre bouclages et leur moyenne).
Puis, en fin de compte, le montant équivalent à la moyenne servira à estimer
l’amplitude de l’effet du mésalignement en dirhams pour répondre à la
problématique centrale. Le choc est la simulation d’un écart sur le taux de change
réel issus des rapports du FMI. Ainsi sa valeur estimée, servant à l’étude de son
impact, est de +2,498%.
     Pour la compréhension de la nature des résultats, il est nécessaire de
percevoir le choc qui est une diminution du taux de change réel (surévaluation par
rapport au taux de change réel d’équilibre), en %, correspondante au
mésalignement, comme un passage inverse ou retour de la situation réel, celle
enregistrée effectivement, vers la situation d’équilibre (qui devait avoir eu lieu).
Par conséquent, les résultats affichés dans cette partie correspondent aux écarts
des performances affichés en situation réelle, étant une situation d’équilibre au
sens (néoclassique) de l’équilibre général, par rapport à la situation d’équilibre au
sens du taux de change d’équilibre théorique appréhendé dans les analyses
théoriques précédentes. Ainsi, une baisse (chiffres positifs dans les tableaux)
signifie que le mésalignement aurait permis une hausse de la variable en question
(agrégat, prix ou indice), et vice versa, une hausse indique qu’il aurait fait baisser
cette variable. Les principaux résultats sont :

  Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
Que coûtent les mésalignement du taux de change à l’économie marocaine ?                                    323

     Tableau : Résultats d'impacts sur le Volume des Exportations par secteur
                                                                       Résultats en %
                                         REFERENCE                                       Moyenne         Moyenne
             Secteurs                    (Millions Dhs) Bouclage 1 Bouclage 2 Bouclage 3   des         (Millions Dhs)
                                                                                         3 bouclages
 PRIMAIRE                                       1 840      -0,653     -0,507    -0,507      -0,56          -102,3
 INDUSTRIE                                     11 796      -0,469     -0,366    -0,366      -0,40          -471,9
 SERVICES MARCHANDS                             8 480      -0,542     -0,424    -0,424      -0,46          -392,8
 SERVICES NON MARCHANDS                             0      0,000      0,000     0,000       0,00              0,0
 Source: Calculs de l'auteur via simulation par le modèle construit
        En montant, le modèle ressort un gain moyen (des trois bouclages) majeur
dans le secondaire (472 millions de dirhams), suivi légèrement par le montant des
gains des services marchands (393 millions de dirhams) et puis, avec un degré
moindre, quelques 102 millions de dirhams dans le secteur primaire.
    Tableau : Résultats d'impacts sur le Volume des Importations par secteur
                                                                       Résultats en %
                                         REFERENCE                                       Moyenne         Moyenne
             Secteurs                    (Millions Dhs) Bouclage 1 Bouclage 2 Bouclage 3   des         (Millions Dhs)
                                                                                         3 bouclages
 PRIMAIRE                                       5 314      1,510      1,224    1,223        1,32           701,0
 INDUSTRIE                                     20 615      1,370      1,132    1,132        1,21         2 497,2
 SERVICES MARCHANDS                             2 790      1,517      1,258    1,257        1,34           374,9
 SERVICES NON MARCHANDS                             0      0,000      0,000    0,000        0,00             0,0
 Source: Calculs de l'auteur via simulation par le modèle construit

     La moyenne en montant ressort une grande atténuation pour les produits
industriels, avoisinant les 2.5 milliards de dirhams par rapport au primaire pour
lequel le modèle affiche une baisse de 701 millions de dirhams et un peu moins
pour les services marchands de près de 375 millions de dirhams. Ainsi, une baisse
de la valeur des importations et une hausse de la valeur des exportations, grâce
au mésalignement, auraient évité une dégradation du solde commercial, de
manière plus prononcé pour les produits industriels.
Fadlallah Abdellali & Abdelhafid boghiri & Ismail Mouhil                                                       324

                     Tableau: Résultats d'impacts sur la Production par Secteur
                                                                        Résultats en %
                                          REFERENCE                                       Moyenne        Moyenne
              Secteurs                    (Millions Dhs) Bouclage 1 Bouclage 2 Bouclage 3  des         (Millions Dhs)
                                                                                         3 bouclages
  PRIMAIRE                                      14 490      -0,588     -0,431   -0,431      -0,48         -700,5
  INDUSTRIE                                     40 060      -0,321     -0,227   -0,227      -0,26       -1 034,9
  SERVICES MARCHANDS                            43 656      -0,216     -0,133   -0,134      -0,16         -703,0
  SERVICES NON MARCHANDS                        11 857      1,446      0,982    0,983       1,14         1 348,0
  Source: Calculs de l'auteur via simulation par le modèle construit

