Willemin-Macodel Prix de l'entreprise romande 2020 - Swiss Venture Club
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MARDI 8 JUIN 2021n Supplément du journal Le Temps n Ne peut être vendu séparément www.letemps.ch Willemin-Macodel Prix de l’entreprise romande 2020 La société jurassienne remporte la 9e édition PIERRE MONTAVON POUR LE TEMPS du Prix SVC Suisse romande, devant Richard Mille et Infomaniak IMPRESSUM Editeur/Rédaction: Le Temps SA | Pont Bessières 3 | Case postale 6714 | CH – 1002 Lausanne | Tél + 41 58 269 29 00 | Fax + 41 58 269 28 01
MARDI 8 JUIN 2021 LE TEMPS Spécial innovation 3 Willemin-Macodel, la crise pour berceau EXCELLENCE Il y a un avenir pour l’industrie des machines en Suisse. Les frères Haegeli, propriétaires de la PME jurassienne, lauréate de l’édition 2020 du Prix SVC, en sont convaincus. L’exemplarité dont ils font preuve a séduit le jury Willemin-Macodel cible en premier lieu des marchés de niche, toujours en quête de valeur ajoutée, cherchant «ce que les autres ne peuvent pas ou ne veulent pas faire». (PIERRE MONTAVON POUR LE TEMPS) ALINE BASSIN prise toujours en mains familiales et valeur ajoutée, cherchant «ce que les mentaires offriront plus d’espace t @BassinAline qui, à ce titre, ne donne pas d’infor- autres ne peuvent pas ou ne veulent pour opérer et innover. mations sur son chiffre d’affaires. Le pas faire». Cette quête du meilleur, elle prend, Savoir naviguer par mauvais temps. fondateur préside le conseil d’admi- au quotidien, surtout des allures Plus recherchée que jamais, cette nistration, «c’est dire si les séances Ces solutions sur mesure, c’est sur «incrémentales», visant l’améliora- aptitude fait partie du code géné- se déroulent souvent à midi autour le site de Delémont, où sont concen- tion de l’existant plutôt que la rup- tique de Willemin-Macodel. C’est d’une table», sourit son fils Olivier. trées les activités de production, ture totale. Ce qui ne signifie pas que en effet sur fond de crise horlogère Derrière cette apparente décon- qu’elles seront concoctées. Pour ce Willemin-Macodel boude la disrup- et de choc pétrolier que l’entreprise, traction se cachent des discussions faire, quelque 250 personnes et une tion, «contre laquelle on ne peut de sélectionnée pour la finale du Swiss VILLEMIN- de haut vol, tant l’environnement vingtaine d’apprentis s’y activent. toute manière pas aller», estiment Venture Club (SVC) 2020, a vu le jour MACODEL dans lequel Willemin-Macodel évo- Ces équipes sont épaulées pour la les deux frères. à Delémont en 1974. Blaise Haegeli, lue est concurrentiel, avec une ten- vente et le service par une quaran- La révolution ne se trouve simple- son fondateur, avait alors à cœur de Direction P atrick dance «à se durcir et à se complexi- taine de collaborateurs répartis dans ment pas toujours là où le béotien valoriser le savoir-faire industriel et Olivier Haegeli fier». Si la première fraiseuse mise des filiales italienne, indienne, états- l’attend. «Il y a cinq ans, nous avons régional. au point il y a quarante-six ans avait unienne et russe. mis sur le marché une nouvelle «Dès le début, il a voulu diversi- su s’imposer dans un contexte diffi- PALMARÈS Création 1974 fier les marchés cibles, tant pour les cile grâce à son caractère novateur, à produits que pour les pays», se remé- sa capacité à proposer aux horlogers Classement more son fils Olivier, aujourd’hui à elémont Siège D des formes complexes, elle a en effet, «La numérisation, on ne peut simplement 2020 la tête de la société aux côtés de son frère Patrick. Une société qui, évi- Activité s olutions depuis, cédé la place à bien d’autres innovations. pas faire sans. Quand on m’interroge Le concours organisé par le Swiss demment, n’est pas épargnée par la crise liée au coronavirus. Elle d’usinage A commencer par la machine-outil à commandes numériques apparue à ce sujet, je réponds toujours que c’est Venture Club récompense une PME qui s’inscrit dans la péren- peut tout de même, grâce à cet héri- Nombre de aux Etats-Unis dans les années 1960. comme demander à un être humain nité. Après une présélection et tage, se reposer sur un large éven- Pour les milieux industriels, c’est elle tail de clients pour écouler ses solu- collaborateurs 380 qui marque le véritable premier pas de ne pas respirer» la visite des entreprises, le jury – composé de personnalités de tions avancées d’usinage, même si, en direction de l’informatisation de OLIVIER HAEGELI l’économie romande et auquel notent les deux industriels, «les tech- leur métier, les balbutiements d’une participe Le Temps – a établi le nologies médicales ont moins joué, mue que le grand public découvrira classement suivant: jusqu’à présent, leur rôle d’amortis- cinquante ans plus tard sous le nom Mécaniciens de précision, ingé- machine à même d’usiner des pièces seur qu’en 2009». d’industrie 4.0. nieurs ou techniciens, ces aficio- avec une précision folle, en dessous 1 Willemin-Macodel nados de la précision vont trouver du micron, avec la consommation 2 Richard Mille Plus que des machines, Une révolution tout en douceur le meilleur alliage fait d’automatisa- énergétique d’un sèche-cheveux. Le 3 Infomaniak des solutions La numérisation, l’entreprise Wil- tion et d’activités assistées manuelle- marché n’en revenait pas», s’enthou- 4 Boschung A ce stade, le mot machine n’a pas lemin-Macodel est donc tombée ment pour fabriquer telle pièce pour siasme Olivier, avant de murmurer: 5 IMTF encore été prononcé, mais