CHRISTOPHE HONORÉ Le Ciel de Nantes - REVUE DE PRESSE - Théâtre Vidy-Lausanne
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REVUE DE PRESSE CHRISTOPHE HONORÉ - Le ciel de Nantes PRESSE ÉCRITE Marlène Saldana, la fureur de jouer Scèneweb, Vincent Bouquet | 02.12.21 Le ciel de Nantes de Christophe Honoré Scèneweb, Vincent Bouquet | 03.12.21 Christophe Honoré Les Inrocks , Patrick Sourd | 06.01.21 Christophe Honoré : « Je me sens encore très ado dans ma manière de travailler » Le Monde , Sandrine Blanchard | 16.05.21 Chiara Mastroianni : « Je ne vais pas attendre d’être grand-mère » Le Journal du Dimanche , Alexis Campion | 07.11.21 Lyon 2e. Le Ciel de Nantes, une pièce entre récit intime et réalité sociale au théâtre des Célestins La Tribune de Lyon , Caroline Sicard | 07.11.21 Sous le ciel d’Honoré au Théâtre des Célestins à Lyon Le Tout Lyon | 09.11.21 Le Monde, Fabienne Darge | 11.11.21 Christophe Honoré aux frontières de l’intime SceneWeb.fr, Vincent Bouquet | 11.11.21 Passage à l’acte Libération, Gilles Renault | 13.11.21
«Le Ciel de Nantes» de Christophe Honoré est une ode réjouissante à sa famille dysfonctionnelle Les Inrockuptibles, Patrick Sourd | 15.11.21 «Le réel transparaît plus au théâtre qu’au cinéma« 24 heures, Natacha Rossel | 18.11.21 Honorer sa famille Le Temps, Alexandre Demidoff | 20.11.21 Honorer sa famille La Terrasse, Manuel Piolat Soleymat | 21.11.21 BLOG Christophe Honoré, maître du romanesque et du lyrique Bazart.com, Michelio | 08.11.21 Le Ciel de Nantes, le détonnant album de famille de Christophe Honoré L’oeil d’Olivier | 11.11.21 «Le Ciel de Nantes» Christophe Honoré Culturieuse, Martine Fehlbaum | 22.11.21 AUDIO Christophe Honoré : « Les morts sont nos héritiers plutôt que l’inverse « France Inter, Eva Bester | 31.10.21 Le 7/9 du lundi 08 novembre 2021 France Inter, Nicolas Demorand, Léa Salamé | 08.11.21 Christophe Honoré «L’écriture de scénarios est faite pour être oubliée» France Inter, Arnaud Laporte | 15.11.21 L’invité du 12h30 - Harrison Arévalo présente la pièce «Le Ciel de Nantes» rts, 12h30 | 22.11.21 Pour «Le Ciel de Nantes», Christophe Honoré passe de l’improvisation à la tragédie rts, Vertigo Marlène Saldana et Stéphane Roger | 23.11.21
VIDÉO Pour «Le Ciel de Nantes», Christophe Honoré passe de l’improvisation à la tragédie rts, 19h30, Julie Evard | 22.11.21 Dans la pièce «Le Ciel de Nantes», le comédien français Julien Honoré raconte le destin de sa famille. rts, 12h45, Julie Evard | 22.11.21
Revue de presse Le Ciel de Nantes 17/05/2021 Le Monde Christophe Honoré Le Monde, 16.05.21 Théâtre Vidy Lausanne 4
Revue de presse Le Ciel de Nantes Christophe Honoré Le Journal du Dimanche, 07.11.21 Théâtre Vidy Lausanne 5
Revue de presse Le Ciel de Nantes Christophe Honoré La Tribune de Lyon, 07.11.21 Théâtre Vidy Lausanne 6
Revue de presse Le Ciel de Nantes Christophe Honoré Le Tout Lyon, 09.11.21 Théâtre Vidy Lausanne 7
Revue de presse Le Ciel de Nantes Christophe Honoré Le Monde, 11.11.21 Théâtre Vidy Lausanne 8
Revue de presse Le Ciel de Nantes Christophe Honoré SceneWeb.fr, 11.11.21 Théâtre Vidy Lausanne 9
Revue de presse Le Ciel de Nantes Christophe Honoré Libération, 13.11.21 Théâtre Vidy Lausanne 10
Revue de presse Le Ciel de Nantes Christophe Honoré Les Inrockuptibles, 15.11.21 Théâtre Vidy Lausanne 11
