Secret professionnel à l'école - Circulaire et brochures

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Circulaire et brochures

                    Secret professionnel à l'école
                                                                                                                         par Corinne Villée *

                    La circulaire PLP 41 a également posé la question du respect de la vie privée du
                    jeune, du secret professionnel ou du devoir de discrétion des intervenants et de la
                    transmission des informations. Parallèlement, l'administration de la Communauté
                    française a diffusé à l'intention des établissements scolaires et des centres PMS
                    deux brochures relatives au secret professionnel (pistes de gestion à l'intention des
                    centres PMS et à l'intention des enseignants), basées notamment sur une analyse
                    juridique de leur service. Ces différents documents nous amènent à nous pencher
                    sur cette question spécifique et à en faire le point.

        Qui est tenu au secret                  Le principe institué par l'article 458 du               - l'intérêt social et l'ordre public : il
                                                Code Pénal est donc bien une obliga-                       est de l'intérêt de tous qu'il puisse
        professionnel ?                         tion de se taire, au risque de sanctions                   exister des endroits où chacun peut
                                                pénales pour celui qui ne la respecte                      se confier en toute liberté. L'intérêt
     Ces brochures ont donc l'ambition de       pas. Cette obligation garantit que le de-                  public et l'ordre social commandent
     servir de cadre de référence pour les      mandeur ne va pas craindre, s'il                           aux autorités de mettre leurs admi-
     agents des centres PMS et les ensei-       s'adresse à un professionnel, que ce                       nistrés à l'abri de situations généra-
     gnants dans leurs relations de travail.    dernier révèle ce qu'il lui a confié. Les                  trices de tension ou de crainte telles
     Elles commencent par préciser la por-      intervenants invoqueront donc cette                        qu'ils hésiteraient à se faire donner
     tée de l'article 458 du Code Pénal en      obligation pour refuser de parler si ce                    les soins ou à demander les conseils
     notant : «la portée générale de l'arti-    n'est le cas d'un témoignage en justice                    nécessaires à la sauvegarde de leur
     cle 458 du Code pénal entraîne qu'elle     et dans le cas où la loi les oblige à faire                santé ou de leur sécurité;
     est interprétée largement par les tri-     connaître ces secrets.                                  - l'intérêt particulier : chacun a droit
     bunaux. Cette interprétation élargie       La jurisprudence a effectivement ga-                       au respect de sa vie privée (article
     concerne les personnes soumises à          ranti une large interprétation de l'arti-                  12 de la Déclaration universelle des
     l'obligation énoncée dans la disposi-      cle 458 du Code Pénal en l'étendant à                      droits de l'Homme et article 8 de la
     tion : «l'article doit être appliqué in-   toutes personnes investies d'une fonc-                     Convention européenne des droits de
     distinctement à toutes les personnes       tion ou d'une mission de confiance. Il                     l'Homme).
     investies d'une fonction ou d'une mis-     était en effet important de garantir à                  Ces professionnels, appelés confidents
     sion de confiance, qui sont constituées    toute une série de professionnels, afin                 nécessaires, doivent avoir la garantie
     par la loi, la tradition ou les moeurs,    qu'ils puissent exercer adéquatement                    de pouvoir respecter le secret des con-
     dépositaires nécessaires des secrets       leur activité, une confidentialité totale.              fidences et faits dévoilés afin d'appor-
     qu'on leur confie».                        Ce professionnel doit pouvoir inspirer                  ter leur aide aux personnes demande-
     La Cour de cassation a donc adopté         une entière sécurité aux personnes qui                  resses. L'important n'est donc pas le
     une interprétation large en ce qui con-    doivent se confier à lui de telle sorte                 diplôme du professionnel mais bien la
     cerne les personnes soumises à l'obli-     que la mission sociale du profession-                   fonction ou la mission de confiance qui
     gation énoncée à l'article 458 du Code     nel ne soit pas compromise.                             lui est dévolue.
     pénal. Les travailleurs sociaux en gé-     Par ailleurs, les deux autres valeurs ga-
     néral et les psychologues sont à ran-      ranties par le secret professionnel sont :
     ger dans la catégorie des personnes
     dépositaires par état ou par profession
     des secrets qu'on leur confie. Ils sont
     donc tenus au secret professionnel».       *   Juriste au Service droit des jeunes de Bruxelles.

