ALEXANDRE THARAUD - Clic Musique !
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Clic Musique ! ClicMag n° 67 Votre disquaire classique, jazz, world Janvier 2019 ALEXANDRE THARAUD De la lumière à l’ombre © Marco Borggreve © Steven Devine Retrouvez les 25 000 références de notre catalogue sur www.clicmusique.com !
Sélection musique contemporaine C. Ives : Les mélodies, vol. 1 C. Ives : Les mélodies, vol. 2 S. Mackey : Banana Dump Truck E. Toch : Musique de chambre C. Wuorinen : The Golden Dance C. Wuorinen : The Haroun Songbook Dora Ohrenstein; Phillip Bush D. Ohrenstein; M. A. Hart Boston Modern Orchestra Project pour violoncelle Fred Sherry, violoncelle; Orchestra of St. Elizabeth Farnum; Emily Golden; James Mary Ann Hart; Dennis Helmrich P. Sperry; W. Sharp Gil Rose Steven Honigberg, violoncelle; Eclipse Luke’s; Charles Wuorinen; San Francisco Schaffner; Michael Chioldi; Phillip Bush Chamber Orchestra; Sylvia Alimena Symphony; Herbert Blomstedt TROY077 - 1 CD Albany TROY078 - 1 CD Albany TROY735 - 1 CD Albany TROY421 - 1 CD Albany TROY711 - 1 CD Albany TROY664 - 1 CD Albany G. Scelsi : Trilogie «The three T. Takemitsu : Intégrale Ionisation : Musique contemporaine J. van Veen : 24 minimal préludes J. van Veen : Musique J. van Veen : Musique stages of man»; «Voyages» de l’œuvre pour guitare seule pour percussion de Varèse, Reich, Jeroen van Veen, piano pour piano, vol. 1 pour piano, vol. 2 Marco Simonacci, violoncelle Andrea Dieci, guitare Chavez, Cowell, Harrison et Cage Jeroen van Veen Jeroen van Veen Ensemble Tetraktis Sandra van Veen Sandra van Veen BRIL95355 - 1 CD Brilliant BRIL95539 - 1 CD Brilliant BRIL95134 - 1 CD Brilliant BRIL95383 - 2 CD Brilliant BRIL9454 - 5 CD Brilliant BRIL95561 - 7 CD Brilliant J. Cage : Six mélodies et treize M. Djordjevic : Rocks; Stars; M. Eggert : Quintette «Amadé, M. Formenti : Night studies R. Häusermann : Wetterminiaturen. G. Kampe : «Adrien/Zitronen», pour harmonies Metals; Light Amadé» / W.A. Mozart : Quintette Marino Formenti, piano Piano préparé voix et large ensemble… A. Gahl, violon Quatuor Armida; Ensemble recherche; piano et vents et recherches sonores. Ensemble MusikFabrik; Christian Eggen, K. Lang, Fender Rhodes Peter Rundel Quintetto Amadeo Annalisa Derossi; Panagiotis Iliopoulos direction; Johannes Fischer, direction WWE20292 - 1 CD Col Legno WWE40417 - 1 CD Col Legno WWE20284 - 1 CD Col Legno WWE20299 - 1 CD Col Legno WWE20402 - 1 CD Col Legno WWE40416 - 1 CD Col Legno G. Grisey : Les Espaces acoustiques H. Lachenmann : Das Mädchen B. Lang : Das Theater I. Mundry : Traces des Moments L. Nono : No hay caminos, R. Saunders : Miniata, pour accor- Asko Ensemble mit den Schwefelhölzern der Wiederholungen Ensemble recherche hay que caminar… déon, piano, chœur et orchestre OS WDR de Cologne E. Keusch; S. Leonard, soprano; Orchestre Klangforum Wien Teodoro Anzellotti, accordéon Irvine Arditti; WDR Rundfunkchor & Sinfo- SWR Vokalensemble Stuttgart; SWR de Stefan Asbury de l’Opéra de Stuttgart; Lothar Zagrosek Johannes Kalitzke nieorchester Köln; Emilio Pomarico Baden-Baden et Fribourg; Hans Zender 0012422KAI - 2 CD Kairos 0012282KAI - 2 CD Kairos 0012532KAI - 2 SACD Kairos 0012642KAI - 1 CD Kairos 0012512KAI - 2 CD Kairos 0012762KAI - 1 CD Kairos K. Bruckmann : On Procedural R. Carrick : The Flow Cycle D. Crockett : Night Scene P. Garland : «The Birthday Party»; E. Howard : Bird 3; Crupper Wayne Vitale /Brian Baumbusch : Grounds for Strings Firebird Ensemble «Blessingway»; «Amulet» 2455; Strasser 60 Mikrokosma Ensemble Wrack Andrea Schultz; Dov Scheindlin; Alex Aki Takahashi, piano Earl Howard, synthétiseur The Lightbulb Ensemble; Santa Cruz Rova Saxophone Quartet; sfSound Waterman; Kuan-Cheng Lu; Eric Bartlett Miya Masaoka, koto Contemporary Gamelan; Brian Baumbusch NW80725 - 1 CD New World NW80719 - 1 CD New World NW80718 - 1 CD New World NW80788 - 1 CD New World NW80728 - 1 CD New World NW80785 - 1 CD New World Earle Brown, Contemporary sound Earle Brown, Contemporary sound Earle Brown, Contemporary sound Earle Brown, Contemporary sound Earle Brown, Contemporary sound Earle Brown, Contemporary sound series, vol. 1. Œuvres de Brown, series, vol. 2. Œuvres de Nono, series, vol. 3. Œuvres de Berio, series, vol. 4. Œuvres de Boulez, series, vol. 5. Œuvres de Lucier, series, vol. 6. Œuvres de Cage, Roldan, Harrison, Kagel, Hobbs, Maderna, Berio, Maxwell Davies, Bussotti, Cage, Mayuzumi, Xenakis, Scelsi, Brown, Xenakis, Clementi, Ashley, Behrman, Mumma, Ives, Wolff, Crumb, Yun, Wuorinen, Gan- Rzewski, Cage, Cowell… Bedford, Orton, Feldman, Brown... Reynolds…. Nilsson, Schoenberg, Kotonski... Evangelist, Catiglioni, Berio... dini, Bolanos, Nobre, Bazan... WER6928 - 3 CD Wergo WER6931 - 3 CD Wergo WER6934 - 3 CD Wergo WER6937 - 3 CD Wergo WER6940 - 3 CD Wergo WER6943 - 3 CD Wergo 2 ClicMag janvier 2098 www.clicmusique.com
Disque du mois / Musique contemporaine L e charmant et mélancolique Concerto pour piano, si décrié parmi la pro- duction de Poulenc, avec ses teintes nage. Le grand Concerto pour orgue en sept volets nous plonge soudain dans le Poulenc d’église, roide, sévère, pastorale et son Rondo à la française âpre dans l’harmonie, abrupt dans les impertinent n’avait pas vraiment eu de accents. James O’Donnell fait plus rugir chance au disque malgré l’affection de son instrument qu’il ne médite, et même Gabriel Tacchino jusqu’à ce que Chris- lorsque soudain la musique change du tina Ortiz ou Cécile Ousset (son disque tout au tout pour quitter le sacré et magnifique à Bournemouth avec Rudolf plonger dans ce qui pourrait être une Barshai est l’un de ses moins connus fête populaire, la tension ne cède pas. hélas) lui offre une lyrique plus géné- Cette « œuvre au noir » annonce un Sta- reuse. Assurément, Alexandre Tharaud bat Mater terrible, tendu, plus furieux est dans leur veine chantante et aven- qu’éploré, où Kate Royal met un Vidit tureuse, de son clavier vif il chante Francis Poulenc (1899-1963) pourtant les thèmes si poétiques, fait suum inquiet, d’une beauté instrumen- frémir les arpèges, s’inspire au magique tale troublante. Le Quando corpus venu Concerto pour piano en do dièse mineur, FP 146; Concerto pour orgue, orchestre à orchestre réglé par Yannick Nézet- du silence déploie son ultime comme un cordes et timbales en sol mineur; Stabat Séguin