CONCEPTION ET CALCUL DES MURS DE SOUTENEMENT EN TERRE ARMEE - Institut Supérieur du BAtiment et des Travaux Publics 2006
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Institut Supérieur du BAtiment et des Travaux Publics Année 2005- 2006 CONCEPTION ET CALCUL DES MURS DE SOUTENEMENT EN TERRE ARMEE Malorie JACQUELIN -2-
SOMMAIRE LISTE DES DOCUMENTS .................................................................................................. 3 INTRODUCTION .................................................................................................................. 4 I. PRESENTATION GENERALE ......................................................................... 5 1 – Définition et principe de la terre armée .................................................................. 5 2 – Le matériau de remblai ........................................................................................... 5 3 – Le parement ............................................................................................................ 8 4 – Les armatures .......................................................................................................... 9 5 – Mise en œuvre de la terre armée ........................................................................... 10 6 – Applications .......................................................................................................... 12 II. EVOLUTION DE LA TERRE ARMEE : UN PROCEDE EN EXPANSION MALGRE DES DEBUTS DIFFICILES .......................................................... 14 1 – La durabilité des ouvrages en terre armée ............................................................ 14 2 – Exemples de réparation des ouvrages affectés existants ...................................... 19 3 – Performance des structures en terre armée vis-à-vis des séismes ........................ 21 III. COMPORTEMENT ET ELEMENTS GENERAUX DE CONCEPTION D’UN MUR DE SOUTENEMENT EN TERRE ARMEE ............................. 25 1 – Comportement d’un massif de soutènement en terre armée ................................. 25 2 – Données du projet ................................................................................................. 26 3 – Dispositions constructives générales .................................................................... 27 IV. JUSTIFICATIONS DES OUVRAGES EN TERRE ARMEE ....................... 29 1 – Principes de justification des ouvrages en terre armée ......................................... 29 2 – Justification vis-à-vis de la stabilité externe ......................................................... 29 3 - Justification vis-à-vis de la stabilité interne .......................................................... 32 4 – Justification vis-à-vis de la stabilité globale ......................................................... 37 5 – Justifications vis-à-vis des déformations .............................................................. 41 CONCLUSION ..................................................................................................................... 43 SOURCES ET REMERCIEMENTS ................................................................................. 44 ANNEXES ............................................................................................................................. 45 -3-
LISTE DES DOCUMENTS Figure 1 : Caractéristiques essentielles auxquelles doit satisfaire le matériau de remblai pour être utilisé en terre armée ................................................................................................. 6 Figure 2 : Tableau-guide pour le choix des sols de remblai .................................................... 7 Figure 3 : Photo d’un mur de soutènement en terre armée sous la ligne de chemin de fer à grande vitesse à Tokaïdo au Japon ................................................................................... 8 Figure 4 : Photos d’autres types de parement .......................................................................... 9 Figure 5 : Schéma de principe de mise en œuvre de la terre armée ...................................... 10 Figure 6 : Photo du montage d’un niveau d’éléments de parement ...................................... 10 Figure 7 : Photos du remblaiement et du compactage d’une couche de sol .......................... 11 Figure 8 : Photo de la pose d’un lit d’armatures ................................................................... 11 Figure 9 : Graphique présentant la répartition par types de projet ........................................ 13 Figure 10 : Courbe de l’évolution du nombre cumulé d’ouvrages construits en terre armée de 1968 à 1989 ............................................................................................................. 14 Figure 11 : Schéma d’une pile due à l’hétérogénéité du métal en surface ............................ 16 Figure 12 : Schéma d’une pile fer-zinc ................................................................................. 16 Figure 13 : Photo de rupture de l’ouvrage expérimental ....................................................... 17 Figure 14 : Tableaux des critères chimiques et électrochimiques qui définissent les sols usuels et valeurs requises pour les épaisseurs sacrifiées ........................................................ 18 Figure 15 : Schéma de renforcement par remblai de butée ................................................... 19 Figure 16 : Schéma de renforcement par mur de soutènement en T ..................................... 