Cartographier les Zones D'opportunite pour L'agroforesterie Cacaoyère en Côte d'Ivoire - Évaluer son potentiel à contribuer aux objectifs ...
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Cartographier les Zones D’opportunite pour L’agroforesterie Cacaoyère en Côte d’Ivoire Évaluer son potentiel à contribuer aux objectifs nationaux de restauration du couvert forestier et co-bénéfices en services écosystémiques © World Agroforestry
© 2021 United Nations Environment Programme Le Programme ONU-REDD est l’initiative mondiale conjointe des Nations Unies sur le changement ro m eu t d es climatique et s’appuie sur le rôle rassembleur Le PNUE p eu se s et l’expertise technique de l’Organisation sp ec tu pratiques re à des Nations Unies pour l’Alimentation et ement de l’environn l’Agriculture (FAO), le Programme des Nations ch el le mo n diale et dans Unies pour le Développement (PNUD) et l’é és . N o tre act ivit le Programme des Nations Unies pour ses propres ibution l’Environnement (ONU Environnement). distr politique de e l’empreinte ONU Environnement - Centre mondial pour le vise à réduir NUE. suivi de la conservation (UNEP-WCMC) est un carbone du P centre d’excellence mondial sur la biodiversité. The Centre opère sous forme d’une collaboration entre l’ONU Environnement et l’organisation caritative WCMC enregistre au Royaume-Uni. Ensemble nous affrontons la crise mondiale à laquelle fait face la nature. Cette publication peut être reproduite à des fins éducatives ou à but non lucratif sans autorisation spéciale, à condition que la source soit mentionnée. La réutilisation de toute figure est soumise à l’autorisation des titulaires des droits d’origine. Aucune utilisation de cette publication ne peut être faite pour la revente ou à toute autre fin commerciale sans l’autorisation écrite du Programme des Nations Unies pour l’Environnement. Les demandes d’autorisation, accompagnées d’une déclaration d’objectif et de l’étendue de la reproduction, doivent être envoyées au directeur de UNEP-WCMC, 219 Huntingdon Road, Cambridge, CB3 0DL, Royaume-Uni. Clause de non-responsabilité: Le contenu de ce rapport ne reflète pas nécessairement les opinions ou les politiques d’ONU Environnement, des organisations participantes ou des rédacteurs. Les désignations employées ou les présentations faites ne sousentendent aucunement l’expression d’une quelconque opinion de la part d’ONU Environnement ou des organisations participantes, des rédacteurs ou des éditeurs sur le statut légal d’un pays, d’un territoire, d’une ville ou d’une région, ou de ses autorités, sur la délimitation de ses frontières ou limites, ou sur la désignation de son nom, de ses frontières ou de ses limites. La mention d’une société commerciale ou d’un produit dans ce rapport n’implique pas le soutien d’ONU Environnement Authors: Megan Critchley, Marieke Sassen and Peter Umunay Remerciements: nous remercions Arnout van Soesbergen pour ses apports méthodologiques, Neil Burgess, Lera Miles (UNEP- WCMC) et Joann Allanic (ONU Environnement) pour la révision, Jean Paul Aka et Nabyoullah Dosso (Partenariat 1 pour 20) pour leur soutien à l’atelier de consultation des parties prenantes et l’accès aux données, et les participants à la consultation pour leurs apports qui ont guidé l’approche et les résultats de ce travail Ce travail a été finance par le Programme ONU REDD let ’Agence norvégienne de coopération au développement (NORAD) dans le cadre du projet CocoaSoils (RAF-17/0009 – CocoaSoils) Citation: Critchley, M., Sassen, M. et Umunay, P. (2021) Cartographie des opportunités pour l’agroforesterie cacaoyère en Côte d’Ivoire : Évaluer son potentiel à contribuer aux objectifs nationaux de restauration du couvert forestier et co-bénéfices en services écosystémiques. UNEP World © World Agroforestry Conservation Monitoring Centre. Cambridge UK.
Messages-clés La transformation de paysages cacaoyers par des pratiques d’agroforesterie est susceptible de contribuer aux objectifs nationaux et infranationaux de restauration des forêts aujourd’hui et dans le cadre d’un futur changement climatique, et d’offrir de multiples bénéfices par l’amélioration de services écosystémiques et la contribution à la conservation de la biodiversité. L’agroforesterie est considérée comme une solution pour la durabilité à long terme de la filière cacao et les efforts de restauration du couvert arboré dans les forêts classées fortement dégradées et dans le domaine rural en Côte d’Ivoire. L’augmentation du couvert arboré contribue à la zéro déforestation nette, la séquestration du carbone, la résilience au changement climatique et à améliorer les moyens d’existence des producteurs. Dans le domaine rural, il serait possible de transformer 1,8 million d’hectares de plantation de cacao plein soleil en systèmes agroforestiers sous ombre partielle (environ 30 % de couvert arboré), ce qui excède l’objectif de 1 million d’hectares fixés dans la Stratégie Nationale REDD+. Cette étude n’a pas révélé une superficie suffisante de cacao en forêts classées fortement dégradées pour réaliser l’objectif de 1 million d’hectares sous agroforesterie dans ses forêts, quand bien même d’autres terres dégradées dans ces forêts conviendraient au cacao (ou autres cultures en agroforesterie) pour contribuer à réaliser cet objectif. L’augmentation du couvert arboré obtenue par la mise en œuvre de l’agroforesterie dans le domaine rural et les forêts classées fortement dégradées ne correspond pas strictement à la définition de la Forêt en Côte d’Ivoire tel que stipulé dans le Code Forestier de 2019. Les polices nationales se référant à 20 % de couvert forestier comme objectif, considèrent