Cherchons la montagne - Images (photographiques) et récits - Architecture
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17 mars 2021 ©photo Bridget Sheridan Cherchons la montagne. Images (photographiques) et récits. Programme de la journée d’étude organisée par les séminaires : Entre arts et architecture et Transition(s) en question(s) : environnement, paysage, architecture, le 17 mars 2021 en visioconférence ouverte à tous! https://us02web.zoom.us/j/87978910894?pwd=R29wa0NyZm1WY3JaOGM0SzBYd2dOZz09
La philosophe française Anne Cauquelin notait dans dégradation et de l’aménagement massif. la préface de son livre L’invention du paysage : Sa topographie complexe en fait un défi pour toute « l’idée du paysage et sa perception tiennent à sa tentative de représentation et c’est pourquoi elle représentation qui fut donnée dans la peinture en joue un rôle spécifique dans la compréhension des Occident, au XVe siècle, […] le paysage n‘est articulations entre l’environnement et ses “naturel“ qu’au prix d’un artifice permanent ». représentations possibles. Un de ces artifices, condition de la perception d’une réalité paysagère, sont les images et les récits qui On peut constater que son exploration physique et l’accompagnent. S’ils jouent un rôle fondamental visuelle a fréquemment ouvert de nouvelles dans notre interprétation du monde, ils influencent connaissances comme l’ont montré au début du en même temps la fabrique réelle du paysage. 19e siècle le scientifique Alexander von Humboldt Toutefois la dynamique inverse existe également, ou, à sa fin, Paul Cézanne, mais aussi la car les artistes et les photographes ont, à leur tour, photographie de scientifiques marcheurs dans les été incités par la présence paysagère à produire de Pyrénées. Observation,, aménagement et nombreuses images. Il s’enclenche alors un rapport restauration, l’image se situe indéniablement au de réciprocité entre paysages et images, centre de notre lien à cet espace paysager tout à fait profondément enchevêtrés. particulier. Cette journée d’étude se focalise sur une partie tout Préfigurant l’élévation de l’humain vers les airs, à fait spécifique du paysage, la montagne, et aujourd’hui largement occupée par les avions, les s’intéresse à ses images (photographiques), satellites, les drones, mais aussi les dégradations accompagnées de récits. atmosphériques, la montagne et ses images sont indéniablement précurseurs. Elles peuvent nous La montagne, un paysage aujourd’hui souvent aider à construire de nouvelles représentations, perçu comme pittoresque, est aussi un espace de vie plus complexes, pour décrire un environnement en et de travail, un lieu fonctionnel qui participe à la transformation. production agricole et industrielle, un espace de loisirs et de pratiques sportives, un espace de désir et de fantasme et en même temps, un lieu de la
matinée - 9h-12h nous appuyant sur cette archive d’images, mais aussi sur les travaux d’artistes contemporains tels que Ha-mish Fulton, Richard Long, Beatriz Aisa et Adrien Basse Cathalinat ou sur ma propre œuvre artistique, nous questionnerons IMAGES ET PAYSAGES les liens étroits qui se tissent entre la photographie, le récit et la marche en montagne. –9h - Introduction : Andrea Urlberger - Catherine Aventin Bridget Sheridan est chercheuse en arts plastiques, rattachée au laboratoire LLA CREATIS de l’Université Jean Jaurès Toulouse 2. Parmi ses axes de re-cherches, on peut citer la marche comme pratique esthétique, l’empreinte de la mémoire dans le paysage, –9h 30 - Daniel Bonnal : mais encore, les images de l’absence dans la photo-graphie contemporaine. L’invention du paysage (à côté de la photographie) Elle est également plasticienne, travaillant principalement sur la marche et la mémoire dans la nature. On voyait très bien à droite les montagnes de la