pour mordorer son célèbre immense cri dans le vide, le geste est si Mater piano-palette où les couleurs sont fort que j’espère bien retrouver Yannick Kate Royal, soprano; Alexandre Tharaud, piano; d’une subtilité inouïe. Magnifique de Nézet-Séguin dans d’autres opus de James O’Donnell, orgue; London Philharmonic tendresse et d’impertinence, cette ver- Poulenc, et pourquoi pas le versant so- Choir; London Philharmonic Orchestra; Yannick sion ne s’oubliera pas, tant sa lumière laire : le Gloria, Les Animaux modèles, Nézet-Séguin, direction subtile, son élégance émue et inquiète Les Biches lui iraient comme un gant. LPO0108 • 1 CD LPO s’assemble autour d’un piano-person- (Jean-Charles Hoffelé) © Marco Borggreve pression à ses extrémités. Le compo- siteur mixe des bribes de thèmes dans un maelstrom sonore où l’aléatoire joue un rôle crucial. Là aussi attaques bru- tales, glissandi vertigineux décrivent un univers chaotique ou tout geste semble vain ou même les sons deviennent incohérents. L’œuvre en elle-même est un gageure aussi bien pour son auteur George Crumb (1929-) Stefano Gervasoni (1962-) James Macmillan (1959-) que pour ses interprètes. Performers Metamorphoses, Dix Fantaisies pour piano « Lilolela », pour 23 musiciens; « Pas Quatuor à cordes n° 1 « Visions of a exceptionnels les quatre musiciens du perdu », pour cymbalum seul; Douze November Spring »; Quatuor à cordes n° 2 Royal String Quartet s’en sortent avec amplifié d’après des tableaux célèbres; sonnets d’après Le Camoëns, pour basse- « Why is this night different »; Quatuor à panache. (Jérôme Angouillant) Cinq pièces pour piano cordes n° 3 baryton et grand ensemble Margaret Leng Tan, piano Royal String Quartet Frank Wörner, basse-baryton; Ulkho Ensemble MODE303 • 1 CD Mode Kyiv; Luigi Gaggero, direction CDA68196 • 1 CD Hyperion P our la première fois en quarante ans - après Makrokosmos (1972- WIN910247-2 • 1 CD Winter & Winter L e compositeur écossais James Mac- Millan commence à avoir une certaine 1979) où, à l’opposé de John Cage qui transforme le piano lui-même, le com- A vec ce titre à double sens (« j’ai perdu le pas » ou « je ne suis pas perdu »), Stefano Gervasoni joue sur notoriété en France notamment par le biais de sa musique religieuse. Après positeur pousse l’instrumentiste vers avoir publié les œuvres liturgiques, le l’ambiguïté de la perte, désorientation et label anglais Hypérion s’intéresse à ses de nouveaux modes de jeu -, George opportunité, début d’un nouvel espoir. quatuors à cordes. Si la foi catholique Crumb (1929) livre une nouvelle œuvre Ce morceau titulaire pour cymbalum de MacMillan lui a inspiré ses fameuses Wenchen Qin (1966-) majeure pour cet instrument-roi, dont solo est dédié à son interprète, Luigi œuvres chorales (Stabat Mater, Mise- Gaggero, par ailleurs chef de l’Ukho Echoes from the other Shore, pour zheng le Livre I est destiné à l’interprétation, rere) la musique pour quatuor à cordes Ensemble Kyiv, à l’œuvre sur les deux et orchestre; The Nature’s Dialogue, pour plus que talentueuse, de Margaret Leng procède d’un univers différent, à la fois orchestre et bandes; Across the Skies, autres ‘premiers enregistrements’ intime et abstrait. Ainsi le premier qua- Tan. Les dix pièces des Métamorphoses pour pipa et orchestre; Lonely Song, pour du disque. Lilolela, « un mot au sens tuor intitulé « Visions of a November 42 cordes (Livre I) sont inspirées de peintures perdu, dans un monde de mots qui Spring » (1988) en utilisant des moyens Wei Ji, zheng; Weiwei Lan, pipa; ORF Vienna Radio célèbres (de Paul Klee à Vasily Kandins- cherchent le leur », captivante composi- raréfiés offre une plus grande immédia- Symphony Orchestra; Gottfried Rabl, direction ky), inscrivant Crumb dans la filiation tion, en 7 parties et pour 23 musiciens, teté d’expression. Deux mouvements, 0015032KAI • 1 CD Kairos des Tableaux d’une Exposition, pour tire son nom du refrain de chansons un prélude d’accords dissonants répé- lesquels Modeste Moussorgski crée un pont entre arts visuels et sonores. Fruit italiennes du XVIème siècle, accolant syllabes pour créer des mots, avec ou tés puis des torpilles de cordes qui augmentent en intensité jusqu’à se S ous la direction de Gottfried Rabl, ancien assistant musical de Leonard Bernstein et fondateur de l’ensemble d’un travail collaboratif avec l’interprète, sans sens. La pièce repose sur l’idée déchaîner dans une danse frénétique pour s’achever dans un calme tendu. Le d’avant-garde Theatre of Silence, l’ORF l’écriture s’adapte aux idiosyncrasies de d’errance, qui sous-tend la pensée mu- deuxième quatuor « Why is this night Vienna Radio Symphony Orchestra celle-ci autant que l’instrumentiste élar- sicale de Gervasoni, en particulier cette différent ? » évoque le rite juif du Seder. propose sur ce disque quatre œuvres git encore son éventail de gestes (se intrigante « rotation » des éléments orchestrales du chinois Wenchen Qin. sonores, tant entre les parties qu’au Sur fond d’opposition entre allégresse muant en harpiste ou percussionniste) La démarche du compositeur, qui et douleur, l’échange entre les cordes pour répondre aux exigences de celle- sein d’elles. Dodici Sonetti Di Camões nourrit son esthétique avant-gardiste illustre le dialogue entre l’enfant et le là. Crumb aménage la partition pour est le deuxième cycle, après Fado Errá- occidentale d’éléments originaires de père. Encore une fois l’idée fondatrice tico, en référence à Amália Rodrigues, la tradition musicale de son pays, se y intégrer la virtuosité de Leng Tan au du quatuor formulée dans l’introduction chanteuse populaire portugaise, d’un caractérise par des sonorités peu com- piano jouet et inclut des éléments vo- lente sera reprise dans un seul mouve- ensemble plus large (Com Que Voz), ment en variations (extrapolations et munes, parfois issues d’instruments caux ainsi que percussifs - ici aussi le inspiré par le poète portugais Luis de circonvolutions). L’œuvre, très virtuose, chinois anciens (les timbres spéciaux plus souvent issus de jouets. Les Cinq Camões. On y suit l’évolution de la possède un très large éventail expressif du zheng, de la famille des cithares Pièces pour Piano (1962), un tournant vie, dramatique autant qu’universelle, (aussi bien thématique que dynamique) dans Echoes From The Other Shore ou vers la maturité dans l’esthétique de des peines amoureuses à la mort. Pas et exige des instrumentistes une tech- le pipa, à cordes pincées, de la famille Crumb (une maîtrise de la nuance, une d’électronique dans ce deuxième cycle, nique et un engagement sans faille. du luth dans Across The Skies), parfois palette d’effets), clôturent cet excellent mais guitare portugaise, accordéon ou L’écriture du Troisième Quatuor est moissonnées au long d’enregistrements disque. (Bernard Vincken) dorma ukrainienne. (Bernard Vincken) encore plus audacieuse et pousse l’ex- dans les milieux naturels (les croasse- www.clicmusique.com ClicMag janvier 2019 3
