URGENT // Plan cancer (BECA) : interdiction des arômes dans le vapotage ? - La Revue des Tabacs

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URGENT // Plan cancer (BECA) : interdiction des arômes dans le vapotage ? - La Revue des Tabacs
URGENT // Plan cancer (BECA) :
interdiction des arômes dans le
vapotage ?
15 novembre 2021
Ce communiqué est un message co-signé par deux
associations dans le domaine du vapotage et très
inquiètes des effets négatifs que pourrait avoir une
interdiction des arômes pour le vapotage, dont les
dommages n’ont pas été objectivement évalués, pas
plus que les bénéfices.
L’AIDUCE représente les consommateurs, elle est notamment partie prenante de la
normalisation des produits au sein de l’AFNOR. SOVAPE est engagée en faveur de la
réduction des risques face au tabagisme et organise le Sommet de la Vape. Nos deux
associations sont indépendantes et particulièrement de l’industrie du tabac.
Lors de la séance du 8 novembre du Comité sur le Plan Cancer (BECA), un amendement de
compromis visant à interdire des arômes de vapotage a été évoqué. Certains membres du
Comité semblent craindre que des arômes attirent des jeunes vers le vapotage.
Les produits du vapotage présentent un risque de cancer extrêmement faible et
constituent une porte de sortie du tabagisme supplémentaire
Les produits du vapotage disponibles sur le marché de l’UE présentent un risque de cancer
extrêmement faible selon des études de l’Institut Pasteur[1], de recherches Britanniques[2] et
l’évaluation de l’Institut National sur le Cancer (INCa)[3]. La nicotine elle-même, présente
dans certains produits, n’est pas cancérigène selon le CIRC[4]. Dans ces conditions, des
restrictions réglementaires du vapotage, qui ne présente pas de risque cancérigène, dans le
cadre du Plan Cancer européen sont questionnables. Le vapotage nous semble être une
alternative supplémentaire face au tabagisme, qui est la première cause évitable de cancer, et
donc un produit bénéfique dans la balance de santé publique.
La vente aux mineurs est interdite dans les États membres
La vente de produits de vapotage à des mineurs est actuellement interdite dans les États
membres. L’application de cette interdiction de vente relève des États. L’interdiction
d’arômes aux adultes, en raison d’éventuelles applications défaillantes des Etats de
l’interdiction de vente aux mineurs est abusif. Les lacunes éventuelles d’application
d’interdiction de vente de produits de vapotage aux mineurs ne semblent pas dans le champ
des problématiques liées au cancer.
En France, le tabagisme des jeunes baisse depuis 10 ans
Entre 2011 et 2017, plus de 700 000 personnes ont arrêté de fumer de manière consolidée
grâce au vapotage en France, selon l’analyse de Santé Publique France[5]. Une étude de
l’Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies (OFDT) a mesuré sur près de 39 000
jeunes, que ceux qui avaient essayé le vapotage en premier ont un risque réduit de 38% d’être
fumeurs à 18 ans par rapport à ceux qui ne l’avaient pas expérimenté[6] [7]. Une étude de
l’Ecole des Mines de St.-Etienne auprès d’élèves de 15-16 ans montre que 2/3 des jeunes
préalablement fumeurs qui ont commencé de vapoter ont réduit ou arrêté leur tabagisme[8].
Ces éléments peuvent constituer une explication, peut-être partielle, à la baisse accélérée du
tabagisme juvénile en France ces dernières années. Par ailleurs, le principal facteur de risque
de tabagisme juvénile est le tabagisme des proches, notamment des parents[9]. A ce titre,
entraver un produit permettant d’arrêter de fumer pourrait augmenter le risque des jeunes de
devenir fumeurs. Une étude aux Pays-de-Galles montre que 84% des enfants de vapoteurs
âgés de 10-11 ans ont compris que le vapotage est un moyen pour arrêter de fumer et ont une
