RÉPUBLIQUE D'HAÏTI - PLAN NATIONAL D'ELIMINATION DU CHOLERA République d'Haïti DEVELOPPEMENT DU MOYEN TERME - ReliefWeb
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RÉPUBLIQUE D'HAÏTI Ministère de la Santé Publique et de la Population et Direction Nationale de l’Eau Potable et de l’Assainissement PLAN NATIONAL D'ELIMINATION DU CHOLERA DEVELOPPEMENT DU MOYEN TERME Juillet 2016 – Décembre 2018 République d'Haïti
RÉPUBLIQUE D'HAÏTI Ministère de la Santé Publique et de la Population et Direction Nationale de l’Eau Potable et de l’Assainissement République d'Haïti PLAN NATIONAL D'ELIMINATION DU CHOLERA DEVELOPPEMENT DU MOYEN TERME Juillet 2016 – Décembre 2018
PREFACE 1-Préface 5 2-Liste des abreviation 6 3-Résumé 8 4-Généralités 10 4.1.Introduction et historique de l'épidémie 10 4.2.Rappel sur l'organisation du système de santé en Haïti 11 4.3.Organisation du système de gestion de l'eau potable, l'assainissement et l'hygiène en Haïti (EPAH) 12 5-Problèmatique du choléra en Haïti 15 5.1- Epidémiologie et dynamique du choléra en Haïti 15 5.1.1- Situation du choléra depuis 2010 et état de la lutte en 2015 et 2016 15 5.1.2. De l'analyse des facteurs de risque à la priorisation des activités 15 5.1.3. Une priorisation géographique pour les actions préventives du moyen et long terme 20 5.2- Le plan national d'élimination du choléra dans son développement du court terme, conclusions et recommandations (Période 2013 – 2015) 23 5.3- Structure du développement du moyen terme du plan national d'élimination 26 6-Plan stratégique d'élimination du choléra, phase moyen terme 2016-2018 27 6.1- Objectifs 27 6.1.1- Objectif général 27 6.1.2- Objectif spécifique 27 6.2- Multisectorialité 27 6.3- Stratégie et axes d'intervention 27 6.3.1- Coordination et aide à la décision 27 6.3.2- Accès aux soins 35 6.3.3. Lutte contre la transmission 45 6.4- Chronogramme de mise en œuvre priorisé par axes 62 6.5- Budget Estimatif détaillé 72 7-Annexes 88 8- Addendum au plan national 2016 – 2018 de lutte contre le cholera 89 4
1 PREFACE PLAN D'ELIMINATION CHOLERA MOYEN TERME Juillet 2016 - Décembre 2018 Collègues, Partenaires, Prestataires et tous ceux concernés par le choléra. Le système sanitaire Haïtien a été mis à rude épreuve ces dernières décennies. En 2010, un nouveau défi s'annonçait avec la ruée des premiers cas de choléra dans l'Artibonite. Une fois le diagnostic posé, le Ministère de la Santé Publique et de la Population a pris toutes les dispositions pour, dans un premier temps, circonscrire les régions concernées, et dans un deuxième temps apporter une prompte réponse. Le 11 janvier 2012, dans le cadre de la lutte contre ce nouveau fléau, Haïti, par l'organe du Ministère de la santé publique et de la population, s'engageait à éliminer la pathologie. Les résultats de ce combat allaient s'apprécier à travers le constat d'une nette réduction des cas, durant ces trois dernières années. Le rapport d'évaluation de la phase « court terme » du plan 2012 — 2015 montrait une réduction de l'incidence de la maladie passant de 3,5% à 1.2%. Le volet Alerte/Réponse avec intervention des EMIRA (Equipes Mobiles d'Intervention Rapide) y a été certainement pour quelque chose. Mais entre janvier et août 2016 on recensait encore 26.799 personnes atteintes de choléra soit une moyenne de 788 cas par semaine... Pour eux qui, malgré tout, ont été infectés par le vibrio cholerae on peut souligner une nette diminution du taux de létalité de 2.08% en 2010 à 0.9% en 2016. Au total, nous devons admettre que 6 ans après son émergence le choléra continue d'occuper une place prépondérante et désastreuse parmi les défis sanitaires du pays. II nous faudra continuer, inlassablement, avec le concours inestimable, de vous tous et en particulier prestataires de soins, partenaires et organismes internationaux, société civile et population. Pour parvenir à ce noble objectif d'élimination de la pathologie d'ici l'année 2022, la sensibilisation et l'éducation doivent se poursuivre de façon soutenue. Le volet assainissement et l'accès à l'eau potable méritent d'être considérablement renforcés pour devenir des priorités nationales. Les expériences vaccinales de zones ciblées avec des résultats très prometteurs doivent s'étendre et être intégrées rationnellement dans le plan national. Le MSPP insiste sur son ambition d'éradiquer la transmission du choléra partout en Haïti dans les délais les plus brefs possibles techniquement. C'est pourquoi le plan national reçoit aujourd'hui son total support. Mais ce support exige une poursuite de la réflexion critique et une ouverture à toute initiative nouvelle qui permettrait de le rendre plus efficient et plus crédible, et surtout de rapprocher l'échéance de l'éradication. Sans attendre j'ai ajouté au plan un addendum prévoyant déjà des éléments pouvant conduire à une prochaine amélioration. Une fois achevées les consultations d'expertise sollicitées des Nations Unies nous souhaiterions que soient renforcées de manière importante les volets vaccination orale et chloration domiciliaire déjà prévus dans le plan national. En vue de concrétiser notre vœu pieux d'éradication et à partir des recommandations émanant du rapport d'évaluation de la phase « court terme » du plan 2012 -2015, nous entamons, aujourd'hui, la deuxième phase 2016-2018. Avec le plan moyen terme révisé, lançons à nouveau le cri du 11 Janvier 2012 "Maintenons les engagements, et ensemble le choléra peut être éliminé d'ici 2022". 5
