Chirurgie bariatrique au Canada - pic pic
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Notre vision De meilleures données pour de meilleures décisions : des Canadiens en meilleure santé Notre mandat Exercer le leadership visant l’élaboration et le maintien d’une information sur la santé exhaustive et intégrée pour des politiques avisées et une gestion efficace du système de santé qui permettent d’améliorer la santé et les soins de santé Nos valeurs Respect, intégrité, collaboration, excellence, innovation
Table des matières Remerciements ...........................................................................................................................4 Sommaire ...................................................................................................................................5 Introduction .................................................................................................................................6 État actuel de la chirurgie bariatrique au Canada : volume, accès, coûts et profils des patients ................................................................................................................................9 Volume de chirurgies bariatriques .........................................................................................9 Problèmes d’accès à la chirurgie bariatrique .......................................................................11 Coûts de la chirurgie bariatrique ..........................................................................................13 Patients en chirurgie bariatrique ..........................................................................................13 Variation dans les chirurgies bariatriques ............................................................................15 Variation sur le plan de la méthode chirurgicale ..................................................................19 Soins hospitaliers aux patients soumis à une chirurgie bariatrique ............................................20 Complications......................................................................................................................20 Réadmissions......................................................................................................................20 Changements dans l’utilisation des soins de santé .............................................................21 Conclusion ................................................................................................................................24 Annexe A : Variation du volume de chirurgies bariatriques, par province, de 2006-2007 à 2012-2013 ...........................................................................................................26 Annexe B : Profil des patients soumis à une chirurgie bariatrique, par province de résidence, 2012-2013 ........................................................................................27 Annexe C : Volume de chirurgies bariatriques selon le type d’intervention, par province, de 2009-2010 à 2012-2013 ....................................................................................29 Références ...............................................................................................................................30
Chirurgie bariatrique au Canada Remerciements L’ICIS souhaite remercier les nombreuses personnes qui ont contribué à la production du présent rapport. Il n’aurait pu voir le jour sans l’aide et l’appui généreux des membres de notre groupe consultatif d’experts : • Nicolas Christou, M.D., Ph. D., président, Chirurgie perte de poids et professeur de chirurgie, Université McGill • Diane T. Finegood, Ph. D., présidente-directrice générale, Michael Smith Foundation for Health Research et professeure au département de physiologie biomédicale et de kinésiologie, Université Simon Fraser • Yoni Freedhoff, M.D., CCFP, fondateur et directeur médical, Bariatric Medical Institute et professeur adjoint, Université d’Ottawa • John Hagen, M.D., FRCSC, chirurgien en chef et directeur chirurgical, unité de chirurgie bariatrique, Hôpital régional, Humber River • Michaela Sandhu, M. Sc., responsable de la stratégie relative aux services bariatriques, Direction des programmes provinciaux, ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario Notez que les analyses et les conclusions présentées ici ne reflètent pas nécessairement les opinions des personnes ou des organismes mentionnés ci-dessus. L’ICIS souhaite également remercier le Centre for Surgical Invention and Innovation, qui a fourni les renseignements sur le Registre bariatrique de l’Ontario. Les données du registre ont été produites et analysées par le Population Health Research Institute, et le projet a reçu l’appui du ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario. Nous tenons à remercier le personnel de l’ICIS qui a participé au projet, à savoir les membres de l’équipe principale et de l’équipe des Classifications, les gestionnaires des relations avec les clients ainsi que toutes les autres sections de l’ICIS qui ont contribué à l’élaboration du projet. Les membres de l’équipe principale responsables de la rédaction du rapport sont Jessica Burnett, Allie Chen, Dennis Christy, Alexey Dudevich, Josh Fagbemi, Cheryl Gula, Sharon Gushue, Kristen Hart, Sam Herold, Hong Ji, Derek Lefebvre, Michelle Martin-Rhee, Kathleen Morris, Geoff Paltser, Michelle Parker, Rob Ranger et Jeremy Veillard. 4
