Renforcer les chaînes de valeur agricoles pour nourrir l'Afrique
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Évaluation indépendante du développement Banque africaine de développement De l’expérience à la connaissance... De la connaissance à l’action... Une évaluation groupée de projets IDEV De l’action à l’impact Renforcer les chaînes de valeur agricoles pour nourrir l’Afrique Rapport d’évaluation groupée Mars 2018
Les différents produits qui servent à atteindre les trois objectifs de l’évaluation indépendante Synt rielle hèse secto d’éva a tion lua ti ets Évalu Év alu a ti p roj blic) on on de pu d’i mp t i on teur lua ec ac t é va ls (s t e n e du a tio ndivi li d i Va Évaluation thématique Évaluation Évaluation groupée groupée de projets de projets ion Va g ra t li da nté tio d’i n ind et é té gie ivid valu s tra ue a ti ls on de ys (se de on cte pr ie pa a ti le Évalu l u ur oje a a pri ts Év gion ra tég vé a tion ré ) de st instit a tion ution Évalu nelle
Une évaluation groupée de projets IDEV Renforcer les chaînes de valeur agricoles pour nourrir l’Afrique Rapport d’évaluation groupée Mars 2018
REMERCIEMENTS Chef de projet : Girma Earo Kumbi, Chargé d’évaluation principal Consultants : Études de cas pays (neuf) et rapport de synthèse : ADE, en collaboration avec Wageningen Economic Research (WEcR) Rapport d’évaluation groupée : Dr Dorothy Lucks, Directrice exécutive, SDF Global Pair réviseur interne : Joseph Mouanda, Chargé d’évaluation principal Chargés de la gestion des connaissances : Jayne Musumba, Chargée principale de gestion des connaissances et Aminata Kouma, Consultante junior en gestion des connaissances et communication Autres appuis fournis par : Anasthasie Blandine Gomez Sokoba, Assistante d’équipe Chef de division : Madhusoodhanan Mampuzhasseril (intérimaire) Évaluateur général : Rakesh Nangia © 2018 Groupe de la Banque africaine de développement Tous droits réservés – Publié en Mars 2018 Renforcer les chaînes de valeur agricoles pour nourrir l’Afrique – Rapport d’évaluation groupée Une Évaluation groupée de projets IDEV, Mars 2018 Exclusion de responsabilité Sauf indication contraire expresse, les constatations, interprétations et conclusions exprimées dans cette publication sont celles de ses divers auteurs et ne correspondent pas nécessairement aux vues de la direction de la Banque africaine de développement (la « Banque ») et du Fonds africain de développement (le « Fonds »), de leurs Conseils d’administration, Conseils des gouverneurs ou des pays qu’ils représentent. Le lecteur consulte cette publication à ses seuls risques. Le contenu de cette publication est présenté sans aucune sorte de garantie, ni expresse ni implicite, notamment en ce qui concerne la qualité marchande de l’information, son utilité à telle ou telle fin et la non-violation de droits de tierce-parties. En particulier, la Banque n’offre aucune garantie et ne fait aucune déclaration quant à l’exactitude, l’exhaustivité, la fiabilité ou le caractère « actualisé » des éléments du contenu. La Banque ne peut, en aucun cas, notamment en cas de négligence, être tenue pour responsable d’un préjudice ou dommage, d’une obligation ou d’une dépense dont on ferait valoir qu’ils sont consécutifs à l’utilisation de cette publication ou au recours à son contenu. Cette publication peut contenir des avis, opinions et déclarations provenant de diverses sources d’information et fournisseurs de contenu. La Banque n’affirme ni ne se porte garante de l’exactitude, l’exhaustivité, la fiabilité ou le caractère « à jour » d’aucun d’entre eux ni d’aucun autre élément d’information provenant d’une source d’information quelconque ou d’un fournisseur de contenu, ni d’une autre personne ou entité quelle qu’elle soit. Le lecteur s’en sert à ses propres risques. À propos de la BAD Le Groupe de la Banque africaine de développement a pour objectif premier de faire reculer la pauvreté dans ses pays membres régionaux en contribuant à leur développement économique durable et à leur progrès social. À cet effet, il mobilise des ressources pour promouvoir l’investissement dans ces pays et leur fournit une assistance technique ainsi que des conseils sur les politiques à mettre en œuvre. À propos de l'Évaluation Indépendante du Développement (IDEV) L’évaluation indépendante du développement a pour mission de renforcer l’efficacité des initiatives de développement de la Banque dans ses pays membres régionaux par l’exécution d’évaluations indépendantes et influentes et par des partenariats pour l’échange de connaissances. Évaluation indépendante du développement (IDEV) Groupe de la Banque africaine de développement Avenue Joseph Anoma,01 BP 1387 Abidjan 01, Côte d'Ivoire Tél : +225 20 26 20 41 Courriel : idevhelpdesk@afdb.org idev.afdb.org Conception graphique : CRÉON – www.creondesign.net
Table des matières Remerciements ii Sigles et acronymes v Résumé analytique 1 Introduction 7 Principales définitions 7 L’approche de la Banque et son appui au DCVA 7 Objet et portée de l’évaluation 8 Approche, méthodes et limites de l’évaluation 9 Performance de la grappe de projets 13 Pertinence 13 Efficacité 15 Inclusivité 18 Durabilité 19 Principaux enjeux et enseignements tirés 23 L’analyse exhaustive du DCVA à la conception du projet et son adaptation ultérieure durant l’exécution revêtent une importance capitale 23 Il est impératif de se soucier de la rentabilité tout au long de la CV 24 Portée et échelle appropriées 24 Assurer l’inclusivité dans le DCVA 25 Soutenir les avantages des interventions de DCVA 25 Annexes 29