19 Figure 17 : Photos du renforcement des murs de soutènement affectés par clouage des écailles .................................................................................................................................... 20 Figure 18 : Photos d’une maison en ruine à Gemona et d’un massif de soutènement à parement métallique près de Gorizia ...................................................................................... 22 Figure 19 : Photos d’un mur en terre armée dans la péninsule de Oga et de l’aire de circulation et de stockage sérieusement endommagée sur le port de Akita ........................... 23 Figure 20 : Photos de maisons écroulées dans le quartier des Marinas à San Francisco et d’un mur en terre armée à richmond .................................................................................. 24 Figure 21 : « Ecorché » d’un massif de soutènement courant en terre armée ....................... 25 Figure 22 : Hauteur critique Hc en fonction du fruit ή .......................................................... 26 Figure 23 : Définition de la hauteur mécanique Hm dans le cas d’un mur en remblai armé ........................................................................................................................................ 26 Figure 24 : Rapport Dm/qref en fonction de la pente βp du terrain à l’aval ............................ 28 Figure 25 : Espacement relatif maximal sv/Hm en fonction du rapport Linf/Hm ..................... 28 Figure 26 : Actions volumiques pour le dimensionnement externe ...................................... 30 Figure 27 : Tableau des valeurs de γF1 et γF3 pour le dimensionnement externe .................. 31 Figure 28 : Ligne des tractions maximales, zone active, zone résistante .............................. 32 Figure 29 : Traction dans les armatures ................................................................................ 33 Figure 30 : Tableau des valeurs de γF1 et γF3 pour le dimensionnement interne ................... 35 Figure 31 : Rupture circulaire pour vérification de la stabilité générale ............................... 37 Figure 32 : Calcul par la méthode des tranches ..................................................................... 38 Figure 33 : Tableau des valeurs de γF1, γF3, γFW, γFT et γFR pour le calcul de la stabilité globale .................................................................................................................................... 40 Figure 34 : Tableau des coefficients partiels de sécurité pour la justification vis-à-vis de la stabilité globale .............................................................................................................. 41 Figure 35 : Tableau des valeurs de γF1 pour le calcul des tassements ................................... 42 -4-
INTRODUCTION Les murs de soutènement figurent dans l’histoire de la construction, dès son origine. Ils ont été en pierres sèches, puis en maçonnerie, et enfin en béton armé. L’emploi de ce matériau, universellement répandu, soulève néanmoins des problèmes de coût et d’aspect pour des hauteurs importantes, de comportement sur sols compressibles ainsi que des difficultés de mise en œuvre. La terre armée a été inventée par Henri VIDAL, ingénieur des Ponts et Chaussées, et architecte, qui a publié les premiers résultats de ses recherches en 1963. « Au départ tout commence à la manière d’un jeu, en construisant un château de sable sur la plage de Saint- Tropez, racontait Henri Vidal lui-même. Mais le sable s’égrène. Alors est venue l’idée d’armer la construction avec des aiguilles de pins ». Et de cette idée est né le principe général du sol renforcé et le concept particulier de la terre armée … La conception, le calcul et la surveillance des ouvrages d’art en terre armée nécessitent un certain nombre de règles et de principes. Ceux-ci ont été élaborés à la suite de nombreuses analyses du comportement de la terre armée sous l’effet des diverses sollicitations statiques, dynamiques ou thermiques auxquels peuvent être soumis les ouvrages. Dans une première partie, nous commencerons par définir le principe général de la terre armée. Ensuite, nous verrons comment celle-ci a évolué, c’est-à-dire comment après des débuts difficiles, elle est aujourd’hui utilisée par tous les plus grands noms de la construction. Dans une troisième partie, nous présenterons le comportement et les éléments généraux de conception d’un mur de soutènement en terre armée. Enfin, dans une dernière partie, nous étudierons les justifications des ouvrages en terre armée. -5-
I. PRESENTATION GENERALE 1. Définition et principe de la terre armée Le procédé de la terre armée, ou sol renforcé, est basé sur l’association d’un remblai compacté et d’éléments préfabriqués. Le remblai représente la part la plus importante en volume. Les éléments préfabriqués sont : - les armatures qui, avec le matériau de remblai, sont les deux constituants essentiels de la terre armée, - les éléments de parement qui permettent de réaliser des faces d’ouvrages verticales. Le parement n’a qu’un rôle secondaire dans le fonctionnement ; par contre il limite généralement la déformabilité d’ensemble du massif armé et influe directement sur son esthétique. La technique des éléments préfabriqués permet d’obtenir les caractéristiques suivantes : - une rapidité et une facilité d’exécution des ouvrages, sans nécessité de main d’œuvre spécialisée, - une grande déformabilité du parement lui permettant de supporter sans dommage des tassements différentiels