Stratégie nationale de santé 2018-2022 - Ministère des ...
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Introduction C. Mobiliser les outils de prévention du système de santé p.8 p.26 Renforcer la protection vaccinale de la population I. METTRE EN PLACE UNE POLITIQUE DE PROMOTION DE LA p.27 SANTE, INCLUANT LA PRÉVENTION, DANS TOUS LES MILIEUX ET TOUT AU LONG DE LA VIE Préserver l’efficacité des antibiotiques p.10 p.28 A. Promouvoir les comportements favorables à la santé Développer une politique de repérage, de dépistage, et de prise en p.11 charge précoces des pathologies chroniques p.29 Prévenir l’entrée dans les pratiques addictives (tabac, alcool, substances psychoactives licites et illicites, addictions sans Faciliter la mise en œuvre des actions de promotion de la santé substances) dans tous les milieux de vie p.12 p.30 Réduire les prévalences des pratiques addictives (tabac, alcool, substances psychoactives licites et illicites, addictions sans substances) et leurs conséquences nocives II. LUTTER CONTRE LES INEGALITES SOCIALES ET TERRITORIALES p.14 D’ACCES A LA SANTE p.31 Prévenir les risques liés à la conduite dangereuse p.15 A. Lever les obstacles sociaux et économiques à l’accès aux Promouvoir une alimentation saine services de santé p.16 p.33 Promouvoir une activité physique régulière Renforcer l’accès aux droits sociaux à la couverture maladie p.16 p.34 Promouvoir la santé sexuelle et l’éducation à la sexualité Limiter les dépenses de santé restant à la charge des assurés, p.17 notamment pour les prothèses dentaires et auditives et pour l’optique médicale Prévenir la perte d’autonomie p.35 p.18 Accompagner le recours aux services de santé des personnes Promouvoir l’application des règles d’hygiène individuelle et vulnérables ou qui en sont éloignées collective p.36 p.19 Prévenir la désinsertion professionnelle et sociale des malades, B. Promouvoir des conditions de vie et de travail favorables à des blessés et des victimes d’accidents sanitaires ou traumatiques la santé et maîtriser les risques environnementaux p.37 p.20 B. Garantir l’accès aux soins sur l’ensemble du territoire Réduire l’exposition à des conditions d’habitat indignes et aux p.38 pollutions intérieures p.21 Renforcer la présence médicale et soignante dans les territoires p.39 Promouvoir la santé au travail, développer une culture de prévention dans les milieux professionnels et réduire la fréquence Généraliser les usages du numérique en santé pour abolir les et la sévérité des pathologies liées aux conditions de travail distances p.22 p.40 Réduire l’exposition de la population aux pollutions extérieures et Faire confiance aux acteurs des territoires pour construire des aux substances nocives pour la santé projets et innover p.23 p.41 Renforcer la prévention des maladies vectorielles p.25 2 3
III. GARANTIR LA QUALITÉ, LA SÉCURITÉ ET LA PERTINENCE DES Améliorer la qualité de vie et la sécurité au travail des PRISES EN CHARGE AU BÉNÉFICE DE LA POPULATION professionnels de santé et médico-sociaux p.42 p.59 A. Transformer l’offre de santé dans les territoires pour IV. INNOVER POUR TRANSFORMER NOTRE SYSTEME DE SANTE répondre aux nouveaux besoins de la population EN REAFFIRMANT LA PLACE DES CITOYENS p.44 p.60 Structurer les soins primaires pour assurer la qualité et la continuité des prises en charge A. Soutenir la recherche et l’innovation p.45 p.62 Structurer l’offre en établissements de santé pour concilier Développer la production, la diffusion et l’utilisation des proximité et accessibilité des plateaux techniques et expertises de connaissances recours p.63 p.46 Soutenir les innovations en santé médicales et technologiques Améliorer l’accès aux soins des personnes handicapées et des p.64 personnes âgées et favoriser les prises en charge au plus près des lieux de vie Faciliter l’émergence et la diffusion des organisations innovantes p.47 p.65 Améliorer la transversalité et la continuité des parcours en santé Accélérer l’innovation numérique en santé mentale p.66 p.48 Garantir l’accès aux traitements innovants p.67 Assurer la continuité des parcours avec une offre transversale entre acteurs sanitaires, médico-sociaux et sociaux B. Réaffirmer la place des citoyens dans le système de santé p.50 p.68 B. Développer une culture de la qualité et de la pertinence p.51 Réaffirmer le rôle des usagers comme acteurs de leur parcours de santé et associer les citoyens à la gouvernance du système de Développer une démarche d’amélioration continue de la qualité et santé de la sécurité des soins en y associant les usagers p.69 p.52 Accompagner les aidants Améliorer la pertinence des prescriptions, des actes, des examens p.70 et des hospitalisations p.53 C. Agir au niveau européen et sur la scène internationale p.71 Développer les génériques et biosimilaires p.54 Promouvoir une action européenne et internationale de santé p.72 Adapter le système de veille et de vigilance aux « signaux faibles » ou aux risques émergents et renforcer la résilience du système de V. PRIORITÉS SPÉCIFIQUES A LA POLITIQUE DE SANTE DE santé face aux situations sanitaires exceptionnelles L’ENFANT, DE L’ADOLESCENT ET DU JEUNE p.55 p.73 C. Prendre soin de ceux qui soignent p.56 Accompagner les parents dès la période prénatale dans l’apprentissage des enjeux de santé de l’enfance et de Adapter la formation initiale des professionnels de santé, sociaux l’adolescence et médico-sociaux p.75 p.57 Améliorer le repérage et la prise en charge précoces des troubles Faire progresser les compétences tout au long de la vie et maladies de l’enfant professionnelle p.76 p.58 4 5