Table des matières Liste des figures Figure 1 Vue d’ensemble des pays et des CV choisis pour les études de cas 9 Liste des encadrés Encadré 1 Définition des principaux termes 8 Encadré 2 Les stratégies de produit pays fournissent un cadre important pour le DCVA 13 Encadré 3 La non-participation des parties prenantes à l’analyse du DCVA ne permet pas de doter les interventions d’une portée et d’une échelle appropriées 15 Encadré 4 Exemples de résultats obtenus par les interventions des études de cas 16 Encadré 5 Le soutien des organisations et institutions ainsi que leurs interactions réciproques furent variés dans les études de cas 17 Encadré 6 Appui de la Banque pour accroître l’accès au financement 18 Encadré 7 Les résultats peuvent être renforcés dans les interventions de plus longue durée 18 Encadré 8 L’inclusivité requiert des efforts soutenus 19 Encadré 9 La durabilité de l’impact passe par des processus plus participatifs et l’analyse des CV 20
Sigles et acronymes v Sigles et acronymes BAD Banque africaine de développement OCDE Organisation de coopération Une évaluation groupée de projets IDEV et de développement économiques BLICRP Projet d’irrigation et de renforcement de la résilience climatique de Baixo Limpopo OP Organisation paysanne (Mozambique) PADEBL Projet d’appui au développement CCL Centre de collecte de lait de l’élevage bovin laitier (Rwanda) CIDP Projet de développement des PADIR Projet d’appui au développement infrastructures pour la noix de cajou des infrastructures rurales (RDC) (Zambie) PAIA-ID Projet d’appui aux infrastructures CV Chaîne de valeur agricoles dans la région de l’Indénié-Djuablin (Côte d’Ivoire) CVA Chaîne de valeur agricole PAPMV Programme d’appui au Plan Maroc vert DCV Développement des chaînes de valeur PAPNEEI Projet d’appui au Programme national DCVA Développement des chaînes de valeur d’économie d’eau d’irrigation (Maroc) agricoles RBL Regadio do Baixo Limpopo (Mozambique) DSP Document de stratégie pays RDC République démocratique du Congo IDEV Évaluation indépendante du développement SAPEC Projet d’amélioration de la productivité agricole des petits exploitants et du cadre KOSFIP Projet d’amélioration du rendement de commercialisation (Liberia) des petites exploitations agricoles de Kimira-Oluch (Kenya) SUCDEN Sucres et denrées (Côte d’Ivoire) LEAF Gestion intégrée des pêcheries et des Tdc Théorie du changement ressources en eau des lacs Édouard TIC Technologies de l’information et Albert (Ouganda) et de la communication LISP Programme d’appui aux infrastructures d’élevage (Rwanda)
Résumé analytique 1 Résumé analytique Une évaluation groupée de projets IDEV Introduction et objet/portée Quoique mis en œuvre avant la stratégie Nourrir de l’évaluation l’Afrique, les projets retenus comme études de cas ont démontré leur pertinence pour le DCVA du fait Ce document présente les principales conclusions de l’intérêt porté par la Banque au renforcement et leçons de l’évaluation groupée de neuf de l’agriculture commerciale. L’approche globale interventions menées par la Banque africaine de est largement appropriée et bien alignée sur les développement (BAD ou la Banque) dans les chaînes stratégies et programmes pays de la Banque, mais de valeur agricoles sur la période 2005–2016. Les les analyses du cadre de politique générale comme neuf études de cas se sont inscrites dans le cadre des opérations spécifiques aux chaînes de valeur de l’évaluation formative de l’« Appui de la BAD au laissent à désirer pour toutes les interventions développement des chaînes de valeur agricoles : étudiées. enseignements pour la stratégie Nourrir l’Afrique », achevée en décembre 2017. Les stratégies pays relatives aux produits de base servent de cadre important de DCVA et elles La démarche de développement des chaînes de gagneraient à être plus étroitement harmonisées valeur agricoles (DCVA) est déterminante pour la avec les interventions. Il ressort des études de cas stratégie de la Banque visant à Nourrir l’Afrique que les interventions ne sont pas toujours conçues (2016–2025). La Banque oriente de plus en plus son de manière à avoir une portée et une échelle portefeuille du secteur agricole vers le DCVA. adaptées aux besoins de la chaîne de valeur (CV). En particulier, les activités n’étaient pas suffisamment L’objet de cette évaluation est double : a) évaluer la ciblées sur les besoins les plus pertinents et les performance des approches suivies par les projets interventions sont souvent trop brèves pour influer de la Banque par rapport au DCVA en termes de sur la dynamique des CV. pertinence, d’efficacité, d'inclusivité et de durabilité ; et b) tirer des enseignements utiles susceptibles de servir à la conception de nouvelles initiatives de Efficacité DCVA et à l’amélioration des interventions en cours. Les interventions de la Banque en matière de CV font généralement montre d’efficacité par Performance de la grappe de projets rapport aux objectifs déclarés de hausse de la production et d’amélioration de l’accès physique Pertinence aux marchés ; ils manquent, par contre, de cohérence pour ce qui est des résultats globaux Les projets se sont révélés fort pertinents pour de DCVA. les stratégies des pays membres et de la Banque ainsi que pour les besoins de la population Chaque étude de cas a affiché des résultats positifs cible. Cependant, l’analyse et la conception des concernant la commercialisation de l’agriculture approches de DCVA ont montré plusieurs limites. pour les petits producteurs. Si l’augmentation des