     Les effets sur le commerce extérieur auraient concerné la production locale
sectorielle. De ce fait, hormis la baisse que le mésalignement aurait fait subir à la
production non marchande, la production des secteurs marchands aurait profité
de celui-ci. La plus grande hausse aurait été au bénéfice du secondaire puis du
primaire et du tertiaire avec le même niveau de gain estimé à 700 millions de
dirhams.
                    Tableau : Résultats d'impacts sur la Valeur Ajoutée Sectorielle

                                                                        Résultats en %
                                          REFERENCE                                       Moyenne        Moyenne
              Secteurs                    (Millions Dhs) Bouclage 1 Bouclage 2 Bouclage 3   des        (Millions Dhs)
                                                                                         3 bouclages
  PRIMAIRE                                       8 656      -0,588     -0,431   -0,431      -0,48         -418,5
  INDUSTRIE                                      9 337      -0,321     -0,227   -0,227      -0,26         -241,2
  SERVICES MARCHANDS                            26 661      -0,216     -0,133   -0,134      -0,16         -429,3
  SERVICES NON MARCHANDS                         9 447      1,446      0,982    0,983       1,14         1 074,0
  Source: Calculs de l'auteur via simulation par le modèle construit

     L’autre facteur de production qu’est la valeur ajoutée aurait connu les
mêmes sens de variations. Au niveau des montants, comparativement à la
demande de consommation intermédiaire, ceux-ci auraient été plus conséquents.
Ainsi, la baisse de la valeur ajoutée de la branche aurait dépassé le milliard de
dirhams. Dans le même registre, la hausse de la production des secteurs
marchands aurait impliqué une hausse plus importante (par rapport à la demande
de consommation intermédiaire) de leur valeur ajoutée. Plus précisément, la
hausse aurait dépassé les 400 milliards de dirhams, au moment où celle de
l’industrie aurait affiché la plus petite hausse d’un montant de moins de 250
millions de dirhams.

  Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
Que coûtent les mésalignement du taux de change à l’économie marocaine ?                                       325

           Tableau: Résultats d'impacts sur les revenus des agents économiques
                                                                         Résultats en %
                                         REFERENCE                                       Moyenne           Moyenne
      Revenu par agent                   (Millions Dhs) Bouclage 1 Bouclage 2 Bouclage 3   des           (Millions Dhs)
                                                                                          3 bouclages
 REVENU DISPONIBLE DES MENAGES                 44 423       0,100      -0,397    -0,397      -0,23         -1 027,9
 REVENU DES ENTREPRISES                        26 604       -0,160     -0,391    -0,392      -0,31           -836,5
 REVENU DE L'ETAT                              22 785       -0,236     -0,359    -0,359      -0,32           -724,4
 Source: Calculs de l'auteur via simulation par le modèle construit

     La plus importante hausse est à mettre à l’actif des ménages d’un montant
de plus d’un milliards de dirhams, puis les entreprises de plus de 800 millions de
dirhams et de presqu’un quart de milliard de dirhams pour l’Etat.
      Tableau: Résultats d'impacts sur les Principaux Agrégats Macroéconomiques
                                                                        Résultats en %
                                          REFERENCE                                       Moyenne         Moyenne
              Agrégats                    (Millions Dhs) Bouclage 1 Bouclage 2 Bouclage 3  des          (Millions Dhs)
                                                                                          3 bouclages
  PIB REEL                                     53 811       0,717      0,556    0,556        0,61         3 280,8
  PRODUCTION                                  110 063       -0,122     -0,085   -0,085       -0,10       -1 072,0
  IMPORTATIONS                                 28 719       1,411      1,161    1,161        1,24         3 573,2
  CONSOMMATION TOTALE DES MENAGES              36 852       0,819      0,685    0,685        0,73         2 689,8
  CONSOMMATION PUBLIQUE                        11 411       1,432      0,974    0,975        1,13         1 286,0
  INVESTISSEMENT                               19 216       0,157      0,224    0,221        0,20           385,9
  CONSOMMATION INTERMEDIAIRE                   55 493       -0,239     -0,167   -0,167       -0,19       -1 060,5
  EXPORTATIONS                                 22 116       -0,512     -0,400   -0,400       -0,44         -966,9
  Source: Calculs de l'auteur via simulation par le modèle construit

