247/248 CONGRÈS FORESTIER MONDIAL XIVe - FAO
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
247/248 ISSN 0251-1053 Revue internationale des forêts et des industries forestières Vol. 67 2016/2-3 XIVe CONGRÈS FORESTIER MONDIAL
Gestion Durable des Utilisateurs cibles Forêts, Boîte à outils La Boîte à outils de la GDF est une plateforme Web gratuite, conviviale et interactive, conçue pour répondre aux divers besoins des praticiens de la gestion durable des forêts, en particulier ceux travaillant au niveau de la gestion des forêts − Gestionnaires forestiers – secteur privé ou public − Praticiens − Responsables de l’aménagement du territoire − Organisations de la société civile et organisations non gouvernementales − Entités et associations du secteur privé Ce que la Boîte à outils de la GDF fournit Accès à des connaissances Soutien et orientation aux Liens entre des thèmes variés relatifs à la et à des outils pratiques relatifs à la gestionnaires forestiers concernant GDF afin de faciliter une approche GDF la mise en œuvre intégrée de la GDF paysagère intégrée STRUCTURE DOMAINES THÉMATIQUES Des modules techniques organisant des outils et des études de cas par domaine é aliment sécurit thématique nanc aire économie ver e verte $ gou Le démarrage rapide facilite la recherche en ge ysa regroupant plusieurs ’ex ns d ist modules par domaine Module pa d’application de la GDF moye Forêt et ... enc e OUTIL&CAS produits Pers nne ch sité o ang ent biodiver directives s Vidéos logiciels apprentissage études em manuels électronique de cas e OUTIL&CAS regroupe un large éventail de directives, de climatiqu manuels, de vidéos, de logiciels, de produits d’apprentissage électronique et d’études de cas produits par la FAO et ses partenaires dans le cadre du Partenariat de collaboration sur La Boîte à outils de la GDF fournit une orientation, des les forêts (PCF), ainsi que par d’autres organisations et pays connaissances pratiques et des ressources sur un éventail de membres sujets relatifs à la GDF ©FAO2016 Ouvrir la boîte à outils : fao.org/sustainable-forest-management/toolbox/fr #SFMToolbox CO135e/1/06.16
247/248 ISSN 0251-1053 Revue internationale des forêts et des industries forestières Vol. 67 2016/2-3 Rédacteurs: A. Sarre et S. Lapstun Comité consultatif de rédaction: S. Braatz, I. Buttoud, P. Csoka, L. Flejzor, Table des matières T. Hofer, F. Kafeero, W. Kollert, S. Lapstun, D. Mollicone, D. Reeb, S. Rose, J. Tissari, Éditorial 2 P. van Lierop Conseillers émérites: J. Ball, I.J. Bourke, T. Vähänen et M. Buszko-Briggs C. Palmberg-Lerche, L. Russo Résultats du XIVe Congrès forestier mondial 3 Conseillers régionaux: F. Bojang, P. Durst, A.A. Hamid, J. Meza H. El-Lakany Dialogue de haut niveau au XIVe Congrès forestier mondial 7 Unasylva paraît en anglais, français et espagnol. Pour souscrire, s’adresser par courriel à B. Tijani unasylva@fao.org. Les demandes d’abonnement Pour réaliser la vision des forêts et de la foresterie en Afrique venant d’institutions (bibliothèques, sociétés, à l’horizon 2050 10 organisations et universités, par exemple) sont préférables aux demandes individuelles, afin de E. Douwes, M. Rouget, N. Diederichs, S. O’Donoghue, K. Roy rendre la revue accessible à davantage de lecteurs. et D. Roberts Tous les numéros d’Unasylva sont disponibles en ligne à titre gratuit à l’adresse suivante: Projet de reboisement communautaire de la décharge www.fao.org/forestry/unasylva. Veuillez envoyer de Buffelsdraai 12 vos commentaires et questions à: unasylva@fao.org. La FAO encourage l’utilisation, la reproduction V. Ingram, M. Haverhals, S. Petersen, M. Elias et B. Basnett et la diffusion des informations figurant dans ce Parité hommes-femmes et chaînes de valeur forestières, produit d’information. Sauf indication contraire, arboricoles et agroforestières: données tirées de la documentation 20 le contenu peut être copié, téléchargé et imprimé aux fins d’étude privée, de recherches ou H. Doulton, M. Mohamed, G. Shepherd, S. Mohamed, B. Ali d’enseignement, ainsi que pour utilisation dans et N. Maddison des produits ou services non commerciaux, sous réserve que la FAO soit correctement mentionnée Combattre la dégradation des forêts dans un petit État insulaire comme source et comme titulaire du droit en développement: une approche paysagère aux Comores 30 d’auteur et à condition qu’il ne soit sous-entendu en aucune manière que la FAO approuverait les J. Fava, G. Arbeletche, D. Barbosa, S. Habib, L. Wlasiuk, opinions, produits ou services des utilisateurs. J.P. Moro, D. Polotto et C. Résico Toute demande relative aux droits de traduction Utiliser les gommes issues d’essences forestières autochtones ou d’adaptation, à la revente ou à d’autres droits argentines dans l’industrie alimentaire 39 d’utilisation commerciale doit être présentée au moyen du formulaire en ligne disponible S. Kane, D. Gritten, L.M. Sapkota, Linh Thi Bui et A. Dhiaulhaq à www.fao.org/contact-us/licence-request ou Tirer le positif des conflits sur les paysages forestiers 45 adressée par courriel à copyright@fao.org. Les appellations employées dans ce produit R. Fischer, Y. Hargita et S. Günter d’information et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part de l’Organisation Nouvelles inédites? Aperçu analytique et leçons tirées des Nations Unies pour l’alimentation et de l’examen d’études multinationales sur la REDD+ 52 l’agriculture (FAO) aucune prise de position quant au statut juridique ou au stade de développement L.N. Silva des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs Plantations