Domaine de Mériton (Montfuron) Eléments de diagnostic écologique
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Domaine de Mériton (Montfuron) Eléments de diagnostic écologique Parc naturel régional du Luberon - mars 2022 Le Domaine de Mériton s’étend sur 399,9 ha pour la partie concernée par un Plan simple de gestion (PSG), sur les communes de Montfuron (Alpes de Haute-Provence) et de la Bastide-des-Jourdans (Vaucluse). A la fois forestier et agricole, il se situe sur le piémont sud du massif dit du Luberon oriental entre 440 et 580 mètres d’altitude. Ce document, qui a vocation à compléter le PSG de la propriété, réalisé par la Coopérative PROVENCE FORET, est un porter à connaissance des enjeux environnementaux connus du site pour une éventuelle prise en compte par les propriétaires. Les éléments suivants constituent une synthèse des données écologiques connues par le Parc naturel régional du Luberon (PNRL). Il s’agit d’une compilation des données bibliographiques (bases de données naturalistes notamment) et des données issues d’une journée de terrain effectuée le 15 février 2022 qui sera complétée dans la mesure du possible par des relevés complémentaires au printemps. Laurent MICHEL – Chargé de mission biodiversité Sophie BOURLON – Chargée de mission Natura 2000 et pastoralisme – Rédacteurs Ingénieure forestière Jérôme BRICHARD – Chargé de mission zones humides et biodiversité aquatique Page 1 sur 36
1. Périmètres d’inventaires et de protection Périmètres nationaux La partie ouest de la propriété est située au sein d’un périmètre d’inventaire naturaliste national dénommé ZNIEFF (Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique). Les ZNIEFF n’ont pas de portée réglementaire stricte mais identifient « des secteurs présentant de fortes capacités biologiques et un bon état de conservation » (Source : data.gouv.fr). La propriété est située intégralement dans la ZNIEFF de type 2, n° 04161100 « Versant nord-est du massif du Luberon - Forêts Domaniales de Pélissier et de Montfuron - collines de Montjustin » dont la fiche descriptive est consultable sur le site du Muséum national d’histoire naturelle à l’adresse suivante : https://inpn.mnhn.fr/docs/ZNIEFF/znieffpdf/930012367.pdf Périmètres locaux Le Parc naturel régional du Luberon a créé, antérieurement aux ZNIEFF nationales, son propre dispositif de reconnaissance d’espaces naturels remarquables sur son territoire : les secteurs de valeur biologique majeur (VBM) parmi lesquels sont parfois distingués des milieux exceptionnels (ME). Tout comme les ZNIEFF, ces périmètres n’ont pas de portée réglementaire directe, mais ont vocation à être pris en compte dans les documents d’urbanisme. Ainsi, les communes qui ont choisi d’adhérer au PNR du Luberon doivent tenir compte des secteurs VBM et ME dans leur planification urbaine. L’extrémité nord de la propriété est située dans l’un de ces périmètres d’inventaire local : le secteur de Valeur Biologique Majeure n°04_23N « Le Grand Luberon oriental », identifié dans la charte du Parc naturel régional du Luberon comme une zone naturelle à préserver. Un descriptif de ce secteur VBM est joint en annexe 1 (Sous-secteur 1 : du massif de Céreste au ravin de Piférat). Page 2 sur 36
Inventaire régional des zones humides Depuis le début des années 2000, les zones humides ont été progressivement inventoriées en région PACA en vue de protéger ce patrimoine naturel extrêmement vulnérable et en régression depuis de très nombreuses décennies. C’est l’arrêté ministériel du 24 juin 2008 qui a précisé les critères de définition et de délimitation des zones humides sur la base de critères pédologiques et floristiques. Les limites peuvent être imprécises. Elles ne sont là que pour informer et alerter sur la présence d’une zone humide à l’intérieur du périmètre donné. « Le périmètre des zones humides défini dans un inventaire n’a pas de valeur juridique directe, même si la jurisprudence précise que ces éléments de connaissance ne peuvent être ignorés et doivent être pris en compte dans les études d’incidences de projets. C’est pourquoi, si des aménagements ou activités prévus par la règlementation française sont envisagés sur votre site, une analyse plus approfondie est nécessaire » (Source : DREAL, 2013). Outre les réglementations spécifiques (arrêté de protection de biotope, réserve naturelle, Natura 2000…), les zones humides sont soumises à la réglementation de la Loi sur l’eau. Avant toute intervention en zone humide ou à proximité, il est nécessaire de s’informer auprès des services de l’État sur les démarches à effectuer. Sur le domaine de Mériton, le périmètre des zones humides est issu des inventaires départementaux du Vaucluse et des Alpes de Haute Provence réalisés en 2011/2012 par le Conservatoire d’Espaces Naturels de PACA. Position de la propriété vis-à-vis des zones humides identifiées dans la base de données régionale Page 3 sur 36