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Devoir de discrétion
                                                                                             et secret

      En pratique                             déjà à noter que cette analyse met sur      Par la suite, l'analyse de l'administra-
                                              un pied d'égalité des dispositions qui      tion fait référence au cas particulier de
Dans la brochure destinée aux centres         n'en sont pas. En effet, les conséquen-     la maltraitance et au décret du 12 mai
PMS, il est stipulé que : «les auxiliai-      ces juridiques d'une violation du Code      2004 relatif à l'aide aux enfants victi-
res sociaux, les auxiliaires paramédi-        pénal ou de dispositions statutaires ne     mes de maltraitance. Cette analyse note
caux, les auxiliaires psychopédagogi-         sont absolument pas du même ordre :         que le champ d'application du décret
ques, les conseillers psychopédagogi-         amende ou peine de prison dans le pre-      (article 1er) est très vaste et que par con-
ques et les directions des centres sont       mier cas et sanctions disciplinaires        séquent, les enseignants et le person-
à ranger dans la catégorie des person-        dans le second.                             nel des centres PMS sont donc bien
nes dépositaires par état ou par pro-                                                     compris dans le champ d'application de
                                              Lors de l'arrêté royal de 1969 et des
fession des secrets qu'on leur confie.                                                    ce décret. En effet, l'article 1er de ce
                                              décrets de 1993 et 1994, le législateur
Ils sont donc tenus au secret profes-                                                     décret entend par intervenant : «toute
                                              ne fait nulle part mention de l'article
sionnel».                                                                                 personne qui a pour profession ou pour
                                              458 du Code Pénal, ce qui semble tout
                                                                                          mission, même à titre bénévole ou tem-
Il paraît en effet clairement que les pro-    à fait logique. En effet, comme nous
                                                                                          poraire, de contribuer à l'éducation,
fessionnels d'un centre PMS doivent           l'avons vu, le secret professionnel a no-
                                                                                          la guidance psycho-medico-sociale,
pouvoir garantir la confidentialité des       tamment été prévu pour garantir la con-     l'aide à la jeunesse, la protection in-
informations qu'ils reçoivent des élè-        fidentialité des secrets confiés afin de
                                                                                          fantile, l'accueil, l'animation et l'enca-
ves et leur famille afin de pouvoir leur      permettre à toute une série de profes-      drement d'enfants». Cependant, le fait
apporter l'aide nécessaire dans leurs si-     sion de s'exercer. Or, dans le cadre des    d'être compris dans le champ d'appli-
tuations.                                     enseignants, leur mission principale est    cation de ce décret n'implique pas un
Dans la brochure à l'intention des en-        d'ordre pédagogique et consiste notam-      secret professionnel pour tous les in-
seignants, il est précisé que : «en ce        ment à la transmission d'un savoir.         tervenants tels que compris à l'article
qui concerne les éducateurs et les en-        Cette mission ne demande pas une ga-        458 du Code Pénal. En effet, l'article 3