de nouvelle génération: vers une intensification durable 62 autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. La mention de sociétés déterminées ou de G. Kain, M.C. Barbu et A. Petutschnigg produits de fabricants, qu’ils soient ou non brevetés, Matériau isolant fabriqué à partir d’écorce d’arbre 67 n’entraîne, de la part de la FAO, aucune approbation ou recommandation desdits produits de préférence Événements spéciaux du XIVe Congrès forestier mondial 76 à d’autres de nature analogue qui ne sont pas cités. Les publications de la FAO mentionnées dans Concours photo «Forêts et population» 80 Unasylva sont disponibles sur le site Web de la FAO (www.fao.org/publications) et peuvent être achetés Treehousing, concours international de design du bois 84 par courriel adressé à publications-sales@fao.org. La FAO et la foresterie 88 Le monde forestier 91 Photo de couverture: L’arboricultrice Nikiwe Gcabashe inspecte un plant de Trichilia dregeana Livres 92 dans une pépinière avant la plantation, dans le cadre du Projet de reboisement communautaire de la décharge de Buffelsdraai, Durban, Afrique du Sud © Errol Douwes
ÉDITORIAL L e contenu de cette édition d’Unasylva est tiré du climatique, de lutte contre la pauvreté et de restauration des XIVe Congrès forestier mondial, qui s’est tenu en sep- écosystèmes. Ingram, Haverhals, Petersen, Elias et Basnett rendent tembre 2015, juste avant l’adoption mémorable des Objec- compte de la nature des différences entre hommes et femmes au tifs de développement durable (ODD) par les Nations Unies et sein des chaînes de valeur forestières, arboricoles et agrofores- de l’Accord de Paris sur le changement climatique. tières, telles qu’elles ressortent d’un examen approfondi de la Le Congrès forestier mondial constitue la plate-forme planétaire documentation. Doulton, Mohamed, Shepherd, Mohamed, Ali majeure pour tous ceux qui sont concernés par les forêts et la et Maddison décrivent un projet visant à améliorer la durabilité foresterie. Se déroulant tous les six ans, il fournit aux parties de la gestion des ressources naturelles aux Comores, un archipel prenantes forestières du monde entier une occasion de partager des au large de la côte orientale de l’Afrique. L’une des clés de la expériences et de débattre du passé, du présent et de l’avenir des réussite, selon eux, est de s’assurer que les interventions génèrent forêts, ainsi que de leur conservation et de leur utilisation durable. des avantages locaux immédiats, tout en établissant une base de Tenu pour la première fois en Afrique, le XIVe Congrès forestier données probantes pour la conservation à long terme. L’article mondial a couvert de nombreux domaines, montrant à la fois la de Fava, Arbeletche, Barbosa, Habib, Wlasiuk, Moro, Polotto et complexité des problématiques forestières et le potentiel immense Résico explique comment les gommes issues de quatre espèces que représentent les forêts pour la réalisation des Objectifs de d’arbres argentines pourraient être utilisées comme additifs; la développement durable et l’atténuation du changement climatique. récolte de ces gommes, déclarent les auteurs, pourrait créer des Ouvrant le numéro, Vähänen et Buszko-Briggs donnent un emplois solides dans les communautés locales et permettre ainsi aperçu général du Congrès. Ils fournissent des informations de réduire la pression du déboisement. globales sur l’événement et examinent ses principaux résultats; Kane, Gritten, Sapkota, Linh Thi Bui et Dhiaulhaq présentent ces derniers comptent notamment une déclaration sur les liens une étude menée dans six communautés d’Asie du Sud-Est, dont étroits entre les ODD et les forêts, un message adressé à la le résultat principal est que la médiation peut jouer un rôle crucial Conférence de Paris sur le changement climatique, une «vision» dans la transformation des conflits forestiers, essentiellement des forêts et de la foresterie à l’horizon 2050 et au-delà, et une en instaurant un climat de confiance entre les parties opposées. liste des actions prioritaires devant être menées pour réaliser Les auteurs recommandent de valoriser la médiation comme cette dernière. moyen de mieux régler les conflits sur les paysages forestiers. El-Lakany décrit le Dialogue de haut niveau tenu durant le Dans leur examen d’analyses multinationales de projets REDD+, Congrès, qui a vu l’intervention de 14 ministres et divers autres Fischer, Hargita et Günter s’étonnent de ce que nombre des hauts responsables représentant des gouvernements et des entités questions fondamentales à ce sujet sont largement ignorées par la internationales. Un point essentiel a émergé de ce Dialogue: il documentation – surtout les niveaux de référence, les fuites et la est nécessaire d’intensifier l’investissement dans les forêts si l’on permanence. Silva introduit le concept de «plantations de nouvelle veut que celles-ci réalisent pleinement leur potentiel en matière génération», où les projets de plantation forestière prennent de contribution au développement durable et à la gestion du pour thème central le développement économique local, visent changement climatique. à maintenir l’intégrité des écosystèmes et protègent les zones à Tijani rend compte de la Journée de l’Afrique organisée dans haute valeur de conservation, et sont rentables. Enfin, Kain, Barbu le cadre du Congrès, durant laquelle la Commission de l’Union et Petutschnigg présentent les résultats d’expériences de recherche africaine et ses partenaires ont débattu du rôle de la gestion sur l’utilisation de l’écorce – un sous-produit