Aspects pratiques de l'affectation ou du maintien de la femme enceinte en milieu hospitalier - AP-HP ANMTEPH Dr. Jean-Luc Marande Service de Santé ...
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Aspects pratiques de l’affectation ou du maintien de la femme enceinte en milieu hospitalier Dr. Jean-Luc Marande Service de Santé au Travail AP-HP ANMTEPH
Plan . Dans quelles conditions les soignantes sont-elles exposées? . Quelle législation est applicable? . Quel suivi médical peut-on faire? . Quelle prévention doit-on proposer?
Les modes d’exposition 1 aérienne : - les gouttelettes de salive et sécrétions respiratoires contaminées, responsables d’infections graves chez la femme enceinte / d’embryo-foetopathies / de contre- indications à certains médicaments tératogènes (virus de la varicelle et du zona / cytomégalovirus, rubéole, parvovirus B19 / virus respiratoire syncitial, tuberculose) ; - les expositions toxiques dans les laboratoires d’analyse (formaldéhyde, solvants benzéniques, dichlorométhane, chloroforme, hydrocarbures aromatiques, formamide, diméthylformamide, N-méthyl-2-pyrrolidone, composés chromés) ; - les anesthésiques volatils (N2O, halogénés) ; - la stérilisation à l’oxyde d’éthylène ;
Les modes d’exposition 2 aérienne : - les expositions aux radionucléides volatils ; - les aérosols pendant les préparations des anticancéreux, des antiviraux et des aérosolthérapies (pentamidine / ribavirine), les CHIP ; - les préparations/administrations de médicaments (anti-épileptiques, AVK, lithium, rétinoïdes, androgènes, AINS, cyclines…, préparations contenant de l’arsenic) ; - les préparations des caches en plomb ; - certains travaux dans les services techniques (hydrocarbures chlorés, amiante).
Les modes d’exposition 3 cutanée : - les contacts directs lors de soins à des malades responsables d’infections graves chez la femme enceinte (virus de varicelle et de zona) / d’embryo-foetopathies (urines = cytomégalovirus / AES → virus HVB, virus HVC, virus VIH) ; - les projections de milieux de culture responsables de contre-indications à certains médicaments tératogènes (tuberculose) ; - les projections cutanéo-muqueuses de produits CMR ; - les projections de radionucléides (in vivo = sang + urines & in vitro) ;
Les modes d’exposition 4 cutanée : - projections à la pose/dépose des perfusions d’anticancéreux et d’antiviraux + contacts cutanéo- muqueux avec des urines contaminées + contacts cutanés avec les préparations orales non individualisées. digestive : en l’absence de mesure élémentaire d’hygiène → contamination des mains avec des produits biologiques, des toxiques CMR, des radionucléides, des médicaments tératogènes.
Les modes d’exposition 5 environnementaux : - les irradiations avec des rayons X & γ ; - les contaminations β & γ ; - les expositions à des champs magnétiques (IRM) - le travail en hyperbarie ; - les efforts physiques intenses et répétés ; - la station debout prolongée ; - le port de charges lourdes (> 10 kg) ; - emploi de machines avec vibrations importantes ; - le travail de nuit / horaires alternants ; - le temps de travail (> 40h) ; - conditions de travail (bruit, température froide, atmosphère trop humide ou trop sèche) ; - travail à l’extérieur.
Les modes d’exposition 6 autres : - trajet & modes de transport (durée, trépidations) ; - conditions de vie et les circonstances familiales ; - vécu de la grossesse (désirée ou non, physiologique ou pathologique, « syndrome néo-nat »…) ; - coefficient de risque de Goujard (score élevé à partir de 11,2) ; - coefficient de risque d’accouchement prématuré de Papiernik (CRAP certain si supérieur à 10).
Quelle législation est applicable? 1 Femme enceinte Risque biologique Rubéole, toxoplasmose : décret du SMP : circulaire du 02 05 13 02 1986 / code du travail art. 1985 / code du travail art. R.231-62 R.241-50/51 Protection des travailleuses Risque physique enceintes, accouchées ou Hyperbarie : décret du 28 03 1990 allaitant : directive 92/85/CE Protection contre les dangers des du 19 10 1992 / code du travail R.I. : décret du 31 03 2003 + suivi art. L.122-25 & L.241-1 à 22 / médical : arrêté du 28 08 1991 circulaire du 14 02 96 / décret Port de charges : circulaire du 02 96-364 du 30 04 1996 / 05 1985 / code du travail art. R.234-6 ordonnance 2001-173 du 22 02 2001
Quelle législation est applicable? 2 Risque chimique Femme enceinte dans Arsenic, solvants : circulaire la fonction publique du 02 05 1985 Suivi médical : décret du 16 08 Hydrocarbures aromatiques : 1985 code du travail art. R.234-10 Congés, aménagement du temps et Plomb : décret du 30 04 1996 du poste de travail : circulaires du protection de la santé et de la 07 10 1987 & 14 02 1996 sécurité des travailleurs : Risques biologiques, chimiques, directive 98/24/CE du 07 04 physiques : décret du 30 04 1996 1998 Radioprotection du personnel prévention du risque chimique hospitalier : circulaire du 03 08 : décret du 23 12 2003 1987 toxiques CMR : décret 2001-97 du 01 02 2001
Quelle législation est applicable? 3 Décret n° 2002-1282 du 23 10 02 ⇒ Création d’une garantie de rémunération pour les salariées enceintes ou ayant accouché en cas de suspension de leur contrat de travail ⇒ Application pour le RG
Quelle législation est applicable? 4 Circulaire DRT n° 2002-09 relative au travail de nuit ⇒II Le Code du Travail contient désormais des garanties et des contreparties pour les travailleurs de nuit 2-6. Des dispositions spécifiques pour les femmes enceintes Une femme enceinte ou venant d’accoucher doit, sur sa demande ou sur celle du médecin du travail, être affectée sur un poste de jour si le poste de nuit est incompatible avec son état. Ce changement d’affectation ne doit entraîner aucune diminution de rémunération et l’affectation dans un autre établissement est subordonnée à l’accord de la salariée. Si l’employeur est dans l’impossibilité de proposer un autre emploi, il doit faire connaître, par écrit, à la salariée ou au MdT les motifs qui s’opposent au reclassement . Une suspension du contrat de travail est alors prévue, assortie d’une garantie de rémunération.