seignants, leur statut leur impose de         rantie de confidentialité pour être exer-   de ce décret prévoit que : «§ 1er. Compte
ne pas «révéler les faits dont ils            cée. Dès lors, la mission de l'enseignant   tenu de sa mission et de sa capacité à
auraient eu connaissance en raison de         ne rentre pas dans l'interprétation faite   agir, l'intervenant est tenu d'apporter
leur fonction et qui auraient un carac-       de l'article 458 du Code Pénal.             aide et protection à l'enfant victime de
tère secret» (art. 10 de l'A.R. du            Cependant, dans le cadre de leur tra-       maltraitance ou à celui chez qui sont
22.03.1969, art. 18 de Décret du              vail, les enseignants peuvent être ame-     suspectés de tels mauvais traitements.
01.02.1993, art. 11 du Décret du              nés à connaître des faits secrets au su-    Si l'intérêt de l'enfant le requiert et
06.06.1994). Il ressort en outre de           jet de leurs élèves (par exemple : lors     dans les limites de la mission de l'in-
l'analyse menée par le Service juridi-        de l'inscription, l'école peut être mise    tervenant et de sa capacité à agir, l'aide
que de la Communauté française et             au courant du placement de l'élève;         est octroyée à sa famille ou à son mi-
celui de la Direction générale de l'en-       quand un élève est absent au cours de       lieu familial de vie. Cette aide vise à
seignement obligatoire qu'un ensei-           l'année en raison de maladies graves        prévenir ou à mettre fin à la
gnant, un éducateur d'école ou d'inter-       ou d'un placement en IPPJ, etc.). Ces       maltraitance.
nat et un chef d'établissement peuvent        différentes situations, l'enseignant les    § 2. Afin d'organiser cette aide, tout
être aux yeux de l'article 458 du Code        apprend dans le cadre de sa profession.     intervenant confronté à une situation
pénal assimilés «à des personnes dé-          Il était donc important, en dehors du       de maltraitance ou à risques peut in-
positaires par état ou par profession des     secret professionnel, de garantir une       terpeller l'une des instances ou servi-
secrets qu'on leur confie»».                  confidentialité à ces faits appris par la   ces spécifiques suivants aux fins de se
L'interprétation faite ici d'un secret pro-   force des choses. Les différentes dis-      faire accompagner, orienter ou relayer
fessionnel tel que définit à l'article 458    positions statutaires ont donc prévu un     dans la prise en charge : le centre psy-
du Code Pénal applicable aux ensei-           devoir de discrétion pour tous les faits    cho-médico-social, le service de pro-
gnants nous semble beaucoup plus ha-          ayant un caractère secret connus dans       motion de la santé à l'école, l'équipe
sardeuse. Elle ressort notamment d'une        le cadre de leur profession.                «SOS Enfants», le conseiller ou tout
analyse menée par la Direction géné-          Ce devoir de discrétion était important     autre intervenant compétent spécialisé.
rale de l'enseignement obligatoire que        à prévoir et ne doit sûrement pas être      Toute coopération doit s'exercer dans
nous nous sommes procurée.                    nié ou dévalorisé. Cependant, il n'est      la discrétion et ne porter que sur des
L'analyse commence par rapeller les           pas équivalent au secret professionnel      informations indispensables à la prise
différentes dispositions du Code pénal        tel que prévu à l'article 458 du Code       en charge. Sauf si cela porte atteinte à
(article 458 et 458bis), du Code d'Ins-       pénal et dès lors les mesures nécessai-     l'intérêt de l'enfant, le relais dans la
truction Criminelle (article 29) et de dé-    res doivent être prises dans ce cadre       prise en charge doit être porté à la con-
crets en vigueur dans ce cadre là. Il est     en cas de partage d'informations.           naissance de l'enfant, de sa famille et

