Currency Board et ajustements macroéconomiques : les leçons de l'expérience argentine
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Currency Board et ajustements macroéconomiques : les leçons de l’expérience argentine Emilie Laffiteau, Doctorante, CATT, UPPA. Jean-Marc Montaud, Maître de Conférences, CATT, UPPA ; Membre associé du CED, Université Montesquieu-Bordeaux IV. (Version provisoire, ne pas citer) Résumé Ce travail tente d’explorer, à travers l’expérience argentine récente, le lien entre les mécanismes imposés par le système de Currency Board et les modes d’ajustements macroéconomiques, notamment sur le marché du travail. Après avoir rappelé les conditions de mise en place d’un tel système monétaire en Argentine, nous construisons un modèle EGC financier incorporant les mécanismes du Currency Board et les principales caractéristiques de l’économie argentine. Trois groupes de simulations sont ensuite effectuées à l’aide du modèle pour retracer les différentes conditions économiques qu’a pu connaître l’Argentine à la fin des années quatre- vingt dix : un scénario de renforcement des politiques d’austérité, un scénario de crises financières et un scénario de renforcement des processus d’intégration régionale avec les pays voisins. Chacune de ces simulations montre alors comment réagit l’économie argentine dans un contexte où les mécanismes monétaires sont contraints par le Currency Board. Mots Clés : Argentine, Currency Board, Equilibre Général Calculable Classification JEL : D58, E42, E58, G28 Introduction En janvier 2002, l’Argentine a sombré dans l’une des plus graves crises de son histoire économique. Cette crise venait ainsi clore une décennie mouvementée durant laquelle, sur le plan interne, l’Argentine avait expérimenté la mise en place d’un système monétaire original, le Currency Board, et, sur le plan externe, elle avait affronté un environnement particulièrement instable marqué par une succession de crises internationales. Dans ce contexte, se pose alors avec acuité la question du lien entre les rigidités introduites par le système de Currency Board mis en place en Argentine et les difficultés qu’a révélé ce pays pour faire face aux différents chocs externes. 1
Historiquement, le système de Currency Board est apparu au dix-neuvième siècle quand la Banque d’Angleterre souhaitait imposer une souveraineté monétaire dans ses anciennes possessions territoriales. Dans un tel système, c’est une société privée qui émet, sans délais ni limites, un numéraire convertible en une devise étrangère à un taux de change fixe. Cette Caisse d’Emission est alors astreinte statutairement à conserver un volume de réserves au moins égal à la totalité de la masse monétaire émise et, contrairement à une traditionnelle, elle ne garantit plus ni la liquidité des banques commerciales ni le contrôle des flux de capitaux. Avec l’indépendance des colonies, le Currency Board a progressivement disparu car les nouveaux pays souhaitaient légitimement disposer d’une Banque Centrale capable d’exécuter ses propres politiques monétaires. Depuis quelques années, il a toutefois été de nouveau préconisé pour les pays en transition vers une économie de marché ou pour ceux connaissant des problèmes d’inflation liés à la crédibilité de leur Banque Centrale [Hanke, 1991]. S’il permet de lutter efficacement contre l’instabilité monétaire et financière, ce système n’est toutefois pas sans conséquences sur les mécanismes d’ajustement macroéconomique et sur les marges de manœuvre des gouvernements. La règle d’émission automatique suppose en effet que la monnaie soit créée uniquement en contrepartie des réserves figurant à l’actif de la Caisse d’Emission, ce qui rend impossible les autres sources de création monétaire (créances à l’économie ou à l’Etat). Au final, la base monétaire est égale aux réserves de change détenues par la Caisse d’Emission et le volume des liquidités fournies aux banques est entièrement déterminé par les flux de devises entrants dans le pays. Dans un tel système, les politiques conjoncturelles traditionnelles s’avèrent donc particulièrement difficile voire impossible à mener. La règle d’émission automatique interdit toute politique monétaire et les marges de manœuvre en termes de politique budgétaire sont limitées par l’impossibilité de monétiser les déficits publics et par un endettement extérieur souvent déjà extrêmement lourd. Au total, dans un tel système, on mise donc plutôt sur les forces du marché, à travers les variations de prix et de salaire, que sur l’action de la Banque Centrale ou du gouvernement pour assurer les ajustements macroéconomiques face à un choc extérieur1. Lorsque l’environnement est particulièrement instable, comme celui qu’a connu l’Argentine, ces mécanismes d’ajustement peuvent alors s’avérer extrêmement lourds, notamment sur le marché du travail. 1 Hanke [1998] parle du système de Currency Board comme d’un système auto-équilibrant ne nécessitant pas l’intervention de l’Etat. 2