susceptibilité de se mettre à fumer réduite de 43% [10].
Les adolescents sont curieux de choses pouvant les projeter vers le monde adulte. Les suivis
épidémiologiques sérieux montrent qu’ils sont très nombreux à expérimenter « une fois ou
deux » le vapotage, mais très peu en proportion à l’utiliser de manière fréquente. En contraste,
plus de la moitié des adolescents qui ont fumé une cigarette, deviennent fumeurs réguliers à
18 ans.
A titre d’exemple, dans un contexte de faible tabagisme des jeunes, l’interdiction de vente de
produits de vapotage aromatisés à San Francisco (USA) en 2018 a été suivi du doublement du
taux de tabagisme adolescent, brisant sa dynamique de chute, alors qu’elle s’est poursuivie
dans le reste de la Californie[11]. Nous sommes inquiets qu’une bonne intention ne produise
des effets contre-productifs, y compris envers les jeunes.
Une analyse sur près de 18 000 vapoteurs aux Etats-Unis a montré que « par rapport aux e-
liquides aux arômes de tabac, les e-liquides non aromatisés au tabac n’étaient pas associées à
une augmentation de l’initiation au tabagisme chez les jeunes, mais ils sont associés à une
augmentation des chances d’arrêter de fumer chez les adultes »[12].
Plus des deux-tiers des vapoteurs européens n’utilisent pas d’arôme tabac
Les arômes de vapotage sont un élément crucial pour arrêter de fumer, tout comme
l’approvisionnement en dehors du circuit du tabac pour s’éloigner définitivement de cet
univers. Une grande partie des vapoteurs perdent l’appétence pour ces arômes, adoptent
d’autres gammes de goûts et consolident leur arrêt[13] [14]. De nombreux tabacologues de
terrain et magasins spécialisés nous ont confirmé ces observations.
L’enquête que nous avons menée avec l’ETHRA[15] auprès de plus de 35 000 résidents de
l’Union européenne (UE) montre que 94,6 % des vapoteurs utilisent au moins un arôme autre
que goût tabac[16], et plus des deux-tiers n’utilisent que des e-liquides d’arômes autres que
tabac. En cas d’interdiction des arômes autres que les arômes tabac, 16,5 % pensent
recommencer de fumer. Un chiffre similaire (17,1 %) a été trouvé par l’International Control
Tobacco dans une récente enquête en Angleterre, Canada et Etats-Unis[17].
Un risque de recours à des arômes alimentaires inadaptés à l’inhalation
Dans l’enquête de l’ETHRA, près des 2/3 des vapoteurs résidents dans l’UE envisagent le
recours à des sources alternatives pour contourner une interdiction d’arômes.
Les interdictions d’arômes poussent une partie des vapoteurs à recommencer à fumer, elles
entravent l’arrêt tabagique aidé du vapotage, et produisent chez les vapoteurs persévérants des
comportements à risques plus élevés qu’avec un marché contrôlé.
Les exemples de l’Estonie, de la Hongrie et de la Finlande, montrent les effets contre-
productifs d’une telle interdiction : recours au “fait maison” avec des produits aromatiques
sans connaissance de leur adéquation ou non à l’usage en inhalation, recours à des sources
alternatives sans protection du consommateur, notamment.
Confusion entre arômes et désignations
Nous nous interrogeons sur la confusion dans le débat entre les arômes eux-mêmes et leurs
désignations commerciales. Interdire une vaste part d’un produit, dont le potentiel de cancers
est extrêmement faible, en raison d’une attractivité floue, mal-définie et sans évaluation
d’impact, est disproportionné et produira très probablement des effets indésirables sociaux et
sanitaires.
En synthèse, nous estimons que des interdictions d’arômes de vape excèdent le domaine
du Plan Cancer et auraient des conséquences indésirables de santé publique. Elles
entraveraient violemment la sortie et le maintien hors du tabagisme de ceux qui optent
pour le vapotage.

