Dak ' ART L'Art en roue libre - Dak'Art 2018 Laeila Adjovi, lauréate du Grand prix Léopold Sédar Senghor - Biennale de Dakar
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Dak ‘ ART Vendredi 04 mai 2018 ACTU LE QUOTIDIEN DE LA BIENALE DE L’ART AFRICAIN CONTEMPORAIN Numéro 1 L’Art en roue libre Dak’Art 2018 Laeila Adjovi, lauréate du Grand prix Léopold Sédar Senghor P4
ACTUALITES EDITORIAL BIENNALE DE L’ART AFRICAIN CONTEMPORAIN TAPIS ROUGE Macky Sall pour de nouveaux instruments A près l’immensité du Bleu froid et sa profondeur abyssale, voici venu le Rouge dans sa chaleur de financement de la Culture éclatante qui illumine nos jours. Dans les para- dis célestes Césaire et Senghor tout en se congratulant ergotent sur le sens de ses deux couleurs qu’affiche, deux éditions de suite, la biennale Dak’Art. Le rouge est certes une cou- leur ambivalente. Il est le signe de la passion mais il n’est pas que cela. Il est le signe de la colère, du mécontente- ment mais il n’est pas que cela. Ce qu’il convient de retenir c’est qu’il symbolise l’hon- neur. Tout au long de ce mois coloré d’étonne- ment, d’ébahissement, le rouge sera là pour dé- rouler son tapis sous les pieds des artistes qui nous révèlent ce que cache l’ordinaire des matériaux qui compo- sent leurs créations tout en s’amusant avec les impressions chroma- tiques de notre œil Prévue jusqu’au 2 juin, la 13ème édition de la toutefois faible. Même si, lègues de l’Union africaine La biennale célèbre l’art Biennale de l’art africain contemporain a été offi- pour le président de la Ré- afin que notre organisation et le génie créateur des ciellement lancée par le président de la Répu- publique, la place de commune, à travers les artistes qui réinterprè- blique du Sénégal, Macky Sall. Pendant un mois, l’Afrique demeure encore « gouvernements des Etats, tent le monde, détour- Dakar va être la vitrine de la créativité africaine. très faible », la visibilité de puisse participer au finan- nent le sens des objets, L’Etat du Sénégal a décidé d’augmenter sa sub- la création africaine s’est cement de la culture en ouvrent nos yeux sur vention jusqu’à un milliard de Fcfa, en raison de améliorée au regard des in- Afrique et de la biennale », l’insoupçonnable. 500 millions par an. dicateurs comme le chiffre a-t-il indiqué. Face aux L’émotion que provo- d’affaires, le prix moyen longs mécanismes de finan- quent les œuvres ras- La capitale sénégalaise hausse cette contribution. Il d’une œuvre, le nombre cement traditionnel deve- semblées dans les divers vibre déjà au rythme de la a annoncé l’augmentation d’expositions et le niveau de nus « obsolètes », le chef de endroits de la ville pour- 13ème édition de la Bien- de la dotation à un milliard reconnaissance. Les œu- l’Etat invite à réfléchir sur pre nos jours. Il y a assu- nale de l’art africain de Fcfa, soit 500 millions de vres des artistes africains de nouveaux instruments rément une chaleur qui contemporain. Le président Fcfa chaque année afin que continuent d’intéresser de de financement tenant irradie le IN et le OFF. Il la République, Macky Sall, cette biennale puisse conti- plus en plus les collection- compte du mécénat et de la s’impose de rappeler a lancé les activités de cette nuer d’être une vitrine l’art neurs. Pour Macky Sall, fiscalité des entreprises. La que le rouge est la cou- biennale devenue au fil des africain contemporain. «Le l’émergence d’un marché prise en charge de manière leur la plus chaude sur années un évènement cul- gouvernement mettra tout intérieur pour l’art et son plus affirmée des entre- le spectre. Il suscite en turel phare. Le Dak’Art en œuvre afin que l’art, au- rayonnement sur le plan in- prises et des industries nous de fortes réactions 2018, organisé sous le delà des aspects récréatifs ternational sont liés au res- créatives et la prise en affectives. Associé à la thème : « L’heure rouge », et identitaires qu’il porte, pect quatre exigences dont compte du droit d’auteur vie, le rouge est le garant déroule le tapis rouge au contribue davantage au dé- la première constitue le fi- constituent les autres exi- du vivant. Le rouge sang gratin de la créativité veloppement économique nancement de la culture. gences du développement est ce que nous avons en contemporaine du conti- de nos pays », a déclaré le Sur ce plan, il a promis de d’un marché intérieur. Pour commun. Dès lors il ne nent. Soutenu lors de la président. Si depuis convaincre ses collègues de le président Sall, la biennale peut régner dans cette précédente édition à hau- quelques années, l’indus- l’Union africaine pour qu’ils constitue un levier « essen- biennale qu’un esprit de teur de 75%(500 millions trie de la culture fait l’objet participent au financement tiel » pour relever ces diffé- fraternité autour de l’art de Fcfa) par l’Etat du Séné- d’une forte croissance, la de la culture. « Je me ferai rents défis. en rouge. gal, le président Sall a dé- place de l’Afrique sur le le plaisir d’être l’avocat de Ibrahima BA (Sénégal) cidé encore de revoir en marché mondial demeure biennale auprès de mes col- Baba DIOP (Séné- gal) 2 dak’ art actu - venredi 4 mai 2018
ACTUALITES 13ème Biennale de l’art africain contemporain La Tunisie s’offre un pavillon… pour « Tenir la route » Pays invité d’honneur de cette 13ème Biennale de l’art africain contemporain, la Tunisie propose, dans son pavillon installé sur l’espace situé entre le Grand Théâtre National et le Musée des Civilisations, une ex- position inédite. Laquelle met en lumière, autour de la thématique « Tenir la route », les œuvres de 15 ar- tistes sélectionnés selon des critères bien précis. C’est une exposition qui réunit Ensuite, l’exposition frappe par sa diversité de présente, dans une belle pratiques. Dans une dé- scénographique, des œu- marche assez éclectique, vres qui témoignent à tra- mais critique, elle allie lit- vers différents medium térature, installation, pein- d’une forme d’engagement ture, sculpture et dans l’ordre du sensible photographie. A l’entrée du pour donner à penser les pavillon, à droite, le regard problèmes du moment. du visiteur est accueilli par Entre métaphores et sym- une rangée de six ouvrages, boles, elles appellent à un signés d’auteurs tunisiens, questionnement profond dont deux rappellent la vie sur les maux qui minent la et le parcours artistique de Tunisie d’après révolution deux icônes de la peinture et aussi le monde : la vio- tunisienne, Yahia Turki, lence sans nom ; le terro- considéré comme le père de risme ; l’intolérance ; tros- bras van- la peinture tunisienne, et l’obscurantisme ; le chan- pection, via la symbolique devant les difficultés et, tage, et la nouvelle vague Abdelaziz Ben Raïs. Un in- tage érotique dans la société du miroir qui nous renvoie mieux, à… « Tenir la composée de jeunes loups dispensable devoir de mé- islamique dénoncé par l’ar- à notre propre image, pour route». aux dents, désireux de s’af- moire envers ces pionniers, tiste plasticienne Salwa El trouver notre propre che- Cette exposition, pilotée firmer et surtout d’affirmer mais également un bel Aydi avec quatre tableaux minement. Pour autant, Rachida Triki, regroupe leur écriture picturale. La hommage à ces anciens, qui de petite taille réalisées ces artistes ne se confinent deux générations d’artistes Tunisie marque ainsi, de ont tracé la voie que suivent avec l’aquatinte… Ou en- dans cette posture critique. tunisiens, celle des années fort belle manière, son ter- justement aujourd’hui les core l’installation saisis- En titillant les esprits sur ce 70-80 qu’on pourrait appe- ritoire à ce 13ème Dak’Art. jeunes peintres, notam- sante de Sadika Keskes qui qui ne va pas, ils invitent ler la vieille garde, sans Et c’est la Biennale qui ment ceux que le