CINQUIÈME RÉUNION MONDIALE DU FORUM DES PEUPLES AUTOCHTONES AU FIDA - Les 2, 3, 4 et 15 février 2021
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Le présent rapport a été établi par Valeria Galletti, consultante indépendante, sous la supervision de Mattia Prayer Galletti, spécialiste technique principal au sein de la Division environnement, climat, genre et inclusion sociale du Département de la stratégie et des savoirs du FIDA.
CINQUIÈME RÉUNION MONDIALE DU FORUM DES PEUPLES AUTOCHTONES AU FIDA Organisée en marge de la quarante-quatrième session du Conseil des gouverneurs du FIDA Thème: « La valeur des systèmes alimentaires autochtones: résilience dans le contexte de la pandémie de COVID-19 » Les 2, 3, 4 et 15 février 2021
SIGLES ET ACRONYMES ASDI Agence suédoise de coopération internationale au développement CEPALC Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture FILAC Fonds de développement pour les peuples autochtones d’Amérique latine et des Caraïbes GIYC Groupe mondial des jeunes autochtones IPAF Mécanisme d’assistance pour les peuples autochtones ITM Indigenous Terra Madre IWGIA Groupe de travail international pour les affaires autochtones NAAF Native American Agriculture Fund NESFAS North East Slow Food and Agrobiodiversity Society PDTS-VRAEM Développement rural: Projet d’amélioration des services publics pour le développement territorial durable dans les zones d’influence des fleuves Apurímac, Ene et Mantaro TIC technologies de l’information et des communications UNPFII Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones 3
CONTEXTE Institué en 2011, le Forum des peuples autochtones au FIDA est un processus permanent de consultation et de dialogue entre les représentants des institutions et des organisations de peuples autochtones, le FIDA et les pouvoirs publics. La réunion mondiale du Forum se tient en février, tous les deux ans, à l’occasion du Conseil des gouverneurs du FIDA, l’organe décisionnel suprême du Fonds. Grâce à la série de consultations régionales organisées en amont de chacun de ces rassemblements, le Forum reflète la diversité des perspectives et recommandations recueillies auprès des peuples autochtones aux quatre coins du monde. L’ensemble du processus est dirigé par un Comité de pilotage composé de représentants des organisations des peuples autochtones des différentes régions, de représentants de la jeunesse autochtone (un par région) et de trois membres représentant, respectivement, le Conseil du Mécanisme d’assistance pour les peuples autochtones (IPAF), l’Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones (UNPFII) et le FIDA. Le Forum, qui constitue un processus sans équivalent dans le système des Nations Unies, vise à permettre au FIDA de mieux rendre compte de ses opérations, d’améliorer son efficacité au service du développement et d’assumer un rôle moteur parmi les organismes de développement. Il permet aux participants d’évaluer l’action du FIDA aux côtés des peuples autochtones, de mener des consultations sur le développement rural et la réduction de la pauvreté, et de promouvoir la participation des organisations de peuples autochtones aux opérations du FIDA aux niveaux national, régional et international. Ces activités aident le FIDA à mettre en œuvre sa Politique d’engagement aux côtés des peuples autochtones et à en traduire les principes en actions concrètes. Recommandations du Forum 2019 À la dernière réunion mondiale du Forum, en 2019, les représentants des peuples autochtones ont demandé au FIDA d’appuyer les initiatives visant à reconnaître et à protéger leurs droits selon une démarche globale, à valoriser leurs savoirs, à renforcer leur participation aux cycles de projet du FIDA, à intégrer des indicateurs spécifiques de leur bien-être dans les systèmes de suivi évaluation, et à obtenir leur consentement préalable, libre et éclairé dans le cadre des projets appuyés par le Fonds. À la réunion mondiale de 2019, il a également été recommandé que le FIDA aide en priorité les peuples autochtones à accéder à leurs terres, à leurs territoires et à leurs ressources, rattrape le retard dans la réalisation des cibles des objectifs de développement durable pour les peuples autochtones, accroisse les investissements en vue du renforcement des capacités des organisations et des communautés autochtones, et favorise la concertation sur les politiques à l’échelle nationale. Ces recommandations sont particulièrement pertinentes dans le contexte de la mise en œuvre du Cadre stratégique du FIDA 2016-2025, qui, conformément au Programme 2030 et au principe de ne laisser personne de 4
côté, réaffirme l’engagement du Fonds en faveur du développement autonome des peuples autochtones. Les défis auxquels les peuples autochtones continuent de se heurter Néanmoins, cinq ans après le début de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, les peuples autochtones du monde entier n’ont pas seulement été laissés pour compte, mais encore davantage abandonnés. En témoignent la poursuite de l’accaparement généralisé des terres et des ressources des peuples autochtones, la criminalisation des populations autochtones, la progression de la faim et de la pauvreté, la perte des moyens d’existence et du patrimoine culturel, l’augmentation de la violence envers les femmes et les filles autochtones et la montée des inégalités. L’impact de la COVID-19 sur les peuples autochtones La pandémie de COVID-19 aggrave les vulnérabilités existantes et exacerbe les inégalités structurelles sous-jacentes et la discrimination généralisée. Elle accroît les difficultés rencontrées par ces populations pour accéder à la nourriture et à l’eau potable, et perturbe leurs économies locales et traditionnelles. Alors que des mesures de confinement continuent