importants. Les éléments sont préfabriqués en usine et assemblés sur place, ce qui permet leur standardisation et un bon contrôle de la qualité. Le principe de cette technique est simple: créer une liaison permanente entre les deux constituants (terre et armature) grâce aux efforts de frottement qui se développent aux points de contact du sol et des armatures. On obtient ainsi un matériau composite original qui offre de nombreux avantages par rapport aux matériaux traditionnels du génie civil : - la souplesse qui permet de réaliser des ouvrages fondés directement sur les sols de fondation compressibles ou sur des pentes peu stables, - la grande résistance vis-à-vis des efforts statiques et dynamiques, - la rapidité d’exécution, grâce à l’emploi d’éléments entièrement préfabriqués, - l’esthétique des ouvrages dont le parement se prête à des traitements architectoniques variés, - les économies considérables. 2. Le matériau de remblai Les matériaux de remblai peuvent être soit des sols naturels, soit des matériaux d’origine industrielle. Ils ne doivent contenir ni terre végétale, ni matière putrescible (qui peut pourrir), ni déchets domestiques. La qualité de ces matériaux répond à des critères bien déterminés. On distingue parmi ceux-ci : -6-
- d’une part des critères géotechniques - d’autre part des critères chimiques ou électrochimiques Critères géotechniques Les matériaux de remblai doivent satisfaire à la fois à un critère mécanique (de frottement et granulométrique) et à un critère de mise en oeuvre. Pour les ouvrages courants qui ne sont jamais immergés en eau douce ou en eau saumâtre (eau douce mélangée d’eau de mer), les caractéristiques mécaniques essentielles sont résumées dans le graphique suivant : Figure 1: Caractéristiques mécaniques essentielles auxquelles doit satisfaire le matériau de remblai pour être utilisé en terre armée. Les matériaux utilisés en terre armée doivent présenter une courbe granulométrique contenue entièrement dans la zone blanche du graphique ci-dessus. La dimension des plus gros grains ne doit pas excéder 250mm, compte tenu de la faible épaisseur des couches (0,33 ou 0,375m en général mais cf partie III). Il convient en outre de limiter la teneur en eau des matériaux sensibles à l’eau, conformément au Guide pour les Terrassements Routiers (GTR) afin d’éviter des difficultés lors du compactage. Notons que pour les matériaux comportant des éléments inférieurs à 15μm, il est nécessaire de connaître son pourcentage en poids : - moins de 10% : critère mécanique satisfait : le sol est utilisable en terre armée. - entre 10 et 20% : sol nécessitant une vérification du critère de frottement (cf ci- dessous) - plus de 20% : le matériau est inutilisable en terre armée. Le critère de frottement est fonction du type d’armatures utilisées. Pour les armatures à haute adhérence, l’angle de frottement interne mesuré sur le matériau saturé dans des conditions de cisaillement rapide doit être supérieur ou égal à 25%. Pour les armatures lisses, -7-
l’angle de frottement sol-armature mesuré dans les mêmes conditions doit être supérieur ou égal à 22%. A partir de la classification GTR (cf classification GTR donnée en annexe), il est possible de distinguer trois catégories de sols suivant leurs possibilités d’utilisation en terre armée. Ces catégories sont présentées dans le tableau ci-dessous qui constitue un guide pour le choix des sols en remblai : Classe de sol d’après la classification GTR Sol utilisable en Sol nécessitant une Sol inutilisable en terre armée vérification du critère terre armée dans mécanique son état naturel Classe A A1m, A1s, A2m, A2s X (D35%) A1h, A2h, A3, A4 X Classe B B1, B2m, B2s, B3, X (D
L’expérience montre que, sauf cas très particulier, les matériaux naturels conformes aux caractéristiques physiques demandées, satisfont à ces critères chimiques et électrochimiques. Il convient toutefois de ne pas utiliser de matériaux d’origine marine ou dragués dans des estuaires en eaux saumâtres, sauf après lavage à l’eau douce. 3. Le parement Dans les premiers temps, l’équipement de base du parement était un cylindre métallique à section semi-elliptique, très déformable et stable vis-à-vis des poussées exercées par le sol de remblai. Aujourd’hui ce type de parement n’est réservé qu’à la construction d’ouvrages où les problèmes d’accessibilité et de manutention font préférer des éléments de parements légers. Le parement métallique a été rapidement remplacé par un parement constitué d’écailles en béton. L’écaille standard est cruciforme, de 1,50m sur 1,50m. Son épaisseur actuelle est d’environ 14cm, correspondant à un poids total d’environ 0,8t. Trois types d’écailles sont aujourd’hui couramment utilisées : les types A4, C4 et C6 (leurs caractéristiques sont données en annexe). Ces trois types dépendent principalement du mode d’armement de l’écaille. Pour un mur courant d’une hauteur de 10m, on utilise en général : - l’écaille de type A4 non armée pour la partie supérieure du mur (sur 6m). - l’écaille de type C4 ou A6 armée pour la partie inférieure du mur (sur 4m). Figure 3: Photo d’un mur de soutènement en terre armée sous la ligne de chemin de fer à grande vitesse à Tokaido au Japon. Des goujons verticaux assurent la liaison entre les écailles et permettent une bonne déformabilité horizontale. Des joints horizontaux compressibles sont placés entre les écailles et donnent au parement une certaine déformabilité verticale. Chaque écaille comprend quatre amorces d’armatures noyées dans le béton. Chaque écaille comprend également des angles de levage permettant sa manutention et sa mise en œuvre. Les écailles sont généralement préfabriquées en usine dans des moules permettant d’obtenir une bonne régularité de leur dimension. Le parement en écailles de béton cruciformes est actuellement utilisé pour la grande majorité des ouvrages. Ce parement offre en particulier de grandes qualités architecturales (animation de l’élément standard : bossages, nervures …). Il permet de plus de réaliser des ouvrages avec des courbures continues en plan, qui s’intègrent généralement mieux dans l’environnement que des ouvrages strictement linéaires. Il assure un bon raccordement avec les autres ouvrages construits en béton puisqu’il y a alors continuité dans le matériau utilisé. -9-