pavillon invite à une profonde in- aussi à ne pas baisser les pour autant la vieillir da- gagne. Invité d’honneur à la biennale Le Rwanda se raconte à travers l’art Tout un pavillon pour découvrir le rouge’’, thème principal de la présente Rwanda à Dak’Art. Le Rwanda d’hier à édition du Dak’Art, est bien compris du aujourd’hui. Il se raconte en images. Pas Rwanda puisqu’il a vécu son heure rouge de discours. Pas de cours magistraux déjà. C’est du passé. Aujourd’hui. C’est d’historiens comme dans les amphithéâ- dépasser. tres universitaires. La voix est sans voix. Le Rwanda a donc fait table rase du Elle est juste une diversité d’expressions passé pour avancer. C’est aujourd’hui artistiques. Les œuvres sont ainsi nom- une nation florissante, une nation qui breuses, de diverses formes, de diverses s’est construite en puisant dans les tré- techniques et sur divers supports. Il y a fonds dans sa riche culture. En effet, il y de la Photographie de multiples tailles, a eu une prise de conscience collective. de la peinture avec un ajout sculptural Une prise de conscience qui a contribué par endroit, des affiches thématiques fortement à sceller les liens de la récon- surdimensionnées, de la vidéo en réfé- ciliation pour avancer. Du coup, tous les rence au mémorial du génocide. Les sites Rwandais se sont mis au travail pour le touristiques naturels du pays sont vir- développement socio-économique du tuellement présents dans cette exposi- pays. Résultat, le pays s’impose comme tion. Des sculptures en bois bien polies un modèle de développement intégral en renforcent ce décor panoramique du pa- Afrique subsaharienne. Même si, André villon rwandais à cette 13ème édition de Ntagwabira, commissaire de l’exposi- la biennale de l’art africain contempo- reste admiratif des acquis du présent magique. Et le Rwanda mérite bien sa tion, modestement pense que « le che- rain. C’est fort impressionnant. Impres- rwandais. place d’invité d’honneur à cette biennale min est encore long » mais qu’ils vont y sionnant par l’harmonie des couleurs. Justement, qui l’aurait cru ? Qui aurait afin de partager avec les autres pays son parvenir, il faut tout de même reconnaî- Impressionnant par la respiration de cru que le Rwanda, après dix années de modèle de développement. Un modèle tre que le Rwanda est très loin sur le che- l’espace. D’une œuvre à l’autre, d’un guerre tribale atroce, allait devenir une raconté de fort belle manière par la di- min. message à l’autre, on reste admiratif. On nation prospère ? Qui l’aurait cru ? C’est versité des œuvres artistiques. ‘’L’heure Fortuné SOSSA (Bénin) dak’ art actu - venredi 4 mai 2018 3
ACTUALITES Dak’Art 2018 Laeila Adjovi, lauréate du Grand prix Léopold Sédar Senghor La photographe franco-bé- pour dire « apprendre du ninoise, Laeila Adjovi a passé ». remporté le Grand prix La lauréate très heureuse Léopold Sédar Senghor de pour ce Prix se dit «merci la 13ème Biennale de l’art beaucoup au président, africain contemporain de merci beaucoup au jury Dakar (DAK’ART). Elle a pour le travail que nous reçu un trophée des mains présentons cette année du président de la Répu- pour être récompensé de blique Macky Sall venu pré- cette manière, merci. Ce sider la cérémonie prix ne m’appartient pas d’ouverture au Grand Théâ- cela à moi, le travail est col- tre de Dakar ce jeudi. Le lectif, c’est un duo avec Loïc prix de Laeila Adjovi est Hoquet. doté d’une enveloppe de Les prises de vue ont eu lieu vingt millions de francs dans les ruines de l’ancien CFA. Palais de Justice de Dakar. C’est la série intitulée ‘’Ma- L’accessoire, la paire d’ailes laïka Dotou Sankofa’’ réali- géantes a été construit par sée en duo avec Loïc Bassirou Wade (armature Hoquet qui a été primée. métallique) Loïc Hoquet L’œuvre que l’on peut dé- et Laeila Adjovi pour les couvrir à l’ancien Palais de plumes et design et la dan- justice dans