d’être imposées dans de nombreux pays, les communautés autochtones dont les droits fonciers sont bafoués ou qui n’ont pas droit à l’autodétermination sur leurs territoires ne peuvent pas contrôler leur production alimentaire, ce qui les prive de leurs moyens d’existence et réduit leur capacité de subvenir à leurs besoins. Par ailleurs, la fermeture des marchés locaux a empêché la vente et l’achat de nourriture et le troc d’articles de première nécessité, et privé de nombreuses familles autochtones de revenus disponibles. De plus, les dirigeants et militants autochtones sont souvent pris pour cible à la faveur de la désorganisation ou de l’intensification des mesures d’urgence. Le manque d’accès aux services de communication et d’information augmente encore le risque de violations des droits humains. En outre, le manque de données ventilées relatives aux expériences des peuples autochtones dans le contexte de la COVID-19, conjugué à l’absence de services sociaux adéquats dans les communautés autochtones, représente un problème majeur, car il a pour effet d’exclure les peuples autochtones des mesures de prévention et de protection et des programmes de prise en charge dans de nombreux pays. Les peuples autochtones comme moteurs du changement Néanmoins, les peuples autochtones ont mis en place leurs propres solutions face à la pandémie. Leur mode de vie, leurs systèmes alimentaires, leur culture et leur lien avec leurs terres sont une source importante de résilience face à la COVID-19. Mettant à profit leurs pratiques et savoirs traditionnels, ils ont mis en œuvre des stratégies d’isolement volontaire, confiné leurs territoires et pris des mesures de prévention dans leurs propres langues, afin de maintenir leurs communautés en vie. 5
Comme l’a indiqué le Président du FIDA, les peuples autochtones et leurs savoirs uniques sont essentiels à la lutte contre la COVID-19. En particulier, les peuples autochtones du monde entier ont des systèmes alimentaires uniques, ancrés dans des pratiques de subsistance durables et adaptés aux écosystèmes spécifiques des territoires. Au fil des générations, ces moyens d’existence ont assuré la souveraineté alimentaire et le bien-être des communautés autochtones, et contribué à la préservation de la biodiversité ainsi qu’au développement durable. Par conséquent, les systèmes alimentaires autochtones offrent une mine de connaissances et d’expériences qui, lorsqu’elles bénéficient d’un appui adéquat, peuvent contribuer au mieux-être de toute l’humanité. En 2021 aura lieu le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, qui sera l’occasion de mobiliser la communauté internationale en vue de la transformation des modes de production et de consommation alimentaires à l’échelle mondiale. Le Sommet viendra également souligner l’importance des systèmes alimentaires autochtones, leur valeur en matière de durabilité, d’équité et de sécurité alimentaire, ainsi que leur lien avec les ressources naturelles, l’énergie, la culture, l’économie et l’action politique des peuples autochtones. C’est dans ce contexte particulier, empreint de défis, mais aussi de possibilités de changement, que les participants à la cinquième réunion mondiale du Forum des peuples autochtones ont examiné de nouveaux leviers de partenariat entre le FIDA et les peuples autochtones. PRÉPARATION DE LA RÉUNION MONDIALE DU FORUM 2021: RÉUNIONS DE CONSULTATION AU NIVEAU RÉGIONAL ET SOUS RÉGIONAL À la fin de l’année 2020, des réunions de consultation ont été organisées au niveau régional et sous-régional en Afrique, en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbes, ainsi que dans le Pacifique, en vue de préparer la cinquième réunion mondiale du Forum des peuples autochtones au FIDA. Le format virtuel a permis d’étendre la participation et la mobilisation des peuples autochtones, en rassemblant plus de 540 représentants d’organisations, d’institutions et de communautés de peuples autochtones, des représentants de projets financés par le FIDA, des membres de l’UNPFII, des partenaires de l’IPAF et des participants de projets financés par l’IPAF, des membres du personnel du FIDA, ainsi que des partenaires de développement (en qualité qu’observateurs). Toutes les réunions de consultation ont été organisées par des organisations autochtones (voir encadré 1) en coopération avec les bureaux de pays et des membres du personnel du FIDA, ainsi que le Groupe de travail international pour les affaires autochtones (IWGIA). 6
Dans le cadre du thème du Forum, les objectifs des réunions étaient les suivants: i) échanger des savoirs, des expériences et des bonnes pratiques en lien avec le thème principal du Forum; ii) déterminer les difficultés et les possibilités en matière d’appui aux peuples autochtones et à leurs moyens d’existence pendant la pandémie de COVID-19; iii) formuler des recommandations concrètes pour accroître l’impact de l’appui apporté par le FIDA aux populations autochtones; iv) discuter et convenir des contributions possibles des peuples autochtones au Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires. Les réunions ont également permis aux participants d’évaluer les progrès accomplis dans l’application de la Politique d’engagement du FIDA aux côtés des peuples autochtones et de faire le point sur la mise en œuvre des recommandations issues de la quatrième réunion mondiale et des plans d’action régionaux convenus avec les divisions régionales du FIDA en 2019. En outre, ils ont examiné les candidatures soumises au titre du Prix 2021 pour les peuples autochtones, une distinction créée par le FIDA pour mettre à l’honneur les efforts et les résultats des projets de développement en faveur des peuples autochtones et des minorités ethniques vivant dans les zones rurales. Sur la