toutefois l’agroforesterie et les plantations forestières comme contribuant à l’augmentation du couvert forestier, si ce n’est de « forêts ». Les zones de plantation de cacao classées comme systèmes plein soleil étaient plus susceptibles de se trouver dans des climats moins favorables à l’avenir. Les systèmes plein soleil sont plus vulnérables au changement climatique. Il est donc important de déterminer si l’agroforesterie peut soutenir une adaptation dans ces zones ou si elles devraient plutôt se tourner vers des cultures (pérennes) plus tolérantes à la sècheresse. Les gains potentiels les plus importants en termes de services écosystémiques, comme le stockage de carbone, peuvent être obtenus par la mise en œuvre de l’agroforesterie dans le domaine rural, qui présente la plus grande surface de cacao plein soleil. Les gains potentiels en stockage de carbone dans toutes les régions ciblées ont été estimés à 120 Mt de carbone ou 440 MtCO2e, ce qui pourrait générer des revenus importants via la vente de crédits carbone. Cibler en priorité les zones proches des forêts intactes et des zones habitées, apporteraient les plus grands avantages à la conservation de la biodiversité (zone tampon) et à la population (fourniture de services). 3i
Sommaire Messages-clés i Figures et tableaux 2 Liste des figures 2 Liste des tableaux 3 Introduction 4 Contexte 5 Objectifs 7 Étapes Préliminaires 8 Consultation de parties prenantes 9 Définitions 9 Identification d’objectifs et contraintes relatifs aux politiques 10 Définition des critères 11 Définition des zones prioritaires et co-bénéfices 11 Méthodologie 13 Identification de zones pour la promotion de l’agroforesterie cacaoyère 15 Co-bénéfices 21 Résultats 22 Zones propices à l’agroforesterie cacaoyère dans des paysages cacaoyers existants 23 Co-bénéfices 27 Prioriser les zones à restaurer par l’agroforesterie cacaoyère 30 Discussion 31 Considérations relatives aux données et méthodologiques 32 Contribution aux objectifs de restauration 33 Autres considérations 35 Conclusions 36 Références 38 Annexe 41 Annexe 1 - Stock de carbone dans les systèmes cacaoyers 42 Annexe 2 – Classes d’occupation des sols et perturbations forestières 43 1
Figures et tableaux Liste des figures Figure 1. Transition prévue de la plantation de cacao vers la plantation forestière dans des forêts 5 classées par le biais de l’agroforesterie. Source : Stratégie Nationale REDD+ de la Côte d’Ivoire. Figure 2. Exemples de différents types de systèmes agroforestiers : multistrates 5 traditionnels, mixtes avec des arbres forestiers résiduels et fruitiers, et systèmes de plantations en bordure plus simples (dessin M. Sassen). Figure 3. Arbre de décision pour identifier les zones prioritaires potentielles pour la mise en 14 œuvre de l’agroforesterie cacaoyère. AP = Aires protégées et FC = Forêts Classées. Figure 4. Occupation des sols en Côte d’Ivoire en 2019 superposée avec les forêts classées, 16 y compris celles qui sont des aires protégées (BNEDT, 2016 ; VividEconomics, 2020 ; UNEP- WCMC et IUCN, 2021). Figure 5. Pourcentage (%) de couvert arboré en Côte d’Ivoire où la taille des arbres dépasse 17 5 m (NASA). Des valeurs manquantes existent en raison de lignes de balayage, de la couverture nuageuse, etc. Les lacunes dans le jeu de données de 2015 ont été comblées avec des données de 2010 quand celles-ci étaient disponibles. Figure 6. Niveau d’ombrage mesuré sur des terrains du programme CocoaSoils par rapport 18 au couvert arboré mesuré par télédétection selon NASA 2010 (résolution 30 m). Un niveau d’ombrage mesuré inférieur à 10 % est considéré comme plein soleil. Figure 7. Aptitude au cacao dans a) les conditions climatiques actuelles et dans b) les 19 conditions climatiques projetées pour 2050 (Shroth et al., 2016). Les zones présentant une aptitude inférieure à 20 % sont considérées comme inappropriées pour la culture du cacao. Figure 8. Distance par rapport aux zones habitées et aux forêts fermées. 21 Figure 9. Classification des niveaux d’ombrage estimés dans les zones de culture du cacao 24 existantes et les zones non-cacao fortement dégradées, et aptes dans le climat actuel dans les forêts classées. Les forêts classées qui sont aussi des aires protégées ne sont pas prises en compte (BNEDT, 2016 ; UNEP-WCMC et IUCN, 2021). Figure 10. Classification des niveaux d’ombrage estimés dans les zones de culture de cacao 25 aptes sous climat actuel dans le domaine rural, à l’exclusion des aires protégées désignées et forêts classées (BNEDT, 2016 ; UNEP-WCMC et IUCN, 2021). Figure 11. Zones potentielles de culture du cacao dans les forêts classées et le domaine 26 rural qui deviennent inadéquates (=20 % d’aptitude) sur le plan climatique dans une projection à l’horizon 2050. Elles incluent des terres qui sont présentement des zones de cacao ou de non-cacao dégradées dans les forêts classées qui pourraient être ciblées pour la restauration par l’agroforesterie cacaoyère. Les forêts classées qui sont aussi des zones protégées ne sont pas prises en compte (BNEDT, 2016 ; UNEP-WCMC et IUCN, 2021). Figure 12. a.) Stocks de carbone estimés dans les zones cacaoyères actuelles dans les 27 forêts classées et le domaine rural et b.) Changement des stocks de carbone après la transition vers l’agroforesterie sous fort ombrage. Les terres cacaoyères actuelles se limitent aux zones présentement aptes pour le cacao sur le plan climatique. Figure 13. Priorités combinées pour augmenter le stock de carbone, proximité de forêts et 30 de zones habitées dans les zones de culture du cacao identifiées comme plein soleil ou sous ombrage partiel. Les zones actuelles de culture du cacao se limitent à celles qui y sont aptes dans le climat actuel. Les cercles verts indiquent des régions prioritaires de la phase de lancement de l’Initiative Cacao et Forêts. 2