l’exposition in- seuse Marie-Agnes Gomis ternationale ou ‘’IN’’ ren- porte les ailes. voie à « Malaïka » ou Ange Pour le président du jury de en Swahili ou encore Ma- l’exposition internationale peinture, de la sculpture et naliste et plasticienne. Elle a commencé à faire de la laaka en wolof et « Dotou » ou « IN », le Sénégalais Ma- de la photographie ». travaille et vit à Dakar (au photographie documen- comme « reste droite » en madou Diakhaté, ‘’ on a « Sa série de photos pré- Sénégal) depuis 2010. taire. Elle a une approche langue fon du Bénin quant choisi à l’unanimité cette sente la femme africaine, Elle est diplômée en artistique qui mêle la pein- à « Sankofa » c’est le sym- œuvre parce que c’est une l’émancipation de la sciences politiques et en ture. bole akan (Ghana) de l’oi- œuvre de qualité de la ma- femme », explique-t-il. journalisme. C’est à New Fatou Kiné SENE seau messager qui vole la tière et de l’œuvre lui- La lauréate Laeila Adjovi Delhi en Inde lors d’un (Sénégal) tête tournée vers l’arrière même. Il y a eu de la est un reporter photojour- stage dans une ONG qu’elle Prix spéciaux Souad Lahlou du Maroc, Franck Fanny de la Côte d’Ivoire et Tejuoso Olanrewague du Nigéria récompensés A côté du Grand prix Léopold Sédar Senghor, Sénégal a été aussi remis au Nigérian Tejuoso trois autres Prix ont été remis lors de cette ou- Olanrewague pour son œuvre ‘’Oldies and verture officielle de la 13ème Biennale de l’art goodies’’ réalisée entre 2017 et 2018. L’artiste africain contemporain de Dakar (Dak’Art) présente une œuvre géante mixte avec divers 2018 présidé par le chef de l’Etat Macky Sall. matériaux. L’artiste ému aux larmes dit sa re- Il s’agit du Prix de la Diversité de l’Organisa- connaissance d’être à cette biennale de Dakar. tion internationale de la Francophonie remis Il a reçu une dotation de dix millions de par la directrice de la Langue française, Cul- francs CFA comme récompense. ture et Diversités, Youma Fall à l’artiste Le troisième Prix remis est celui de l’UEMOA Souad Lahlou du Maroc. de 5 millions de francs CFA qui est revenu au La récompense a été remise au ministre photographe Ivoirien Franck Fanny Abouba- conseiller de l’ambassade du Maroc au Séné- car. gal. Le prix, précise Mme Youma Fall, est doté Les œuvres de ces artistes primés cette année de 15000 euros dont 5000 Euros en espèce sont à découvrir dans l’exposition internatio- et 10.000 Euros pour une résidence de for- nale ou « IN » à l’ancien Palais de Justice. mation. Le prix du ministère de la Culture du Fatou Kiné SENE (Sénégal) 4 dak’ art actu - venredi 4 mai 2018
ACTUALITES President Sall opens Dak Art Biennial in Dakar The Senegalese President H/E President Macky stated that the nute silence for the departed Macky Sall has promised to in- “Africa Market Report” recently souls. crease state support for Dak Art indicated that top African artists President Sall congratulated Biennial from FCFA 500 mil- were beneficiaries of art educa- Rwanda and Tunisia for being lion to FCFA 100,000 FCFA to tion adding that effective trai- invited as special guests adding ensure its development, growth ning alongside support from although the share of Africa in and sustenance. institutions like La Francopho- terms of global marketing of Speaking at the official opening nie and UEMOA would be in a contemporary art is still low; the of the 13th edition at the state of good direction. interest continues to grow all the art Grand Theatre in Dakar, He added that adequate devices over the world. crowd with a series of tunes showcased some pieces from he said new modalities for the such us royalties will be a major Four artists Leila Adjovi (photo- alongside a magnetic stage the East African country that finance of art and culture are step for artists since it will pro- grapher - Benin), Lalou XXXX poise that drew cheers from the exhibited