Chirurgie bariatrique au Canada Sommaire L’obésité touche environ un adulte canadien sur cinq1. Il s’agit d’un important problème de santé publique qui augmente les risques de souffrir d’autres maladies chroniques — comme le diabète de type 2, l’hypertension et l’apnée du sommeil — et l’utilisation des ressources de santé2-6. Les personnes obèses peuvent avoir recours à différentes méthodes pour perdre du poids, comme changer leur mode de vie (modification de l’alimentation et augmentation de l’activité physique), obtenir une aide médicale et subir une chirurgie bariatrique. Les données probantes révèlent que la chirurgie bariatrique peut réduire efficacement et considérablement le poids des personnes souffrant d’obésité sévère et améliorer par conséquent l’état de santé et la qualité de vie4, 7-9. Plusieurs provinces et territoires ont placé l’accès à la chirurgie bariatrique en tête de leurs priorités, en raison notamment de l’inquiétude que soulève la hausse des taux d’obésité au Canada au fil des ans et de l’intérêt que suscite cette chirurgie au sein de la population depuis quelques années. La présente étude, en s’appuyant principalement sur des données administratives de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), se penche sur l’état actuel de la chirurgie bariatrique au Canada et sur divers aspects de l’expérience d’hospitalisation des patients et des résultats des chirurgies. Voici les principales constatations de l’étude : 1. En 2012-2013, environ 6 000 chirurgies bariatriques ont été pratiquées dans les hôpitaux canadiens. C’est quatre fois plus qu’il y a six ans, une hausse attribuable en grande partie à l’augmentation de la capacité en chirurgie bariatrique en Ontario. 2. Le patient type en chirurgie bariatrique est une femme dans la quarantaine qui souffre d’obésité et d’autres maladies chroniques, comme le diabète, l’hypertension et les troubles du sommeil. Ces caractéristiques sont demeurées relativement les mêmes depuis 2006-2007. 3. Dans l’ensemble, 5 % des patients soumis à une chirurgie bariatrique subissent des complications pendant leur hospitalisation pour la chirurgie, et 6 % sont réadmis dans les 30 jours suivant leur sortie. L’étude montre que les taux de complication et de réadmission ont diminué au fil du temps et sont comparables à ceux observés dans d’autres pays. Par ailleurs, le taux de réadmission est similaire à celui observé pour l’ensemble des patients soumis à une chirurgie au Canada (6,5 %). 4. La chirurgie bariatrique est souvent suivie d’une augmentation à court terme de l’utilisation des soins hospitaliers. La chirurgie bariatrique, chez certains patients, a pour effet de modifier sensiblement les habitudes d’utilisation des soins de santé. Dans certains cas, elle peut entraîner des réadmissions ou des soins de suivi directement liés à la chirurgie. Or, elle peut aussi donner lieu à des interventions reportées, comme une arthroplastie ou la réparation d’une hernie, que le patient ne pouvait subir à son poids de départ. La présente étude porte uniquement sur les soins hospitaliers préopératoires et postopératoires. Or, d’autres études ont révélé que la chirurgie peut avoir pour effet de réduire l’utilisation et les coûts des soins de santé sur d’autres plans, comme celui des médicaments d’ordonnance10, 11. 5
Chirurgie bariatrique au Canada Introduction L’obésité est devenue un important problème de santé publique auquel sont confrontés les gouvernements des pays développés12. Au Canada, un adulte sur cinq en souffrirait1. Il existe de nombreuses façons de traiter l’obésité, comme le changement de mode de vie (modification de l’alimentation et augmentation de l’activité physique), l’aide médicale et la chirurgie bariatrique. La présente étude porte plus précisément sur la chirurgie bariatrique dans les hôpitaux canadiens. Le terme « chirurgie bariatrique » est utilisé pour décrire différentes interventions chirurgicales non urgentes visant la perte de poids. La chirurgie bariatrique a pour effet de modifier le tractus gastro-intestinal afin de diminuer la quantité de nourriture pouvant entrer dans l’estomac ou la quantité de nutriments absorbés par l’intestin (malabsorption). Des études montrent que la chirurgie bariatrique, chez les personnes souffrant d’obésité modérée à sévère, constitue une méthode efficace de perte durable de poids4, 9. En effet, elle peut entraîner une perte pouvant atteindre 60 % du poids en excès selon des facteurs comme le type d’intervention et le poids de départ du patient13, 14. Chez de nombreux patients souffrant d’obésité, la chirurgie peut entraîner des bienfaits qui dépassent la perte de poids, dont la disparition de comorbidités (comme le diabète de type 2, l’hypertension et l’apnée du sommeil), l’amélioration de la qualité de vie autodéclarée et la réduction générale du risque de mortalité4, 8, 9. La chirurgie bariatrique, bien qu’elle figure parmi les méthodes les plus efficaces de perte de poids chez les personnes souffrant d’obésité sévère, n’est pas sans présenter des risques. Les taux publiés de mortalité postopératoire varient de 0,1 % à 2 % 15, 16. Les patients peuvent également souffrir d’un large éventail de problèmes découlant de la chirurgie, comme une occlusion intestinale, des ulcères, des calculs biliaires et une formation excessive de tissu cicatriciel. Lorsqu’un cerclage gastrique est pratiqué, la bande (aussi appelée anneau) peut fuir, s’éroder ou glisser, ce qui entraîne des complications. Dans certains cas, le patient peut devoir subir une seconde chirurgie bariatrique pour corriger la première ou comme deuxième étape du processus13. Il importe de souligner que cette chirurgie représente une intervention de perte de poids parmi d’autres, et qu’elle est généralement proposée uniquement lorsque les autres efforts ont échoué. Comme pour tout traitement visant une perte de poids, le patient doit comprendre que pour y arriver, il devra apporter des changements durables à son mode de vie, notamment au chapitre de l’alimentation et de l’activité physique. D’aucuns sont également d’avis que la chirurgie bariatrique est une intervention relativement nouvelle, et qu’il faudrait encore procéder à de vastes études à plus long terme en vue d’évaluer le maintien de la perte de poids et l’amélioration de la qualité de vie chez les patients qui y ont été soumis. 6