Il est à noter que la visite du le 15 février 2022 a permis de mettre en évidence la présence d‘une autre zone humide répondant aux critères de définition de l’arrêté de 2008 (voir plus loin partie sur les habitats naturels) sur le secteur des Capons au nord-Est de la propriété. Sur la base des différents inventaires disponibles sur le territoire de la réserve de biosphère Luberon- Lure, le PNR du Luberon a réalisé en 2019 un plan de gestion stratégique des zones humides (PGS- ZH). Celui-ci identifie les enjeux portés par ces milieux (hydrologique et biologique), leur état de conservation et les menaces pour en définir des stratégies de gestion et des priorités d’interventions. Ainsi le domaine de Mériton est concerné par six périmètres de zone humide sur lesquels le PGS ZH fait ressortir les éléments suivants : Menaces Etat de Stratégie de Code Nom Type ou Enjeu conservation gestion pressions Ruisseau de Bordure de Partiellement 04CEEP0010 Corbières Moyenne Fort Préserver cours d'eau dégradée T2 Ruisseau de Préserver / Bordure de Partiellement 04CEEP0017 Corbières Moyenne Fort voir cours d'eau dégradée T3 Restaurer Faible Mare de Zone humide Pas ou peu 84CEN0230 Faible à Conserver Picon n°2 ponctuelle dégradée modéré Faible Mare de Zone humide Pas ou peu 04PNRL0072 Faible à Conserver Picon n°2 ponctuelle dégradée modéré Faible Mare de Zone humide Pas ou peu 04PNRL0073 Faible à Conserver Picon n°3 ponctuelle dégradée modéré Etangs de la Zone humide Pas ou peu 84CEN0215 Faible Modéré Conserver Cavalerie ponctuelle dégradée Chaque type de stratégie est défini de la manière suivante : - « Conserver » : vise à des actions de prévention (non dégradation) sur des milieux peu dégradés et faiblement menacés. - « Préserver » : exige en priorité des mesures de maitrise ou de réduction des pressions ou menaces - « Restaurer » : appelle en priorité à des actions de renaturation dans une perspective de reconquête vers un état fonctionnel optimal A noter qu’à compter de la mi-mai 2022, les fiches descriptives des zones humides du périmètre de la DLVA (incluant donc la commune de Montfuron) seront accessibles sur le site internet du PNRL (sit.pnrpaca.org). Page 4 sur 36
2. Périmètres de protection et de gestion du patrimoine naturel La propriété n’est concernée directement par aucun périmètre de protection stricte du patrimoine naturel. Le site Natura 2000 FR9301585 « Massif du Luberon », désigné « Zone Spéciale de Conservation » au titre de la Directive « Habitats, Faune, Flore »1 est situé au nord-ouest, en continuité écologique et hydrographique avec la propriété. Position de la propriété vis-à-vis du site Natura 2000 « Massif du Luberon » La présence d’un site Natura 2000 n’est pas de nature à exercer une contrainte forte sur la gestion de la propriété. Toutefois, en cas d’aménagement susceptible d’avoir une incidence sur l’état de conservation des habitats naturels ou espèces d’intérêt communautaire, une évaluation des incidences peut être demandée par les services de l’Etat. Pour plus d’informations sur les habitats naturels et les espèces concernées, Le Formulaire Standard de Données (fiche descriptive synthétique) du site Natura 2000 est disponible à l’adresse suivante. https://inpn.mnhn.fr/docs/natura2000/fsdpdf/FR9301585.pdf 3. Géologie 1 La directive de l'Union européenne 92/43/CEE concernant la conservation des habitats naturels ainsi que des espèces de la faune et de la flore sauvages, plus généralement appelée directive habitats faune flore ou encore directive habitats est une mesure prise afin de promouvoir la protection et la gestion des espaces naturels à valeur patrimoniale que comportent ses États membres, dans le respect des exigences économiques, sociales et culturelles (source : Wikipedia). Page 5 sur 36
Les communes de Montfuron et de la Bastide-des-Jourdans sont situées dans le périmètre de protection de la Réserve naturelle géologique du Luberon, mais la propriété n’accueille pas de site de cette réserve naturelle nationale. Dans ce cas de figure (dans le périmètre de protection, mais hors site de la réserve), la réglementation en vigueur n’interdit pas la récolte de fossiles au sol, mais interdit par contre le creusement du sol à ces fins spécifiques (et donc n’empêche pas les travaux réalisés dans un cadre et un objectif différent). L’extrait de la carte géologique met en évidence la présence de terrains sédimentaires formés au cénozoïque, ou « tertiaire » (période oligocène), il y a environ 30 millions d’années. Vers le sud-est, apparaissent des terrains plus anciens du mésozoïque ou « secondaire » (en vert). On a ainsi, succinctement : Sur la majeure partie de la propriété (rose clair), des marnes rouges et argiles dites « de la Mort d’Imbert ». Ce sont ces terrains sur lesquels sont implantés les cultures. Ils correspondent également à de vastes étendues de Pin d’Alep et de Pin sylvestre. Les niveaux argileux ont également permis la création et le maintien dans le temps de nombreuses retenues collinaires. Sur les marges de la propriété (rouge et rose soutenu), les terrains deviennent plus durs avec la présence de calcaires en plaquette, réputés riches en fossiles (calcaires dits de Montfuron à cette échelle locale). Au sud-ouest (vert), le sommet de Loveirette est constitué de calcaires en gros bancs de l’Hauterivien, bien plus anciens que les terrains marneux sous-jacents. Page 6 sur 36