base des échanges menés, les ateliers régionaux ont permis de formuler des suggestions et des recommandations concrètes en lien avec le thème du Forum, qui ont ensuite été présentées à la réunion mondiale. Encadré 1: Les réunions de consultation Afrique (réunions organisées par l’Organisation de développement intégré des pasteurs de Mainyoito – MPIDO) • Deux réunions régionales: visant les pays anglophones et francophones, tenues les 5 et 7 novembre 2020, respectivement Asie réunions organisées par le Pacte des peuples autochtones d’Asie – AIPP) • Une réunion régionale: 26 novembre 2020 • Trois réunions sous-régionales: Asie du Sud-Est, Asie du Sud, région du Mékong (18 au 20 novembre 2020) • Une réunion en lien avec l’IPAF: 17 novembre 2020 Amérique latine et Caraïbes (réunions organisées par le Fonds de développement pour les peuples autochtones d’Amérique latine et des Caraïbes – FILAC) • Une réunion régionale: 22 octobre 2020 • Cinq réunions sous-régionales: Caraïbes, Amérique centrale, région andine, région amazonienne, Cône Sud (5 au 15 octobre 2020) Pacifique (réunion organisée par les Partenaires dans le développement communautaire aux Fidji – PCDF) • Une réunion régionale: 14-16 octobre 2020 Pour consulter le rapport de synthèse des réunions de consultation régionales, cliquer ici. 7
LE FORUM DES PEUPLES FAITS MARQUANTS DE AUTOCHTONES LA CINQUIÈME RÉUNION EN CHIFFRES MONDIALE DU FORUM La réunion mondiale La cinquième réunion mondiale du Forum des 150 700 peuples autochtones s’est tenue à distance les 2, 3, 4 et 15 février 2021, en marge de la quarante-quatrième session DÉLÉGUÉS PARTICIPANTS du Conseil des gouverneurs du FIDA. DES PEUPLES AUTOCHTONES Cet événement a réuni 150 représentants de peuples 321 participants en ligne autochtones issus de 73 groupes autochtones1, venant représentant 73 groupes + 372 spectateurs en direct autochtones via YouTube d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes, d’Asie et du Pacifique pour échanger des vues sur l’évolution de leur 75 INTERVENANTS 9 MANIFESTATIONS durant la réunion mondiale PARALLÈLES partenariat avec le FIDA. et la Semaine des peuples suivies par plus de Des représentants d’organisations partenaires autochtones 900 personnes telles que des ONG, des fondations, des organisations Réunions de consultation régionales internationales, des organismes des Nations Unies, des et sous régionales instituts de recherche et des universités ont assisté à la + DE 500 PARTICIPANTS réunion en qualité d’observateurs ou en intervenant lors de manifestations parallèles et durant la Semaine des Afrique: 90; Asie: 161; Amérique latine et Caraïbes: 272; peuples autochtones. Pacifique: 33 En tout, 700 personnes ont assisté au Forum, dont plus de 370 en direct sur YouTube. Illustration 1: Le Forum en chiffres OUVERTURE DU FORUM Le Forum a débuté par une cérémonie spirituelle autochtone conduite en quechua par M. Antonio Casilla, de la province de Bautista Saavedra dans l’État plurinational de Bolivie. L’allocution de bienvenue a été prononcée par Mme Marie Haga, Vice-Présidente adjointe responsable du Département des relations extérieures et de la gouvernance du FIDA. Mme Haga a rappelé aux participants les conséquences de la pandémie en soulignant à quel point les peuples autochtones avaient été touchés. Malgré les difficultés liées au fait que le Forum a dû être organisé à distance, elle a félicité le Comité de pilotage du Forum d’avoir contribué à la réussite de l’événement, qui a attiré cinq fois plus de participants que l’édition précédente. En tant que championne des peuples autochtones au nom de la haute direction du FIDA, Mme Haga s’est félicitée des réalisations accomplies par les peuples autochtones aux côtés du FIDA, louant la solidité, la confiance et le respect mutuel qui caractérisent ce partenariat. Elle a également souligné le rôle que sont appelés à jouer les représentants du FIDA et des peuples autochtones au prochain Sommet sur les 1 Pour consulter la liste complète des participants, cliquer ici. 8
systèmes alimentaires, en particulier les membres du Comité de pilotage du Forum (Mme Myrna Cunningham est membre du Comité consultatif du Sommet et Mme Mai Thin Yu Mon collabore avec le FIDA sur la piste d’action nº 4, dont elle est l’une des deux vice-présidentes). La réunion mondiale a été officiellement inaugurée par le Président du FIDA, M. Gilbert Houngbo. Le Président a rappelé que la cinquième réunion mondiale du Forum était une étape importante du partenariat entre le FIDA et les peuples autochtones, car elle marquait le dixième anniversaire de la première réunion du Forum. Il a insisté sur la spécificité du Forum, qui est organisé par le FIDA mais impulsé par les peuples autochtones, et a souligné combien les perspectives et les approches de développement des peuples autochtones évoquées lors des éditions précédentes du Forum avaient été enrichissantes pour le FIDA. Le Président a réaffirmé la volonté du FIDA de lutter pour un monde libéré de la pauvreté et de la faim en joignant ses forces à celles des peuples autochtones, qui sont à la fois des partenaires de développement, des gardiens de la nature et les détenteurs d’une mine de savoirs traditionnels dans le monde entier. En parallèle, M. Houngbo a fait valoir que la collaboration avec les peuples autochtones supposait un engagement à garantir la justice sociale et à ne laisser personne de côté. Si la COVID-19 a bouleversé l’existence de millions de personnes dans le monde, « cette maladie nous pousse également à trouver des moyens de vivre plus harmonieusement avec la nature », a-t-il déclaré. « L’intégration des savoirs et des pratiques autochtones dans les systèmes alimentaires mondiaux peut apporter des solutions novatrices et créatives aux difficultés