Chirurgie bariatrique au Canada Le problème de l’obésité au Canada Selon les données de Statistique Canada, environ un Canadien de 18 ans ou plus sur cinq (18 % des femmes et 19 % des hommes) est considéré comme obèse selon son indice de masse corporelle (IMC) autodéclaré1. C’est là une augmentation par rapport au ratio de 1985 qui atteignait presque un adulte sur 16 (6,2 %)2. Comme les hommes ont tendance à surestimer leur taille, et les femmes, à sous-estimer leur poids17, les estimations fondées sur l’indice de masse corporelle réel indiquent que le taux d’obésité se situerait plutôt autour de 24,1 % chez les adultes canadiens de 18 à 79 ans (soit un sur quatre)18. Une hausse des taux d’obésité a été observée dans de nombreux pays (comme les États-Unis, l’Angleterre, l’Écosse, l’Australie et la Suède19-23) et devrait se poursuivre au moins jusqu’en 202024. Le surpoids et l’obésité commencent également à devenir problématiques dans les pays en développement, des estimations indiquant que le nombre de personnes en surpoids ou obèses aurait presque quadruplé entre 1980 et 2012 au Moyen- Orient, en Amérique latine et en Afrique du Nord25. Les conséquences de l’obésité pour la santé, qui sont largement documentées, incluent un risque accru de souffrir d’hypertension, de diabète de type 2, d’hypercholestérolémie, d’arthrite, de certains cancers, d’apnée du sommeil et de dépression2-6, 26. De plus, des données probantes donnent à penser que les personnes souffrant d’obésité sévère s’exposent à un risque plus élevé de décès prématuré que celles qui affichent un poids santé ou un surpoids. On estime à un sur 10 le nombre de décès prématurés directement liés à l’obésité chez les Canadiens de 20 à 64 ans26. L’obésité a également été associée à un risque accru de dépression, d’anxiété et de faible estime de soi27. En plus de subir des conséquences physiologiques et psychologiques, les personnes obèses sont souvent victimes de stigmatisation et de discrimination, notamment sur le plan de l’accès aux promotions et des revenus qui sont plus faibles que ceux des personnes de poids normal12. Les répercussions financières de l’obésité sont considérables : selon les estimations, les coûts directs et indirects ont oscillé entre 4,6 et 7,1 milliards de dollars par année de 2000 à 20082. Dans de nombreux pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’obésité serait responsable de 1 à 3 % des dépenses totales de santé. Aux États-Unis, cette proportion atteindrait même 5 à 10 % 12. À l’heure actuelle, les lignes directrices de pratique clinique au Canada précisent que la chirurgie bariatrique est indiquée chez les adultes qui ont tenté sans succès de perdre du poids en changeant leur mode de vie et qui affichent • soit un IMC d’au moins 40 kg/m2 (obésité de classe III); • soit un IMC d’au moins 35 kg/m2 (obésité de classe II) et des comorbidités liées à l’obésité26. Ces lignes directrices sont similaires à celles en vigueur dans d’autres pays28-31. Comme des données préliminaires indiquent des résultats positifs chez les patients qui présentent un surplus de poids moins important, certains spécialistes suggèrent désormais d’envisager la chirurgie bariatrique en présence d’un IMC se situant entre 30 kg/m2 et 34,9 kg/m2 (obésité de classe I) et de diabète de type 228. 7
Chirurgie bariatrique au Canada En plus des critères d’admissibilité énoncés plus haut, les lignes directrices précisent que les patients potentiels doivent satisfaire les critères suivants : • avoir pris part à des séances de consultation et à des examens préopératoires; • être mentalement et émotionnellement prêts à subir la chirurgie, et en comprendre les avantages et les limites; • pouvoir compter sur un système de soutien; • être prêts à maintenir toute leur vie le nouveau mode de vie exigé et à effectuer le suivi postopératoire32. Étant donné l’attention que suscite depuis peu la chirurgie bariatrique et l’augmentation des taux d’obésité au pays, la présente étude examine l’état actuel de la chirurgie bariatrique au Canada en répondant aux questions suivantes : 1. Quel est le volume de chirurgies bariatriques au Canada et comment varie-t-il d’une province à l’autre? En quoi a-t-il changé au cours des six dernières années? 2. Quelles sont les stratégies mises en œuvre pour améliorer l’accès à la chirurgie bariatrique chez les patients admissibles au Canada? 3. Quels sont les coûts hospitaliers de la chirurgie bariatrique? 