Revue de presse Le Ciel de Nantes Christophe Honoré 24 heures, 18.11.21 Théâtre Vidy Lausanne 12
Théâtre Vidy Lausanne 13
Revue de presse Le Ciel de Nantes Christophe Honoré Le Temps, 20.11.21 SUPPLÉMENT CULTURE & SOCIÉTÉ SAMEDI 20 NOVEMBRE 2021 N° 1217 (IN)CULTURE C’était la dernière séance ◗ En mars 2020, il y a presque une éter- nité tant nos repères temporels ont été chamboulés par des mois de semi-confi- nement, de télétravail et de mesures aussi coercitives que nécessaires, j’évo- quais pour la première fois, dans cette colonne hebdomadaire, le coronavirus. On parlait alors beaucoup du virus, et moins de la maladie qu’il provoque. Depuis, je ne sais combien de chroniques j’ai consacrées au Covid-19 et à ses effets dévastateurs sur l’écosystème culturel. Trop, beaucoup trop, probablement. Trois ans auparavant, en mars 2017, lorsque «(In)culture» faisait son appa- rition dans «Le Temps Week-end», deu- xième cahier de l’édition du samedi, je ne pensais pas être un jour confronté à une fermeture totale des cinémas, musées, salles de spectacle et clubs de musique. Dans cette chronique, j’ai très sou- vent parlé cinéma, et j’ai aussi cité une dizaine de fois David Bowie, car les obsessions sont tenaces. J’ai reçu de nombreux messages de lectrices et lec- teurs, car dès qu’on prend position ou qu’on se dévoile un peu, qu’on évoque ses affinités électives, cela suscite des réac- tions, et ces échanges furent (presque) toujours agréables. En mars 2017, j’avais parlé du succès incroyable d’Ed Sheeran, une pop star qui en apparence n’en est pas une – on a tous un voisin qui lui res- semble. Et je m’étais dit que le jour où je m’arrêterais d’écrire cette colonne, je lui donnerais le titre d’une chanson qui est surtout pour moi celui d’une émission qui a beaucoup compté dans ma forma- tion cinéphilique: La Dernière Séance, donc. «Et le rideau sur l’écran est tombé…» Voilà, le moment est arrivé. Vous lisez en ce moment ma 230e et ultime livraison. J’aurai aussi pu citer, plutôt qu’Eddy Mit- chell, Serge Gainsbourg: «Je suis venu te dire que je m’en vais…» Si ce n’est que non, je ne m’en vais pas, bien au contraire. «Le Temps Week-end», lui, va par contre s’éclipser. Pour laisser place à HONORER une nouvelle formule du second cahier plus généreuse en termes de place, de contenu et de traitements journalis- tiques. Le Covid-19, qui a fragilisé de SA FAMILLE nombreux journaux, avait poussé le sup- plément du samedi à revoir sa pagina- tion à la baisse. Il est aujourd’hui temps, car il semble falloir s’habituer à vivre avec le virus, de faire preuve d’audace THÉÂTRE Le cinéaste et metteur et d’ambition, de ne plus se contenter d’être résilient. ■ en scène Christophe Honoré pré- sente à Lausanne l’autobiogra- STÉPHANE GOBBO (JEANLOUISFERNANDEZ) phique «Ciel de Nantes». Rencontre. t @StephGobbo ● ● ● PAGES 22-23 MONUMENTALES UN MUSICIEN LA SUISSE VUE PAR VISITE À THOMAS PIERRES SCULPTÉES REDÉCOUVERT ARNO CAMENISCH BERNHARD A Zurich, le Musée national suisse A 77 ans, Beverly Glenn-Copeland «La Dernière Neige» paraît L’auteur autrichien adoré et honni a réuni une quarantaine de stèles sort de l’ombre grâce à la réédition en français chez Quidam. Mêlant a laissé derrière lui une œuvre de l’époque