Alphabétique Sélection ClicMag ! L a beauté des instruments joués par les membres du Quartetto di Cremo- na n’est plus à louer, mais le plus éton- à cent lieux de tout ce que les quatuors américains ou germaniques auront fait haute inspiration (avec ce temps mira- culeusement suspendu de l’andante) dans la plus naturelle des simplicités. entendre, eux qui jouaient d’abord pour nant reste que leur sonorité d’ensemble éclairer les lignes et angler les polypho- (Gilles-Daniel Percet) si opulente, si hédoniste, se soit pleine- nies. Ici la respiration naturelle de la ment réalisée dans les confrontations, musique prend le dessus, grâce à un les écarts, les abimes des Quatuors de tactus parfait. Quatre archets ? Un seul Beethoven. Pour l’Opus 18, les quatre instrument semble-t-il qui, à compter amis encensent dans les beautés de des « Harpes » proclame où rêve pour leurs archets la plénitude sensuelle ainsi dire d’une seule voix, et soudain d’une écriture où Haydn et Mozart l’expressivité absolutiste du discours jouent encore le rôle de bonnes fées, et des ultimes quatuors résonne avec des Ludwig van Beethoven (1770-1827) c’est merveille d’entendre ces cantabile, ce jeu léger et scintillant, ces harmo- accents de symphonies, tout un cos- Intégrale des quatuors à cordes; Quintette nies dorées qui rappellent évidement mos de sons vous emporte au long d’un à cordes en do majeur, op. 29; Ouverture Opus 132 conçu comme un voyage Johann Sebastian Bach (1685-1750) « Grosse Fugue » en si bémol majeur, le geste des Italiano, qui pourrait s’en op. 133 étonner. Mais dès les Razoumovsky, les sans retour. Il faut en faire l’expérience ! Préludes et Fugues, BWV 534, 536, L’éditeur ajoute le Quintette op 29 avec 541-548 Lawrence Dutton, alto; Quartetto Di Cremona archets creusent le son, le jeu s’amplifie l’alto de Lawrence Dutton, version Dean Billmeyer, orgue [Orgue Sauer, 1904, Leipzig; [Cristiano Gualco, violon; Paolo Andreoli, violon; en pleins et en déliés, surtout la moder- Orgue Sauer, 1909, Bad Salzungen] Simone Gramaglia, alto; Giovanni Scaglione, nité de l’harmonie surprend, transfigu- splendide, mais un conseil, commen- violoncelle] rée en donnée esthétique dans la splen- cez ici par entendre l’ultime quatuor. ROP614546 • 2 CD Rondeau AUD21454 • 8 SACD Audite deur sonore du quatuor. C’est soufflant, (Jean-Charles Hoffelé) ments, klaxons ou bruits d’oiseaux et piano(s) et orchestre, qui ne sont pas ni les trois parties du Concerto italien de cigales dans The Nature’s Dialogue), sans rappeler le caractère à la fois poé- ne sont plagés. Musicalement, apport qu’il intègre avec adresse dans des tique et dynamique illustré par Falla ou précieux car, avec ailleurs la Fantaisie développements souvent inattendus. Rachmaninov dans ce type de forma- chromatique et la sixième Partita, c’est Un disque à découvrir, qui se termine tion. Les deux œuvres vocales de même curieusement tout ce qu’il aura gravé par Lonely Song (pour 42 cordes), aux que le Concerto pour cor ne semblent de Bach. Le prélude BWV 850, pure couleurs sombres, au sein duquel Qin pas bénéficier, à mon sens, de la galopade, fait un peu démo de dextérité utilise à plusieurs reprises le Qiangyin - même inspiration. Au total, l’ensemble mais sa fugue, avec un ou deux traits Johann Sebastian Bach (1685-1750) une technique de composition présente manque donc certainement d’un peu parfois un peu précipités eux aussi, a dans la musique chinoise, qui dévie la bien cette espèce de démarche façon Préludes et fugues, BWV 533, 543, 547; de souffle. De prochaines publications Allein Got in der Höhe sei Ehr, BWV 663, hauteur, le timbre… - pour renforcer regardant la musique de chambre ou paon ravélien des Histoires naturelles. 677,715-17, 771; Der Tag ist so freuden- la tension dramatique de ce morceau l’œuvre pianistique sont annoncées : D’un bout à l’autre, BWV 857, beaucoup reich, BWV 607; In dir ist Freude, BWV dédié aux événements malheureux de souhaitons qu’au-delà de l’inventaire plus méditatif et comme rêvé, entretient 617; Trio pastoral in dulci jubilo, BWV 751; l’histoire humaine. (Bernard Vincken) après décès, il s’agisse, grâce à des ce parfait dialogue que permet un équi- Wenn wir in höchsten Noten sein, BWV interprétations inspirées, davantage libre idéal entre les deux mains. Encore 643; Wer nur der lieben Got lässt walten, de résurrection que d’exhumation. plus lointain et dépouillé, moins étiré BWV 642 (Alain Monnier) qu’éthéré, BWV 869 bascule enfin de Valter Savant Levet, orgue [Orgue Ponziano Bevi- l’autre côté du miroir. Quant au Concer- lacqua de l’église Saint Martin de Mezzenile] to italien, la messe en est dite : la plus ELEORG023 • 1 CD Elegia glissent ou caressent, surtout de simple Sélection ClicMag ! intelligence musicale, sans oublier ce matin la couleur du ciel par-dessus les toits si bleus si calme, ils ne sauront José Arriola (1896-1954) jamais combien référentiellement ter- Concertino pour piano et orchestre; minent nos chers jeunes suisses, bien Divertimento concertant pour 2 pianos et loin des autres, le cycle du triolisme de orchestre; 6 Poésies de Antonio Machado; Johann Sebastian Bach (1685-1750) chambre beethovénien. Cela commence Aqui lloro Don Quijote; Mal me guardareis; Marinero soy de amor; Concerto pour cor Le Clavier bien témpéré, livre I [Préludes divinement avec ces faussement négli- et Fugues n° 5, 13 et 24]; Concerto italien geables (mon œil, Beethoven tiendra à et orchestre en fa majeur, BWV 971 les reprendre plus tard !) variations sur Carmen Duran, soprano; Ainhoa Zubillaga, alto; Youri Egorov, piano « Ich bin der Schneider (je suis le tail- Javier Franco, baryton; Francisco Santiago, ténor; David