Pour souligner ce fait, nous avons choisi de revenir dans un premier temps sur l’expérience argentine du Currency Board (section 1). Dans un deuxième temps, nous construisons un modèle d’Equilibre Général Calculable financier incorporant les principales caractéristiques de l’économie argentine et les mécanismes du Currency Board (section 2). Enfin, nous procédons à plusieurs simulations permettant d’évaluer les impacts de différents chocs extérieurs sur cette économie (section 3). 1. 1991-2001 : L’expérience argentine du Currency Board A la fin des années quatre-vingt, l’Argentine fait partie des pays émergents qui connaissent une instabilité monétaire et financière majeure. Son inflation galopante2, ses difficultés à surmonter la crise de la dette et sa faible croissance affaiblissent considérablement l’économie et obèrent ses potentialités de développement. Lors de son accession à la Présidence de la République en 1989, Carlos Menem propose alors un plan de stabilisation économique3 destiné à briser la spirale inflationniste et à rétablir un meilleur accès du pays aux financements extérieurs. L’un des principaux volets de ce plan est une réforme monétaire fondée sur l’adoption d’un système de Currency Board ancré sur le dollar4. C’est le premier avril 1991 que la Loi de convertibilité est votée, marquant l’entrée de l’Argentine dans le Currency Board. La Banque Centrale de la République Argentine (BCRA) abandonne son statut de Banque Centrale traditionnelle pour devenir une simple Caisse d’Emission. Le taux de change est fixé à 10.000 australes5 par dollar pour égaliser la base monétaire existante avec les réserves détenues au passif de la BCRA. A partir du 1er janvier 1992, l'Austral est remplacé par le Peso et, en septembre, l’indépendance de la Banque Centrale est prononcée. C’est désormais le Congrès qui détient le pouvoir de dévaluation et non plus le Ministère de l’Economie et des Finances. 2 A la fin des années quatre-vingt, l’Argentine connaît des taux records d’inflation : 3079% en 1989 et 2314% en 1990. 3 « Plano de Estabilisación Económica y Social 91 ». 4 Les autres volets de ce plan sont la libéralisation de l’économie à travers la déréglementation des activités et l’ouverture à la concurrence extérieure, la réforme de l’Etat à travers la privatisation des entreprises publiques déficitaires et la réforme de la fiscalité et enfin le réaménagement de la dette par la reprise des paiements partiels de la dette (1990) et la conclusion d’accords de rééchelonnement (1993). 5 L’Austral est la monnaie de l’Argentine de 1985 à 1992. 3
Ce dispositif monétaire argentin n’est toutefois pas un système de Currency Board pur au sens strict du terme. En effet, le gouvernement garde le pouvoir de décréter un contrôle des capitaux ou d’interdire la conversion en devises de certains investissements étrangers. Par ailleurs, 20% des réserves qui couvrent la base monétaire peuvent prendre la forme de bons du Trésor. Cette fraction peut même être exceptionnellement augmentée à 30% en cas de crise majeure. Les autorités gardent ainsi une certaine marge de manoeuvre pour développer le crédit auprès des institutions financières. Cette flexibilité s’est d’ailleurs avérée primordiale dans certaines circonstances telle que la crise mexicaine en 1995. Cette période de convertibilité durera dix ans en Argentine. Sur le plan monétaire, les contraintes imposées par le fonctionnement de la Caisse d’Emission ont largement rempli leur objectif de stabilisation des prix. Un an après la mise en place du Currency Board, l’inflation est ramenée à 24% et restera inférieure à 1% à partir de 1994. Sur la sphère réelle, elles se sont toutefois avérées extrêmement lourdes en termes de croissance dans un contexte international particulièrement instable, marqué par une succession de crises financières (graphique 1). Graphique 1- Croissance et inflation en Argentine 30 25 20 15 10 Crise asiatique 5 0 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 -5 -10 Crise mexicaine Crise brésilienne -15 -20 croissance du PIB inflation Source : INDEC, Argentine. . Mais au final, c’est sur le marché du travail que ces contraintes vont se révéler les plus lourdes. En effet, en présence de rigidités sur les salaires nominaux, les ajustements se sont effectués à travers le volume de l’emploi et le chômage est ainsi progressivement devenu le problème structurel majeur de l’Argentine de la convertibilité. Dès la mise en place du 4
Currency Board, alors que le pays affichait avec succès des taux de croissance élevés (10.6% en 1991 et 9.6% en 1992), le chômage persistait (6.5% en 1991 et 9.6% en 1993). Tout au long de la décennie, ces taux n’ont cessé d’augmenter6 pour atteindre 18.3% en octobre 2001. Ce chômage, qui touche l’ensemble de la population sans distinctions, voit alors sa durée moyenne augmenter et conduit à une paupérisation croissante des ménages7. Face à cette difficulté, les autorités argentines ont engagé de nombreuses réformes structurelles pour flexibiliser le marché du travail favorisant la mobilité des actifs, les contrats à durée déterminée ou à temps partiel et les procédures de licenciements8. Loin de régler le problème, ces réformes ont surtout contribué à renforcer le processus de précarisation de l’emploi. Au début de la convertibilité, le sous-emploi9 est de 7.9%. Il atteint 16.3% à la veille de la crise, en 2001 (Graphique 2). Graphique 2- Evolution du taux de chômage et du taux de sous- emploi en Argentine pendant la période du Currency Board 20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 Taux de Chômage Sous-emploi Source: Ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité Sociale, Argentine. 2. Un modèle EGC du Currency Board Argentin Pour évaluer l’impact du Currency Board sur les mécanismes d’ajustement de l’économie argentine, nous avons choisi de construire un modèle EGC financier permettant de 6 En octobre 1996, le taux de chômage atteint 18.8%, taux le plus élevé de toute l’Amérique latine. 7 En 1996, 40% des chômeurs appartiennent aux catégories socio-économiques moyennes et hautes (INDEC, enquête Ménage, 1996). 78% des chômeurs restent au chômage pendant plus d’un année (Divisíon de Estudios Laborales du Ministère de l’Economie et des Finances,1996 ) 8 Ley de Empleo, 1991. 9 Selon Altimir et Becarria [1999], entre 1991 et 1997, 90% des nouveaux emplois générés correspondent à des cas de sous-occupation visible. 5