2 LISTE DES ABREVIATIONS ACAT Approche Communautaire pour l'Assainissement Total a ASCP Agents de Santé Communautaires Polyvalents a CAEPA Comité d'Approvisionnement en Eau Potable et Assainissement a CDAI Centre Départemental d'Approvisionnement en Intrants a CDC Center for Disease Control a CHU Centre Hospitalier Universitaire a CPE Comité de Point d'Eau a CRL Chlore Résiduel Libre a CTDA Centre de Traitement des Diarrhées Aigues a CTE Centre Technique d'Exploitation a DDE Direction Départementale de l'Education a DDS Direction Départementale Sanitaire a DELR Direction d'Epidémiologie et Laboratoire de Recherche a DINEPA Direction Nationale de l'Eau Potable et l'Assainissement a DOR Direction Operations Régionales a DPC Direction de la Protection Civile a DPEV Direction du Programme Elargi de Vaccination a DPM/MT Direction de la Pharmacie, du Médicament et de la Médecine Traditionnelle a DPSPE Direction de la Promotion de la Santé et Protection de l'Environnement a DRU Département de Réponse aux Urgences a EMIRA Equipe Mobile d'Intervention Rapide a EPAH Eau Potable, Assainissement et Hygiène a FDAL Fin de Défécation a l'Air Libre a HPG Hôpital la Providence de Gonaïves a HTG Monnaie : Gourde a HTH Hypochlorite de calcium a LNSP Laboratoire National de Santé Publique a MCI Ministère du Commerce et de l'Industrie a MENFP Ministère de l'Education Nationale et de la Formation Professionnelle a MICT Ministère de l'Intérieur et des Collectivités Territoriales a MPCE Ministère du Plan et de la Coopération Externe a MSPP Ministère de la Santé Publique et de la Population a MTPTC Ministère des Travaux Publics, Transports et Communications a OCV Vaccination Orale contre le Choléra a ONG Organisation Non Gouvernementale a OPS/OMS Organisation Panaméricaine de la Sante / Organisation Mondiale de la Santé a OREPA Office Régionaux d'Eau Potable et de l'Assainissement a 6
PAHO Pan American Health Organization a PNEC Plan National d'Elimination du Choléra a PRO Point de Réhydratation Orale a PTF Partenaires Techniques et Financiers a RH Ressources Humaines a SAEP Système d'Adduction en Eau Potable a SEBAC Surveillance Epidémiologique à Base Communautaire a SISKLOR Sistèm Siveyans KLò Rezidyèl (Système de surveillance du chlore résiduel) a SPEC Structure de Prise En Charge a TEDSS Traitement d'Eau à Domicile et Stockage Sûr a TEPAC/ACEPA Technicien en Eau Potable et Assainissement Communaux / a Agents Communaux Eau Potable et Assainissement a UADS Unité d'Appui à la Décentralisation Sanitaire a UAS Unité d'Arrondissement de Sante a UCS Unité Communale de Sante a UNICEF Fonds des Nations Unies pour l'enfance a URD Unités Rurales Départementales a USD Monnaie : Dollar américain a UTC/CTC Unité de Traitement du Choléra / Centre de Traitement du Choléra 7
3 RÉSUMÉ La phase II ou moyen terme du Plan National d'Elimination du Choléra (PNEC) en Haïti, prévue sur la période de juillet 2016 à décembre 2018, s'intègre pleinement dans le plan initial écrit en 2012 et correspond donc à la vision du Ministère de la Santé Publique et de la Population dans l'objectif d'éliminer le choléra avant 2022. La mise en œuvre du PNEC à partir de 2013, après deux premières années d'épidémie lors desquelles la transmission du Vibrio cholerae restait inégalée dans le monde, a permis d'atteindre à la fin de l'année 2015, le premier objectif qui était une incidence nationale inférieure à 0,5%. Cependant, le plan initial par manque d'expérience de gestion d'une telle épidémie et écrit dans un contexte d'urgence absolue, a montré quelques limites notamment dans sa capacité à mobiliser et réunir l'ensemble des moyens financiers nécessaires à l'exécution de la lutte alors prévue. Au-delà de l'élimination du choléra, ce plan initial indique la volonté du développement de secteurs complets dans les domaines de la santé ou encore de l'accès à l'eau et l'assainissement, avec des objectifs sans doute peu réalisables pour la période considérée. Dans un deuxième temps et afin d'opérationnaliser le plan initial, était écrit le plan d'élimination dans sa phase I ou court terme qui lui aussi montrait les mêmes limites, bien que déjà nettement plus réalisable. Le plan phase II ou moyen terme décrit dans ce document et écrit donc quasiment six ans après l'introduction du choléra en Haïti répond à la volonté commune d'éliminer le choléra en Haïti, et se veut : • Cohérent avec la vision du Ministère de la Santé Publique décrite dans le plan initial afin de le rendre pleinement opérationnel ; • Réaliste au regard des capacités à réaliser les activités, dans l'objectif d'atteindre les résultats visés et propices à une élimination du choléra ; • Basé sur l'expérience et les leçons apprises de chacune des parties prenantes dans la lutte contre le choléra ; • Evaluable avec un plan de pilotage intégré ; • Efficient et concentré autour d'activités et de zones cruciales, pour réduire fortement l'incidence de la maladie d'ici fin 2018. Ainsi en tenant compte des expériences passées, cette phase est budgétée à 178,220,115 USD contre 1,2 Milliards USD dans le plan initial. Enfin considérant que l'objectif d'élimination avant 2022 demeure inchangé, l'objectif spécifique dans cette phase est donc d'atteindre moins de 0,1% d'incidence sur le territoire national d'ici fin 2018. L'analyse de l'épidémie, depuis la phase court terme du plan d'élimination, nous indique l'existence de zones de persistances et de diffusion de l'épidémie pouvant être décrites selon plusieurs critères. Ainsi dans cette prochaine période de lutte, un accent particulier sera mis sur celles-ci, avec une surveillance renforcée, un travail important sur la qualité de l'eau de consommation en premier lieu, sur la protection des systèmes contre la contamination fécale, et sur l'amélioration de la gestion des excrétas en second lieu. Les activités de promotion de la santé seront