volumineux de la durable des forêts dans la lutte contre le changement climatique production industrielle de bois – comme matériau isolant dans et ont, entre autres choses, appelé à investir davantage dans les la construction, et concluent qu’elle a un potentiel considérable. forêts africaines. Dans leur article de synthèse, Vähänen et Buszko-Briggs De brefs articles à la fin de cette édition synthétisent d’autres concluent que, en rassemblant les acteurs forestiers du monde événements spéciaux tenus durant le Congrès – le Dialogue entier, en renforçant leur engagement, en créant une vision com- international sur les forêts et l’eau et les forums consacrés à mune et en définissant des actions prioritaires, le XIVe Congrès l’énergie ligneuse, aux jeunes et à la faune sauvage. forestier mondial a offert au secteur forestier une opportunité. D’autres articles s’appuient sur des documents présentés au «Si nous l’exploitons en travaillant de manière collaborative et Congrès. Couvrant un vaste champ, ils illustrent l’immense en investissant dans les communautés forestières et les savoirs innovation qui caractérise déjà la foresterie, en particulier pour forestiers», disent-ils, «les forêts feront un retour en force.» Cela ce qui est des approches encourageant l’implication des commu- serait une nouvelle bienvenue pour tous ceux qui s’efforcent de nautés locales dans la gestion des forêts et le partage équitable réaliser les ODD et limiter le changement climatique. u des bénéfices, mais aussi pour ce qui est des produits novateurs. Douwes, Rouget, Diederichs, O’Donoghue, Roy et Roberts décrivent un projet de reboisement mené à Durban, Afrique du Sud, et mis en œuvre par une administration locale en partenariat avec des communautés et des organisations. Lancé à l’origine en tant qu’initiative visant à compenser les émissions de gaz à effet de serre liées à l’accueil de la Coupe du monde de football 2010 de la FIFA, le projet a entraîné également d’autres bénéfices importants, principalement en termes d’adaptation au changement
3 © BENNY GOOL/ORYX MEDIA Résultats du XIVe Congrès forestier mondial T. Vähänen et M. Buszko-Briggs L Le Congrès a aidé à créer une e XIVe Congrès forestier mondial Le Congrès forestier mondial constitue la dynamique soulignant le rôle s’est tenu en septembre 2015, durant plate-forme planétaire majeure pour tous crucial joué par les forêts pour les semaines et les mois qui ont pré- ceux qui sont concernés par les forêts et relever les défis mondiaux. cédé deux événements historiques signifi- la foresterie. Fonctionnaires gouvernemen- catifs: une réunion de l’Assemblée générale taux, scientifiques et professionnels des des Nations Unies lors de laquelle ont été forêts et d’autres secteurs, propriétaires de adoptés les Objectifs de développement forêts, entreprises, étudiants, populations durable (ODD), et la 21e Conférence des forestières autochtones, exploitants fores- Parties (COP 21) à la Convention-cadre tiers familiaux et communautés locales, des Nations Unies sur les changements entre autres acteurs, se rencontrent pour climatiques (CCNUCC), qui avait pour échanger leurs points de vue, partager leurs objectif de tracer une voie permettant expériences, discuter de tous les aspects au monde de pouvoir espérer éviter les de la foresterie et, en dernière analyse, Tiina Vähänen est Directrice adjointe de effets les plus graves du changement clima- faire des recommandations et lancer des la Division des politiques et des ressources forestières de la FAO, et Secrétaire générale tique. Les responsables du XIVe Congrès appels à l’action qui soient susceptibles adjointe du XIVe Congrès forestier mondial. forestier mondial avaient clairement pour Malgorzata Buszko-Briggs est Chargée ambition de faire en sorte que celui-ci de programme au Programme ONU-REDD, et était Coordonnatrice d’équipe pour le contribue substantiellement à ces deux En haut: Participants au XIVe Congrès forestier XIVe Congrès forestier mondial. événements imminents. mondial, Durban Unasylva 247/248, Vol. 67, 2016/2-3
4 d’être appliqués à l’échelle régionale et la scène des principaux processus glo- Le XIVe Congrès forestier mondial s’est globale. Le Congrès forestier mondial a baux. Cet article présente un aperçu de accompagné de bonnes nouvelles: après aussi pour objectif plus vaste de fournir au ses résultats. des décennies d’inattention politique et secteur forestier une occasion périodique de perte mondiale de superficie forestière, (en général tous les six ans) de faire le RÉSULTATS DU XIVe CONGRÈS les forêts reviennent sur le devant de la point sur la situation des forêts et de la FORESTIER MONDIAL scène, le rôle qu’elles jouent dans la sécu- foresterie, déceler des tendances, adapter Quelque 3 900 personnes provenant de rité alimentaire ainsi que les liens qui les des politiques, et sensibiliser les déci- 142 pays différents ont assisté au XIVe unissent à d’autres formes d’utilisation deurs, le public ainsi que l’ensemble des Congrès forestier mondial, notamment près des terres étant plus reconnus que jamais. parties prenantes. Ce n’est pas une réunion de 2 400 personnes issues du continent L’Évaluation des ressources forestières intergouvernementale et il ne comprend africain (dont 1 400 d’Afrique du Sud), mondiales 2015 de la FAO, lancée lors pas de groupes constitutifs formels ni de de même que plus de 350 jeunes profes- du Congrès, a rapporté que le taux net de délégations nationales. sionnels et étudiants. Près de 800 articles perte de forêts naturelles est en baisse, L’implication