Un point sur le marché du pétrole - ESSENTIEL - Septembre 2018
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RAPPELS INTRODUCTIFS - POINTS DE REPÈRES • Niveau moyen du cours du baril depuis 40 ans = env. 45$, en $ constants • Sur le long terme, les réserves de pétrole exploitables sont abondantes et la demande globale de pétrole progresse moins vite que le PIB mondial. • La remontée du baril en 2016 reflétait en bonne partie un rattrapage après chute 2014-2015 dont l’ampleur n’était pas complètement explicable. Le cours du pétrole reflète la tension du marché de façon non linéaire : • en période de tension moyenne, le cours varie relativement peu ; • quand la tension s’accentue (ou chute), le cours réagit sensiblement (à la hausse ou à la baisse) et peut temporairement surréagir. Cf. 2014 : un surajustement à la baisse. • Pour 2017, la variable à suivre était les stocks mondiaux de pétrole (cf. Essentiel, mars 2017). Début 2017, ils amorçaient un repli depuis des niveaux très élevés après 2 ans de surplus d’offre par rapport à la consommation. 2
COURS DU BARIL DEPUIS 2015 (EN US$) 3
UN MARCHÉ RÉÉQUILIBRÉ AU DÉBUT DE 2018 (1/2): DES STOCKS REVENUS À LEUR NIVEAU MOYEN 4
UN MARCHÉ RÉÉQUILIBRÉ AU DÉBUT DE 2018 (2/2): FIN DU CONTANGO ET LÉGER DÉPORT • Quand prix des échéances futures sont inférieurs au prix comptant: marché en déport (ou backwardation). Signe de petites tensions sur approvisionnement à court terme. Depuis 2014, les prix des échéances futures étaient > au prix spot (contango). • Dans un marché en backwardation : • Il n’est plus très rentable de stocker (-> effets sur stocks mondiaux, et donc potentiellement sur degré tension du marché du pétrole) • les acheteurs industriels qui n’ont plus de stocks et ont besoin de s’approvisionner à court terme le feront à un prix plus élevé • Att. : à l’été 2018, suite annonces OPEP, marché repassé légèrement en contango (cf. infra). 5
AU PRINTEMPS, LES FONDAMENTAUX SUGGÉRAIENT UNE HAUSSE DU PRIX SUR UN HORIZON 1-2 ANS • En avril-mai 2018, le cours du baril dépassait 80$ : • les stocks mondiaux continuaient à diminuer • la demande de pétrole continuait à augmenter • la production au Venezuela continuait de diminuer • Malgré tout, le baril s’est replié de près de 10$ en juillet- août 2018, un peu au-dessus de 70$. • + marché repassé en contango à l’été (=> prix futures inférieurs aux prix courants, donc détente du marché à CT). Que s’est-il passé? 6
LES ACTIONS DE D.TRUMP ONT FAIT BAISSER LE PRIX DU PÉTROLE À L’ÉTÉ (1/2) • Une politique douanière américaine qui faire craindre pour la croissance mondiale. Limite le fret intercontinental, incertitude qui pèse sur les investissements, risque que les tensions commerciales bilatérales ne deviennent multilatérales. • Mais surtout deux nouveautés : • L’Iran: dénonciation par les US de l’accord avec l’Iran en mai 2018 … avec des raffineurs chinois et indiens qui commencent à réagir en achetant beaucoup moins de brut iranien (contrairement au cas des sanctions US-UE-ONU de 2012-2013). Pression très forte sur le régime iranien. • L’Arabie Saoudite qui a ajusté sa doctrine de production sous le pression US: cf. page suivante. 7
LES ACTIONS DE D.TRUMP ONT FAIT BAISSER LE PRIX DU PÉTROLE À L’ÉTÉ (2/2) L’Arabie Saoudite a infléchi sa doctrine de production et augmenté significativement sa production (+0,5Mb/j env.). Tweet de D.Trump du 13 juin, deux semaines avant sommet OPEP : « Oil prices are too high, OPEC is at it again. Not good!”. La Russie, associée aux décisions OPEP, réclamait aussi une hausse production. -> Arabie, Koweït, Emirats et Russie ont augmenté leur production en juin. Plus très loin de leur maximum de production de court terme. 8
DES FACTEURS DE RÉÉQUILIBRAGE D’ICI LA FIN DE L’ANNÉE (-> HAUSSE DU COURS) • L’augmentation de la production saoudienne est arrivée à un moment où le marché n’en n’avait pas besoin (Libye recommençant à exporter, Iran continuant à exporter). • Cet été, l’offre est devenue trop importante sur le marché qui est repassé en contango (prix futurs > prix courants). Cette action déséquilibrante sur le marché est incompatible avec la doctrine pétrolière saoudienne « habituelle ». • Mais d’ici la fin de l’année : • Venezuela (environ 2,5Mb/j jusqu’en 2017): baisse continue de la production probable (-10% par trimestre). • Iran (environ 3,5Mb/j jusqu’en 2017): réintroduction des sanctions sur le pétrole le 4 novembre. La production pourrait chuter à 2,5Mb/j à court terme (-20% tous les 6 mois selon Goldman Sachs). 9