particulièrement renforcées dans ces zones de persistance. D'autre part, la mise en œuvre de projets pilotes associant vaccination et chloration à domicile a montré des résultats notables sur le contrôle local des foyers épidémiques. Ainsi cette phase sera l'occasion de la mise en œuvre d'une campagne de vaccination à plus large échelle dans les départements du Centre et de l'Artibonite qui continuent à jouer un rôle majeur dans la dynamique nationale de l'épidémie. Le suivi de ces activités par le comité de vaccination permettra d'étudier l'impact des interventions avant leur élargissement à l'échelle nationale. La stratégie d'alerte et de réponses rapides prend ici toute sa place puisqu'étant la seule activité harmonisée au niveau national, impliquant pleinement le MSPP, la DINEPA et les partenaires internationaux, dont le rôle dans le contrôle de la maladie depuis trois années semble crucial au vu des conditions de vulnérabilité peu améliorées au niveau national. 8
Au niveau de la prise en charge médicale, ici aussi l'objectif de zéro décès institutionnel dû au choléra, reste inchangé. Un accent particulier sera donc mis sur le renforcement du respect des protocoles généraux de prise en charge mais aussi sur l'intégration du choléra comme toutes autres pathologies dans le système de santé. Enfin, un effort important sera effectué en coordination, surveillance épidémiologique, aide à la décision et multisectorialité afin de disposer de l'ensemble des différentes compétences nécessaires et disponibles dans le but d'être en capacité de monitorer cette phase de manière précise et enfin de pouvoir l'évaluer en fin de période. 9
4 GÉNÉRALITÉS 4.1. Introduction et historique de l'épidémie Dix mois après le tremblement de terre dévastateur du 12 Janvier 2010, Haïti a connu l'une des plus grandes épidémies de choléra dans l'histoire moderne. Les premiers cas de choléra sont survenus en Haïti en octobre 2010 dans le Département du Centre. Un mois après, le choléra s'était propagé dans toute l'ile d'Hispaniola. a L'expansion très rapide, voire exceptionnelle, de cette épidémie alors que jamais auparavant il n'avait été décrit un cas de choléra en Haïti, est principalement due à la pollution massive du fleuve Artibonite, plus long cours d'eau haïtien, avec comme point d'origine le département du Centre et plus précisément la commune de Mirebalais. Cette épidémie sans précèdent avait déjà atteint 185 210 personnes dont 3951 en mourront lors du dernier trimestre 2010. L'année 2011, reste à l'échelle d'un pays la plus haute transmission du choléra jamais enregistrée avec 251 839 cas vus et 2918 décès. a e Le 2 facteur favorisant l'expansion à ce moment est l'extrême vulnérabilité d'Haïti aux maladies hydriques. En effet, une estimation des conditions sanitaires globales en Haïti (probablement très sous-estimée), montrait que 31% de la population n'avait pas accès à de l'eau potable et 83% à une installation améliorée d'élimination des excréments1. A ce même moment, il était estimé que 46% de la population haïtienne n'avait pas un accès direct aux soins de santé, sans compter le manque de bonnes pratiques d'hygiène pour la plupart de la population. a De 2010 à 2012, une riposte importante et d'envergure nationale à cette épidémie a eu lieu avec l'appui massif de la communauté internationale. La plupart des acteurs de réponse au séisme du 12 janvier 2010 étant encore présents, cela a facilité la mise en œuvre de programmes, cependant concentré pour la plupart vers la prise en charge médicale. Enfin, l'inexpérience des différents acteurs dans la gestion d'une épidémie de choléra et la non harmonisation et coordination des réponses globales n'ont pas permis de contrôler puis éliminer le choléra malgré son introduction alors récente. a Devant ce constat et en 2013, le MSPP et la DINEPA validaient le plan d'élimination du choléra en Haïti pour une période 10 ans (2013 -2022). Ce plan, officiellement lancé en février 2013, met l'accent sur quatre domaines sur une période de 10 ans, soit jusqu'en 2022 : eau et assainissement, service de santé et gestion des soins de santé, épidémiologie et promotion de la santé, hygiène et nutrition. a La mise en œuvre de ce plan dans sa phase court terme (2013 – 2015), a connu de multiples difficultés, la stratégie s'avérant trop complexe à mettre en œuvre notamment par un financement global trop faible et ne permettait donc pas de répondre aux très nombreux foyers de choléra disséminés dans le pays. C'est dans ce contexte qu'une stratégie dite d'alerte et réponse a été mise en œuvre à partir du deuxième semestre 2013, bien que très peu décrite dans le plan d'élimination, et ayant pour objectif de contrôler et, si possible, arrêter la transmission du choléra. a Aujourd'hui, avec la mise en place de la phase « court terme » du PNEC, l'indicateur principal du plan à court terme est atteint avec moins de 0,5% de taux d'incidence dans le pays depuis 20142 mais reste encore très éloigné du seuil d'élimination fixé à 1 cas pour 10000 personnes en 2022. a Au 31 juillet 2016, à l'écriture de ce plan d'élimination à moyen terme, Haïti compte depuis le début de cette 3 épidémie 788 750 cas vus et 9381 décès . 1 Réf. WHO/UNICEF JMP 2012 2 Sources MSPP/DELR – Profil statistiques SE20 - 2016 3 Source des données : DELR/MSPP ; http://mspp.gouv.ht/site/downloads/Rapport%20Web%2031%2007%202016%20Avec%20Courbes%20departementales.pdf 10