de la FAO dans le Congrès volontaires ont été soumis, dont 200 envi- tandis que la superficie soumise à une ges- forestier mondial date de 1945, lorsque ron ont été présentés au Congrès, de même tion forestière durable est en hausse. Au l’Organisation a repris les fonctions de que 250 affiches et 40 vidéos. Le Congrès cours du Congrès, des débats et partages l’Institut international d’agriculture, qui a proposé cinq sessions plénières, six dia- des connaissances sur les innovations en avait organisé les congrès forestiers mon- logues thématiques étalés sur trois jours, matière de suivi des forêts et technologie diaux de Rome en 1926 et de Budapest six événements spéciaux et 180 événements du bois, les efforts visant à améliorer la en 1936. Depuis, la FAO a sélectionné parallèles. Il a aussi été le théâtre d’un gouvernance forestière, le renforcement de le pays d’accueil de 12 autres congrès Dialogue de haut niveau faisant intervenir la résilience et la reconnaissance des droits forestiers mondiaux, participant en outre près de 20 ministres et hauts responsables; et du potentiel des exploitants locaux, ont à leur financement et à leur organisation. ces derniers, entre autres choses, ont appelé ajouté à une sensation de renaissance Le plus récent d’entre eux, le XIVe Congrès à un engagement effectif des parties pre- imminente du secteur forestier. forestier mondial, qui était accueilli par le nantes et de la société civile, à l’égalité Gouvernement de l’Afrique du Sud et qui entre les sexes, à la bonne gouvernance et s’est tenu à Durban en septembre 2015, à la sécurisation du régime foncier (voir Le XIVe Congrès forestier a aidé à propulser les forêts au centre de l’article page 7). mondial a été marqué par une forte présence des jeunes © FAO/GIUSEPPE CAROTENUTO Unasylva 247/248, Vol. 67, 2016/2-3
5 Lors d’un événement – dénommé Tree Talk – du XIVe Congrès forestier mondial, Sekar Ayu Woro Yunita, de l’Association internationale des étudiants en sylviculture, a parlé de son engagement dans Youth in Forest Actions, un programme indonésien créé par des jeunes à l’intention des jeunes © FAO/GUISEPPE CAROTENUTO Objectifs de développement durable Le XIVe Congrès forestier mondial a pré- Bénéfices locaux et régionaux Ce retour des forêts aurait des avantages à cisé les fortes connexions existant entre les Si les congrès forestiers mondiaux ont l’échelle planétaire. L’adoption des ODD ODD et les forêts, et a fait la déclaration une portée globale, ils peuvent de plus par l’Assemblée générale des Nations d’intention suivante: avoir des effets locaux considérables sur Unies à New York en octobre 2015 a les pays et régions d’accueil. Le fait que le constitué un résultat mondial exceptionnel, «Les chefs de file et praticiens du XIVe Congrès forestier mondial se tienne ayant d’immenses implications pour les secteur forestier du monde entier sont à Durban a donné aux acteurs du secteur forêts. La nécessité de gérer durablement résolus à redoubler d’efforts afin de forestier sud-africain l’occasion d’accroître ces dernières est clairement énoncée dans gérer durablement les forêts... La FAO la visibilité des forêts, de stimuler le débat l’ODD 15, et s’inscrit dans l’ODD 6 portant et les autres organisations internatio- politique et d’impliquer les jeunes dans sur la protection et la restauration des éco- nales compétentes sont prêtes à aider des discussions sur l’avenir des forêts de systèmes liés à l’eau. En outre, du fait que à renforcer la contribution des forêts à leur pays. Le XIVe Congrès forestier mon- les forêts remplissent de multiples fonc- la réalisation des ODD.» dial a également favorisé des échanges tions, elles ont aussi un rôle à jouer dans de vues à l’échelle régionale: l’événement la réalisation d’autres ODD, notamment Ce type d’appel au rassemblement spécial de la «Journée de l’Afrique» a ceux consistant à éradiquer la pauvreté, illustre l’importance des congrès forestiers offert une plate-forme où gouvernements, garantir la sécurité alimentaire, promou- mondiaux en tant que plates-formes qui décideurs, experts, membres du secteur voir une agriculture durable, assurer à tous permettent de partager des informations privé et praticiens ont pu se réunir pour un accès durable à l’énergie, et lutter contre et des connaissances, débattre de questions échanger, débattre d’idées et partager des le changement climatique. forestières, et créer un engagement et un informations, en vue de renforcer les réso- élan en direction d’objectifs communs. lutions communes et créer des partenariats Unasylva 247/248, Vol. 67, 2016/2-3
6 soucieux d’investir intelligemment dans une réalité. Dans son quatrième docu- d’appel à candidature pour accueillir le les forêts africaines (voir l’article page 10). ment final, le Congrès a défini plusieurs XVe Congrès forestier mondial sera achevé actions prioritaires que nous devons mener fin 2016. D’ici 2021, lorsque ce Congrès Message à l’intention de la conférence pour cette réalisation. Nous avons besoin se tiendra, nous devons être bien avancés sur le changement climatique d’investir davantage dans l’éducation fores- sur la voie menant à exploiter au mieux le Le XIVe Congrès forestier mondial a tière, la communication et la recherche, et potentiel des forêts pour atteindre les ODD produit quatre documents finaux, dont de définir de meilleures incitations pour et combattre le changement climatique. la déclaration sur les ODD mentionnée que les jeunes se tournent vers les carrières Les résultats du XIVe Congrès forestier plus haut. Un autre document