que nous rencontrons, notamment en ce qui concerne les changements climatiques. Cela permettra de mettre fin aux pratiques néfastes qui nuisent aux peuples autochtones et à la nature. » Le Président a rappelé que, dans cet esprit d’apprentissage, le FIDA avait lancé en juillet 2020 le premier appel à candidatures relatif au Prix pour les peuples autochtones. Ce prix vise à promouvoir les meilleures pratiques en matière de concertation avec les peuples autochtones pour encourager le partage des connaissances et recenser les possibilités de reproduire les résultats obtenus à plus grande échelle. Selon le Président, « les savoirs, les pratiques agricoles durables, la gestion de l’environnement et le rôle prépondérant des femmes chez les peuples autochtones ont toute leur place dans le Programme 2030 ». Il a conclu en soulignant que les idées et perspectives qui seraient échangées à la réunion mondiale seraient extrêmement utiles pour façonner le partenariat avec le FIDA lors des deux prochaines années, apporter une précieuse contribution au Sommet sur les systèmes alimentaires et réaliser le Programme 2030. Dans leurs observations liminaires, les membres du Comité de pilotage du Forum ont mis l’accent sur les résultats obtenus dans le cadre du partenariat entre les peuples autochtones et le FIDA, et se sont grandement félicités de l’engagement et de l’appui du FIDA au fil des années. En particulier, Mme Mane Yun (conseillère technique à l’Organisation cambodgienne des peuples autochtones [CIPO], Cambodge) et 9
Un Pijao jette un filet de M. Jesus Amadeo Martinez Guzman (membre du Bureau du Conseil autochtone pêche dans un affluent du Rio Magdalena (IPAF, Colombie). d’Amérique centrale [CICA], El Salvador) ont exprimé leur gratitude au personnel @ FIDA/Machael Benanav et à la direction du FIDA, du siège aux bureaux régionaux et de pays, pour les efforts déployés en vue d’inclure les peuples autochtones dans les projets de développement financés par le FIDA et de faciliter le dialogue avec les gouvernements, ainsi que pour leur travail et leur dévouement au service des peuples autochtones. Mme Yun a souligné le caractère unique du Forum, qui offre un espace de dialogue essentiel et qui constitue l’un des meilleurs modèles pour aider les peuples autochtones à conduire des processus de développement fondés sur leur propre vision et leurs propres pratiques. Mme Margaret Tunda Lepore (Sentinelle Slow Food sur les moutons Red Masai au Kenya et membre du conseil consultatif d’Indigenous Terra Madre [ITM] pour l’Afrique, Kenya) a abondé dans ce sens, saluant les résultats obtenus grâce à des dons du FIDA en Afrique et émettant le souhait que ce partenariat soit renforcé en 2021 et au-delà. Elle a particulièrement insisté sur la nécessité de soutenir les peuples autochtones dans le contexte de la pandémie de COVID-19, qui fait peser de graves menaces sur les économies autochtones, déjà confrontées à de nombreuses difficultés liées notamment aux changements climatiques et au régime foncier. Elle a déclaré que la pandémie « avait encore accentué la vulnérabilité et la marginalisation des peuples autochtones ». M. Ulaiasi Baya (consultant, Customary Land Solutions, Fidji) a lui aussi pointé les conséquences de la COVID-19 sur les communautés autochtones, exhortant le FIDA et les partenaires de développement à renforcer le partenariat avec les peuples autochtones et à leur fournir les ressources et l’expertise technique nécessaires pour qu’ils puissent gagner en autonomie, réduire leur pauvreté, accroître leur sécurité 10
alimentaire, améliorer leur nutrition et renforcer leur résilience, en vue de surmonter les graves difficultés auxquelles ils font face dans le contexte de la pandémie. M. Phoolman Chaudhary (membre de l’UNPFII) a souligné la pertinence des systèmes alimentaires autochtones, qui sont une composante essentielle des savoirs traditionnels des peuples autochtones, intrinsèquement liés à la terre, à la forêt, aux ressources naturelles et aux pratiques traditionnelles et modes de gouvernance liés aux écosystèmes. Il a également rappelé combien il était important que les gouvernements s’acquittent de leurs obligations internationales en matière de droits humains, en particulier à l’égard des peuples autochtones, qui sont fortement touchés par la pauvreté, la discrimination systématique et l’exclusion des décisions politiques, sociales et économiques dans toutes les régions du monde. Après les déclarations liminaires des membres du Comité de pilotage, Sa Sainteté le Pape François a adressé aux participants du Forum un message vidéo lu par Mgr Fernando Chica Arellano, observateur permanent du Saint-Siège auprès des organismes des Nations Unies chargés des questions d’alimentation et d’agriculture ayant leur siège à Rome (voir encadré 2). Encadré 2: Message vidéo de Sa Sainteté le Pape François (lu par Mgr Fernando Chica Arellano) « Chers représentants des peuples autochtones, Vous pouvez compter, une fois de plus, sur ma présence à vos côtés et sur l’engagement de l’Église à vous accompagner dans votre cheminement, avec la conviction commune que la mondialisation ne doit pas engendrer une uniformité qui ignore la diversité et instaure un nouveau colonialisme. Le défi consiste plutôt à créer des alternatives à partir d’un espace de solidarité pour que personne ne se sente exclu, sans dicter péremptoirement une direction unique qui serait la seule voie à suivre. Au contraire, nous savons bien que la communion entre les peuples ressuscite et s’épanouit lorsque les diversités se mêlent et s’enrichissent mutuellement. Pour cela, il convient de promouvoir un modèle de développement qui ne fasse pas de la consommation un moyen et une fin en soi, mais qui tienne véritablement compte de