2 Renforcer les chaînes de valeur agricoles pour nourrir l’Afrique – Rapport d’évaluation groupée rendements, l’amélioration de la productivité, la Accompagnement adéquat des entreprises. hausse des revenus, la création d’emplois et la Quelques interventions ont fourni un appui pour diversification des produits figuraient parmi les permettre aux acteurs des CV d’avoir accès au résultats positifs, la création de valeur ajoutée soutien approprié pour les entreprises (par exemple, était moins manifeste. Les études de cas ont mis au Rwanda, au Kenya et au Mozambique), même si, en lumière l’importance d’une action systématique rapporté au groupe de projets dans son ensemble, inscrite dans la durée dans un secteur donné, à ce soutien était insuffisant. des points d’intervention multiples, pour obtenir des résultats meilleurs à ceux que peuvent laisser Accès au financement. Le concours fourni par espérer des interventions à court terme. la Banque pour faciliter l’accès au financement, portant sur une gamme de services d’intermédiation La Banque apporte un appui à certains financière, était évident. Lorsque l’accès au catalyseurs identifiés pour la réussite du DCVA, financement s’est amélioré, des résultats positifs ont mais elle ne fournit pas en général un soutien été obtenus. complet aux produits ciblés d’une manière qui permettrait d’atteindre les résultats escomptés. Les problèmes de conditionnement peuvent Inclusivité être réglés grâce à la collaboration avec des partenaires, mais le manque de soutien complet Dans toutes les études de cas, les interventions compromet les résultats. de DCVA ont intégré dans leur conception certains éléments propres à améliorer l’inclusivité, mais, Disponibilité d’infrastructures et de technologies dans la réalité, la répartition équitable des avantages de l’information et de la communication (TIC) n’a pas été au rendez-vous. appropriées. En règle générale, la Banque a privilégié l’infrastructure et contribué au DCVA, mais Sept sur les neuf interventions comprenaient des l’infrastructure créée n’a pas toujours été adéquate caractéristiques (quotas) destinées à assurer la pour répondre aux besoins prioritaires des acteurs participation des femmes et, dans certains cas, des des CV. Le recours aux TIC, en particulier pour jeunes. Les indicateurs et les données appropriées améliorer l’accès à l’information sur les marchés, pour mesurer l’inclusivité n’étaient généralement est un domaine qui doit être renforcé. pas présents dans les interventions et aucune donnée probante à l’appui des quotas et des taux Partenariats et liens dans une CV. Dans les cas de participation n’a été trouvée pour attester la qui ont le mieux réussi, des partenariats ont été répartition équitable des avantages entre tous les forgés entre producteurs et acteurs du secteur privé, acteurs des CV. comme pour les produits laitiers au Rwanda et le cacao en Côte d’Ivoire. Cependant, le renforcement institutionnel et les partenariats ont été faibles dans Durabilité tous les cas étudiés, ce qui a eu une incidence négative sur l’atteinte des effets sur la CV. La durabilité des avantages procurés par les interventions de DCVA est difficile à évaluer et Cadre réglementaire porteur. Seules trois sur les reçoit peu d’attention. neuf études de cas (Maroc, Ouganda et Rwanda) ont soutenu des politiques et des réglementations Chaque étude de cas a soulevé la préoccupation favorables. Dans les autres, l’application de la comme quoi la durabilité des interventions de la réglementation et l’élaboration de normes de qualité Banque n’a pas reçu suffisamment d’attention, du auraient renforcé la performance. stade de conception à la stratégie de sortie. Les
Résumé analytique 3 mesures de durabilité n’ont pas été incluses dans les flexibilité de saisir les opportunités ou de faire données de suivi et d’évaluation. face aux risques induits par les changements intervenus dans les contextes et les marchés Dans l’ensemble, la durabilité des résultats des permet à l’intervention d’atteindre les effets investissements est jugée improbable, faute de recherchés. Une évaluation groupée de projets IDEV planification des mécanismes institutionnels de nature à soutenir les opérations en cours au-delà de ❙❙ Chaque étude de cas de CV a fonctionné à sa la période d’exécution du projet. manière et a nécessité une infrastructure et des processus spécifiques. Par exemple, la L’entretien des installations, le développement conception des installations pour les abattoirs des capacités, la durabilité institutionnelle et en RDC n’a rien à voir avec celle des centres de socioculturelle constituent autant de domaines à transformation de la noix de cajou en Zambie ou améliorer dans toutes les études de cas. des installations de transformation du poisson en Ouganda. Les problèmes environnementaux et la croissance verte ne reçoivent pas une attention suffisante ❙❙ L’analyse du DCVA porte sur l’évaluation de la comme préoccupations systématiques dans les viabilité en termes de rentabilité, mais elle doit interventions. également s’intéresser à d’autres valeurs pour tester la faisabilité des interventions, comme l’amélioration des bases de ressources – Principaux enjeux et enseignements favorisant la diversification, les gains d’efficience, tirés une meilleure intégration à la chaîne de valeur, des pratiques de travail plus sûres pour les L’intérêt que la Banque porte au DCVA est naissant acteurs de la chaîne de valeur ou permettant et n’est pas encore parvenu à maturité. Les études de mettre un nouveau produit sur le marché en de cas démontrent les possibilités considérables fonction de la demande du marché (par exemple, qui existent de renforcer la démarche de DCVA le cacao en Côte d’Ivoire ou la noix de cajou en dans les stratégies et opérations de la Banque. Zambie). Les enseignements tirés de l’évaluation pourraient contribuer à guider et consolider ce processus. ❙❙ L’exécution