a consisté forestières. Nous avons besoin de créer de mondial sont disponibles sur: www. en un message adressé à la COP 21 à la nouveaux partenariats intersectoriels, de fao.org/about/meetings/world-forestry- CCNUCC, mettant en garde contre le fait susciter un engagement fort auprès des congress/outcome u que «le changement climatique constitue communautés locales et des populations une grave menace pour la planète, les forêts autochtones dépendantes des forêts, et de et les populations dépendantes des forêts», mettre l’accent sur l’innovation des pro- mais reconnaissant aussi que le change- duits et l’inclusion des chaînes de valeur ment climatique offre une opportunité pour des produits forestiers dans le concept de améliorer la gouvernance des forêts. Le la bioéconomie. L’égalité entre les sexes message appelait notamment à agir pour dans le secteur forestier est également fon- favoriser une meilleure compréhension du damentale – il est capital que les femmes changement climatique auprès des gou- participent à égalité des hommes dans les vernements et autres parties prenantes, prises de décision sur les forêts. Et nous et à promouvoir des partenariats et des avons besoin de nous assurer que les forêts échanges sud-sud en matière d’adaptation plantées génèrent autant que possible les et d’atténuation. Nombre des participants, mêmes avantages multifonctionnels que dont la FAO, ont salué l’Accord de Paris les forêts naturelles. né de la COP 21, en tant qu’élément sus- ceptible de changer la donne; entre autres LA DURABILITÉ EXIGE choses, il a reconnu formellement le rôle UNE APPROCHE INTÉGRÉE majeur joué par les forêts dans la lutte Il existe un large consensus sur le fait que, contre le changement climatique. s’il nous faut renforcer la durabilité des forêts, nous devons également regarder Vision de l’avenir des forêts au-delà des frontières sectorielles et pré- Le XIVe Congrès forestier mondial a coniser une utilisation durable des terres dessiné une vision des forêts et de la fores- de manière à tirer parti des forces motrices terie à l’horizon 2050 et au-delà dans sa à la base du développement mondial. Une Déclaration de Durban. Selon cette vision, approche intégrée est requise, s’appuyant les forêts de l’avenir: sur un engagement significatif des par- • seront fondamentales pour assurer la ties prenantes: la nécessité de garantir sécurité alimentaire et de meilleurs des aliments, de l’eau, de l’énergie et des moyens d’existence – elles accroîtront emplois pour les générations actuelles et la résilience des communautés en futures devrait être à l’avenir au centre des fournissant des aliments, de l’éner- efforts en matière de gestion des forêts, de gie, des fibres et d’autres produits, en l’agriculture et des bassins versants. Les générant des revenus et des emplois, approches sectorielles doivent être durables en abritant de la biodiversité, et en et les approches intégrées encouragées si soutenant une agriculture durable l’on veut obtenir des avantages multiples ainsi que le bien-être humain; de la gestion des terres. • feront intrinsèquement partie d’ap- En rassemblant les acteurs forestiers du proches intégrées de l’utilisation des monde entier, en renforçant leur engage- terres, aptes à affronter les conflits ment, en créant une vision commune et en fonciers et à capitaliser les nombreux définissant des actions prioritaires, le XIVe avantages pouvant dériver de l’asso- Congrès forestier mondial nous a offert ciation des forêts et de l’agriculture; une opportunité. Si nous l’exploitons en • représenteront une solution essentielle travaillant de manière collaborative et en face au changement climatique. investissant dans les communautés fores- Nous avons du travail à accomplir si tières et les savoirs forestiers, les forêts nous voulons que cette vision devienne feront un retour en force. Le processus Unasylva 247/248, Vol. 67, 2016/2-3
7 © FAO/GIUSEPPE CAROTENUTO Dialogue de Orateurs invités sur la scène durant le Dialogue de haut niveau, De nombreux organismes intergouverne- XIVe Congrès forestier mondial haut niveau au mentaux et organisations internationales ont adopté pour principe de réserver une place pour thème «Les forêts et les populations: XIVe Congrès à des réunions de haut niveau dans le cadre de leurs événements majeurs. Parmi les per- investir dans un avenir durable». Le Dialogue de haut niveau sur l’agenda forestier mondial forestier mondial sonnes fréquemment invitées à participer à ces réunions figurent de hauts responsables se proposait – en harmonie avec le thème général du Congrès – d’examiner comment des administrations nationales, tels que chefs les investissements (en termes de finance- H. El-Lakany d’État et de gouvernements, ministres et ment, de capital humain et d’infrastructure) ambassadeurs; des cadres supérieurs des dans les forêts, la foresterie et les communau- Les participants au Dialogue ont agences des Nations Unies; des scientifiques tés forestières pourraient le mieux contribuer souligné la nécessité d’un ferme renommés; des dirigeants du secteur privé; et à la mise en œuvre de l’Agenda 2030 pour le engagement politique à intensifier d’autres personnalités de la société civile. Ces développement durable, comment maximiser l’investissement dans les forêts, segments de haut niveau ont pour objectif l’apport des forêts et de la foresterie à la dans le cadre des actions menées de montrer la détermination et l’engagement réalisation des Objectifs de développement à l’échelle mondiale pour assurer des dirigeants politiques aux