l’environnement et privilégie l’écoute, l’apprentissage et le respect. Il s’agit là d’une conception universelle de l’écologie, dans laquelle la justice sociale va de pair avec la protection de la planète. Ce n’est qu’en faisant preuve d’humilité d’esprit que nous pourrons éliminer la faim et édifier une société fondée sur des valeurs durables qui ne sont pas le fruit de tendances unilatérales et passagères, mais de la justice et de la bonté. Je suis persuadé que votre travail lors du Forum sera généreusement récompensé, et qu’il exprimera l’amour du monde que nous souhaitons construire ensemble et laisser aux générations futures – un trésor et non un amas d’immondices et de ruines. Pour y parvenir, prêtons donc attention aux choses qui bénéficient à chacun d’entre nous, aux choses qui nous permettront de traverser ce monde en prodiguant l’altruisme et la générosité – en échappant aux souffrances de l’immanence terrestre, à la désolation du vide spirituel, à la paralysie du nombrilisme et à la tristesse de l’individualisme. Inspiré par ces sentiments, je demande à Dieu de bénir vos communautés et à tous les collaborateurs du FIDA d’aider les peuples vivant dans les régions les plus défavorisées de notre planète, dans la grâce de la beauté inhérente à un mode de vie en symbiose avec la nature, l’œuvre de notre Seigneur. » 11
Dans son discours, Mme Janie Simms Hipp (citoyenne de la nation chicacha et directrice générale du Native American Agriculture Fund [NAAF], États-Unis d’Amérique) a raconté aux participants du Forum l’histoire de la nation Chicacha, expulsée de sa terre patrie à la fin du XIXe siècle. Elle a parlé du NAAF, créé après quasiment 20 ans de litige contre le Gouvernement fédéral pour obtenir un capital de démarrage en vue d’acheter des terres, des équipements, du bétail et tous les outils nécessaires à un bon développement agricole. L’accord trouvé a permis de créer un fonds d’affectation spéciale assorti d’une dotation de 270 millions d’USD à utiliser d’ici à 2038 pour financer la formation agricole, l’aide aux entreprises, le support technique et les activités de plaidoyer. Plus de 200 projets communautaires ont été financés dans tout le pays, au profit de plus de 250 des 574 tribus reconnues au niveau fédéral aux États-Unis d’Amérique, plusieurs groupes autochtones reconnus par les États, ainsi que des populations autochtones d’Hawaï et de l’Alaska. Mme Hipp a souligné le fait que les communautés autochtones avaient été particulièrement touchées au début de la pandémie de COVID-19 en raison de l’absence de matériel de base en matière de prévention et d’assainissement, du manque de personnel hospitalier et de la fermeture des commerces et des services publics. Néanmoins, elles se sont aussitôt organisées pour agir, avec l’appui du NAAF. Ainsi, des sites de distribution alimentaire ont été mis en place dans les écoles, des chefs autochtones ont transformé leur restaurant en cantine pour nourrir les membres de leur communauté, certaines fermes et exploitations ont ouvert leurs portes au public pour permettre la cueillette sur place dans les meilleures conditions, et des services ont été instaurés pour livrer de la viande transformée à domicile et en mains propres. Elle a également souligné qu’au-delà des différences les peuples autochtones partageaient des préoccupations, désirs et espoirs fondamentaux pour l’avenir. Les communautés aspirent notamment à assurer leur sécurité et leur prospérité, à renforcer leur résilience face aux défis posés par la pandémie de COVID-19, à ne pas subir de nouvelles injustices raciales ou ethniques, à accéder au capital, aux infrastructures, à la propriété foncière et aux ressources naturelles, ainsi qu’à mettre en place des systèmes alimentaires autochtones solides, durables et résilients. Mme Hipp a rappelé l’importance d’établir des liens avec d’autres organisations de peuples autochtones ainsi qu’avec des organismes tels que le FIDA, et de trouver des moyens d’unir nos efforts, car « nous serons toujours plus forts ensemble ». Après que l’ordre du jour de la réunion mondiale a été examiné et approuvé, la session d’ouverture a été clôturée par la diffusion d’une vidéo sur le dixième anniversaire du Forum des peuples autochtones au FIDA. 12
PARTENARIAT ENTRE LE FIDA ET LES PEUPLES AUTOCHTONES: TENDANCES ET FAITS RÉCENTS Partenariat en action Comme lors des précédentes réunions mondiales du Forum des peuples Projet de l’IPAF: Améliorer autochtones, le FIDA a présenté un rapport visant à analyser les tendances et les moyens de subsistance nouveautés dans son partenariat avec les peuples autochtones pour la période des tribus ulu gumum jakun orang asli grâce biennale concernée (2019-2020), à faire le bilan des diverses initiatives menées aux à la diversification, aux entreprises sociales et côtés des communautés, à examiner les modalités des partenariats en cours et à à l’agriculture durable mettre en lumière les réalisations et les réussites exemplaires. (Malaisie) @ FIDA/Francesco Cabras M. Mattia Prayer Galletti (spécialiste technique en chef des questions relatives aux peuples autochtones et des questions tribales, FIDA) a notamment décrit les progrès réalisés au regard des recommandations formulées à la quatrième réunion mondiale. Vingt nouveaux projets d’investissement ont été approuvés durant la période biennale par le Conseil d’administration du FIDA, pour un financement total d’environ 285 millions d’USD2, en vue d’appuyer les initiatives menées par les organisations, institutions et communautés autochtones. Un montant supplémentaire de 9 millions d’USD a été alloué pour financer six dons aux niveaux national, régional et mondial incluant des peuples autochtones parmi le groupe cible3. Ces projets ont été conçus en totale conformité avec les neuf principes d’action énoncés dans la Politique d’engagement du FIDA aux côtés des peuples autochtones, qui incluent le respect du développement autonome et l’application du principe de consentement préalable, libre et éclairé. Plusieurs activités ont également été conduites pour assurer la participation pleine et effective des peuples autochtones à la conception, à la mise en œuvre et au suivi-évaluation des stratégies et 2 Pays couverts: Brésil, Cambodge, Chine, Équateur, Érythrée, Éthiopie, Gabon, Inde, Indonésie, Kenya, Népal, Niger, Pakistan, Pérou, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République démocratique populaire lao, Soudan, Sri Lanka et Tonga. 