4. Qui subit la chirurgie bariatrique au Canada et quels sont a. les taux de complication et de réadmission? b. les effets sur l’utilisation des services de santé après la chirurgie? Ce qu’il faut savoir : sources de données, sélection des cas et limites de l’étude Sources de données, période et sélection des cas La présente étude s’appuie sur les données de la Base de données sur les congés des patients, de la Base de données sur la morbidité hospitalière et du Système national d’information sur les soins ambulatoires de l’ICIS pour la période 2006-2007 à 2012-2013, et sur celles de l’Alberta Ambulatory Care Reporting System pour la période 2006-2007 à 2009-2010. La période d’étude a été choisie de façon à assurer une couverture complète des données comparables dans les différentes versions de la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes, dixième version, Canada (CIM-10-CA). Elle permet également une analyse préopératoire et postopératoire de l’utilisation des soins de santé. La chirurgie bariatrique a été définie à l’aide des codes de la Classification canadienne des interventions en santé (CCI) et de codes accompagnateurs de la CIM-10-CA qui indiquent la présence d’obésité, plus précisément en présence d’un diagnostic d’obésité E66.^ (peu importe le type de diagnostic) au moment de la sortie, avec intervention non abandonnée classée à 1.NF.78^^ (réparation de réduction, estomac). D’autres renseignements sur la sélection de la cohorte et la méthodologie utilisée pour l’étude sont disponibles sur demande. (suite à la page suivante) 8
Chirurgie bariatrique au Canada Limites de l’étude Les renseignements suivants ont une incidence sur la compréhension et l’interprétation des conclusions de l’étude. Disponibilité des données Certaines données, dont les suivantes, n’étaient pas disponibles et n’ont donc pas été incluses dans l’étude : • les données sur les interventions pratiquées en clinique privée indépendante; • les données sur les interventions pratiquées à l’étranger; • l’IMC des patients; • les données sur les services reçus ailleurs qu’à l’hôpital (comme les orientations ou les suivis postopératoires en établissement de soins primaires). Mises en garde pour l’interprétation des résultats Les patients qui ont subi une chirurgie bariatrique en clinique privée n’ont pas nécessairement le même profil que ceux traités à l’hôpital. Il faut donc faire preuve de prudence avant de généraliser les résultats et de conclure qu’ils représentent tous les patients soumis à une chirurgie bariatrique, ou d’effectuer des comparaisons interprovinciales. Il est possible que les données sous-estiment les comorbidités liées à l’obésité chez les patients qui ont subi une chirurgie bariatrique, en particulier chez ceux admis uniquement pour une chirurgie prévue, sans que le traitement d’une affection sous-jacente soit planifié. État actuel de la chirurgie bariatrique au Canada : volume, accès, coûts et profils des patients La présente section, s’appuyant sur des données hospitalières, contient des renseignements sur le nombre de chirurgies bariatriques pratiquées dans les hôpitaux, les coûts hospitaliers qui y sont associés et les caractéristiques des patients opérés. Elle met également en relief les obstacles liés à l’accès et les différences marquées — au fil du temps et entre les provinces — en ce qui a trait aux types de chirurgies bariatriques et aux méthodes les plus couramment utilisés. Volume de chirurgies bariatriques Près de 6 000 chirurgies bariatriques ont été pratiquées dans les hôpitaux canadiens en 2012-2013, soit presque quatre fois plus qu’en 2006-2007. Au cours de la même période, le nombre d’hôpitaux qui pratiquent cette intervention a lui aussi augmenté, passant de 34 à 46. On estime que 1 000 interventions ont également été pratiquées dans des cliniques privées du Canada en 2012 i. Selon les experts, des Canadiens se rendraient également à l’étranger pour subir à leurs frais une chirurgie bariatrique en clinique privée, mais on ne dispose pas à l’heure actuelle de données complètes sur le nombre de patients qui choisissent cette option. i. Données compilées par l’ICIS à partir de communications avec des cliniques privées. 9
Chirurgie bariatrique au Canada La figure 1 illustre l’augmentation annuelle du nombre de chirurgies bariatriques pratiquées dans les hôpitaux canadiens de 2006-2007 à 2012-2013 dans le cadre d’une chirurgie d’un jour ou d’une hospitalisation. Figure 1 : Volume de chirurgies bariatriques pratiquées dans les hôpitaux canadiens, de 2006-2007 à 2012-2013 Remarque Les chirurgies bariatriques pratiquées dans les hôpitaux ne sont pas toutes couvertes par les régimes d’assurance-maladie provinciaux. Sources Base de données sur les congés des patients, Base de données sur la morbidité hospitalière et Système national d’information sur les soins ambulatoires, 2006-2007 à 2012-2013, Institut canadien d’information sur la santé; Alberta Ambulatory Care Reporting System, 2006-2007 à 2009-2010, Services de santé de l’Alberta. En 2012-2013, la plupart des interventions ont été pratiquées en Ontario (2 846) et au Québec (1 988), les autres provinces affichant des volumes moindres (l’annexe A présente les données détaillées par province). L’Ontario est l’une des provinces ayant connu les taux de croissance les plus élevés pendant la période d’étude. On y pratique aujourd’hui près de la moitié (48 %) de toutes les chirurgies bariatriques en milieu hospitalier au Canada, contre 19 % en 2006-2007. De 2006-2007 à 2012-2013, le nombre d’interventions pratiquées dans la province a presque décuplé, passant de 297 à 2 846. Le volume de chirurgies bariatriques a également augmenté dans d’autres pays. En Australie, le nombre d’interventions est passé d’environ 500 en 1998-1999 à près de 17 000 en 2007-200833. L’Angleterre, la France et la Suède ont également connu des hausses du nombre de chirurgies bariatriques au cours des dernières années34-36. Aux États-Unis, par contre, les taux de chirurgies bariatriques ont augmenté au début des années 2000 pour se stabiliser en 200837. Différents facteurs peuvent influer sur les volumes de chirurgies bariatriques au fil du temps, dont les suivants : • L’augmentation de la couverture offerte par les régimes d’assurance-maladie provinciaux peut avoir pour effet d’éliminer les obstacles financiers à l’accès et susciter un plus grand intérêt pour la chirurgie bariatrique. 10