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Rien ne nous permet, à l'heure actuelle, de prétendre que
            les enseignants sont soumis au secret professionnel

     de son milieu familial de vie». Il n'est
     pas question à ce stade de secret pro-
     fessionnel strictement parlant, mais des
     mesures à prendre en cas de
     maltraitance chez un enfant. L'objectif
     du décret était bien d'offrir un cadre et
     un renvoi vers des services spécialisés
     aux personnes confrontées à des situa-
     tions de maltraitance chez les enfants.
     L'analyse en arrive alors à trois con-
     clusions :
     - «le secret professionnel est applica-
     ble aux intervenants psycho-médico-
     sociaux. Les enseignants sont soumis
     au secret professionnel dans le cadre
     de la gestion d'un problème de
     maltraitance, conformément au décret
     du 12 mai 2004».
     Comme nous l'avons vu cette conclu-
     sion est, pour nous, un raccourci ex-
     trême des dispositions prévues dans le
     décret du 12 mai 2004. Rien ne nous         - La dénonciation des délits ou crimes        situations. Un état de nécessité pour-
     permet, à l'heure actuelle, de préten-      au Parquet est prévue à l'article 29 du       rait en effet justifié une divulgation de
     dre que les enseignants sont soumis au      Code d'instruction criminelle qui vise        certains faits, mais trois conditions doi-
     secret professionnel prévu à l'article      quant à lui expressément les termes           vent impérativement être réunies :
     458 du Code Pénal. Cependant, ils ont       «toute autorité constituée, tout fonc-        - une valeur au moins aussi importante
     à respecter un devoir de discrétion par     tionnaire ou officier public». L'école,          que celles que le secret profession-
     rapport aux faits appris, devoir d'autant   le pouvoir organisateur sont des auto-           nel a pour fonction de garantir doit
     plus important dans des situations dif-     rités constituées. Cela étant, l'article 29      être menacée (et la punition d'un
     ficiles comme celle de la maltraitance      du Code d'instruction criminelle perd            crime ou délit n'est pas une valeur
     d'un enfant.                                de son importance compte tenu de l'ar-           aussi importante ! Il pourrait notam-
     - «Les différentes personnes concer-        ticle 458bis du Code pénal qui impose            ment s'agir de la protection de la vie
     nées par le secret professionnel parti-     (moyennant différentes conditions) à             d'une personne);
     cipent au secret partagé et peuvent         «toute personne» qui, par état ou par
                                                                                               - la menace doit consister en un dan-
     donc échanger, en parler entre eux,         profession, est dépositaire de secrets et
                                                                                                  ger grave, imminent et certain;
     pour autant qu'ils ne révèlent pas le       a de ce fait connaissance d'un délit ou
     secret à des tiers; on peut considérer      crime sur un mineur, d'en informer le         - il ne doit pas y avoir d'autres moyens
     qu'un enseignant et une personne tra-       Procureur du Roi. Il ne faut pas perdre          de mettre fin au danger que de révé-
     vaillant pour le PMS font partie de la      de vue que l'obligation au secret n'est          ler ce qui est couvert par le secret
     même équipe pédagogique et peuvent          pas absolue et cède le pas devant la sau-        professionnel.
     discuter ensemble de la situation fa-       vegarde d'une valeur plus importante».        Par ailleurs, le professionnel pourrait
     miliale pénible d'un élève par exemple      Il nous semble dangereux de conclure          alors collaborer et fournir dans ce ca-
     (sans tierce personne et sans révéler       aussi rapidement que l'obligation au se-      dre là les informations strictement né-
     le secret à des tiers), à l'instar du mé-   cret n'est pas absolue. Elle est quand        cessaires pour mettre fin à l'état de dan-
     decin et de ses collaborateurs qui for-     même primordiale et ne serait mise en         ger.
     ment une équipe médicale».                  balance qu'avec des valeurs toutes            Avant de continuer, il nous semble utile
     Cette conclusion nous apparaît, à nou-      aussi importantes que celles défendues        de pointer une première erreur mani-
     veau, comme un raccourci du secret          par cette obligation. Ainsi, au sujet de      feste de ces brochures. En effet, elles
     professionnel partagé. Est-il utile de      l'article 29 du Code d'instruction cri-       mentionnent que : «Le décret du 16
     rapeller que, même dans le cadre du         minelle, la cour de cassation a judicieu-     mars 1998 relatif à l'aide aux enfants
     secret partagé, l'accord de la personne     sement argumenté qu'il ne pouvait sup-        victimes de maltraitance doit égale-
     est nécessaire. Le travail en équipe ne     planter le secret professionnel, son non      ment être pris en compte. L'agent PMS,
     suppose pas une transparence totale         respect n'étant pas passible de poursui-      l'enseignant, comme tout citoyen a
     entre tous les membres de l'équipe au       tes judiciaires. Le secret professionnel      l'obligation d'apporter son aide pour
     sujet d'une situation.                      reste donc prioritaire devant ce type de      prévenir ou faire cesser la maltraitance

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Est secret tout élément qui tient à l'intimité
                               de la personne et qui est connu du confident

