Conférence de consensus sur la lecture - Document de travail pour le jury
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La lecture, entre famille et école : comment se développe le goût de lire Conférence de consensus sur la lecture Document de travail pour le jury Catherine Reverdy Veille et analyses Institut français de l’Éducation – ENS de Lyon Janvier 2016
Sommaire La lecture, une pratique culturelle unique .......................................................................... 3 Que disent les dernières enquêtes sociologiques des pratiques culturelles des Français ? ............... 3 Les pratiques de lecture restent plus différenciées que les autres pratiques culturelles .................... 4 Nouvelles manières d’aborder la transmission des pratiques culturelles ................................................. 5 L’importance de la famille dans la naissance du goût de la lecture chez les enfants ............ 6 Quel rôle des parents dans la transmission culturelle ? ..................................................................................... 6 Il faut lire aux enfants pour développer leur vocabulaire et leur donner le goût de lire ..................... 7 L’influence des manières de lire aux enfants sur leurs dispositions scolaires ......................................... 8 L’importance de l’école et des pairs pour l’affirmation des goûts de lecture ..................... 10 La fonction sociale des pratiques culturelles chez les adolescents : apparence, appartenance et affirmation de soi .............................................................................................................................................................. 10 Favoriser la lecture par plaisir pour améliorer les performances à l’écrit à l’école ............................ 11 Comment l’école peut-‐elle aider l’élève à avoir un rapport personnel à la lecture ? .......................... 12 Bibliographie ................................................................................................................... 12 C. Reverdy – La lecture, entre famille et école : comment se développe le goût de lire 2
« La lecture est à la fois un apprentissage technique, une culture, une appartenance : elle est un véritable enjeu social en tant que pivot de la démocratisation culturelle » (Bonaccorsi, Le devoir de lecture, 2007). L’acquisition des compétences en lecture est aujourd’hui un enjeu social puisqu’il s’agit de compétences de base indispensables à tout individu vivant dans notre société. L’école joue bien entendu un rôle primordial dans cet apprentissage mais, plutôt que d’aborder cet enjeu exclusivement d’un point de vue scolaire, nous nous intéresserons ici à la manière dont le goût de lire naît et se développe chez les enfants. De manière générale, la lecture peut être appréhendée selon différents points de vue sociologiques : pratique culturelle, pratique artistique pour la lecture ou l’écriture d’œuvres littéraires, pratique commerciale pour l’édition des livres, etc. Nous nous intéressons ici au point de vue culturel. Après avoir examiné ce qui distingue la lecture des autres pratiques culturelles des enfants et des adolescents (comme la musique), nous mettrons en évidence, grâce à une approche centrée davantage sur les manières de lire et les pratiques de lecture, le rôle primordial de la famille dans la naissance du goût de lire des enfants et le rôle de l’école dans l’affirmation des lectures des adolescents, notamment à travers l’influence de leurs groupes d’amis. La lecture, une pratique culturelle unique La lecture est considérée aujourd’hui comme la plus légitime des pratiques culturelles1, en ce sens qu’elle s’apprend à l’école, lieu traditionnel des savoirs, et qu’elle symbolise le rapport savant à l’écrit. Depuis les années 2000, « la France lit plus mais les Français lisent moins » comme le note le sociologue Baudelot en 1999. Ce qui signifie que l’on compte moins de forts lecteurs, mais qu’il y a globalement davantage de lecteurs. La lecture est une pratique culturelle qui est plus que les autres dépendante des origines et des caractéristiques sociales des lecteurs, puisqu’elle reste la plus légitime des pratiques culturelles. Le rapport à la lecture change depuis une décennie, avec l’apparition de la notion de « littératie »2. Il peut y avoir un rapport utilitaire à l’écrit, qui entraîne des lectures pratiques (presse régionale, livres de cuisine, manuels de