DÉCENTRALISATION DE LA PRISE EN CHARGE DU VIH/SIDA PAR LE TUTORAT DANS LA RÉGION CENTRE DU CAMEROUN
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Les personnes ayant mis en oeuvre le projet ESTHER de «Décentralisation de la prise en charge du VIH par le tutorat de la Région Centre du Cameroun» sont: - Pr. Eric Delaporte (CHU Montpellier) - Dr. Charles Kouanfack (Hôpital Central de Yaoundé) - Dr. Anke Bourgeois (CHU Montpellier) - Dr. Bouba Bassirou (ESTHER) - Martine Déry (ESTHER) - Caroline Comiti (ESTHER) 2
SOMMAIRE INTRODUCTION............................................................................................................. 4 1. CONTEXTE LORS DE LA MISE EN PLACE DU PROJET ET JUSTIFICATION........................ 4 2. MONTAGE INSTITUTIONNEL....................................................................................... 5 3. ACTIVITÉS MISES EN PLACE........................................................................................ 6 4. RÉSULTATS.................................................................................................................. 7 5. FACTEURS CLÉS DE RÉUSSITE...................................................................................... 8 6. ÉCUEILS A ÉVITER....................................................................................................... 8 CONCLUSION................................................................................................................. 8 ANNEXE 1.......................................................................................................................9 LISTE DES ACRONYMES • ANRS : Agence Nationale de Recherche sur le Sida • ARC : Agent de Relais Communautaire • ARV : Antirétroviraux • C2D : Contrat de Désendettement et de Développement • CAPR: Centre d’Approvisionnement Pharmaceutique Régional • CENAME : Centrale Nationale d’Approvisionnement en Médicaments et consommables Médicaux Essentiels • CHU: Centre Hospitalier Universitaire • CTA : Centre de Traitement Agrée • DIU: Diplôme Inter-Universitaire • HCY : Hôpital Central de Yaoundé • HD : Hôpital de District • HDJ : Hôpital de Jour • HMY : Hôpital Militaire de Yaoundé • IEC: Information, Education et Communication • IO: Infection Opportuniste • MINSAN : Ministère de la Santé Publique • PEC : Prise En Charge • PVVIH : Personne Vivant avec le VIH • UPEC : Unité de Prise En Charge 3
1. CONTEXTE LORS DE LA MISE EN PLACE DU PROJET ET JUSTIFI- INTRODUCTION CATION DE L’ACTION Ce document a pour objectif de présenter Faisant face à un taux de prévalence de 5,5% de sa population adulte en 2003, le Cameroun a fait de la lutte contre un projet mis en œuvre dans le cadre de l’initiative le Sida l’une des priorités de la stratégie sectorielle de santé. ESTHER, en insistant sur les modalités opération- Les ARV (Antirétroviraux) ont été introduits en 1997. La baisse nelles du montage et de la mise en œuvre des acti- du coût des ARV de 71% en 2001, la réforme du système de vités. Il a pour vocation à être distribué à l’ensemble santé ainsi que la distribution des ARV par la CENAME (Centra- le Nationale d’Approvisionnement en Médicaments et consom- des partenaires du réseau ESTHER et ne constitue pas mables Médicaux Essentiels) n’ont pas réussi à résoudre tous une évaluation externe des actions mises en place. les problèmes. En 2004, 11% des personnes éligibles sont sous traitement ARV. Le coût du traitement reste élevé et l’accès à la prise en charge et aux ARV est géographiquement très limité. Vue de Yaoundé, Cameroun Entre 2001 et 2004, le MINSAN (Ministère de la Santé Publique) a défini et désigné des structures de PEC (Prise En Charge) des PVVIH (Personnes Vivants avec le VIH). De là est née la volonté d’opter pour un système de décentralisation. Le choix de la mise en place d’un système de tutorat dans la Ré- gion Centre a été rendu possible par la capacité de supervision des douze UPEC (Unité de Prise En Charge) par l’HCY (Hôpital Central de Yaoundé). Le projet ESTHER a appuyé l’HCY et les Carte des différentes régions du Cameroun UPEC dans la mise en œuvre de la décentralisation de la PEC (source: toutcameroun.com) par le tutorat entre juillet 2005 et avril 2008. CTA de la Région Centre Marché de Yaoundé 4 Carte des UPEC de la Région Centre du Cameroun