elements of South critical due to failure of traditio- vide benefits for their work and (Artist - Morocco), Frank Fanny audience. African gumboot dance whereas nal forms of support in recent ensure regular income while (Photographer - Ivory Coast) A mass choir conducted by Jean a Senegalese dance company years. providing an enabling environ- and Tajmosu Oranwaju (Artist Bakhoum that comprised 350 treated the crowd with a cho- “I will advocate for more fun- ment for creativity. – Nigeria) received various singers took the auditorium by reographed contemporary ding for arts and culture in “We have lost a number of ar- prizes for extraordinary works. storm as voices cleaved through piece. Africa, indeed, I am willing to tists since the last edition of Dak The ceremony was interspersed the air like birds in flight while Dubbed “The Red Hour”, Dak talk to fellow leaders to reco- Art – undeniably these artists with diverse performances by the Art 2018, which is being held gnize the importance of diversi- speak to us through their works. groups from various countries, Tunisian violin virtuoso Zyad under the patronage of H/E fying new ways for the support We salute them and commemo- which created a cool blend of Zouari surprised the crowd with Macky Sall and the auspices of of culture and actually imple- rate their indelible acts of crea- the visual and performing arts. an amazing skill on the violin. the Senegalese Ministry of Cul- menting them” he told a full ca- tivity”, said the president on a Acclaimed Senegalese group Accompanied by frenzied tur, Abdou Latif Coulibaly. pacity audience. sad note as he asked for a mi- Les Frères Guissé delighted the drumming; Ballet Rwanda By John Owoo (Ghana) EXPOSITION : « PORTRAITS, FIGURES ET LUMIERES D’ARCHITECTES » Malick Mbow requestionne l’architecture sénégalaise Malick Mbow, expose, depuis Des mots et des visages pour modernité et cette nécessité de tisme pour charpenter le récit sens, sonde les émotions, adou- mercredi dernier, et ce, jusqu’au louer et exprimer sa désappro- se fabriquer un destin forgeant de ses éloges et de ses drames. cit et altère les traits pour s’offrir 31 mai, ses « portraits, figures et bation. Malick Mbow, architecte son identité. Et le procédé utilisé La prouesse de Malick Mbow une large palette d’interpréta- lumières d’architectes » au siège de formation, est en proie aux est des plus rafraîchissants : le est de se « dévoiler » à travers tions. Et l’ « aboutissement», de l’ordre des architectes du Sé- tourments. A travers une galerie paintisme, néologisme faisant les identités particulières de aussi imprévu pour lui-même négal auquel il appartient. A tra- de portraits remplis de vies et de référence au logiciel Paint. Ma- portraits sublimes sortis de son que pour ceux qui découvrent vers une démarche sens, il manifeste son admira- lick Mbow remplace les pin- imagination poétique affranchie ces merveilles, n’est pas seule- rafraîchissante, le paintisme, il tion à l’égard de ses confrères et ceaux du peintre par une souris des « débridements » aventu- ment l’éloge du beau. Il est l’ex- rend hommage à ses confrères sa désapprobation face aux d’ordinateur pour mettre en lu- reux de l’artiste. Il nous confie pression d’une humanité à et pose un regard sur le mauvais traitements auxquels mière des portraits couronnant ses préoccupations sur le deve- requestionner. « drame » architectural de la est soumise la ville africaine sa fertilité d’esprit. Il se meut nir de l’espace partagé, sur notre Alassane Aliou MBAYE ville africaine. partagée entre l’obsession de la dans un autre univers d’esthé- esthétique. Il crée des univers de (Sénégal) dak’ art actu - venredi 4 mai 2018 5