des interventions doit répondre aux signaux du marché et les analyses initiales L’analyse exhaustive du DCVA à la conception doivent être régulièrement revues pour vérifier du projet et son adaptation ultérieure durant si elles sont toujours pertinentes. En Zambie par l’exécution revêtent une importance capitale. exemple, les projets prévoyaient d’investir dans des installations de transformation à grande Enseignement 1 : Une analyse insuffisante dans la échelle, mais il a été déterminé en cours de mise conception du DCVA compromet l’atteinte des effets en œuvre que plusieurs installations de petite et de l’impact, tandis qu’une analyse exhaustive de taille pourraient être plus efficaces. la CV guide la mise en œuvre et la réactivité aux changements survenant dans les marchés et les Il est crucial de se soucier de la rentabilité tout contextes. au long de la chaîne de valeur. ❙❙ Les interventions sont pertinentes et efficaces Enseignement 2 : Les interventions de DCVA lorsqu’elles prennent appui sur une analyse fortement axées sur la hausse de la production de solide de la CV et que la conception est adaptée produits de base sans se préoccuper suffisamment au contexte local. Pendant la mise en œuvre, la de l’efficience du système de production et de la
4 Renforcer les chaînes de valeur agricoles pour nourrir l’Afrique – Rapport d’évaluation groupée chaîne de valeur dans son ensemble subiront des technique pour la hausse des rendements. Si pertes financières et économiques nettes. l’un de ces intrants n’avait pas été disponible, les résultats n’auraient pas été aussi solides. ❙❙ Si les interventions ne créent pas de valeur ajoutée le long de la chaîne pour autant ❙❙ Dans le secteur de la pêche en Ouganda, le d’acteurs que possible, l’amélioration sur un projet actuel aurait besoin d’un échéancier maillon de la chaîne pourra ne pas recueillir le plus long pour faire face aux responsabilités soutien des autres, entraînant inefficacités et de gouvernance complexes afin d’assurer une pertes nettes. Une analyse systématique de la meilleure protection des ressources ainsi que la CV (voir enseignement 1) identifiera clairement croissance du secteur. les endroits où les interventions sont de nature à renforcer les avantages sur l’ensemble de la ❙❙ La portée et l’échelle différaient lorsque chaîne de valeur pour tous les acteurs. l’intervention était centrée sur une chaîne de valeur indépendante comme le cacao en Côte ❙❙ Le souci de rentabilité suppose l’innovation d’Ivoire (approche unique) ou la culture de la technique dans la production, la transformation tomate au Kenya, qui était fortement liée à et la commercialisation. Cela implique d’aller d’autres productions horticoles intensives et au-delà des rendements de produits et de nécessitait une forte réactivité par rapport au transformation pour s’intéresser aux mécanismes marché. de distribution et à l’efficacité de l’information sur les marchés, aux prix, au conditionnement, à la ❙❙ La nécessaire chronologie des effets n'est qualité et aux mécanismes de retour d’information souvent pas correctement prise en compte dans des consommateurs afin d’améliorer la réponse à la planification du projet ; au Liberia par exemple, la demande du marché. Cela permet de réaliser où la priorité accordée à la production dès le des bénéfices réels pour les acteurs de la chaîne début du projet a entraîné l’augmentation de la de valeur ciblée, y compris les producteurs et les production, mais le soutien du marché n’a pas transformateurs. été suffisamment développé pour absorber l’offre accrue. Portée et échelle appropriées Assurer l’inclusivité dans le DCVA Enseignement 3 : L’expérience des études de cas montre que les interventions de DCVA efficaces Enseignement 4 : Des efforts soutenus, concertés nécessitent une planification réaliste tenant compte et ciblés à toutes les étapes de la conception et de la de la pertinence du champ d’action en termes de mise en œuvre du DCVA sont essentiels pour assurer temps requis pour permettre la maturation des l’inclusivité. Des processus facilitant la participation activités, des acteurs de CV retenus pour le soutien, et des mécanismes assurant le partage équitable des de l’échelle des activités répondant à la demande du avantages favorisent une participation significative. marché et de l’échelonnement des activités. ❙❙ Les études de cas ont révélé que les quotas ❙❙ Les CV nécessitent des échéanciers spécifiques pour les groupes cibles sont courants, mais ne pour les investissements. Au Mozambique, le riz sont pas accompagnés de stratégies adéquates était tributaire de l’investissement dans l’irrigation, pour l’inclusion. Par exemple, alors qu’une mais il fallait aussi prendre en compte le crédit participation des femmes de 50 % avait été pour la préparation des champs et le soutien ciblée en Ouganda, l’étude de cas a trouvé que