néolithique. Une première, d’un album passé inaperçu en 1986. les langues, ce roman savoureux magistrale et trois maisons hantées pour un passionnant voyage Portrait d’un artiste né femme dans et mélancolique raconte la vie par ses personnages. Visite guidée dans le temps. ● PAGE 25 une Amérique conservatrice. ● PAGE 26 d’un village des Grisons. ● PAGE 29 en Haute-Autriche. ● PAGE 32 letemps.ch CONSULTEZ nos critiques littéraires sur notre site www.letemps.ch/theme/livres Théâtre Vidy Lausanne 14 C M Y K
22 OUVERTURE LE TEMPS WEEK-END SAMEDI 20 NOVEMBRE 2021 CHRISTOPHE HONORÉ: «J’AI ÉCRI ALEXANDRE DEMIDOFF t @alexandredmdff Avec «Le Ciel de Nantes», le cinéaste et metteur en COMME ON FAIT TOURNER LES scène français offre une saga bouleversante de liberté, de fantaisie et d’amour, à voir à l’Opéra de Lausanne. Dans le tohu-bohu d’un bistrot, il raconte comment il a ressuscité sa smala infernale ◗ Sa voix bleue d’adolescence. tout cela, ils ont improvisé afin Sa barbe de gardien de phare. d’incorporer ces histoires. Avec Christophe Honoré, 51 ans, offre mon assistante, on filmait les ces jours son Ciel de Nantes, répétitions et le soir je retranscri- l’histoire d’un jeune Christophe vais. Comme pour Les Idoles et cinéaste qui veut ressusciter la Nouveau Roman, on est parvenus smala dingo de son enfance. Pro- à une cinquantaine de séquences duit par le Théâtre de Vidy, pré- possibles, pour n’en garder que 19. senté depuis vendredi à l’Opéra Un travail de montage au fond. de Lausanne, ce spectacle est d’une beauté, d’une drôlerie, Vous inventez une forme d’autofic- d’une liberté déchirantes. tion théâtrale… A 20 ans, je lisais L’autre matin à Paris, au Hervé Guibert, Christine Angot, bar Le Réveil, le réalisateur de Christophe Donner. J’étais Chansons d’amour, de Chambre impressionné par leur sincérité 212, de Plaire, aimer et courir vite et la position de grande vulnéra- raconte cette entreprise qu’il pen- bilité dans laquelle ces auteurs se sait impossible. Dans une salle de mettent. Dans la pièce, je ne me cinéma, sa mère Marie-Do (Julien ménage pas: le jeune Christophe Honoré), sa tante Claudie (Chiara cinéaste est malmené, ridiculisé Mastroianni), sa grand-mère même. Odette (Marlène Saldana), son grand-père horrifique (Harrison Arévalo), s’enflamment comme autrefois. Ils rebattent les cartes «Le soir d’une comédie funèbre et leurs éclats vous habitent longtemps. de la première, Pourquoi ne pas avoir fait un film de j’ai pleuré tout le temps, cette matière familiale? Ce scéna- rio, je l’ai écrit après mon premier film, en 2001-2002. Il avait deux parties de deux heures et demie chacune: la première couvrait les et mes comédiens années 1940 à 1960, la seconde 1960 à 1990. Un producteur m’a se sont bien dit que c’était très bien, mais qu’un tel film coûterait beaucoup moqués de moi» trop cher. Avec le temps, j’ai dû admettre que c’était compliqué pour moi. Je trouvais chaque fois Votre grand-mère adorée vous a mille raisons pour ne pas le faire. rejeté parce qu’elle a lu dans la Je me sentais impuissant à mettre presse que vous étiez homosexuel. en forme cette mémoire-là. A travers «Le Ciel de Nantes», vous lui adressez pourtant une lettre Quel a été le déclic? Le travail sur d’amour… Il serait trop facile et Les Idoles, ce