sous peine de sanctions pénales (art.        de ne pas «révéler les faits dont ils       - demander l'accord préalable de
21 du Décret). Quelle que soit sa déci-      auraient eu connaissance en raison de          l'élève et sa famille sur le contenu
sion en ce qui concerne l'application        leur fonction et qui auraient un carac-        du partage et sur les personnes à qui
du secret professionnel, il est tenu d'in-   tère secret» (art 10 de l'AR du 22/03/         l'information va être communiquée;
tervenir en cas de maltraitance».            1969, art 18 du Décret du 01.02.1993,       - limiter les informations communi-
Nous nous permettrons seulement de           art 11 du Décret du 06.06.1994). Il res-       quées à ce qui est strictement utile
rapeller que le décret du 16 mars 1998       sort en outre de l'analyse menée par le        au vu de l'intérêt que l'élève peut re-
a été abrogé par le décret du 12 mai         Service juridique de la Communauté             tirer de cette collaboration;
2004. Il serait donc difficile pour les      française et celui de la Direction gé-
                                                                                         - rappeler à la personne non soumise
enseignants et agents PMS de le pren-        nérale de l'enseignement obligatoire
                                                                                            au secret professionnel qu'elle a un
dre en compte !                              qu'un enseignant, un éducateur d'école
                                                                                            devoir de réserve à respecter vu le
                                             ou d'internat et un chef d'établissement
                                                                                            caractère strictement confidentiel
                                             peuvent être au yeux de l'article 458
                                                                                            des informations reçues.
                                             du Code pénal assimilés «à des per-
                                                                                         Par ailleurs, il sera toujours primordial
      Quel secret ?                          sonnes dépositaires par état ou par
                                                                                         d'essayer d'associer au maximum
                                             profession des secrets qu'on leur con-
                                             fie».                                       l'élève et ses parents à la collaboration
Avant d'avancer plus loin, il nous sem-
                                                                                         et de les impliquer activement dans le
blait important de rapeller ce que l'on      Comme nous l'avons vu, on ne peut as-
                                                                                         choix de l'information transmise et la
pouvait entendre par secret. Selon la        similer le devoir de discrétion des en-
                                                                                         manière dont elle l'est.
doctrine actuelle, est secret tout élé-      seignants au secret professionnel de
ment qui tient à l'intimité de la per-       l'article 458 du Code Pénal. Dès lors,
sonne et qui est connu du confident.         il ne peut être question de secret par-
Ainsi, le Répertoire pratique de Droit       tagé, les conditions strictes prévues par
belge parle de «faits ignorés, de na-        la jurisprudence et la doctrine n'étant
                                                                                               Missions et partage
ture à porter atteinte à l'honneur, la       pas remplies (partage avec des person-            de l'information
considération, la réputation ou dont la      nes soumises elle-même au secret pro-
non-révélation a été demandée : ce           fessionnel). Les renseignements de          Que cela soit dans les brochures ou
sont les faits que l'on a intérêt à tenir    nature personnelle, médicale, familiale,    dans l'analyse juridique de l'adminis-
cachés». Le secret professionnel cou-        professionnelle, sociale, économique,       tration, il revient régulièrement que :
vre donc aussi bien les confidences fai-     ethnique, religieuse, philosophique re-     «Une des missions de l'agent PMS est
tes directement par la personne que les      lative à un élève ne peuvent donc pas       de partager les informations dont il
faits secrets par nature (faits concer-      être communiqués par l'agent PMS aux        dispose afin d'aider les enseignants
nant la personne dont le professionnel       enseignants. Cependant, l'obligation au     dans leur mission. Enseignants et per-
a connaissance en raison de sa profes-       secret professionnel à laquelle sont te-    sonnel PMS participent à une mission
sion).                                       nus les agents des centres PMS n'em-        pédagogique commune : «on peut con-
                                             pêche pas une collaboration avec le         sidérer qu'un enseignant et une per-
                                             monde scolaire qui n'est pas tenu à         sonne travaillant pour le PMS font
                                             cette obligation pour autant que cette      partie de la même équipe pédagogique
      Le secret partagé                      collaboration profite aux bénéficiaires     et peuvent discuter ensemble de la si-
                                             de l'aide. Ainsi, dans certaines situa-     tuation familiale pénible d'un élève
Dans un deuxième chapitre est abor-          tions et particulièrement dans le cadre     (sans tierce personne et sans révéler
dée la question du secret profession-        de leur mission d'aide aux tâches édu-      le secret à des tiers), à l'instar du mé-
nel partagé. Il est ainsi précisé que :      catives et pédagogiques, il peut s'avé-     decin et de ses collaborateurs qui for-
«La doctrine a énoncé les conditions         rer utile que l'agent du centre PMS         ment une équipe médicale» (M. Roths-
dans lesquelles le partage du secret         fournisse des informations utiles afin      child, directeur des affaires juridiques
doit s'effectuer :                           que la collaboration avec l'école pro-      et contentieuses».
- aviser le maître du secret (le consul-     fite au mieux à l'élève. Il sera cepen-     Nous ne pouvons pas être d'accord avec
  tant) de ce qui va faire l'objet du par-   dant primordial que l'agent PMS res-        cette conclusion hâtive qui fait des en-
  tage, et des personnes avec lesquel-       pecte toujours une série de conditions      seignants et des agents PMS une même
  les le secret va être partagé;             dans la transmission de ces informa-        équipe à l'instar d'une équipe médicale
                                             tions, à savoir :                           où toutes les informations sont parta-
- partager ces informations exclusive-
  ment avec des personnes tenues éga-        - apprécier avec une extrême rigueur        gées. Ainsi, un élève qui rencontre le
  lement au secret professionnel;               l'intérêt pour l'élève du partage des    psychologue du centre PMS et lui fait
                                                informations;                            part de difficultés familiales ne s'attend
En ce qui concerne les éducateurs et
                                                                                         pas, à priori, à ce que cette informa-
les enseignants, leur statut leur impose