Devant ce constat, et de la même manière qu'un plan d'action phase I ou court terme avait été élaboré, dans l'objectif d'assurer l'opérationnalisation du plan national d'élimination du choléra en Haïti, il est ici proposé la méthodologie propre à la phase II ou encore la phase moyen terme de ce même plan. 4.2. Rappel sur l'organisation du système de santé en Haïti Le système de santé en Haïti est constitué du secteur public, du secteur privé à but lucratif, du secteur mixte à but non lucratif, et du secteur traditionnel. Le secteur public comprend le Ministère de la Santé Publique et de la Population et le Ministère des Affaires Sociales, chargé de la santé des travailleurs dans le secteur privé formel. Le secteur privé à but lucratif comprend tous les professionnels de la santé en pratique privée qui travaillent sur leur propre compte ou dans les cliniques privées. Le secteur à but non lucratif mixte se compose des institutions de soins qui bénéficient de l'appui technique ou financier du MSPP et les établissements gérés par le secteur privé, ou par des organisations non gouvernementales, ou parades organisations caritatives. Les soins de santé sont dispensés dans les Dispensaires, Centres de Santé et Hôpitaux Communaux de référence du premier niveau, dans les Hôpitaux Départementaux du deuxième niveau et les Hôpitaux Universitaires du troisième niveau. Le secteur public représente environ 35.7% de l'infrastructure sanitaire, le secteur mixte privé, 31.8% et le secteur privé, 32.5%. On estime que 47% de la population n'a pas accès aux services de santé et qu'environ 80% de la population a accès à la médecine traditionnelle. Des groupes qui fréquentent les médecins traditionnels, la plupart vivent dans les zones rurales où 13% de la population vit à plus de 15 kms du centre de santé le plus proche. En conformité avec la loi organique de 2005, le Ministère de la Santé Publique et de la Population comprend au niveau central deux bureaux administratifs, neuf directions techniques et quatre unités de coordination pour la gestion des programmes spéciaux comme les maladies infectieuses et transmissibles, le Programme élargi de vaccination (PEV), la nutrition et la sécurité des hôpitaux. Toutes ces directions sont, sous le leadership du titulaire du Ministère, coordonnées par une direction générale secondée par trois unités d'appui (Unité d'Appui à la Décentralisation Sanitaire, Unité de Planification et d'Evaluation et Unité juridique). Il y a aussi dix directions départementales de santé, une pour chacun des dix départements géographiques du pays, et leurs services sont décentralisés au niveau d'Unités Communales de Santé (UCS). Leur nombre et emplacement sont dictés par la taille de la population couverte, leur compétence et leur situation géographique. Les Unités Communales de Santé (UCS/UAS) sont des entités administratives décentralisées chargées de mener, dans leur zone géographique, des activités de santé de qualité, assurées en partenariat avec les organismes de santé publics et privés et avec la participation de la communauté. La médecine traditionnelle, qui est largement acceptée sans distinction de classe sociale ou d'appartenance religieuse, est pratiquée par des guérisseurs divers. Le secteur privé à but lucratif est concentré dans la région métropolitaine ou la plupart des professionnels travaillent. Les établissements privés, y compris les cliniques, les laboratoires et les pharmacies opèrent sans restriction, mais ne participent ni dans les programmes nationaux de santé ni dans la surveillance épidémiologique des maladies à notification obligatoire. 4 Repris du plan national d'élimination du choléra initial 5 Source, PAHO, Health in the Americas, 2007 11
Figure : Source MSPP – http://mspp.gouv.ht/ 4.3. Organisation du système de gestion de l'eau potable, l'assainissement et l'hygiène en Haïti (EPAH) La DINEPA a été créée par la Loi Cadre votée au Parlement et apparue dans le Moniteur, le 25 mars 2009, dotant ainsi le pays un service régulateur étatique sectoriel, dans un effort de réforme du secteur (initiée en 2007 pour pallier aux lacunes historiques en ce sens). Pour Mission, « La Direction Nationale de l'Eau Potable et de l'Assainissement (DINEPA) exécute la politique de l'Etat dans le secteur de l'eau potable et de l'assainissement, autour de 3 grand axes : a) le développement du secteur EPA au niveau national, b) la régulation du secteur, et c) le contrôle des acteurs. » L'objectif ultime de la réforme est de créer les conditions qui permettront de fournir progressivement à l'ensemble de la population des conditions optimales d'accès à l'eau et à l'assainissement. Cette réforme aura un impact sur les conditions sanitaires et, indirectement, sur l'ensemble des activités économiques du pays. Pour atteindre cet objectif général, la réforme vise à implanter et à promouvoir : • Un cadre institutionnel et organisationnel adapté aux changements, • La relance des investissements pour l'équipement du secteur, • Le « décollage » de l'assainissement des eaux usées et des excrétas, • Une véritable culture de service public, • La responsabilité citoyenne notamment au plan du paiement des services La Loi-cadre est un outil qui permet de mettre en œuvre les nouvelles orientations stratégiques définies pour le secteur. Ces orientations stratégiques sont inscrites dans le cadre d'un Programme de Réforme et de Modernisation du Secteur EPAH en Haïti. Les grands objectifs de la réforme sont institutionnels, économiques, techniques et surtout sociaux. 12
