Confinement : " La campagne, ce n'est pas que

 
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Confinement : " La campagne, ce n'est pas que
Übungs- und Unterrichtsmaterial erstellt von Sylviane Stephan

Confinement : « La campagne, ce n’est pas que…
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Terrasse de café à Saint-Tropez (Var) en 1956. | Photo : Getty Images

Source du texte : Libération, 19-10-2020 ; reproduit in : Revue de la Presse 4/2021
Nombre de mots : 804
Niveau du texte : moyen
Thèmes : crise sanitaire ; confinement ; quotidien des zones rurales et des petites et moyennes
villes ; les jeunes urbains et les jeunes ruraux ; inégalités métropoles-campagnes ;
désertification des campagnes ; idylle champêtre et réalité ; rapports entre résidents
secondaires et autochtones

Articles de la Revue de la Presse à consulter :
• Ces citadins qui choisissent l’agriculture, 1/2021
• Coiffure, librairie, salon de thé : les commerces itinérants réveillent les villages, 12/2020
• Ces citadins qui veulent s’installer à la campagne après le confinement, 7/2020
• Coronavirus : les Bretons inquiets du débarquement de Parisiens, 5/2020
• « Éviter la mort de la commune » : un village du Cantal cède ses terrains pour se repeupler,
7/2019

Résumé de l’article

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, les médias et les politiques ont négligé de se
pencher sur l’impact de la crise sanitaire sur les territoires ruraux et les petites et moyennes
villes français, éloignés des centres de décision. Partant de ce constat, l’essayiste Salomé
Berlioux décide de recueillir les témoignages d’habitants de cette France dite périphérique et
les publie dans un ouvrage intitulé « Nos campagnes suspendues ». Peu après sa parution
début octobre 2020, elle expose devant Libération les difficultés de cette France-là et casse
l’image idyllique des campagnes colportée par de nombreux citadins aisés. Transports en
commun insuffisants, déserts médicaux, fermeture d’écoles, commerces et services publics,
connexions Internet souvent mauvaises : c’est la réalité à laquelle une partie des Français sont
confrontés tous les jours. À ce confinement structurel, qui en temps normal les isole déjà du
reste de la France, est venu s’ajouter le confinement dû au Covid-19 avec son lot de problèmes

© 2021 Carl Ed. Schünemann KG Bremen. Alle Rechte vorbehalten.
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Confinement : « La campagne, ce n’est pas que la France des maisons secondaires »

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spécifiques, comme le manque de main-d’œuvre pour les récoltes, l’isolement aggravé des très
nombreux seniors, la situation des élèves des zones blanches, privés de cours en distanciel…
Pour Berlioux, la France périphérique souffre depuis la crise sanitaire d’un double confinement
qui accentue sa position d’inégalité face aux métropoles. Les jeunes ruraux en font
particulièrement les frais. Enfin, selon l’essayiste, l’idée d’une « revanche des campagnes » à
l’heure du coronavirus renvoie à une « vision urbaine et bobo » de la campagne.

Compréhension
1. Résumez le texte.

2. Cochez la réponse correspondant au contenu du texte ou répondez directement à la
   question.

A L’article de Libération porte sur…

   a) les citadins réfugiés dans leurs résidences secondaires pendant le confinement.
   b) les populations qui habitent près du périphérique parisien.
   c) les zones rurales ainsi que les petites et moyennes villes.

B Pendant le confinement, la campagne française a fait figure d’eldorado pour…

   a) les profs des zones rurales, ravis de faire leurs cours en distanciel depuis leur maison.
   b) les urbains aisés qui la voient d’abord comme un refuge où il fait bon vivre.
   c) les petits producteurs bios qui ont fait fortune grâce aux citadins.

C Salomé Berlioux est…

   a) journaliste au quotidien Libération.
   b) essayiste.
   c) fondatrice de l’association « Nos campagnes suspendues ».

D La formule « des maisons avec jardin, si possible au soleil » fait allusion…

   a) à la France des maisons secondaires.
   b) au style de vie de toute la France périphérique.
   c) au lieu de confinement prescrit par les médecins généralistes aux citadins angoissés.