Résumé analytique 5 les femmes étaient pratiquement « invisibles » garanti (Zambie) et les modalités de gestion des pour les décideurs politiques au moment de sites de débarquement du poisson n’étaient pas l’établissement des priorités de développement clairement préétablies avant l’aménagement des du secteur de la pêche et que les préoccupations sites en Ouganda. Faute de modalités de gestion concernant leur rôle dans la commercialisation claires et de partenaires d’exécution disposés à Une évaluation groupée de projets IDEV de certaines variétés de poisson n’ont pas prises fournir des ressources et un appui, la durabilité en compte dans l’intervention. des investissements est menacée. ❙❙ Les avantages pour les groupes vulnérables n’ont ❙❙ L’environnement devrait recevoir l’importance pas été assurés. En RDC, la chaîne de valeur de qui lui revient en tant que ressource majeure la viande offre des opportunités limitées aux dans le DCVA et plus d’attention devrait être ménages pauvres, car ils sont plus susceptibles portée aux opportunités de croissance verte, de pratiquer l’élevage de volailles et de petits ainsi qu’à l’agriculture durable et à la protection ruminants et ont moins de chances de bénéficier de l’environnement. En Ouganda, l’incertitude du soutien largement fourni aux producteurs de entourant la viabilité des ressources halieutiques viande bovine. suscite des préoccupations quant à la durabilité globale de l’appui au projet. ❙❙ Le ciblage délibéré a contribué à l’obtention de résultats positifs, comme dans l’intervention de ❙❙ Au Kenya, l’étude de cas a montré que la fourniture d’une vache par famille pauvre au durabilité des impacts sur le DCVA devrait être Rwanda. improbable car peu d’attention est accordée à des aspects tels que la participation du secteur Soutenir les avantages des interventions privé et l’accès au financement. En conséquence, de DCVA. de nombreux exportateurs et commerçants ne sont plus impliqués dans les transactions Enseignement 5 : La durabilité des avantages des commerciales avec les agriculteurs et les interventions de DCVA passe par un train de mesures ménages, et les avantages du projet se sont d’accompagnement exhaustif, faisant appel au évanouis. partenariat avec le secteur privé, les pouvoirs publics et d’autres acteurs du développement. ❙❙ Au Rwanda, l’engagement des producteurs et des opérateurs commerciaux tout au long de la ❙❙ La durabilité des infrastructures telles que chaîne et le soutien accru à tous les maillons de les réseaux d’irrigation posait problème la chaîne ont permis de répartir les avantages (Kenya, Maroc) en raison des responsabilités entre les acteurs de la CV. Le développement imprécises et du manque de ressources pour des capacités des organisations de producteurs, la maintenance ; de même, l’accès aux zones l’adoption de normes et de lignes directrices a rurales grâce à l’entretien routier n’était pas contribué aux chances de durabilité.
Photo: © BAD
Introduction 7 Introduction Une évaluation groupée de projets IDEV L’Évaluation indépendante du développement Cette première section du rapport présente les (IDEV) du Groupe de la Banque africaine de principales définitions du DCVA, le contexte de développement (la Banque) a récemment adopté l’approche et du soutien de la Banque au DCVA, une approche groupée d’évaluation des projets et le cadre général de cette évaluation groupée, pour les domaines thématiques prioritaires. notamment son objet, sa portée, son approche, sa Le présent rapport a trait aux interventions de méthodologie et ses limites. La deuxième section développement des chaînes de valeur agricoles du rapport décrit la performance de la grappe de (DCVA) dans le contexte de la stratégie Nourrir projets par rapport aux critères d’évaluation. Enfin, l’Afrique. Il accompagne une évaluation thématique la troisième section détaille les principaux enjeux et du DCVA qui comprend une revue de la littérature, les enseignements tirés des études de cas qui sont une revue du portefeuille, une série de neuf études susceptibles d’éclairer la conception et la mise en de cas pays et un rapport de synthèse. Cette œuvre des interventions futures de DCVA. évaluation présente les enseignements tirés des neuf études de cas pays axées sur les interventions de développement agricole liées à la chaîne de Principales définitions valeur (CV) mises en œuvre par la Banque sur la période 2005–2016, y compris les interventions L’évaluation s’est inspirée des définitions de CV achevées et en cours. qu’utilisent la Banque mondiale et le FIDA1, en les affinant pour tenir compte du contexte de la Banque L’évaluation du concours de la Banque au DCVA visait et de la stratégie Nourrir l’Afrique (Encadré 1). les objectifs suivants : a) apprécier la pertinence, l’efficacité, la durabilité et l’inclusivité de l’appui de la Banque au développement des chaînes de valeur ; L’approche de la Banque et son appui et b) exposer les enseignements tirés et fournir des au DCVA recommandations pour la conception et la mise en œuvre des interventions de chaîne de valeur Le secteur agricole a toujours constitué une agricole associées à la stratégie Nourrir l’Afrique. priorité pour le soutien de la Banque aux moyens Cette évaluation groupée ou en grappe s’intéresse d’existence et à la sécurité alimentaire, passant en particulier à la performance des projets agricoles d’habitude par l’appui aux infrastructures pour dans la mise en œuvre d’approches alignées sur favoriser le développement agricole et rural. La le DCVA et analyse pourquoi les résultats attendus première mention des chaînes de valeur dans les ont été atteints ou non, afin de tirer des leçons stratégies de la Banque apparaît dans la Stratégie pertinentes. Pour chaque étude de cas pays, les à long terme (2013–2022)2 ; toutefois, une revue principales questions d’évaluation cherchent à du portefeuille de l’évaluation a révélé qu’il y déterminer si les interventions sont pertinentes dans avait des indications antérieures d’une approche leur orientation et leur approche du DCVA, si elles de plus en plus commerciale et durable du ont produit des résultats de développement durables développement agricole dans les opérations de la avec l’efficacité voulue et si elles sont inclusives Banque3. De même, les stratégies pays et projets (favorables aux pauvres, aux femmes et aux jeunes) récentes utilisent de plus en plus la terminologie et encouragent la croissance verte. de DCVA4.