Développer dès le plus jeune âge l’éducation pour la santé et les Faire évoluer la gouvernance du système de santé et renforcer compétences psychosociales l’attractivité de ces territoires pour les professionnels de santé et p.78 pour les équipes de direction p.94 Prévenir les violences et les maltraitances sur les enfants p.79 Renforcer et adapter l’offre de formation initiale et continue p.95 Poursuivre l’adaptation de l’offre de soins aux spécificités des enfants et des adolescents Définir une trajectoire de rattrapage de la qualite du système de p.80 santé par rapport à l’Hexagone p.96 Améliorer l’accompagnement et l’insertion sociale des enfants handicapés Structurer et prioriser les transferts et évacuations sanitaires p.81 au sein des territoires d’outre-mer et entre ces territoires et l’Hexagone Améliorer la santé des étudiants p.97 p.82 Renforcer la coopération régionale et internationale et la coopération entre territoires d’outre-mer VI. DISPOSITIONS SPÉCIFIQUES A LA CORSE p.98 p.83 Concernant plus particulièrement la Guadeloupe et la Martinique Assurer une offre de soins graduée adaptée aux contraintes de p.99 l’insularité p.85 Réduire l’exposition de la population à la chlordecone p.99 Tenir compte des fluctuations saisonnières dans un contexte d’insularité Concernant plus particulièrement la Guyane, Mayotte et p.86 Wallis-et-Futuna p.99 VII. DISPOSITIONS SPÉCIFIQUES A L’OUTRE MER p.87 Renforcer l’accès à l’eau potable et à l’assainissement pour tous p.99 Dans l’ensemble des collectivités d’outre-mer régies par Concernant Mayotte l’article 73 de la Constitution et à Saint-Barthélemy, Saint- p.100 Martin, Saint-Pierre et Miquelon et Wallis-et-Futuna : p.89 Améliorer l’accès aux droits et aux soins p.100 Améliorer l’état de santé des mères et des enfants p.89 Garantir une couverture vaccinale protectrice pour la population p.101 Réduire l’incidence des maladies chroniques, et notamment du diabète et de ses complications p.90 Renforcer les stratégies de prévention, de lutte contre les maladies zoonotiques et de gestion des flambées épidémiques p.91 Réduire l’exposition des populations aux risques naturels p.92 Améliorer l’accessibilité et l’approvisionnement en produits de santé p.93 6 7
Introduction La stratégie nationale de santé est mise en oeuvre par les plans et programmes nationaux et par les différents outils régionaux, et notamment les projets régionaux de santé. Aux termes de l’article R. 1411-4 du code de la santé publique, la stratégie nationale de santé et les plans et programmes nationaux donnent lieu à un suivi annuel ainsi qu’à des évaluations La stratégie nationale de santé constitue le cadre de la politique de santé en pluriannuelles permettant d’apprécier les résultats sanitaires obtenus et l’impact sanitaire, France. Elle est définie par le Gouvernement et se fonde sur l’analyse dressée social et économique de ces plans et programmes au regard des ressources mobilisées, et d’en par le Haut Conseil de la santé publique sur l’état de santé de la population, ses tirer les enseignements nécessaires à l’adaptation des politiques publiques. Les résultats du principaux déterminants, ainsi que sur les stratégies d’action envisageables. suivi annuel et des évaluations sont soumis pour avis à la Conférence nationale de santé et au Haut Conseil de la santé publique, avant d’être rendus publics. Les inégalités sociales et territoriales de santé demeurent en France à des niveaux élevés. Elles se traduisent par un différentiel d’espérance de vie à 35 ans Le dispositif de suivi et d’évaluation de la stratégie nationale de santé est défini par arrêté de 6,4 ans en moyenne entre les ouvriers et les cadres supérieurs masculins, et des ministres chargés de la santé et des outre-mer. de 3,2 ans en moyenne entre les ouvriers et les cadres supérieurs féminins [1]. La différence d’espérance de vie entre les femmes et les hommes est de 6,1 ans en 2015 [1]. Chacun des objectifs de la stratégie nationale de santé vise à la réduction de l’ensemble des inégalités en matière de santé. La stratégie nationale de santé s’inscrit dans le cadre économique et financier fixé par le Gouvernement pour un rétablissement durable de la situation des finances publiques. Elle contribue à renforcer l’efficience du système de santé Principes d’action : Définition des concepts clé : en cohérence avec le plan d’appui à la transformation du système de santé et à garantir la soutenabilité des dépenses de santé, condition du maintien d’un accès de tous à des soins de qualité. Mobiliser l’ensemble des politiques publiques au Les actions de promotion de la santé reposent sur la bénéfice de la santé dans une approche interministérielle, concertation et la coordination de l’ensemble des politiques coordonnée et concertée publiques pour favoriser à la fois le développement des compétences individuelles et la création d’environnements La stratégie nationale de santé comporte quatre axes : physiques, sociaux et économiques favorables à la santé. Construire des stratégies d’action adaptées aux Des actions tendant à rendre les publics cibles acteurs de populations et accessibles à tous (dispositifs d’« aller vers leur propre santé sont favorisées. Elles visent, dans une » et de médiation, clarté des messages, renforcement des optique de responsabilisation, à permettre l’appropriation capacités (« empowerment ») et de la littératie en santé) des outils de prévention et d’éducation pour la santé. Axe 1 Axe 2 Axe 3 Axe 4 Adapter les stratégies d’action aux spécificités de chaque territoire (quartiers prioritaires de la politique de la ville, Les actions de