E Salomé Berlioux a écrit « Nos campagnes suspendues » parce qu’elle veut…

   a) faire entendre la voix des habitants de la France périphérique.
   b) faire découvrir les atouts et les charmes de la vie campagnarde.
   c) faire découvrir les plus beaux jardins suspendus des campagnes françaises.

F   Pourquoi les habitants de la France périphérique éprouvent-ils un « double sentiment
    d’isolement » (§ 4) ?

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G Citez deux points mentionnés dans l’article qui font que les jeunes de la France
  périphérique sont désavantagés par rapport aux jeunes citadins :

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Vocabulaire

3. Le texte porte sur l’inégalité entre les métropoles et le reste de la France. Relevez les
   diverses expressions utilisées dans le texte pour désigner ce « reste ».

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4. Certains subissent la crise « de plein fouet » (§ 1). Voici des expressions autour du
   terme « plein ». Reliez-les à leur signification.

 A. faire voir la lune en plein midi                  1. être rempli au maximum

 B. un gros plein de soupe (fam.)                     2. en avoir assez

 C. en plein air                                      3. être riche

 D. faire le plein                                    4. remplir son réservoir de carburant

 E. être plein (fam.)                                 5. parler sans arrêt et avec passion de qc

 F. être plein comme un œuf                           6. faire croire n’importe quoi

 G. travailler à plein temps                          7. dehors

 H. battre son plein                                  8. un homme ou un enfant très gros

 I.   en avoir plein le dos (fam.)                    9. être ivre

 J. avoir plein la bouche de qc                       10. être fatigué

 K. en avoir plein les jambes (fam.)                  11. impressionner

 L. en mettre plein la vue (fam.)                     12. travailler le maximum d’heures autorisé

 M. être plein aux as (fam.)                          13. être à son point culminant

 N. s’en mettre plein la lampe (fam.)                 14. beaucoup manger

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5. Complétez les phrases suivantes par une des expressions ci-dessus.

a) À l’heure de pointe, les rames de métro sont ________________________________________.
b) Va raconter cela à d’autres ! À moi tu ne _____________ pas __________________________.
c) Avant de prendre la route des vacances, n’oublie pas de _____________________
__________________________________________________________________________________.
d) Vers une heure du matin, la fête ___________________________________________________.

6. Voici une liste d’expressions désignant les ruraux. Soulignez celles qui appartiennent
   à la langue familière.

campagnard • villageois • plouc • cul-terreux • cultivateur • péquenaud • agriculteur •
pedzouille • paysan

Analyse
7. Que veut dire Salomé Berlioux quand elle parle de « campagnes suspendues » ?

Commentaire et créativité
8. Au § 6, Salomé Berlioux esquisse l’image d’une France rurale née de nos souvenirs
   d’enfance : place du village, clocher, marché... Complétez cette vision bucolique en vous
   inspirant de vos propres expériences, de vos lectures, etc.

9. Dans le texte, il est question de la France périphérique. On parle aussi de « la France
   profonde » : commentez cette expression.

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Solutions
Compréhension

1. Reportez-vous au résumé de la première page.

2. A c) • B b) • C b) • D a) • E a) • F Ils se sentent doublement isolés, d’une part parce qu’ils sont
   loin des métropoles où tout se décide et qu’on les laisse seuls face à leurs problèmes (manque de
   transports en commun, de services publics, de couverture Internet, de médecins…) ; d’autre part,
   parce qu’ils sont frappés comme le reste des Français par la crise sanitaire et le confinement qui en
   résulte, et que cela renforce leur isolement et leur position d’inégalité par rapport aux métropoles. •
   G Les jeunes ruraux sont moins bien préparés à l’avenir que les jeunes citadins parce qu’ils sont
   moins bien informés sur les possibilités d’orientation comme sur celles de formation.