jardinage…), et qui coexiste avec le rapport plus distancié au livre, pour lequel la lecture permet de s’évader, et est une fin en soi. Le numérique apporte encore plus de diversité à ces rapports à l’écrit et à la lecture, comme nous allons le voir à travers les enquêtes nationales sur les pratiques culturelles, qui se sont échelonnées entre 1973 et 2008 (Donnat, 2011). Que disent les dernières enquêtes sociologiques des pratiques culturelles des Français ? « Les effets des progrès de la scolarisation sur la participation à la vie culturelle ont donc été globalement positifs puisque le doublement de la population titulaire d’un diplôme égal ou supérieur au bac au cours de la période n’a pas entraîné de recul généralisé de son engagement dans les pratiques culturelles. Toutefois, les baisses enregistrées dans les domaines du 1 N’oublions cependant pas que les romans-‐feuilletons par exemple étaient considérés comme subversifs au XIXe siècle pour certains publics (femmes, milieux populaires), alors que les publics lettrés avaient la capacité d’en réaliser une lecture plus savante. La lecture a eu également un poids politique important au fil de l’histoire, certaines institutions comme l’église et l’État ayant cherché à contrôler les écrits. 2 D’après le ministère de l’Éducation nationale, la littératie est l’« aptitude à comprendre et à utiliser l’information écrite dans la vie courante, à la maison, au travail et dans la collectivité en vue d’atteindre des buts personnels et d’étendre ses connaissances et ses capacités. » C. Reverdy – La lecture, entre famille et école : comment se développe le goût de lire 3
théâtre, des concerts classiques et du cinéma […] et, surtout, le recul important de la lecture d’imprimés donnent la mesure des transformations qui ont affecté l’univers culturel des milieux diplômés. » (Donnat, 2011) De manière générale, les résultats des grandes enquêtes sur les pratiques culturelles des Français indiquent qu’il existe toujours un lien entre le niveau de diplôme et la participation à la vie culturelle (et ce depuis 35 ans selon Donnat, 2011). Cependant, le clivage entre ceux qui pratiquent régulièrement une activité culturelle et les autres se situe aujourd’hui dans l’enseignement supérieur et non plus au niveau du baccalauréat, puisque le niveau moyen d’études de la population a augmenté. La participation à la vie culturelle est inégalement répartie dans la société française, et dépend notamment, outre du niveau du diplôme, de l’accès à la culture et de la familiarité avec le monde de l’art (même si l’offre culturelle a augmenté et s’est considérablement diversifiée, comme avec la Fête de la musique, les nombreux festivals, etc.), ainsi que des moyens d’accès via le numérique. Les enquêtes mettent également en avant le poids de l’appartenance à une génération. Souvent, les habitudes acquises lors de la jeunesse perdurent par la suite, et ces habitudes sont également reprises par les générations suivantes, sans grande rupture depuis 1980 (la génération du baby-‐boom est à l’origine de la contre-‐culture des années 1970, et participe aujourd’hui au vieillissement des publics culturels). Pour les adolescents, on peut parler de « culture juvénile » spécifique, pour laquelle la variable générationnelle réduit le poids des variables sociales. Cette culture n’est pas la culture académique ou légitime, ni la culture de la classe dominante, et elle est moins contestataire qu’il y a plusieurs décennies, sans changement radical de valeurs par rapport aux générations précédentes. Elle correspond également à une période de la vie propice à l’expérimentation et à la découverte, et son succès s’explique peut-‐être par le fait que le temps de la jeunesse s’est rallongé et que « le désir de rester jeune s’est généralisé » (Donnat, 2011). Cette culture juvénile est plus proche de la culture populaire, comme on peut le voir par exemple pour la musique. Ces enquêtes mettent en effet en évidence, avec le numérique, un recul de l’utilisation de la télévision et de la radio chez les jeunes générations (Français entre 15 et 35 ans en 2008), qui va de pair avec une montée en puissance de l’écoute musicale quotidienne, ainsi qu’une préférence pour les films et musiques anglaises ou américaines. Les jeunes sont enfin des cibles de choix pour les industries culturelles (cinéma, musique ou télévision) et les médias, qui voient en eux un marché actuel et futur de consommateurs culturels. Les effets