Figures et tableaux Liste des tableaux Tableau 1. Jeux de données utilisés dans l’analyse. Tous les jeux de données ont été remis 15 à échelle avec une résolution de 30 m dans Google Earth Engine. Tableau 2. Critères utilisés pour identifier les zones aptes à la promotion de l’agroforesterie sur 20 la base de données disponibles et descriptions de systèmes de gestion d’ombrage du cacao. Tableau 3. Couverture terrestre dans des forêts classées (BNEDT, 2016) basée sur 23 l’occupation des sols de VividEconomics (2020). Les forêts classées chevauchant des aires protégées (UNEP-WCMC et IUCN, 2021) ont été exclues. Tableau 4. Cacao classé en systèmes plein soleil, sous ombrage partiel et fort et terres 24 non-cacao dégradées dans les forêts classées. Les forêts classées chevauchant des aires protégées (UNEP-WCMC et IUCN, 2021) ont été supprimées. Tableau 5. Cacao classé en systèmes plein soleil, sous ombrage partiel et fort dans le 25 domaine rural. Aires protégées désignées et forêts classées exclues (UNEP-WCMC et IUCN, 2021). Tableau 6. Stocks de carbone du cacao (AGB, BGB, détritus et sol) dans les forêts classées 28 et le domaine rural dans le scénario actuel et celui d’une mise en œuvre de l’agroforesterie avec prise en compte de l’aptitude climatique dans le climat actuel. Les terres non-cacao sont exclues. Les scénarios les plus plausibles sont ombragés dans le tableau. Tableau 7. Stocks de carbone du cacao (AGB, BGB, détritus et sol) dans des forêts classées 29 et le domaine rural dans le scénario actuel et de mise en œuvre de l’agroforesterie avec prise en compte de l’aptitude climatique dans le climat futur. Les terres non-cacao sont exclues. Scénarios d’ombrage les plus plausibles. 3
Contexte La Stratégie Nationale REDD+ est un instrument de politique publique visant à traiter les principaux facteurs directs et indirects de la déforestation et de la dégradation des forêts en Côte d’Ivoire. En Cacao et forêts en Côte d’Ivoire reconnaissant les liens étroits entre la déforestation Les forêts en Côte d’Ivoire ont enregistré une forte et l’expansion du cacao ces dernières décennies, dégradation ces dernières décennies. D’après une la Stratégie Nationale REDD+ insiste sur l’urgence étude récente, plus de 60 % du couvert forestier a de migrer vers une agriculture zéro déforestation, disparu entre 1986 et 2019. En 2019 la superficie en partenariat avec des organisations de la chaîne restante est estimée à 3,05 millions d’hectares, soit d’approvisionnement et le secteur privé. Dans moins de 9 % du territoire national, contre 15 % en le cas du cacao, cela inclut une réduction de la 1986 (SEP-REDD+ et FAO, 2017 ; VividEconomics, déforestation provoquée par le cacao d’au moins 80 2020). Ce déclin est dû en grande partie à l’expansion % d’ici 2030 et sa contribution à l’objectif national de cultures de rente, notamment le cacao, mais de restauration du couvert forestier à 20 % de la aussi l’hévéa, le café, l’anacarde et le palmier à huile superficie du territoire. Il convient de noter que (VividEconomics, 2020 ; voir aussi Barima et al., l’objectif de 20 % de couvert forestier reconnait la 2020 ; Abu et al., 2021). contribution aussi bien des forêts selon la définition À noter cependant une prise de conscience du Code Forestier (RCI, 2019), que celle des agro- accrue quant au lien entre la demande mondiale forêts et des plantations forestières à établir dans de cacao et la déforestation, et une intensification les forêts classées fortement dégradées et dans le des efforts visant à combattre la déforestation et domaine rural. garantir la production de denrées de base comme L’agroforesterie, un type de gestion des terres où le cacao dans le respect de la forêt. Des acteurs l’agriculture et les arbres interagissent2, y compris privés dans la filière cacao en Afrique occidentale, par le biais de l’utilisation agricole d’arbres, à des fins dont Barry Callebaut, Cargill, Olam, Nestlé, Mars, multiples, a été identifiée comme une solution pour Mondelez, Hershey’s, Ferrero, Lindt et Sprungli, se contribuer efficacement à la durabilité à long terme sont engagés à améliorer la durabilité de leur chaîne de la filière cacao et à l’effort national de restaurer le d’approvisionnement et à réduire la déforestation couvert forestier ivoirien. De ce fait, l’agroforesterie résultant de la production du cacao à zéro (Ingram est au cœur de toutes les politiques de restauration et al., 2018 ; Abu et al., 2021). Des initiatives de forêts en Côte d’Ivoire3. publiques et privées zéro déforestation comme L’agroforesterie est à mettre en œuvre pour restaurer l’Initiative Cacao et Forêts (ICF) (RCI, 2018), mais graduellement les forêts classées nationales les aussi par les pays importateurs de cacao en Europe plus dégradées (à plus de 75 %), en migrant de (CE, 2020) tentent de s’aligner sur les stratégies systèmes agricoles ouverts vers des systèmes nationales REDD+, ainsi que sur les politiques agroforestiers, puis vers des plantations forestières nationales relatives à la conservation de la forêt et de (Figure 1). Cette stratégie a été choisie au vu de la biodiversité (RCI, 2018). la souvent longue histoire d’utilisation agricole de Restauration du couvert forestier, REDD+ ces forêts, le risque de conflits sociaux et les coûts et agroforesterie élevés de la réhabilitation en forêt naturelle. Dans L’initiative mondiale REDD+1 sous la Convention- ces forêts, le gouvernement vise donc à stabiliser les Cadre des Nations Unies sur le Changement zones