LA SITUATION ACTUELLEMENT UN PEU COMPLIQUÉE DE L’ARABIE SAOUDITE • L’Arabie saoudite cherche un équilibre entre 4 objectifs: • Essayer de favoriser un prix du baril pas trop bas, pour réduire son déficit budgétaire • Etre producteur de recours si ruptures d’approvisionnement (Venezuela, Libye, Iran…) • Ne pas agir de façon à écorner la coopération entre OPEP / non OPEP (i.e., « OPEP+ » avec la Russie), qu’elle a mis beaucoup de temps à construire • Eviter un prix trop élevé qui pèserait sur demande des consommateurs (not.US). Ex.: tweet de D.Trump: “The OPEC Monopoly must remember that gas prices are up & they are doing little to help. If anything, they are driving prices higher as the United States defends many of their members for very little $’s. This must be a two way street”. • Les arbitrages saoudiens entre ces 4 objectifs peuvent changer. • Actuellement, Arabie cherche un baril dans bande étroite 70$-80$. 10
UN FACTEUR DE MODÉRATION DU COURS D’ICI 2019- 2020 : LES PRODUCTEURS NORD-AMÉRICAINS • On estime aujourd’hui que les USA peuvent produire des pétroles non conventionnels jusqu’à la fin des années 2030 (cf. IEA fin 2016). • Le cycle d’exploitation de ces gisements est beaucoup plus court et réactif que celui des gisements conventionnels. • Avec la remontée du baril aux environs de 80$, la production de pétroles non conventionnels en Amérique du Nord redevient largement rentable. • MAIS question actuelle de la disponibilité des pipelines américains pour transporter le pétrole sur les côtes. A ce jour, pipelines US à l’intérieur proches de la saturation a priori jusqu’à fin 2019-début 2020. Le prix du pétrole brut dans les Midlands est près de 9$ en dessous du prix du brut à Houston. • Sur les 20 prochaines années, dès que le baril franchira les 70$/80$, les gisements non conventionnels reviendront sensiblement sur le marché, ce qui modérera sensiblement toute hausse du prix du baril. 11
1ÈRES ÉTUDES SUR L’EFFET À LONG TERME DES VOITURES ÉLECTRIQUES SUR DEMANDE DE PÉTROLE • Rappel : rôle dominant des évolutions de la demande mondiale dans les changements de régime de prix du pétrole à long terme (travaux de Kilian Lutz). • A long terme, un facteur modérateur important est le développement de la mobilité propre, not. mobilité électrique pour les voitures de particuliers. • Le World Energy Outlook de l’Agence internationale de l’énergie aborde le sujet (novembre 2017). • Rapport Commission de Régulation de l’Energie de juillet 2018 sur perspectives de la "mobilité propre » d’ici les années 2030 : • Baisse continue du coût des batteries électriques (-10%/an). • Le gaz naturel peut devenir économiquement rentable, par rapport au pétrole, dans le transport de marchandises, notamment routier. GNL pour le transport maritime. • Scénarios de développement des ventes de VE d’ici 2030’s en France. Incertitudes sur quantum (entre 3 et 15 millions de VE selon scénarios, moyenne 5 millions). • Implications pour filière automobile et demande mondiale de pétrole (rappel: on continuera encore longtemps à construire des voitures fonctionnant aux hydrocarbures…) 12
CONCLUSION • La fin d’année devrait voir qqes tensions sur prix du brut (stocks bas, demande en hausse, offre mondiale qui se tasse (Iran)). Déjà 77$ le 5/09. • A moyen-long terme, plusieurs arguments pour penser qu’un niveau élevé et durable des prix, comme en 2011-2014, est a priori peu probable : • La demande de pétrole continuera à progresser moins vite que le PIB mondial • Les producteurs nord-américains reviendraient sur le marché si rallye sur le cours du baril • L’offre de pétrole demeure abondante si les investissements sont réalisés • Toutefois il faudra surveiller notamment : • … le rythme de la reprise des investissements dans l’exploration-production. Sur 2015-2025, nécessité de trouver nouveaux gisements, not. conventionnels, équiv. à 25% de production mondiale actuelle uniqt pour stabiliser niveau de production future (épuisement naturel des puits à compenser). • … surtout, la stabilité politique de l’Arabie Saoudite (au moins autant que de 13 l’Iran).
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