Chirurgie bariatrique au Canada • L’augmentation du nombre d’hôpitaux ou de cliniques qui pratiquent l’intervention peut améliorer l’accès. • Les progrès réalisés dans les techniques chirurgicales, l’expertise chirurgicale locale et les différents profils de pratiques des médecins traitants peuvent entraîner une hausse du nombre de patients traités36, 37. De plus, l’élargissement éventuel des lignes directrices de pratique clinique en vue d’inclure les personnes qui présentent un surplus de poids moins important pourrait entraîner une augmentation du nombre de personnes admissibles à la chirurgie. Problèmes d’accès à la chirurgie bariatrique Malgré des augmentations récentes au chapitre du financement dans certaines provinces, l’accès à la chirurgie bariatrique au Canada demeure problématique. Selon des données autodéclarées de Statistique Canada, plus de 1,2 million de Canadiens de 18 à 79 ans sont considérés comme obèses de classe II (plus de 830 000 personnes) ou de classe III (plus de 370 000 personnes). La figure 2 présente une estimation du nombre de personnes obèses par province. Environ 2 Canadiens sur 3 (67 %) souffrant d’obésité de classe II ont également déclaré souffrir d’une ou de plusieurs comorbidités (comme le diabète et l’hypertension) et rempliraient possiblement les critères d’admissibilité à la chirurgie bariatrique. Figure 2 : Canadiens souffrant d’obésité de classe II et de classe III, par province, 2007 à 2010 Remarque Selon des données autodéclarées d’adultes de 18 à 79 ans. Source Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, 2007 à 2010, Statistique Canada. 11
Chirurgie bariatrique au Canada L’élargissement des lignes directrices régissant la chirurgie en vue d’inclure les personnes qui affichent un surplus de poids moins important, comme celles souffrant d’obésité de classe I, pourrait entraîner une hausse considérable du nombre de candidats admissibles à la chirurgie. En effet, on estime à 3,1 millions le nombre de Canadiens de 18 à 79 ans qui souffrent d’obésité de classe I. De ce nombre, trois personnes sur cinq déclarent également souffrir d’une ou de plusieurs comorbidités liées à un surpoids. Certaines provinces ont déclaré de longs temps d’attente pour la chirurgie bariatrique couverte par le régime public38, 39. Chaque année, des Canadiens choisissent de payer directement les coûts de leur chirurgie en clinique privée, au Canada ou à l’étranger. L’attente, de l’orientation en chirurgie à la date de l’intervention, peut aller de quelques mois seulement à plusieurs années, selon la province. Selon les experts, un certain nombre de facteurs contribueraient aux temps d’attente pour ce type d’intervention, dont le nombre limité de chirurgiens spécialisés dans les techniques bariatriques, la capacité restreinte des salles d’opération ainsi que le manque de lits postopératoires, de fonds et de priorisation40. De plus, la chirurgie bariatrique étant une intervention non urgente pratiquée par un petit nombre d’hôpitaux spécialisés, certains patients doivent débourser des coûts de déplacement et d’hébergement élevés. Pour remédier à la situation, plusieurs provinces ont mis de l’avant des stratégies d’amélioration de l’accès qui consistent, notamment, à multiplier les efforts pour renforcer la capacité et l’expertise en matière de chirurgie bariatrique, à appuyer les recommandations visant l’établissement de critères de financement consensuels applicables à la chirurgie et aux interventions postopératoires (comme la réduction de la peau), ou à établir des objectifs de temps d’attente. Amélioration de l’accès à la chirurgie bariatrique Au cours des dernières années, plusieurs provinces se sont engagées à améliorer l’accès à la chirurgie bariatrique, mettant sur pied des programmes d’aide aux patients admissibles. Voici quelques exemples tirés des principaux programmes en place au Canada. En 2009, l’Ontario a mis sur pied un programme de traitement bariatrique avec la participation du Réseau bariatrique de l’Ontario, de quatre centres d’excellence répartis dans la province ainsi que de centres régionaux d’évaluation et de traitement. Le nombre d’interventions pratiquées dans la province a plus que triplé depuis 2009. Le programme bariatrique du Québec est également offert par des centres d’excellence répartis dans la province. En 2005, l’Agence d’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé a recommandé à la province de Québec d’accroître considérablement sa capacité en chirurgie bariatrique. Depuis, la province a plus que doublé le nombre d’interventions pratiquées sur son territoire. (suite à la page suivante) 12