                                                       JDJ n°265 - mai 2007                                                           21
Un amalgame important entre objectifs
             et missions de chacun

     tion soit transmise à l'ensemble du          scolaire à temps partiel qui appartien-      ce, dans la perspective d'assurer à tous
     corps professoral.                           nent à leur ressort d'activités :            des chances égales d'accès à l'éman-
     Analysons les différents éléments re-        1. (…)                                       cipation sociale, citoyenne et person-
     pris dans les brochures qui pourraient                                                    nelle.
                                                  2. (…)
     justifier cette conclusion.                                                               À cette fin les centres mobiliseront, en-
                                                  3. assurer l'examen multi-disciplinaire
     Ainsi, dans la brochure à l'intention des                                                 tre autres, les ressources disponibles
                                                  et rédiger le rapport d'inscription re-
     centres PMS, la motivation du partage                                                     de l'environnement familial, social et
                                                  quis pour l'admission dans le type adé-
     d'une même mission se base sur l'arti-                                                    scolaire de l'élève;
                                                  quat d'enseignement spécialisé confor-
     cle 3 de l'arrêté royal organique des        mément aux chapitres Il et III du dé-        3° dans une optique d'orientation tout
     centres psycho-médico-sociaux du 13          cret du 3 mars 2004 organisant l'en-         au long de la vie, soutenir l'élève dans
     août 1962. Il est précisé que : «Au tra-     seignement spécialisé.                       la construction positive de son projet
     vers de cet article, le principe et le                                                    de vie personnelle, scolaire, profes-
                                                  § 2. Les centres ont également pour
     mode de communication des informa-                                                        sionnel et de son insertion socio-pro-
                                                  mission d'assurer des tâches de gui-
     tions ont été fixé par le législateur. Ce                                                 fessionnelle».
                                                  dance psycho-médico-sociale au pro-
     texte définit notamment la mission                                                        Malheureusement pour l'administra-
                                                  fit des élèves qui suivent une forma-
     d'aide et de collaboration aux tâches                                                     tion, le mot «collaboration» n'est plus
                                                  tion reconnue en vue de l'accomplis-
     d'éducation des personnes qui exercent                                                    repris comme tel dans cet article et leur
                                                  sement de l'obligation scolaire à temps
     la puissance parentale, des autorités                                                     argumentaire premier sur les missions
                                                  partiel, visée par la loi du 29 juin 1983
     scolaires et de tous ceux qui partici-                                                    communes tombe à l'eau. Ce qui ne
                                                  concernant l'obligation scolaire».
     pent directement au processus éduca-                                                      veut sûrement pas dire qu'il ne doit pas
     tif et pédagogique des élèves. Ce même       L'arrêté royal ne fait donc plus réfé-
                                                                                               y avoir de collaboration entre un cen-
     article impose aux centres de fournir        rence, comme précisé dans les brochu-
                                                                                               tre PMS et l'école. Les deux institutions
     aux élèves, aux personnes qui exercent       res, à un échange d'information effec-
                                                                                               sont amenées à travailler avec les mê-
     la puissance parentale, aux autorités        tif entre le centre PMS et l'école. Il li-
                                                                                               mes élèves et dès lors à s'échanger,
     scolaires et à tous ceux qui participent     mite, ici, les missions du centre PMS à
                                                                                               dans une cadre strict, des informations