agricoles existantes et à fournir des contrats Climatique (CCNUCC), dans laquelle la Côte d’Ivoire d’exploitation commerciale pour des cultures s’est engagée en 2011 en joignant le Programme pérennes durables en accord avec la Société de UN-REDD, représente une opportunité de lutter Développement des Forêts (SODEFOR). La Stratégie contre la déforestation et de restaurer le couvert Nationale REDD+ prévoit de restaurer 1 million forestier tout en soutenant la transition vers d’hectares de plantations de cacao dans les forêts un développement plus durable, bas carbone. classées par le biais de ce système d’ici 2030. La Stratégie Nationale REDD+, approuvée par le Gouvernement en 2017, offre une direction stratégique à cette opportunité dans le contexte plus large des objectifs de développement national de la Côte d’Ivoire (Plan National de Développement 2016-2020). 1 « La réduction des émissions provenant du déboisement et de la dégradation des forêts, associées à la gestion durable des forêts, la conservation et l’amélioration des stocks de carbone forestier » 2 https://www.worldagroforestry.org/about/agroforestry 3 Initiative Cacao et Forêts, Stratégie Nationale REDD+, Stratégie Nationale de préservation, de réhabilitation et d’extension des forêts, Dialogue UE et Côte d’Ivoire sur le cacao durable 5
Figure 1. Transition prévue de la plantation de cacao vers la plantation forestière dans des forêts classées par le biais de l’agroforesterie. Source : Stratégie Nationale REDD+ de la Côte d’Ivoire. En plus de ces mesures, la Côte d’Ivoire vise à par hectare (éventuellement jusqu’à 60 ou 80), en promouvoir l’agroforesterie dans des cultures de général des arbres géants de plus de 15 m de haut, rente des petits producteurs (cacao, hévéa et le originaires de la forêt tropicale naturelle. Une ‘agro- palmier à huile) dans le sud du pays. L’augmentation forêt simple a un ombrage léger et peut inclure 5 du couvert arboré dans les plantations de cacao et à 6 arbres par hectare émergeant au-dessus des d’autres cultures de rente fait partie d’une stratégie cacaoyers, tandis qu’un système plein soleil n’a visant à compenser la déforestation résiduelle qu’une strate de canopée : les cacaoyers (Figure (incontrôlée) et à atteindre une déforestation zéro 2). Les définitions et modèles varient toutefois : nette, à soutenir la séquestration du carbone, à de systèmes traditionnels, divers et multistrates à renforcer la résilience au changement climatique et à l’intégration plus simple de cacaoyers et d’arbres améliorer les services écosystémiques locaux. Dans d’ombrage utiles, à la plantation d’arbres en bordure le cas des plantations de cacao, l’objectif consiste à de la cacaoyère (Figure 2). Il n’existe pas de modèle augmenter la densité à au moins 50 arbres/hectare unique pour la conception et la mise en œuvre des pour garantir l’approvisionnement en bois d’œuvre et agro-forêts (Thomson et al., 2019). Mais selon le de chauffe, tout en veillant à la sécurité alimentaire Conseil du Café-Cacao, les agro-forêts de cacaoyers en augmentant le nombre d’arbres indigènes et/ou en Côte d’Ivoire doivent conserver au moins 800 fruitiers dans les systèmes agroforestiers (Stratégie cacaoyers/hectare et 30 à 50 % d’ombrage (Conseil Nationale REDD+). La promotion de l’agroforesterie du Café-Cacao, 2019). vise aussi à contribuer à la diversification des revenus des producteurs, à rendre les plantations de Historiquement, en Afrique occidentale, la tendance cacao plus durables à long terme et à réduire ainsi la a été vers des plantations de cacaoyers sous déforestation due au cacao d’ici 2030. ombrage léger ou nul afin de maximiser la production et répondre à la demande mondiale croissante Tendances de l’agroforesterie cacaoyère (Ruf, 2011 ; Vaast et Somarriba, 2014). Le retrait Dans les systèmes agroforestiers, le cacao est de l’ombrage de plantations, par une réduction de cultivé sous ombrage ou dans un environnement la concurrence avec les cacaoyers, est susceptible ombragé par des arbres (Somarriba, 1992). d’augmenter la productivité du cacao dans le court L’agroforesterie est la méthode traditionnelle de à moyen terme (Blaser et al., 2018). Cette tendance culture du cacao, qui résulte de l’éclaircissement du a été appuyée par l’introduction d’espèces hybrides couvert arboré original, la plantation de cacaoyers plus productives et performantes sans ombrage et d’espèces fruitières et ligneuses utiles tout en (Ruf, 2011) et par l’encouragement aux producteurs maintenant divers arbres forestiers. Selon Ruf à éliminer des arbres jugés potentiellement (2011), une ‘agro-forêt complexe’ est une plantation incompatibles avec le cacao, parfois avec peu de de cacaoyers avec « avec plus de 15 arbres matures preuves scientifiques (Dumont et al., 2014). Figure 2. Exemples de différents types de systèmes agroforestiers : multistrates traditionnels, mixtes avec des arbres forestiers résiduels et fruitiers, et systèmes de plantations en bordure plus simples (graphique M Sassen) 6