3 Les dons au niveau des pays concernaient les Îles Salomon, l’Indonésie et le Népal. L’un de ces dons a été octroyé au titre du guichet mondial, tandis qu’un don régional concernait la région Asie et Pacifique. 13
Projet de développement des communautés pastorales (Éthiopie) @ FIDA/FAO/WFP/ Michael Tewelde programmes du FIDA, conformément aux plans d’action régionaux du Forum pour 2019-2020. Ceux-ci prévoient la participation des peuples autochtones à la préparation ou à l’examen des stratégies de pays du FIDA, leur consultation pendant la conception ou l’exécution des projets, leur contribution à la formulation des politiques de pays, la diffusion de la politique du FIDA, la documentation des bonnes pratiques, l’intervention de personnes autochtones en tant que spécialistes dans certaines missions, et la collecte de données ventilées sur les peuples autochtones dans les systèmes de suivi-évaluation. En outre, le FIDA a mis à jour et enrichi son registre d’experts autochtones à solliciter dans le cadre d’initiatives appuyées par le Fonds au niveau des pays, et a élaboré de nouvelles directives sur les Procédures d’évaluation sociale, environnementale et climatique, assorties de normes spécifiques relatives aux peuples autochtones et au règlement des plaintes. En ce qui concerne l’IPAF, 159 projets d’une valeur de 5,1 millions d’USD ont été financés dans plus de 45 pays afin d’accompagner le développement autonome des peuples autochtones dans le cadre des cinq appels mondiaux lancés à ce jour. Plus de 120 000 personnes ont bénéficié de ce dispositif. Le sixième appel, qui sera lancé en 2021, bénéficiera de fonds supplémentaires alloués par l’Agence suédoise de coopération internationale au développement (ASDI). Le FIDA s’est également employé à promouvoir et à faciliter le partage des savoirs entre les peuples autochtones, notamment en lançant le premier appel à candidatures dans le cadre du Prix pour les peuples autochtones, en élaborant une brochure sur les bonnes pratiques issues des projets financés par le FIDA et le Mécanisme d’assistance pour les peuples autochtones, et en appuyant le réseau Terra Madre pour aider les communautés autochtones à participer activement au débat mondial sur l’alimentation et la culture. De même, le FIDA a amélioré la documentation des savoirs autochtones en actualisant régulièrement ses bases de données et ses plateformes avec des contenus liés aux projets et pertinents pour les peuples autochtones. 14
Au cours de cette période biennale, des progrès notables ont également été réalisés en matière de concertation sur les politiques entre les peuples autochtones, les États et le système des Nations Unies au niveau national et régional en vue d’assurer la promotion et la protection des droits des peuples autochtones. Le FIDA a encouragé la participation directe des délégués des peuples autochtones aux activités des institutions et instances pertinentes4. Malgré les progrès accomplis, des efforts supplémentaires doivent être faits dans certains domaines prioritaires, notamment en ce qui concerne la nécessité de protéger les terres, les territoires et les ressources des peuples autochtones, la reproduction à plus grande échelle des bonnes pratiques du FIDA et de l’IPAF, la facilitation de la concertation sur les politiques aux niveaux national et régional, ainsi que la consignation des savoirs autochtones. En 2020, l’équipe chargée des peuples autochtones au sein du FIDA a élaboré un plan d’action axé sur quatre domaines clés assortis de résultats à atteindre. Par ailleurs, entre 2021 et 2022, le FIDA s’est engagé à prendre des mesures fortes pour renforcer l’inclusion des peuples autochtones dans le cycle de la Douzième Illustration 2: Plan d’action du FIDA en faveur des reconstitution des ressources du FIDA (FIDA12) (voir illustration 2 ci-dessous). peuples autochtones Principaux domaines Principaux objectifs pour 2021 d’action • Appuyer les programmes de pays du FIDA et l’exécution de la • Diffusion de la politique du FIDA politique du FIDA • Formation sur le consentement • Renforcer les capacités d’exécution préalable, libre et éclairé • Gestion des savoirs basée sur des données factuelles, • Académie rurale sur les peuples participation à l’élaboration des politiques et plaidoyer autochtones (avec l’OIT et la FAO) • Partenariats stratégiques et mobilisation des ressources • Bonnes pratiques concernant l’action aux côtés des peuples autochtones Engagements au titre de Fida12 (projets FIDA et IPAF) (2022-2024) • Mesures consécutives aux • Nouvelle stratégie sur la biodiversité soumise au Conseil recommandations du Forum d’administration • Mesures consécutives aux • Nouvelle politique d’engagement du FIDA aux côtés des peuples nouveaux plans d’action régionaux autochtones soumise au Conseil d’administration • Reconstitution des ressources de l’IPAF, notamment par la mobilisation de nouvelles ressources • ASAP+/renforcer l’accent mis pour faire face aux effets des changements climatiques sur la sécurité alimentaire 4 À savoir l’UNPFII, le Forum politique de haut niveau des Nations Unies pour le développement durable, le Grand Groupe des peuples autochtones pour le développement durable, le Groupe mondial des jeunes autochtones, le Prix mondial de l’alimentation, le Comité de la sécurité alimentaire mondiale et le Barilla Center for Food and Nutrition. 15