Les calcaires en plaquette de Montfuron représentent un enjeu important de la Réserve géologique nationale. Ici en amont immédiat de l’ancienne piste automobile. La géologie influence directement la nature de la végétation en place. On retrouve ainsi dans la propriété des cortèges végétaux basiphiles (affectionnant des ph élevés) calcicoles à « marnicoles », c’est-à-dire adaptés à des teneurs assez élevées en argiles, avec des sols peu drainants et connaissant typiquement des alternances d’engorgements (automne et hiver surtout) et d’assecs sévères (été). 4. Milieux naturels La propriété se situe dans un contexte climatique et biogéographique de l’étage mésoméditerranéen, caractérisé par une sécheresse estivale marquée, des températures moyennes élevées et des hivers peu rigoureux, conditions favorables au développement du Pin d’Alep, du Chêne pubescent et du Chêne vert. Toutefois, en raison de l’altitude (autour de 500 mètres), des expositions variées et d’une situation en Provence intérieure impliquant une légère continentalité, ces conditions méditerranéennes sont atténuées : les précipitations sont plus conséquentes qu’en Provence littorale, les hivers y sont aussi plus rigoureux. Sur les versants moins thermophiles, la végétation présente d’ailleurs quelques affinités avec l’étage supra-méditerranéen (forte présence du Pin sylvestre par exemple). L’expression « milieux naturels » est entendue au sens large, c’est-à-dire incluant non seulement les espaces forestiers, le pelouses et zones humides, mais également les espaces plus anthropisés, notamment les parcelles cultivées, qui sont loin d’être dénuées d’intérêt du point de vue de la biodiversité. Cette description des milieux - ou « habitats » - naturels s’appuie d’une part sur la cartographie et la description des peuplements de la Coopérative Provence Forêt et d’autre part sur la visite de terrain effectuée le 15 février 2022. Il est possible que certains types de milieux naturels localisés ne soient pas mentionnés ici car la journée de terrain n’a pas permis de prospecter l’ensemble de la propriété. Dans les tableaux ci-après, la mention de l’intérêt communautaire des habitats naturels est sans implication pour la gestion puisque la propriété n’est située que pour une petite partie dans le site Page 7 sur 36
Natura 2000 du « Massif du Luberon ». Il s’agit pour le reste de la propriété d’une indication de patrimonialité. Code MILIEUX FORESTIERS CORINE Biotope Pinèdes de Pin d’Alep 42.84 Pinèdes de Pin sylvestre 42.59 Intérêt Chênaies vertes méditerranéennes et Forêts mixtes de chênes 45.31 communautaire verts et Pin d’Alep en sur-étage 9340 Chênaie blanche supraméditerranéenne 41.711 Intérêt Peupleraie blanche 44.63 communautaire 92A0 Il convient tout d’abord de mentionner que ces habitats forestiers sont souvent mixtes : les chênes blanc et vert sont ordinairement en sous-étage de la pinède de Pin d’Alep sur les versants ; dans les fonds de ravins plus frais, le Chêne pubescent est en mélange avec le Peuplier blanc, hormis en ce qui concerne la jeune futaie de Peuplier blanc en colonisation de zone humide en bord d’étangs. La forêt abrite des ensembles d’arbres âgés notamment des chênes centenaires conservées au fil des âges. D’autres parties de la forêt sont d’âge relativement récent. Il y a un siècle, la propriété était en grande partie constituée de parcelles cultivées et de parcours pastoraux où l’arbre avait certainement une place assez réduite. Avec l’abandon ou la forte régression de l’activité pastorale s’est produite une remontée forestière généralisée dans l’ensemble de la région. Arbre colonisateur, le Pin d’Alep (Pinus halepensis) a le premier investi les pentes et sols non cultivables, bien plus rapidement que le Chêne vert (Quercus ilex) et le Chêne pubescent (Quercus pubescens). Ce phénomène s’est ici trouvé accentué par la géologie, la prédominance de sols marneux étant plus favorable au Pin d’Alep qu’au Chêne vert (qui est plus concurrentiel sur des sols squelettiques calcaires). L’existence même de ces sols marneux à réserve hydrique plus forte que les calcaires explique aussi la forte présence du Chêne pubescent (Quercus pubescens) dans la propriété. Quoi qu’il en soit, le développement des chênaies reste très lent et même en l’absence d’exploitation, le paysage restera dominé par le Pin d’Alep pour de nombreuses décennies encore (hormis sur sols plus profonds (lisières des champs) ou plus humides (ravins). Parmi les espèces caractéristiques de ces boisements méditerranéens, on peut citer, la Laîche de Haller (Carex halleriana), la Clématite brûlante (Clematis flammula), le Chèvrefeuille étrusque (Lonicera etrusca), le Rouvet (Osyris alba), le Fragon (Ruscus aculeatus) ou encore la Garance voyageuse (Rubia peregrina). Page 8 sur 36
Régénération forestière à Chêne pubescent en sous-étage de la pinède, sur un coteau exposé au nord Le long des talwegs plus humides qui caractérisent le cœur de la propriété, des peuplements de feuillus bien plus élevés ont pu se développer : chênaie pubescente à Peuplier blanc (Populus alba) et même de jeunes futaies de Peuplier blanc en situation d’atterrissement sur certaines zones humides. Ces boisements productifs sont également favorables à l’expression d’une flore plus mésophile à hygrophile dont le Lierre (Hedera helix), le Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), la Gesse à larges feuilles (Lathyrus latifolius), le Troène commun (Ligustrum vulgare), l’Orme champêtre (Ulmus minor) et la Ronce à feuilles d’Orme (Rubus ulmifolius). La propriété est caractérisée par une grande variété de types de peuplements forestiers, de jeunes à âgés. Les forêts de la propriété, du moins celles qui ont pu être visitées présentent des faciès assez diversifiés, avec un gradient intéressant d’humidité. Elles ont d’ores-et-déjà permis l’installation d’une flore et d’une faune forestières qui ne peut que s’enrichir à mesure que la forêt se développera et vieillira. Il convient de rappeler ici que le vieillissement de la forêt (ou du moins d’un certain nombre d’arbres) permet la création d’une multitude de micro-habitats et de gîtes (trous, décollements d’écorces, bois mort au sol, lierre, etc.) pour une faune forestière très diversifiée, mais également encore largement méconnue. Une partie des ilots d’arbres âgés et quelques arbres ponctuels ont pu être cartographiés, du fait de leur fort intérêt écologique il conviendra de conserver ce réseau d’arbres de grande valeur écologique lors des interventions à venir. Page 9 sur 36