c’est bien dedans enfant. «On ne peut simple- une montre, une turbine ou une pro- «On l’a presque sortie trop tôt.» dans cette industrie aujourd’hui mal- ment pas faire sans. Quand on m’in- thèse de hanche. Des exemples des Cet état d’esprit avant-gardiste Les finalistes qui ne montent menée qu’officie Willemin-Macodel. terroge à ce sujet, je réponds toujours quelque 150 solutions livrées chaque s’est jusqu’à présent révélé payant: pas sur le podium sont clas- «Au terme machine, nous préférons que c’est comme demander à un être année? «Nous livrons cette semaine «Nous sommes entrés dans cette sés ex aequo. Le prix, dont Le celui de solution, précise Patrick humain de ne pas respirer», s’amuse à un client étranger une cellule auto- crise avec le turbo allumé, un por- Temps est partenaire média, a été Haegeli. C’est-à-dire que le client va Olivier Haegeli, ajoutant: «On va vers matisée complète dédiée à l’usinage tefeuille garni, mais il règne actuel- remis lundi 7 juin au Swiss Tech venir nous voir avec une pièce à usi- plus de communication, plus de don- de kits de mouvements horlogers. lement une latence préoccupante», Convention Center de l’EPFL à ner et nous, nous allons lui propo- nées. Mais encore faut-il savoir com- Cinq machines et un robot colla- s’inquiète le codirecteur. «Je vois une Ecublens (VD). Les éléments qui ser le meilleur outil pour y parvenir.» ment les exploiter.» borent entre eux pour toujours trou- industrie qui va encore souffrir en ont permis d’établir le classe- Ce client, dont le nom sera tou- Les machines développées sont ver le meilleur équilibre de produc- 2021», prévient-il. ment final résident dans l’origi- jours jalousement gardé secret, donc encore loin des grandes usines tion», répond Patrick Haegeli. En attendant des vents plus favo- nalité de la proposition de valeur, peut être issu du monde horloger, robotisées vers lesquelles la techno- Une évolution qui exige aussi davan- rables, l’entreprise va continuer à se le modèle d’affaires, la technolo- médical, dentaire, aéronautique ou logie semble diriger l’industrie. D’au- tage de place, raison pour laquelle la réinventer, à repousser les limites gie, les performances, les chiffres encore spatial. Pas de l’automobile. tant plus que, comme c’est souvent le société est en train de s’agrandir, tou- de l’infiniment précis, histoire de clés, la contribution à la vie régio- «Nous nous sommes toujours refu- cas pour les PME suisses, l’entreprise jours dans la zone industrielle ouest démontrer que la fabrication de nale, la durabilité, la stratégie et sés à nous y frotter. Trop fluctuant», va cibler en premier lieu des mar- du chef-lieu jurassien. Dès la fin de machines en Suisse garde toute sa la qualité de la direction. ■ lâche le copropriétaire de l’entre- chés de niche, toujours en quête de l’année, 5000 mètres carrés supplé- raison d’être. ■
LE TEMPS MARDI 8 JUIN 2021 4 Spécial innovation «Les entrepreneurs se sont posé les bonnes questions» ENTRETIEN L a pandémie de covid a fait vivre aux PME suisses un test de résistance sans précédent. Martial Décoppet, responsable de la clientèle entreprises chez Credit Suisse pour la région Suisse romande, a été aux premières loges pour l’observer ALINE BASSIN plus crucial que les investisse- t @BassinAline ments sont conséquents. On parle souvent de l’intelligence artifi- Agilité, résilience, capacité cielle et de la numérisation, d’adaptation. Ces termes sont notamment. J’ai personnellement déclinés à l’infini depuis le début en tête l’exemple d’une entreprise de la crise du nouveau corona- qui a décidé de diminuer sa dépen- virus. Les cinq finalistes du Prix dance aux sous-traitants étrangers SVC 2020 les ont, eux, pratiqués au et de rapatrier à l’interne une par- quotidien. Dans leurs secteurs res- tie de sa production. Le processus pectifs, ils ont montré à quel point a été accéléré par la pandémie et les PME pouvaient mettre à pro- le retour sur investissement est fit leur taille pour réagir et rebon- très intéressant. dir rapidement face à l’adversité. Responsable de la clientèle entre- prises chez Credit Suisse pour la Suisse romande, Martial Décop- «Une conséquence pet a observé avec un intérêt teinté dont on parle d’admiration la souplesse dont les PME ont fait preuve ces derniers moins, c’est que mois. la pandémie Après 15 mois de pandémie, com- a entraîné ment évaluez-vous la santé des PME romandes? Il m’est difficile de don- une augmentation ner une réponse univoque puisque la situation varie évidemment en des successions fonction des activités. Les secteurs tels que le tourisme, la restaura- ou des cessions tion ou l’événementiel sont mal- d’entreprises» heureusement fortement touchés. Pour le reste de l’économie, une fois le choc des premières semaines absorbé, les Quel autre effet la pandémie a-t-elle entreprises ont plutôt eu? Une conséquence dont on parle bien résisté. Grâce aux moins, c’est que cela a aussi aides mises en place INTERVIEW entraîné une augmentation des telles les RHT (réduc- successions ou des cessions d’en- tions de l’horaire de treprises. Je rencontre des patrons travail), mais aussi parce que les qui me disent: «Je vends parce que patrons ont pris des mesures très l’année dernière, c’était trop dur.» rapidement pour maîtriser leurs Certains se sont dit que le moment coûts et assurer les liquidités. Cela était venu de trouver une solution leur a ensuite permis de se concen- pour transmettre le flambeau. trer sur les mesures