rendre compte des contraintes imposées par ce système et calibré sur l’année 1997. Ce modèle s’inscrit dans la lignée de ceux de Branson, Bourguignon, De Melo, [1991] ou encore Fargeix, Sadoulet [1994]. Les listes des équations, des variables et des paramètres sont présentées en annexe. La structure du modèle repose sur une désagrégation des branches et des produits (indicés i) en fonction de leur caractère échangeable (e) ou non-échangeable (ne). Cinq types d’agents représentatifs résidents sont définis: les Ménages (h) les Firmes (f) les Administrations Publiques (g), les Banques Commerciales (bq) et la Banque Centrale (Bc), ainsi qu’un agent représentatif du Reste du Monde (r). Deux sphères, réelle et financière, sont distinguées. La modélisation de la sphère réelle reste relativement standard. Sa principale originalité tient dans la distinction entre plusieurs régions pour l’origine et la destination des flux commerciaux. La modélisation de la sphère financière reprend les principaux points de la Loi de Convertibilité argentine. Sphère réelle de l’économie argentine Du coté de l’offre, la production des branches est modélisée par une fonction CES du travail et du capital supposé spécifique (équations 1 et 2). La demande de facteur travail se déduit de la maximisation du profit sous contrainte (équations 3 et 4). Dans les branches échangeables, les biens domestiques sont exclusivement destinés aux marchés argentins et considérés comme substituables avec les biens importés10 (équations 5 à 8). De même, une fonction à élasticité de transformation constante (CET) est spécifiée entre ces biens domestiques et les exportations (équations 9 à 12). Les importations et les exportations peuvent concerner trois zones géographiques. Une première distinction est faite entre le Brésil, premier partenaire commercial de l’Argentine et membre du Mercosur, et le reste du monde (équations 13 à 16). De même, compte tenu de l’influence des USA dans l’économie argentine (part dans les flux commerciaux, ancrage de la monnaie avec le dollar) une seconde distinction est faite au sein des produits en provenance du reste du monde entre les USA et les autres pays (équations 17 à 20). 10 Armington [1969]. 6
Du coté de la demande, les dépenses de consommation finale des ménages prennent la forme d’un système de dépense linéaire et celles des Administrations Publiques se déterminent en volume, à travers une clé de répartition exogène, à partir d’un niveau global supposé être une variable de politique économique (équations 21 à 24). La consommation intermédiaire en volume se déduit de la matrice des coefficients techniques (équations 25 et 26). Les demandes d’investissement public sont déterminées en valeur à partir d’une clef de répartition et d’un niveau global supposés exogènes. Celles des firmes se déterminent en volume en fonction des taux de rentabilité dans chaque branche. Celles des ménages, dont le montant est déterminé par solde à partir des conditions d’équilibre sur les marchés financiers, se répartissent entre les différents produits selon une clef exogène (équations 27 à 32). Il existe plusieurs sortes de prix dans le modèle. Les prix à la valeur ajoutée dépendent des prix à la production (diminué d’un impôt) et des prix des consommations intermédiaires en produits composites (équations 33 et 34). Les prix des produits composites se déduisent de la fonction d’Armington et les prix à la production se déduisent de la fonction de transformation CET (équations 35 à 38). Ces derniers forment par ailleurs l’indice des prix de notre modèle (équation 39). Les prix étrangers des biens exportés sont exprimés dans la monnaie dominante de la zone d’échange : dollar pour les USA, réal pour le Brésil, autre monnaie pour la dernière zone. Contrairement aux hypothèses traditionnelles du commerce international, ils sont considérés spécifiques à chaque zone mais, selon l’hypothèse du petit pays, toujours supposés exogènes pour l’Argentine (équations 40 à 45). Les prix des produits importés sont également posés exogènes et spécifiques à chaque zone (équations 46 à 51). Du coté des revenus, les ménages perçoivent les revenus du travail, une part des revenus du capital, la rémunération des dépôts à terme qu’ils ont effectué à la période précédente ainsi que des revenus de transfert de la part de l’Etat et du reste du monde (équation 52). Le paiement de l’impôt sur le revenu et des intérêts débiteurs domestiques et étrangers détermine leur revenu disponible dont ils épargnent une proportion fixe (équations 53 et 54). Les firmes perçoivent les revenus du capital non distribués ainsi que des subventions publiques. Leur épargne se détermine par solde, une fois versés l’impôt sur les sociétés et les intérêts débiteurs sur les crédits contractés à la période précédente (équations 55 et 56). Les Administrations Publiques reçoivent les différents impôts et des transferts en provenance de l’étranger. Le niveau de l’épargne publique se détermine par solde après paiement des différentes dépenses publiques courantes (équations 57 et 58). L’épargne des 7