La plupart des études révèlent toutefois que Objectifs l’ombrage est peu susceptible de compromettre la productivité à des niveaux avoisinants les 40 % (Blaser et al., 2018), et les liens entre le couvert UNEP-WCMC, en collaboration avec l’ONU arboré offrant de l’ombrage et la productivité des Environnement, le Secrétariat Exécutif Permanent cacaoyers sont encore mal compris. Wade et al. REDD+ (SEP-REDD) de Côte d’Ivoire et le Centre (2010) ont trouvé que les plantations de cacao plus Suisse de Recherches Scientifiques en Côte productives avaient un stockage de carbone plus d’Ivoire ont précédemment développé des analyses faible, révélant que l’intensification des cacaoyers spatiales pour identifier les zones où la conservation par le retrait d’arbres d’ombrage entraîne une perte et la restauration des forêts pourraient apporter des de carbone dans les plantations. N’Gbala et al. (2017) avantages tels que la conservation de la biodiversité ont estimé que la conversion de forêts secondaires et l’atténuation du changement climatique en plantations de cacao plein soleil a entrainé une (Maukonen et al., 2017). Le travail décrit ici s’appuie diminution de 89 % du stock total de carbone dans sur ce travail en explorant la contribution potentielle le centre-ouest de la Côte d’Ivoire. Sur le plan de la de l’agroforesterie cacaoyère aux objectifs de conservation de la biodiversité, les plantations de restauration forestière. cacao à canopées diverses fournissent et relient les habitats, ce qui peut freiner la perte d’espèces À l’appui des différentes politiques et stratégies sauvages en Côte d’Ivoire (Rice et Greenberg, 2000 ; nationales sur la conservation et la restauration Clough et al. 2009). La transformation des systèmes des forêts qui se tournent vers l’agroforesterie, il est de plantations de cacao plein soleil ou sous ombrage nécessaire de comprendre où et dans quelle mesure léger peut contribuer à restaurer un certain niveau l’agroforesterie peut contribuer à réaliser les objectifs d’intégrité de la biodiversité dans les paysages nationaux de restauration des forêts et autres cacaoyers (Maney et al., 2021). objectifs pertinents. De plus, afin de prioriser les zones d’intervention, il est important de déterminer De plus, l’association d’arbres dans les plantations où l’agroforesterie cacaoyère pourrait générer des de cacao est associée à une réduction de la bénéfices en stockage de carbone et non-carbone vulnérabilité des foyers au chocs climatiques, aux simultanément. Il s’agit donc de déterminer les parasites et maladies, aux fluctuations des prix du zones les plus aptes à la production du cacao, leur cacao et à l’insécurité alimentaire (Tscharntke couvert arboré actuel et les options pour l’augmenter et al., 2011 ; Dumont et al., 2014 ; Sonwa et al., 2014; ou le restaurer, en tenant compte des impacts Niether et al., 2020). Des études montrent que potentiels du changement climatique sur ces zones les producteurs apprécient également les arbres dans le futur. d’ombrage du fait qu’ils ‘apportent la pluie’, élèvent le degré d’humidité du sol et réduisent l’érosion Pour soutenir les objectifs de restauration du pays, (Dumont et al., 2014). cette étude cherche à identifier les zones prioritaires dans les paysages cacaoyers existants où le couvert L’agroforesterie est donc de plus en plus considérée arboré pourrait être augmenté pour répondre aux comme un système susceptible d’aider à réaliser définitions de l’agroforesterie, et où le potentiel en de multiples objectifs à la fois : restaurer le couvert bénéfices multiples comme la séquestration du arboré dans les forêts dégradées et les paysages carbone et la conservation de la biodiversité sont agricoles pour soutenir les objectifs d’atténuation les plus élevés. Cette étude évaluera également le du changement climatique, tout en appuyant des potentiel de l’agroforesterie cacaoyère à contribuer objectifs socioéconomiques et de conservation à l’objectif du pays de restaurer le couvert forestier de la biodiversité (Middendorp et al., 2018 ; Niether à 20 % de la superficie du territoire d’ici 2030, et al., 2020). conformément aux politiques nationales et plans d’actions actuels. Ce document présente la méthodologie, les résultats d’activités préliminaires guidant la méthodologie, et les résultats de l’application de celle-ci afin d’identifier et de prioriser ces zones. Il s’agit d’un exercice de mise en priorité géographique afin d’identifier le potentiel de réalisation d’objectifs environnementaux, qui n’inclut pas de considérations socioéconomiques à ce stade. Ces considérations, y compris les dimensions liées au genre, devraient faire partie de toute étape suivante envers la mise en œuvre de l’agroforesterie dans les zones prioritaires identifiées à travers cette étude. 7
Étapes Préliminaires © Marieke Sassen 8
Après un examen des politiques nationales clés, des revenus. L’agroforesterie peut varier d’un ombrage approches méthodologiques potentielles, ainsi que partiel, où ces services représentent des bénéfices des données disponibles, l’approche élémentaire a considérables par rapport aux systèmes plein été présentée à des parties prenantes nationales soleil (p. ex. stock de carbone accru), mais où la au début de 2021. La méthodologie a été alors production du cacao est toujours prioritaire, à des affinée en fonction des réactions et commentaires et systèmes sous fort ombrage où d’autres services l’identification de jeux de données supplémentaires écosystémiques sont au moins aussi importants, pouvant soutenir les objectifs de l’étude. voire plus, que la production de cacao. Les arbres d’ombrage peuvent s’inscrire dans plusieurs catégories : denrées comestibles, médicaments, bois Consultation de parties prenantes d’œuvre et autres (Sonwa et al., 2007, 2016). Plus un système contient de produits forestiers et de bois d’œuvre sous forme de plantes d’ombrage, plus la Un atelier avec des parties prenantes (25 % de biomasse aérienne et le stock de carbone associés participantes) des secteurs public et privé et de sont élevés (Sonwa, 2018). la société civile s’est déroulé le 21 janvier 2021. Pour identifier les zones prioritaires où il serait L’atelier visait à informer les parties prenantes sur le possible d’augmenter le couvert arboré pour projet et à recueillir des