stratégiques Notre vocation étant d’accompa- à prendre. gner les entrepreneurs tout au long de leur cycle de vie, nous les Est-ce que d’autres secteurs moins épaulons dans cette démarche. attendus que celui de l’événementiel, des loisirs et des divertissements Quel est, plus précisément, votre rôle souffrent? Les jeunes start-up ren- dans ce processus qui, avec l’arrivée contrent des difficultés à lever des des baby-boomers à l’âge de la fonds parce que tout s’est arrêté retraite, représente un enjeu majeur pendant un moment du côté des pour ces prochaines années? Tout à investisseurs. Nous avons mis en fait majeur. Nous faisons notam- place des prêts-relais pour leur ment de la mise en réseau. Credit permettre de passer le cap. Suisse a mis en place un desk pour les entrepreneurs, avec par exemple des anciens patrons qui «Il faut garder la foi sont intéressés à investir pour sou- tenir une reprise par des per- et l’enthousiasme. sonnes qui n’ont pas forcément les fonds propres disponibles. Il est Si ces ingrédients aussi dans l’intérêt de la banque d’assurer la pérennité de ces entre- sont réunis, prises. la capacité Vous évoquez la fatigue de certains d’innovation dirigeants. Dans quel état d’esprit se trouvent aujourd’hui les entreprises, et d’adaptation des alors que les signaux se sont amélio- PME se confirmera rés? Actuellement, le moral est bon parce que les carnets de com- encore et toujours» mandes sont pleins et parce que les entreprises ont bien travaillé sur leurs modèles d’affaires pen- dant la pandémie. Elles ont limité Outre les crédits covid, est-ce que les frais de voyage ou de marketing. Credit Suisse met à la disposition des Il y a maintenant un effet de rat- entreprises des outils spécifiques trapage au niveau des chiffres d’af- pour aider les PME? En sus des faires. La question est de savoir 3,3 milliards accordés au titre des combien de temps cela va durer. Il prêts covid, Credit Suisse a mis en faut en tout cas que la reprise soit place un fonds de 500 millions de Responsable de la clientèle PME chez Credit Suisse pour la Suisse romande, Martial Décoppet a senti une forme de lassitude chez les patrons âgés. (FRANÇOIS WAVRE POUR pérenne. francs pour aider les entreprises LE TEMPS) clientes qui, en dépit d’un modèle Quelles sont, à vos yeux, les clés qui d’affaires performant, ont des pro- pragmatisme dans cette période dement certains points de leur métal ou l’aluminium. Cela fait rapide dans la vente par internet. vont permettre à une PME de sortir blèmes temporaires de liquidité. qui reste inédite. business model. Les entrepre- renchérir les coûts de production Là, on a vraiment gagné trois à cinq renforcée de cette crise? En tout neurs se sont posé les bonnes et contraint les entrepreneurs, une ans. D’ailleurs, ce mouvement a premier lieu: il faut garder la foi et Est-ce que la situation change votre La capacité d’adaptation des PME a questions. Aujourd’hui, l’industrie fois de plus, à réagir. permis au secteur de bien s’en sor- l’enthousiasme. Si ces ingrédients évaluation du risque encouru? beaucoup été saluée durant la crise. fait face à un nouveau challenge, à tir. sont réunis, la capacité d’innova- Notre approche est toujours adap- Est-ce que leur force de résilience savoir celui des matières pre- Constatez-vous une accélération de tion et d’adaptation des PME se tée en fonction du modèle com- vous a surpris? Une fois le choc mières. Le secteur est confronté à la numérisation dans les PME Est-ce au détriment d’autres inves- confirmera encore et toujours. mercial et de la situation indivi- passé, j’ai trouvé tout à fait remar- des problèmes d’approvisionne- romandes? Indéniablement. Le tissements? La clé, pour certaines C’est inscrit dans l’ADN de tous les duelle de l’entreprise concernée. quable leur capacité à se remettre ment pour de nombreuses gros changement que je vois, c’est PME, est la rapidité du choix stra- entrepreneurs à succès que je Nous essayons de faire preuve de en question et à faire évoluer rapi- matières comme le plastique, le vraiment leur développement tégique à opérer. C’est d’autant côtoie! ■
LE TEMPS MARDI 8 JUIN 2021 6 Spécial innovation Changement de génération chez Richard Mille HORLOGERIE La marque franco-suisse s’est créée une place à part sur la scène horlogère. Les deux fondateurs de Richard Mille sont en train d’en transmettre les rênes à leurs enfants ainsi qu’à son grand-père Ali Guenat. ALINE BASSIN t @BassinAline Fondateur de la dynastie, celui-ci avait RICHARD MILLE racheté en 1900 un comptoir d’hor- Direction «Je suis le représentant de la troi- logerie des Franches-Montagnes, Dominique sième génération de la famille Gue- d’abord pour fabriquer de manière et Cécile Guenat nat. Celui, donc, qui était supposé artisanale des montres gousset en liquider l’entreprise.» Vice-pré- argent ou en nickel. Création 2001 sident de la marque Richard Mille, Dominique Guenat choisit l’humour Coup de pied dans pour évoquer le passage de témoin la fourmilière Siège en cours dans son entreprise, fina- Cent vingt ans plus tard, c’est une Les Breuleux (JU) liste du Prix Swiss Venture Club entreprise en pleine expansion, 2020. Une allusion à l’adage qui veut tout juste ralentie par la pandémie Activité horlogerie qu’après la création d’une société de covid, que Dominique Guenat haut de gamme familiale la descendance directe transmet à sa fille Cécile et son fils fasse vivoter l’héritage avant que la Maxime. Ce duo est complété à Paris Nombre