Les grands enjeux de la DINEPA, s'aligne autour de l'impératif de servir le public et la population. Ce service doit être efficient, efficace, et transparent. Le service est fourni grâce aux partenariats publics et privés, nationaux et internationaux. Le service doit être offert partout là où la population se trouve, urbaine ou rurale (déconcentration), et respectant l'autonomie de décision au niveau plus local, avec des moyens qui rendent cette autonomie viable (décentralisation). Les améliorations en infrastructures et en opérations, sont rendus possibles grâce à ces partenariats, à des soutiens (modestes à date) du trésor public, et, dans la quête de devenir durable et pérenne, à des recouvrements des coûts du service offert au public. Les schémas suivants montrent les attributions et caractéristiques des différents niveaux géographiques du secteur étatique de l'eau potable et de l'assainissement (1 DINEPA ; 4 OREPAs ; 11 URDs ; 25 CTEs ; le plus grand étant le CTE RMPP, puis des centaines de CAEPAs et CPEs à travers le pays), ainsi que la genèse des différentes structures clés 6 de l'institution . 6 Sources : Documents Institutionnels de la DINEPA : 1-DINEPA : Présentation et Bilan 2012-2014 ; 2-DINEPA : Déploiement Institutionnel ; 3-DINEPA : les Structures Décentralisées de la Réforme ; 4-Organigramme de la DINEPA. 13
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5 PROBLÉMATIQUE DU CHOLÉRA EN HAÏTI 5.1. Epidémiologie et dynamique du choléra en Haïti 5.1.1. Situation du choléra depuis 2010 et état de la lutte en 2015 et 2016 A. De 2010 à 2016 a L'épidémie de choléra en Haïti a commencé en Octobre 2010 et a été attribuée au Vibrio cholerae, sérogroupe 01, sérotype Ogawa, biotype El Tor. Le premier cas a été détecté dans le Département du Centre, puis l'infection s'est propagée au Département voisin (l'Artibonite) avant d'atteindre graduellement tous les autres départements du pays. MINISTÈRE SANTÉ PUBLIQUE ET DE LA POPULATION (MSPP) RAPPORT DE CAS 31 juillet 2016 Figure Cumulatif des indicateurs du choléra en Haïti - Octobre 2010 au 31 juillet 2016 Au 31 juillet 2016, selon le tableau ci-dessus, un total de 788 750 cas avait été signalé par le Ministère de la Santé et 9317 décès avaient été enregistrés dont 462 183 hospitalisations. Le taux de létalité globale est estime à 1,2% sur cette même période par rapport à 1,3% concernant les cas hospitalisés. 7 Source : http://mspp.gouv.ht/site/downloads/Rapport%20Web%2031%2007%202016%20Avec%20Courbes%20departementales.pdf 15
Graphique 1 : Cas suspects de choléra et létalité globale en Haïti d'octobre 2010 à juin 2016. Sources des données : MSPP/DELR Le graphique 1, ci-dessus nous indique 2 périodes principales et remarquables. La première, caractérisée par une transmission extrêmement importante d'octobre 2010 à novembre 2011, indiquant le caractère unique et exceptionnel du mode d'introduction du choléra en Haïti, la deuxième avec une transmission moindre de décembre 2011 à juin 2016. Vu le caractère d'exception de la transmission dans la première période décrite ici, il est nécessaire de considérer 2012 comme année de référence afin d'affiner et de mieux appréhender la compréhension de la dynamique de l'épidémie. B. Dynamique de l'épidémie de choléra en Haïti sur la période d'exécution du court terme (2013 – 2015) Graphique 2 : Dynamique hebdomadaire de l'épidémie de choléra et létalité globale en Haïti de 2013 à mai 2016 – Sources des données : MSPP/DELR Trois phases de recrudescence de la transmission du choléra sont particulièrement visibles de janvier 2013 à mai 2016. Il est intéressant de constater sur cette même période dans l'année 2014, une transmission très basse, en moyenne 222 cas/semaine sur l'ensemble du territoire et n'atteignant jamais plus de 313 cas sur une seule semaine. Cette situation inédite représentait probablement une possible fenêtre d'élimination qui n'a pu être saisie à ce moment mettant en cause principalement le manque de moyens additionnels qui auraient été pourtant nécessaires. 16
Le rôle des phénomènes pluvieux en tant que catalyseur d'épidémie de choléra est communément admis. Graphique 3 : Transmission journalière du choléra et association avec les phénomènes pluvieux en Haïti de 2013 à mai 2016. Sources des données épidémiologiques : MSPP/ DELR ; Sources des données de pluviométrie : NASA (http://giovanni.gsfc.nasa.gov/giovanni/#service=TmAvMp&starttime=&endtime=&shape=state_dept_countries/shp_) Néanmoins comme le montre le graphique ci-dessus et bien que cela reste indéniable pour l'année 2013, cette relation est nettement moins marquée pour les années 2014, 2015 et 2016. Un décalage trop important existe entre le début des pluies et les phases de recrudescence de transmission du choléra, montrant ainsi l'existence d'autres facteurs de risque et la probable contribution de la réponse communautaire dans l'atténuation de l'impact des pluies. C. Etat des lieux de la lutte contre le choléra Depuis 2013 et la mise en œuvre du plan d'élimination, un effort particulier est remarqué dans l'harmonisation des activités de lutte contre le choléra, aidé en cela par une coordination de plus en plus efficace au niveau central et décentralisé. Globalement, il est difficile ici de répertorier l'ensemble des activités contribuant à la lutte contre le choléra, notamment les projets long termes EPAH, car les activités d'un trop grand nombre d'acteurs ne sont pas à ce jour recensées par la DINEPA. Cette situation est dommageable dans le cadre de la lutte contre le choléra puisque nous pouvons considérer, vu la diffusion de l'épidémie au niveau national, que toutes activités visant à améliorer l'accès à l'eau, l'assainissement ou la promotion de la santé vont dans le sens de l'objectif principal qui reste l'élimination de cette maladie. L'observatoire de la DINEPA devrait pouvoir aider en ce sens à répertorier l'ensemble des activités à dominante EPAH, et ainsi aider à la prise de décision ou l'orientation de futurs programmes. Cependant celui-ci par manque de financements, reste non opérationnel. Concernant le domaine de la prise en charge médicale, 212 structures de prises en charge du choléra (CTDA) sont actuellement réparties sur l'ensemble du territoire national. Néanmoins certaines zones à l'échelle de communes en sont totalement dépourvues où réellement sous-dimensionnées (exemple de l'UAS des Matheux ou il n'existe qu'une unique SPEC). 17