prévention comprennent l’ensemble des actions qui permettent soit de prévenir la survenue territoires ruraux, territoires de montagne, territoires à des problèmes de santé (prévention primaire), soit de forte saisonnalité, territoires frontaliers) les détecter précocement et d’éviter leur aggravation (prévention secondaire), soit encore de pallier leurs conséquences ou complications (prévention tertiaire). Mettre en place Lutter contre l es Garantir la qualité, Innover pour Simplifier le cadre réglementaire et donner davantage de La prévention est dite « passive » lorsqu’elle ne nécessite une politique de inégalités sociales et la sécurité e t la transformer notre souplesse aux acteurs de terrain pas la participation active des personnes concernées promotion de la territorialesd’accès à pertinence desprises système de santé en (par exemple lorsque l’on modifie l’environnement pour santé, incluant la la santé en charge réaffirmant la place supprimer l’exposition à un danger). prévention, dans des citoyens Associer l’ensemble des parties prenantes (usagers, élus tous les milieux et locaux et nationaux, associations, entreprises, organismes tout au long de la vie représentatifs des professionnels et des acteurs de la L’éducation pour la santé comprend l’ensemble des santé) en amont des décisions activités d’information et d’éducation qui aident les individus à faire des choix favorables à leur santé, à savoir comment y parvenir, à faire ce qu’ils peuvent individuellement et collectivement pour conserver ou améliorer la santé, à Au sein de ces quatre axes, elle détermine onze domaines d’action prioritaires Développer une culture de transparence, d’indépendance et de prévention des conflits d’intérêt dans toutes les mieux utiliser les services de santé et à recourir à une aide déclinés en 43 objectifs nationaux d’amélioration de la santé et de la protection en cas de besoin. institutions et pour tous les professionnels sociale contre les conséquences de la maladie, de l’accident et du handicap. Appuyer les décisions sur l’analyse critique des meilleures Les déterminants de santé sont les facteurs qui Un volet précise sept priorités spécifiques à la politique de santé de l’enfant, de connaissances disponibles, notamment de celles issues interagissent et influent sur l’état de santé d’une personne tout au long de la vie. Ces déterminants peuvent être l’adolescent et du jeune (V). des données concernant la santé des personnes et leur environnement, des évaluations des actions menées, des individuels, environnementaux, sociaux et économiques. expertises indépendantes, des études d’impact en santé et Au-delà des problèmes spécifiques qui touchent les de la recherche populations exclues ou particulièrement vulnérables, Deux objectifs propres à la Corse (VI) et quatorze objectifs propres à l’outre-mer l’ Organisation mondiale de la santé (OMS) a montré en (VII) sont également définis. 2009 que l’état de santé varie selon la place de l’individu dans les structures sociales. Ces inégalités sociales de santé sont le produit des inégalités cumulées tout au long de la La politique en matière de bioéthique est traitée dans le cadre d’un dispositif vie en fonction des conditions dans lesquelles les individus naissent, grandissent, vivent, travaillent et vieillissent. Elles législatif ad hoc. dépendent également de leur niveau de littératie en santé, ainsi que de leur accès aux systèmes mis en place pour faire face à la maladie. 8 9
Promouvoir les comportements favorables à la santé La promotion des comportements favorables à la santé peut réduire des facteurs de risque qui induisent des coûts sociaux considérables (20,4 milliards d’euros pour l’obésité, 15 milliards d’euros pour l’alcool et 26,6 milliards d’euros pour le tabac. L’enjeu est de renforcer les compétences psychosociales des individus par l’éducation pour la santé et de créer un environnement incitatif (fiscalité, aménagements). METTRE EN PLACE Cette politique est déclinée dans l’ensemble des milieux de vie, notamment l’école, l’entreprise, les administrations, les forces armées, les UNE POLITIQUE DE PROMOTION établissements de santé ou médico-sociaux, les structures d’accompagnement social, les lieux de prise en charge judiciaire et les lieux de privation DE LA SANTE, INCLUANT de liberté. Les outils et moyens dédiés doivent être adaptés à tous les types de publics. Des actions de médiation sanitaire et d’accompagnement social doivent bénéficier aux personnes les plus éloignées LA PRÉVENTION, DANS TOUS LES du système de santé. MILIEUX ET TOUT AU LONG DE LA VIE 10 11
PREVENIR L’ENTREE DANS LES PRATIQUES ADDICTIVES (TABAC, ALCOOL, SUBSTANCES PSYCHOACTIVES LICITES ET ILLICITES, ADDICTIONS SANS SUBSTANCES) Les enfants sont immergés très tôt dans un environnement où le tabac, l’alcool, le cannabis En 2013, on estime à 83 700 le nombre de décès et les écrans sont présents. La précocité des en lien avec le tabagisme (première cause de usages augmente le risque d’usage problématique décès évitable en France) et à 18 300 ceux en ultérieur. En 2014, près de 9 adolescents de 17 lien avec l’alcool (dont 54 % de ces décès avant ans sur 10 ont déjà bu de l’alcool, près de 7 sur 65 ans) [1]. On estime à 1,4 millions le nombre 10 ont déjà fumé une cigarette et un peu moins d’usagers réguliers de cannabis, dont 700 000 de 5 sur 10 ont fumé du cannabis ; 32,4 % des usagers quotidiens [2]. Concernant les autres adolescents de 17 ans sont fumeurs quotidiens, substances, le nombre d’usagers problématiques 12 % sont consommateurs réguliers d’alcool et 9 % (drogues par voie intraveineuse ou usagers