de troisième génération n’en devienne par Alexandre et Amanda, deux des collaborateurs le fossoyeur. enfants de Richard Mille. En s’asso- 220 Rien de cela chez Valgine, qui conçoit ciant au Français à qui la marque doit et fabrique la marque Richard Mille, la son nom, l’entrepreneur jurassien a manufacture horlogère dont l’indus- ouvert avec l’avènement du XXIe triel a pris les commandes en 1986. Il siècle un nouveau chapitre de l’his- succédait à sa maman et à ses oncles, toire de son entreprise. Boschung, fusion entre voitures et balais TRANSFORMATION L’entreprise, installée à l’Aéropôle de Payerne, fabrique des véhicules de voirie et de déneigement depuis 1947. Mais les nouvelles technologies l’ont aussi transformée en prestataire de services pour les communes, cantons et aéroports SERVAN PECA t @servanpeca contournement de Lausanne par exemple, avec un système d’asper- Boschung sion automatique pour éviter le gel. compte quelque Une Tesla en version balayeuse. A Enfin, il y a la troisième partie, celle peine arrivés au siège de l’entreprise de la gestion. Celle-ci s’appuie sur un 5000 stations Boschung, nous assistons par hasard à une scène un brin futuriste: le test logiciel. Baptisé Borrma et déployé dès les années 1980, ce système de météorologiques au grandeur nature d’un véhicule auto- nome. L’Urban-Sweeper S2.0 Auto- gestion permet de tout savoir et de tout organiser à distance depuis un bord des pistes, des nomous, c’est son nom, zigzague pru- écran. Les kilomètres et les itiné- routeset des ponts demment entre les voitures parquées raires parcourus par les véhicules, devant l’entrée. Cette balayeuse auto- les zones traitées, les quantités de sel nome est aussi électrique, comme sa ou de saumure déposées. A Payerne, l’entreprise a par ail- grande sœur S2.0, actuellement le Emilie Boschung est de la troisième leurs regroupé les fonctions admi- best-seller de Boschung. génération de l’entreprise en mains nistratives et les postes de direction. On aperçoit pourtant un conduc- familiales. La troisième génération, Mais aussi la recherche et le dévelop- teur dans la cabine. Mais ce sont c’est, dit-on, celle qui fait péricliter pement, ainsi que les petites séries bien des capteurs qui pilotent. «Lui l’affaire. Ce dicton, on le lui ressert de production, de préproduction, est seulement là pour vérifier que souvent, sourit-elle. La dernière fois, ou encore la conception de ses sta- tout fonctionne bien», précise Emi- se souvient Emilie Boschung, la bou- tions météo. La production de plus lie Boschung, la directrice marketing BOSCHUNG tade venait du conseiller d’Etat vau- grande ampleur est, elle, réalisée en du spécialiste des engins de voirie et dois Philippe Leuba, lors de l’une Hongrie, en Allemagne, en Russie de déneigement. «Plusieurs de ces arcel et Direction M des nombreuses cérémonies offi- et en Chine notamment. Boschung véhicules sont déjà en fonction aux Gabriel Boschung cielles qui ont lieu dans les locaux compte environ 500 employés hors Etats-Unis, en Chine, en Allemagne de Payerne. C’est que, depuis que les de Suisse. Près de 80% de son chiffre et en Suisse», ajoute-t-elle. Création 1947 quatre sites de l’entreprise ont été d’affaires est d’ailleurs réalisé à l’ex- A l’Aéropôle de Payerne, la fille et réunis en un seul, en 2017, Boschung portation. nièce des deux patrons et action- a l’habitude d’être visitée. Son modèle On sait par exemple que l’aéroport Siège Payerne naires de l’entreprise du même nom d’affaires, ses engins et sa salle d’expo- O’Hare de Chicago a acquis pas moins sera notre guide pour l’occasion. sition sont devenus un outil de promo- de 65 de ses Jet Broom pour nettoyer Dans le show-room qui fait face à Activité F abrication tion pour cette PME qui compte envi- ses sept pistes. Le Jet Broom, c’est le la réception, la première étape de de balayeuses ron 140 employés en Suisse. produit le plus visible de la gamme. la visite nous ramène instantané- et de véhicules Une cabine de camion Mercedes, de déneigement ment en 1970. La Pony, une laveuse, Effervescence quand même mais un châssis renforcé, mis au balayeuse, saleuse, chasse-neige, Derrière le show-room, au rez-de- point spécialement par Boschung. Le est l’ancêtre de tous les véhicules Nombre de chaussée de ce bâtiment de trois véhicule est équipé d’une lame, d’un spéciaux que Boschung a dévelop- collaborateurs étages, se trouvent les ateliers. En système d’aspersion et d’une souff- 500 (150 en Suisse) pés depuis sa création par Marcel cette année marquée par l’épidé- lerie installée entre les essieux qui, Boschung, en 1947. mie de coronavirus, les budgets en fonction des besoins saisonniers, publics sont sous pression, les aéro- peut devenir aspirateur. En Suisse, Des milliers de stations météo ports en sous-régime. Les affaires les aéroports de Zurich et de Genève Cela fait longtemps que les véhi- de Boschung s’en ressentent. Elle ainsi que les autoroutes valaisannes cules de l’entreprise nettoient les Le camion Jet Broom, ici dans le show-room de Boschung, à Payerne, est un engin prisé par recourt un peu au chômage partiel. et tessinoises sont aussi déblayés par routes. Tout automobiliste qui se les aéroports. (THIERRY PORCHET POUR LE TEMPS) Mais dans ses ateliers, le ralentisse- des Jet Broom. respecte a déjà vu et/ou croisé l’un ment ne se voit pas. Il y règne une cer- C’est autour de ce géant des routes des produits développés par l’entre- et des ponts. Ces boîtes grises sur- aussi l’un