degrés les plus durable (ODD)1 et comment renforcer leur un développement durable et faire élevés; donner un aperçu scientifique et une rôle dans le futur régime climatique. face au changement climatique. vision stratégique du sujet visé; préparer le Avant le Congrès, afin de simplifier les dis- terrain en vue de favoriser des discussions cussions, les intervenants au Dialogue de significatives au cours des événements; et haut niveau ont reçu une liste de thèmes pré- définir la voie à suivre pour pouvoir parvenir parés par le Comité consultatif international à des résultats ambitieux et tangibles. Hosny El-Lakany est Professeur adjoint, Le XIVe Congrès forestier mondial, tenu à 1 L’Assemblée générale a adopté la Résolution 70/1 Faculté de foresterie, Université de la Durban, Afrique du Sud, en septembre 2015 sur les ODD le 25 septembre 2015; les conclusions Colombie-Britannique, Vancouver, Canada, du XIVe Congrès forestier mondial, y compris et Président du Comité consultatif du et organisé par le Gouvernement de l’Afrique dans le cadre du Dialogue de haut niveau, ont XIVe Congrès forestier mondial. du Sud en collaboration avec la FAO, avait été adaptées de façon à appuyer cette décision. Unasylva 213, 212, Vol. 55, 54, 2003 Unasylva 247/248, Vol. 67, 2016/2-3
8 du XIVe Congrès forestier mondial 2 et le Quatorze ministres et plusieurs autres 2015 tout en se concentrant sur la réalisation secrétariat du Congrès. Les thématiques hauts représentants de gouvernements et d’ODD spécifiques. Ces éléments étaient étaient les suivantes: organismes internationaux ont participé au notamment les suivants: • Vision à long terme de l’action sur les Dialogue de haut niveau, qui a été coprésidé • Des exemples éloquents de façons dont forêts. par l’auteur de cet article et le général Bheki les forêts pourraient aider à relever des • Besoins cruciaux en matière d’inves- Cele, Ministre adjoint de l’agriculture, des défis planétaires majeurs tels que la tissement dans les forêts pour chaque forêts et des pêches du Gouvernement de lutte contre la pauvreté et la sécurité ali- pays. l’Afrique du Sud. mentaire. Certains intervenants se sont • Exemples de réussites nationales en Le Dialogue de haut niveau a commencé attardés sur l’importance des forêts et termes d’efforts entrepris pour accroître par de courtes introductions des coprési- de la foresterie dans la sécurité alimen- l’investissement dans les forêts. dents, qui ont ensuite invité les ministres taire, apportant des illustrations du rôle • Messages dont les orateurs souhai- et les autres intervenants à faire des décla- clé des forêts pour les communautés teraient qu’ils soient envoyés par le rations, lesquelles ont été suivies par une autochtones et locales qui en dépendent Congrès à la 21e Conférence des Parties discussion ouverte entre les participants. pour leur subsistance; d’autres ont souli- (COP 21) à la Convention-cadre des Lors de la conclusion du Dialogue, M. José gné le besoin de garantir que l’utilisation Nations Unies sur les changements Graziano da Silva, Directeur général de la de l’énergie provenant du bois soit effi- climatiques (CCNUCC) et à la session FAO, et M. Senzeni Zokwana, Ministre de cace et durable. sur les ODD de l’Assemblée générale l’agriculture, des forêts et des pêches du • L’importance de développer des syner- des Nations Unies. Gouvernement de l’Afrique du Sud, ont fait gies entre la foresterie et les autres de brèves déclarations finales. utilisations des terres, en mettant l’ac- 2 Le Comité consultatif international du XIVe Vers la fin de la session, j’ai synthétisé les cent sur la nécessité d’une intégration Congrès forestier mondial était composé de 18 personnalités éminentes sélectionnées pour éléments essentiels, tels qu’ils avaient été effective des politiques forestières et leurs capacités personnelles. Il avait notamment identifiés par les orateurs et d’autres partici- pour mandat de conseiller la FAO sur les contenus pants, de ce qui constituait une vision d’action Le Directeur général de la FAO, du programme technique du Congrès forestier José Graziano da Silva, au centre, mondial et d’appuyer les efforts visant à assurer à long terme intégrant plus largement les fait une intervention durant une vaste participation au Congrès. forêts dans l’agenda du développement post le Dialogue de haut niveau du XIV Congrès forestier mondial e © FAO/GIUSEPPE CAROTENUTO Unasylva 247/248, Vol. 67, 2016/2-3 Unasylva 213, Vol. 55, 2003
9 des politiques portant sur l’agriculture, l’eau, l’énergie et le développement urbain. • Des appels clairs à promouvoir un rôle plus important pour les forêts dans l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets; ceci, en reconnaissant leur portée planétaire en matière de piégeage du carbone et leur potentiel dans les interventions visant à l’adaptation, par exemple au travers de la réduction du déboisement et de la dégradation des forêts, du maintien des services écosystémiques, et de l’apport de filets de sécurité et d’options de subsistance. • Les avantages d’une gestion forestière durable à assise communautaire et les bénéfices d’un engagement et d’une participation véritables des parties pre- nantes, de même que l’importance de © FAO/GIUSEPPE CAROTENUTO l’égalité entre les sexes. • L’importance de l’Évaluation des res- sources forestières mondiales de la FAO, ainsi que d’autres outils de suivi. • Le besoin urgent de traiter les causes du déboisement et de la dégradation des Les participants au Congrès forêts – même si quelques participants écoutent des interventions