AFRIQUE AMÉRIQUE ASIE ET LATINE ET PACIFIQUE 11 projets sélectionnés (Cameroun, CARAÏBES 12 projets sélectionnés (Bangladesh, Congo, Ghana, Kenya, Maroc, Cambodge, Fidji, Inde, Indonésie, Ouganda, République démocratique 11 projets sélectionnés (Argentine, Népal, Pakistan, Philippines, du Congo, République-Unie de Bolivie, Chili, Colombie, El Salvador, Thaïlande, Vanuatu) Tanzanie) impliquant 8 organisations Équateur, Guatemala, Guyana, menées par des femmes et Mexique, Paraguay, Pérou) Plus de 15 900 bénéficiaires 1 organisation menée par des jeunes indirects (+ de 3 800 femmes et Plus de 1 400 bénéficiaires directs + de 5 400 jeunes) Plus de 1 100 bénéficiaires directs (+ de 700 femmes) (+ de 500 femmes) Principaux résultats obtenus Principaux résultats obtenus Principaux résultats obtenus • Implication effective des femmes et des • Formation et renforcement des capacités jeunes autochtones grâce à des actions de • 210 000 USD levés pour financer davantage des organisations autochtones sensibilisation, renforcement des capacités de projets IPAF • Atelier de partage des savoirs organisé à et promotion d’activités génératrices de • Plus de 21 600 hectares de terres obtenus Mexico en janvier 2020 avec la participation revenus au Congo, au Ghana, en République d’organisations autochtones de la région • Renforcement des systèmes alimentaires démocratique du Congo et en • Fluidification des contacts entre les grâce à la réhabilitation des moyens République-Unie de Tanzanie organisations autochtones, à l’échelon local, d’existence traditionnels et à des pratiques • 3,5 tonnes de maïs récoltées par des national et international agricoles intégrées femmes autochtones au Congo utilisées • Production de savoirs sur le développement • Amélioration de la sécurité alimentaire pour améliorer la sécurité alimentaire et autonome et de la nutrition par la promotion de la nutritionnelle des ménages • Redécouverte de techniques ancestrales préservation des aliments naturels et de la • Réintroduction de la culture de l’igname pour aider l’économie communautaire consommation d’aliments autochtones sauvage au Cameroun • Femmes investies d’un rôle central dans • Gestion plus durable des terres, des • Installation de 230 fourneaux peu l’exécution des projets et jouant un territoires et des ressources grâce énergivores pour empêcher la dégradation rôle moteur en faveur du changement, à l’élaboration de plans de gestion de l’environnement au Cameroun notamment social communautaires et de règlements • Restauration de forêts communautaires en • Amélioration des liens avec d’autres d’exploitation des forêts République démocratique du Congo projets et initiatives au niveau national et • Amélioration des mesures d’adaptation aux • Création d’une coopérative communautaire international, notamment en Argentine, au changements climatiques et d’atténuation au Kenya Guatemala et au Guyana de leurs effets, et exploitation plus durable • Production et commercialisation de 220 litres des ressources naturelles grâce à des actions de miel en République démocratique du de sensibilisation et de renforcement des Congo, ayant généré 1 100 USD de recettes capacités réinvesties pour améliorer l’accès à l’eau • Activités génératrices de revenus viables (par propre exemple écotourisme, activités agricoles et • Amélioration des compétences techniques commercialisation de produits locaux) (apiculture, aviculture) et de gestion (gestion • Autonomisation collective des peuples de projet, mobilisation des ressources, autochtones par le renforcement gestion financière) des communautés des partenariats et des institutions autochtones communautaires • Réponse aux besoins des communautés frappées par la pandémie de COVID-19 par la distribution de colis alimentaires et de semences de légumes Illustration 3: Aperçu des résultats obtenus par région grâce à l’IPAF 16
Réalisations au titre des projets financés par l’IPAF Des cogestionnaires régionales de l’IPAF, Mme Yohanis Amador (Forum international des femmes autochtones), Mme Jacqueline Macharia (Samburu Women Trust) et Mme Ruby Española (Fondation Tebtebba) ont présenté les résultats obtenus à ce jour dans l’exécution des projets de l’IPAF en Amérique latine et dans les Caraïbes, en Afrique, et en Asie et dans le Pacifique, respectivement. Toutes les intervenantes ont souligné la valeur ajoutée de ce dispositif, qui offre un outil sans équivalent pour appuyer le développement autonome des peuples autochtones, autonomiser les femmes et les jeunes autochtones, et promouvoir la systématisation et la diffusion des savoirs et pratiques autochtones (voir illustration 3 ci-dessous). Débat ouvert À l’issue des présentations, les participants ont émis un certain nombre de questions et d’observations qui ont enrichi le débat. Ils se sont notamment félicités des résultats remarquables obtenus dans l’exécution des projets de l’IPAF, et ont évoqué plusieurs mesures susceptibles d’améliorer encore davantage l’efficacité du dispositif, comme renforcer la collaboration avec les bureaux de pays du FIDA sur le terrain, mieux promouvoir la gouvernance et le rôle moteur des peuples autochtones, encourager la transmission des savoirs traditionnels entre les générations et appuyer les initiatives axées sur la sécurité alimentaire. En ce qui concerne les autres projets et initiatives financés par le FIDA, les participants ont demandé au Fonds de fournir davantage d’informations sur l’accès aux financements pour les