des trois piliers de sa stra- taine effervescence. Le service après- que s’achève notre visite et que com- prise d’origine fribourgeoise. Plus de montées de capteurs collectent des tégie pour se différencier des concur- vente, les services, les réparations, les mence la séance photo. A l’extérieur, 15 000 de ses modèles sont actuelle- informations sur l’air, l’humidité, le rents. «Ces stations permettent de rénovations… Comme dans le monde l’Urban-Sweeper autonome a ter- ment en circulation dans le monde. vent ou encore la température au sol. lancer des alertes. C’est l’étape de la des véhicules de tourisme, l’automne miné son nettoyage. Le parking de Mais la société compte également En bref, tout ce qu’il est utile de savoir détection», décrit Emilie Boschung. et l’hiver sont les saisons les plus exi- Boschung est impeccable. Mais, sans quelque 5000 stations météorolo- sur l’état d’une chaussée. C’est l’autre Vient ensuite l’action, avec les dif- geantes pour les voiries et les aéro- surprise, son laboratoire à ciel ouvert giques au bord des pistes, des routes source de revenus de Boschung. Mais férents véhicules ou, parfois, sur le ports – et donc pour Boschung. l’était déjà avant notre arrivée. ■
MARDI 8 JUIN 2021 LE TEMPS Spécial innovation 7 «Notre concept était de créer des montres qui Sans donner de chiffre plus pré- cis, Dominique Guenat confirme Paris. Il y a vingt ans, le site juras- sien employait 25 personnes, tandis respecteraient tout ce qui faisait la valeur de que la société aurait pu franchir le milliard cette année. Mais le retard que quatre autres œuvraient dans la capitale française. la tradition horlogère, mais qui se devraient de production dû à la crise sanitaire A la tête de la création et du déve- a retardé cette échéance: alors que loppement, deux activités qui tra- d’innover sur le plan technique et esthétique» 5200 pièces auraient dû trouver pre- vaillent de concert, Cécile Guenat DOMINIQUE GUENAT, COFONDATEUR DE RICHARD MILLE neurs en 2020, 4300 montres seront voit cette structure géographique finalement produites en raison de la comme très positive, tout en souli- fermeture de l’usine pendant près de gnant que la communication entre Les deux hommes se sont rencon- voies technologiques pour assouvir deux mois. «Depuis le lancement de les deux sites est capitale. trés à la fin des années 1980 et ont leurs ambitions. Les deux trublions la marque, souligne le maître des Pour optimiser cette nouvelle gou- travaillé ensemble sur les montres vont par exemple puiser leur inspi- lieux, nous n’avons jamais pu satis- vernance, les rôles ont été clairement du joaillier français Mauboussin. Ils ration dans le monde de la formule faire la demande.» répartis: son frère Maxime s’occu- s’apprécient et, les années passant, 1 ou de l’aéronautique, leur passion pera de la direction opérationnelle, ressentent une certaine frustration pour la mécanique ne se limitant pas Consolider l’édifice Alexandre Mille des activités com- à la vue d’une horlogerie de luxe ron- à l’horlogerie. A l’heure de la transmission, le père merciales, sa sœur Amanda sera, elle, ronnante. Rapidement, ils explorent de nou- et la fille s’accordent à voir dans la chargée des relations publiques et du «Notre concept était de créer des veau matériaux comme le titane, le consolidation de Richard Mille le marketing. A l’heure actuelle, quatre montres qui respecteraient tout ce carbone ou le graphène, grâce aux- principal défi à relever: «Jusqu’à autres personnes, dont les deux fon- qui faisait la valeur de la tradition quels leurs garde-temps vont deve- aujourd’hui, précise Cécile Guenat, dateurs, font partie du directoire horlogère, mais qui se devraient d’in- nir des poids plume. En 2010, lorsque qui a rejoint la société il y a cinq ans, qui est consulté pour toute déci- Dominique Guenat nover sur le plan technique et esthé- la marque officialise son partena- nous avons eu un fonctionnement de sion importante et qui a la chance, (au centre), sa fille tique», résume Dominique Guenat, riat avec Rafael Nadal, la RM 027 PME. Il s’agit maintenant de structu- observe Cécile Guenat, «de respec- Cécile et son fils assis en face de Cécile dans les locaux Tourbillon que le joueur de tennis rer l’entreprise.» ter une parfaite parité hommes- Maxime. Le confondateur est en du siège suisse de Richard Mille, aux arbore pendant ses échanges pèse La croissance des ventes est en effet femmes». passe de Breuleux (JU). moins de 20 grammes. La collabora- inévitablement allée de pair avec une Cécile à qui il appartiendra, aux transmettre les tion avec le tout récent vainqueur de augmentation des effectifs. L’entre- côtés de son équipe, de maintenir rênes de l’entreprise Le mariage de l’habillage Roland-Garros se poursuit: l’Espa- prise est devenue un petit groupe l’esprit Richard Mille. Dotée d’un horlogère à ses et du mouvement gnol portait dimanche sur le court qui emploie aujourd’hui 195 per- CFC en bijouterie et d’un bachelor enfants. Ce nouveau A quelques mètres du père et de la central une montre estimée à 1 mil- sonnes en Suisse et une trentaine à de la Haute Ecole d’arts et de design duo est complété à Paris par Alexandre fille s’exposent dans des vitrines un lion de dollars. de Genève, la jeune femme a déjà fait florilège de la créativité et de l’au- L’inventivité du Jurassien et du ses preuves, en développant la col- «Depuis le et Amanda, deux des enfants de dace qui a jailli de ce partenariat; des Français va