province Lyonnaise, et à gauche la mer de Marseille et celle qui baigne Aigues-Mortes, distantes de quelques – 11h - Andrea Urlberger : jours de marche. Le Rhône était sous nos yeux. Le récit de l’ascension du Chimborazo d’Alexander von Humboldt (avant la Pétrarque, Malaucène, 26 avril 1335. photographie) C’est une lettre écrite au XIVe siècle par Pétrarque. Elle s’adresse à son Alexander von Humboldt (1769 - 1859), un scientifique, naturaliste, géographe confesseur et relate une aventure inaugurale dans l’invention du paysage et explorateur allemand a gravi le 29 juin 1802 avec Aimé Bonpland, Carlos occidental : l’ascension du Mont Ventoux. Car le paysage n’est jamais donné Montufar et José de Caldas, le volcan Chimborazo dans l’actuel Équateur. d’avance : il se conquiert. Comme dans toute aventure d’obédience humaniste Cette ascension lui a permis d’accélérer ses analyses, de comprendre les grandes il est un enrichissement relevant du domaine de la représentation et de la forge articulations du vivant, de saisir l’importance de la localisation et surtout du culturelle. Pour en saisir le fil, il est nécessaire d’entendre Alain Roger qui climat. Précurseur, Humboldt a, dès ce début du 19e siècle, alerté sur l’impact de postulait en 1997, dans son Court traité du Paysage, que « tout paysage est un l’homme sur la nature. Après l’ascension du Chimborazo, il a cherché à donner à produit de l’art ». une forme adéquate à cette expérience qui permettra de visualiser ses résultats. Voilà qui interroge sur une notion qui semblait couler de source. D’autant plus difficile, car Humboldt renonce dans ses travaux aux catégories N’y aurait-il donc de paysage qu’à la condition qu’existe, au cœur de la étroites de la classification, sa mise en forme doit figurer les articulations du civilisation, une forme d’art qui lui confère existence ? vivant à de très grandes échelles. C’est dans une « peinture de la nature » (Naturgemälde) que le scientifique Daniel Bonnal est maître de conférence à l’ENSA Toulouse. esquisse les grandes lignes de sa compréhension de la nature comme un grand tissu du vivant, une représentation qui a connu ensuite une grande diffusion. –10h 15 - Bridget Sheridan : Trente-sept années après cette ascension, Humboldt rencontre un tout nouveau Photographie et Pyrénnées : une montagne de récits en marche (avec la dispositif de représentation, la photographie. photographie) Nommé en 1839 dans la commission de la Chambre des Députés en France pour donner son avis sur la photographie ou plutôt le daguerréotype qui vient d’être Au XIXe siècle, deux nouveaux mondes voient le jour : celui de la photographie inventé, Humboldt s’avère un défenseur enthousiaste de cette technique. et celui du pyrénéisme. Ces deux champs d’exploration sont intimement liés Dans une lettre, il évoque immédiatement l’idée de la vérité notamment à travers puisqu’en 1839, on présente le daguerréotype à l’Académie des sciences, et qu’en la capacité de la photographie à capter le détail, invisible à l’œil. 1842, on grimpe au Pic de l’Aneto, le seigneur des Pyrénées. Ainsi, les décennies L’expérience d’Alexander von Humboldt montre ainsi la place de la présentation qui suivent, verront l’homme s’immiscer dans un espace incommensurable et permet d’aborder la question centrale : comment donner une forme à des avec un matériel conséquent afin de découvrir la montagne au rythme de la connaissances. marche. Des personnages tels que Maurice Gourdon ou Ignaci Canals sont à la fois scientifiques, randonneurs et photographes aussi bien qu’à cette époque, Andrea Urlberger est professeure à l’École nationale supérieure d’architecture de pour de nombreux explorateurs, les déplacements pé-destres dans les Pyrénées Toulouse, membre du laboratoire LRA, Toulouse. Auteure de publications comme sont inséparables de la