commentaires pour valider répondre aux critères de l’agroforesterie en Côte les critères de définition de l’agroforesterie pour le d’Ivoire, ces critères doivent être clairs. Des études cacao en Côte d’Ivoire, d’identifier d’autres bénéfices et documents différents suggèrent une série de à prendre en compte dans l’analyse, d’examiner définitions potentielles, dont celles-ci : la méthode et les sources de données proposées et d’identifier d’autres efforts du gouvernement • Gockowski et Sonwa (2010) ont rapporté 6 à 56 et du secteur privé que cette étude pourrait ou arbres d’ombrage par hectare dans des systèmes devrait chercher à informer. L’atelier présenta les agroforestiers du cacao en Côte d’Ivoire. objectifs principaux du projet, la méthodologie et • Dans le cadre d’une intégration de les sources de données proposées. L’atelier était l’agroforesterie pour atténuer le changement interactif, utilisant des tableaux Miro permettant aux climatique et s’y adapter en Côte d’Ivoire, Bunn participants d’exprimer leur avis et de répondre à des et al. (2019) ont recommandé au moins questions. 18 arbres d’ombrage par hectare avec un Les commentaires ont été ensuite consolidés et ont couverture d’ombrage de 30 à 40 %. aidé à définir les critères d’ombrage, à confirmer • La Stratégie Nationale REDD+ a utilisé la densité d’importants bénéfices de l’agroforesterie à inclure d’arbres pour déterminer la classification dans l’analyse, et à identifier des sources potentielles comme agroforesterie cacaoyère – « 50 arbres de données, ainsi que des politiques ou projets par hectare de cacaoyers. Au moins 30 arbres, supplémentaires que la méthode et l’analyse essentiellement des espèces fruitières locales, proposées pourraient informer. L’atelier a également peuvent être introduits pour la fourniture mis en évidence quelques-uns des défis pratiques d’ombrage et de bois de chauffe. Les arbres dans la mise en œuvre de l’agroforesterie à grande producteurs de bois d’œuvre serviront à échelle dans le pays (y compris la disponibilité et la délimiter les parcelles […]4 ». distribution de semis d’arbres d’ombrage). De plus amples détails sont disponibles dans le compte • Pour les systèmes d’agroforesterie cacaoyère rendu de l’atelier. en Côte d’Ivoire, le nombre de cacaoyers n’est pas inférieur à 800 arbres/hectare et l’ombrage après la plantation doit être de 30-50 %. Les espèces d’arbres doivent être compatibles avec Définitions la production du cacao et les espèces sont choisies avec les producteurs (Le Conseil du Café-Cacao, 2019)4. Définition de l’agroforesterie: L’agroforesterie crée un habitat hétérogène où divers niveaux de Les définitions utilisant ou bien le niveau d’ombrage couverture de la canopée (ombrage) peuvent être (% de couverture de la canopée) ou bien la densité réalises et où les espèces d’arbres associés varient d’arbres d’ombrage, rendent les comparaisons à des fins différentes (p. ex. production de bois difficiles. Il est impossible de traduire avec précision d’œuvre ou de fruits). Ceux-ci peuvent influencer la densité d’arbres d’ombrage en niveau d’ombrage les services écosystémiques fournis, p. ex. stock (et vice versa), car la taille du houpier varie selon le de carbone, habitat pour la faune, aliments, diamètre et l’espèce de l’arbre (Asare et Ræbild, 4 SEPREDD,2017. Strategié Nationale REDD+ de la Côte d’Ivoire 5 CCC, N. Ref. 019/2019. 9
2016 ; Isaac et al., 2007). La densité d’arbres Identification d’objectifs et d’ombrage ne pouvait pas être cartographiée à l’aide de produits de la télédétection disponibles, contraintes relatifs aux politiques cette analyse a donc nécessité une définition de l’agroforesterie cacaoyère basée sur la couverture de la canopée. De plus, le couvert en arbres d’ombrage Un examen préliminaire des politiques nationales clés optimal peut varier selon les conditions climatiques a permis de déterminer les critères et contraintes pour spécifiques régionales, les microclimats spécifiques la cartographie de la mise en œuvre potentielle de à un site, ainsi que l’âge et la qualité des cacaoyers l’agroforesterie cacaoyère. La liste ci-dessous inclut (Thomson et al., 2019). les objectifs de politique nationale clés tournés vers l’agroforesterie cacaoyère et dont cette analyse se Pendant l’atelier avec des parties prenantes, la propose d’informer la mise en œuvre: plupart des participants proposèrent un critère d’ombrage de 30 % pour les systèmes agroforestiers 1. Objectif primaire en Côte d’Ivoire. Dans le cadre de cette analyse, Restauration du couvert forestier à 20 % de la nous avons considéré deux catégories de superficie du territoire d’ici 2030 (Vision de la Côte systèmes agroforestiers : sous ombrage partiel d’Ivoire pour REDD+, Stratégie Nationale REDD+ et (ombrage d’environ 30 %) et sous ombrage fort. La Stratégie Nationale de Préservation, de Réhabilitation supposition étant que l’agroforesterie sous ombrage et d’Extension des Forêts). partiel a un couvert arboré légèrement plus léger 2. Objectifs secondaires que celle sous ombrage fort mais représente encore (contribuent à l’objectif primaire) un habitat plus divers que des plantations de cacao plein soleil (ombrage en général inférieur à 10 %). A. Restauration de forêts classées dégradées : Restauration graduelle de forêts classées dégradées Définition du cacao plein soleil: Les systèmes à plus de 75 % par la transformation de systèmes de cacao plein soleil, ou monocultures, vont de la agricoles ouverts vers des systèmes agroforestiers, monoculture à des systèmes sous ombrage très puis vers des plantations forestières (PM 5 sous léger. L’ombrage y est en général inférieur à 10 %. Option