Outre le parement en écailles de béton cruciformes, il existe d’autres types de parement qui peuvent être utilisés suivant des facteurs esthétiques, économiques, pratiques… : - écailles de béton en T - écailles de béton rectangulaires - treillis métalliques - en bois Figure 4 : Photos d’autres types de parement. 4. Les armatures Les armatures doivent posséder les caractéristiques suivantes : - avoir une bonne résistance à la traction, une rupture de type non fragile et présenter peu de fluage, - avoir une faible déformabilité aux charges de service (quelques pourcentages), - avoir un bon coefficient de frottement avec le matériau de remblai, - être suffisamment souples pour ne pas limiter la déformabilité du matériau « terre armée » et pour permettre une mise en œuvre aisée, - avoir une bonne durabilité, - être économiques. C’est actuellement l’acier doux galvanisé qui répond le mieux, dans les utilisations courantes, à toutes ces conditions (cf paragraphe II.1 sur la durabilité des ouvrages en terre armée). Dans le cas du parement en écailles de béton cruciformes, les armatures en acier doux galvanisé ont une section de 40x5mm ou de 60x5mm, et leur surface est crénelée pour améliorer le frottement sol-armature. Elles sont appelées armatures haute adhérence. - 10 -
5. Mise en œuvre de la terre armée La mise en œuvre de la terre armée, assimilable à un remblai classique, est rapide et facile d’exécution. Figure 5: Schéma de principe de mise en œuvre de la terre armée. Elle se fait par couches successives : Montage d’un niveau d’éléments de parement La première rangée d’écailles est mise en place sur un béton non armé bien nivelé, de façon à obtenir un positionnement initial correct. Cette première rangée d’écailles est directement étayée sur le sol pour éviter tout déplacement pendant le remblaiement. Les écailles des rangées supérieures sont mises en place au fur et à mesure de l’avancement du remblai. Leur verticalité est assurée par des cales provisoires en bois et des serre-joints. Les joints horizontaux sont assurés par des plots en élastomère qui sont placés au moment de la pose (deux par écaille). Les joints verticaux en mousse sont enfoncés dans les feuillures des écailles avant remblaiement. Figure 6: Photo du montage d’un niveau d’éléments de parement. Remblaiement d’une couche de sol et éventuellement compactage - 11 -
Figure 7: Photos du remblaiement et du compactage d’une couche de sol. Les remblais sont réalisés avec les engins de terrassement traditionnels, par couches de 37,5 cm d’épaisseur (en général mais cf partie III), en évitant le passage direct des engins chenillés sur les armatures et en empêchant les engins lourds de circuler à moins de 1,50 m des écailles (ce qui pourrait nuire à leur verticalité). L’opération de compactage, qui a pour but d’empêcher tout tassement ultérieur du matériau, ne constitue pas une exigence impérative pour certains massifs de soutènement. En effet, l’épaisseur des couches est relativement faible si bien qu’un compactage suffisant pour ce type d’ouvrage est obtenu par les seuls engins de transport et de régalage. Cependant, les ouvrages supportant une superstructure doivent être compactés en distinguant la zone contiguë au parement sur 1m à 1,50m de largeur d’une part (compactage à l’aide d’un petit rouleau vibrant), et le cœur du massif d’autre part (compacteur classique). Pose d’un lit d’armatures et fixation des armatures sur le parement par boulonnage Les armatures sont posées par lits espacés de 75 cm (en général mais cf partie III) correspondant au double de l’épaisseur maximale des couches de remblai (37,5 cm en général). Elles sont placées sur le sol grossièrement nivelé, et boulonnées aux écailles. Figure 8: Photo de la pose d’un lit d’armatures. Ce montage peut s’effectuer entièrement de l’intérieur du parement, côté remblai, et ne nécessite ni échafaudage ni emprise extérieure. - 12 -
Le rendement moyen d’une équipe de pose comprenant un chef d’équipe, cinq hommes et une grue légère avec son conducteur, peut être estimé de la façon suivante : dans le cas de petits ouvrages d’accès difficiles, à 15 écailles par jour (soit 30 m² par jour) dans le cas d’ouvrages de grande longueur d’accès faciles, à 50 écailles par jour (soit 100 m² par jour) 6. Applications La technique de la terre armée a révolutionné l’art de construire et s’applique à tous les ouvrages, qu’ils soient routiers, ferroviaires, maritimes et fluviaux, ou bien industriels et de protection. Ouvrages routiers La technique de la terre armée est largement utilisée pour la réalisation de routes et d’autoroutes. L’application la plus fréquente est la construction de soutènements supportant des chaussées en terrain dénivelé ou dans les sites urbains. La rapidité de mise en œuvre de ces