banques commerciales est déterminée par leur activité d’intermédiation de la période précédente (équations 59). Sphère financière de l’économie argentine Une partie de l’épargne des ménages est convertie en encaisses monétaires (équation 60). Le reste est déposé auprès des banques commerciales11. Conformément aux dispositions de la loi de convertibilité, ces dépôts peuvent être libellés en pesos argentins ou en dollars US. Ces deux types de placement produisant le même rendement, le partage entre les deux est supposé dépendre d’un paramètre mesurant la préférence pour la monnaie nationale ou pour le dollar (équations 61 à 63). Les ménages financent leurs investissements grâce aux crédits argentins ou étrangers selon une proportion supposée fixe. Comme pour les dépôts, ils ont le choix entre des crédits domestiques en dollars et des crédits domestiques en pesos (équations 64 à 67). Le besoin de financement des firmes se détermine en fonction des dépenses d’investissement et de l’épargne préalable de celles-ci. Il peut être satisfait par des crédits étrangers ou domestiques, libellés en pesos ou en dollars (équations 68 à 72). La même logique est adoptée pour les Administrations Publiques (équations 73 à 77). Dans le système de Currency Board, en l’absence de réserves obligatoires des banques commerciales auprès de la BCRA, la base monétaire est strictement égale aux réserves en devises. Cette base monétaire représente les pièces et billets émis par la Banque Centrale qui serviront pour les transactions des ménages (équations 78 et 79). Les réserves en devises détenues par la Caisse d’Emission correspondent à la somme des soldes de la balance des opérations courantes et de la balance des capitaux. La première se détermine à travers les flux commerciaux et les revenus de transferts entre l’Argentine et le reste du monde ; la deuxième est déterminée par l’offre de crédits en provenance de l’étranger (équations 80 et 81). Enfin, concernant les banques commerciales, l’offre de crédit domestique est largement contrainte par le volume des dépôts que les ménages y ont déposé. En effet, attendu qu’en régime de Currency Board, les réserves obligatoires et le refinancement ne sont plus 11 Le ratio Liquidité-Dépôt est alors supposé fixe. Voir sur ce point, S. Hanke, L. Jonung and K. Schuler, (1993). 8
assurés par la Banque Centrale, la masse de crédits que les banques peuvent offrir est limitée par leur capacité d’acquérir et de maintenir des réserves suffisantes. L’ensemble de ces mécanismes sont résumés dans les comptes suivants. Ménages Firmes APU ∆MON h Sh BESFf ∆CD D f BESFg ∆CD D g ∆DEPh ∆CE D ∆CE D f g Banques Reste du monde Commerciales BCRA ∆CD$Sus ∆DEPh ∆RC ∆MON h ∆CEh − BOC ∆CE g ∆RC ∆CD$S S bq ∆CE f Conditions d’équilibre sur les marchés et modes de bouclage L’équilibre sur les marchés des biens et services se détermine grâce aux variations des prix (équations 82 à 85) considérés comme flexibles en Argentine, compte tenu des réformes de libéralisation engagées à partir de 1991. Sur le marché du travail, en revanche, deux modes de bouclage alternatifs sont envisagés. Dans le premier, le salaire réel est supposé flexible et l’économie est toujours au plein-emploi (équations 86 et 87). Dans le second, une rigidité de salaire est introduite par souci de mieux rendre compte de la réalité argentine [Diaz-Bonilla et al., 2003]. Dans ce cas, c’est le chômage qui assure l’ajustement du marché (équations 86’ et 87’). Le bouclage financier du modèle se fait en premier lieu, à travers l’égalisation du niveau des recettes de change avec la somme des soldes de la balance des opérations courantes et de la balance des capitaux (équation 88). Il se détermine en second lieu par l’égalisation des différentes demandes et offres de crédits (équations 89 à 91). Ce marché du crédit étant essentiellement déterminé par le rationnement imposé par le Currency Board, les 9
taux d’intérêt ne servent pas de variables d’ajustement. Ils sont déterminés de manière exogène, par rapport aux taux d’intérêt en vigueur sur les marchés financiers, en fonction de considérations liées au maintien de la parité dollar-peso et à la nécessité de limiter les mouvements de capitaux à caractère spéculatifs. Enfin, compte tenu des contraintes induites par le Currency Board, les taux de change bilatéraux ne sont pas déterminés de manière endogène dans le modèle. Par définition, le taux de change du peso avec le dollar est fixé à un (équation 92). En revanche, des fluctuations de change exogènes peuvent être envisagées à travers la variation du taux de change bilatéral avec le Brésil et avec les autres pays (équations 93 et 94). 3. Simulations et résultats Méthodologie Notre objectif est d’essayer de retracer les situations économiques auxquelles l’Argentine a pu être confrontée à la fin de la décennie quatre-vingt-dix. Pour cela, en l’absence de données initiales, nous avons dans un premier temps construit une Matrice de Comptabilité Sociale (MCS) retraçant l’ensemble des flux réels et financiers sur une année12. L’année de référence retenue est 1997 en raison de l’absence de données de production après cette date. Dans un second temps, nous avons calibré les principaux paramètres du modèle à partir des données de la MCS et des indications fournies dans la littérature économique. Dans un troisième temps, nous avons procédé aux simulations de différents chocs économiques exogènes. Ces simulations sont regroupées en trois types de scénarii et les résultats obtenus (exprimés en variation par rapport à l’Equilibre Général de référence donné par la MCS) dépendent du mode de bouclage choisi sur le marché du travail. Premier scénario : renforcement des politiques d’austérité (1999-2002) et récession Dans ce premier scénario, nous tentons de rendre compte de la récession économique qu’a subi l’Argentine à la fin de la période de convertibilité. A partir de 1999, la croissance 12 Cette MCS a été élaborée à partir du TES argentin 1997 (Matriz Insumo Producto) publiée par le Secrétariat de Politique Economique en 2001, des enquêtes ménages de l’INDEC (Insituto Nacional de Estadística y Censo) et des données financières de la BCRA. En l’absence de données, certaines clés de répartition ont été tirées de la littérature économique en fonction des désagrégations choisies, notamment de O. Chisari (2002). Cette MCS est disponible auprès des auteurs. 10