Chêne blanc centenaire présentant d’importantes cavités et d’intérêt majeur pour la faune Arbres sénescents (relevé non exhaustif) Ilots d’arbres sénescents : chênes pubescents d’intérêt écologique à conserver La présence ponctuelle d’espèces plus rares comme les Sorbiers blanc (Sorbus aria) et domestique (Sorbus domestica), le Peuplier noir (Populus nigra subsp. neapolitana) et le Saule blanc (Salix alba) dans les zones humides est également favorable au développement de cette biodiversité forestière. Page 10 sur 36
Code MILIEUX HERBACES ET ARBUSTIFS CORINE Biotope Garrigues calcicoles de l’ouest méso-méditerranéen 32.4 Prairies méditerranéennes basses et claires des sols marneux 37.5 humides Gazons à Brachypode de Phénicie 34.36 Intérêt Pelouses méditerranéennes sèche à Brachypode rameux en communautaire 34.5 ourlet de Chênaie verte* prioritaire 6220 * Habitat non observé lors de la visite du 15 février 2022 mais restant potentiel sur de faibles surfaces (ourlets, clairières), surtout au sud de la propriété. Généralement issus de et entretenus par l’activité pastorale, les milieux ouverts et semi-ouverts sont, dans le détail, d’une très grande diversité. Dans la propriété, les surfaces de garrigues restent peu étendues, le plus souvent sur les pentes raides des différents ravins et ça-et-là en clairières et lisières forestières. Les garrigues basses s’observent surtout sur des sols calcaires ou marneux et pentus, peu propices à l’installation d’une végétation arbustive et arborée pérenne. Du fait même de ces conditions très particulières de sol et d’érosion permanente, ce sont ici des habitats relativement stables qui hébergent une flore très spécifique, à fort enracinement, adaptée à des assecs sévères et prolongés, ainsi qu’à d’importantes phases d’engorgement, surtout à l’automne et en hiver (marnes et argiles). Certaines de ces garrigues basses présentent ici potentiellement un caractère fortement patrimonial, en raison de la présence connue à faible distance d’une espèce à fort enjeu de conservation : le Sainfoin humble d’Europe (Hedysarum boveanum subsp. europaeum). Cette espèce, connue plus au sud (la Cavalerie, Petit Pinganaud), reste potentielle sur les pentes marneuses érodées au sud de la propriété. Parmi les autres espèces caractéristiques, on peut citer la présence du Sainfoin couché (Onobrychis supina), de l’Aphyllanthe de Montpellier (Aphyllanthes monspeliensis), de la Germandrée polium (Teucrium polium), de la Koélérie du Valais (Koeleria valesiana), de la Badasse (Lotus dorycnium) ou encore de l’Astragale de Montpellier (Astragalus monspessulanus). Dans les niveaux plus humides des garrigues précédentes (replats, fond des petits ravins), on observe l’apparition de petites pelouses clairsemées, elles aussi très ouvertes, caractérisées en premier lieu par la présence de la Canche intermédiaire (Deschampsia media), grande et élégante graminée au fort enracinement et aux feuilles très fines, mais aussi par un ensemble de petites espèces qu’on ne trouve que dans ces milieux, comme la Prunelle à feuilles d’hysope (Prunella hyssopiifolia) et le Plantain serpentin (Plantago maritima subsp. serpentina). Enfin, des garrigues plus élevées, arbustives, sont fréquentes dans la propriété, mais n’occupent pas d’importantes surfaces d’un seul tenant. Leur cortège est assez classique et annonce en principe la fermeture des milieux en cours si aucun pâturage ne vient les entretenir. On y trouve une diversité assez importante, depuis des plantes basses des milieux Page 11 sur 36
ouverts en situation « relictuelle », jusqu’à de jeunes arbres et arbustes pré-forestiers et forestiers. Les milieux herbeux et les garrigues de la propriété sont majoritairement présents en sous-bois clair des pinèdes ou en ourlet de celles-ci. Ici, un ourlet à Brachypode de Phénicie et Cade en lisière de pinède sylvestre. MILIEUX HUMIDES Code Voir aussi plus haut pour les ripisylves à Peuplier blanc ainsi que pour CORINE les pelouses humides sur marnes Biotope Mégaphorbiaies riveraines des régions méditerranéennes 37.7 Roselières 53.1 Tapis immergés à Characées 22.44 3140 Etangs avec herbiers à Potamots 22.431 3290 La propriété offre une très forte singularité et patrimonialité à l’échelle locale, en ce qui concerne l’étendue et la diversité de ses zones humides et aquatiques. Cette originalité tient bien entendu grandement à l’existence de nombreuses retenues collinaires, aménagées il y a plusieurs décennies le long de différents talwegs formant le ruisseau de Corbières. Celles-ci constituent aujourd’hui un véritable réseau de pièces d’eau, accueillant une flore et une faune riche et spécifique, ainsi que potentiellement quelques espèces présentant un enjeu de conservation. Il est à noter à cet égard que des inventaires ciblés sur ces pièces d’eau mériteraient d’être conduits au printemps et en été. A l’heure actuelle, hormis en ce qui concerne les libellules, seules quelques rares données existent (court passage en septembre 2014). Page 12 sur 36