procédés, qui ne requièrent qu’une emprise minimale, réduit considérablement les interruptions de circulation. La souplesse d’utilisation permet une grande liberté d’implantation. Le parement peut être traité avec une large variété d’aspects. Les principales utilisations concernent : - les murs sous chaussées, simples ou étagés ; - les culées porteuses et mixtes ; - les murs de rampes ; - les talus raidis ; - les merlons anti-bruit. Ouvrages ferroviaires Des massifs de soutènement en terre armée sont utilisés dans de nombreux pays pour le chemin de fer ou le métro. Ces applications font appel à la même technologie qu’en infrastructure routière, à l’exception de quelques dispositions constructives spécifiques. Le dimensionnement des soutènements est adapté pour satisfaire aux exigences accrues en termes de surcharge et de niveau de sécurité, en particulier pour les ouvrages ferroviaires des lignes à grande vitesse. Les structures en terre armée résistent remarquablement bien aux vibrations engendrées par le passage des rames. Ouvrages maritimes et fluviaux Les applications en site fluvial ou maritime sont nombreuses et très variées. Plusieurs facteurs sont à l’origine de ce choix pour un maître d’œuvre : - résistance aux sollicitations très sévères telles que les crues, les fortes marées, la houle, les tempêtes, les efforts de la glace et les chocs divers (bateaux, épaves, etc.) ; - 13 -
- rapidité d’exécution, en particulier pour les travaux effectués en zone de marnage grâce à l’exécution simultanée de remblais. La construction de murs de quai en terre armée effectuée entièrement sous l’eau est possible. La technique a déjà été utilisée avec succès dans plusieurs pays (ports de pêche, …). Ouvrages industriels et de protection Les procédés de terre armée ont été sollicités très tôt pour répondre à des besoins d’aménagement en site industriel. Outre le mur de soutènement classique pour stabiliser des terrains, des solutions spécifiques ont été développées pour la construction de silos de stockage de charbon ou de minerai et de murs de déchargement des postes de criblage et de concassage. On compte aujourd’hui plus d’une centaine de murs de déchargement en service dans le monde parmi les plus hauts ouvrages en terre armée. Les applications industrielles présentent plusieurs caractéristiques : - capacité d’adaptation de la technique qui permet, quels que soient la hauteur et l’aspect (écaille de béton, peau métallique, parement treillis), de s’accommoder des contraintes liées aux formes (inclinaison des parois, forme rectiligne ou circulaire); - résistance aux vibrations (criblage et concassage) ; - excellente tenue aux variations thermiques. La terre armée est également idéale pour la réalisation d’ouvrages de protection civils, militaires ou industriels. Ceux-ci résistent particulièrement bien aux explosions, aux déversements accidentels ou aux incendies. Figure 9: Graphique présentant la répartition par types de projet. - 14 -
II. EVOLUTION DE LA TERRE ARMEE : UN PROCEDE EN EXPANSION MALGRE DES DEBUTS DIFFICILES Figure 10: Courbe de l’évolution du nombre cumulé d’ouvrages construits en terre armé de 1968 à 1989. Après une période initiale de scepticisme, les premiers ouvrages significatifs ont été réalisés à partir de 1967. Les débuts difficiles de ce procédé ont conduit de nombreux ingénieurs à effectuer des recherches sur la durabilité des ouvrages. En effet, la question du vieillissement des ouvrages en terre armée est fondamentale car le phénomène de corrosion est inéluctable et déterminant. Par la suite, l’utilisation de la terre armée s’est rapidement développée et a été adoptée par tous les grands pays industriels. Aujourd’hui, la demande est toujours croissante, notamment dans les zones sismiques, où l’utilisation de la terre armée s’est révélée très efficace. 1. La durabilité des ouvrages en terre armée Des ouvrages en acier centenaires et ne donnant aucun signe de vieillesse, nous en connaissons tous. Parmi les plus célèbres, on peut citer : - la Tour Eiffel de Paris - le « Tower Bridge » de Londres - le pont de Brooklyn à New York Tous ces matériaux de construction qui se sont développés au cours du siècle écoulé font appel à l’acier pour reprendre les efforts de traction : le béton armé, le béton précontraint et depuis une trentaine d’années la terre armée. L’acier doit sa faveur à un ensemble unique de qualités: de faibles sections (ténacité) sont utilisées pour réaliser une structure rigide (module d’Young élevé) qui reste cependant déformable sous fortes charges et non fragile (ductilité), stable en dimensions (pas de fluage), résistante à l’usure et à l’abrasion (dureté). - 15 -
Le vieillissement est dû principalement aux phénomènes de corrosion qui, suivant le type de métal, peut être uniforme ou localisé. La corrosion uniforme se manifeste par un amincissement régulier et lent de l’armature, se prêtant bien à une prévision de son évolution dans le temps. La corrosion localisée se manifeste par des piqûres pouvant provoquer la perforation des armatures sur des surfaces plus ou moins importantes. Le phénomène et son évolution sont difficilement prévisibles. Techniques de protection Pour assurer la durée de service des structures en acier, on peut les protéger par différentes techniques afin d’empêcher les agents agressifs de parvenir à la surface de métal: les revêtements (peinture, revêtements organiques ou minéraux …) qui forment un écran inerte et étanche autour du métal. Cependant pour des structures enterrées, il est difficile d’obtenir