8 Renforcer les chaînes de valeur agricoles pour nourrir l’Afrique – Rapport d’évaluation groupée Encadré 1 : Définition des principaux termes Chaîne de valeur agricole (CVA) – La CVA décrit une chaîne spécifique, coordonnée et collaborative comprenant le réseau d’acteurs requis pour produire et transformer une denrée ou un produit agricole particulier. Dans chaque segment, la valeur est ajoutée à mesure que le produit est déplacé et/ou modifié et commercialisé en réponse à la demande des consommateurs. Développement de la CVA (DCVA) – Dans le contexte de la Banque africaine de développement et de la stratégie Nourrir l’Afrique, le DCVA comprend l’identification, l’analyse complète, le soutien ciblé et l’atténuation des risques pour une ou plusieurs chaînes de valeur spécifiques en mesure de générer des avantages pour l’ensemble des acteurs intervenant dans l’approvisionnement, la production, le stockage, le transport, la transformation, la commercialisation et la consommation, un accent particulier étant mis sur les approches inclusives génératrices d’avantages supplémentaires pour les petits agriculteurs, les femmes et les jeunes. Chaîne de valeur mondiale (CVM) – La CVM décrit la gamme complète d’activités entreprises pour amener un produit ou un service de sa conception à son utilisation finale et la manière dont ces activités se répartissent dans l’espace géographique et à travers les frontières internationales. Cela peut comprendre l’approvisionnement d’une entreprise en intrant dans un autre pays pour sa propre transformation ou même sa production d’exportation pour un autre pays. Les grandes CVM sont affectées par nombre de facteurs complexes, en particulier la réglementation transfrontalière, les normes de biosécurité et les délais très serrés. La stratégie Nourrir l’Afrique (2016–2025)5 marque un Objet et portée de l’évaluation tournant stratégique pour la Banque qui, désormais, voit dans l’agriculture l’une de ses grandes priorités Cette évaluation a pour but de : a) fournir au Conseil et doit porter un intérêt tout particulier au DCVA. La d’administration et à la Direction de la Banque des stratégie ambitionne de transformer l’agriculture en données probantes, crédibles et exploitables sur un secteur agroalimentaire compétitif et inclusif qui la performance des projets agricoles suivant des crée de la richesse, améliore les conditions de vie approches alignées sur le DCVA ; et b) communiquer et préserve l’environnement. Les interventions de la aux responsables et aux personnels opérationnels Banque dans le DCVA ont pour but ultime de réduire la de la Banque et autres parties prenantes les pauvreté, d’améliorer la sécurité alimentaire et d’aider enseignements utiles de nature à inspirer la l’Afrique à devenir exportatrice nette de produits conception et la mise en œuvre de l’appui de la alimentaires. L’inclusion représente une préoccupation Banque au DCVA dans la réalisation de la stratégie majeure, afin de s’assurer que les avantages du DCVA Nourrir l’Afrique. atteignent les agriculteurs pauvres, les femmes et les jeunes. La stratégie Nourrir l’Afrique préconise La performance de l’approche de DCVA est une approche de DCVA intégrée, mettant le secteur essentiellement évaluée au regard de trois critères de privé au cœur du processus de développement, l’Organisation de coopération et de développement tout en veillant à ce que le secteur public facilite les économiques (CAD-OCDE) – pertinence, efficacité et investissements dans le secteur agricole, notamment durabilité – adaptés au souci d’apprentissage dans au service des petits agriculteurs et des petites et le contexte de l’intérêt nouveau de la Banque pour moyennes entreprises (PME). La Banque est censée le DCVA. Les questions ci-après ont été adaptées à jouer un rôle de catalyseur, de concepteur et d’agent partir de ces critères : pour l’amplification des succès rencontrés dans les chaînes de valeur de produits spécifiques en œuvrant ❙❙ Dans quelle mesure l’appui de la Banque au en synergie avec d’autres partenaires. La stratégie secteur agricole est-il axé sur le développement Nourrir l’Afrique adopte une démarche axée sur des des chaînes de valeur ? produits spécifiques pour l’investissement dans les CV, en répertoriant les produits spécifiques à la région ❙❙ Dans quelle mesure les interventions de et prioritaires à l’échelle de l’Afrique. développement de CV ont-elles été efficaces
Introduction 9 dans l’obtention de résultats de développement (manioc) ; Côte d’Ivoire (cacao) ; RD Congo (viande) ; durables ? Ouganda (poisson) ; Kenya (tomate) ; Rwanda (produits laitiers) ; Zambie (noix de cajou) ; et Mozambique (riz). En outre, la performance est évaluée en termes Les pays ont été choisis en fonction de la couverture d’inclusion et de croissance verte, qui sont des régionale, de l’ampleur des activités de DCVA et d’un Une évaluation groupée de projets IDEV priorités importantes pour la Banque, en réponse à projet axé sur un produit prioritaire pour la stratégie une troisième question : Nourrir l’Afrique. Les caractéristiques du projet sont résumées à l’Annexe 2 6. ❙❙ Dans quelle mesure les interventions de développement de CV ont-elles été inclusives (favorables aux pauvres, aux femmes et aux Approche, méthodes et limites jeunes) et encouragé la croissance verte ? de l’évaluation L’évaluation a porté sur neuf études de cas pays Approche – L’évaluation du DCVA a été conçue d’interventions de développement agricole liées aux comme une évaluation formative (d’apprentissage) CV, mises en œuvre par la Banque sur la période dont seraient tirés des enseignements susceptibles 2005–2016, qu’elles soient achevées ou toujours de servir à la conception de nouvelles interventions en cours. Les pays couverts et les CV examinées lors et de démontrer les modifications éventuelles à de l’évaluation sont les suivants : Maroc (blé) ; Liberia apporter aux interventions en cours conformément Figure 1 : Vue d’ensemble des pays et des CV choisis pour les études de cas Maroc Blé Ouganda Poisson Liberia Manioc Kenya Tomate Côte d’Ivoire Cacao Rwanda Lait RD Congo Viande Mozambique Riz Zambie Noix de cajou