Fernandez Alonso, cor; Joaquin Soriano, ADW4001 • 1 CD Pavane Ludwig van Beethoven (1770-1827) leur) Kakadu », air d’opéra d’un certain R piano; Victor & Luis del Valle, piano duo; Real Variations en sol majeur sur « Ich bin Wenzel, dont l’introduction si belle dans ien qu’en numérique, réédition bien- Filharmonia de Galicia; Maximino Zumalave der Schneider Kakadu », op. 121a; Trio venue d’un court enregistrement (37 un sombre si mineur ne s’empare même pour piano en mi bémol majeur, WoO 38; BRIL95797 • 2 CD Brilliant Classics minutes, ce fut d’abord un LP de chez pas encore du thème des dix variations Allegretto en si bémol majeur, WoO 39; L es institutions galiciennes s’efforcent EMI) façon carte de visite, l’année donc Concerto en do majeur, op. 56 « Triple qui suivent (elles ont parfois un petit de façon assez compréhensible où notre si regretté Egorov participa au Concerto » côté déploration mozartienne, ou bien d’exhumer l’œuvre du « Mozart bri- concours Reine Elisabeth de Belgique Swiss Piano Trio [Engela Golubeva, violon; Sasha titillent une idée de valse à la Diabelli). gantino », enfant prodige dont les dont, là encore, le public l’apprécia da- Neustroev, violoncelle; Martin Lucas Staub, piano]; Moins personnel est encore, en pre- jeunes années sont encore nimbées vantage que ne le fit le jury. Car on nous Zurich Chamber Orchestra; Willi Zimmermann miers pas du jeune Ludwig pour cette de légende, dont le destin familial est en donne pour la première fois la date : AUD97696 • 1 CD Audite formation de chambre, issu du septuor Q marqué de divers drames et dont les 1975, et c’est l’année suivante que ce u’importe l’interprète dans ton clas- op. 20 et sans mouvement lent, le trio compositions disparurent pour l’essen- jeune russe demanda l’asile politique sique, ils jouent forcément pareil les Wo0 38, de publication posthume, mal- tiel dans le bombardement de Berlin à aux Pays-Bas, après avoir hésité avec mêmes notes ! Le décisif sort parfois à gré la grâce enjouée de son scherzo la fin de la 2nde Guerre mondiale. Si les Etats-Unis où il fit ses débuts trois contrario d’un post-moderne surgavé qui est un miracle éthéré de microbat- cette livraison d’enregistrements inédits ans plus tard. Avec aussi un copyright binaire qu’aliène l’industriel boumboum tements d’ailes de phalènes. Entente de la musique associée à sa dernière de 1993 manifestement faux puisque, compressé aimepétroisé strimingué, parfaite enfin pour le triple concerto, période nous propose des composi- retrouvé dans notre discothèque de qui désormais gouverne (on a pris le dialogue attentif et parfaite fusion avec tions d’un intérêt devenu évidemment Babel et devenu diablement collector, le maquis). Affaire de tact, de muscle, de un orchestre lui aussi de chambre, anecdotique, compte tenu du contexte premier CD (sous label Astoria), nous neurone, de rendu, de pulsation, de mo- tendance conduite non accompa- de la production musicale européenne l’avions acheté... dès juin 1988. Et cette delé, de projection, d’équilibre du son gnée (sans l’extériorité d’un chef), de l’époque, on pourra notamment fois-ci non plus, alors que c’eût été (rare, avec ce trop puissant piano...), mais pareillement si juste et précis. apprécier les pièces concertantes pour facile, ni les ensembles prélude + fugue, d’homogénéité des timbres qui frottent, (Gilles-Daniel Percet) 4 ClicMag janvier 2098 www.clicmusique.com
Alphabétique Le baryton Matt Sullivan vibre un peu opus de Brahms dans une dimension systématiquement (« Herre lehre doch impressionniste, quasi debussyste dans mich »). En revanche la soprano Nata- les opus 118 et 119, qui surprend en sha Schnur affiche une belle assurance bien. Après tout, Brahms est l’inventeur dans le « Ihr habt nun Traurigkeit ». du piano moderne, ses ultimes cahiers Un disque tout à fait recommandable n’ont plus rien à faire avec le post-ro- ne serait-ce que pour l’admirable tra- mantisme, tout un nouveau langage vail choral réalisé par sir David Hill. s’empare du clavier et c’est précisément (Jérôme Angouillant) cela que Charles Owen fait entendre sur Leonard Bernstein (1918-1990) Johannes Brahms (1833-1897) son splendide Steinway dans l’acous- Anniversaries; Touches; Sonate; Leonardo’s Un Requiem Allemand, op. 45 (version tique parfaite du Menuhin Hall de Cob- Vision; Sonate pour clarinette et piano; pour ensemble de chambre) ham. Osera-t-il chercher demain chez le Trio pour piano; 3 Meditations; Mippy Natasha Schnur, soprano; Matt Sullivan, baryton; jeune Brahms, celui des Sonates et des I-II; Rondo for Lifey; Dance Suite; Bima Yale Schola Cantorum; David Hill, direction Ballades, les premières traces de cette Fanfare; Octatonic Scale Variations; Bridal tentation progressiste que Schoenberg Suite; Musique pour 2 pianos; 4 Sabras CDA68242 • 1 CD Hyperion soulignait à loisir ? Les deux Rapso- Chad Hoopes, violon; Lisa Schumann, violon; Fer- nando Nina, violoncelle; Maria Kliegel, violoncelle; Andy Miles, clarinette; Peter Mönkediek, trompette; P armi les nombreuses versions du Requiem Allemand, il y a les roman- tiques (Karajan, Davis) et les modernes dies op. 79 où l’écho de cette époque ressurgit laissent penser que oui. Peter Roth, trompette; Maurice Steger, flûte à bec; (Jean-Charles Hoffelé) (Gardiner, Herreweghe). Cette dernière Paul van Zelm, cor; Jeffrey Kant, trombone; Hans Johannes Brahms (1833-1897) version signée du vénérable David Hill, Nickel, tuba; Wayne Marshall, piano; Benyamin Nuss, piano; Jennifer Micallef, piano chef du Yale Schola Cantorum se dis- 8 Klavierstücke, op. 76; 2 Rhapsodies, op. tingue surtout par un orchestre réduit 79; 7 Fantaisie, op. 116; 3 Intermezzi, op. AVI8553411 • 3 CD AVI Music 117; 6 Klavierstücke, op. 118; 4 Klaviers- à huit instruments. Ici la masse chorale L e versant intime de « Lenny » Berns- et les voix solistes sont prépondérants tücke, op. 119 tein l’homme public par excellence, ce et l’orchestre, évidemment en retrait, Charles Owen, piano serait peut-être sa musique de chambre joue un rôle discret mais essentiel. La AVIE2397 • 2 CD AVIE Records et ses œuvres pour piano compilées ici C réduction orchestrale est l’œuvre de harles Owen en ses premiers dans ce coffret de trois disques. Elles Ian Farrington qui dit s’être inspiré de disques avait avoué un tropisme constituent souvent