devient en effet négative (-3.3%) et la récession s’aggrave pour atteindre -10.9% en 2002. Deux éléments peuvent expliquer en partie cette évolution défavorable. Le premier, d’ordre interne, est lié au choix des autorités argentines de garder le cap de la rigueur et de renforcer leurs politiques d’austérité. Le second, d’ordre externe, est lié à la décision des USA de mener une politique monétaire restrictive, face à des signes évidents de surchauffe de leur économie et devant la menace inflationniste que cela représente13. Les deux premières simulations montrent les effets du renforcement de ces politiques d’austérité sur une économie argentine contrainte par le Currency Board. Dans la première, nous envisageons une diminution de l’investissement public argentin permettant d’apprécier l’impact de la politique d’austérité budgétaire. Dans la seconde, nous simulons une hausse de 20% des taux d’intérêt américains et argentins14. Les résultats obtenus sont présentés dans le tableau 1. Tableau 1 - Scénario de politiques d’austérité : impact sur les principales variables économiques (en %) Principales variables -10% Ig +20% i et i* Salaire Salaire Salaire Salaire fixe flexible fixe flexible Prix -0.8 -0.5 -1.8 -2.5 Importations -0.77 -0.76 -3 -2.9 Exportations 0.10 0.65 0.3 2.1 Réserves de change -0.77 -0.79 -1.8 -1.8 Investissement étranger -1.95 -2.83 -7.1 -10 Crédit domestique en pesos -1.66 -1.39 -32 -30.8 Crédit domestique en dollars -1.16 -1.32 -16.6 -17.1 Investissement -1.16 -0.83 -6.65 -5.46 Epargne domestique -1.45 -1.06 -8.2 -6.7 Revenu des ménages -0.77 -0.79 -1.79 -1.79 Déficit public -4.62 -2.84 6..34 -3.21 PIB -0.79 -0.84 -2.69 -2.55 PIB ( secteurs échangeables) -0.84 -0.7 -3.15 -3.25 PIB ( secteurs non échangeables) -0.84 -0.93 -1.94 -1.42 Taux de chômage 0.71 - 2.4 - Salaires - -0.80 - -2.7 La diminution de 10% de l’investissement public a un effet récessif sur l’économie argentine quel que soit le mode de bouclage choisi. En effet, la diminution de la dépense publique réduit le besoin de financement de l’Etat, ce qui se traduit par une baisse de la 13 En 1999, les USA connaissent leur 8ème année de croissance consécutive, cette dernière s’étant accélérée depuis 1997. La FED remonte ainsi d’un quart de point l’objectif de taux des fonds généraux qui s’élève alors à 5%. 14 Pour éviter les tensions à la baisse sur le peso et les mouvements de spéculation, la BCRA augmente également ses taux d’intérêt. On suppose de plus que l’ensemble de ces taux sont révisables, ce qui a pour conséquence de renchérir le service de la dette dans le modèle. 11
demande de crédit dans l’économie. Dans la sphère financière, la diminution du crédit étranger se manifeste par un recul des entrées en devises (-1.95 et -2.83%). Selon la règle de fonctionnement du Currency Board, la base monétaire se réduit et, par extension, les liquidités destinées aux agents. Pour maintenir un ratio de liquidités fixe, les ménages diminuent leurs dépôts bancaires et c’est finalement leur épargne qui s’ajuste à la baisse. Dans la sphère réelle, ce phénomène s’explique par le choc récessionniste et déflationniste que provoque la baisse de la demande publique sur le marché des biens et services15. Les profits des entreprises s’érodant et les revenus du travail s’ajustant à la baisse, c’est finalement l’ensemble des revenus des agents qui s’en trouve affecté et donc leur épargne (-1.45 et - 1.06%). En conséquence, les incitations à investir se réduisent et les tensions à la baisse sur le marché du crédit se renforcent. Au nouvel équilibre, le PIB a diminué de 0.8% et cette contraction de l’activité contribue à augmenter le chômage (+0.71%) ou diminuer les salaires (-0.8%) selon le mode de bouclage envisagé sur le marché du travail. La simulation d’une politique monétaire restrictive défendue par les Etats Unis et suivie par l’Argentine révèle également un impact négatif sur l’économie. En effet, l’augmentation des taux d’intérêt provoque un renchérissement du coût des crédits contractés ce qui ponctionne le revenu des agents (-1.79%). Dans la sphère réelle, cette baisse des revenus provoque une diminution de la demande globale. Dans la sphère financière, elle implique une baisse de la capacité d’épargne des ménages qui se traduit par une diminution de la demande de liquidités et une réduction des dépôts bancaires. En conséquence, l’offre de crédit domestique étant liée au volume de dépôts par le Currency Board, le volume de crédit domestique offert dans l’économie diminue. Par ailleurs, face à la baisse de la demande de pesos, la Caisse d’Emission achète de la monnaie nationale contre des réserves en dollars afin d’assurer l’équilibre sur le marché de la monnaie. L’origine de cette diminution des réserves (-1.8%) s’explique par la dégradation de la Balance des Opérations Courantes, le rétablissement relatif de la balance commerciale ne compensant que partiellement le renchérissement du service de la dette. Au total, les effets du rationnement du crédit domestique et l’effet d’éviction provoqué par l’augmentation du besoin de financement de l’Etat entraînent une contraction de l’investissement des ménages. Le PIB décroît alors de 2% et ce ralentissement de l’activité fait augmenter le chômage (+2.9%) ou diminuer les salaires (-3%) selon le cas. 15 L’augmentation des exportations ne suffit pas à compenser cette baisse de la demande interne. 12