durant ont fait part de messages positifs, met- du Dialogue pour élaborer des messages le Dialogue de haut niveau tant en lumière les actions menées dans neufs et forts à l’intention de la COP 213 à certains pays pour réduire le déboise- la CCNUCC, de l’Assemblée générale des ment net et s’attaquer à la dégradation Nations Unies et de l’ensemble du monde. articuler le rôle essentiel joué par les forêts des forêts. Avec l’appui des coprésidents, le secrétariat pour répondre aux engagements futurs sur le Le message essentiel ayant émergé de du Congrès a produit un communiqué sur changement climatique et réaliser les ODD. la discussion ouverte a sans doute été les résultats du Dialogue de haut niveau, Le Dialogue de haut niveau a été un évé- que, si l’on veut que les forêts du monde résumant les questions clés soulevées par nement bien organisé, qui a bénéficié d’une concrétisent pleinement leur contribution les participants sous forme de points corres- participation conséquente. Il a contribué au potentielle au développement durable et à pondant à des actions pour les forêts et la succès général du XIVe Congrès forestier la gestion du changement climatique, il est foresterie. mondial, lequel a adressé des messages indispensable d’intensifier l’investissement Le Dialogue de haut niveau a conclu que clairs au monde entier concernant le rôle dans des domaines divers, tels que: transfert les forêts pourraient faire partie intégrante fondamental joué par les forêts pour faire face technologique; innovation en matière de pro- d’une transformation en direction d’une au changement climatique, lutter contre la duits; développement des microentreprises; bioéconomie, principalement au travers de pauvreté et assurer la sécurité alimentaire. renforcement des capacités, notamment à l’innovation et du recours accru au bois dans Les participants ont appelé à un engagement l’échelon communautaire; éducation fores- la construction et le secteur du bâtiment. politique ferme à investir davantage dans tière; et création d’opportunités d’emploi, en Certains hauts représentants ont souligné les forêts, tant en termes financiers que de particulier pour les jeunes. que les programmes forestiers nationaux capital humain, en vue d’appuyer les actions Le public a apprécié que de nombreux pourraient constituer des plates-formes utiles menées à l’échelle mondiale pour assurer orateurs aient fait part d’expériences réus- à l’échelon national, permettant de mieux un développement durable et faire face au sies en matière d’investissement accru dans changement climatique. u les forêts, la foresterie et les communautés 3 La COP 21 à la CCNUCC, tenue en décembre 2015, est enfin parvenue à un accord historique pour forestières dans leurs pays respectifs. Pour lutter contre le changement climatique et lancer ma part, il me semble que le Dialogue de des actions et des investissements orientés vers haut niveau a joué un rôle crucial dans la un avenir sobre en carbone, résilient et durable. Les conclusions du XIVe Congrès forestier conception des résultats du Congrès; les mondial, y compris dans le cadre du Dialogue quelque 4 000 participants à ce dernier se de haut niveau, ont été adaptées de façon à étayer sont appuyés sur les bases posées lors cet accord. Unasylva 213, 212, Vol. 55, 54, 2003 Unasylva 247/248, Vol. 67, 2016/2-3
10 Pour réaliser la vision des forêts et de la foresterie en Afrique à l’horizon 2050 B. Tijani © FAO/GIUSEPPE CAROTENUTO Les résultats du XIVe Congrès L’Afrique du Sud a accueilli avec succès des opportunités économiques, la facilita- forestier mondial aideront à le XIVe Congrès forestier mondial, le pre- tion de l’accès aux forêts, et la promotion de orienter le travail de la FAO mier à se tenir en Afrique, qui a rassemblé nouvelles technologies et de produits renou- en Afrique en matière de forêts, près de 4 000 délégués en provenance du velables, posant ainsi les bases de la vision dans le contexte des Objectifs monde entier. Des dirigeants du continent, des forêts et de la foresterie à l’horizon 2050. de développement durable et du des décideurs, des praticiens et diverses Il était significatif que le Congrès forestier nouvel accord sur le climat. parties prenantes se sont réunis à Durban mondial se déroule en Afrique car celle-ci en septembre 2015, attirant l’attention sur recèle nombre des défis et opportunités les forêts pour favoriser des politiques de majeurs à l’échelle mondiale en matière de soutien et encourager les investissements forêts. Le Congrès a ainsi permis au continent dans le développement durable de ce sec- de faire le point sur ses expériences, ses teur. Les participants ont débattu des moyens connaissances et ses initiatives, en parti- d’exploiter le plein potentiel des forêts en culier en vue de favoriser la concrétisation Bukar Tijani est Sous-Directeur général/ vue de libérer les populations rurales de la des priorités et objectifs de développement Représentant régional pour l’Afrique de la FAO. pauvreté, notamment grâce à la multiplication centrés sur les personnes, tels qu’ils sont Unasylva 247/248, Vol. 67, 2016/2-3 Unasylva 213, Vol. 55, 2003