Néanmoins, ces milieux artificiels construits en travers du cours d’eau ont profondément bouleversé le fonctionnement naturel de celui-ci et détruit ses zones humides originelles. En effet, une zone humide naturelle peut être assimilée à une éponge (filtration / stockage / restitution de l’eau), tandis qu’une retenue est d’avantage une « bassine » où l’eau se réchauffe et s’évapore. Celle-ci fait perdre le bénéfice de la zone humide pour la régulation du cycle de l’eau. Par ailleurs, ces retenues peuvent avoir un impact environnemental et hydraulique important sur le cours aval du ruisseau de Corbières notamment dans le cas de leur entretien (vidange, curage) ou de la rupture accidentelle des ouvrages (suite à un évènement orageux intense). En dépit, donc, de leur origine et caractère artificiel, les retenues et mares accueillent aujourd’hui une diversité floristique et faunistique importante, s’exprimant dans plusieurs grands types de milieux : Les retenues et les mares. Leur diversité végétale semble être très inégale mais certaines d’entre elles accueillent des herbiers à characées (algues d’eau douce) ainsi que des herbiers à Potamots, qui sont des habitats naturels à fort enjeu écologique et accueillent une faune aquatique elle aussi très spécifique et fragile. Les berges sont régulièrement peuplées de roselières et autres formations végétales à hautes herbes, formant des ourlets précieux pour la faune (abris, perchoirs, sites d’alimentation…) et qui aident également à freiner leur érosion. Les talwegs reliant ces différentes pièces d’eau présentent également un caractère humide. Accueillant régulièrement d’étroits cordons de ripisylve ainsi que les formations herbacées précédentes, ils revêtent une importance particulière en tant que zones humides, mais aussi en tant que corridors reliant les différentes zones aquatiques entre elles. Aspect de quelques zones humides de la propriété : - Queue de retenue avec développement de la roselière sur les parties moins profondes (ci-dessus, à gauche) ; - Herbier à characées nappant le fond d’une retenue (ci-dessus, à droite) ; - Herbier à Potamot noueux (ci-contre) Page 13 sur 36
MILIEUX AGRICOLES ET ARTIFICIELS Code CORINE Biotope Cultures annuelles et végétation adventice associée 82 Oliviers, Pistachiers, Truffiers et végétation adventice 83.11 associée 83.32 87.1 Jachères, ourlets rudéraux 87.2& La propriété comporte deux grands types de production agricole : des vergers (oliviers puis récemment pistachiers) et des cultures à annuelles. Lors du passage de février 2022, certaines parcelles étaient en jachère. Les plantations d’oliviers et pistachiers n’ont pas fait l’objet de prospection lors de la visite du 15 février. Ce sont en principe des cultures irriguées et sarclées, ce qui permet le développement d’une strate herbacée plus ou moins dense ou clairsemées selon les endroits. On y trouve généralement un cortège très diversifié d’espèces adventices comme la Vesce striée (Vicia pannonica var. purpurascens), le Brome raboteux (Bromus squarrosus), la Potentille rampante (Potentilla reptans), le Liseron des champs (Convolvulus arvensis), l’Egilope ovale (Aegilops geniculata), etc. Un traitement possible entre les rangs est le semis d’une prairie permanente. Celle-ci peut présenter un intérêt certain pour la petit faune si sa composition est assez diversifiée (oiseaux, insectes). La visite réalisée en période hivernale n’a pas été favorable à l’observation de la flore adventice des cultures. Toutefois, la consultation des bases de données met en évidence la présence d’une flore messicole (inféodée aux cultures extensives d’annuelles, notamment de céréales), du moins jusqu’en 2006 (derniers relevés connus dans ces milieux). Cette flore très particulière revêt un enjeu de conservation important du fait de son déclin partout en Europe ; l’intensification des pratiques en est la cause principale. Parmi les espèces concernées, citons le Vulpin des champs (Alopecurus myosuroides), l’Euphorbe en faux (Euphorbia falcata), la Renoncule des champs (Ranunculus arvensis) ou encore le Miroir de Vénus (Legousia speculum-veneris). Certaines parcelles en repos traversées cet hiver voient quant-à-elle se développer des friches herbacées, parfois rudéralisées, mais où l’on trouve également une diversité intéressante, avec par exemple le Cirse des champs (Cirsium arvense), la Carotte sauvage (Daucus carota), la Centaurée du solstice (Centaurea solsticialis), la Scabieuse pourpre (Scabiosa atropurpurea), etc. Le Spartier, ou grand Genêt d’Espagne (Spartium junceum) est arbuste vigoureux qui peut coloniser rapidement les parcelles abandonnées depuis plus longtemps. Il est à noter que ces friches revêtent un intérêt particulier pour les insectes et petits oiseaux, notamment granivores (source d’alimentation, notamment en hiver). Page 14 sur 36