     En définitive, au niveau macroéconomique, le mésalignement aurait, selon ce
modèle, affecté le PIB réel d’un montant d’un peu plus de 3 milliards de dirhams,
la consommation privée et publique, respectivement, de plus de 2,5 milliards de
dirhams et presque 1,3 milliards de dirhams. Quant à l’investissement global, il
aurait diminué de plus de 300 millions de dirhams en situation d’équilibre (du taux
de change réel). Mais, ce sont surtout les importations qui auraient baissé suite au
mésalignement d’un montant maximal, de l’ordre de plus 3,5 milliards de
dirhams. Quant aux agrégats ayant bénéficié d’une hausse, sont la production
locale et la consommation intermédiaire, fort logiquement, d’environ un milliards
de dirhams.
Fadlallah Abdellali & Abdelhafid boghiri & Ismail Mouhil                       326

     Ainsi, en guise de synthèse des résultats, le mésalignement aurait été
coûteux en termes des prix, ce fait pouvant être considéré comme facteur
d’inflation (avec réserve), au PIB et par suite la croissance de 3 milliards de
dirhams équivalents à 0.61%, la demande se serait décontractée quoique la
production locale aurait été améliorée de plus d’un milliards de dirhams, au
même titre que la consommation intermédiaire et les exportations d’un montant
avoisinant le milliard de dirhams.
     Conclusion
    L'étude des effets des mésalignements du taux de change sur l'économie
demeure très importante et primordiale pour chaque économie. Elle permet de
présenter et de justifier des mesures à engager et d'optimiser les gains des
régimes de change et de minimiser les coûts qu'ils imposent à l'économie. Notre
objectif dans cette étude se place dans cette optique. Rappelons que nous
n’avons pas discuté le choix de régime de change par les autorités en ce sens que
nous ne cherchons pas à mettre en évidence le régime le plus approprié pour le
pays.
      De notre étude, on rappelle les principaux résultats au niveau
macroéconomique, de l’impact des mésalignements : une perte probable au
niveau PIB réel d’un montant de 3 milliards de dirhams, la consommation privée
de plus de 2,5 milliards. Quant aux agrégats ayant bénéficié d’une hausse, sont la
production locale et la consommation intermédiaire, fort logiquement, d’environ
un milliard de dirhams. En outre, le mésalignement aurait été coûteux en termes
des prix, ce fait pouvant être considéré comme facteur d’inflation (avec réserve),
au PIB et par suite la croissance de 3 milliards de dirhams équivalents à 0,61%, la
demande se serait contractée quoique la production locale ait été améliorée de
plus d’un milliard de dirhams. En guise de conclusion, l’étude, tant théorique
qu’empirique, de l’impact des mésalignements du taux de change réel sur
l’équilibre macroéconomique nous a permis de déduire un enseignement capital.
Il s’agit de la relativité de l’objectif de la réduction des coûts des mésalignements
sur l’équilibre macroéconomique.
     Les expériences ont montré que cet objectif doit être mené en se basant, sur
des prérequis pour faciliter sa bonne marche. En effet, une instauration de la
culture de gestion des risques des changes dans les organisations, la cohérence
des objectifs de la monétaires et budgétaires, une politique d’intervention

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Que coûtent les mésalignement du taux de change à l’économie marocaine ?   327

efficace, un nouveau cadre monétaire et une libéralisation graduelle et prudente
du compte de capital doivent être aussi pris en compte, car ils permettent
d’augmenter les chances de réussite d’une stratégie de change.
     Ainsi, comme les résultats les confirment, la flexibilité du taux de change
n’est pas favorable en soi pour favoriser la compétitivité des organisations à
moyen terme. Le Maroc peut également être réticent à adopter un régime de
changes flottants si les outils dont il dispose pour mener une politique monétaire
indépendante et composer avec la volatilité du taux de change sont limités. De
plus, un régime de changes flottants doit être assorti d’un point d’ancrage
nominal crédible afin d’assurer la « cohérence » du régime monétaire du pays.
Fadlallah Abdellali & Abdelhafid boghiri & Ismail Mouhil                    328

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