photographie. C’est le cas de Farnham Maxwell Lyte dont Parcours artistiques et virtualités urbaines (l’Harmattan, 2003), Habiter les Aéroports la marche est rythmée par l’impression des plaques et la prise de notes. C’est (Métispresse, 2012), 1972, Arts, territoires et terrorisme (Métispresse, 2018). Ses travaux interrogent les articulations entre territoires et médias, notamment l’impact une véritable histoire de notre rencontre avec les Pyrénées qui s’inscrit autant à qu’exercent les images analogiques, les médias numériques et localisés sur l’espace et travers les milliers d’images et de recherches scientifiques que sous les pieds de en particulier l’architecture, les villes et les paysages. chaque marcheur. Cette mémoire photographique constitue un héritage qui s’exprime dans un rapport particulier avec le paysage, l’espace et l’échelle de la montagne. En
après-midi - 14h-17h – 15h3O - Philippe Valette Regards sur la géohistoire des paysages montagnards: d’une image de désolation à une montagne restaurée (XIXe siècle à aujourd’hui). PAYSAGES ET IMAGES Au XIXe siècle, la montagne est le lieu où surviennent de nombreuses catastrophes comme des crues torrentielles et des inondations qui alimentent – 14h - Catherine Aventin : ensuite les grands fleuves de plaine. Certaines inondations, comme celle de 1856, Les observatoires du paysage, dans et autour des photographies (grâce à la affectent l’ensemble des grands bassins fluviaux français. Tous ces phénomènes photographie) lancent le débat sur l’érosion des montagnes et la nécessité de les restaurer. Les lois de Restauration des Terrains en Montagne (RTM) de la fin du XIXe siècle Nous nous demanderons d’abord ce que sont les « observatoires visent à lutter contre l’érosion par leur reboisement. Il s’agit, notamment par une photographiques du paysages », comment ils fonctionnent (méthodes mises campagne de photographies, de montrer la désolation des terres érodées liée à en œuvres, temps d’enquêtes…) et à quelle est leur finalité, leurs objectifs mais l’activité agropastorale en montagne. La dégradation de la montagne est mise en aussi au regard. Ce sera l’occasion de se poser la question du choix des sites et scène dans ces clichés qui sont rephotographiés quelques années plus tard pour des paysages photographiés, ce que la photo montre et comment (un regard montrer l’ordonnancement des paysages restaurés. artistique, esthétique, technique…?). A travers ces séries de photographies, c’est une nouvelle image qui se propage, Nous pourrons aussi « sortir » des observatoires et, par là, se demander ce que celle d’une montagne restaurée. la photographie ne montre pas a priori, et, surtout, plus largement, ce que cela veut dire d’observer le paysage de montagne. Philippe Valette est maître de conférences à l’université de Toulouse 2-Jean Jaurès (Geode UMR 5602 CNRS). Ses travaux de recherches portent sur la géohistoire des Catherine Aventin est architecte dplg, docteur en sciences pour l’ingénieur (spécialité architecture), et travaille depuis une quinzaine d’années sur les rapports entre espaces pay-sages fluviaux et des montagnes à travers différents terrains (Garonne, St- publics et actions artistiques, particulièrement les arts de la rue. Elle travaille essentiel- Laurent, delta du Danube,…). Il privilégie plusieurs axes de recherches comme lement à partir d’observations in situ et de récits, pour saisir l’extraordinaire comme l’évolution historique des hydrosystèmes, l’histoire des aménagements, la gestion des l’ordinaire des ambiances architecturales et urbaines. Elle est maître de conférence à risques, la restauration des cours d’eau, l’adaptation des sociétés aux changements l’ENSA de Toulouse et chercheuse au Laboratoire de recherche en architecture (LRA) environnementaux et le dé-veloppement d’observatoire de