Stratégique 1 dans la Stratégie du Secteur Définition de la forêt: Une zone minimale de 0,1 Agricole, Stratégie Nationale REDD+ et la Stratégie hectare avec une couverture de la canopée d’au nationale de Réhabilitation, Conservation et moins 30 %, atteignant une hauteur minimale de 5 Extension des Forêts). m à maturité, formant un environnement dynamique B. Lié à A., transformer 1 million d’hectares de et hétérogène avec des effets directs et indirects sur plantations de cacao dans les forêts classées en le sol, le climat et la régulation des eaux (RCI, 2017 ; systèmes agroforestiers d’ici 2030 : par l’introduction RCI, 2019). d’arbres d’ombrage dans les plantations de cacao Définition de l’agro-forêt: le nouveau code plein soleil, paiements aux producteurs pour les forestier de 2019 définit les agro-forêts comme inciter à adopter ces techniques et l’abandon de des zones délimitées en tant que telles par un texte la culture à la fin du cycle (PM 3 sous l’Option réglementaire, situées dans le domaine privé de l’État stratégique 3, Stratégie Nationale REDD+ et le (Forêts classées) et dans lesquelles des plantations programme Quantité, Qualité et Croissance (2QC) agricoles et des arbres forestiers coexistent (RCI, 2019). (Conseil du Café-Cacao, 2014)). © World Agroforestry 10
C. Restaurer 3.2 millions d’hectares de terres et al., 2016) pour déterminer des zones qui dégradées dans le domaine rural : y compris par conviennent à la culture du cacao sur le plan la promotion de l’agroforesterie dans 1 million climatique. Nous avons examiné d’autres d’hectares de cacao, hévéa et huile de palme d’ici variables biophysiques à inclure dans l’analyse 2030. Dans le cas des plantations de cacao, l’objectif comme l’élévation et l’aptitude du sol, mais consiste à introduire au moins 50 arbres d’ombrage nous n’avons pas trouvé de jeu de données sur par hectare (PM 3 sous l’Option stratégique 4, l’aptitude du sol que nous pourrions mettre en Stratégie Nationale REDD+). œuvre pour les besoins de cette étude. Nous avons donc présumé que les zones utilisées en Pour l’objectif C, seule la promotion de ce moment pour la culture du cacao répondaient l’agroforesterie dans les zones actuelles de aux exigences en termes de sol. Nous avons culture du cacao a été évaluée (la promotion de utilisé un seuil minimum de 20 % pour l’aptitude l’agroforesterie de l’hévéa et de l’huile de palme climatique (Schroth et al., 2016) (Figure 7). n’est donc pas incluse dans l’analyse). De plus, nous n’avons pas pu mettre en œuvre le critère de • Zones les plus susceptibles de convenir à la densité d’arbres dans l’approche méthodologique, culture du cacao sous changement climatique mais avons utilisé à la place le couvert arboré pour (Schroth et al., 2016) (Figure 7). répondre aux définitions de l’agroforesterie. 3. Contraintes Définition des zones prioritaires Les contraintes suivantes, basées sur les diverses et co-bénéfices politiques pertinentes, seront prises en compte dans l’identification des zones d’opportunité pour réaliser les objectifs décrits ci-dessus. Identification de zones potentielles pour la • Protéger toutes les forêts primaires et promotion de l’agroforesterie cacaoyère secondaires restantes, y compris les forêts Compte tenu des objectifs politiques, contraintes classées dont la dégradation est inférieure à 75 %. et critères d’aptitude identifiés, cette analyse tente • Les écosystèmes naturels doivent être favorisés d’identifier les zones potentielles pour la promotion plutôt que l’agroforesterie cacaoyère. Les de l’agroforesterie cacaoyère dans les zones de écosystèmes naturels non-forestiers comme les culture du cacao actuelles dans le domaine rural, marécages ou les pâturages naturels ne doivent ainsi que les opportunités de mise en œuvre de pas être convertis en agro-forêts, l’agroforesterie cacaoyère comme moyen de restaurer le couvert forestier dans les forêts classées • L’agroforesterie cacaoyère ne doit en principe fortement dégradées. Les travaux évalueront le être mise en œuvre que dans des plantations de potentiel en termes de réalisation des objectifs cacao actuelles, sauf dans des forêts classées politiques suivants : dégradées à plus de 75 % où elle peut être mise en œuvre dans d’autres terres agricoles. 1. Transformer 1 million d’hectares de plantations de cacao existantes dans le domaine rural • Les zones où la conversion à l’agroforesterie en systèmes agroforestiers d’ici 2030 par cacaoyère pourrait réduire les stocks de carbone l’introduction d’arbres d’ombrage. aussi bien dans la biomasse aérienne que dans le sol doivent être évitées. 2. Restaurer les zones de forêts classées dégradées à plus de 75 % par le biais de l’agroforesterie (avant la transition vers des Définition des critères plantations forestières – qui ne sont pas abordées dans cette étude), y compris 1 million d’hectares de plantations de cacao6. Les critères suivants ont été utilisés afin 3. Sur la base de 1. et 2. : Évaluer le potentiel d’identifier les zones d’opportunité les plus aptes à de l’agroforesterie cacaoyère à contribuer à l’agroforesterie cacaoyère. l’objectif du pays de restaurer le couvert forestier • Les zones de culture actuelle du cacao à 20 % de la superficie du territoire d’ici 2030, (VividEconomics, 2020) commes zones cibles conformément aux politiques nationales et plans pour la conversion à l’agroforesterie (Figure 4). d’action actuels. • Aptitude climatique : pour affiner les données actuelles sur la culture du cacao, nous avons utilisé le jeu de données Aptitude Climatique pour le Cacao en Afrique occidentale (Schroth 6 Art 1. Loi. No 2019-675 du 23 juillet 2019 11