consommateurs réguliers de cannabis. Par ailleurs, réguliers d’opiacés, de cocaïne ou d’amphétamines) 3 à 5 % des jeunes de 17 ans pourraient présenter est estimé à 280 000 usagers [3]. Les pratiques une pratique problématique d’internet. addictives concernent aussi les comportements de jeu problématiques (jeux d’argent et de hasard, Face à ces constats, il s’agit de retarder l’âge de environ 2,7 % de la population, soit 1,2 millions de l’initiation des usages problématiques, de les personnes) [4] et l’usage problématique des écrans repérer et d’offrir une prise en charge adaptée. qui concernerait entre 1 et 2 % de la population [5]. Cette stratégie doit évoluer en fonction des nouvelles pratiques, dont par exemple l’accessibilité Les conduites dopantes peuvent concerner facilitée par internet de la plupart des substances toute personne qui cherche à améliorer ses psychoactives. performances dans sa vie personnelle ou professionnelle. Les jeunes peuvent être tentés, dans le cadre de leur vie personnelle ou scolaire, de recourir à des produits pour améliorer leurs performances intellectuelles ou pour modifier leur apparence physique (perte de poids ou augmentation de la masse musculaire). Le dopage Dans les prochaines années, il sera donc nécessaire de : et les conduites dopantes tendent aussi à se développer dans le cadre de la pratique de l’activité - Mieux informer le public sur les risques associés à ces pratiques et physique et sportive, notamment dans certaines consommations disciplines comme le culturisme où près de 20 % des contrôles antidopage effectués faisaient apparaitre un résultat anormal en 2011 selon la - Développer des programmes visant à renforcer les compétences psychosociales des enfants et des jeunes et renforcer l’intervention précoce auprès des jeunes Direction des sports. en difficultés - Réduire l’attractivité des substances psychoactives (dénormalisation de ces substances, politique fiscale de santé publique, limitation de l’exposition des jeunes à la publicité) - Sensibiliser et former les personnels de l’éducation nationale, notamment les chefs d’établissements et les enseignants de collèges et lycées sur la thématique du dopage et des conduites dopantes 12 13
REDUIRE LES PREVALENCES PREVENIR LES RISQUES LIES A LA DES PRATIQUES ADDICTIVES CONDUITE DANGEREUSE (TABAC, ALCOOL, SUBSTANCES PSYCHOACTIVES LICITES ET ILLICITES, ADDICTIONS S A NS S UBS T A N C E S ) E T L E URS Certains comportements à risque tels que CONSEQUENCES NOCIVES la conduite dangereuse peuvent affecter gravement la santé. Parmi les 3477 personnes décédées en 2016 sur les routes de France métropolitaine, la vitesse excessive ou inadaptée est la première cause d’accidents mortels (31 % des causes principales), suivie de la consommation La consommation de substances ou le recours d’alcool (19 %) ou de stupéfiants (9 %), et enfin de à des pratiques ayant une interaction avec le l’inattention et de l’usage du téléphone (9 %) [8]. fonctionnement du cerveau concernent la très grande majorité de la population. Ces pratiques peuvent entrainer des conséquences graves Les 18-24 ans sont les plus touchés par les (accident après alcoolisation, surdose mortelle) et accidents de la route avec une nette prédominance chroniques (addictions et maladies chroniques). des hommes. La mortalité routière demeure la En dépit de progrès indéniables dans ce domaine, première cause de mortalité dans cette classe une épidémie active d’hépatites virales de type C d’âge. Près d’un tiers des jeunes hommes prennent persiste chez les usagers injecteurs de drogues, des risques pour le plaisir de la vitesse (contre 4 avec une prévalence biologique du VHC de 64 %. fois moins chez les femmes) [8]. Les politiques publiques doivent donc viser Si les jeunes de 15 à 24 ans sont les premières à réduire le nombre de personnes souffrant victimes des accidents de la route, la conduite à d’une addiction, à aider ces personnes à mieux risque concerne toute la population. L’éducation à vivre et sortir de leur dépendance et à prévenir la sécurité routière vise à développer des savoirs les accidents aigus et les maladies induites par ces et comportements réfléchis et civiques par rapport substances (cancers, maladies cardiovasculaires, aux dangers de la route. Cette action doit se maladies infectieuses). Les usages ou pratiques poursuivre tout au long de la vie. problématiques sont marqués par d’importantes inégalités sociales de santé. La mise en place d’un parcours de santé « addictions » doit permettre Dans les prochaines années, il sera donc d’offrir aux personnes le nécessitant, une offre nécessaire de : adaptée de prévention, de réduction des risques et de prise en charge sanitaire et sociale tout au long de la vie. - Réduire l’accessibilité des substances, en particulier pour les plus jeunes, notamment en agissant sur la fiscalité (tabac, alcool…) Dans les prochaines années, il sera donc nécessaire de : - Dénormaliser les usages nocifs, notamment par le biais - Renforcer l’éducation à la sécurité routière en milieu scolaire en l’inscrivant de campagnes de communication fortes et innovantes et dans le programme pédagogique et en s’appuyant sur le développement des par l’évolution des espaces publics (lieux sans tabac) compétences psychosociales de l’élève - Améliorer les pratiques professionnelles de repérage - Mettre en place des incitations à réduire les comportements à risque (vitesse, précoce, de prise en charge et de réduction des risques et téléphonie au volant…) des dommages (réduction des risques à distance, salles de consommation à moindre risque, accompagnement des évènements festifs…) - Renforcer la sensibilisation du grand public sur les risques associés à ces pratiques - Faciliter l’accès à une prise en charge en soutenant les démarches d’arrêt (Moi(s) sans tabac, accès facilité aux traitements de substitution et de sevrage) et en améliorant la fluidité des parcours - Réduire les inégalités sociales de santé par des stratégies ciblant les populations vulnérables (jeunes, femmes enceintes, travailleurs pauvres, personnes sans domicile, personnes incarcérées….) 14 15