10 Renforcer les chaînes de valeur agricoles pour nourrir l’Afrique – Rapport d’évaluation groupée aux bonnes pratiques. Un projet de théorie du critères de pertinence, d’efficacité, de durabilité et changement (Tdc) a été élaboré pour exposer les d’inclusivité. voies par lesquelles l’appui de la Banque au DCVA devrait atteindre les produits, les effets et les impacts Les études de cas de DCVA comportaient les limites souhaités pour contribuer, en définitive, à la vision et suivantes : aux objectifs de la stratégie Nourrir l’Afrique. Le projet de Tdc a été appliqué aux neuf études de cas et des ❙❙ Un grand nombre des projets étudiés ont été Tdc individuelles ont été développées pour chacune identifiés avant l’approbation de la stratégie des neuf études de cas, puis testées pendant le Nourrir l’Afrique. Dans ces conditions, processus d’étude de cas. Il importe d’observer que l’évaluation de la contribution de l’intervention les études de cas n’ont pas évalué la performance au développement de CV spécifiques n’était pas globale des projets, mais plutôt la mesure dans toujours explicitement énoncée ou voulue. laquelle l’approche de DCVA a été appliquée. Les conclusions ont ensuite éclairé la révision de la Tdc ❙❙ Dans nombre de cas, il n’y avait pas de données globale. La Tdc finale obtenue est illustrée à l’Annexe pertinentes/ fiables, de statistiques et d’analyses 1 et ses composantes sont décrites en détail dans le techniques concernant la CV à l’étude ; les rapport de synthèse principal de l’évaluation. données/informations étaient parfois désuètes ou incomplètes. Les neuf études de cas se sont servies d’un protocole de collecte de données commun pour ❙❙ Le nombre d’entretiens et/ou de discussions de recueillir les données quantitatives et qualitatives sur groupe a été limité en raison du délai relativement la performance des projets respectifs. Les données bref alloué aux visites sur le terrain. Bien que tous ont été générées à partir de sources multiples et les types pertinents de parties prenantes aient grâce à différentes méthodes de collecte : a) examen été généralement consultés dans chaque étude de la littérature pertinente et des documents de la de cas, le recoupement des informations n’a BAD ; b) entretiens et discussions de groupe avec les pas été optimal. Les CV complexes telles que le principales parties prenantes (à l’intérieur comme cacao, le blé ou le riz nécessiteront plus de temps en dehors de la Banque) ; et c) visite des sites des pour l’analyse. projets sur le terrain. ❙❙ Les études de cas ont fait apparaître une La méthodologie d’évaluation en grappe a grande variété d’approches, où la plupart des consisté à passer en revue les neuf rapports interventions ne suivaient pas un ensemble d’études de cas pays. Elle a également été éclairée particulier de lignes directrices ou de normes de par un rapport de synthèse des études de cas, pratique en fonction desquelles la performance ainsi que par le rapport principal d’évaluation du aurait pu être évaluée. Cette limite a été atténuée DCVA. Ce dernier a fait la synthèse de la revue de grâce à la Tdc générée à partir des études de littérature et du portefeuille en plus des études de cas, qui a été utilisée pour évaluer les chances cas, et fourni une évaluation de la performance que les interventions avaient d’atteindre les effets de l’appui de la Banque au DCVA au regard des escomptés en rapport avec le DCVA.
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Performance de la grappe de projets 13 Performance de la grappe de projets Une évaluation groupée de projets IDEV Pertinence en Zambie, l’Association des producteurs de noix de cajou de Zambie a élaboré une stratégie nationale de Les études de cas font montre de pertinence développement de la noix de cajou pour la période pour le DCVA en harmonie avec les stratégies 2013–2017 ; et en RDC, les investissements dans pays et les approches de bonnes pratiques. le secteur de la viande sont largement axés sur Toutefois, la pertinence des CV est affaiblie par des projets. Or, c’est à peine si les documents de l’absence d’analyse complète des CV. L’approche stratégie pays de la Banque relatifs aux études de globale de DCVA est largement appropriée cas faisaient référence à la stratégie nationale pour et bien alignée sur les stratégies pays, mais les le secteur ou le produit ou s’ils faisaient référence analyses approfondies du cadre de politique à une approche de CV ou même à un appui à la générale et des opérations de CV spécifiques CV (Encadré 2)7. Au contraire, ils mettent un accent présentent des lacunes. particulier sur la dimension d’infrastructure plutôt que sur la dimension de CV, bien qu’une grande Toutes les études de cas ont montré que le produit partie de l’infrastructure au niveau du projet ait prioritaire ciblé par la Banque correspondait aux néanmoins été choisie pour avoir un impact sur les priorités nationales et cadrait avec leur potentiel CV agricoles. d’atteindre les petits agriculteurs et de leur profiter. Dans chaque pays, le ministère ou l’organisme L’absence d’analyse systématique des CV aboutit sectoriel compétent avait déjà effectué une à une identification inadéquate des besoins de analyse stratégique du potentiel du DCV au sein soutien spécifiques : l’analyse des CV dans les du marché des produits de base et de la chaîne interventions des études de cas s’est révélée limitée. d’approvisionnement, mais l’ampleur de l’analyse Cela a influé sur l’identification des interventions variait considérablement. En Côte d’Ivoire par les plus appropriées et l’établissement des priorités exemple, il existe une stratégie globale pour le cacao ; respectives pour le soutien de la Banque aux CV. Une Encadré 2 : Les stratégies de produit pays fournissent un cadre important pour le DCVA Pour bon nombre de produits examinés dans les études de cas, une stratégie nationale d’appui sert de cadre général d’exécution du projet (par exemple, la Stratégie nationale de développement de la noix de cajou (2013–2017) en Zambie, la Loi sur le poisson 2004 en Ouganda, le Programme national de développement du riz au Mozambique (à venir), la Stratégie nationale de 2013 pour le secteur laitier au Rwanda, la Stratégie nationale de 2010 pour le secteur du manioc au Liberia, le Programme quantité, qualité et croissance (2QC, 2014–23) pour le cacao en Côte d’Ivoire). Cependant, les stratégies ne sont pas toujours à jour (la pêche en Ouganda par exemple) ou peuvent encore être en cours d’élaboration (le riz au Mozambique par exemple). En outre, les stratégies peuvent manquer d’aspects importants pour le DCVA. En Zambie par exemple, la stratégie semble avoir été élaborée sans participation externe et elle est donc centrée sur les aspects techniques de production et de transformation de la noix de cajou, tandis que la commercialisation et l’organisation de la CV occupe une place limitée. Le Maroc offre un bon exemple de stratégie nationale solide et ciblée de développement des CV qui rejaillit favorablement sur le développement de la filière du blé et sert de base d’analyse des CV.