2. MONTAGE INSTITUTIONNEL Le MINSAN, à travers le CNLS (Comité National de Lut- L’HCY a joué un rôle important dans la mise en œuvre te contre le Sida) est chargé de la gestion et de la coordination de la décentralisation de la PEC dans la Région Centre grâce à du plan national de lutte contre le Sida. des missions de supervision des UPEC. La direction de l’HCY a Ce projet a pour point de départ la volonté du MIN- favorisé ce projet par la mise à disposition de son personnel SAN de mettre en place un système de décentralisation de la qui, en plus de ses tâches habituelles, a assuré les activités de PEC des PVVIH vers les hôpitaux de districts. Les critères simpli- tutorat. fiés de l’OMS pour la mise sous traitement et l’ implication ren- Le rôle principal du CHU de Montpellier était d’ac- forcée du personnel paramédical dans le suivi des patients sont compagner l’HCY dans ce tutorat au niveau des UPEC, en réa- à la base de cette stratégie. Le but de cette décentralisation est lisant notamment trois cycles de formations du personnel mé- d’élargir l’accès aux ARV et de réduire les coûts et les déplace- dical des UPEC et deux missions de supervision à l’HCY. Le CHU ments des malades. La décision du MINSAN selon laquelle les de Montpellier a mis à disposition un médecin chargé de réa- hôpitaux de référence comme l’HCY doivent appuyer les UPEC liser les formations à Yaoundé et d’effectuer le suivi du projet et l’existence préalable d’un partenariat ESTHER entre l’HCY et (contact avec le médecin référant du projet à l’HCY, vérification le CHU de Montpellier ont conduit au montage du projet de du bon déroulement des activités…) décentralisation de la PEC par le tutorat dans la Région Centre Le budget ESTHER dégagé pour ce projet s’élève à présenté ici. 448 597€ (cf graphique 1) sur une période de trois ans entre L’initiative ESTHER a fourni un cadre de mise en 2005 et 2008. L’accent a été mis sur l’équipement matériel oeuvre du projet et en a financé l’ensemble des activités (mise puisque les deux tiers du budget ont été consacrés à équiper et à niveau des laboratoires, formations, dotation en équipement, à réhabiliter les laboratoires des UPEC. recherche des perdus de vue…). Le document cadre de projet, rédigé par les partenaires français et camerounais, a été validé GRAPHIQUE 1 lors du Comité d’Examen des Projets (CEP) en janvier 2005. Ce Répartition du budget décentralisation de la province Centre du projet s’inscrit en complément du partenariat avec le CHU de Cameroun Montpellier portant sur les activités au sein des hôpitaux mili- taires et central de Yaoundé. Une convention financière à été Documentation Autres 2% Formations 10% signée entre le CHU de Montpellier, l’HCY et ESTHER en juillet Supervision et suivi- évaluation 18% 2005, marquant le début des activités. Cependant, aucune 4% convention n’a été signée directement entre ESTHER et les UPEC. Le recrutement en 2006 d’un coordinateur ESTHER Ca- meroun a permis de suivre plus précisément la situation dans Formations les différentes UPEC de la Région Centre. Le comité de liaison Equipement et en juin 2006 au Cameroun a permis de rassembler tous les ac- consomable laboratoire Supervision et suivi- teurs pour faire un état des lieux de l’avancement du projet. Equipement et évaluation consomable laboratoire Documentation 66% Autres Personnel de l’UPEC de Mfou Hôpital Central de Yaoundé 5
3. ACTIVITÉS MISES EN PLACE •••> Formations •••> Equipement La première étape a consisté en une période de for- La dotation en équipement (automate de biochimie mation de tout le personnel sanitaire de la Région impliqué et d’hématologie, réfrigérateur, onduleur et fonds de roule- dans la prise en charge : un stage théorique dispensé par une ment en réactifs) a bénéficié à toutes les UPEC. L’HCY a été équipe de formateurs camerounaise et un médecin du CHU de équipé avec le même type d’appareils de biochimie et d’héma- Montpellier suivi d’un stage pratique (à l’HCY et/ou sur les sites tologie que les UPEC afin de faciliter la formation et la supervi- UPEC pour se familiariser à l’environnement). sion. La maintenance des appareils à été financée pour un an Deux médecins ont pu participer au DIU à Ouagadougou. (2006-2007) puis renouvelée pour une année supplémentaire Les trois ateliers de formations ont permis aux médecins de dé- en janvier 2008. léguer certaines tâches aux infirmiers, puisque tous ont reçus la même formation. •••> Supervision