     directement au processus éducatif et         l'examen multi-disciplinaire en vue de
                                                                                               au sujet de ces élèves. Ainsi, l'agent
     pédagogique des élèves, des informa-         l'inscription en enseignement spécia-
                                                                                               PMS pourrait être amené à livrer des
     tions et des avis concernant les possi-      lisé et aux tâches de guidance pour les
                                                                                               informations nécessaires et utiles pour
     bilités scolaires et professionnelles en     élèves en enseignement partiel. Dans
                                                                                               permettre aux enseignants d'accomplir
     vue de promouvoir le processus de            ce cadre-là, aucun partage d'informa-
                                                                                               correctement leur tâche éducative.
     choix individuel.                            tions spécifiques ne doit se faire puis-
                                                                                               Cette transmission devra, nous le
                                                  que le centre PMS n'a seulement à
     Ces deux éléments montrent clairement                                                     rapellons, toujours respecter les
                                                  transmettre à l'école que les rapports
     que le législateur a voulu une colla-                                                     conditons strictes d'un partage tel que
                                                  nécessaires dans le cadre d'une orien-
     boration, et donc un échange d'infor-                                                     nous l'avons énoncé dans le chapitre
                                                  tation.
     mations, entre le corps enseignant et                                                     précédent. Il est également important
     les agents PMS afin que chacun d'eux         Par ailleurs, il y a lieu maintenant, con-   d'obtenir l'accord du jeune et éventuel-
     puisse exercer pleinement sa mission         cernant les missions spécifiques des         lement de ses parents dans la transmis-
     au service des élèves».                      centres PMS de se référer à l'article 6      sion des informations et de les impli-
                                                  du décret du 14 juillet 2006. Cet arti-      quer un maximum dans toutes les dé-
     À nouveau, nous tenons à préciser tout
                                                  cle prévoit que : «les centres exercent      marches prévues.
     d'abord aux auteurs de ces brochures
                                                  les missions suivantes :
     que les missions des centres PMS et                                                       Pour nous, un amalgame important est,
     particulièrement l'article 3 de l'arrêté     1° promouvoir les conditions psycho-         en fait, fait entre objectifs et missions
     royal du 13 août 1962 ont été modifiés       logiques, psycho-pédagogiques, médi-         de chacun. Nous pouvons être d'accord
     par le décret du 14 juillet 2006 relatif     cales et sociales qui offrent à l'élève      sur le fait que l'objectif commun du
     aux missions, programmes et rapports         les meilleures chances de développer         centre PMS et de l'école est d'offrir à
     d'activité des centres psycho-médico-        harmonieusement sa personnalité et de        l'élève les meilleures chances de se dé-
     sociaux. Dès lors, à l'heure actuelle, cet   le préparer à assumer son rôle de ci-        velopper et d'assumer son rôle de ci-
     article 3 est rédigé comme suit : «§ 1er.    toyen autonome et responsable et à           toyen. Cet objectif s'inscrit ici dans un
     Les centres ont pour mission d'assu-         prendre une place active dans la vie         processus éducatif. Cependant, les mis-
     rer les tâches de guidance suivantes au      sociale, culturelle et économique;           sions de chacun sont différentes. Là où
     profit des élèves de l'enseignement ma-      2° contribuer au processus éducatif de       l'école a une mission de tranmission de
     ternel, primaire, secondaire, de plein       l'élève, tout au long de son parcours        savoirs et compétences, le centre PMS
     exercice et de l'enseignement spécia-        scolaire, en favorisant la mise en           a plus une mission d'aide et d'accom-
     lisé et de l'enseignement à horaire ré-      oeuvre des moyens qui permettront de         pagnement. Via des méthodes propres
     duit créé afin satisfaire à l'obligation     l'amener à progresser toujours plus et       (examens psychologiques, entretiens,