Au niveau de la réponse rapide, le dimensionnement est lui parfaitement connu. Ainsi en appui au 12 EMIRA coordonnées dans chaque département par les coordinateurs de maladies infectieuses du MSPP, des équipes mobiles de partenaires internationaux au nombre de 44, complètent actuellement le dispositif dans l'objectif de limiter voire couper la transmission du vibrion au niveau communautaire. Ces équipes sont de plus en plus fusionnées afin de proposer une même méthodologie et donc un même niveau de réponses qualitatif et quantitatif à la population. Cependant des financements par trop irréguliers et insuffisants, n'ont pas permis un renforcement suffisant de ce mécanisme, avec une visibilité financière souvent inférieure à 6 mois. Répartition des moyens de lutte contre la transmission du choléra et prise en charge médicale par département en Haïti – Juillet 2016 Départements Nombre Nombre Total Nombre de Partenaires Partenaires EMIRA équipes de équipes/ structures internationaux médicaux en appui réponses départements de prise en en appui (prise en charge) rapides des charge du (réponses partenaires choléra par communautaires internationaux département Artibonite 2 12 14 18 ACF ; ACTED IMC ; OIM Centre 1 4 5 16 OXFAM Zanmi La Santé Grand’Anse 1 2 3 32 ACTED MdM France Nippes 1 2 3 11 S.I MdM Belgique Nord 1 3 4 18 OXFAM IMC Nord-Est 1 1 2 30 OXFAM IMC Nord-Ouest 1 3 4 36 ACF MdM Canada Ouest 1 13 14 17 S.I ; CRF ; ;MdM Canada ACTED ;MSF Espagne ;MSF Belgique Gheskio; OIM Sud 1 2 3 15 ACTED MdM Sud-Est 2 2 4 19 S.I OIM Total 12 44 56 212 5 partenaires 9 partenaires Tableau : Répartitions des moyens de lutte contre la transmission du choléra et prise en charge médicale par département en Haïti - Juillet 2016 – Sources MSPP, PAHO, UNICEF 5.1.2. De l'analyse des facteurs de risque à la priorisation des activités La transmission du choléra en Haïti se fait selon trois facteurs principaux ou voies de transmission : • Hydrique :à travers l'eau de consommation • Interhumaine : contact physique de « personnes à personnes » • Alimentaire : à travers la contamination des aliments (fruits, légumes, aliments crus) a Les différentes bouffées épidémiques connues depuis la principale accalmie de 2014 ont permis de mettre en évidence un certain nombre de causes principales ou facteurs de risques : • Les pratiques individuelles et familiales à risque tout d'abord, classées en quatre grandes catégories : Consommation d'eau Défécation à l'air libre, Non-respect du Repas en commun, non- contaminée : SAEP, puits, systèmes lavage des mains aux respect du lavage des milieux naturels. (Exemple de d'assainissement moments clés fruits et légumes et Martissant en 2014 et Pilate inadéquats cuisson des aliments en septembre 2015) 44 équipes de réponses rapides communautaires et une équipe mobile médicale nationale des partenaires internationaux en 08/2016 8 18
Puis, les pratiques collectives et lieux /moments de transmission, que l'on peut classer également en sept grandes catégories. En 2015 et 2016, il est en effet apparu que de nombreuses flambées localisées avaient démarré suite à des funérailles de personnes décédées de diarrhées aigües (Dame Marie, Marigot, Bassin Bleu dans le Nord- Ouest etc.). Ces décès n'ont pas toujours été rapportés, les corps n'ont ainsi pas été pris en charge comme nécessaire et les personnes assistant aux cérémonies se sont mutuellement transmis la maladie très rapidement. D'autre part depuis le cas isolé de la fête patronale de Saint-Michel de l'Attalaye en juillet 2014 qui avait généré une flambée de plusieurs centaines de cas en peu de jours, et a largement contribué à l'embrasement général du pays quelques mois plus tard, nous savons le rôle joué par les grands rassemblements, en particulier dans les zones de persistance. De même, les marchés dont les rôles ont été analysés dans le Centre et l'Ouest à travers une récurrence dans la survenue de cas suspects après les jours de marchés. Que ce soit les déplacements ou les activités agricoles ou de pêche, nous savons que ces facteurs participent à la dynamique générale de la maladie, mais trop peu d'études spécifiques ont pu isoler leur rôle précis. La densité de la population (>300 hab. /km2), la taille modeste du pays ainsi que des voies de communication qui se sont améliorées entre les principales villes jouent en particulier un rôle important dans la circulation permanente de la maladie. Enfin, les défaillances du système de santé dans la prise en charge des cas de choléra, en particulier les difficultés à avoir des centres de traitement qui permettent un réel isolement, ont entrainé un cycle de transmission intra-hospitalière non négligeable ces dernières années. Ce rôle a pu parfois être la cause de flambées ou de prolongation dans certaines zones (Limbe par exemple). Pour couper ces voies de transmission, les réponses existent et sont connues : • Maintenir la stratégie alertes/réponses qui permet une riposte nationale de première urgence avec un l'objectif de maintenir l'incidence et la létalité à un niveau minimal de transmission. 19