Un parcellaire agricole ennoyé dans une matrice Vaste jachère dans la partie nord de la propriété forestière (septembre 2014) (février 2022) Concernant l’ensemble du parcellaire agricole, il semble important de mentionner la diversité en espèces végétales généralement associée à ces milieux. Souvent méconnue et dévalorisée, elle s’accompagne nécessairement d’une importante diversité faunistique (insectes, passereaux, petits mammifères, etc.). Au final, on peut considérer que le maintien de l’écosystème agricole dans un bon état de conservation (c’est-à-dire avec sa biodiversité et ses fonctionnalités) est déjà intéressant en soi (avoir une campagne « vivante »), et que cela contribue également à son équilibre et à sa résilience. 5. Espèces végétales remarquables La consultation des bases de données ainsi que les relevés effectués lors du passage du 15 février 2022 permet d’établir une liste de 199 espèces végétales mentionnées dans la propriété (Annexe 2). Pour la plupart, ce sont des espèces communes localement et sans réel enjeu de conservation (hormis leur diversité). Certaines d’entre elles ne représentent pas non plus de réel enjeu de conservation en tant qu’espèce, mais font tout de même partie de cortèges assez vulnérables (zones humides, plantes messicoles notamment). Enfin, deux espèces méritent d’être mentionnées en tant qu’enjeux de conservation à l’échelle locale : le Gui du Genévrier (Arceuthobium oxycedri) et le Sainfoin humble d’Europe (Hedysarum boveanum subsp. europaeum). Bien que n’ayant pas été observée dans la propriété, cette dernière espèce y est jugée fortement potentielle, en raison de sa présence connue à faible distance, sur des terrains équivalents (pentes marneuses). Page 15 sur 36
Sainfoin humble d’Europe (Hedysarum boveanum subsp. Espèce protégée en région europaeum). PACA, inscrite à la Liste rouge régionale de la flore menacée, en Espèce dont la présence est fortement potentielle catégorie « Vulnérable » Espèce de répartition mondiale restreinte au sud-ouest de l’Europe Enjeu local de (Espagne, sud-est de la France). conservation (PNRL) = assez En France, cette espèce est rare, présente en régions Occitanie et fort PACA où elle atteint l’extrémité nord-est de son aire de répartition, mais ne connaît que quelques stations dans le bassin d’Apt et dans l’arrière-pays de Manosque (Pierrevert essentiellement où existe une importante population). C’est une Fabacée (ex légumineuses) vivace, qui atteint 20 à 30 cm et a un port plutôt dressé-étalé, avec de nombreuses tiges partant obliquement autour de la souche. C’est une espèce inféodée aux terrains marneux érodés, qui est capable de coloniser des pentes importantes grâce à un robuste appareil racinaire. En revanche, c’est une espèce de pleine lumière et colonisatrice qui craint la concurrence végétale. Sainfoin humble d’Europe photographié en 2020 dans le domaine voisin de la Gardette. Page 16 sur 36
Gui du Genévrier (Arceuthobium Enjeu local de conservation (PNRL) = modéré oxycedri) Espèce de répartition sud- eurasiatique, depuis l’Espagne jusqu’en Chine. En France, cette espèce n’existe que dans l’extrême sud-est du pays, presqu’uniquement en Haute- Provence (Luberon oriental, Plateau de Valensole, Sisteronnais). Il s’agit d’une petite plante parasite des Genévriers, principalement du Cade (Juniperus oxycedrus), mais également du Genévrier commun (Juniperus communis), rarement du Genévrier de Phénicie (Juniperus phoenicea). Dans la propriété, quelques rare pieds ont été observés sur le Cade. Le Cade étant une espèce très abondante dans la propriété, il est certain que ce gui est bien présent ça-et-là, mais à en juger par le faible nombre de pieds « infestés » au regard de ceux qui ont été observés, cette présence semble ici peu importante. Aussi, la préconisation est-elle de préserver les pieds de Cade touchés par le Gui du Genévrier, lorsque celui-ci a pu être observé (préconisation en cas de débroussaillement). 6. Espèces animales Aucun inventaire spécifiquement dédié à la faune n’a été conduit dans le cadre de ce diagnostic. L’analyse ci-après repose donc presqu’uniquement sur des données bibliographiques (bases de données) 2. Ce sont les groupes des oiseaux et des libellules qui ont fait l’objet des plus nombreuses observations. A l’inverse, d’autres groupes restent très, voire totalement méconnus, comme les chauves-souris (aucune donnée), les reptiles (aucune donnée) les orthoptères (criquets, sauterelles et grillons), les papillons, les coléoptères, etc. Une liste des données bibliographiques et des observations de terrain est présentée en annexe 3. Comme pour la flore, il serait particulièrement intéressant d’étudier la petite faune associée au réseau de zones aquatiques de la propriété. Faune associée à la mosaïque agricole et forestière L’une des caractéristiques majeures de la propriété est sa structuration paysagère en mosaïque entre espaces forestiers et agricoles. Cette physionomie est favorable à la présence de nombreuses espèces d’oiseaux qui trouvent dans ces interfaces des conditions favorables à leur alimentation et reproduction. Pour la plupart, ce sont des espèces communes, voire très communes localement. Pour autant, certaines de ces espèces connaissent un déclin, voire un effondrement de leurs effectifs dans certaines parties de la France et de l’Europe. Cette prise en compte de l’état de conservation des espèces à différentes échelles, par le biais des statuts de Listes Rouges (UICN), est importante, même dans un document comme celui-ci, à portée locale. Sur la base de ces éléments, les espèces d’oiseaux suivantes, observées dans la propriété ces dernières années, représentent dorénavant un enjeu de conservation jugé modéré. 2 Recherches sur faune.silene.eu (DREAL PACA, CEN PACA) et bases de données du PNRL (inventaires oiseaux, BD faune). Page 17 sur 36