une protection totale au-delà de quelques dizaines d’années. la surépaisseur sacrificielle. Elle n’est pas prise en compte dans le calcul de la structure. Sa consommation est sans conséquence sur la résistance de l’ouvrage. Elle peut être utilisée seule ou en complément d’un revêtement. la galvanisation à chaud. Cela consiste à immerger dans un bain de zinc en fusion (à 450°) les éléments en acier dont la surface a été préalablement décapée. Des alliages fer-zinc de différentes teneurs se forment à la surface de l’acier, la couche extérieure étant constituée par du zinc pur. L’épaisseur totale du revêtement est supérieure à 80 microns. Ce revêtement supporte, sans aucune perte d’efficacité, les mauvais traitements qui inévitablement se produisent sur un chantier de travaux publics. Généralement les armatures en terre armée sont protégées par galvanisation à chaud et par une surépaisseur d’acier. Dans les premières années d’exploitation de ce procédé, d’autres types de matériaux (synthétiques, métalliques …) ont été utilisés, mais ils ont tous finalement donné lieu à des déboires, parfois dix ans après. Ils avaient pourtant été retenus sur la foi d’expérimentations sérieuses, mais qui se sont avérées trop brèves et trop simplifiées vis-à-vis de la variété, de la complexité des conditions d’utilisation, et des longues durées de service requises pour des ouvrages d’art. Le choix de l’acier galvanisé s’appuie sur une expérience de très longue date, largement antérieure déjà au développement de la terre armée. C’est ce que montre l’ensemble des recherches décrites ci-après. Elles ont également eu pour but d’évaluer les vitesses de corrosion dans différents sols. Recherches sur d’anciens ouvrages enterrés Des recherches sur la corrosion des matériaux enterrés ont été lancées au début du 20ème siècle et poursuivies pendant 45 ans. Les ouvrages anciens tels que les buses en acier galvanisé, les conduites forcées enterrées des usines hydro-électriques ainsi que les palplanches et pieux en site terrestre ou - 16 -
maritime, ont fourni des données précieuses pour évaluer l’ordre de grandeur des pertes d’épaisseur de métal sur de longues périodes. Il a été ainsi démontré à plusieurs reprises que les pertes moyennes d’un acier galvanisé étaient environ quatre fois inférieures aux pertes moyennes d’un acier ordinaire. Recherches en laboratoire Il est important tout d’abord de rappeler quelques notions fondamentales sur le mécanisme de protection de l’acier par le zinc. La corrosion des métaux dans un milieu aqueux est uniquement de nature électrochimique : les réactions chimiques entre le métal et le milieu environnant (électrolyte) libèrent des électrons à l’endroit où le métal se corrode (anode). Ils circulent à l’intérieur du métal (courant électrique) et atteignent des zones (cathode) où ils pourront être captés lors d’une autre réaction chimique avec le milieu. A la surface du métal, il se crée ainsi une multitude de micro-couples anode-cathode. Figure 11: Schéma d’une pile due à l’hétérogénéité du métal en surface. L’intensité du courant électrique issu des surfaces anodiques est une grandeur directement proportionnelle aux taux de corrosion. Une autre grandeur caractérise l’aptitude d’un métal à passer en solution : il s’agit de la différence de potentiel qui s’établit entre ce métal et l’électrolyte. Dans le cas du fer, cette différence est négative (-0,15V). Le zinc est plus électro-négatif que le fer (-0,5V), de sorte que si l’on associe un morceau de zinc et un morceau de fer et qu’on les plonge dans l’eau, on crée une pile électrique dont la force électromotrice (de l’ordre de 0,35V) est suffisante pour modifier profondément les réactions chimique à la surface des éléments. On constate qu’il n’y a plus aucune dissolution du côté du fer (cathode de la pile) qui se trouve protégé contre toute corrosion. En revanche, le zinc se consomme plus rapidement (anode). Ce phénomène décrit le mécanisme de la protection cathodique du fer par anode sacrificielle en zinc. Figure 12: Schéma d’une pile fer- zinc. Dans le sol humide qui constitue un électrolyte, la situation est similaire. L’expérience montre que le comportement d’une armature en acier galvanisé peut se résumer de la façon suivante : Seul le zinc est au contact du sol. Il constitue un revêtement parfaitement étanche et adhérent. L’acier reste donc totalement protégé. Les réactions d’oxydation du zinc - 17 -
forment lentement des produits de corrosion qui restent à la surface de l’armature et cimentent les grains du sol. L’électrolyte se modifie et la vitesse des réactions diminue. Par endroit, le zinc aura totalement disparu en tant que métal et l’acier sera mis à nu. Or, du fait de la protection cathodique, le fer sera protégé par le zinc adjacent et ne subira pas de corrosion tant qu’il reste du zinc métal à proximité. La couche du sol autour de l’armature continue à s’enrichir en composés du zinc et forme une gangue adhérente. L’acier commence sa dissolution dans un environnement qui est très différent du sol de départ mais est constitué par la gangue précédemment décrite. La vitesse de corrosion est alors beaucoup plus faible que celle que subirait l’acier s’il n’avait pas été galvanisé. Au cours du temps, cette vitesse de corrosion continuera à se ralentir. Les durées de ces différentes phases dépendent de l’agressivité du milieu. Les techniques de l’électrochimie ont pour but de déterminer la valeur des courants de corrosion, par des méthodes de mesures indirectes. Celles-ci, en résumé, consistent