• Améliorer les conditions sanitaires de prise en charge des malades et les conditions de séjour des accompagnants • Protéger les systèmes d'alimentation en eau contre les contaminations externes, assurer le contrôle de la qualité de l'eau, améliorer les pratiques de collecte, transport, stockage et traitement de l'eau à domicile • Vacciner les populations en priorisant les zones persistantes/récurrentes ou même en recrudescence ponctuellement et couplée à des mesures d'accès à l'eau potable. • Parvenir à la fin de la défécation à l'air libre (FDAL), • Améliorer les systèmes d'assainissement existants, notamment en zones urbanisées. • Universaliser le lavage des mains aux moments clés. • Renforcer la communication sur le respect du lavage des fruits et légumes et cuisson des aliments. • Améliorer l'accès à l'eau et à l'assainissement dans les lieux publics (marchés, écoles, gare etc.) des zones persistantes et/ou récurrentes. • Etudier le lien entre activités agricole/pêche et recrudescence de cas • Renforcer la sensibilisation et la formation auprès des morgues, baigneurs de corps et toutes autres personnes liées à la prise charge des personnes décédées Cependant, si les interventions nécessaires sont connues, les appliquer toutes de manière uniforme sur l'ensemble du pays ne semble pas réaliste tel que discuté dans le bilan de la phase court terme. L'analyse de la dynamique spatiale a permis de mettre en évidence des zones dites de persistance. 5.1.3. Une priorisation géographique pour les actions préventives du moyen et long terme Bien qu'une baisse considérable du nombre de cas soit remarquée depuis 2010, des zones où le choléra persiste existent actuellement et jouent probablement un rôle de diffusion régulière, permanente, à l'échelle nationale. En 2014 une première analyse de la dynamique géographique en saison « sèche » avait été faite afin de prioriser les zones d'intervention de la campagne nationale d'assainissement (cf. carte ci-contre). s la provenance des patients est considéré, mais l'impact est jugé faible à l'échelle de la commune. 20
La cartographie ci-dessous classe les communes selon leur temps passe en alerte rouge sur une période de 24 mois et selon les critères de la DELR. La compilation de celles-ci figure ainsi : Cartographie 2 : Zones de persistance du choléra selon les critères DELR en Haïti d'Avril 2014 à Mars 2016. Sources des données épidémiologiques : MSPP/DELR. Cartographie effectuée par AP-HM • 8 communes sont considérées comme persistantes et prioritaires de type A (zones sources qui sont au moins 50% des semaines en alerte rouge depuis 2014 et diffusent la maladie dans les communes alentours) : Hinche, Mirebalais, Gonaïves, Saint-Marc, Le Cap, Cabaret, Croix des Bouquets, Carrefour. On différenciera les zones A1 (urbain et péri-urbain) et A2 (rural). • 7 communes persistantes de seconde priorité de type B (communes en alerte rouge de 25 à 50%, considérées comme des relais pouvant jouer un rôle d'amplificateur) : Saint-Michel de l'Attalaye, Petite Rivière de l'Artibonite, Gros Morne, Limbe, Plaisance, Lascahobas, Arcahaie • 3 communes récurrentes de troisième priorité de type C (commune en alerte rouge de 25 à 50% mais jouant un moindre rôle de par leur position géographique en « bout de ligne ») : Jacmel, Les Cayes, Port de Paix. Saint-Marc est passée de la catégorie 50-75% à celle de 25-50% sur la deuxième phase de l'analyse, cependant sa position géographique entre Port-au-Prince et Gonaïves en fait une commune clé dans le contrôle de la maladie, elle est donc maintenue en zone prioritaire. Le Cap Haïtien est passé de 25-50% à 50- 75%, et est considéré comme une commune prioritaire de par son rôle potentiel dans la diffusion locale, voire régionale (circulation importante sur les axes Gonaïves – Cap Haïtien, Ouanaminthe - Cap Haïtien, et Hinche - Cap Haïtien) et la taille de l'agglomération. Port-au-Prince apparait en rouge dans ces cartes, dues à une transmission permanente mais faible (hors période de flambées) qui oscille régulièrement entre 10 et 30 cas suspects par jour sur un ensemble de quartiers disparates. Cependant, de nombreuses actions de développement urbain (incluant les volets Santé et Eau-Assainissement) sont d'ores et déjà en cours sur la commune de Port-au-Prince. Il est donc préférable de prioriser la commune limitrophe de Carrefour, régulièrement touchée et dont les conditions sanitaires du bas de la ville représentent un risque permanent de bouffées épidémiques majeure. Enfin, Gressier apparait sur la dernière carte de droite mais ne peut être considérée au même titre que les autres communes prioritaires car un pourcentage élevé de cas suspects reportés par Gressier proviennent dans les faits de Carrefour, en particulier lors des périodes de flambées. En effet, les 8 communes dites de persistance de type A ont au moins quatre caractéristiques communes : • Nombre de semaines en alerte rouge très élevé • Présence de zones urbaines et péri-urbaines aux conditions sanitaires favorables à la transmission et persistance du choléra • Situées sur un axe de communication routière principale, et existence d'un trafic commercial maritime pour 4 d'entre elles • Hébergeant des marchés alimentaires importants pour chaque région respective 21