A ce stade, une troisième simulation est effectuée pour tenir compte des changements structurels que cette récession provoque sur le marché du travail. En effet, à mesure que l’Argentine sombre dans la récession, les déséquilibres structurels sur le marché du travail s’accentuent et l’effet du « travailleur additionnel » prend de l’importance. Ce « travailleur additionnel », ou « travailleur secondaire », caractérise alors les actifs jusque là non occupés, restant en réserve dans l’économie, et qui vont désormais chercher un emploi lorsque le revenu familial subit une forte baisse16. Au total, cet effet du travailleur additionnel se traduit par une augmentation de l’offre de travail. C’est l’objet de notre troisième simulation qui rend compte d’une augmentation du nombre d’actifs de +10%. Les résultats obtenus dans le tableau 2 et ne sont présentés que sous l’hypothèse de salaire flexible17. Tableau 2 - Simulation de l’effet du travailleur additionnel: impact sur les principales variables économiques (en %) Principales variables +10% LS Salaire flexible Prix -3 Importations 0.28 Exportations 7.33 Réserves de change -0.17 Investissement étranger -11.51 Crédit domestique en pesos -1.7 Crédit domestique en dollars 5 Investissement 4.65 Epargne domestique 5.4 Revenu des ménages -0.17 Déficit public -23.5 PIB 0.26 PIB (secteurs échangeables) -0.22 PIB (secteurs non échangeables) 1.97 Taux de chômage - Salaires -10 Cette offre de travail supplémentaire s’adresse aux différentes branches d’activité. En l’absence de chômage, c’est le salaire qui absorbe directement le choc en s’ajustant à la baisse. Compte tenu des différences entre les processus de production, le choc se traduit également en termes réels sur l’offre de produit. Au total, sous l’effet de l’augmentation du facteur travail, le PIB augmente dans de faible proportion. 16 Selon Paz [2003], ce phénomène s’est accéléré en Argentine à partir de la seconde moitié de la décennie quatre-vingt-dix pour compenser la perte de travail du chef de ménage et devant à la nécessité de maintenir des revenus suffisants face à un niveau d’endettement conséquent. Ces travailleurs secondaires argentins sont alors essentiellement les conjoints et les personnes de moins de 25 ans et de plus de 65. 17 Sous l’hypothèse de salaire fixe cette simulation a en effet peu d’intérêt. Compte tenu de la structure du modèle, seule la variable chômage est affectée par l’augmentation de la population active et les différents prix relatifs restent constants. 13
Deuxième scénario : crises financières des pays émergents A la fin des années quatre-vingt-dix, l’économie mondiale a subi de graves crises financières. En 1997, ce sont les pays émergents d’Asie qui déstabilisent les marchés financiers et voient leurs taux de change s’effondrer. En 1998, c’est le Brésil qui entre dans une période de tourmente se soldant par la dévaluation du Réal. Par effet « domino », ces crises se sont finalement répercutées sur l’économie argentine qui s’est avéré incapable de contenir les effets perturbateurs de ces chocs et qui a largement souffert des attaques spéculatives à l’encontre de son marché financier ouvert. Dans ce deuxième scénario, nous avons choisi de retracer l’impact de ces crises financières sur une économie argentine rendue vulnérable par l’impossibilité d’utiliser les instruments traditionnels de politique conjoncturelle. Dans cet esprit, une première simulation envisage une dévaluation des monnaies des pays émergents18 et une seconde envisage une dévaluation du Réal brésilien. Les résultats obtenus sont présentés dans le tableau 3. Tableau 3 - Scénario de crises financières : impact sur les principales variables économiques (en %) Principales variables - 10 % ERautr - 20 % ERBrés Salaire Salaire Salaire Salaire fixe flexible fixe flexible Prix - 4.7 - 6.8 - 4.8 - 6.9 Importations - 0.62 - 0.56 - 2.35 - 2.28 Exportations - 4.25 - 0.33 - 4.12 0.59 Réserves de change - 6.43 - 6.60 - 6.63 - 6.8 Investissement étranger 1.37 - 5.62 1.67 - 5.49 Crédit domestique en pesos - 8.49 - 9.81 - 8.4 - 9.73 Crédit domestique en dollars - 14.67 - 17.08 - 18.58 - 16.05 Investissement - 4.19 - 1.26 - 4.68 - 0.3 Epargne domestique - 8.78 - 12.01 - 9.09 - 12.42 Revenu des ménages - 6.38 - 6.57 - 6.58 - 6.76 Déficit public 14.67 0.27 15.8 0.47 PIB - 6.94 - 6.87 - 7.17 - 7.05 PIB (secteurs échangeables) - 6.63 - 7.07 - 6.63 - 7.01 PIB (secteurs non échangeables) - 7.43 - 6.55 - 8.04 - 7.11 Taux de chômage 6 - 7 - Salaires - - 6.85 - -6 L’appréciation du Peso par rapport aux monnaies des pays partenaires (hors Etats-Unis) créé d’importantes perturbations pour l’économie argentine. En diminuant les prix des importations en provenance de cette zone, elle modifie les prix relatifs internes ce qui réduit la demande de produits domestiques au profit de celle des produits importés. De même, en 18 Par approximation, c’est la valeur du taux de change ERautr qui est modifiée dans le modèle. 14