A cela s’ajoute les ateliers de formation des techniciens de la- Dernière étape: trois tournées de supervision du per- boratoires, commis de pharmacie, sages-femmes ainsi que des sonnel de l’HCY dans les douze UPEC de la Région Centre en ARC. novembre 2005 et novembre 2006. Il était initialement prévu de faire une tournée tous les deux mois, cependant la charge •••> Réhabilitation des locaux de travail de l’équipe de l’HCY et les nombreux déplacements Une phase de réhabilitation des laboratoires des dou- nécessaires ont rendu cela impossible. Les trois missions effec- ze UPEC a été lancée. Après une évaluation initiale des besoins, tuées ont malgré tout mené à une supervision effective1. des travaux ont été effectués en fonction de chaque UPEC afin de sécuriser et d’équiper les bâtiments. •••> Activités de suivi/évaluation Le logiciel ESOPE de suivi des patients a été installé dans huit UPEC. Des agents de saisie ont été formés à son utili- sation. UPEC de Mfou Hôpital de jour de l’HCY 1. Voir La chronologie des activités en annexe 6
4. RÉSULTATS 1- Des objectifs atteints a- Activités réalisées Toutes les activités prévues ont été réalisées, le taux de dé- GRAPHIQUE 3 caissement du budget total est de 100% soit 448 597€. Des économies ont même été réalisées puisqu’il a été possible Moyenne des scores de qualité de vie physique (PCS) et mentale (MCS) , chez les patients infectés par le VIH traités d’équiper une 12ème UPEC quand il était initialement prévu par ARV depuis plus de 6 mois, selon le niveau de d’en financer seulement 11. Cependant, les délais d’exécu- décentralisation de la structure hospitalière tion ont été beaucoup plus longs que prévu. 60 50 50 50 b- Résultats 45 45 42 40 L’augmentation régulière des files actives, le large accès aux ARV et le nombre de dossiers transférés du CTA aux UPEC sont des bons marqueurs de l’impact de ce projet 20 (CF graphique 2 ci dessous). GRAPHIQUE 2 0 Central Provincial District Evolution du suivi dans les 12 UPEC et au CTA de l'HCY PCS MCS 7000 6025 6000 5000 4280 4000 3574 3000 2300 2006 2000 2008 GRAPHIQUE 4 1102 900 1000 547 700 323 230 Pourcentage de patients infectés par le VIH parfaitement 0 observants aux traitements antirétroviraux selon le niveau de Dossiers Nombre de Nombre de Nombre de Nombre de décentralisation de la structure hospitalière transférés patients patients patients patients du CTA aux sous ARV sous ARV traités dans traités au UPEC dans les au CTA les UPEC CTA 80% 72% UPEC 70% 65% 66% 63% 58% 60% 50% 45% Observance sur les 4 derniers Le nombre de patients dans les UPEC a augmenté de 82% jours 40% entre 2006 et 2008 et le nombre de patients sous ARV Observance sur les 4 dernières dans les UPEC a augmenté de 77% sur la même période. 30% semaines 20% L’étude ANRS 12 116 menée entre septembre 2006 10% et avril 2007 montre de plus que la qualité de vie (graphique 0% 3) et l’observance (graphique 4) sont au moins aussi bonnes Central Provincial District dans les UPEC que dans les hôpitaux centraux: «La qualité de vie physique est identique chez les patients suivis dans les hôpitaux de district, comparés aux patients suivis dans les services centraux, alors que la qualité de vie mentale est significativement meilleure chez les patients suivis dans les Les graphiques 3 et 4 sont extraits des principaux résutats de services de district par rapport à ceux suivis dans les services l’enquête EVAL- étude ANRS 12116. centraux.1 » 1 Fred Eboko, Claude Abé et Christian Laurent, « Accès décentralisé au traitement du VIH/Sida, évaluation de l’expérience camerounaise », chapi- tre 5 : « Passage à l’échelle de l’accès au traitement antirétroviral du VIH/ Sida au Cameroun : Décentralisation et qualité de la prise en charge » 7