Chirurgie bariatrique au Canada D’autres provinces ont également investi grandement dans la chirurgie bariatrique : • En Alberta, la chirurgie bariatrique chez l’adulte est offerte dans le cadre d’un programme de gestion du poids mis en œuvre par des équipes de soins interdisciplinaires établies dans des cliniques bariatriques pour adultes en milieu hospitalier. En 2012-2013, des interventions additionnelles ont été financées dans le cadre d’une initiative ponctuelle de réduction des temps d’attente. • En 2010, Santé Manitoba a lancé un programme pilote d’évaluation des services de chirurgie bariatrique dans la province. Le programme aurait permis de pratiquer plus de 120 interventions de 2010 à 2012 et prévoit atteindre 200 interventions par année par la suite. • En 2012, plus de 500 résidents de la Saskatchewan avaient eu accès au programme de chirurgie bariatrique de la province depuis son lancement en 2009. Le programme, qui peut accueillir de 100 à 125 nouveaux clients par année, offre divers services par l’intermédiaire d’une clinique de consultation externe multidisciplinaire. Coûts de la chirurgie bariatrique Selon les estimations, les répercussions financières de l’obésité sur le système de santé peuvent être considérables. Des études antérieures ont montré que le traitement de l’obésité par la chirurgie bariatrique peut représenter un bon rapport coût-efficacité comparativement à d’autres options14, 41. Le coût de la chirurgie bariatrique couvre de nombreux éléments, comme l’évaluation et les soins préopératoires, la chirurgie ainsi que les soins postopératoires et de suivi. Certains coûts, comme ceux que nécessite le déplacement à l’hôpital où est pratiquée l’intervention ou l’élimination de l’excès de peau après la perte de poids, sont généralement couverts par les patients. Selon les estimations, le coût total d’une chirurgie varie de 14 000 $ à 24 000 $42, 43. Dans le cadre de la présente étude, pour mieux comprendre quelle portion de ces coûts est couverte par des fonds publics ii, la composante hospitalière iii de la chirurgie en 2012-2013 a été estimée à l’aide de la méthodologie de regroupement des maladies analogues (GMA+). Le coût hospitalier total des quelque 6 000 chirurgies bariatriques pratiquées en 2012-2013 s’élève approximativement à 48 millions de dollars (sans compter la rémunération des médecins). Patients en chirurgie bariatrique Bien que le volume de chirurgies bariatriques ait changé considérablement ces dernières années, les caractéristiques des patients sont demeurées relativement les mêmes. En 2012-2013, 80 % des patients soumis à une chirurgie bariatrique étaient des femmes, un pourcentage qui reflète la proportion plus élevée de femmes souffrant d’obésité de classe II (52 %) et de classe III (60 %) dans la population canadienne. Les données révèlent des variations interprovinciales quant à la proportion de femmes qui ont subi une chirurgie, allant de 72 % au Québec à 95 % en Nouvelle-Écosse. L’âge moyen des patients variait de 43 ans au Manitoba à 47 en Colombie-Britannique, pour une moyenne nationale de 45 ans. De plus, la répartition selon l’âge montre que 56 % des patients (près de 6 sur 10) avaient de 30 à 49 ans, cette proportion variant de 43 % en Colombie-Britannique à 75 % à l’Île-du-Prince-Édouard. ii. Les chirurgies bariatriques pratiquées dans les hôpitaux ne sont pas toutes couvertes par les régimes d’assurance-maladie publics. iii. Les coûts hospitaliers calculés à partir de la méthodologie GMA+ excluent la rémunération des médecins et le coût de l’équipement. 13
Chirurgie bariatrique au Canada Il est difficile de savoir si ces variations interprovinciales dans l’âge et le sexe reflètent des différences réelles entre les caractéristiques des populations de personnes obèses ou des différences au chapitre des politiques. Par exemple, le projet pilote au Manitoba était initialement offert aux femmes uniquement44. La figure 3 présente des renseignements sur les caractéristiques des patients qui ont subi une chirurgie bariatrique au Canada. De plus amples renseignements sur les différences interprovinciales se trouvent à l’annexe B. Figure 3 : Caractéristiques des patients qui ont subi une chirurgie bariatrique, 2012-2013 Remarques Les pourcentages ayant été arrondis, leur somme ne correspond pas nécessairement à 100. Il est possible que les données sous-estiment les comorbidités liées à l’obésité chez les patients qui ont subi une chirurgie bariatrique, en particulier chez ceux admis uniquement pour une chirurgie prévue, sans que le traitement d’une condition sous-jacente soit planifié. Sources Base de données sur les congés des patients, Base de données sur la morbidité hospitalière et Système national d’information sur les soins ambulatoires, 2012-2013, Institut canadien d’information sur la santé. 14
Chirurgie bariatrique au Canada Les comorbidités liées à l’obésité les plus couramment documentées chez les patients visés par la présente étude sont les affections épisodiques et paroxystiques, comme l’apnée du sommeil (15 %); l’hypertension (14 %); le diabète de type 2 (13 %). D’autres études ont également montré que l’apnée du sommeil, l’hypertension et le diabète de type 2 sont des comorbidités couramment observables chez les Canadiens souffrant d’obésité2, 3, 6. Trois patients sur quatre (78 %) ayant subi une chirurgie bariatrique vivaient en région urbaine — tout comme 80 % des Canadiens souffrant d’obésité et 80 % de l’ensemble des Canadiens —, une proportion qui varie toutefois selon les provinces. De plus, les patients visés par l’étude étaient plus susceptibles de vivre dans des quartiers à faible revenu. Plus précisément, les patients appartenant au quintile de revenu le moins élevé (22 %) étaient plus nombreux que ceux appartenant au quintile le plus élevé (14 %). Ces constatations sont similaires à celles d’autres études qui révèlent des liens généraux entre pauvreté et obésité35, 45. Variation dans les chirurgies bariatriques En 2012-2013, le pontage gastrique était la chirurgie bariatrique la plus couramment pratiquée dans les hôpitaux canadiens (53 %), suivie de la gastrectomie en manchon (28 %) et du cerclage gastrique (15 %). De 2006-2007 à 2009-2010, le cerclage gastrique et le pontage gastrique représentaient les interventions les plus courantes. Le nombre de pontages gastriques et de gastrectomies en manchon a cependant augmenté de façon marquée depuis 2009-2010, tandis que les autres interventions (comme la diversion biliopancréatique) ont connu un recul. La figure 4 illustre en détail les changements observés dans les types de chirurgies bariatriques pratiquées chaque année dans les hôpitaux canadiens de 2006-2007 à 2012-2013. L’annexe C présente des renseignements détaillés par province. 15