paysages. – 14h45 - Mathilde Thouron : – 16h15 -Sylvie Dumons : György Kepes : une vision militaire du paysage (avec l’aide de la photographie) Mutations de paysages (pré)pyrénéens à travers la photographie. Que nous disent l’eau et les arbres ? (avec la photographie) György Kepes migre aux États-Unis en 1937 pour y enseigner au côté de son mentor : l’artiste László Moholy-Nagy. C’est à l’école du New Bauhaus de À partir de photographies d’anciennes vallées industrielles pyrénéennes : Chicago que Kepes développe une approche expérimentale, focalisée sur le Visual images d’hier (fonds anciens, cartes postales), images d’aujourd’hui, il s’agit Design. Il y propose des exercices autour de la manipulation de la perception et d’interroger et comprendre ce qui est advenu dans ces territoires, les mutations de la lumière avec la création de photogrammes. En janvier 1942, au moment de souvent profondes qu’ils ont subies. Mémoire des lieux, les clichés y éclairent l’attaque de Pearl Harbor, le New Bauhaus (qui s’est dissoute pour renaître sous les dynamiques paysagères, les choix d’aménagement, la production et la gestion le nom de School of Design) va participer à l’effort de guerre en mettant à profit des paysages et des espaces de vie. les compétences artistiques des étudiants et des enseignants pour développer un L’eau et le végétal -l’arbre en particulier- sont des marqueurs des paysages « art du camouflage ». Dans le cadre de ces projets, Kepes doit alors effectuer de (pré)pyrénéens ; nous observerons particulièrement leurs représentations dans multiples vols en avion et des relevés photographiques afin de bâtir des principes ces paysages-images, car l’un et l’autre ont été longtemps l’objet d’une vision de dissimulation. L’expérience de vol est à ce moment plus rare et la vue aérienne particulièrement consumériste. L’eau enfouie et canalisée par l’industrie cherche est une nouvelle manière d’entrevoir le paysage. Kepes va alors rassembler à refaire surface. Malgré « l’invention » de la montagne comme paysage avec une grande collection de photographies aériennes associées à une image-rie l’excursionnisme, les sports d’hiver, etc, les arbres semblent moins dignes scientifique qu’il retranscrira en 1951 dans The New Landscape : in Art and d’intérêt que les sommets et les hommes et ont été peu captés sur la pellicule. Science. Cette collection, initiée par un projet militaire et éditée dans un contexte L’«impérieuse nécessité de l’arbre » qui s’est fait jour ces dernières décennies de guerre froide, va pourtant enrichir l’approche artistique du paysage. dans nos sociétés occidentales et le déplacement du savoir scientifique sur le végétal engendrent t’ils un déplacement du regard photographique ? Mathilde Thouron, docteure en architecture, a produit une thèse intitulée Les usages de la mise au noir : étude de dispositifs d’expositions scientifiques (LRA, ENSA Toulouse). Sylvie Dumons est architecte, diplômée en architecte (ENSA de Toulouse, 1985), puis Elle s’intéresse à la dimension interdisciplinaire au sein des pratiques de conceptions. du Centre des Hautes Etudes de Chaillot Paris (1987), a soutenu un DEA «Jardins, conceptions. paysages, territoires » (EHESS/ENSA la Villette, Paris, 1998). Elle est enseignante dans le champ VT à l’ENSA de Toulouse depuis 2000 (domaines : espace public, paysage).
JOURNÉE D’ÉTUDES CHERCHONS LA MONTAGNE. IMAGES (PHOTOGRAPHIQUES) ET RÉCITS le 17 mars 2021 - 9h - 17h30 en visioconférence Zoom et ouverte à tous Participer à la réunion Zoom : https://us02web.zoom.us/j/87978910894?pwd=R29wa0Ny- Zm1WY3JaOGM0SzBYd2dOZz09 ID de réunion : 879 7891 0894 Code secret : 377521 Contact : andrea.urlberger@toulouse.archi.fr ENSA Toulouse 83 rue Aristide-Maillol — BP 10629 —31106 Toulouse Cedex 1 —
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