FOCUS ŒUVRE D’ART CONTEMPORAIN Le marché sénégalais en mal de structuration Les politiques culturelles mises en exécution après la première décennie de l’indépendance ont contribué au rayonnement des arts visuels au Sénégal. Au- jourd’hui, ce foisonnement artistique symbolisé par la création de nouvelles galeries, d’événements au- tour de la création contemporaine et l’arrivée de nou- veaux consommateurs se heurtent à un problème de structuration du marché sénégalais de l’art. Multiplication des galeries secteur des arts plastiques et diversification des ache- ne garantie pas tous les teurs, arrivée de nouveaux éléments indispensables à collectionneurs, régularité l’existence d’un véritable des événements autour de marché des arts. Des man- la création contemporaine, quements qui sont liés, le secteur des arts visuels entre autres, selon critique au Sénégal connait un d’art Massamba Mbaye, à essor fulgurant ces der- l’inexistence d’un dispositif nières années. de management, au pro- Néanmoins, cette situation blème de valorisation du contraste avec l’existence travail des artistes, à l’ab- d’un véritable marché des sence de recherches pour arts à mesure de garantir assurer une production aux acteurs les conditions qualitative permanente, à d’une certaine dynamique l’absence de maisons de programmation régulière ; tiative n’a pas prospéré. En au Sénégal, ce n’est pas économique forte et dura- vente aux enchères… A une prospection menée sur 2016, c’est l’artiste Kalidou encore le cas. La vente se ble. Le bouillonnement noté cela, s’ajoute le manque de l’ensemble du territoire. Kassé qui a eu le flair d’une fait dans la plupart des cas, dans le secteur de la créa- système de cotation. L’importance d’un marché initiative à peu près iden- dans un cadre informel. tion ne reflète pas les réa- Comme le précise Fran- d’art actif et bien structuré tique mais privée. Il s’agit Or le marché de l’art ne lités d’un marché qui peine çoise Diouane Ndiaye dans est telle, rappelle l’anthro- du Marché des arts de semble pas pouvoir prospé- encore à décoller malgré la sa thèse de Doctorat « La pologue et le muséologue Dakar(Madak) en marge de rer par le biais d’une stra- richesse des collections circulation des œuvres d’art Ousmane Sow Huchard, la 12ème édition de la Bien- tégie spéculative sur la accumulées depuis l’indé- en Afrique de l’Ouest : cas les organisateurs de la nale. L’objectif : commer- valeur marchande des œu- pendance. des arts plastiques à tra- Biennale de l’art africain cialiser de manière vres d’art. Au Sénégal, le Au Sénégal, l’absence de la vers l’exemple du Sénégal contemporain de Dakar ont professionnelle des œuvres commerce de l’art contem- structuration du milieu des », les conditions requises jugé opportun d’initier le d’art de créateurs africain porain n’arrive toujours pas arts semble être le premier pour le marché de la re- marché des arts plastiques en général et sénégalais en à se formaliser. Et ce n’est frein à la mise en place d’un vente d’œuvres d’art sont africain(Mapa) lors de l’édi- particulier. Si ailleurs, des pas demain la veille ! marché digne de ce nom. d’abord une expertise sur la tion du Dak’Art de 1998. foires d’art assurent la pro- Ibrahima BA Aussi, la configuration du cotation des œuvres, une Malheureusement, cette ini- grammation commerciale, HOMMAGE Ndary Lô, le génie daptaïste Artiste plasticien et sculpteur, Ndary Lô était différentes biographies, il a entamé des re- connu pour son talent, son sérieux dans le tra- cherches sur l’Homme avec comme matériau vail et son habileté. Après des études en de base, le fer. C’est dans ce cadre d’ailleurs langue anglaise, il s’est inscrit à l’Ecole natio- que s’inscrit sa collection la mieux connue du nale des beaux-arts. ‘’Je ne fais que ça. Je ne grand public, ‘’Les hommes qui marchent’’ ou parle que de ça. Je ne rêve que de ça. L'art encore ‘’Femme debout’’. La première nom- remplit ma vie. Je deviens moi-même au mée lui a valu divers prix et lui a permis de contact de la sculpture’’, disait-il dans une