PROMOUVOIR UNE ALIMENTATION PROMOUVOIR LA SANTE SEXUELLE SAINE ET L’EDUCATION A LA SEXUALITE De nombreux travaux scientifiques ont mis en Malgré un niveau de contraception élevé, les grossesses non prévues restent trop évidence le rôle de la nutrition, tant comme Dans les prochaines années, il sera donc facteur de protection que comme facteur fréquentes chez les 15-24 ans (une sur trois). nécessaire de : Les infections sexuellement transmissibles (IST) de risque, pour de nombreuses maladies chroniques dont les maladies cardiovasculaires et ont augmenté de 10 % entre 2013 et 2015 [10]. Si les cancers, les deux premières causes de mortalité - Assurer l’appropriation par tous les groupes sociaux l’épidémie du VIH est stable depuis 2007, près de en France. Si la prévalence du surpoids et de des bons repères alimentaires dès l’enfance en associant 6000 nouvelles séropositivités ont été constatées les parents ainsi que les professionnels de l’éducation l’obésité chez l’adulte s’est stabilisée entre 2006 en 2015 [11]. nationale et de la petite enfance et 2015, elle reste à un niveau encore trop élevé, respectivement de 49 % et 17 %[9]. Pour répondre à ces enjeux, il s’agit d’engager - Assurer l’accès à une alimentation saine, en quantité suffisante, produite dans des conditions durables, d’un prix une démarche globale d’amélioration de la santé abordable et de bonne qualité gustative et nutritionnelle sexuelle et reproductive, qui vise à garantir à chacun une vie sexuelle autonome, satisfaisante - Favoriser le déploiement de l’étiquetage nutritionnel clair et sans danger, ainsi que le respect de ses droits et simple sur les produits alimentaires (nutriscore) en la matière, mais aussi à éliminer les épidémies d’IST et à éradiquer l’épidémie du sida d’ici 2030. Cette démarche visera également à faire évoluer les - Limiter l’influence de la publicité et du marketing alimentaire sur les enfants en les réglementant et encadrer représentations sociales liées à l’identité de genre, la promotion des marques associées à des aliments peu à l’orientation sexuelle, à l’âge ou au handicap, favorables au plan nutritionnel présentes au sein de la société et transposées dans l’offre de santé et à prévenir les comportements de - Rapprocher les politiques menées par les ministères violence, notamment sexuelle, envers les femmes. chargés de l’agriculture et de la santé PROMOUVOIR UNE ACTIVITE Dans les prochaines années, il sera donc nécessaire de : PHYSIQUE REGULIERE - Promouvoir la santé sexuelle dans une approche globale et positive, en particulier en direction des jeunes - Améliorer le parcours de santé (prévention, dépistage et prise en charge précoces) en matière d’infections sexuellement transmissibles, dont le VIH et les Il est aujourd’hui établi que l’activité physique Dans les prochaines années, il sera donc hépatites virales, et adapter les modalités de dépistage aux caractéristiques des est un facteur de prévention de certaines populations afin de faire face à l’épidémie « cachée » nécessaire de : maladies chroniques. En effet, la sédentarité est reconnue comme un facteur de mortalité et - Améliorer l’accès aux différentes méthodes de contraception et à la prévention favorise le surpoids et l’obésité. L’activité physique - Encourager la pratique d’une activité physique à tous de l’infertilité les âges de la vie, notamment grâce au développement de est également bénéfique pour la santé en ce qu’elle l’offre de pratique, à des aménagements de l’espace public permet de prévenir ou de contribuer à traiter favorisant le temps passé dans les espaces de nature et le - Assurer le droit à l’accès à l’interruption volontaire de grossesse certaines pathologies. Pour autant, un français sur développement des mobilités actives, dont la marche et le trois a un niveau d’activité physique limité et la vélo sédentarité, notamment chez les jeunes, augmente - Répondre aux besoins spécifiques des populations les plus vulnérables ou de façon préoccupante. présentant des pratiques à risque - Lutter contre les comportements sédentaires dans la vie quotidienne (domicile, travail, école…) - Accompagner le déploiement de l’activité physique adaptée prescrite dans le traitement de certaines pathologies 16 17
PREVENIR LA PERTE D’AUTONOMIE PROMOUVOIR L’APPLICATION DES REGLES D’HYGIENE INDIVIDUELLE ET COLLECTIVE La prévention de la perte d’autonomie doit permettre à chacun de vieillir sans limitation d’activité dans sa vie quotidienne et de retarder le plus possible l’entrée dans la dépendance. L’application des règles d’hygiène individuelle Aux polypathologies chroniques, dont la prévalence (par exemple le lavage de mains) et collective s’accroît avec l’âge, s’ajoute un déclin physiologique, (par exemple la propreté des locaux de source de vulnérabilité accrue et de troubles restauration) est la base sur laquelle repose la sensoriels, qui aboutit à une perte d’autonomie. prévention de maladies infectieuses digestives En 2015, à 85 ans, 80 % des femmes et 70% des (gastro-entérites) mais aussi respiratoires, hommes déclarent au moins une limitation