o Le Verdier d’Europe (Carduelis chloris). Observé en nidification en 2005. C’est encore une espèce commune dans notre région, mais dont les effectifs baissent en France (classé « Vulnérable » sur la Liste rouge nationale). C’est un granivore qui affectionne particulièrement les milieux semi-ouverts et vit souvent non loin des habitations. La présence de ces milieux et de friches post-culturales en hiver lui est très favorable. o Le Coucou gris (Cuculus canorus), indiqué en 1994, mais possiblement toujours présent aujourd’hui. C’est un oiseau plutôt forestier et qui apprécie la proximité des zones humides. Alors que son statut est plutôt favorable dans une grande partie de la France, il est désormais considéré comme « Vulnérable » sur la Liste rouge régionale de PACA. o L’Alouette lulu (Lullula arborea). Nidificatrice en 2005. C’est une espèce commune dans les milieux ouverts et qui est donc sensible à leur fermeture. Ses effectifs semblent stables à l’échelle nationale, mais régressent dans certaines régions, ce qui est le cas en PACA (passage en « Quasi-menacé » en 2020). o Le Serin cini (Serinus serinus). Nidificateur en 2005. Comme le Verdier, c’est une espèce granivore qui aime les milieux semi-ouverts. Bien qu’encore commun localement, c’est une espèce en déclin un peu partout, désormais classé « Vulnérable en France » et « Quasi-menacé » en PACA. o Le Chardonneret élégant (Carduelis carduelis). Nidificateur en 2012. C’est aussi un granivore en déclin en France (classé « Vulnérable »), partageant à peu près les mêmes exigences que le Verdier et le Serin cini. o L’Hirondelle rustique ou Hirondelle de cheminée (Hirundo rustica). Encore considéré comme commune, elle régresse dans de nombreuses régions, dont la région PACA (« quasi-menacée »). C’est une espèce insectivore très liée à l’habitat humain pour sa reproduction. Dans la propriété, la combinaison de bâtiments agricoles, de cultures et multiples pièces d’eau semble être très favorable à cette espèce. L’espèce suivante, la Tourterelle des bois, fait l’objet d’une description plus complète en raison de son statut plus défavorable. Tourterelle des bois Streptopelia turtur Protection nationale Listes rouges mondiale, nationale et régionale : Vulnérable Enjeu local de conservation (PNRL) : Assez fort La Tourterelle des bois est un oiseau migrateur, présent en France depuis la fin du mois d’avril jusqu’au mois de septembre. Elle habite des paysages semi-ouverts : pâtures arbustives et arborées, campagne avec lisières et haies arborées. Elle se nourrit au sol de graines qu’elle trouve au sol ou sur les plantes. Son aire de répartition est vaste (nord de l’Afrique, Europe et Asie), ce qui ne l’empêche pas de connaître un déclin généralisé, dont les causes sont multiples : intensification de l’agriculture et en particulier usage des produits phytosanitaires qui réduisent et altèrent son régime alimentaire, chasse, concurrence possible de la Tourterelle turque qui est en expansion… Cette Tourterelle reste encore heureusement assez commune dans l’arrière-pays provençal. La mosaïque des milieux présents dans la propriété est favorable à son maintien. Observée en 1994, elle y est encore probablement présente. "File:European Turtle Dove (Streptopelia turtur).jpg" by Yuvalr is marked with CC BY-SA 3.0. Page 18 sur 36
Enfin, certains rapaces communs sont cités dans ces mêmes milieux : Faucon crécerelle (Falco tinnunculus), Chouette hulotte (Strix aluco), Bondrée apivore (Pernis apivorus), Buse variable (Buteo buteo). Il est possible, voire probable, que l’une ou plusieurs de ces espèces nichent régulièrement dans la propriété. Même si leur statut reste favorable à l’heure actuelle, leur enjeu de conservation est également jugé modéré en tant qu’espèces prédatrices situées au sommet des chaînes alimentaires et donc régulatrices de l’écosystème. Dans le groupe des invertébrés, peu inventorié dans la propriété en dehors des zones humides, est citée la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), petit papillon protégé. Zygène cendrée Zygaena rhadamanthus Protection nationale Enjeu local de conservation (PNRL) : modéré Les zygènes sont des papillons dits « hétérocères », appartenant au très vaste groupe des papillons dits « de nuit ». Au sein de ce groupe, les zygènes sont pourtant des papillons tout à fait diurnes que l’on observe au printemps et en été. On les reconnaît à leur robe sombre tachée de rouge. La Zygène cendrée est une espèce nord-ouest méditerranéenne, présente du Portugal jusqu’en Ligurie. Assez commune localement, elle est liée à la présence de la « Badasse » ou « Dorycnie à cinq feuilles » (Lotus dorycnium), sous-arbrisseau très commun dans les garrigues de Haute-Provence, en particulier sur terrains marneux. En dépit de son statut de protection dû à son aire de répartition réduite, ce n’est pas une espèce vulnérable à ce jour, mais la fermeture des milieux peut localement être un facteur de régression. Les garrigues basses à Dorycnie sont abondantes dans la propriété et le maintien de milieux semi- ouverts par des coupes d’éclaircies notamment, sont favorables au maintien de cette zygène. Faune associée aux zones humides Le groupe des Odonates (Libellules) est celui qui a été le plus inventorié dans les zones humides de la propriété, puisque 21 espèces y ont été observées. Il s’agit d’une diversité assez remarquable (environ 1/5ème des espèces connues dans la région), même s’il s’agit d’espèces communes. Cette diversité montre à elle seule l’intérêt écologique et l’originalité du réseau de zones humides et aquatiques de la propriété. Elle laisse supposer l’existence d’une riche faune entomologique sur l’ensemble de ces retenues, au-delà de ce seul groupe d’insectes. Quelques espèces d’amphibiens ont également été observées, comme la Rainette méridionale (Hyla meridionalis) et le Pélodyte ponctué (Pelodytes puncatus), batraciens assez communs localement mais représentant tout de même des enjeux locaux modérés en raison de leur lien à des zones aquatiques pour l’accomplissement d’une partie de leur cycle vital. Quelques espèces de zones humides observées le 09 septembre 2013 … Page 19 sur 36