réduisant les bénéfices tirés des exportations à destination de cette zone19, elle affecte la production interne. Au total, le PIB décroît fortement (entre 6.87 et 7.17%) et ces variations sont généralement plus importantes pour les secteurs des biens non échangeables. Ces évolutions se répercutent alors sur le marché du travail par le biais d’une diminution des salaires (-6.85 et -6%) ou d’une hausse du chômage (+6 et +7%) en fonction du mode de bouclage envisagé. Dans le cas où les salaires sont fixés, l’ajustement s’explique par la Balance Commerciale. En effet, la perte de compétitivité des exportations argentines entraîne la diminution de ces dernières (-4.25 et –4.12%) dégradant ainsi le solde courant. Au total, les entrées en devises diminuent, réduisant les réserves détenues à l’actif de la BCRA. Par la règle de convertibilité, l’offre monétaire se contracte, entraînant la diminution des prix interne voire la déflation (-4,7 et -4.8%). Dans le cas où les salaires sont flexibles, la balance courante est équilibrée. L’ajustement passe par la Balance des Capitaux. En effet, le choc se caractérise par un retrait massif des capitaux étrangers (-5.62 et –5.49%) contribuant à la diminution des réserves en devises et donc des prix internes (-6.8 et –6.9%). Troisième scénario : renforcement des processus d’intégration régionale Depuis 1991, l’Argentine s’est engagée dans un processus d’intégration régionale avec ses proches voisins du cône sud latino-américain que sont le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay. Ce processus est désormais bien avancé puisque le MERCOSUR est aujourd’hui une union douanière imparfaite. Par ailleurs, l’Argentine s’est également engagée dans la Zone de Libre- Echange des Amériques (ZLEA), décidée à l’initiative des Etats-Unis, dont l’objectif est de rassembler les économies des Amériques en une seule zone de libre-échange à l’horizon 2005. Dans ce troisième scénario, nous avons choisi de retracer l’impact d’un renforcement de ces processus d’intégration régionale sur l’économie argentine. Dans un premier temps, pour rendre compte de la baisse des coûts à l’échange dans le cadre du MERCOSUR, nous simulons une diminution de 10% du prix des exportations et des importations avec le Brésil. Dans un deuxième temps, nous simulons une diminution des prix entre l’Argentine, les Etats- Unis et le Brésil afin de rendre compte de la création d’une zone de libre échange entre les 19 Les prix des exportations sont exprimés en devises. 15
trois pays. Enfin, nous avons choisi de simuler en dernier lieu la mise en œuvre d’un accord bilatéral entre les Etats-Unis (pays d’ancrage) et l’Argentine par une diminution de 10% des prix des biens et services échangés entre ces deux pays. Les résultats obtenus sont présentés dans le tableau 4. Tableau 4- Scénario d’un renforcement de l’intégration régionale impact sur les principales variables économiques (variation en %) Principales variables Accord bilatéral ZLEA MERCOSUR Salaire Salaire Salaire Salaire Salaire Salaire fixe flexible fixe flexible fixe flexible Importations 0.82 0.83 -0.32 -0.26 -1.07 -1.02 Exportations -0.52 -0.1 -2.49 0.18 -1.89 0.37 Réserves de change -0.59 -0.67 -3.78 -3.89 -3.24 -3.3 Investissement étranger 0 -0.61 0.83 -3.31 0.85 -2.66 Crédit domestique -1 -1.02 - 6.23 - 6.34 -5.43 -5.55 Investissement 0.25 0.08 -2.43 -0.7 -3.8 -2.69 Epargne domestique -1.08 -0.76 -7.10 -5.15 -6.07 -4.41 Revenu des ménages -0.58 -0.6 -3.76 -3.85 -2.69 -2.7 Déficit public 1.35 -0.09 0.14 9.03 8.79 1.88 PIB -0.61 -0.59 -4.06 -4.05 -2.94 -2.86 Taux de chômage 0.55 - 3.43 - 2.9 - Salaires - -0.64 - -4 - -3.4 La création d’une zone de libre échange entre les Amériques ou le renforcement du MERCOSUR ont un impact non négligeable sur l’économie argentine. Face à la baisse du prix des biens et services en provenance des Etats-Unis et/ou du Brésil, la demande de produits domestiques diminue en faveur des importations. En outre, par « effet prix », les exportations génèrent moins d’entrées en devises dans le pays. Au total, le solde courant est affecté diminuant le montant des réserves de change détenues à l’actif de la Caisse d’Emission. Les mécanismes d’ajustements décrits au cours des simulations précédentes s’opèrent et l’économie argentine entre en récession. En fonction du mode de bouclage retenu, le chômage augmente de 3 points dans le cadre du MERCOSUR et de 3.5% dans le cadre de la ZLEA) où les salaires diminuent (respectivement de 3.4% et 4%). Enfin, on remarque que l’intensité du choc s’explique par le fait que le Brésil est le principal partenaire commercial de l’Argentine20. La troisième simulation confirme cette intuition car un accord bilatéral entre les Etats- Unis et l’Argentine ne semble pas engendrer de perturbations majeures sur les indicateurs macroéconomiques retenus. Les Etats-Unis ne représentant finalement qu’une faible partie 20 En 2001, 20% des importations argentines proviennent du Brésil et ce pays absorbe 30% des exportations argentines. 16
des échanges commerciaux avec l’Argentine21, la diminution de 10% des prix entre l’Argentine et les Etats-Unis, ne provoque que des variations minimes pour les deux types de bouclages envisagés. Conclusion L’objectif de notre analyse était de montrer les contraintes imposées par le système de Currency Board sur l’économie argentine. Les différentes simulations effectuées ont ainsi montré que ce système monétaire avait fortement déterminé les mécanismes d’ajustement de cette économie, avec des répercussions certaines sur le marché du travail. Le contexte général d’austérité économique de la fin des années quatre-vingt-dix, s’est ainsi soldé par une dégradation de la conjoncture, entraînant un ralentissement de l’activité que renforce le phénomène du « travailleur additionnel ». De même, les importantes crises financières internationales ont particulièrement affecté l’économie argentine à travers la variation des prix relatifs qu’elles ont engendré. Enfin, les dernières simulations ont montré que le système de Currency Board paraissait inadapté dans un scénario de renforcement d’une intégration régionale. Au total, l’ensemble des scénari étudiés montre que les conditions imposées par l’ancrage du peso argentin sur le dollar, se traduisent par des mécanismes d’ajustement qui concernent la sphère réelle, à travers des fluctuations des marchés des biens et services et du marché du travail. Si cette première analyse a délibérément adopté une perspective macroéconomique, il nous semble à présent qu’elle pourrait être profitablement prolongée par une désagrégation appropriée des ménages argentins, pour mener une analyse plus fine des conséquences du Currency Board en termes d’inégalités et de pauvreté. 21 En 2001, 18% des importations argentines proviennent des Etats-Unis et ce pays absorbe 10% des exportations argentines. 17