Le suivi médical est réglementaire Code du travail art. L. 122-25-3 : la salariée peut s’absenter pour se rendre aux examens obligatoires prévus par le code de la santé publique Code du travail art. R. 241-50 : le médecin du travail exerce une surveillance particulière pour les femmes enceintes et allaitant décret du 16 08 1985 : - suivi renforcé possible des agents exposés à des risques particuliers ; - le médecin est le conseiller de l’employeur pour l’amélioration des conditions de travail, la protection des agents contre toute nuisance, l’éducation sanitaire du personnel en rapport avec l’activité professionnelle
Le contexte du suivi médical La mission de surveillance particulière concerne la salariée et les risques éventuels auxquels celle-ci peut être exposée pendant sa grossesse du fait du travail mais non l’état de grossesse lui-même et son déroulement. Le médecin du travail est soumis au secret médical concernant l’état de grossesse aussi longtemps que l’employeur n’en a pas été avisé.
Les missions du médecin du travail information des salariées en âge de procréer sur les risques professionnels encourus pendant leur travail (risques en début, au cours et en fin de grossesse) surveillance clinique de l’adaptation de la salariée à son travail compte-tenu de son état de grossesse action pour adapter le poste de travail pour qu’il soit compatible avec la grossesse Liaisons avec le médecin traitant
Le suivi médical examen d’aptitude au moment de la déclaration de la grossesse information sur les risques et les protections à prendre pendant la grossesse (début, au cours et fin) examens médicaux périodiques (à la demande du médecin ou de l’intéressée) pour suivre la compatibilité du poste et des conditions de travail de la salariée avec le maintien de son état de santé et le bon déroulement de sa grossesse examens complémentaires si nécessaires demande, au cas par cas, d’aménagement du poste et des conditions de travail, d’une mutation temporaire voire d’un arrêt de travail visite de reprise avec information concernant l’allaitement pour certains postes de travail
Le médecin du travail peut tenir à jour un dossier médical amélioré un dossier médical ordinaire une fiche individuelle d’évaluation des risques professionnels la liste des produits chimiques manipulés le suivi dosimétrique
Les emplois interdits ou réglementés Risques biologiques : rubéole, toxoplasmose Risques chimiques : arsenic, benzène, hydrocarbures aromatiques, plomb, solvants (R33/39/40/45/46/60/61/62/63/64) Risques physiques : hyperbarie, R.I. Charge physique : efforts physiques intenses et répétés, station debout prolongée, port de charges lourdes (Travail de nuit)
La prévention est fonction du poste de travail 1 Risque biologique : - immunisation obligatoire pour le VHB (+ rubéole) ; - précautions standard pour éviter les AES ; - éviction des gestes invasifs dans les situations à haut risque ; - chimioprophylaxie antirétrovirale à évaluer en cas d’AES ; - mesures d’isolement respiratoire + port de masque adapté en cas de soins à un malade tuberculeux contagieux ; - éviction des soins aux malades excréteurs de CMV si sérologie - ;
La prévention est fonction du poste de travail 2 Risque biologique : - éviction des techniques de laboratoire à la recherche de toxoplasmes si sérologie - ; Risque chimique : - éviction des techniques de laboratoire utilisant des produits CMR ; - pas d’exposition au plomb ; - suppression de la stérilisation à l’oxyde d’éthylène ; - en anesthésiologie utiliser des circuits fermés (ou semi-fermés) + filtres absorbants à charbon actif sur les valves expiratoires + évacuation des gaz expirés par le malade hors du bloc (système SEGA) ;
La prévention est fonction du poste de travail 3 Risque chimique : - pas de préparations des anticancéreux, des antiviraux, des aérosols (pentamidine /ribavirine) et des médicaments tératogènes / favoriser la mise en place d’unité de reconstitution centralisée de préparation ; - lutte contre le tabagisme passif ; Risque radiologique : l’intéressée ne peut pas être maintenue dans un poste en zone contrôlée puisque la législation exige qu’une femme enceinte soit seulement classée en catégorie B pendant sa grossesse et en cas d’allaitement si elle travaille dans un secteur ayant un risque d’exposition interne.
La prévention est fonction du poste de travail 4 Risque physique : - retrait provisoire de l’IRM (principe de précaution) ; - interdiction du milieu hyperbare ; - interdiction de l’emploi de machines avec vibrations (monobrosses…) ; - adaptation du poste au cas par cas pour manutentions, postures, station debout prolongée (> 6h au bloc) ; Autres risques liés au poste de travail : - adaptation du poste, au cas par cas, pour l’horaire (nuit/alternant /gardes / astreintes), le rythme de travail (favoriser une meilleure répartition des repos pour éviter le roulement 7/3), la charge mentale (responsabilité, poste de sécurité) et la charge psychique (ambiance du service).
Conclusion Les femmes enceintes et allaitant bénéficient d’une surveillance médicale particulière. L’évaluation des risques professionnels est un préalable indispensable pour une bonne adaptation du poste de travail pendant la grossesse.
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