un laboratoire de la transcription du compositeur pour Fauréen qui nous a valu des Nocturnes recherche où le matériau musical prend deux pianos. Ici cuivre et vents accom- et des Barcarolles aux harmonies Wladyslaw Brankiewicz (1853-1929) forme de façon progressive. Les cycles pagnent et exaltent les voix solistes tan- Intégrale de l’œuvre pour orgue amples, joués à plein piano ; à rebours d’ « Anniversaries », brefs portraits dis que les cordes assurent les liaisons Natalia Skipor, mezzo-soprano; Stanislaw de la chronologie de sa discographie musicaux de proches du compositeur, et le fil de la partition. Le « Selig sind » Diwiszek, orgue je découvrais un album Poulenc où célèbres ou non. Vingt-neuf esquisses d’ouverture est symptomatique de AP0426 • 1 CD Acte Préalable brillaient les meilleures « Soirées de composées à partir de 1940, la dernière O l’ensemble. Face à un si grand potentiel Nazelle » de la discographie, puis un n sait bien peu de choses sur Wla- étant datée de 1988, soit deux ans avant choral et à un accompagnement aussi disque Janacek d’une troublante poé- dyslaw Brankiewicz sinon que, fils sa mort, quelques-unes en hommage pingre, on croirait entendre une version sie, son « Sentier herbeux » se haus- de bonne famille, il eut une solide édu- aux femmes qui ont comptés dans sa « a cappella ». Le timbre chaud du Yale sant au degré de suggestion qu’y mirent cation musicale. Il passa l’essentiel de vie, d’autres à des personnalités, écri- Schola Cantorum nous enveloppe litté- Josef Palenicek et Rudolf Firkusny. L’art sa carrière de musicien devant le clavier vain (Paul Bowles), compositeurs (Leo ralement. Quelques traits de violoncelle évocateur apporté aux vignettes de de l’orgue de la cathédrale de Lublin où Smit, Aaron Copland) ou interprètes vibrés, des échos de cuivres et de vents Janacek qui constituent un vrai cycle- il exerça comme titulaire. Pendant ce (William Kapell). Pièces fragmentaires et le chœur s’étale de nouveau et nous promenade, la profondeur de son piano temps, il composa près de deux cents rappelant parfois Schoenberg, Stra- inonde. Magique, comme une fleur aux couleurs si appariées m’avaient œuvres à caractère religieux, la plupart vinski et Hindemith, concentré des ouvrant ses pétales et exhibant son justement fait penser qu’il serait chez étant pour chœur puisque son corpus multiples styles du génial créateur. Bien cœur. Nous sommes ravis et contentés. lui dans les ultimes opus de Brahms. pour orgue tient sur ce seul CD, publié des pages de jeunesse de Lenny doivent N’empêche, l’oreille par habitude a du Le disque vérifie aujourd’hui mon intui- sous l’égide du label polonais l’Acte Pré- énormément à son mentor adoré Aaron mal à combler le fossé entre orchestre tion : chant large mais sculpté, harmo- alable. Si on retrouve l’ordinaire de la Copland. La Sonate pour piano (1938) et chœur. Le « Denn alles Fleisch » nies fuligineuses, lignes polyphoniques liturgie, une messe, quelques marches, et les huit variations de Touches (1981) somnole trop peu soutenu par un pia- surprenantes et ce toucher admirable préludes, une fugue, les fantaisies, notamment. Idem pour le cycle des no poussif puis reprend de la vigueur qui jamais n’alourdit l’écriture mais méditation, andante cantabile et autres Sabras (1950) évoquant pudiquement grâce aux pupitres de sopranos, rythmé l’éclaire par un savant jeu de pédale, lui rondos ne s’écartent en rien d’un lan- sa judéité. Bernstein passe d’un genre par les pizzicati des cordes. Lumineux donne de l’air. La qualité de son jeu, qui gage profondément monochrome. La à un autre et on reconnaît çà et là des « Wie liebliech » à la manière du vitrail. abolit les marteaux, projette les ultimes musique de Brankiewicz est avant tout bribes, ébauches ou reprises, d’œuvres orchestrales (Mass, Candide, On the Town). Les sonates pour violon et cla- Müller dont j’avais tant aimé le premier la main à un opus 76 envoutant à force rinette (1940 1942) d’une veine plus Sélection ClicMag ! opus lui consacre son second album de poésie, aux horizons fuligineux : lyrique et narrative, exploitent le poten- solo. Programme de crépuscule : les écoutez seulement la tempête nocturne tiel orchestral des instruments et leur quatre Ballades jouées sombre, intense, qui ouvre le premier Capriccio puis le contrepoint montre l’influence d’un dramatique, l’automne ténébreux des chant éolien qui suit. La profusion de autre compositeur pédagogue Walter Klavierstücke op. 76, les Intermezzi l’harmonie s’épanouit dans un Steinway Piston. Unique en son genre, le Trio op. 117 et pour ceux qui iront tout au magnifique, clavier chantant, médium (1937) sonne assez « mittle-europa » bout de ce disque nocturne, « Guten pourpre, un automne de piano où vien- avec sa gravité, ses couleurs folklo- Abend, gute Nacht », ultimes pianissi- dront se suspendre les méditations des riques ses pizzicati des cordes et sa mos qu’aucune plage ne vous indique. Intermezzi, murmurés. Fabian Müller y fugue inopinée. En revanche les œuvres Les affinités électives du jeune pianiste pour ensemble à vent (Dances 1990) et fait passer le souvenir de Schumann, allemand avec l’univers de Brahms ne pour piano à quatre mains (Bridal suite qui parait dans le second. C’est d’un pia- Johannes Brahms (1833-1897) sont plus un secret depuis qu’il aura 1960) témoignent du goût du composi- niste poète qui confirme ici son art dans 4 Ballades, op. 10; 8 Pièces pour piano, donné un magistral op. 118 voici deux teur pour l’improvisation, le jazz et les ans au Klavier Festival-Ruhr. Ses Bal- un répertoire particulièrement périlleux. op. 76; 3 Intermezzi, op. 117 pièces brèves et « light » telles que ces lades épiques et amères sont-elles d’un Il peut regarder les plus grands dans Fabian Müller, piano Élégies (1948), pochades dédiées à sa jeune-homme ? La concentration du les yeux, il est chez lui chez Brahms, 0301155BC • 1 CD Berlin Classics sculptant le temps, phrasant les secrets chienne Mippy pour piano cor et tuba. toucher, le creusement des phrasés, Musique libre et décomplexée et incita- tion au plaisir et au partage. « Music is L e piano de Brahms, cette symphonie de confidences et d’épopées, a de la chance au disque ces derniers temps : quelque chose de désolé rappellent la rumeur que Claudio Arrau y distillait, d’un univers qui ne s’offre pas si faci- lement, aidé par une prise de son élé- gante qui relève encore la profondeur what comes closest to love » tel était le et ce jusque dans l’embelli fugitive de mot d’ordre du musicien et ici celui de hier Gabriel Carcano enflammait la l’éclaircie qui vient dorer l’aigu du cla- de son propos. Album immanquable. ses interprètes. (Jérôme Angouillant) Troisième Sonate, aujourd’hui Fabian vier dans la Quatrième. Elles donnent (Jean-Charles Hoffelé) www.clicmusique.com ClicMag janvier 2019 5