spectacle joué à Vidy ennuyeux d’établir une frontière où dialoguaient Hervé Guibert, entre les méchants et ceux qui Jacques Demy, Serge Daney. Ces sont dans le juste, le bien, la artistes morts du sida, je les avais beauté. Ma grand-mère a plus que élus comme des gens de ma compté pour moi. C’est avec elle famille. Je me suis dit alors que j’ai fait le tour de Nantes à la qu’avec ce groupe de comédiens, recherche de lieux où Jacques dont mon petit frère, Julien, je Demy avait tourné, avec elle que pouvais porter cette mémoire au j’ai découvert le cinéma. C’est elle théâtre. qui m’a fait comprendre que j’ap- partenais à une histoire étrange Mais pourquoi les planches? Pour et qui dépassait mon petit lotis- être honnête, je n’ai pas vocation sement, où nous vivions en sécu- à mettre en scène le théâtre. Je l’ai rité, mes parents et moi. fait quand j’étais lycéen. Mais mon obsession, c’était le cinéma. Je ne Que s’est-il passé? Une de mes voyais pas ce que je pouvais inven- tantes lui a lu des passages d’un ter sur scène. C’est au Festival d’Avignon en 2012, au moment de Nouveau Roman, où j’évoquais des écrivains qui ont compté pour moi, de Samuel Beckett à Robert Pinget, que je me suis aperçu que je pouvais trouver une forme qui me plaisait, qu’il y avait, sur scène, SUR LES PLANCHES LAUSANNOISES, LA RONDE DES BIE un rapport autobiographique envisageable. Non pas sur le mode Sept acteurs superbes documentaire, mais comme on donnent corps au roman de formation d’un jeune fait tourner les tables pour invo- Christophe cinéaste quer les esprits. Qu’avez-vous demandé à vos acteurs ◗ Le soulèvement de ce Ciel de le premier jour de répétition? Il n’y Nantes. Son onde de choc durable. avait pas une ligne de texte écrite Au Théâtre des Célestins, l’autre quand on a commencé en janvier. soir à Lyon, le public a ovationné Mes comédiens ont insisté pour debout cette saga, la transe d’une lire le scénario, je n’ai pas voulu. vie d’autrefois, dans la France de Je leur ai montré des photos de Valéry Giscard d’Estaing et de mes oncles et tantes. Je leur ai François Mitterrand, une France demandé aussi d’apprendre une où les Canaris du FC Nantes L’acteur espèce de généalogie avec des pré- décrochaient le trophée du cham- Youssouf noms qui ne leur disaient rien. Je pion, où on se chamaillait le Abi-Ayad leur ai raconté des épisodes, celui dimanche autour d’un gigot. (à gauche) joue le jeune notamment qui concerne ma Avec ce Ciel de Nantes (Ed. Les Christophe tante Claudie et son hospitalisa- Solitaires intempestifs), Chris- Honoré tion dans un hôpital psychia- tophe Honoré exhume un pays aux prises ici trique. perdu et retrouvé par la grâce d’un avec un texte et d’une troupe formidables. grand-père Quand avez-vous commencé à Il célèbre ses bien-aimés, ses ton- démoniaque, incarné sur écrire? Après tout ce processus où tons flingueurs, ses tatas égarées, les braises par ils ont pu s’entretenir avec mon une grand-mère magnifique mais Harrison Arévalo. frère aîné, avec ma mère qui p é t r i e d e p ré j u gé s . C e tt e (JEAN-LOUIS n’était pas d’accord qu’on déballe anamnèse pourrait sombrer dans FERNANDEZ) C M Y K Théâtre Vidy Lausanne 15