ophtalmologiques et cutanées. Elle contribue fonctionnelle, telle qu’une difficulté à se déplacer aussi grandement à la limitation de la diffusion des [1]. bactéries résistantes aux antibiotiques. Pour maintenir l’autonomie et la mobilité le plus longtemps possible, il s’agit de mettre en place une démarche globale de promotion de la santé, intégrant la prise en charge de la polypathologie, l’adaptation de l’environnement de vie et les aides techniques. Cette démarche peut contribuer à prolonger le maintien des personnes à domicile Dans les prochaines années, il sera donc nécessaire de : et à améliorer l’état de bien-être global, physique et mental, chez les personnes âgées. En parallèle, - Continuer de promouvoir ces méthodes de prévention. des mesures d’accompagnement doivent répondre aux autres conséquences de la dépendance, notamment pour les aidants. C’est un enjeu majeur pour faire face au vieillissement de la population. Dans les prochaines années, il sera donc nécessaire de : - Changer les représentations sur le vieillissement grâce aux alliances inter et multi générationnelles - S’appuyer sur la médecine du travail pour diffuser des messages sur le « bien vieillir » et améliorer la prévention et le repérage des risques de fragilité lors du départ à la retraite - Sensibiliser les personnes âgées elles-mêmes et les professionnels à l’importance de l’autonomie pour le bien vieillir et à l’existence d’outils de prévention, tels que l’adaptation du logement - Lutter contre le risque d’isolement social des personnes âgées - Organiser le repérage et la prise en charge des personnes les plus vulnérables et les plus éloignées de l’accès à l’information, à la prévention et aux soins, y compris pour les personnes sous main de justice - Promouvoir une alimentation adéquate et une activité physique régulière et adaptée pour limiter les risques de dénutrition 18 19
REDUIRE L’EXPOSITION A DES Promouvoir CONDITIONS D’HABITAT INDIGNES des conditions de ET AUX POLLUTIONS INTERIEURES vie et de travail favorables à la santé et maîtriser Le logement est un déterminant majeur de santé marqué par de fortes inégalités sociales. les risques L’impact de l’habitat dégradé sur la santé est établi aussi bien pour des troubles somatiques que environnementaux mentaux. En 2015, 33 600 dossiers étaient répertoriés par l’observatoire de repérage et de traitement de l’habitat indigne, dont 18 % au titre de l’insalubrité. En 2013, les logements de 8,5 % des ménages (hors étudiants), soit 2,7 millions de personnes étaient en Au-delà des comportements individuels, la situation de surpeuplement, et 2,7 % des ménages promotion de la santé suppose de maîtriser les rapportaient l’existence de signes d’humidité ou risques associés aux environnements dans lesquels de moisissures sur certains murs de leur logement les personnes évoluent. [12]. L’Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur estimait en 2014 à plus de 9 millions le nombre de logements contaminés par des moisissures en Au sens large, il s’agit de promouvoir la qualité France. sanitaire de notre environnement direct (eau, air, sols, bruit, objets du quotidien, salubrité, nuisibles, risques émergents, etc.), en agissant sur les sources Au-delà de l’insalubrité, il s’agit de promouvoir les de pollution et en limitant notre exposition, mais conditions d’un habitat favorable à la santé et de aussi d’améliorer nos conditions de vie et de travail, réduire les effets des expositions dans l’habitat afin d’assurer une qualité de vie compatible avec un (pollution chimique, radon, etc.). bon état de santé. Dans les prochaines années, il sera donc nécessaire de : - Développer des outils facilitant la bonne gestion du logement (économies d’énergie, isolation) - Renforcer l’intervention de conseillers en environnement intérieur chez les personnes souffrant d’affections respiratoires et/ou allergiques - Simplifier et renforcer la mise en œuvre des polices de l’insalubrité en lien avec les collectivités territoriales et désigner un acteur opérationnel unique, qui pourrait être l’intercommunalité - Mener les expertises nécessaires pour réglementer les produits nuisibles à la santé dans l’habitat 20 21
PROMOUVOIR LA SANTE AU REDUIRE L’EXPOSITION DE LA TRAVAIL, DEVELOPPER UNE POPULATION AUX POLLUTIONS CULTURE DE PREVENTION DANS EXTERIEURES ET AUX SUBSTANCES LES MILIEUX PROFESSIONNELS NOCIVES POUR LA SANTE ET REDUIRE LA FREQUENCE ET LA SEVERITE DES PATHOLOGIES LIEES AUX CONDITIONS DE TRAVAIL Selon une étude de Santé Publique France, l’exposition à la pollution atmosphérique est responsable de 48 000 morts anticipées par an (cancers, maladies cardiovasculaires, affections Le travail exercé dans de bonnes conditions respiratoires). Le coût global de la pollution de contribue au maintien d’un bon état de santé. l’air, en incluant à la fois la pollution atmosphérique Pourtant, en 2012, les régimes général et agricole et la qualité de l’air intérieur, a été évalué à 101,3 ont reconnu plus de 56 000 nouveaux cas de milliards d’euros annuels, en prenant en compte maladies professionnelles dont 87 % de troubles les dépenses de santé, l’absentéisme et la perte musculo squelettiques et 8 % d’affections causées en termes d’espérance de vie, de bien-être et de par l’amiante [13]. En 2010, 2,2 millions de salariés qualité de vie. Au-delà de ce danger bien connu sont exposés à au moins un produit chimique pour la santé, les Français sont exposés à d’autres cancérogène [14]. Les facteurs de stress sont risques environnementaux, tels que les pollutions également en cause. Aujourd’hui, 61 % des actifs du sol et