Chirurgie bariatrique au Canada Figure 4 : Évolution du volume des différents types de chirurgies bariatriques pratiquées dans les hôpitaux canadiens, de 2006-2007 à 2012-2013 Remarques Pour les besoins de la figure, cerclage signifie cerclage gastrique, pontage signifie pontage gastrique et manchon signifie gastrectomie en manchon. De nouveaux codes ont été ajoutés à la version 2009 de la CCI pour identifier la gastrectomie en manchon. Les chirurgies bariatriques pratiquées dans les hôpitaux ne sont pas toutes couvertes par les régimes d’assurance-maladie provinciaux. Sources Base de données sur les congés des patients, Base de données sur la morbidité hospitalière et Système national d’information sur les soins ambulatoires, 2006-2007 à 2012-2013, Institut canadien d’information sur la santé; Alberta Ambulatory Care Reporting System, 2006-2007 à 2009-2010, Services de santé de l’Alberta. Ces variations dans les types d’interventions pratiquées ne sont pas exclusives au Canada. On a pu les observer dans d’autres pays, comme l’Angleterre, la France, l’Allemagne et les États-Unis35, 36, 46, 47. Elles peuvent s’expliquer par des études selon lesquelles le pontage gastrique entraînerait de meilleurs résultats, notamment au chapitre de la perte de poids, que d’autres interventions (en particulier les cerclages)48. Des études récentes donnent également à penser que la gastrectomie en manchon procure des résultats similaires au pontage gastrique49. Le recul des taux de diversions biliopancréatiques peut être attribuable à divers facteurs, dont la complexité technique de l’intervention, le nombre restreint de chirurgiens maîtrisant la technique, la durée de l’intervention comparativement à celle d’autres chirurgies bariatriques et les risques plus élevés qui y sont associés. Par ailleurs, la diversion biliopancréatique s’adresse à un sous-groupe de patients obèses exposés à des risques plus élevés, ce qui la rend au départ plus risquée que les autres interventions50. Les experts estiment que le recul du taux de cerclage gastrique s’explique par de plus grands taux d’échec déclaré et par le fait que cette intervention peut nécessiter une chirurgie d’inversion ou de reprise51, 52. 16
Chirurgie bariatrique au Canada Parallèlement à la tendance à la hausse du recours au pontage gastrique au fil du temps, on observe des variations interprovinciales dans les types d’interventions pratiquées. Par exemple, en 2012-2013, le pontage gastrique était l’intervention principale pratiquée en Ontario (88 %), tandis que la gastrectomie en manchon était la plus courante à Terre-Neuve-et-Labrador (98 %) et en Nouvelle-Écosse (92 %). L’annexe C contient de plus amples renseignements à ce sujet. Ces variations interprovinciales peuvent révéler des différences sur le plan des conditions sous- jacentes et du poids de départ des patients, des politiques gouvernementales (comme la couverture du cerclage gastrique), des préférences des patients ou des profils de pratique des médecins. 17
Chirurgie bariatrique au Canada Chirurgies bariatriques couvertes par les régimes d’assurance-maladie provinciaux Les trois chirurgies bariatriques les plus couramment pratiquées au Canada sont le pontage gastrique, la gastrectomie en manchon et le cerclage gastrique ajustable. Des différences sont cependant observables entre les provinces en ce qui a trait à la couverture de ces interventions par les régimes d’assurance-maladie publics. Figure 5 : Variation dans les types courants de chirurgies bariatriques couvertes par les régimes d’assurance-maladie provinciaux et territoriaux, 2012-2013 Remarques L’Île-du-Prince-Édouard couvre les gastrectomies en manchon et les pontages gastriques pratiqués à l’extérieur de la province. Le Nouveau-Brunswick couvre les trois types d’interventions, mais elles ne sont pas toutes pratiquées dans cette province. Au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest, la couverture de la chirurgie bariatrique est généralement déterminée au cas par cas, les patients étant dirigés vers une province affiliée. Le Nunavut ne couvre pas la chirurgie bariatrique. Source Données compilées par l’Institut canadien d’information sur la santé. 18
Chirurgie bariatrique au Canada Variation sur le plan de la méthode chirurgicale Les progrès réalisés dans les instruments chirurgicaux et l’évolution des méthodologies ont permis l’utilisation de techniques minimalement invasives en chirurgie bariatrique. Des études ont montré que les interventions minimalement invasives réduisent la durée de la période de rétablissement et du séjour à l’hôpital, en plus d’être associées à des taux moins élevés de morbidité et de mortalité, tandis que les chirurgies gastriques ouvertes présentent des taux plus élevés de complications et d’infection53. La figure 6 illustre l’augmentation du recours aux chirurgies bariatriques par laparoscopie au Canada. En 2006-2007, près de 7 chirurgies bariatriques sur 10 (65 %) ont été pratiquées par laparoscopie. En 2012-2013, 96 % de toutes les chirurgies bariatriques pratiquées à l’hôpital l’ont été par laparoscopie. En 2012-2013, la durée moyenne du séjour d’un patient hospitalisé pour chirurgie bariatrique était de trois jours, contre quatre en 2006-2007, un recul qui reflète, du moins en partie, la diminution du nombre de chirurgies ouvertes. Figure 6 : Tendance en matière de chirurgies bariatriques ouvertes et par laparoscopie, de 2006-2007 à 2012-2013 Remarque Le total des pourcentages de l’exercice 2012-2013 n’égale pas 100, quelques interventions ayant été pratiquées par d’autres méthodes. Sources Base de données sur les congés des patients, Base de données sur la morbidité hospitalière et Système national d’information sur les soins ambulatoires, 2006-2007 à 2012-2013, Institut canadien d’information sur la santé; Alberta Ambulatory Care Reporting System, 2006-2007 à 2009-2010, Services de santé de l’Alberta. 19