LE TEMPS WEEK-END SAMEDI 20 NOVEMBRE 2021 OUVERTURE 23 «J’AI ÉCRIT SUR MA FAMILLE NER LES TABLES» de mes livres pour enfants où je une famille particulière, très sup, pour devenir ingénieur. parlais du sida dans une famille. petite, avec ma fille et sa mère qui Comme bon élève venant de ce Elle lui a aussi fait part d’inter- n’est pas du tout dans le milieu et milieu, de cette ville-là, il n’y avait views où je parlais de mon homo- avec laquelle je n’ai pas un rapport aucune raison de croire à une vie sexualité. Nous nous appelions amoureux. Nous formons une dans l’art. Du fait de sa dispari- tous les week-ends, ma grand- famille étrange mais réelle. Je tion, un espace de liberté s’est mère et moi. Nous étions 23 trouvais beau que ma fille de ouvert et j’ai pu affirmer mon petits-enfants et j’étais son chou- 16 ans apparaisse dans ce Ciel de homosexualité sans scrupules. chou. Un jour, elle m’a dit que je Nantes. ne devais plus l’appeler. J’ai rap- Il l’aurait mal acceptée… Il était pelé. Elle m’a menacé d’appeler Pour marquer la transmission? Oui, viriliste à sa manière, comme les flics. Et elle ne m’a plus jamais mon héritage est son héritage. l’étaient les hommes à cette reparlé. Ce n’est pas parce qu’il Elle n’a pas connu ces gens-là, ils époque-là. Il fallait faire du sport, s’est passé cela que la tendresse sont tous morts avant qu’elle moi j’étais nul en sport… Surtout, est impossible. L’art permet la naisse. Ce n’est pas rien de donner mon père projetait sur moi que réconciliation. ça à sa fille. Mais ma famille, c’est j’étais comme les membres de sa aussi un groupe d’acteurs. belle-famille, que j’étais fou; sa Avez-vous connu, comme le socio- menace permanente quand j’étais logue Didier Eribon qui le raconte N’est-ce pas un cliché? Non, c’est ado était que j’étais comme ma dans son livre «Retour à Reims», le réel. Avec cette troupe, je touche tante Claudie, qu’on allait m’en- sentiment de honte sociale? Non. à quelque chose qui palpite très fermer. Ces inquiétudes liées à C’est plus cruel que cela. A un fort. Ce qui m’émeut aussi beau- ma soi-disant folie étaient davan- moment, il a fallu admettre que les coup, c’est que Chiara Mas- tage liées à mon homosexualité, miens ne pouvaient pas me suivre troianni, mon double dans tant à sa perception qu’il y avait là là où j’allais, que je ne pouvais pas de films, fait à cette occasion ses quelque chose qui lui échappait. attendre d’eux qu’ils lisent mes débuts au théâtre. Et puis dans ce Mon prochain film fera d’ailleurs livres, qu’ils voient mes films. Ce groupe, il y a mon petit frère, écho au spectacle: l’histoire d’un qui est étrange, c’est que m’est tom- Julien. Je lui ai demandé de jouer ado qui perd son père dans un bée dessus l’étiquette de cinéaste notre mère, vous imaginez les accident. bobo et parisien… Mais je n’ai tourments. On s’est longtemps jamais eu honte de cette famille. disputés sur comment la repré- Vous dites dans la pièce que vous senter. Il s’en sort avec beaucoup êtes le dernier d’une espèce en voie Votre père a voulu vous éloigner de de finesse. de disparition. Etes-vous nostal- ce milieu toxique… C’était un poi- gique? Un peu, forcément. Il n’y a son, en effet, et puis il y a eu une Qu’est-ce qu’une salle de cinéma? plus de place pour les gens de cascade de morts. Mon père L’écrivaine Virginia Woolf a parlé cette famille aujourd’hui. Les décède