Alphabétique elle-même, l’aspect décontracté, dansé des éléments aussi divers que Marlène de Mark Viner au jeu perlé, délicat, vir- Sélection ClicMag ! et tout à fait inattendu de la part de Dietrich ou les paysages de Californie tuose sans trop en faire. On oublie la Chostakovitch qui apparaît ici pose de l’op.165 ! Enfin, les trois pièces pour proximité géographique et stylistique sans doute davantage de questions sur violon et piano, où le modernisme d’ des Debussy, Ravel (et ceux cités plus ce qu’il convient d’en faire : une paro- « Exotica » et l’hommage à Heifetz et haut) pour s’inviter dans ce salon bour- die ? la critique d’un système occidental Spivakovsky ne tombent jamais dans geois si bien tenu. Chaminade connaît honni pour la « suite » ? Ou du réalisme la gratuité imitative. Angelo Arciglione ses classiques (plutôt Liszt, Schumann, soviétique, encensoir musico-sportif joue un splendide Fazioli, Rolls-Royce Mendelssohn) et se les approprie avec d’un système politique propagandiste des pianos, qui lui permet d’expri- ce qu’il faut de détachement (Études de l’homme nouveau pour le « bal- mer toute sa sensibilité. L’entente est de concert op. 35, Romances sans let » ? Le fait qu’un orchestre allemand parfaite avec sa partenaire Eleonora paroles op.76). Si l’Arabesque op. 61 à virtuose dirigé par un chef anglais s’y Turtur. Un premier CD qui mérite tous la mélodie surannée a peu à voir avec Dimitri Chostakovitch (1906-1975) colle évitera le risque d’enfoncer le clou les éloges par son audace, la qua- du Debussy, l’influence de Chabrier est Jazz Suite n° 2; Concerto pour piano, populiste à la gloire de. Et revenir sim- lité d’interprétation et de prise de son. prégnante un peu partout. Viner déroule trompette et orchestre à cordes n° 1, op. plement au texte lui-même. La perfor- (Nicolas Mesnier-Nature) avec flegme et élégance le flux volubile 35; The Golden Age, op. 22 mance que nous entendons dans cet de cette musique pudique, évocatrice Antonii Baryshevskyi, piano; Romain Leleu, enregistrement est rare : car si tout le et aux parfums tenaces. Une tendresse trompette; Brandenburgisches Staatsorchester monde s’y est mis dans les années 90 Frankfurt; Howard Griffiths, direction un peu superficielle (op. 76 et 127), pour faire tourner la machine à billets quelques danses, un peu de folklore KL1526 • 1 CD Klanglogo des éditeurs, bien peu ont su conserver (Poème provençal, op. 127), une espa- D es milliers de personnes ont connu Chostakovitch grâce à sa musique utilisée dans une pub télé. Si la « Valse cette fraîcheur, cet allant, ce rythme fou, cette couleur par moment mahlérienne (l’entrée du cor dans la reprise du gnolade (La Lisonjera op. 50) achèvent de nous séduire. (Jérôme Angouillant) n°2 » est l’arbre qui cache la forêt, la thème de la fameuse valse), sans jamais suite à laquelle elle appartient, de même vulgariser la simplicité ou les effets. Ce que les extraits de « l’Âge d’or », n’en système fonctionne également avec le demeurent pas moins des pierres « Concerto n°1 » : des demi-teintes, Cécile Chaminade (1857-1944) d’achoppement interprétatives. Car si des échanges, de l’air entre les pupitres Pierrette, air de ballet, op. 41; 6 Etudes la direction à donner dans une grande et une couleur encore magnifique éloi- de concert, op. 35; Les Sylvains, op. 60; Arabesque, op. 61; Poème provençal, op. symphonie ou un quatuor est l’on gnée de l’esbroufe virtuosement creuse. 127; La lisonjera, op. 50; 6 Romances sans pourrait dire inscrite dans la musique A thésauriser. (Nicolas Mesnier-Nature) paroles, op. 76; Thème varié, op. 89 Mark Viner, piano fonctionnelle et son intérêt reste limité. violon et piano PCL10164 • 1 CD Piano Classics Frédéric Chopin (1810-1849) I Le contrepoint et un certain roman- Angelo Arciglione, piano; Eleonora Turtur, violon ssue d’une famille bourgeoise, Cécile Polonaise-Fantaisie en la bémol majeur, tisme évoquent le modèle germanique DCTT83 • 1 CD Digressione Chaminade bénéficia dès sa forma- op. 61; Berceuse, op. 57; Mazurka, op. 17 mais son penchant modal peut aussi n° 4; Mazurka, op. 68 n° 2; Scherzo, op. L e compositeur italo-américain tion musicale auprès de Benjamin rappeler l’orgue français. En prime deux 39; 24 Préludes, op. 28 Castelnuovo-Tedesco est une des Godard, du soutien de compositeurs miniatures d’un autre organiste natif Evgeny Moguilevsky, piano grandes figures musicales du ving- tels que Saint-Saëns et Chabrier. Après de Lublin, Wladyslaw qui fut déporté à tième siècle. Malheureusement, hormis quelques essais de composition plus ou ADW4003 • 1 CD Pavane Auschwitz. (Jérôme Angouillant) quelques pièces pour guitare, on ne le connaît que trop peu. Une des raisons à cela est la frilosité éditoriale concernant moins fructueux dans différents genres (musique de chambre, un ballet, un concerto...) elle se tourne assez vite M oguilevsky, qui partagea l’estrade de la Roque d’Anthéron avec Bri- gitte Engerer et Vardan Mamikonian les enregistrements. Voilà une goutte vers le piano et compose ainsi près de en 1994 pour une « nuit Chopin », a d’eau dans la mer pour ces pièces pour deux cents opus pour l’instrument ainsi été longtemps un de ces pianistes à piano solo et en duo avec violon. Et qu’une centaine de mélodies qui re- éclipses dont l’URSS avait le secret. Sa encore une fois, même les premières lèvent spécifiquement de la musique de victoire au Concours Reine Elisabeth en pièces de la toute jeunesse du début salon. C’est une petite poignée de ces 1964 le surprit lui-même (comme en du programme sont intéressantes. Les pages pour piano que l’on (re)découvre témoigne le commentaire d’une archive quatre portraits de stars hollywoo- à l’écoute de ce disque signé du pianiste vidéo de la RTBF) et un coffret antho- diennes de l’op.104, ainsi que la fin