de féminisation constatés dans l’ensemble des pratiques culturelles depuis 1970 et les effets de génération sont liés : les nouvelles générations de femmes sont celles qui ont le plus bénéficié de la démocratisation scolaire (elles sont majoritaires parmi les titulaires du baccalauréat ou d’un diplôme de l’enseignement supérieur), ont plus souvent que les hommes un emploi favorisant les pratiques culturelles et s’investissent plus qu’eux dans l’éducation des enfants, en transmettant ainsi davantage leurs pratiques culturelles. Les pratiques de lecture restent plus différenciées que les autres pratiques culturelles En ce qui concerne plus spécifiquement la lecture, il y a un recul général de la lecture régulière depuis plusieurs décennies : une partie des forts lecteurs sont devenus des moyens ou faibles lecteurs, une partie des moyens lecteurs ont abandonné la lecture. Ceci est plus marqué dans la population masculine, ce qui a entraîné de fait une C. Reverdy – La lecture, entre famille et école : comment se développe le goût de lire 4
féminisation du lectorat3, visible aussi dans la fréquentation des bibliothèques. Les effets de génération se font ressentir sur les forts lecteurs (20 livres ou plus dans l’année) et les lecteurs de presse, qui sont de plus en plus âgés. Lors de l’enquête de 2008, 57 % des cadres supérieurs et 18 % des ouvriers déclaraient avoir lu plus de 10 livres en une année ; 8 % des cadres et 42 % des ouvriers déclaraient n’en avoir lu aucun, ce qui montre bien une différenciation sociale du lectorat. Cette différenciation s’exerce aussi bien au niveau des supports de lecture (la presse régionale a plus de lecteurs chez les agriculteurs et commerçants, la presse nationale et les livres chez les cadres supérieurs) que des genres (la littérature non fictionnelle est davantage présente chez les cadres, qui mélangent souvent sans le vouloir la lecture par plaisir et la lecture professionnelle ; les pratiques de lecture des professions intermédiaires sont plus diversifiées, voir Coulangeon, 2010). Une enquête menée entre 2002 et 2008 auprès d’enfants entre 11 et 17 ans, « L’enfance des loisirs », indique que la lecture de livres et de bandes dessinées est en baisse constante entre 11 et 17 ans et que la proportion des non-‐lecteurs de livres augmente fortement : ils sont 14 % à 11 ans et 46 % à 17 ans4. Côté genre littéraire, les lectures enfantines de primaire font place à la science-‐fiction et aux romans d’aventure et historiques au lycée. Les enfants de 17 ans fréquentent moins les bibliothèques que leurs cadets de 11 ans : ils sont respectivement 21 % et 44 % à y être allés, plus souvent avec leurs parents ou frères et sœurs pour les enfants de 11 ans. Des loisirs privilégiés à 11 ans que sont la télévision, le sport, la musique et les livres, il ne reste plus que la musique et l’ordinateur à 17 ans (même si on observe derrière l’usage du numérique une diversification des pratiques, voir Octobre & Berthomier, 2011). La lecture reste également une pratique socialement différenciée pour les 11-‐17 ans, puisque les enfants de cadres sont 43 % et 16 % (respectivement à 11 et 17 ans) à lire tous les jours des livres, contre 29 % et 5 % (respectivement à 11 et 17 ans) des enfants d’ouvriers. Cette différence est davantage marquée que celle entre garçons et filles (même si les garçons sont un peu moins lecteurs que les filles), contrairement aux autres pratiques culturelles, différenciées plutôt en fonction du sexe. Nouvelles manières d’aborder la transmission des pratiques culturelles La sociologie de la culture se fonde en grande partie sur la théorie de la légitimité et de la transmission d’un capital culturel développée par Bourdieu dans les années 1970. Il s’agit d’expliquer les préférences et la hiérarchisation des pratiques culturelles constatées des Français par une transmission culturelle de parents à enfants : un héritage matériel des productions culturelles dans les familles, mais également un héritage immatériel, par le fait que les enfants possèdent des habitudes et des manières de penser reprises de leurs parents. Mais cette théorie de Bourdieu, même si elle explique globalement la distribution sociale de consommations culturelles des Français, ne prend pas en compte des phénomènes relativement récents, comme la diversité des pratiques culturelles et l’importance croissante des cercles d’influence des pratiques. On ne peut en effet négliger le fait que les