de l’eau, les contaminations des aliments occupés sont exposés à trois facteurs de risques et les risques liés à l’usage de produits toxiques. Les psycho-sociaux au moins, les employés et les études scientifiques ont mis en exergue le concept ouvriers étant les plus exposés [1]. Ces expositions d’ « exposome » qui prend en compte l’effet sur la peuvent générer des maladies cardio-vasculaires, santé d’un individu de la totalité de ses expositions des problèmes de santé mentale et des troubles à des facteurs environnementaux, tout au long de musculo-squelettiques. sa vie. Notre alimentation est susceptible de contenir des contaminants issus de l’environnement ou des modes de production ou d’emballage. Il s’agit notamment des substances cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques, des pesticides, des métaux lourds, des toxines, des nanomatériaux et des substances au contact des denrées alimentaires Dans les prochaines années, il sera donc nécessaire de : (bisphénol A, huiles minérales), dont certaines sont potentiellement des perturbateurs endocriniens. L’exposition aux perturbateurs endocriniens est - Mettre en place une politique globale de santé et de qualité de vie suspectée d’être responsable de nombreuses au travail dans l’ensemble des milieux professionnels publics et privés pathologies : trouble de la reproduction, diminution - Développer la prévention en milieu professionnel dans une approche des capacités intellectuelles, cancers, troubles du globale de la santé en améliorant la coordination des acteurs, en développant métabolisme (diabète par exemple). l’utilisation du volet professionnel du dossier médical partagé, en intégrant mieux les services de santé au travail dans le parcours de santé et en renforçant la prise en compte de la prévention des risques professionnels Pour la plupart des pesticides, les conséquences dans la formation des futurs salariés et dirigeants des entreprises d’une exposition aiguë ont été mises en - Coordonner l’offre proposée par les acteurs de la prévention des risques évidence par les études (réactions allergiques, professionnels sur le champ des risques psychosociaux pour mieux accompagner les dermatologiques ou respiratoires). Au-delà des entreprises et tester de nouvelles démarches de prévention de ces risques en entreprise effets liés aux expositions directes, il existe des - Renforcer l’accompagnement des victimes du effets indirects liés à la contamination de l’eau syndrome d’épuisement professionnel (« burn out ») potable, de la flore et de la faune. Une expertise collective de l’Inserm de 2013 conclut que des - Améliorer la prévention et la prise en charge précoce des troubles expositions professionnelles sont associées à une musculo-squelettiques en entreprise et des risques liés aux manutentions manuelles notamment dans des secteurs d’activité particulièrement augmentation du risque de certaines pathologies concernés comme celui de l’aide et des soins à la personne (maladie de Parkinson, cancer de la prostate, lymphome non hodgkinien, myélome multiple), - Promouvoir le télétravail en raison de ses impacts positifs sur la mais aussi que les expositions aux pesticides santé des personnels, la qualité de vie au travail, la productivité et sur l’environnement compte tenu de la réduction des déplacements intervenant au cours des périodes prénatale et périnatale et lors de la petite enfance sont à risque pour le développement de l’enfant. 22 23
RENFORCER LA PREVENTION DES MALADIES VECTORIELLES Dans les prochaines années, il sera donc nécessaire de : - Sensibiliser les citoyens sur les comportements à adopter pour réduire leurs émissions et leur exposition aux risques L’accroissement des risques liés aux maladies environnementaux, notamment dans les territoires les plus vectorielles (notamment dengue, chikungunya, exposés zika, maladie de Lyme et paludisme) va se En France, l’accès à l’eau est un droit poursuivre avec le réchauffement climatique. fondamental et la très grande majorité des - Réduire les expositions de la population : Si ces épidémies concernent principalement habitations sont raccordées aux réseaux les territoires ultramarins, des premiers cas publics de distribution d’eau potable. Si, pour sont apparus ces dernières années en Corse • Aux pollutions atmosphériques, notamment en les et dans le sud de la France. Ainsi, l’extension de 13,2 % de la population résidant dans une zone prenant en compte dans les politiques énergétiques, de distribution d’eau alimentant moins de 500 d’aménagement du territoire et de renouvellement l’aire d’implantation du moustique vecteur en habitants, l’eau n’est pas en permanence conforme urbain, en favorisant la nature en ville, dont les bénéfices métropole, passée de 20 à 40 départements en 3 sur le plan microbiologique, ce taux n’est plus que pour la santé sont multiples (santé mentale, lutte contre ans, entraînera immanquablement des épidémies. l’îlot de chaleur et la pollution, etc.) et en réduisant de 0,3 % pour les zones alimentant plus de 10 000 les émissions polluantes dans tous les secteurs habitants. Toutefois, en 2014, 6 % de la population d’activité (industrie, transport, résidentiel et agricole) était alimentée par une eau dont la qualité ne • Aux substances suspectées d’avoir un effet nocif sur la respecte pas en permanence les limites fixées par santé humaine, notamment en organisant leur traçabilité, la réglementation s’agissant des pesticides [15]. en incitant les entreprises à évaluer et maîtriser durablement le risque chimique pour leurs salariés, en promouvant une agriculture durable et sans