rapidement payer. Il lection femmes de la marque horlo- modèles dans lesquels chaque pièce, leur faut trois ans pour développer gère. Celle-ci génère aujourd’hui 35% lancement de Richard Mille, l’autre cofondateur chaque rouage joue sa partition pour la RM001, qui sort en 2001 et ren- des recettes. Richard Mille, de la marque. créer une symphonie horlogère. «Dès contre rapidement le succès. Plus Comme le relève Dominique Gue- (MATTHIEU SPOHN le départ, observe le cofondateur de de 120 modèles vont suivre au fil nat, la rançon du succès de Richard nous n’avons jamais POUR LE TEMPS) la marque, nous avons voulu que l’ha- des ans, propulsant Richard Mille Mille est d’être beaucoup copié, ce billage et le mouvement soient soli- dans la cour des grands. Publié par qui impose d’avoir toujours une «lon- daires, nous démarquer du mouve- Bucherer, le top 50 des marques hor- pu satisfaire gueur d’avance». Sa fille est prête à se ment rond qui équipe les boîtiers logères suisses place la société en plier à cette exigence: «Ce n’est pas ronds.» neuvième position, avec un chiffre la demande» compliqué d’être différent, glisse- Cette volonté va pousser les deux d’affaires estimé à 900 millions de DOMINIQUE GUENAT, t-elle. C’est beaucoup plus intéres- créateurs à emprunter de nouvelles francs. COFONDATEUR DE RICHARD MILLE sant.» ■ PUBLICITÉ
LE TEMPS MARDI 8 JUIN 2021 8 Spécial innovation IMTF, pionnier méconnu de la fintech SÉCURITÉC’est à la fin des années 1980 que cette discrète PME fribourgeoise développe ses premières technologies financières. Elle aide aujourd’hui quelque 200 banques à traquer les fraudes et le blanchiment d’argent trise parfaitement son sujet et il le ALINE BASSIN t @BassinAline sait très bien. IMTF Il a été l’un des premiers en Suisse à Direction Lorsque la déferlante fintech s’abat percevoir le potentiel numérique que Marc Büsser sur la scène mondiale de l’innova- revêtaient les services financiers. tion, dans les années 2010, Informa- Le jury du Prix Swiss Venture Club Création 1987 tique-MTF (IMTF) est déjà une entre- (SVC) ne s’y est d’ailleurs pas trompé, prise florissante, active depuis une retenant son entreprise parmi les six vingtaine d’années dans ce secteur. finalistes de l’édition 2020. Le lauréat Siège Givisiez (FR) De quoi interpeller son patron, Mark sera connu le 4 novembre. Büsser: «C’est vrai qu’en termes de Activité logiciels communication, on a peut-être raté Migros pour mettre le pied d’automatisation quelque chose», relève-t-il. à l’étrier et de sécurité Assimiler cet ingénieur diplômé Avant que le monde bancaire ne de l’EPFZ à un «bourgeois gentil- devienne son terrain de chasse, c’est Nombre de homme» de la numérisation finan- pour Migros que la société basée à collaborateurs cière représenterait une erreur de Givisiez (FR) développe sa première plus de 200 jugement. Si le Jourdain de Molière solution informatique en 1987. Inter- découvre avec stupéfaction qu’il pra- net n’a pas encore tissé sa toile et les tique la prose depuis une quaran- informaticiens stockent leurs don- taine d’années, Mark Büsser maî- nées sur de grandes disquettes. PUBLICITÉ
MARDI 8 JUIN 2021 LE TEMPS Spécial innovation 9 L’économie, quant à elle, y a à peine Les clients bancaires d’IMTF ont solutions, notamment dans le seg- recours. aussi besoin de sécurité et sont sou- ment de la RegTech, des technolo- «Nos collaborateurs «Les relations avec les fournisseurs mis à toute une série d’obligations. gies liées à la réglementation. «Une du géant orange pour les commandes «Contrairement à une idée répandue, banque se doit aujourd’hui de par- voient un côté de produits frais étaient gérées par fax. Chaque jour des dizaines de res- la Suisse a depuis longtemps l’une des réglementations les plus sévères au faitement connaître son client, par exemple pour identifier plus facile- éthique dans leur ponsables recevaient les offres des monde», insiste Mark Büsser. ment tout comportement anormal, activité puisque, producteurs. Il fallait ensuite que Cette caractéristique va ser- précise Mark Büsser. Mais même leurs assistants aillent rechercher vir de tremplin pour réaliser un avant cela, quand il débute sa rela- au bout du compte, les offres antérieures archivées sur papier pour comparer avant de négo- coup de maître au tournant de l’an 2000. Un an plus tôt, une nouvelle tion bancaire, elle doit pouvoir effec- tuer très rapidement toute une série ce sont des cier les prix», décrit Mark Büsser. En quelques mois, cette start-up de loi anti-blanchiment est entrée en vigueur en Suisse. Elle demande de vérifications nécessaires. S’assu- rer que la personne qui veut faire une infractions la première heure développe son logi- un intense travail de vérification en hypothèque n’a pas de poursuites ou qui sont détectées ciel HyperDoc, qui va métamorpho- conformité de la part des banques, identifier les PPE, les personnalités ser le déroulement de cette activité. que la petite entreprise va une nou- exposées politiquement.» et empêchées» Fondateur et «Chaque fax était scanné et archivé, velle fois faciliter avec un produit En 2001, ces profils jugés sen- MARK BÜSSER, FONDATEUR D’IMTF propriétaire de la ce qui permettait désormais aux idoine. Le succès est immédiat, sur- sibles étaient au nombre de 30 000. PME fribourgeoise responsables de produits et à leurs tout auprès des établissements de Aujourd’hui, il y en a trois millions IMTF, Mark Büsser a su déceler il y a équipes d’avoir accès rapidement à