Bibliographie ALTIMIR O. y BECCARIA L., “ El Mercado de trabajo bajo el Nuevo regimen económico en Argentina”, Working Paper CEPAL, 1999. BALINO T. and alii , “Currency Board Arrangements: issues and experiences”, IMF Working Paper OP. 151, 1997. BOURGUIGNON F., BRANSON W. and DE MELO J., “Macroeconomic adjustment and income distribution: a macro-micro simulation model”, OCDE, 1989. CHISARI O., “Winners and losers from utility privatization in Argentina: lessons from a general equilibrium model ”, UADE, 2002 CHISARI O., ESTACHE A., LAMBARDI G. and ROMERO C., “Devaluation and public services: trade-offs and remedial policies. A CGE model for argentina”, UADE, 2003. DECALUWE B., MARTENS A. et SAVARD L., ” « La politique économique du développement et les modèles d'équilibre général calculable ”, Presses de l'Université de Montréal, 2001. DIAZ BONILLA C., DIAZ BONILLA E., PINEIRO V. and ROBINSON S., “The convertibility plan, trade openness, and employment in Argentina: a macro-micro simulation of poverty and inequality”, IFPRI, 2003. FANELLI J.M y HEYMANN D., ”Dilemas monetarios en la Argentina”, Desarollo Economico, vol.42, n°165, Avril-Juin 2002. FARGEIX A. and SADOULET E., “A financial computable general equilibrium model for the analysis of stabilization programs”, in J. Mercenier et T.N. Srinivasan eds., Applied General Equilibrium and Economic Development, The University of Michigan Press, 1994. HANKE S., “Currency Board : la thérapie oubliée”, Politique Internationale n°80, 1998. HANKE S., “Reflections on Echange Rate Regime”, Cato Journal vol.18, n°3, 1999. LLACH J y LLACH L., “Hiperinflacion, reforma de la economia, empleo y desempleo en la Argentina de los 90”, BID Working Paper n° 385, 1998. LEWIS J., “Macroeconomic stabilization and adjustment policies in a general equilibrium model with financial markets: turkey”, in J. Mercenier et T.N. Srinivasan eds., Applied General Equilibrium and Economic Development, The University of Michigan Press,1994. PIZZATI L., “Labor market implications of switching the currency peg in a general equilibrium model for Lithuania”, Banque Mondiale, 2002. PAZ J.A., “El efecto del trabajador adicional: evidencias para la Argentina”, Conicet y Ucema, 2003. THISSEN M., “Financial CGE Models: Two decades of research”, University of Groningen, 1999. HANKE S., JONUNG L. and SCHULER K., “Currency Boards, central banks and the money supply process”, p 63, in Russian currency and finance : a approach to reform, 1993. 18
Annexe 1 : Liste des équations du modèle Production et demande de facteurs Emplois des biens composites − 1 (21),(22) X i = Aip .α ip .( Ldi ) + (1 − α ip ).K i −µ p −µ p i µ ip i (1),(2) pcqi .CFQih = c min ih . pcqi . + pmcih .(1 − s h ).YDh − ∑ c min hj . pcq j j σ ip Ldi pvai .α ip (23), (24) CFQig = ϖ ig .CFQ g (3),(4) = X i ( Aip ) µ .w p i (25), (26) CIQi = ∑ a ij . X j j Biens domestiques, biens composites, exportations et importations (27), (28) pcqi.IQig = β ig .I g [ Qe = Aeq . α eq .( Ded ) − µ + (1 − α eq ).M e− µ ] 1 q q − µ eq σ I1 pvai . X i − w.Ldi e e (5) IQi f (29), (30) = θ Ded α eq pd e σ eq σ eq Ki pindex = M e (1 − α eq ) pme (6) . (31), (32) pcq i .IQih = β ih .I h Système de prix (7) Qne = Dned (33), (34) pvai = pxi .(1 − tx i ) − ∑ a ji . pcq j (8) M ne = 0 j − 1 (35), (36) pcqi .Qi = pd i .DiS + pmi .M i − µ t µ t t (9) X e = Ae .α e .( De ) t t s e − e + 1 − α t .E e e µ e ( ) (37), (38) pxi . X i = pd i .DiS + pei .Ei (39) pindex = ∑ π i . pxi σ et σ et Des α et pd e i = E e (1 − α et ) pee (10) . (40) peeBrés = ER Brés . pweeBrés (11) X ne = Des (41) peeusa = ER us . pweeusa (12) E ne = 0 (42) peeAutr = ER Autr . pweeAutr [ ] 1 − peerdm .Eerdm = pee .Ee + pee usa usa autr autr − µ em = Aem α em .( M eBrés ) − µ e + (1 − α em ).M erdm .Ee m µ em (43) (13) M e σ em σ em (44) pee .E e = peeBrés .E eBrés + peerdm .E erdm M Brés α em pmeBrés (14) e = m) . rdm pene = 0 (1 − α e pme M rdm (45) e [ ] pmeBrés = ER Brés . pwmeBrés 1 (46) − rdm − µ e e (15) E e = A α .( E e e e e Brés e ) − µ ee + (1 − α ).E e e e µ ee (47) pm eusa = ER us . pwm eusa σ ee E Brés α pe e Brés (16) e = e) . e e pm eAutr = ER Autr . pwm eAutr (1 − α e pe rdm rdm (48) E e e pmerdm .M erdm = ( pmeusa .M eusa + pmeAutr .M eAutr ) [ ] 1 (49) − Autr − µ e ms (17) M erdm = Aems α ems .M eusa ) − µ ems + (1 − α ems ).M e µ ems (50) pme .M e = pmerdm .M erdm + pmeBrés .M eBrés σ ems σ ems M eusa α ems pmeusa . (51) pmne = 0 (18) = . Autr M eAutr (1 − α ems ) pme Origines et utilisation du revenu des agents [ ]− 1 (52) − µ ees E erdm = Aees α ees .( E eusa ) − µe + (1 − α ees ).E eAutr es µ ees (19) Yh = ∑ w.Ldi + κ h .∑ ( pva i . X i − w.Ldi ) + rdc t −1 .TDEPht −1 σ eb e i i E eusa α eeb peeusa (20) = . + pindex.(TRANSFhg + ER us .TRANSFhr ) E eAutr (1 − α eeb ) peeAutr (53) YDh = (1 − ty h ).Yh − rrd t −1 .TCR ht −1 − rdd t −1 .TCDht −1 19
Vous pouvez aussi lire