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Des brochures contenant
                                                      des erreurs juridiques manifestes

etc.), il va notamment accompagner           formations ont un caractère secret et          cela peut être frustrant personnelle-
l'élève dans son projet de vie et son        la confidentialité doit être respectée.        ment), dans l'intérêt de l'élève.
orientation scolaire. Cet accompagne-        Cependant, comme nous l'avons déjà             Il nous semble donc tout à fait néces-
ment peut l'amener à collaborer avec         expliqué, une transmission d'informa-          saire et important que des pistes de ré-
l'enseignant, notamment en cas de dif-       tions peut se faire entre le centre PMS        flexion soit dégagées par l'administra-
ficultés intellectuelles, afin que ce der-   et l'école dans un cadre strict et ce dans     tion et communiquées aux écoles et
nier ait en main les informations né-        l'intérêt de l'élève. Cette article 18 n'en-   centres PMS. Malheureusement, les
cessaires pour adapter sa pédagogie à        lève en rien les obligations légales d'un      brochures éditées par la direction gé-
l'élève.                                     secret professionnel.                          nérale de l'enseignement obligatoire
Par ailleurs les brochures font égale-                                                      dernièrement contiennent un nombre
ment référence à l''article 18 de l'arrêté                                                  important d'erreurs juridiques, de con-
royal organique du 13 août 1962. Cet                                                        clusions hâtives et de jugements faus-
article prévoit que «en vue de garantir            Conclusions                              sés qui ne font qu'embrouiller cette
le droit à la liberté personnelle des                                                       matière.
consultants, il est interdit aux membres     Avant toute chose, nous nous permet-           Nous maintenons notre position que le
du personnel technique :                     tons de nous interroger sur le véritable       secret professionnel tel que prévu à l'ar-
a) de rendre publiques ou de commu-          fondement scientifique de brochures            ticle 458 du Code pénal n'est pas ap-
niquer les données et conclusions de         contenant des erreurs juridiques mani-         plicable aux enseignants, mais l'est
quelque nature qu'elle soit qui se rap-      festes. Il nous semble inadmissible que        bien aux agents des centres PMS. Par
portent aux consultants, à ceux qui ne       des brochures provenant d'une admi-            contre, il est important de rappeler aux
font pas partie du personnel technique       nistration contiennent de telles erreurs       enseignants qu'ils ont un devoir de ré-
et aux médecins du centre, à ceux qui        (décret maltraitance, article 3 de l'ar-       serve vis-à-vis de tous les faits secrets
ne sont pas directement concernés par        rêté royal de 1962) qui, en dehors             dont ils auraient connaissance. Par
le processus d'enseignement et d'édu-        d'autres commentaires et analyses, dis-        ailleurs, la collaboration entre l'école
cation, ou à ceux qui, du fait de leur       créditent complètement les informa-            et le centre PMS se fera toujours dans
compétence fonctionnelle, n'ont pas          tions transmises.                              l'intérêt particulier de l'élève. Dans ce
accès aux données et conclusions du          La matière du secret professionnel a           cadre là, un partage d'informations
dossier».                                    toujours été une matière délicate et           pourraient s'effectuer, avec l'accord de
Les brochures précisent que :«il s'agit      sujette à une réflexion constante. Le se-      l'élève et éventuellement de ses pa-
ici d'une interdiction de rendre «publi-     cret professionnel est une réalité incon-      rents, dans les conditions strictes re-
ques» des informations ou de les com-        tournable pour le bon fonctionnement           prises dans cet article.
muniquer à une série de personnes            des services. Cependant, son applica-          Nous espérons que la direction géné-
pouvant être considérées comme exté-         tion et son interprétation reste au cen-       rale de l'enseignement obligatoire
rieures à la vie scolaire. Une lecture       tre de nombreux débats. Ces débats             pourra apporter les corrections néces-
attentive de cette disposition amène à       sont d'autant plus virulents dans le           saires aux brochures éditées et permet-
la conclusion suivante : si on ne peut       monde scolaire où une collaboration            tra, cette fois, d'apporter de véritables
communiquer les informations aux per-        est souvent nécessaire entre l'école et        pistes de gestion en la matière aux en-
sonnes extérieures; cela signifie, à con-    le centre PMS. Cependant, il est diffi-        seignants et centres PMS.
trario, qu'elles peuvent être communi-       cile pour chacun, à certains moments,
quées aux personnes impliquées dans          de définir un cadre clair et précis où le
le suivi du consultant (à toutes les éta-    refus du partage d'informations ne sera
pes du processus d'éducation). L'ana-        pas vu comme un refus de collabora-
lyse de ce point de réglementation con-      tion. Ce refus doit être clairement iden-
firme que les conditions fixées par la       tifié et accepté par chaque intervenant
doctrine pour une gestion optimale du        comme une contrainte légale et permet-
secret partagé sont ici rencontrées».        tre à chacun de s'y retrouver (même si
Au vu de tous les éléments dévelop-
pés jusqu'ici, nous ne pouvons pas sou-
tenir le «à contrario» de cette conclu-
sion. En effet, il est très clair que les
agents des centres PMS sont soumis à
l'article 458 du Code pénal et dès lors
que les informations, les données et
conclusions connues ne peuvent sûre-
ment pas être rendues publique. Ces in-

                                                        JDJ n°265 - mai 2007                                                             23
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