taille moyenne, «typiquement les dans le monde. S’y ajoutent mainte- un côté éthique dans leur activité trente ans le l’historique des informations pour banques cantonales». Celles-ci n’ont nant les personnes qui pourraient puisque, au bout du compte, ce sont potentiel des faire leurs commandes.» pas les ressources pour développer causer du tort à la réputation de l’éta- des infractions qui sont détectées et technologies leurs propres solutions. blissement. empêchées.» financières. L’automatisation C’est en signant avec un géant de la Par ailleurs, les progrès de l’intel- (PIERRE-YVES MASSOT / comme «cheval de Troie» branche qu’IMTF frappe fort, cinq ans En quête de talents ligence artificielle offrent encore REALEYES.CH) «Nous avons compris très vite que plus tard. En prélude à son développe- Pour évoluer à la pointe de la techno- bien des perspectives à IMTF, «par l’archivage électronique ne suffisait ment international, la PME accueille le logie, lMTF recourt à des développeurs exemple pour éviter les fausses pas pour séduire les entreprises», géant bancaire français Société Géné- recrutés dans le monde entier. Une alertes lorsqu’on fait des vérifica- poursuit le propriétaire de la PME, rale dans son portefeuille de clients. vingtaine de nationalités et presque tions». qui compte aujourd’hui quelque Aujourd’hui, elle est active dans 50 autant de langues se côtoient dans le Et puis, de l’autre côté de l’Atlan- 150 employés. «Il fallait agir au pays, en Europe, en Asie et – encore spacieux bâtiment que l’entreprise tique, il y a l’eldorado états-unien, l’un niveau des processus pour qu’elles très peu – en Amérique. En Suisse, Pic- occupe. En bon Fribourgeois, l’aléma- des seuls gros marchés qui manquent y trouvent un intérêt. L’automatisa- tet, Julius Baer ou encore les banques nique Mark Büsser s’exprime d’ailleurs à la palette de la société. «Nous y son- tion a été en quelque sorte notre che- cantonales de Fribourg, Neuchâtel et avec aisance en français, par exemple geons, confie Mark Büsser. Mais c’est val de Troie pour entrer dans le sec- du Valais lui font confiance. lorsqu’il s’agit d’évoquer le change- encore trop tôt. Cela impliquerait teur bancaire.» Discret sur son chiffre d’affaires, ment de génération en cours, sur fond des ressources de gestion que nous Celles-ci doivent en effet traiter Mark Büsser indique une croissance de pénurie d’informaticiens et d’infor- n’avons pas pour l’instant.» au quotidien des centaines de mil- d’environ 20% ces dernières années. Il maticiennes. Dans un avenir plus proche, ce liers d’ordres de paiement, une acti- mise sur une progression de 10 à 15% Son fils a déjà rejoint l’entreprise, sont plutôt d’autres branches écono- vité pour laquelle les interventions en 2020. Si la pandémie consacre leur mais il faudra aussi renouveler toute miques qui pourraient être ciblées. humaines sont encore substantielles orientation, elle freine les relations une armada numérique qui s’est Selon l’entrepreneur, l’industrie à l’orée des années 1990. Les logiciels humaines, qui restent «indispen- souvent distinguée par sa fidélité: devient elle aussi de plus en plus de gestion des services financiers sables» avant de signer un contrat. «Nous remarquons que nos collabo- contrôlée. Elle aura inévitablement développés par l’entreprise trouvent Car au fil des ans, la société fami- rateurs trouvent du sens à leur action, besoin d’outils numériques pour rapidement preneur. liale n’a cessé d’étoffer sa palette de observe Mark Büsser. Ils voient s’adapter à cette tendance. ■ PUBLICITÉ
LE TEMPS MARDI 8 JUIN 2021 10 Spécial innovation Infomaniak, l’envol du Google suisse INTERNET L ’hébergeur de sites basé à Genève accélère sa diversification et sa croissance est dopée par le lancement de nouveaux services en ligne. Rencontre avec son cofondateur Boris Siegenthaler Boris Siegenthaler (au premier plan), cofondateur et directeur d’Infomaniak, va bientôt quitté la direction. D’ici à quelques semaines, c’est Marc Oehler (au second plan), actuel directeur des opérations, qui lui a succédé. (EDDY MOTTAZ/LE TEMPS) ANOUCH SEYDTAGHIA de vendeurs. «Trois quarts de nos couleurs) pour l’écosystème colla- nuera de piloter la société», détaille velable et qui refroidit ses serveurs t @Anouch employés sont des développeurs et boratif proposé par la société gene- Boris Siegenthaler. Marc Oehler est avec de l’air naturel, ce qui génère le aucun collaborateur ne s’occupe de voise. Et, du système de transfert lui aussi ambitieux. «Pour moi, il est plus de CO2 est l’achat de nouveaux Boris Siegenthaler est intaris- vente, poursuit Boris Siegenthaler. de fichiers au service de visioconfé- important de continuer à avancer serveurs. Il n’est pas écologique de sable. Difficile, voire impossible, Nous avons encore tant à dévelop- rence, la palette proposée par Info- vite en lançant de nouveaux services remplacer de manière anticipée les de poser des questions au cofonda- per!» maniak se développe rapidement. pour montrer aux consommateurs serveurs sous prétexte que les tech- teur et ancien directeur d’Infoma- que nous proposons des alterna- nologies récentes sont moins gour- niak. Dès sa première réponse, il se tives intéressantes aux services de mandes en énergie. C’est pour cela lance dans un monologue enthou- siaste où s’enchaînent l’annonce de «Trois quarts de nos 150 employés Google, d’Amazon ou de Microsoft. Tout en n’analysant jamais les don- que l’on s’engage à utiliser nos ser- veurs