intrants, et Dans les prochaines années, il sera donc nécessaire de : Les effets auditifs et extra-auditifs du bruit, en portant une attention particulière à l’exposition des parmi lesquels la perturbation du sommeil et populations riveraines de zones d’épandage agricole, en particulier les femmes enceintes et les enfants - Limiter les risques d’endémisation et d’épidémisation par une surveillance et des les effets cardio-vasculaires, sont bien établis. contre-mesures adaptées à ce type de pathologie dite « tropicale » En 2014, 9 % des personnes déclarent avoir des • A une alimentation en eau dont la qualité est inadéquate, difficultés d’audition sévères dont 40 % d’entre notamment en renforçant la vigilance sur la présence de substances dites émergentes dans l’eau du robinet - Organiser la surveillance entomologique et prévenir l’implantation et le elles sont appareillées [16]. Environ un million de développement des moustiques vecteurs, en lien étroit avec les collectivités logements sont situés dans des zones considérés • Au bruit, notamment dans les entreprises, dans les territoriales comme points noirs du bruit. En 2014, près des trois transports et dans les écoles, en le prenant en compte quarts des 15-35 ans déclaraient utiliser un casque dans les politiques d’aménagement et de transports, en améliorant la qualité acoustique du bâti et en prévenant - Renforcer la prévention des maladies vectorielles par une meilleure information ou des écouteurs pour écouter de la musique. du public et des professionnels de santé notamment sur les mesures d’hygiène les mésusages de l’écoute de musique amplifiée Cette pratique concerne la quasi-totalité des 15-19 ans (96 %). L’usage fréquent et intensif concerne un quart des jeunes de 15-19 ans et les expose à - Développer les connaissances en matière de santé une baisse d’audition et à des lésions précoces de environnementale: nouveaux stresseurs (perturbateurs endocriniens, nano matériaux), effets des poly-expositions l’oreille interne suivies de surdité et d’acouphènes et effets cumulés des combinaisons de facteurs de stress [17]. (« cocktail »), exposition au long de la vie et conséquences intergénérationnelles (exposome) : • Produire un rapport annuel de mise à jour des connaissances en santé environnementale (niveaux d’imprégnation, exposome) afin d’évaluer le niveau de risque avec les principaux acteurs de la surveillance et de la recherche en santé environnementale • Développer la complémentarité des différentes approches et méthodes contribuant à la production de connaissances (Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES), Agence nationale de santé publique (ANSP), Agence nationale de la recherche (ANR), Institut national du cancer (INCa), etc.) • Garantir la transparence et l’indépendance des études menées dans ce domaine - Limiter l’impact du système de santé sur l’environnement (résidus de médicaments dans l’eau et dans les sols, déchets d’activités de soins, empreinte énergétique, etc.) 24 25
RENFORCER LA PROTECTION Mobiliser VACCINALE DE LA POPULATION les outils de prévention du système de santé La vaccination permet à chacun d’une part de se protéger individuellement des maladies infectieuses graves, et d’autre part de protéger son entourage, notamment les personnes les plus fragiles telles que les nourrissons, les Les services de santé jouent un rôle majeur femmes enceintes, les personnes malades ou dans la prévention de la survenue et de immunodéprimées et les personnes âgées. Elle l’aggravation des maladies. Les professionnels renforce l’immunité de groupe et, à ce titre, de santé ont une responsabilité forte en la constitue un véritable geste citoyen de solidarité. matière, en assurant la couverture vaccinale de la population, en permettant le dépistage et la prise en charge précoces des pathologies, et en diffusant Aujourd’hui, l’organisation mondiale de la santé se des recommandations en matière de promotion fixe pour objectif que 95 % de la population soit de la santé, notamment auprès des personnes vaccinée pour tous les vaccins recommandés ou vulnérables. obligatoires. En France, ce taux est atteint pour les 3 maladies contre lesquelles le vaccin est obligatoire (diphtérie, tétanos et poliomyélite). En revanche, A contrario, les services de santé peuvent être pour d’autres vaccins recommandés (hépatite B, à l’origine de risques pour la santé. Il est donc méningocoque C, rougeole-oreillons-rubéole), les indispensable d’y intégrer une démarche préventive couvertures vaccinales sont très insuffisantes et globale, source à la fois de gains pour la santé et peuvent être à l’origine d’épidémies et de décès ou d’efficience, en l’intégrant systématiquement dans handicap évitables. les pratiques professionnelles. Dans les prochaines années, il sera donc nécessaire de : - Améliorer l’information des professionnels de santé et du public sur les vaccins - Étendre les obligations vaccinales de 3 à 11 vaccins : il s’agit d’ajouter aux trois vaccinations obligatoires (diphtérie, tétanos et poliomyélite) huit autres vaccins recommandés protégeant contre la coqueluche, la rougeole, les oreillons, la rubéole (vaccin combiné ROR), l’infection invasive à Haemophilus Influenzae de type B (Hib), l’infection invasive contre le méningocoque C, l’infection à pneumocoque et l’hépatite B - Améliorer l’accessibilité à la vaccination et sécuriser l’approvisionnement en vaccins - Renforcer la protection vaccinale contre la grippe des personnes à risque - Renforcer la protection vaccinale des professionnels de santé 26 27
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