Sympétrum de Fonscolombe (Sympetrum Grenouille verte d’Europe (Pelophylax sp.) au bord fonscolombii), au bord d’une retenue d’une retenue Faune associée aux milieux forestiers et à la trame de vieux bois. La forêt est une composante majeure de la propriété, ne serait-ce qu’en termes de surfaces. Bon nombre d’espèces d’oiseaux énoncés plus haut effectuent une partie de leur cycle de vie dans la forêt, et un certain nombre d’autres espèces sont plus strictement forestières comme le Grimpereau des jardins (certhia brachydactyla) ou le Pic épeiche (Dendrocopos major). Parmi les mammifères, ont peut aussi citer la présence du Chevreuil européen (Capreolus capreolus), ou encore du Loir (Glis glis) et du Mulot sylvestre (Apodemus sylvaticus), ces derniers non strictement forestiers. Pour autant, la biodiversité forestière de la propriété semble très largement inexplorée, tout particulièrement en ce qui concerne la faune liée aux vieux arbres : insectes xylophages, oiseaux et mammifères cavicoles notamment. Ces espèces sont en effet plus difficile à contacter et nécessitent généralement des recherches spécifiques. La propriété dispose d’un réseau de vieux arbres, notamment des Chênes pubescents en lisière de parcelles ou dans les fonds de vallons, susceptibles d’héberger une faune très intéressante (voir plus haut). La propriété dispose d’une densité intéressante de Chênes pubescents en cours de vieillissement, favorable à l’établissement et à l’expansion d’une riche faune forestière Page 20 sur 36
Exemple de coléoptère saproxylophage, le Ténébrion cylindrique (Menephilus cylindricus), observé sous une écorce de Pin d’Alep mort au sol. Il est bien évident que le domaine accueille une faune bien plus riche et diversifiée que ne le montrent ces observations d’espèces pour la plupart communes. Pour avoir une idée de la faune remarquable potentiellement présente, Il est donc utile de se rapporter aux fiches descriptives des périmètres d’inventaires (voir liens plus haut). Page 21 sur 36
PROPOSITIONS DE GESTION En ce qui concerne la forêt, les recommandations du PNRL rejoignent les objectifs du propriétaire et les recommandations de la Coopérative PROVENCE FORET. Le PNRL propose également quelques principes de gestion au sujet les milieux ouverts, humides et agricoles. Gestion forestière . Conserver sans intervention (ni coupes, ni travaux) certains secteurs de la forêt, tout particulièrement en fonds de vallons plus humides. Ces « îlots de sénescence », en plus de ceux qui peuvent être conservés à l’échelle du massif forestier, sont très importants pour constituer à long terme de véritables réservoirs et corridors pour la biodiversité forestière, notamment celle liée aux vieux arbres et au bois mort (insectes, champignons etc.). Dans les secteurs de coupe, conserver également le réseau d’arbres âgés et de gros diamètres (arbres sénescents), ils sont importants en nombre sur certaines parcelles (en particulier les n° 4 et 15) et très intéressants sur le plan écologique, même isolés, notamment les chênes en bordure de champs, les pins de plus gros diamètres et les arbres dépérissants ou morts (présence de cavités de pics, galeries d’insectes xylophages…). Le Parc du Luberon pourra marquer avec l’expert forestier les arbres méritant d’être conservés avant la programmation des coupes. Veiller à la préservation d’une diversité des espèces arborescentes, en conservant celles qui y sont rares (exemples sur la propriété : Sorbier blanc, Sorbier domestique, Saule blanc, Peuplier blanc, etc.) Conserver le lierre présent offrant un abri et une nourriture pour une faune variée (par exemple source tardive de pollen, nectar pour les abeilles, baies pour les oiseaux, abri pour les chauves-souris). En cas d’observation du Sainfoin humble d’Europe dans une station qui serait en voie de fermeture, proposition de maintenir cette ouverture par un débroussaillement. Contacter le botaniste PNR du Luberon en cas de doute sur l’espèce. Continuer à permettre l’activité pastorale, ce qui est favorable au maintien des zones ouvertes (clairières, etc.) et à leur biodiversité. Le pâturage peut aussi être exercé à l’automne dans les parcelles cultivées si ce n’est pas incompatible avec l’activité de chasse. Le Parc du Luberon peut accompagner les éleveurs en définissant conjointement un plan de gestion éco-pastoral. Gestion des zones humides et aquatiques Conserver les zones humides ponctuelles de type « mare » qui constituent des supports de biodiversité pouvant favoriser l’alimentation, la reproduction et le déplacement de certaines espèces ; Préserver l’intégrité des zones humides en n’utilisant pas davantage la ressource en eau et en limitant les risques de pollution par le maintien d’une bande tampon végétalisée suffisante vis-à-vis des parcelles agricoles (voir aussi ci-après « Gestion des parcelles agricoles »). Engager une réflexion autour d’une restauration du fonctionnement naturel du ruisseau de Corbières notamment par une gestion adaptée des retenues collinaires (système de vidange, contournement et/ou suppression, …). Le Parc du Luberon peut vous conseiller dans ce projet. Page 22 sur 36
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