Chirurgie bariatrique au Canada Soins hospitaliers aux patients soumis à une chirurgie bariatrique La section qui suit fait état des complications et des réadmissions suivant une chirurgie bariatrique. Comme toute intervention chirurgicale, la chirurgie bariatrique comporte des risques. La complexité de l’état de santé du patient influe sur les risques auxquels il s’expose54. La section fait également ressortir les écarts dans les modèles d’utilisation des services hospitaliers avant et après la chirurgie bariatrique. Complications En 2012-2013, environ 5,3 % des patients soumis à une chirurgie bariatrique ont connu une complication pendant leur hospitalisation, contre 8,2 % en 2009-2010 iv. Aux fins de la présente étude, une complication est une affection particulière qui se manifeste pendant l’hospitalisation pour chirurgie. Les complications les plus courantes sont le saignement, la perforation et la lacération, l’infection ainsi que les complications mécaniques causées par les dispositifs insérés en raison d’un déplacement, d’une fuite ou d’une perforation v. Les résultats, similaires à ceux d’études antérieures, révèlent des taux de complications plus élevés chez les patients ayant subi un pontage gastrique que chez ceux soumis à un cerclage gastrique14, 55. Cet écart peut s’expliquer en partie par le recours à des techniques chirurgicales différentes, et pourrait témoigner de différences sous-jacentes dans les caractéristiques des patients. De plus, les patients souffrant déjà de maladies digestives et ceux dont la chirurgie visait la reprise d’une intervention précédente affichaient également des taux de complications plus élevés que les autres patients. Réadmissions Au Canada, les réadmissions imprévues dans les hôpitaux de soins de courte durée dans les 30 jours suivant une chirurgie bariatrique sont passées de 9,4 % en 2006-2007 à 6,3 % en 2012-2013 (voir la figure 7). Ce taux est similaire au taux de réadmission de l’ensemble des patients soumis à une chirurgie au Canada (6,5 %)56 et aux taux de réadmission suivant une chirurgie bariatrique d’autres pays. Plus précisément, une étude britannique montre que 8 % des patients ayant subi une chirurgie bariatrique ont été réadmis de façon imprévue dans les 28 jours suivant l’intervention35, tandis qu’une étude américaine indique un taux global de réadmission de 6,5 % dans les 30 jours suivant une chirurgie bariatrique57. iv. Année d’introduction de la version 2009 de la CIM-10-CA. Il n’est pas possible d’effectuer une analyse comparative des complications à partir des versions précédentes. v. Les notes techniques, disponibles sur demande, contiennent le détail de la méthodologie. 20
Chirurgie bariatrique au Canada Figure 7 : Taux de réadmission imprévue en soins de courte durée dans les 30 jours suivant une chirurgie bariatrique, de 2006-2007 à 2012-2013 Remarque La date indice correspond à la date d’obtention du congé de l’hôpital après la chirurgie bariatrique. Sources Base de données sur les congés des patients, Base de données sur la morbidité hospitalière et Système national d’information sur les soins ambulatoires, 2006-2007 à 2012-2013, Institut canadien d’information sur la santé; Alberta Ambulatory Care Reporting System, 2006-2007 à 2009-2010, Services de santé de l’Alberta. Les patients qui ont connu des complications affichaient un taux de réadmission plus élevé à la suite de leur chirurgie, ce qui laisse croire que les complications découlant de la chirurgie sont un indicateur important de la réadmission. En 2012-2013, 14 % des patients soumis à une chirurgie bariatrique qui ont subi des complications à l’hôpital ont été réadmis dans les 30 jours suivant l’intervention. À titre comparatif, seulement 6 % des patients qui n’ont subi aucune complication ont dû être réadmis. Le recul des taux de complications à l’hôpital et de réadmission donne à penser que la réduction des taux de complications à l’hôpital pourrait amener une réduction de la probabilité de réadmission à la suite d’une chirurgie bariatrique. Changements dans l’utilisation des soins de santé L’effet de la chirurgie bariatrique sur l’utilisation éventuelle des soins de santé par les patients est complexe. L’un de ces effets pourrait être une amélioration de l’état de santé général à la suite d’une perte de poids importante. Or une telle perte de poids peut rendre les patients admissibles à des interventions auxquelles ils n’avaient pas accès auparavant. Par exemple, une étude albertaine a révélé que le nombre de visites à l’hôpital était plus élevé dans les deux ans suivant la chirurgie que dans les deux années qui l’ont précédée58. D’autres pays, comme la Suède et les États-Unis, ont déclaré des hausses similaires11, 59. 21
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