RÉFÉRENCES :

[1] Romain Dusautoir, Gianni Zarcone, Marie Verriele, Guillaume Garçon, Isabelle Fronval,
Nicolas Beauval, Delphine Allorge, Véronique Riffault, Nadine Locoge, Jean-Marc Lo-
Guidice, Sébastien Anthérieu : Comparison of the chemical composition of aerosols from
heated tobacco products, electronic cigarettes and tobacco cigarettes and their toxic impacts
on the human bronchial epithelial BEAS-2B cells, Journal of Hazardous Materials, Vol. 401,
2021,https://doi.org/10.1016/j.jhazmat.2020.123417
[2] Shahab, L, Goniewicz, ML, Blount, BC, et al. Nicotine, carcinogen, and toxin exposure in
long-term e-cigarette and nicotine replacement therapy users. Ann Intern Med. 2017;166:390-
400. https://doi.org/10.7326/M16-1107
[3] La cigarette électronique : une opportunité de réduire le nombre de cancers liés au tabac
? https://www.e-
cancer.fr/content/download/198962/2674935/file/Ciigarette_electronique_Extrait_de_la_synt
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[4] https://cancer-code-europe.iarc.fr/index.php/fr/12-facons/tabac/1164-la-nicotine-
provoque-t-elle-le-cancer

[5] Pasquereau A, Quatremère G, Guignard R, Andler R, Verrier F, Pourchez J, Richard JB,
Nguyen-Thanh V. Baromètre de Santé publique France 2017. Usage de la cigarette
électronique, tabagisme et opinions des 18-75 ans. Saint-Maurice : Santé publique
France,2019. https://www.researchgate.net/publication/337542002_USAGE_DE_LA_CIGAR
ETTE_ELECTRONIQUE_TABAGISME_ET_OPINIONS_DES_18-
75_ANS_Barometre_de_Sante_publique_France_2017
[6] Sandra Chyderiotis, Tarik Benmarhnia, François Beck, Stanislas Spilka, Stéphane Legleye
; Does e-cigarette experimentation increase the transition to daily smoking among young
ever-smokers in France? ; Drug and Alcohol Dependence, Volume 208,
2020, https://doi.org/10.1016/j.drugalcdep.2020.107853

[7] Legleye, S., Aubin, H.‐J., Falissard, B., Beck, F., and Spilka, S. (2020) Experimenting
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adolescents: the crucial effect of age at first experiment. Addiction – Lien
: https://doi.org/10.1111/add.15330.
[8] C. Denis-Vatant, C. Merieux, L. Leclerc, H. Duc, C. Berton, R. Jarrige, M. Nekaa, J.-M.
Vergnon, J. Pourchez, Relations entre vapotage et tabagisme chez les adolescents en classe de
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menée dans l’agglomération stéphanoise, Volume 1293, Issue 1, 6/2019, Pages 9-111, ISSN
0761-8425, http://dx.doi.org/10.1016/j.rmr.2019.04.002
[9] Leonardi-Bee J, Jere ML, Britton J : Exposure to parental and sibling smoking and the risk
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[10] Moore, G.F.; Angel, L.; Gray, L.; Copeland, L.; Van Godwin, J.; Segrott, J.; Hallingberg,
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[12] Friedman AS, Xu S. Associations of Flavored e-Cigarette Uptake With Subsequent
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doi:10.1001/jamanetworkopen.2020.3826
[13] Notley C, Ward E, Dawkins L, Holland R. User pathways of e-cigarette use to support
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[14] Gentry, S.V., Ward, E., Dawkins, L. et al. Reported patterns of vaping to support long-
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[15] https://ethra.co/eu-survey
[16] EU Nicotine Users Survey 2020, ETHRA. En Français
: https://ethra.co/downloads/category/2-eu-ethra-2021?download=1:rapport-ethra-survey-
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[17] Responses to potential nicotine vaping product flavor restrictions among regular vapers
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Canada, England and the United States ; Shannon Gravely, et al. ; Addictive Behaviors,
Volume 125, 2022, https://doi.org/10.1016/j.addbeh.2021.107152.
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