en 1985 et en moins de dix d’une «chambre à soi». Enfant, «gilets jaunes» témoignent de ce ans, 12 oncles, tantes, cousins sont c’était ma chambre à moi. Quand déclassement. Tout a changé morts. Je me suis dit que si je res- j’allais au Ciné Breiz à Rostrenen, depuis les années 1980, avec tais proche physiquement de cette en Bretagne, j’allais seul, parce internet, la mondialisation, etc. famille, j’y passerais. Il y avait une que j’allais voir des films comme D’où ce sentiment de très grande malédiction, c’est ça qui était ter- Paris, Texas de Wim Wenders que fragilité et cette idée de l’extinc- rible. Il fallait m’échapper. Mais je mes copains ne voulaient pas voir. tion. Le problème, c’est l’idéolo- me sens transfuge de classe, évi- Etudiant à Rennes, j’allais à la fac, gie rance et le discours réaction- demment: c’est pour cette raison puis de 14h à 22h j’étais au cinéma. naire que cette impression peut que je ne suis jamais arrivé à faire Ce lieu où des inconnus se entraîner, ce «redonnez-nous un film sur eux. J’ai l’impression retrouvent pour vivre une forme avant!» que je ne fais que les trahir. de désir était mon refuge, un îlot de rencontres. On regarde les Votre fille a-t-elle vu le spectacle? Il est devenu commun que des gens autour de soi, il y a une proxi- Elle est venue à Paris pendant artistes se réclament de leurs ori- mité charnelle, le rapport entre qu’on faisait un filage. Elle était gines modestes. Ça vous gêne? Je la salle et les toilettes. C’est pour inquiète pour sa grand-mère, elle Au théâtre, déteste ce côté «je viens d’un cette raison que je défends les redoutait que ça soit méchant Christophe Honoré sonde milieu populaire et voyez comme salles obscures. Dans votre salon, pour elle. Elle a été rassurée. Elle la mémoire, j’ai réussi». Je n’aime pas cette il n’y aura jamais cet inconnu avec a l’impression que je lui parle du la sienne et celle idée qu’on n’est pas un artiste lequel vous acceptez de vivre temps des dinosaures. Elle n’évo- d’une génération, bourgeois parce qu’on vient d’une quelque chose de commun et de lue pas dans ce milieu social. de «Nouveau famille populaire. Moi, je vis non partageable. L’idée du chômage, du suicide, elle Roman», en 2012 comme un bourgeois, je suis en est préservée, forcément. Pour au Festival d’Avignon, cinéaste et j’habite dans le XXe Votre père est mort dans un accident elle, c’est comme une espèce de aux «Idoles», arrondissement. J’espère en de voiture alors que vous aviez légende. à Vidy, en 2018. revanche que mes films, mes 15 ans. Votre théâtre est l’espace où (LOIC VENANCE/AFP) livres ou mes spectacles ne sont les morts reprennent la parole. Qu’avez-vous ressenti à la première? pas bourgeois. C’est ça que j’aime Cette sensibilité aux âmes errantes J’ai pleuré tout le temps et mes dans Le Ciel de Nantes, c’est qu’il ne vient-elle pas de ce cataclysme? comédiens se sont bien moqués ne convoque pas un capital cultu- C’est certain. Mon père, qui pré- de moi. Il y a eu l’accueil du public rel comme Les Idoles. Le capital tendait nous protéger de notre tellement chaleureux, la présence culturel ici, c’est Sheila, le FC famille maternelle, est le premier de mes morts. J’ai éprouvé un RONDE DES BIEN-AIMÉS Nantes. Vous avez signé «Guermantes», un mort dans la