à réaliser, pendant un court instant à l’époque d’une mesure, une électrolyse en courant continu en se servant de l’échantillon étudié comme électrode que l’on rendra tantôt anodique, tantôt cathodique. Recherches sur ouvrages réels En matière de corrosion, toute recherche, toute expérimentation ne peut prendre en compte la totalité des paramètres qui influent sur le phénomène que l’on veut étudier. Seule l’observation in situ peut sanctionner les essais de laboratoire. C’est pourquoi, en plus de l’examen des armatures dans les ouvrages anciens, il a été réalisé des expériences en vraie grandeur. Par exemple, un mur de six mètres de hauteur a été construit pour étudier les mécanismes de rupture par corrosion des armatures. Ces dernières étant réalisées en feuillard d’acier doux, de 0,6mm d’épaisseur seulement, travaillant à leur limite d’élasticité. La corrosion a été accélérée par de l’eau salée percolant à travers le remblai. L’évolution de la corrosion a pu être suivie en examinant les tronçons d’armatures témoins extraits régulièrement de l’ouvrage. Il était prévu une durée de vie de six mois. La rupture, qui n’est en fait intervenue qu’au bout de neuf mois, s’est produite par glissement suivant une courbe très proche de la ligne théorique des tractions maximales dans les armatures (cf paragraphe sur la justification vis-à-vis de la stabilité interne). Figure 13: Photo de rupture de l’ouvrage expérimental. - 18 -
Cette expérimentation a permis de vérifier les hypothèses concernant l’évolution de la corrosion des armatures et de confirmer les méthodes de dimensionnement. Bilan Aujourd’hui la durabilité de l’acier ne pose plus de problèmes. Les mécanismes de corrosion sont connus, les techniques de protection ont été éprouvées, la cinétique des phénomènes a été déterminée dans une grande variété de milieux, en laboratoire, et in situ sur de très longues périodes. Pour tenir compte de la corrosion des armatures dans le dimensionnement des ouvrages en terre armée, le concepteur applique des règles simples adaptées à la fois au site et à la durée de service souhaitée. L’entrepreneur vérifie de son côté que le remblai qu’il utilise est bien conforme aux critères qui définissent les sols usuels pour lesquels ces règles ont été établies. A titre d’exemple, l’administration française recommande les surépaisseurs sacrificielles et les critères chimiques et électrochimiques rappelés dans les tableaux suivants : Figure 14: Tableaux des critères chimiques et électrochimiques qui définissent les sols usuels et valeurs requises pour les épaisseurs sacrifiées (en mm - armatures en acier galvanisé). Pour les calculs, on utilise une section équivalente Ad: Ad = N.bd.ed.fc.fm.fv pour les plats (b > 5.en) Ad = N.π.(dn-es)².fc.fm.fv / 4 pour les ronds avec : N : nombre d’éléments par mètre longitudinal de parement bd : largeur de calcul de l’armature (bd = b- es) en : épaisseur nominale de l’armature es : épaisseur réservée (sacrifiée) aux phénomènes de corrosion au total pour les deux faces ou sur le diamètre ed : épaisseur de calcul de l’élément de renforcement fc, fm, fv: coefficients de réduction dépendant des agressions chimiques et mécaniques et du vieillissement du matériau en lui-même dn : diamètre nominal des ronds - 19 -
2. Exemples de réparation des ouvrages affectés existants Les pathologies concernant les murs de soutènement en terre armée sont diverses et variées (mauvais sol support, …). Néanmoins, le souci majeur concerne le phénomène étudié précédemment, à savoir la corrosion des armatures métalliques constituant le renforcement de ces remblais. En effet, dans les années 1970, il avait été constaté de nombreux cas d’ouvrages pour lesquels le phénomène de corrosion des armatures mettait en cause la stabilité de l'ouvrage. Aujourd'hui encore, les ouvrages construits il y a environ 30 ans doivent faire l’objet d’une surveillance particulière. Il existe diverses solutions qui permettent d’assurer la stabilité de l’ouvrage lorsque ce dernier est trop affecté. Le mode de réparation dépend de l’espace dont on dispose devant le mur. En effet, si on dispose d’un espace important, on peut renforcer le mur par un remblai de butée ou bien par un deuxième mur de soutènement (par exemple en T). Si par contre l’espace devant le mur à réparer est relativement réduit (bordure de route, …), la solution la plus appropriée consiste à clouer les écailles avec des croisillons. Renforcement par remblai de butée Figure 15: Schéma de renforcement par remblai de butée. Renforcement par mur de soutènement Figure 16: Schéma de renforcement par mur de soutènement. - 20 -
Renforcement par clouage Figure 17: Photos du renforcement des murs de soutènement affectés par clouage des écailles. - 21 -