Vocabulaire

3. zones rurales, petites et moyennes villes (§ 2) • France périphérique (§ 1, 4, 5) • campagnes (§ 2)
   • milieux ruraux, petites et moyennes villes (§ 3) • territoires (§ 4, 5, 6) • France rurale (§ 6)

4. A 6. • B. 8. • C. 7. • D. 4. • E. 9. • F. 1. • G. 12. • H. 13. • I. 2. • J. 5. • K. 10. • L. 11. •
   M. 3. • N. 14.

5. a)   À l’heure de pointe, les rames de métro sont pleines comme un œuf.
   b)   Va raconter cela à d’autres ! À moi tu ne feras pas voir la lune en plein midi.
   c)   Avant de prendre la route des vacances, n’oublie pas de faire le plein.
   d)   Vers une heure du matin, la fête battait son plein.

6. Expressions familières : plouc (péj.) • cul-terreux (péj.) • péquenaud (péj.) • pedzouille (péj.)

Analyse

7. Proposition de solution :

Il convient d’abord de définir le terme « suspendues », quelque peu inattendu pour qualifier les
campagnes. Faisons un détour pour essayer de l’expliquer. Pendant le confinement, on a pu constater
que les manifestations culturelles entre autres étaient suspendues, c’est-à-dire qu’elles n’ont pas eu lieu,
que le programme prévu a été interrompu, stoppé. Alors, pourquoi l’essayiste Salomé Berlioux dit-elle
que les campagnes françaises sont suspendues ? Qu’est-ce qui n’a pas lieu sur ces territoires ? Qu’est-
ce qui est interrompu ? Ou en suspens, comme en attente ? Ce qui est interrompu, c’est semble-t-il la
communication, le lien de ces territoires, de cette France périphérique avec les métropoles et ce qu’elles
représentent : des lieux de décision. La politique et les médias avaient oublié la France périphérique déjà
bien avant le confinement, lequel n’a fait qu’aggraver les choses. Et cet oubli a des conséquences
considérables sur la vie quotidienne de ses habitants, qui ont le sentiment d’être isolés, délaissés,
comme coupés du reste de la France et de ses avantages. Quand les décideurs des métropoles
aideront-ils cette France-là à résoudre ses problèmes de transport, de disparition progressive des
services publics, de manque de médecins et de centres de soins, de mauvais accès à Internet ? Les
campagnes sont suspendues, sont interrompues, entravées dans leur développement par toutes ces
difficultés qui les mettent en position de forte inégalité par rapport aux métropoles. Ces territoires, comme
en suspens, comme en attente, voudraient bien qu’on les aide à sortir de leur confinement structurel pour
que leurs habitants bénéficient des mêmes chances que les urbains. « Nos campagnes » écrit Salomé
Berlioux, comme pour rappeler avec ce « nos » qu’elles font partie intégrante de la France et qu’il est
temps pour les décideurs d’en prendre compte et d’en être solidaires.

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Commentaire et créativité

8. Proposition de solution :

L’été, au village de mon enfance, les divertissements étaient rares : le bal du 14 Juillet, la messe du
dimanche, le passage du facteur vers midi, les klaxons des commerçants ambulants qu’on attendait sur
le pas de la porte…
La vie s’écoulait, calme et rythmée par les activités des cultivateurs : moisson, récolte des pommes,
cueillette des cornichons, des haricots, ramassage des pommes de terre, vendanges, etc. Les femmes
des cultivateurs entretenaient des jardins gorgés de groseilles, de framboises, de phlox odorants. Et quel
plaisir de descendre les quelques marches de la cave pour aller tirer deux litres de cidre provenant des
pommes du verger !
Si l’on n’était pas motorisé, on allait en car jusqu’à la petite ville voisine où se tenait le marché une fois
par semaine : fruits et légumes sous la halle, et dehors sur la place, vêtements, chaussures et stands
pour petites bourses. Là, on avait de grandes chances de rencontrer des connaissances et d’échanger
les dernières nouvelles, comme aussi lors des foires annuelles, la foire aux melons en septembre par
exemple.
Comme le déplorait déjà Jean Ferrat, « le vin ne sera (bientôt) plus tiré ». Aujourd’hui, dans le village,
plus de facteur à l’ancienne mais la voiture des postes qui passe en trombe. L’église et l’école
communale sont fermées, les services religieux sont regroupés et répartis sur plusieurs communes, et les
quelques jeunes enfants doivent prendre le car pour se rendre en classe. Le vieux dentiste a disparu,
sans successeur, la buvette a fermé ses portes au décès de son tenancier. Sans parler des petits
commerces qui eux aussi ont disparu. De la communauté qui autrefois nous portait, il ne reste que les
rapports de bon voisinage avec les anciens du village et avec quelques jeunes couples épris de nature et
de calme venus s’y installer.