pratiques culturelles se renouvellent ou évoluent à chaque génération et selon les transformations de la société. C’est pourquoi aujourd’hui les sociologues s’intéressent toujours aux grandes tendances données par les enquêtes quantitatives, mais cherchent 3 « Les femmes ont aujourd’hui un engagement plus fort dans le monde du livre que les hommes dans tous les milieux sociaux, à la fois parce qu’elles sont plus nombreuses à lire quand elles sont jeunes et qu’elles résistent mieux à la diminution du rythme de lecture qui accompagne l’avancée en âge. » (Donnat, 2011) 4 A 17 ans, « seuls 9 % lisent des livres tous les jours mais 41,5 % d’entre eux s’y déclarent très attachés » (Octobre & Berthomier, 2011). Il semblerait cependant que « le détachement juvénile à l’égard de la lecture apparaît alors comme le symptôme d’une pratique qui aurait perdu de sa valeur d’enjeu, tant identitaire que scolaire. » (Périer, 2007) C. Reverdy – La lecture, entre famille et école : comment se développe le goût de lire 5
à approfondir ces enquêtes par des études plus spécifiques et qualitatives portant sur une population précise. Ils tentent d’expliquer les différentes manières d’appréhender leurs pratiques culturelles par l’influence complexe et changeante de tous leurs cercles de relations (pairs surtout, famille et école ensuite)5. C’est ainsi que les différences sociales qui portaient autrefois sur les objets culturels (comme les genres de livres, les types de musiques, etc.) portent aujourd’hui sur les personnes : les sociologues distinguent ici une opposition entre les « univores », issus plutôt des classes populaires et dont les pratiques sont assez peu diversifiées, et les « omnivores », plutôt issus des classes favorisées et qui adoptent de nombreux genres différents. Octobre et Berthomier précisent pour les adolescents (11-‐17 ans) que la socialisation n’est plus « considérée comme l’adoption des normes d’un groupe mais comme le déploiement des moyens disponibles à l’individu pour se réaliser lui-‐même » (2011). Nous abordons ces questions complexes des influences relatives de l’environnement (familial, scolaire, amical) dans la naissance et le développement du goût de la lecture chez les enfants puis chez les adolescents. L’importance de la famille dans la naissance du goût de la lecture chez les enfants Comme nous l’avons vu, la famille et ses caractéristiques sociales jouent un grand rôle dans les transmissions culturelles, surtout dans le cadre de la lecture, puisque le goût de lire se crée dans l’environnement familial. Mais quelles sont exactement les différences de transmission ? Comment s’exercent-‐elles aux différents âges des enfants ? Y a-‐t-‐il des rôles différenciés de la mère, du père ou de la fratrie ? Quel rôle des parents dans la transmission culturelle ? Selon Octobre et al. (2011), si les parents maîtrisent de manière globale le rapport au temps (pour « articuler, sans les dissocier ni les opposer, idéal d’épanouissement dans le travail et multiplication des activités pour le développement personnel »), alors les enfants seront investis dans les loisirs. Côté enfants, cela dépend aussi de leur envie, pas seulement du capital transmis : 15 % d’enfants n’ont pas l’envie alors qu’ils pourraient s’investir fortement dans ces loisirs. Un fort investissement dans les loisirs de la part des parents est « transmis » aux enfants, même si les types de loisirs sont différents. Ceci se révèle particulièrement vrai pour les loisirs artistiques, dont les goûts se transmettent autant que les biens et les pratiques. Pour Julhe et Mirouse (2010), reprenant les travaux de Lahire, ceci correspond à une socialisation dite « silencieuse », « qui renvoie aux effets non intentionnels d’une situation (comme le fait de voir ses parents pratiquer une activité) » ou une socialisation par « inculcation de croyances, fondées sur les discours normatifs des parents, valorisant et légitimant telle activité ou dénigrant telle autre ». Ces deux types de socialisation correspondent plutôt aux familles aisées et peuvent se traduire par un « climat familial » propice plutôt qu’un réel projet parental explicite. Pour la pratique de la lecture, Aquatias évoque une « sensibilisation active à la lecture » dans ces familles (2012 ; Octobre & Berthomier, 2011). 5 « Les modèles, les références et les contraintes spécifiques à l’œuvre au sein de ces différents espaces de socialisation (la famille et son “climat”, les copains, l’école...) fonctionnent comme des ressources en partie indépendantes les unes des autres, que les enfants et les adolescents peuvent mobiliser ou rejeter à différents moments et selon des combinaisons variables en fonction de leur identité sexuée, de leur origine sociale, mais aussi de la place assignée aux différentes activités dans la construction de soi au fil du temps. » (Octobre et al., 2011) C. Reverdy – La lecture, entre famille et école : comment se développe le goût de lire 6