du anglais Mark Viner et qui vient complé- logique du concours l’y montre hésiter, M. Castelnuovo-Tedesco (1895-1968) disque, ont été écrites alors que l’auteur ter les enregistrements de Peter Jacobs s’arrêter et repartir au beau milieu du Vogelweide, pour voix et guitare / E. Des- avait trouvé refuge aux États-Unis. Leur (Hypérion) de Johan Blanchard (MDG) premier mouvement de son troisième deri : Sonate en mi majeur pour guitare; peinture nous montre l’art extrêmement et de Johanna Polke (Steinway&Sons). concerto de Rachmaninov. Il disparut et Duo Cacce Quattrocentesche, pour voix et souple de Castenuovo qui, tout en gar- Musique de salon certes mais qui dé- reparut ensuite plusieurs fois. Contrai- guitare; Trittico, pour guitare dant son caractère, parvient à évoquer gage un charme certain sous les doigts rement à ce qu’affirme la notice son Leonardo De Lisi, ténor; Luca Trabucchi, guitare STR37110 • 1 CD Stradivarius Sélection ClicMag ! B ruch a vingt-cinq ans à peine lorsqu’est créé son Die Loreley, grand opéra romantique en quatre premier ordre à une réalisation orches- trale somptueuse sous la baguette ins- pirée de Stefan Blunier, un chef déjà actes sur un livret qu’Emmanuel Geibel remarqué pour quelques belles gra- destinait initialement à Mendelssohn. vures de Bruckner et Franz Schmidt. Vaste partition très représentative du Découverte majeure à l’évidence, romantisme germanique où passent bénéficiant de plus d’une présenta- les ombres de Meyerbeer et Weber, tion particulièrement soignée puisque mais aussi celles de Schumann et Men- le livret en allemand et sa traduction delssohn en particulier dans le finale anglaise sont joints. Bruch s’est plaint où la description du Rhin évoque irré- M. Castelnuovo-Tedesco (1895-1968) toute sa vie d’être considéré comme le sistiblement tant la 3° symphonie du compositeur d’une seule œuvre, son « Ninna-Nanna », berceuse pour piano Max Bruch (1838-1920) premier que les flots qui baignent les seul; « Calma « , pour piano seul; « Scam- Hébrides du second. Même s’il manque célèbre premier concerto pour violon panio », pour piano seul - »Terrazze », La Lorelei, op. 16, opéra en 4 actes et orchestre, c’est heureux que justice à cette partition le génie d’un Wagner, pour piano seul; « Stars », op. 104; « El Michaela Kaune, soprano; Magdalena Hinterdobler, l’ouvrage n’en est pas moins l’un des lui soit enfin rendue. Nous connaissons Encanto », op. 165, pour piano seul; soprano; Thomas Mohr, ténor; Jan-Hendrik désormais ses autres œuvres concer- chefs d’œuvre de Bruch ; ce n’est pas « Exotica, A Rhapsody of the South Seas », Rootering, basse; Chœur Philharmonique de un hasard si Mahler puis Pfitzner ont tantes pour le violon, ses symphonies, pour violon et piano; Serenatella on the Prague; Orchestre de la radio de Munich; Stefan name of Jascha Heifetz, op. 170 n° 2, pour tenu à le diriger. A l’invitation de CPO, ses principaux oratorios, voici enfin Blunier, direction cette magnifique exécution de concert un bel éclairage sur son œuvre lyrique. violon et piano; Humoresque on the name of Tossy Spivakovsky, op. 170 n° 8, pour CPO777005 • 3 CD CPO en 2014 associe une distribution de (Richard Wander) 6 ClicMag janvier 2098 www.clicmusique.com
Alphabétique passage au Carnegie Hall fin 1992 ne qué du compositeur. Elle est basée sur au compositeur pour composer une fut pas acclamé par le New York Times, Sélection ClicMag ! les six premières notes d’une mélodie messe, le contrepoint est loin d’être éla- qui pointa au contraire ses excès inadé- psalmodiée (« Gaudéamus omnes ») boré, les notes sont souvent répétées, quats de vitesse et de puissance. Mais qui va ensuite subir de multiples trans- inversées, mais Josquin respecte un l’effet électrique sur les publics était positions mathématiques, de véritables schéma strict et s’interdit toute dérive indéniable. On entend tout cela dans ses « feux d’artifice » (Willem Elders) une mathématique. C’est une œuvre de Chopin de 1991 : capable de nuances et polyphonie pyrotechnique. Schéma jeunesse et il s’agit ici plutôt d’un jeu de couleurs somptueuses, il est aussi classique en imitation mais les lignes autour du personnage de Baudichon coupable de galopades échevelées an- vocales se chevauchant et se répon- (jeune homme vigoureux et fanfaron) crées sur une main gauche brutale… ce dant à des hauteurs diverses, la mélo- auquel il semble s’identifier. Peter Phil- Chopin très timbré mais un peu dépour- die d’origine citée soixante et une fois lips s’est lui aussi amusé à scruter les vu de vision regarde indiscutablement au total n’est plus perceptible à l’audi- partitions pour en faire ressortir deux vers l’Est, l’école russe et Rachmaninov. Josquin des Prés (1440-1521) teur moyen. Pourtant Josquin parvient à maintenir une cohésion parfaite de univers totalement différents : l’un Palmarès discographique inchangé, Missa Gaudeamus; Missa L’ami Baudichon mais voilà une vraie curiosité et à tout la structure de l’ensemble. La Missa façonné intensément, l’autre joyeux et The Tallis Scholars; Peter Phillips, direction petit prix une belle occasion de décou- l’Ami Baudichon est une des premières décontracté. « Je dirais que le génie à CDGIM050 • 1 CD Gimell cette échelle ne connaît pas de règles » vrir un pianiste rare ou de se rafraîchir messes de Josquin et repose sur une la mémoire. (Olivier Eterradossi) P eter Phillips ose un savoureux cou- plage en associant deux messes absolument opposées. La Missa Gau- chanson populaire dont l’argument à connotation sexuelle est assez grave- conclut-il benoîtement. Les Tallis Scho- lars sont une fois de plus impression- nants de tenue vocale et d’engagement. leux. Elle fut d’ailleurs (?) composée en déamus est l’apogée de l’art sophisti- France vers 1475. Trois notes suffisent (Jérôme Angouillant) Antje Weithaas, violon; Christian Tetzlaff, violon; Vicki Powell, alto; Maximilian Hornung, violon- celle; Kiveli Dörken, piano; Martin Helmchen, piano AVI8553404 • 1 CD AVI Music Carl Czerny (1791-1857) Grande Sonate pour violon et piano-forte L e quatrième et dernier étant le cé- lèbre Dumky, c’est le second trio en la majeur; Sonate Concertante en mi d’un Dvorak qui, en 1876, mijote encore bémol majeur pour violon et piano Claude Debussy (1862-1918) Gaetano Donizetti (1797-1848) en obscur compositeur