2- Les limites 6. ÉCUEILS A ÉVITER L’achat de l’équipement a été entièrement fi- • La surcharge de travail: comme aucune ressource nancé par ESTHER. La question du rachat de nouveau ma- humaine additionnelle n’a été recrutée sur ce projet, la mise tériel une fois celui-ci obsolète reste cependant entière. en place de la décentralisation, effectuée en plus des tâches De plus, on note une différence d’opérationalisation se- habituelles, a constitué une surcharge de travail pour l’équipe lon les UPEC: Les 9 UPEC participant à l’étude ANRS Stratall 12 110 de l’HCY. Cela a entraîné un retard dans la réalisation des ac- ont été opérationnelles plus rapidement que les autres, surtout tivités. Il pourrait donc être utile de prévoir un recrutement à au niveau du fonctionnement des appareils et de la maintenance. plein temps pour le monitoring d’un projet comme celui-ci. Par ailleurs, la mise en place du logiciel de suivi des • Éviter de laisser la question des financements en patients ESOPE s’est heurtée à de nombreuses difficultés: suspens. Certaines dépenses, comme la maintenance des appareils, financées par ESTHER sur deux ans, ne sont au- • Son installation et la formation d’agents n’a pas jourd’hui plus financées étant donné que les autorités came- conduit à l’utilisation régulière de ce logiciel. rounaises n’ont pas repris leur financement. Il est important, • La version installée n’était pas opérationnelle. pour l’efficacité d’un projet, d’anticiper toutes les éventualités • Il n’y avait pas de réelle volonté locale d’utiliser concernant la pérennité des moyens. ce logiciel. Il a donc été difficile d’effectuer le suivi des patients sur cet outil. CONCLUSION Enfin, la mise en place et le soutien de PVVIH dans les UPEC ont été difficiles, du fait du manque de confidentialité no- Considéré comme pilote, ce projet de décentralisa- tamment. Cependant, le financement initiallement prévu pour tion par tutorat a rempli ses objectifs d’étendre la prise en cette activité a été reversé pour la recherche des perdus de vue charge des PVVIH et d’augmenter l’accès au traitement par (frais de taxi, de téléphone...) par les agents de relais communau- ARV dans la Région Centre. taires (ARC). L’implication du Ministère de la Santé Publique et sa volonté d’étendre la décentralisation par le tutorat aux 5. FACTEURS CLÉS DE RÉUSSITE neuf autres provinces du pays suite aux résultats de ce projet (financé par le contrat de désendettement et de développe- ment: C2D, lui même Quatre facteurs clés ont facilité ce projet de décentralisation: éré par l’Agence Française de Développement), démontrent la • Le contexte institutionnel favorable grâce à la volonté reconnaissance officielle du succès de ce projet par le gouver- des autorités camerounaises de mettre en place la décentralisa- nement camerounais. tion (désignation de structures au niveau du district…). • La baisse du coût du suivi biologique ainsi que la gra- tuité des ARV depuis le 1er mai 2007. • La qualité du partenariat entre le CHU de Montpellier et l’HCY: les partenaires français et camerounais travaillaient déjà ensemble sur d’autres projets. • La grande implication de l’HCY grâce à la direction qui a accepté de mettre son personnel à disposition pour les activités de tutorat (possibilité de partir en mission...) et grâce à l’équipe médicale qui a participé à ce projet en plus de ses tâches habi- tuelles a été décisive pour rendre la supervision du CTA vers les UPEC opérationnelles. • L’étude ANRS Stratall 12 110 menée en parallèle a ac- compagné le projet par la présence permanente de chercheurs à l’HCY et dans neuf des douze UPEC. Cela a facilité l’identification et la résolution des problèmes. Hôpital Central de Yaoundé REMERCIEMENTS: Le GIP ESTHER souhaite remercier les acteurs du projet, pour leur aide précieuse à la rédaction de ce document: Dr. Bouba Bassirou, Dr. Anke Bourgeois et Dr. Charles Kouanfack. 8
9 ANNEXE 1: CHRONOLOGIE DES ACTIVITÉS RÉALISÉES Atelier initial de formation des Réhabilitation Poursuite techniciens plateau laboratoire Début technique contrats de suivi des Cérémonie 3ème maintenance Valisation en patients dans remise des tournée de CEP les UPEC 1ère Atelier de équipements supervision + formation tournée recyclage et comité + atelier Atelier de Achat Signature commis de supervi- médecin et Formation de liaison formation recyclage équipement Atelier initial de convention pharmacie infirmiers ESTHER PTME- PEC médecin et HCY formation des sion des ARC Fin du médecins et pédiatrique infirmiers CEP infirmiers financière projet Installation ESOPE Nov. 2004 Jan. 2005 Juil. 2005 Sept. 2005 Nov. 2005 Fev. 2006 Juin. 2006 Nov. 2006 Fev. 2007 Jan. 2008 Dec. 2004 Aoû. 2005 Dec. 2005 Juil. 2006 Dec. 2006 Avr. 2008 LÉGENDE Formation des techniciens de laboratoire sur site. Tournée de supervision Période de formation
Notes
GIP ESTHER 62, BOULEVARD GARIBALDI 75015 PARIS TEL: (+33) 1 53 17 52 02/09 w w w.esther.fr
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