ronde funèbre. L’ir- ruption du tragique dans ma vie avait un caractère tellement sentiment d’accomplissement dans mon travail de théâtre. On a fait Nouveau Roman, Les Idoles et spectacle et un film d’après «A la insensé que le deuil ne s’est jamais Le Ciel de Nantes, c’est un terri- l’étang de Narcisse, elle vous années 1980 dans la scénographie donc. Odette, la somptueuse Mar- recherche du temps perdu». Marcel fait. C’est peut-être pour cette toire en soi. J’ai livré mon secret entraîne au contraire dans sa de Mathieu Lorry-Dupuy. lène Saldana, monte sur ses Proust vous a-t-il aidé à construire raison que je traîne tant de choses: et maintenant que c’est dit, ça ne ronde. Impossible de ne pas trem- Un Christophe tout jeune (Yous- grands chevaux dans sa cuisine «Le Ciel de Nantes»? Beaucoup, le sentiment de manque et de vio- m’appartient plus complètement. bler, impossible aussi de ne pas souf Abi-Ayad) y débobine un fan- naine. Puig, son second mari, une même si ça peut paraître vani- lence qui m’a saisi quand on m’a rire avec tendresse dans son tasme de cinéaste: retrouver le ordure qui lui a fait huit enfants teux. Il m’a rappelé combien l’évo- annoncé sa mort ne me quitte pas. Quel est le livre que vous offrez aux miroir. visage d’Odette, sa grand-mère, un et détruit son corps, ensorcelle la cation d’un moment à partir Avec ce truc étrange: s’il n’était êtres que vous aimez? La Semaine L’éclat d’une mythologie, comme jour où les Alliés bombardaient tribu comme au premier jour – d’une sensation est puissante. Le pas mort, je ne serais jamais perpétuelle de Laura Vasquez, une disait le sémiologue Roland Bar- Nantes, un jour où elle courait Harrison Arévalo. Marie-Do poste de télévision, le goût de devenu cinéaste. jeune écrivaine de Marseille. Je thes dans les années 1970. Depuis comme un lièvre traqué, un jour (Julien Honoré), la mère de Chris- Ricqlès, cette limonade à la men- suis toujours joyeux quand j’ai Nouveau Roman en 2012, Chris- où elle perdait son premier mari… tophe, glisse sur ces braises the que notre grand-mère nous Pourquoi? Il n’était pas le père le l’impression d’avoir lu quelque tophe Honoré sonde sur scène sa Dans les fauteuils, des ombres se comme une pythie mélancolique. servait, m’ont permis de faire plus ouvert du monde. Pour lui chose que je n’ai jamais lu. Je l’ai mémoire, celle que contiennent froissent. Mais l’une se lève à l’ins- Ce film-là est une boîte noire: remonter le passé et de ne pas faire plaisir, j’allais étudier Math offert à mon petit frère. ■ les livres qui ont enthousiasmé sa tant, c’est l’oncle Roger (Stéphane l’innommable explose soudain à l’envisager dans un rapport chro- jeunesse, les artistes qui l’ont Roger, un volcan, mais tempéré): la figure. Là-dessus, comme un nologique. En plus, je me mets élevé – Jacques Demy, Hervé Gui- «D’où tu sors ça qu’à 3 ans je regar- baume, il y a la chanson de l’oncle dans la même situation que le bert, dans Les Idoles en 2018, à dais les coccinelles sur la tombe Jacquot (Jean-Charles Clichet). narrateur d’A la recherche du Vidy déjà. Comme si pour le de mon père? Il veut me faire pas- Une musique populaire de Joe temps perdu qui dit qu’il n’arrive PUBLICITÉ cinéaste de Chansons d’amour, ser pour un pédé ou quoi?» Dassin. Et c’est