au moins quinze ans. Cela nouveaux services, la présentation sont des développeurs et aucun nées de nos clients à des fins publi- représente en plus des économies d’initiatives pour l’environnement citaires ou marketing.» substantielles, car on peut augmen- ou encore de mesures en faveur de collaborateur ne s’occupe de vente. ter la puissance de nos anciennes son personnel. L’entreprise genevoise Expansion outre-Sarine machines avec des composants haut spécialisée dans les services informa- Nous avons encore tant à développer!» Le futur directeur général vise aussi de gamme à bas coût qu’on achète aux tiques est en plein boom. Elle le doit BORIS SIEGENTHALER, COFONDATEUR ET ANCIEN DIRECTEUR D’INFOMANIAK la Suisse alémanique. «C’est notre enchères.» en partie à la pandémie, qui dope la marché en plus forte croissance, et Pour son troisième data center, demande pour ses offres. Elle le doit nous voulons y gagner en visibilité Infomaniak travaille également en aussi à Boris Siegenthaler, qui, vingt- Car la société ne s’arrête pas. Fin En grande partie focalisée sur les afin que les entreprises qui se digi- collaboration avec les SIG sur un six ans après avoir fondé Infomaniak, INFOMANIAK décembre 2019, elle lançait kDrive, entreprises, la société n’oublie pas talisent voient qu’il existe des solu- projet de réutilisation de la chaleur lui insuffle une énergie impression- une solution de stockage collabo- les particuliers: le 10 novembre pro- tions puissantes qui sont dévelop- émise par ses centres de données: Direction nante. Marc Oehler rative capable de rivaliser avec les chain, elle lancera un service d’e- pées en Suisse plutôt que d’opter par «Cela doit permettre de chauffer 20 Créée en 1994, l’entreprise - qui fait solutions de Microsoft et de Goo- mail gratuit à vie pour les résidents défaut pour des services créés et gérés immeubles en hiver et d’alimenter partie des finalistes de l’édition 2020 gle. «C’est notre produit avec la plus suisses, avec des services de syn- à l’étranger. Outre-Sarine, les gens un quartier entier en eau chaude. du Prix SVC - s’est très vite spécialisée Création 1996 forte croissance, il a généré 1 mil- chronisation d’agenda et de carnet apprécient nos services, mais d’autres L’idée est ainsi d’utiliser deux fois dans l’hébergement de sites internet. lion de francs de chiffre d’affaires d’adresses. «Nous allons aussi insuf- trouvent un peu étrange que nos prix l’énergie: une fois pour le calcul et En 2020, Infomaniak s’est transfor- enève Siège G à lui seul en moins de douze mois, fler une part d’intelligence artifi- alignés sur le marché européen soient une fois en produisant de la chaleur mée en un petit Google suisse. Boris poursuit le directeur. Nous souhai- cielle dans nos services, qui vont par si bas en Suisse, car plus de 40% de pour la collectivité.»Et ce n’est pas Siegenthaler, qui martèle la néces- tons faciliter la vie aux PME qui sou- exemple vous suggérer dans quel dos- notre chiffre d’affaires vient de notre tout: l’actuel directeur a aussi une Activité s ervices sité de proposer une alternative hel- internet haitent passer du cloud d’un GAFA sier en ligne glisser telle pièce jointe», clientèle européenne…» petite idée pour la structure action- vétique aux géants de la Silicon Val- au nôtre. Et l’année prochaine, nous poursuit Boris Siegenthaler. Infomaniak prévoit, en parallèle, de nariale de son entreprise. Le souhait ley, est en train de réussir son pari. lancerons une offre, toujours pour C’est au milieu de ce tourbillon de créer son quatrième centre de don- de Boris Siegenthaler est d’arriver à «Notre croissance devrait être de 23% Nombre de les entreprises, avec des services illi- nouvelles que le cofondateur va bien- nées en Suisse alémanique. Les deux protéger l’indépendance de l’entre- collaborateurs cette année, avec un chiffre d’affaires 130 mités et une facturation par utilisa- tôt… quitter la tête de l’entreprise. actuels se situent dans la périphérie prise et d’arriver à ce que la moitié qui va atteindre 26 millions de francs. teur.» D’ici à quelques semaines, c’est Marc genevoise, et un troisième sera édifié du capital puisse être détenue par Nous visons les 50 millions en 2023 Infomaniak est si sûr de lui qu’il Oehler, actuel directeur des opéra- ces prochaines années dans la région. ses employés et l’autre moitié par pour réinvestir cette croissance et lance même des services… sans sa tions, qui lui succédera à la tête d’In- ses clients. L’objectif est aussi d’évi- maintenir le rythme de nos dévelop- marque. Depuis quelques jours, il fomaniak. «J’ai envie d’être plus dis- Centres de données plus verts ter que la société, courtisée en per- pements. Nous sommes en train d’en- permet en effet à des clients, que ce cret, de prendre du recul par rapport Les centres de données, un domaine manence par des fonds d’investisse- gager 15 employés d’ici à fin janvier, soit une étude d’avocats ou une école au quotidien pour établir une straté- où Boris Siegenthaler est aussi inta- ment et des concurrents étrangers, qui vont s’ajouter aux 150 employés privée, d’utiliser leur propre identité gie à long terme. Je resterai directeur rissable: «Pour un hébergeur qui uti- ne soit rachetée, délocalisée en par- actuels.» Infomaniak ne recrute pas de marque (nom de domaine, logo et stratégique et c’est Marc qui conti- lise uniquement de l’énergie renou- tie et revendue ensuite plus cher. ■
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