peuples autochtones, notamment par le biais du nouveau Programme élargi d’adaptation de l’agriculture paysanne (ASAP+), ainsi que sur les possibilités de collaboration avec les peuples autochtones dans la région du Sahel. Les participants ont également insisté sur le fait que les projets du FIDA devaient mieux aider les jeunes, tout en pointant l’importance de systématiser et de partager les savoirs et les meilleures pratiques autochtones. L’expérience probante des projets financés par le FIDA au Guatemala a été citée en exemple : ceux-ci ont promu la réhabilitation d’aliments et de recettes traditionnels pour qu’ils soient inclus aux programmes d’alimentation scolaire dans les zones rurales. La première session plénière du Forum s’est conclue par une vidéo illustrant l’expérience probante des communautés autochtones participant au projet Proecosocial5 financé par le FIDA dans la Sierra Norte de Puebla (Mexique). Ce projet aide les peuples autochtones à maintenir leurs activités et techniques apicoles traditionnelles à l’aide d’abeilles issues de l’espèce endémique pisilnekmej, en vue de promouvoir leur économie avec la pleine participation des jeunes et des femmes autochtones. 5 Projet d’économie sociale: territoire et inclusion (« Economía Social: Territorio e Inclusión »). 17
Second Projet de Partenariat entre les peuples autochtones et le FIDA: gestion des ressources agricoles des hautes la voie à suivre terres de la Cordillera Les membres du Comité de pilotage ont présenté une synthèse des conclusions et (Philippines) @ FIDA/GMB Akash recommandations issues des réunions de consultation régionales tenues en Afrique, en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbes, ainsi que dans le Pacifique, en amont du Forum: M. Joseph Ole Simel (Directeur exécutif de la MPIDO, Kenya), Mme Mai Thin Yu Mon (Chin Human Rights Organization [CHRO], Myanmar), Mme Myrna Cunningham (Directrice du Centro para la Autonomía y el Desarrollo de los Pueblos Indígenas [CADPI], Nicaragua) et M. Ulaiasi Baya. Globalement, les représentants des peuples autochtones et le FIDA ont salué la pertinence des réunions de consultation préparatoires organisées en amont du Forum. En plus d’être essentielles pour préparer la réunion mondiale, elles aident à mieux connaître le FIDA et son mode opératoire, et contribuent à renforcer l’implication des peuples autochtones et leur participation aux interventions du FIDA à l’échelon national, régional et international. Il a également été souligné que le processus de décentralisation du FIDA augmentait les possibilités de dialogue et de partenariat au niveau des pays. Ces remarques liminaires ont précédé les débats menés durant les sessions parallèles de trois groupes de travail régionaux – couvrant respectivement l’Afrique, l’Asie et le Pacifique, et l’Amérique latine et les Caraïbes –, coprésidées par les directeurs régionaux du FIDA et des représentants des peuples autochtones. La participation du personnel du FIDA a été très importante, notamment parmi les 18
directeurs des divisions régionales, les directeurs des pôles sous-régionaux, les chargés de programme de pays et les membres des équipes de pays. Après des échanges passionnés et constructifs, les participants se sont mis d’accord sur des plans d’action régionaux pour l’exercice biennal 2021-2022. Les résultats des ateliers régionaux ont été présentés en séance plénière par les membres suivants du Comité de pilotage: Mme Margaret Tunda Lepore pour l’Afrique; Mme Mai Thin Yu Mon pour l’Asie et le Pacifique; Mme Rayanne Franca (Groupe mondial des jeunes autochtones [GIYC], Brésil) pour l’Amérique latine et les Caraïbes. La session s’est conclue par une courte vidéo illustrant l’expérience probante du Programme d’intégration économique en faveur des familles et des communautés rurales dans le territoire de l’État plurinational de Bolivie (ACCESOS)6 financé par le FIDA. Dans le cadre de ce programme, le FIDA a apporté son aide aux Yapuchiris, des agriculteurs qui interprètent les signaux donnés par l’environnement pour prévoir la météo et planifier de meilleures récoltes. Les Yapuchiris utilisent des savoirs ancestraux pour s’adapter aux changements climatiques, préserver et restaurer leurs terres agricoles. Ce programme permet à plus de 11 000 petits exploitants de se préparer et de s’adapter aux changements climatiques. LE THÈME DU FORUM – LA VALEUR DES SYSTÈMES ALIMENTAIRES AUTOCHTONES: RÉSILIENCE DANS LE CONTEXTE DE LA PANDÉMIE DE COVID-19 Par leurs nombreuses interventions et présentations, les représentants des peuples autochtones, le FIDA et les partenaires ont enrichi la discussion et permis aux participants au Forum de débattre et dialoguer sur des questions en rapport direct avec ce thème, de renforcer les échanges de savoirs et d’évaluer les possibilités de développer des synergies et des partenariats. Mme Myrna Cunningham a présenté le thème du Forum en le mettant en perspective pour orienter les débats. Elle a souligné la pertinence des systèmes alimentaires et des savoirs autochtones et a exhorté le FIDA et les partenaires du développement à considérer les peuples autochtones comme des « vecteurs de changement » en faveur de systèmes alimentaires plus sains, plus inclusifs, plus durables et plus équitables. Elle a rappelé aux participants que le Sommet sur les systèmes alimentaires 2021 offrirait une occasion unique de transformer les systèmes alimentaires, se félicitant de la présence de Mme Agnes Kalibata (Envoyée spéciale pour le Sommet sur les systèmes alimentaires) à la réunion mondiale. 6 Traduit de l’espagnol: Programa de inclusión económica para familias y comunidades rurales en el territorio del Estado Plurinacional de Bolivia. 19
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