Marie-Do, Odette pas à faire ce roman et qu’il n’y passer aux aveux impliquait tou- L’héritier, quand il veut faire art & Cie qui dansent sous un ciel de arrivera jamais. Plus il l’affirme, jours de mobiliser les figures et de ses souvenirs familiaux, est un pluie. Chez Christophe Honoré, plus il le fait. C’est ce qui se passe les objets fétiches d’une époque, traître. C’est sur cette pente que tout est là, dans ces rimes qui cas- dans le spectacle: plus le cinéaste de les faire parler, fidèle à la leçon file la saga. Plus Christophe se cadent via le transistor. Nos sou- prétend ne pas faire de film, plus de la fameuse grand-mère de Mar- prend les pieds dans ses fan- venirs s’y accrochent. C’est dire il se fait à son insu. cel dans A la recherche du temps tômes, plus ils reprennent du poil si le refrain est beau. ■ perdu. La mythologie du Ciel de de la bête. Claudie retrouve sa «Le Ciel de Nantes», Théâtre de Vidy Votre fille apparaît brièvement à Nantes a son berceau naturel dans lumière de cristal – Chiara Mas- hors les murs, Opéra de Lausanne, l’écran. Qu’est-ce qu’une famille une salle de cinéma, vestige des troianni, sur le fil, formidable, du 19 au 23 novembre. pour vous? Elle est mélangée. J’ai C M Y K Théâtre Vidy Lausanne 16
Revue de presse Le Ciel de Nantes Christophe Honoré La Terrasse, 21.11.21 Théâtre Vidy Lausanne 17
Revue de presse Le Ciel de Nantes Christophe Honoré Bazart.com, 08.11.21 Théâtre Vidy Lausanne 18
Revue de presse Le Ciel de Nantes Christophe Honoré L’oeil d’Olivier, 11.11.21 Théâtre Vidy Lausanne 19
Revue de presse Le Ciel de Nantes Christophe Honoré Culturieuse, 22.11.21 Théâtre Vidy Lausanne 20
Revue de presse Le Ciel de Nantes Christophe Honoré France Inter, 05.11.21 https://www.franceinter.fr/emissions/l-embellie/l-embellie-du-dimanche-31-oc- tobre-2021 https://www.franceinter.fr/emissions/l-embellie/l-embellie-du-dimanche-31-octobre-2021 Théâtre Vidy Lausanne 21
Revue de presse Le Ciel de Nantes Christophe Honoré France Inter, 08.11.21 https://www.franceinter.fr/emissions/le-7-9/le-7-9-du-lundi-08-novembre-2021 Théâtre Vidy Lausanne 22
Revue de presse Le Ciel de Nantes Christophe Honoré France Inter, 15.11.21 - Théâtre Vidy Lausanne 23
Revue de presse Le Ciel de Nantes Christophe Honoré rts, 22.11.21 https://www.rts.ch/audio-podcast/2021/audio/l-invite-du-12h30-harrison-arevalo-pre- sente-la-piece-le-ciel-de-nantes-25780575.html Théâtre Vidy Lausanne 24
Revue de presse Le Ciel de Nantes Christophe Honoré France musique, 23.11.21 https://www.francemusique.fr/emissions/l-invite-du-jour/le-metteur-en-scene-et-reali- sateur-de-cinema-christophe-honore-pour-sa-piece-le-ciel-de-nantes-creee-debut-no- vembre-au-theatre-des-celestins-de-lyon Théâtre Vidy Lausanne 25
Revue de presse Le Ciel de Nantes Christophe Honoré Rts, 22.11.21 https://www.rts.ch/info/culture/spectacles/12660587-pour-le-ciel-de-nantes-chris- tophe-honore-passe-de-limprovisation-a-la-tragedie.html Théâtre Vidy Lausanne 26
Revue de presse Le Ciel de Nantes Christophe Honoré Rts, 22.11.21 https://www.rts.ch/play/tv/12h45/video/dans-la-piece-le-ciel-de-nantes-le-comedien- francais-julien-honore-raconte-le-destin-de-sa-famille-?urn=urn:rts:video:12660345 Théâtre Vidy Lausanne 27
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