Les 8 communes de type A jouent donc un rôle « source » pour la maladie et de diffusion lors des flambées. En saison de basse transmission, ce sont donc dans ces communes que les cas persistent avant de rediffuser vers les communes limitrophes. Les 7 communes de type B sont plutôt des zones « puits » même si elles peuvent elles aussi rapporter des cas en saison de basse transmission. Elles n'ont cependant pas les mêmes caractéristiques : zones urbaines moins importantes ou situées sur des axes secondaires. Enfin 3 communes de type C sont conservées de par leur % assez élevé de temps passé en alerte rouge. Cette meilleure connaissance des zones de persistance doit permettre un ciblage plus précis des activités de prévention, en particulier de toutes les actions Eau et Assainissement. Ainsi cette composante de l'axe 3 concentrera la majorité des interventions prévues dans les 8 communes prioritaires afin d'avoir un impact protecteur maximum d'ici fin 2018 et espérer réduire ainsi la circulation de la maladie au niveau national. Si les activités de cette composante sont priorisées pour la plupart dans ces communes, il est tout de même espéré un effet « tache d'huile » : par exemple, les améliorations qui seront apportées pour une meilleure surveillance de la qualité de l'eau dans ces communes pourront être répliquées dans d'autres zones. Les autres axes priorisent également ces communes d'une manière temporelle, en privilégiant les renforcements prévus dans ces communes dans un premier temps avant d'étendre sur les zones B, C et le reste du pays. Cartographie 3 : Compilation des communes prioritaires pour études épidémiologiques, analyse de causalité et des risques et exécution de mesure préventives et correctives. 22
5.2- Le plan national d'élimination du choléra dans son développement du court terme, conclusions et recommandations (Période 2013 – 2015) Fin 2015 et début 2016, un bilan de la mise en œuvre du plan à court terme a été mené par le MSPP et ses partenaires techniques et financiers principaux, les résultats de celui-ci présentés en haut lieu et notamment à Mme la Ministre de la Santé Publique et de la Population ainsi qu'aux représentants de la DINEPA. Dans le tableau ci-dessous figure les points/thématiques principaux qui ont été menés avec succès mais aussi dans ces mêmes thématiques, les points restants à améliorer notamment dans la période du moyen terme. Axes Points forts Points à améliorer Eau et · Lancement de la campagne · Capacité limitée d’absorption des fonds assainissem d’assainissement dans 16 communes pour la mise en œuvre de programmes ent prioritaires ; de la DINEPA ; · Lancement de grands travaux d’adduction · Programme EPAH trop vaste, d’eau potable dans certaines villes du insuffisamment concentré dans les zones pays ; à risques principales · Mise en place de points focaux DRU du · Faiblesse dans l’implication de la DINEPA niveau central au niveau des dans les activités de coordination et de départements dans le but d’améliorer la réponse au niveau départemental ; coordination avec le MSPP et prise de · Faible réactivité institutionnelle dans les décisions propres à la lutte contre le situations urgentes de flambées, ou des choléra ; actions préventives et réactives · Mise en place des TEPACs (Technicien Eau (chloration des réseaux d’adduction Potable et Assainissements Communaux) d’eau qui devrait être effective en au nombre de deux par communes en permanence dans les zones affectées) ; appui à la lutte. · Manque de clarification des rôles et · Réactivité de la DINEPA pour l’appui au mandat des TEPAC dans le cadre de la MSPP dans la gestion de vidanges au sein lutte contre le choléra ; même des structures de prise en charge du choléra. 23
Service de · Disponibilité des intrants. Il existe un · Politique d’intégration du choléra santé et circuit unique d’approvisionnement au (ressources humaines insuffisantes, gestion des sein du MSPP, appui considérable de positionnement et gestion des CTDA) ; soins de OPS/OMS-UNICEF ; · Conditions de stockage dans les CDAI non santé · Amélioration de la prise en charge adaptées et nombre de CDAI puisqu’il existe maintenant un protocole insuffisants ; unique de prise en charge et globalement · Faible capacité de prodiguer des appliqué dans l’ensemble des structures diagnostics cliniques efficaces des (CTDA, PRO+…). fournisseurs de soins ; · Réalisation par le MSPP de 2 campagnes · Non-Respect des protocoles d’hygiène de vaccination oral pour 290,000 dans les centres de prise en charge ; personnes en 2013 et 2014, soit 48% de la · Manque de formation continue de cible du court terme. certains prestataires ; Surveillance · Amélioration de la promptitude et de la · Beaucoup de données remontent au épidémiolo- complétude pour ce qui est de l’envoi des niveau central mais trop peu sont gique données du niveau départemental vers le restituées que ce soit les bulletins niveau central hebdomadaires, points de presse, · Publication des bulletins hebdomadaires résultats de cultures ; par la DELR depuis 2013 · Faible capacité de la DELR à mener des · Mise en place de la surveillance investigations terrain ; microbiologique au sein du LNSP · Les bulletins hebdomadaires d’une faible complétude et promptitude ne peuvent être liées à la prise de décision pour d’éventuelles réponses aux flambées, de plus les provenances des patients ne sont pas prises en compte par la DELR dû au retard dans la mise en œuvre des listes linéaires au niveau départemental ; · Peu d’études scientifiques opérationnelles directement effectuées par la DELR ; Promotion · Bonne réactivité des partenaires · Manque d’ASCP bud gétises par rapport de la sante, internationaux dès l’apparition de aux besoins (3286 ASCP sur 10000 hygiène et l’épidémie dans les activités de promotion prévus) ; nutrition · Elaboration, validation et diffusion des 12 · Messages de mobilisation et messages de prévention contre le choléra sensibilisation non évalués ni réadaptés par le MSPP dès 2013 dans le temps ; · Inexistence d’un système de communication d’urgence au public qui permettrait d’informer rapidement la population en cas de flambée ; · Inexistence de contrôle sanitaire dans les marchés publics ; 24
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