in- participer à différentes expositions au Sénégal terview. Ainsi, l’art c’était sa vie et le dap- et à l’étranger. Ndary Lo est Chevalier des Arts taïsme son mode de vie. En effet, il a créé ce et Lettres de la République française. Il a éga- mot et le définissait ‘’comme un principe phi- lement été à deux reprises Grand prix Léopold losophique et artistique prônant la faculté de Sédar Senghor. Le plus prestigieux prix de la s’adapter à tout et en toute circonstance’’. biennale de l’art africain contemporain, posante composée d'une centaine de sculp- Ndary Lô a commencé ses premières exposi- Dak’Art. Ce fût en 2002 et en 2008. La pre- tures de fer. Il représente la lutte de l'homme tions en 1996. Décédé à Lyon, en France, le mière fois, il l’a eu grâce à son installation, ‘’La contre la désertification’’, lit-on sur le site in- 8 juin 2017 à 56 ans, il a marqué bien de gé- longue marche du changement’’. La seconde ternet de l’artiste. nérations d’artistes avec ses sculptures consécration, il la devait à sa création intitulée Bigué BOB (Séné- sveltes et hautes. Depuis 1992, lit-on dans ses ‘’La muraille verte’’. C’était une ‘’installation im- gal) 6 dak’ art actu - venredi 4 mai 2018
FOCUS Bénin Des galeries d’art pour un public local peu intéressé Destination touristique émergeante, le Bénin est un pays où foisonnent l’art et les espaces de monstration des œuvres. Mais, le secteur n’est pas structuré au point d’avoir un marché formel de l’art à la taille des grosses institutions de ventes aux enchères comme Christie’s au Royaume-Uni et Sotheby aux Etats-Unis. Fortuné SOSSA (Bénin) qu’on soit éduquer à l’art dès le bas âge. » Bouillon de formes, de cou- Prudemment, Didier Houé- leurs et d’originalité. La créa- noudé nuance : « Il n’existe tion artistique béninoise tient pas de marché de l’art formel sa marque de l’expression au Bénin. On peut parler d’un soutenue du talent des ar- embryon de marché qui re- tistes plasticiens qui s’ac- lève de l’informel. » Didier croissent de jour en jour. Les Houénoudé est enseignant œuvres sont créent dans des de l’histoire de l’art dans des ateliers pour ensuite être universités et directeur de montrées dans des galeries l'Institut National des Métiers érigées de part et d’autre. En d'Art, d'Archéologie et de la somme, on dénombre une Culture (INMAAC). Il se fait trentaine de galerie à travers plus analytique : « Le plasti- tout le Bénin dont dix-huit au cien béninois crée principale- moins dans la seule ville de ment pour une Ce qui s’est confirmé déjà en de celles-ci, si l’on s’en tient tique en marge des rencon- Cotonou. Mais ce sont des consommation extérieure, 2012 lors de la biennale de aux déclarations du ministre tres périodiques avec le initiatives privées pour ac- pour des expatriés. Les prix l’art contemporain ‘’Regard de la culture, du tourisme et corps diplomatique, suivies cueillir, montrer au public et des œuvres sont générale- Bénin’’. Une biennale coupée des sports, Oswald Homéky, de journées portes ouvertes vendre les œuvres des ar- ment fixés en fonction des en deux par un ‘’gros malen- il y a le projet de construction en présence des artistes tistes. bourses des expatriés. » tendu’’. « Certains responsa- d’une galerie nationale des pour que les diplomates puis- Au nombre de ces espaces En fait, la scène artistique bé- bles administratifs, politiques arts et de subvention des ga- sent contempler les œuvres de monstration des créations ninoise s’est construite en et diplomatiques sont pointés leries privées. de plus près. artistiques se compte la gale- grande partie en marge du du doigt comme acteurs et Cependant, le ministre des Mais en attendant la concré- rie Ludovic Fadaïro (en hom- système étatique, s’appuyant complices de cette confusion affaires étrangères et de la tisation des réformes du gou- mage au grand homme d’art essentiellement sur des