Bénéfices multiples de la promotion de Il est impossible d’évaluer le potentiel pour la l’agroforesterie cacaoyère diversification des revenus à l’échelle de cette l’étude, bien que le développement de l’agroforesterie La mise en œuvre de l’agroforesterie peut procurer à proximité de zones habitées puisse améliorer des bénéfices multiples, comme la séquestration les services écosystémiques locaux, comme la du carbone, la conservation de la biodiversité et fourniture de bois d’œuvre et de chauffe ou la d’autres services écosystémiques. L’évaluation sécurité alimentaire (par les arbres fruitiers). Ceci spatiale du potentiel pour de tels co-bénéfices influencerait aussi la sélection des espèces d’arbres peut aider à identifier les zones les plus propices d’ombrage les plus appropriés à chaque endroit. à la fourniture de co-bénéfices spécifiques, dont certains sont hautement spécifiques. De plus, ces Quant à la connectivité de l’habitat, la mise en œuvre cartes de bénéfices ciblés, associées à d’autres de l’agroforesterie dans des corridors écologiques types d’informations pertinentes permettraient aux potentiels peut aider à améliorer la connectivité décideurs de mieux évaluer les compromis entre entre les forêts primaires, alors que dans des zones différents bénéfices potentiels. plus agricoles, autour de forêts restantes elle peut aider à atténuer l’impact d’activités humaines sur Les stocks et la séquestration de carbone étaient la biodiversité locale. La Stratégie Nationale REDD+ les principaux co-bénéfices identifiés par les estime aussi que l’agroforesterie peut réduire la participants de l’atelier des parties prenantes, suivis pression sur les forêts restantes en augmentant la par l’adaptation au changement climatique, la productivité des terres sous cacao existantes (cacao diversification des revenus pour les producteurs et la et autres produits). connectivité de l’habitat. Quant aux bénéfices en termes de carbone, l’étude tente d’évaluer les bénéfices potentiels obtenus si les zones à cibler pour l’agroforesterie à partir des critères et contraintes définis étaient converties en agro-forêts. Il s’agirait donc du bénéfice maximum en termes de carbone qui pourrait être obtenu si toutes les zones identifiées comme adéquates étaient converties. Le potentiel de l’agroforesterie à contribuer à l’adaptation du cacao au changement climatique dépend de nombreux facteurs qu’il est impossible de quantifier au niveau de cette étude. Par contre le risque climatique pour la culture du cacao, lui, est inclus. © World Agroforestry 12
© Arnout van Soesbergen 13 Méthodologie
Les étapes du processus de cartographie des zones Différents jeux de données ont été associés d’opportunité pour l’agroforesterie cacaoyère et des pour affiner l’identification de zones prioritaires zones prioritaires pour sa mise en œuvre sont les potentiellement propices à la mise en œuvre suivantes : de l’agroforesterie cacaoyère (Figure 3) et pour l’évaluation de co-bénéfices. 1. Identifier les zones propices à la promotion de l’agroforesterie cacaoyère à partir des critères et contraintes définis dans la section ci-dessus. 2. Évaluer les co-bénéfices potentiels de la promotion de l’agroforesterie dans les zones identifiées à l’étape 1. Figure 3. Arbre de décision pour identifier les zones prioritaires potentielles pour la mise en œuvre de l’agroforesterie cacaoyère. AP = Aires protégées et FC = Forêts Classées. 14
Identification de zones pour la (parcs nationaux, etc.) ne sont pas ciblées pour la restauration par l’agroforesterie, mais pour une promotion de l’agroforesterie restauration écologique naturelle ou assistée cacaoyère (Stratégie Nationale REDD+ et Plan de mise en œuvre de l’ICF). Cette section décrit l’approche progressive et les jeux Toute l’analyse spatiale a été effectuée dans Python de données (Tableau 1) utilisés pour identifier les Jupyter Notebook, avec le package Geemap (Wu, zones de production (potentielle) du cacao, leur état 2020) pour accéder aux jeux de données locales et à actuel en termes de couvert arboré et les options ceux disponibles sur Google Earth Engine. Les cartes pour l’augmenter, ainsi que la façon dont elles sont ont été produites à l’aide de QGIS version 3.18.1. susceptibles d’être affectées par le changement Évaluation des niveaux d’ombrage dans les zones climatique. de culture du cacao L’analyse a d’abord été effectuée au niveau national, Pour évaluer le potentiel d’augmentation du dans les zones de cultures de cacao existantes couvert arboré dans les paysages cacaoyers (selon VividEconomics, 2020), avec des exclusions existants qui permettrait de répondre aux critères basées sur le couvert arboré, les perturbations de l’agroforesterie (c.-à-d. couvert à ombrage forestières et l’aptitude climatique. Elle a été ensuite d’environ 30 %), des données sur les niveaux actuels affinée aux zones de culture potentielle du cacao, de couvert arboré sont nécessaires. Toutefois, climatiquement aptes, dans les forêts classées des données spatiales sur les niveaux d’ombrage (BNEDT/SEP-REDD, 2016) et dans le domaine dans les zones de cultures du cacao ne sont pas rural (à l’extérieur de aires protégées désignées et disponibles et sont limitées techniquement par la des forêts classées). Les forêts classées incluent difficulté de distinguer le cacao sous le couvert des zones présentement identifiées comme d’autres arbres. Nous associons donc des jeux de plantations de cacao et des zones présentement données sur les zones actuelles de cultures du sans culture de cacao, mais considérées comme cacao, le couvert forestier, la dynamique forestière fortement dégradées (
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