Il existe un autre type de socialisation culturelle, par entraînement ou par pratique mutuelle, pour lequel les parents et les enfants pratiquent ensemble une activité culturelle. Cette socialisation correspond plutôt aux familles de position sociale intermédiaire, qui prennent en compte les enjeux potentiels des loisirs (rentabilité scolaire ou constitution de réseaux sociaux). Il y a donc une différence d’investissement des parents dans les pratiques culturelles de leurs enfants selon leur position sociale. Les familles aisées peuvent même, par manque de disponibilité, adopter des stratégies pour déléguer l’investissement culturel à d’autres, comme les assistants maternels par exemple dans le cas des jeunes enfants. Dans le cas de la lecture, ces stratégies de délégation semblent moins utilisées, étant donné le fort caractère légitime de la lecture et la très forte dépendance qu’elle entretient avec le cadre scolaire. « Du côté de la lecture, on pourrait résumer le rôle du milieu familial ainsi : une sensibilisation à la lecture active et impliquée produit une relative disponibilité des enfants aux œuvres inscrites dans les programmes, un bon climat familial – sans sensibilisation particulière à la lecture – tend à entraîner une soumission à l’ordre scolaire, qui peut ou non permettre l’accès aux œuvres, un désintérêt familial, de mauvaises relations entre parents et enfants ou encore une soumission trop forte aux sociabilités juvéniles (ces différents éléments pouvant bien sûr s’associer) amènent plus facilement à un rejet de la lecture, souvent associé à un rejet de la scolarité. » (Aquatias, 2012) Au-‐delà du rôle des parents, les frères et sœurs peuvent jouer un rôle, la plupart du temps implicite, dans la naissance des goûts culturels, mais il s’agit plutôt d’un rôle de participation qu’un rôle d’influence, rôle davantage tenu par les amis qui prennent une place de plus en plus grande dès la fin de l’école primaire. Il faut lire aux enfants pour développer leur vocabulaire et leur donner le goût de lire Plusieurs périodes correspondent à des changements d’environnement et donc des influences différentes sur les pratiques de lecture des enfants : • avant 3 ans, les influences se situent plutôt dans la sphère privée ; • de 3 à 6 ans, avec l’influence de la scolarisation ; • après 6 ans, lors de l’apprentissage de la lecture. Le fait de lire des histoires à ses enfants, même tout-‐petits, leur permet d’acquérir un vocabulaire beaucoup plus riche que celui des enfants à qui les parents n’ont pas lu de livre, et ce dès leurs premières années, avant même l’entrée à l’école. Cette « lecture partagée » entre parents et enfants familiarise les enfants avec l’objet qu’est le livre et leur permet d’appréhender le monde de la lecture, qui leur sera quotidien dès l’école maternelle. L’enquête PISA 2009 comprenait un volet destiné aux parents de 14 pays, et les interrogeait sur leur milieu socio-‐économique, leur environnement familial, leurs habitudes de lecture, seuls et avec leurs enfants. Les résultats montrent que le fait de lire à son enfant durant ses premières années est le facteur qui favorise le plus les performances en compréhension de l’écrit et le plaisir de lire des jeunes de 15 ans. Ceci est encore vrai si l’on compare des élèves de milieux socio-‐économiques similaires. Dans une moindre mesure, raconter des histoires et chanter des chansons contribuent à éveiller le plaisir de lire chez les enfants, contrairement aux activités qui s’intéressent aux mots hors contexte (jeux avec l’alphabet par exemple). Les résultats montrent également que la participation des pères est moindre que celles des mères dans ce type d’activités. Le programme suédois « Las For Mej, Pappa » vise spécialement à engager les pères à lire à leurs enfants, alors que d’autres programmes C. Reverdy – La lecture, entre famille et école : comment se développe le goût de lire 7
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