ini- pour le moins déplorable », coopération, Aurélien Agbé- vernement, l’historien de l’art du même nom) du centre cul- tiatives privées. A l'inverse du s’indignait à l’époque l’un des nonci, n’a pas attendu la Didier Houénoudé avertit : « turel Artisttik Africa situé dans Sénégal et de la Côte initiateurs, Ousmane Alédji, communication publique de Il faut mettre en place toute la le treizième arrondissement d'Ivoire, par exemple, le dramaturge, collectionneur et son homologue de la culture chaîne de la création, de la de Cotonou. Arcade As- Bénin a accordé bien peu fondateur du centre culturel avant d’ouvrir les portes de distribution et de la diffusion sogba, directeur du centre d'intérêt à la culture sous son Artisttik Africa. son ministère aux artistes. des œuvres d’art. Il est éga- explique : « Nous organisons aspect plastique. Du coup, Mais, table rase a été faite du L’une des missions de son lement extrêmement impor- fréquemment des exposi- dans la politique culturelle passé depuis l’arrivée d’un département ministériel est tant de mettre en place des tions-vente dans la galerie. » nationale, « les arts plas- nouveau régime à la tête de de faire rayonner le Bénin en foires d’expositions, des ren- Pour Arcade Assogba, « par- tiques occupent une portion l’Etat. Du coup, une série de mettant en valeur les créa- contres régulières afin de tout où circulent les touristes, congrue », se désole l’univer- réformes ont été entreprises teurs. Ainsi, il fait organiser doper le marché et susciter la il y a un marché de l’art plus sitaire. dans le secteur. Au nombre des expositions d’art plas- créativité et la production. » ou moins formel qui s’anime dans les environs ». Henriette Goussikindé, reli- gieuse catholique et plasti- cienne, animatrice par ailleurs de la galerie Saint Au- gustin à Cotonou, partage cette idée du directeur du centre culturel Artisttik Africa. « Un marché de l’art existe au Bénin, insiste-t-elle, même si parfois il est non- chalant, vacillant. Il existe puisque des artistes vendent à des acheteurs dont des touristes. » Par contre, le plasticien Charly d’Almeida n’est pas de cet avis. Pour lui, « avant qu’il y ait marché de l’art au Bénin, il faut que l’art soit entré dans les mœurs, dak’ art actu - venredi 4 mai 2018 7
ACTUALITES PROGRAMME DU JOUR Dak ‘ ART actu 1. 9 heures: Directeur de Publication : Ma- Cérémonie d’ouverture des Ren- rième Bâ contres et échanges à l’UCAD ; Président de la Commission 2. 15 heures: Communication : Massamba ouverture du colloque des Minis- Mbaye tres de la Culture d’Afrique sur le Rédacteur en chef : Assane Dia : Conseillers : Baba Diop, Jean financement innovant de la culture Pires à l’Hôtel Pullman ; Coordinateurs : E. Massiga Faye, 3. 17 heures: Alassane Cissé, Mbagnick Ngom : Vernissage de l’exposition des com- Journalistes 1. Théodora SY ( Sénégal) missaires invités au Musée Théo- 2. Alassane Aliou Mbaye (Sénégal) dore Monod sis à la place Soweto ; 3. Ibrahima Ba (Sénégal) 4. En soirée: 4. Fatou Kiné Sène (Sénégal) Première de l’Opéra Madiba, le mu- 5. Bigué Bopp (Sénégal) sical au Grand Théâtre 6. Aïssatou Ly (Sénégal ) 7. Diouma Sow (Sénégal) 5. 17 heures : 8. Aboubacar Cissokho Vernissage de l’exposition collec- 9. Pape Seydi (photographe) tive organisée par la Fondation 10. Fernando Gomez (photographe) Dapper sur l'ïle de Gorée dans le 11. Fortuné SOSSA, Bénin cadre du Dak'Art OFF 2018. 12 Jean François CHANON, Came- roun 6. 18heures : 13. Siham WEGAN, (Maroc) Résidence de l’Ambassadeur des 14. Assane Koné (Mali) Pays-Bas, dans le cadre du OFF, 15. John Ohoo (Ghana) vernissage de l’exposition Urban 16. Emmanuelle Outtier (Maroc)/ Dyptik Africans : « Le rêve africain, Ré- Monteur : Abdoulaye Simal flexion sur la migration » Distributeur : El Hadji Samba : 8 dak’ art actu - venredi 4 mai 2018
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