provincial, mais Kolja Lessing, violon; Rainer Maria Klaas, piano; Nuit d’étoiles; Triolet à Phyllis; Pierrot; Nuits d’été à Pausilippe, mélodies choisies cette œuvre lui valut l’appui décisif de Anton Kuerti, piano Clair de lune; Apparition; Le jet d’eau; Letizia Calandra, soprano; Fausto Tenzi, ténor; Brahms. Elle fut écrite implicitement CPO777822 • 1 CD CPO Ilario Nicotra, piano Mandoline; Fêtes Galantes I; Fleur des après la mort de Josefa, sa fille aînée F raîchement imbibé des dernières sonates de Beethoven, Carl Czerny blés; Le son du cor s’afflige vers les bois; BRIL95672 • 1 CD Brilliant Classics et nouveau-née, mais on ne peut qu’y V Romance ; Proses lyriques; L’échelonne- oilà que l’on nous propose fort penser puisqu’elle est en sol mineur, écrit à l’âge de seize ans cette Grande ment des haies; Chansons de Bilitis [La opportunément de prolonger la justement la tonalité du trio de Smetana Sonate pour pianoforte et violon (1807). flûte de Pan; la Chevelure; Le Tombeau période estivale avec ces Nuits d’été à Elle débute en Do majeur et se com- des Naïade]; Les Nuits blanches; Ariettes qui, lui, très explicitement l’inscrivit Pausilippe. Certes il y a du soleil dans pose de trois amples mouvements qui oubliées; Colloque sentimental; Je auparavant dans le deuil de sa propre tremble en voyant ton visage; 3 Poèmes de ces ariettes et nocturnes, complétées dépassent largement les dix minutes. fille. Moins fréquenté que les autres, ce Stéphane Mallarmé; Noël des enfants qui d’autres mélodies, qu’inspirèrent au Un thème, une idée, une ébauche de n’ont plus de maisons compositeur de Don Pasquale et de Lu- trio de Dvorak est plein de couleur et de dialogue entre violon et piano et l’œuvre crezia Borgia tant la chanson populaire lyrisme, se fait parfois dansant, titille le se prolonge ad infinitum dans des Lorna Windsor, soprano; Antonio Ballista, piano napolitaine que les poésies amoureuses folklore slave. Après l’ambitieuse forme développements labyrinthiques. Carl BRIL95741 • 2 CD Brilliant Classics d’auteurs principalement italiens. Hélas, sonate du début, le second mouvement Czerny multiplie à volonté les options thématiques et structurelles de la forme sonate sans pour autant renouveler les A yant témoigné de l’intérêt non-feint éprouvé à l’écoute de « Vox Sola » le résultat s’avère plutôt décevant. Les romances s’enchainent sans être soute- nues par la profondeur ou les nuances finit par dissoudre le pathos de sa lente berceuse dans le majeur, le troisième enjeux du duo instrumental. Cela dit, (BRIL95791), je ne cacherai pas ce qui les rendraient plus agréables. La galope et halète presque bizarrement, la partie de piano, à la fois soutien et qu’a été ma déception en découvrant ce double cd Debussy. Bien sûr la dic- prise de son, dans les aigus, semble tandis que dans le quatrième triomphent acteur, est impressionnante. Si les idées tion pourrait représenter le défaut réd- parfois porter la voix de la soprano enfin gaieté et jovialité, bien loin du foisonnent, l’inspiration se tarit parfois L. Calandra vers la saturation. Mais le mineur initial. Quant au quatuor avec (Andante graciozo) et le discours per- hibitoire à l’égard de ces miniatures moins convaincant reste à mon avis la piano fièrement érigé en premier opus dure bon an mal an. Par opposition la françaises chantées par une interprète Sonate Concertante (1848) montre le prestation du ténor F. Tenzi qui n’arrive britannique mais ce n’est pas là le grief par Suk, son professeur Dvorak en fut compositeur dans sa maturité, non pas toujours à concilier puissance, hau- majeur. La voix de la soprano n’est teur et tenue. Est-ce pour cet ensemble impressionné au point de le faire jouer plus assujetti au modèle beethovénien pas assez souple pour beaucoup de pour une remise scolaire des diplômes, mais désireux de synthétiser dans de raisons que l’enregistrement est res- ces mélodies dès qu’elles recouvrent té plus de dix ans avant d’être publié par prélude à une longue amitié où le plus un langage original le style classique un ambitus important et s’appuient Brilliant ? Ce répertoire profiterait cer- jeune devint le gendre de l’aîné. Cette et une veine romantique qui évoque Mendelssohn et Brahms. Œuvres mar- sur un rythme un peu plus allant. La tainement davantage d’être interprété à œuvre fut beaucoup donnée par le fa- ginales, les deux sonates attendirent difficulté à contrôler simultanément, la fois avec plus de naturel et plus de meux Quatuor Bohémien dont Suk était près de deux siècles pour être dévoi- surtout dans les aigus rapides ou les poésie. (Alain Monnier) le second violon. L’énergique premier lées puis enregistrées. Le violoniste finales, le timbre, le volume et l’articu- mouvement prend un envol dramatique, Kolja Lessing affronte ces deux colos- lation donne finalement lieu à de réels le second adopte un thème lyrique sales partitions avec endurance même déséquilibres. Les nuances propres à la si de temps à autre le souffle retombe charmant, de même que le troisième musique debussyste comme aux textes et s’exténue. La faute à une substance après un premier épisode passionné. des poètes qui en sont ici à l’origine et musicale qui semble se nourrir d’elle- Et Dvorak comme Suk, ces musiques qu’il s’agit de restituer et d’illustrer sont même (Grande Sonate). Son partenaire sont ici idéalement rendues par deux donc souvent négligées. On ne pourra Rainer Maria Klaas a le nez collé sur formations distinctes que transcende que regretter certaines stridences qui la partition. Le second pianiste Anton l’ambiance publique... hydroélectrique Kuerti s’en sort mieux dans la Sonate l’emportent sur la rondeur, la cha- leur, l’intimité attendues. Ce, malgré (des pompes pour la circonstance ? on Concertante au format plus resserré. Antonín Dvorák (1841-1904) Le jeu du violoniste devient soudain le jeu inspiré et complice du pianiste est dans une ancienne usine !) du tou- Trio pour piano en sol mineur, op. 26 / détaché, plus élégant voire lumineux. Antonio Ballista sur un Pleyel de 1923. Josef Suk : Quatuor pour piano, violon alto jours merveilleux Spannungen Festival. (Jérôme Angouillant) (Alain Monnier) et violoncelle en la mineur, op. 1 (Gilles-Daniel Percet) www.clicmusique.com ClicMag janvier 2019 7
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