9. Proposition de solution :

Selon la définition de L’Internaute, la France profonde, c’est la France rurale et traditionnelle, autrement
dit la France des provinces, ancrée dans ses terroirs et ses traditions. Nombreux y sont les témoins des
temps passés : châteaux, imposants ou modestes, érigés le long de la Loire ou de la Dordogne, églises
romanes du Midi, ruines, abbayes, pardons de Bretagne… Non moins nombreux y sont les échos des
temps révolus : croyances, proverbes et dictons qui rythmaient l’année, précieux fruits de l’observation et
de l’expérience. Attention : « Quand en janvier sort la charrue, bonne récolte est attendue » ou « Quand il
tonne en avril, prépare tes barils ! ». Les chansons populaires aussi font ressurgir la vie des provinces
d’antan : « En passant par la Lorraine », « Quand j’étais chez mon père », « La chanson des blés d’or »,
etc. Sans parler des légendes et des contes transmis de génération en génération. Les costumes
régionaux aussi (citons les coiffes, qui révèlent la contrée ou même la commune de leur propriétaire)
comme les danses et les musiques correspondantes, témoignent de la diversité et de la richesse des
anciennes provinces. La France profonde se retrouve également dans les parlers des terroirs,
hermétiques pour certains, savoureux pour d’autres. Imagés, ils enrichissent la langue familière et
procurent à qui veut l’entendre le plaisir d’apprendre par exemple que « la pouque sent toujours le
hareng » (expression normande signifiant qu’on ne peut renier ses origines, la pouque étant un sac en
toile de jute) ou que le Corse « ronge des pois chiches » quand il ressasse sa colère. Le Breton, lui, vous
dira « Je ne lui confierais pas la queue de mon chat » pour vous mettre en garde contre quelqu’un. Quant
au Bourguignon, il tombe plutôt « dans les blettes » que « dans les pommes » lorsqu’il perd
connaissance.
La France profonde a été évoquée par beaucoup d’écrivains, dont Louis Aragon qui, sous l’Occupation, a
écrit de nombreux hymnes aux campagnes françaises. Citons parmi eux le poème « C » :

                                       « J’ai traversé les ponts de Cé
                                       C’est là que tout a commencé

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                                     Une chanson des temps passés
                                       Parle d’un chevalier blessé

                                        D’une rose sur la chaussée
                                          Et d’un corsage délacé

                                      Du château d’un duc insensé
                                      Et des cygnes dans les fossés
                                                  …»

Autre poème d’Aragon, « Le conscrit des cent villages » donne la parole à un jeune paysan devant partir
au front et qui dit un adieu déchirant à sa campagne. Il emporte avec lui « l’ancienne antienne » des
noms de cent villages semblables au sien, « un collier sans fin ni fermoir », florilège de noms reliés entre
eux par les assonances, les rimes, véritable symphonie, poésie pure, hymne d’amour à son pays :

                                        « Adieu Forléans Marimbault
                                          Vollore-Ville Volmerange
                                          Avize Avoine Vallerange
                                        Ainval-Septoutre Montgibaud
                                       Fains-la-Folie Aumur Andance
                                       Guillaume-Peyrouse Escarmin
                                        Dancevoir Parmilieu Parmain
                                    Linthes-Pleurs Caresse Abondance
                                                     …. »
Cent villages, qui racontent la France.

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