11 Page précédente: Intervenants durant vulnérabilité face au changement climatique, permettre simultanément de mieux gérer les un événement de la Journée de l’Afrique, et les opportunités qu’ils fournissent aux ressources naturelles, de renforcer l’adapta- XIVe Congrès forestier mondial, Durban, Afrique du Sud. De gauche à droite: populations africaines en matière de sécurité tion au changement climatique en Afrique, M. Bukar Tijani; Mme Edith Vries, Directrice alimentaire, de développement économique et de contribuer à atténuer ce changement à générale, Ministère de l’agriculture, des et d’emploi – en particulier pour les jeunes l’échelle régionale et mondiale, en allégeant forêts et des pêches du Gouvernement de l’Afrique du Sud; M. Martin Bwalya, Chef de la et les femmes. Les participants à la Jour- les pressions à l’origine du déboisement et Division du développement des programmes, née de l’Afrique ont appelé à des approches en améliorant la santé des sols et l’accès Agence de planification et de coordination multisectorielles intégrées dans le domaine à l’eau. L’Afrique est prête à avancer sur du NEPAD; M. Belete Tafere, Ministre éthiopien de l’environnement et des forêts; de la gestion durable des forêts, à des inno- une voie de développement durable apte à Mme Tumusiime Rhoda Peace, Commissaire vations technologiques et au renforcement assurer la croissance agricole, la sécurité de l’Union africaine en charge de l’économie des capacités dans le secteur forestier; ils ont alimentaire et la qualité de la nutrition, l’élimi- rurale et de l’agriculture; et Mme Mette Loyche Wilkie, Directrice auprès du Programme des plaidé pour un investissement accru dans la nation de la pauvreté, la fourniture d’énergie Nations Unies pour l’environnement gestion durable des forêts et le financement (par exemple, dérivée du bois) et l’apport de de celle-ci. moyens d’existence, tout en renforçant la Dans un tel contexte, il est encourageant résilience en regard du changement clima- énoncés dans l’Agenda africain pour 20631. de noter que les conclusions et messages tique. La gestion durable des forêts a un rôle Le Congrès a aussi représenté une occasion issus du XIVe Congrès forestier mondial essentiel à jouer à cet égard. u unique de réfléchir en profondeur sur l’ave- aideront à orienter le travail de la FAO en nir des 624 millions d’hectares de forêts et Afrique en matière de forêts, dans le cadre d’arbres hors forêts qu’abrite le continent, des Objectifs de développement durable et et il a contribué à mobiliser les gouverne- du nouvel accord sur le climat conclu à Paris ments pour qu’ils répondent à l’appel contenu en décembre 2015. Le Congrès a ainsi permis dans la Déclaration de Malabo2, préconisant de déterminer des domaines d’action priori- d’établir un programme-cadre pour la gestion taires, à savoir assurer la sécurité alimentaire durable des forêts. et les moyens d’existence; intégrer les forêts Au cours de la Journée de l’Afrique aux autres utilisations des terres; et garantir organisée dans le cadre du Congrès, la que les forêts continuent à fournir une vaste Commission de l’Union africaine et ses gamme de biens et services, notamment en partenaires – comprenant le Bureau régio- termes d’adaptation et d’atténuation face au nal pour l’Afrique de la FAO et l’Agence de changement climatique. planification et de coordination du Nouveau Des efforts sont accomplis en Afrique pour partenariat pour le développement de déployer des programmes bien définis et l’Afrique (NEPAD) – ont débattu des moyens réalisables. La Conférence régionale pour de lutter contre le changement climatique à l’Afrique de la FAO, tenue à Abidjan, Côte travers la gestion durable des forêts. Les d’Ivoire, en avril 2016, a ainsi recommandé discussions ont mis en évidence le rôle que que l’Organisation renforce son appui aux peuvent jouer des forêts et des arbres hors pays dans trois domaines – accès aux mar- forêt gérés de manière viable pour réduire la chés et systèmes agroalimentaires; gestion durable des ressources naturelles et gouver- 1 L’Agenda 2063 est un appel à l’action adressé nance; et renforcement de la résilience pour à tous les segments de la société africaine, afin une meilleure gestion des risques. qu’ils œuvrent ensemble à construire une Afrique Les ministres de l’agriculture et les chefs prospère et unie, sur la base de valeurs partagées et d’un destin commun. Lors du 50e anniversaire de délégation présents à la Conférence de leur Déclaration solennelle, les chefs d’État et régionale ont discuté du thème de la sécurité de gouvernement de l’Union africaine ont défini alimentaire et ont reconnu que le changement une vision et huit idéaux qui devraient servir de piliers au continent dans un avenir proche, climatique menace les droits de l’Homme l’Agenda 2063 devant les traduire en objectifs, fondamentaux en Afrique. Ils ont toutefois jalons, cibles, mesures et actions concrets. dégagé une vision commune selon laquelle 2 Les chefs d’État et de gouvernement de l’Union il est vital d’investir dans un développement africaine ont adopté la «Déclaration de Malabo sur la croissance et la transformation accélérées agricole productif et résilient si l’on veut de l’agriculture en Afrique pour une prospérité garantir que les pays africains – et surtout partagée et de meilleures conditions de vie» les habitants les plus pauvres et les plus lors de la Conférence de l’Union africaine tenue à Malabo, Guinée équatoriale, en juin 2014. sujets à l’insécurité alimentaire – puissent La Déclaration de Malabo est un ensemble continuer à prospérer en dépit du change- d’objectifs prônant une approche plus ciblée ment climatique. pour réaliser la vision agricole du continent, à savoir une prospérité partagée et de meilleures La Conférence a reconnu que des investis- conditions de vie. sement bien ciblés dans l’agriculture peuvent Unasylva 213, 212, Vol. 55, 54, 2003 Unasylva 247/248, Vol. 67, 2016/2-3
Vous pouvez aussi lire