3. Performance des structures en terre armée vis-à-vis des séismes Chaque année ou presque, un violent tremblement de terre frappe l’un des points du globe qui ont la malchance d’être situés au bord des fameuses plaques tectoniques ou près des failles de son écorce. Lors de ces catastrophes, en quelques secondes, des centaines ou des milliers de personnes sont victimes de l’écroulement de leur habitation, de leur lieu de travail, ou même de l’effondrement de tronçons d’ouvrages d’art. Pourtant, au fil des années, l’application plus rigoureuse des règles de construction parasismiques permet de réduire l’étendue des dommages et des pertes. Ces règles reposent sur les concepts de base suivant : - les structures qui résistent le mieux aux séismes sont celles qui se déforment en dissipant de l’énergie - elles sont constituées de matériaux qui résistent à la traction ou au cisaillement et qui ne sont pas fragiles - elles ont des formes simples et régulières - leurs éléments sont étroitement solidaires et constituent des systèmes continus qui favorisent les redistributions d’efforts. Les structures en terre armée présentent toutes ces propriétés. Cela explique la faveur dont elles bénéficient dans les régions exposées aux tremblements de terre et leur excellent comportement chaque fois qu’elles en ont effectivement subi les effets. Le comportement de la terre armée face aux sollicitations d’origine sismique a fait (et fait toujours) l’objet d’études relativement poussées (cf méthode de calcul en annexe). Cependant, l’auscultation des ouvrages qui ont réellement subi des tremblements de terre est essentielle car elle constitue la seule véritable confirmation, en vraie grandeur, que leur conception et leur dimensionnement sont satisfaisants. Italie le 6 mai 1976 : tremblement de terre de magnitude 6,4 L’épicentre de ce tremblement de terre se trouvait près de la ville de Gemona qui a été détruite à 50%. Des dégâts importants ont été recensés dans un rayon de 40 km. Trois ouvrages en terre armée avaient été construits un ou deux ans auparavant à des distances de 25 à 40 km de Gemona. Ce sont des murs à parement métallique de hauteur assez modeste (4 à 6m) donc avec des armatures relativement courtes aucunement surdimensionnées vis-à-vis de l’adhérence. - 22 -
Aucun de ces ouvrages n’avait été à l’époque calculé en fonction d’un séisme éventuel. Aucun n’a montré non plus de signe de désordre après le tremblement de terre. Figure 18: Photos d’une maison en ruine à Gemona et d’un massif de soutènement à parement métallique près de Gorizia. Japon le 25 mai 1983 : tremblement de terre de magnitude 7,7 Ce tremblement de terre a ébranlé tout le nord de l’île de Honshu. Les installations portuaires de Akita, en particulier, ont subi de très gros dommages. Dans la péninsule de Oga, beaucoup de routes et d’habitations ont été mises hors service, à cause de la liquéfaction des sables limoneux. Quarante-neuf ouvrages en terre armée de diverses tailles ont été recensés et visités dans les semaines qui ont suivi. Ils ont tous été trouvés en parfait état, y compris un mur qui avait subi un tassement par rapport aux structures sur pieux voisines, comme le sol et les remblais environnants. - 23 -
Figure 19: Photos d’un mur en terre armée dans la péninsule de Oga et de l’aire de circulation et de stockage sérieusement endommagée sur le port de Akita. USA – San franciscco le 17 octobre 1989 : tremblement de terre de magnitude 7,1 Ce séisme a pris naissance à 15 km de profondeur et il a provoqué des dégâts jusqu’à 110 km de distance. Dans toute la région touchée, on a dénombré et inspecté 20 murs en terre armée, répartis sur 9 sites et représentant une surface totale de parement de 20500 m². Aucun n’a subi le moindre dommage. L’un deux se trouve à Watsonville, à 11 km de l’épicentre. Il double un mur du sous-sol d’un centre commercial dont les superstructures ont été très endommagées. Un autre mur est situé à Richmond (à 10 km du viaduc de l’autoroute 880 dont l’effondrement a été dramatique). Il est fondé sur les vases molles de la baie, responsables de la plupart des destructions dans ce secteur. - 24 -
Figure 20: Photos de maisons écroulées dans le quartier des Marinas à San Francisco et d’un mur en terre armée à Richmond. Ces quelques exemples permettent d’illustrer la bonne résistance de la terre armée aux effets des vibrations, aussi bien répétées qu’accidentelles. De nombreux autres séismes auraient pu être cités : en Belgique le 8 novembre 1983 (magnitude 5), au Mexique le 19 septembre 1985 (magnitude 8), en Nouvelle Zélande le 2 mars 1987 (magnitude 6,3), en Turquie à Izmit le 17 août 1999 (magnitude 7,4), … Partout, l’excellent comportement de la terre armée a confirmé l’adaptation du matériau, comme la sécurité de la conception et du dimensionnement des ouvrages. - 25 -
III. COMPORTEMENT ET ELEMENTS GENERAUX DE CONCEPTION D’UN MUR DE SOUTENEMENT EN TERRE ARMEE La première et la plus répandue des applications de l’utilisation de la terre armée consiste à réaliser des massifs de soutènement. 1. Comportement d’un massif de soutènement en terre armée Le terme de « massif » évoque bien le fait que ce matériau est utilisé pour constituer un gros bloc régulier et homogène, bien qu’il soit déformable et composite. C’est le bloc lui-même, lourd et stable comme le serait un gros mur poids en maçonnerie (c’est-à-dire où le poids propre du massif joue un rôle prépondérant dans la stabilité), qui soutient le remblai ou le terrain situé derrière lui. C’est toujours ce bloc, dans son ensemble, qui transmet au sol de fondation, outre son poids, les effets des surcharges et des poussées, en répartissant les efforts sur toute la largeur de sa base. Figure 21: « Ecorché » d’un massif de soutènement courant en terre armée. Les recherches appliquées aux murs de soutènement ont eu plusieurs objectifs : d’abord étudier le comportement d’un tel massif : analyser comment le poids, les surcharges, les poussées extérieures se répercutent sur la façon dont les efforts internes se développent et se transmettent entre le remblai, les armatures et le parement. ensuite analyser l’influence sur le comportement de l’ouvrage, et sur la façon dont il sollicite le sol, de sa géométrie globale, de sa forme, de son élancement … - 26 -
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