14 Renforcer les chaînes de valeur agricoles pour nourrir l’Afrique – Rapport d’évaluation groupée conclusion commune aux études de cas est que, bien et la commercialisation. Bien que le terme de que les parties prenantes des CV disposent d’une « chaîne de valeur » commence à être beaucoup plus grande quantité de connaissances sur les différentes fréquemment utilisé dans les documents de la Banque, CV prises en charge, ces connaissances ne sont pas les équipes pays n’ont pas encore totalement adopté toujours clairement répertoriées et inscrites dans le l’approche de CV préconisée par la stratégie Nourrir contexte du soutien de la Banque. Les études de cas l’Afrique, qui encourage la création de valeur ajoutée. ont fait apparaître qu’aucune des CV soutenues par la Les études de cas montrent que les étapes menant Banque n’a bénéficié d’une analyse systématique de à la commercialisation ont commencé, mais que CV (assortie d’une carte des parties prenantes, une l’engagement des acteurs du marché ou la réactivité d’une carte de répartition de la valeur ajoutée, des face à la demande du marché sont insuffisants pour calculs du coût de production ou d’une analyse du permettre aux projets de se départir de la priorité à la potentiel des sous-produits). Ce n’est qu’en Zambie production. Habituellement, beaucoup d’attention est que la stratégie sectorielle comporte un soupçon accordée à l’amélioration des activités spécifiques d’analyse des CV. Au moment de la conception, on s’est de CV (comme l’approvisionnement en intrants, les peu soucié de savoir comment les agriculteurs, les semences, le crédit, la vulgarisation), mais beaucoup femmes ou les jeunes les plus pauvres en profiteraient, moins à l’optimisation des interactions et de la à part l’introduction de quotas. En outre, l’étude de cas rentabilité des agents de CV. Il y a aussi peu d’intérêt de Zambie a identifié des opportunités potentielles pour les possibilités techniques d’ajouter de la valeur qui n’ont pas été analysées, comme la qualité de et de créer des avantages de marché et de prix pour la noix ou les méthodes de production (commerce les producteurs primaires. Cela n’a pas de quoi équitable, commerce biologique), les modalités de surprendre, vu que presque toutes les interventions transformation de la noix de cajou (pâte, gâteaux) ou actives ont été élaborées avant l’adoption de la même les sous-produits (huile de coquille, purée). Le stratégie Nourrir l’Afrique. niveau d’analyse au cours de la phase d’identification des interventions étudiées ne permet pas de La conception s’améliorerait si la portée des déterminer les entraves majeures au développement interventions et les approches gagnaient en des CV dans le contexte du produit concerné. En pertinence. Les interventions et les approches conséquence, certains rapports d’études de cas pays utilisées n’avaient pas toujours une portée et une ont conclu, comme en RDC en particulier pour les échelle appropriées, en grande partie faute de petits producteurs de viande, que les interventions de participation des parties prenantes à la conception la Banque ne se sont pas attaquées aux principaux et à la mise en œuvre des interventions (Encadré 3). obstacles rencontrés par la CV soutenue. Ce manque d’analyse a également suscité des questions quant à la pertinence des groupes cibles Concentration excessive sur les volumes de retenus et des activités ou infrastructures soutenues production plutôt que sur la valeur ajoutée, dans certaines interventions (par exemple, la taille la rentabilité et la réactivité des marchés. des producteurs de riz au Mozambique, la taille Une conséquence importante du manque d’analyse des infrastructures de noix cajou en Zambie et le est que toutes les interventions accordent beaucoup choix sous-optimal du mode des infrastructures d’intérêt à la production et relativement peu d’irrigation pour les producteurs de tomate au d’attention à la valeur ajoutée susceptible d’être Kenya). Au Maroc, les secondes phases des deux créée aux stades de transformation, de stockage projets ont été récemment préparées et ont établi et de commercialisation (noix de cajou, cacao, riz). des liens explicites avec le développement des CV, Les approches de CV étaient généralement mal bien qu’elles ne se soient pas concentrées sur une comprises, poussant à s’appesantir excessivement CV spécifique. De plus, les études de cas ont montré sur la production au lieu de privilégier la création de que le délai alloué aux interventions était insuffisant valeur ajoutée en encourageant la transformation pour consolider les résultats.
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