Escales muséales sur la route des vacances - Le Devoir
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ÉTÉ DES MUSÉES i CAHIER SPÉCIAL c i Les samedi 14 et dimanche 15 MAI 2022 Escales muséales sur la route des vacances C’est bientôt l’heure des vacances, d’aller dans les régions du Québec pour faire le plein de nature et de culture. C’est aussi l’occasion pour les visiteurs de découvrir les expositions qui sont présentées pendant la saison estivale. De Montréal à Gaspé, en passant par Sherbrooke, Joliette et Québec, avec un détour par Gatineau et Ottawa, les décou- vertes muséales sont multiples et pour tous les goûts. Dans ce cahier spécial Été des musées, place aux œuvres contemporaines, aux collections historiques, aux artefacts en tout genre, à la scien- ce et à l’observation du patrimoine naturel, pour Exporail, le Musée ferroviaire canadien une expérience unique et dépaysante. Un parlement Canadassimo du sous vos pieds collectif BGL Sébastien Roy, Idra Labrie, Musée Pointe-à-Callière, d’art contemporain Cité d'archéologie de Baie-Saint-Paul et d'histoire de Montréal La photo mise en valeur au Musée McCord C 5 | La science du contact avec la nature C 8 | Un menu estival des plus savoureux à Gatineau et à Ottawa C 12
C2 LE DEVOIR / LES SAMEDI 14 ET DIMANCHE 15 mai 2022 / musées Artiste multi- disciplinaire établie à Toronto, Oreka James s’intéresse aux complexités qui entourent la surveillance continuelle des personnes noires. Ici, son œuvre Nul besoin d’attendre l’aube ou l’aurore, car c’est arrivé ! (2021) MBAM, fonds Hélène Couture Musée des beaux-arts de Montréal rieur, ce lieu devenu synonyme de confinement, pour le meilleur et pour Dialogue entre le pire. À travers une soixantaine d’œuvres de la collection du MBAM, d’artistes québécois et canadiens no- tamment, l’exposition nous fera navi- guer à travers différents intérieurs, le présent et le passé espaces concrets ou psychologiques, pour nous en révéler les mille et une facettes possibles : lieu de création, d’intimité, de réflexion… Comme le résume Mary-Dailey Desmarais, cette programmation es- tivale et les suivantes sont pensées pour accueillir une multiplicité de À travers quatre expositions tem- XXe siècle de la collection du Musée. de l’art, lieu de pouvoir, qui fait voir perspectives et de voix. L’approche, « Ce geste nous permet de remettre tout autant qu’il invisibilise certains cet été, est contemporaine, mais ne poraires, l’institution de la rue en question ce que l’on pense con- artistes. Comme l’explique Mme Des- s’y résume pas. « Oui, cette année, Sherbrooke annonce la couleur : naître de l’histoire de l’art, de voir marais, « cette œuvre nous force à le programme s’annonce très con- diversité des voix et inclusion, nos collections d’un œil neuf ; cela regarder en face les lacunes de nos temporain : nous voulions apporter dialogue entre les époques et fait partie de la vision du Musée », collections muséales, les inégalités un regard frais, novateur et vrai- ajoute la conservatrice. L’exposition, au sein des institutions culturelles. ment inclusif avec des gestes con- multidisciplinarité. dans une approche multidisciplinaire, Au MBAM, nous ne voulons pas nous crets d’ouverture. Mais le présent est mise en chanson par le musicien contenter de parler, nous voulons dialogue aussi avec le passé dans québécois Pierre Lapointe. agir face à un certain manque d’in- des œuvres comme celles de Party Aline Noguès À voir également jusqu’au 10 juillet, clusivité dans nos murs. Bien sûr, il qui nous invite à regarder autre- Collaboration spéciale la première exposition au Canada reste encore beaucoup de travail à ment les chefs-d’œuvre historiques du New-Yorkais Adam Pendleton, faire, mais en programmant cette ex- de la collection. Comment rendre Ce qu’on a fait ensemble. Figure position, en mettant de l’avant les l’art du passé pertinent pour notre « La programmation estivale majeure de son temps, très engagé artistes extraordinaires rassemblés contemporanéité ? Comment encou- est une programmation in- socialement, l’artiste multidiscipli- par Février, dont beaucoup sont ba- rager le public à découvrir de nou- clusive, variée et pertinente naire d’avant-garde combine la sés à Montréal, nous faisons un pas velles histoires dans l’histoire de par rapport à notre période peinture, le dessin, l’écriture, dans dans la bonne direction ». l’art, à se poser des questions sur actuelle. C’est une programmation qui un mélange entre formel et concep- les lacunes muséales, sur ces histoi- apporte un nouveau regard sur l’his- tuel qui interroge le rapport de l’in- « Oui, cette année, res qui ne sont pas racontées ? Voilà toire de l’art et sur notre société », dividuel au collectif, thème lui aussi le programme s’annonce très les questions que l’on se pose et la explique Mary-Dailey Desmarais, d’une grande actualité. contemporain. […] Mais le programmation de cet été montre conservatrice en chef du Musée. présent dialogue aussi avec notre volonté d’inclure une pluralité Au programme ces prochains mois, Donner à voir l’invisible de nouveaux regards sur le contem- quatre expositions, dont deux sont Du 15 juin au 28 août, l’artiste mont- le passé dans des œuvres porain et sur l’historique. » déjà à l’affiche. Nicolas Party. L’heure réalais Stanley Février déploiera au comme celles de Party Le reste de la programmation mauve (jusqu’au 16 octobre) aborde sein du MBAM son installation artis- qui nous invite à regarder d’été (activités, événements) n’était la représentation de la nature dans tique, ou « musée nomade », Musée autrement les chefs-d’œuvre pas encore dévoilé au moment de l’histoire de l’art et les rapports de d’art actuel / Département des invisi- historiques de la collection. » mettre sous presse, à l’exception du l’humain avec celle-ci, qu’elle lui soit bles (MAADI). Cette œuvre concep- retour des ateliers de création artis- hostile ou accueillante, synonyme tuelle vise à mettre en lumière des Pour terminer, l’exposition collective tique, traditionnelle ou numérique, d’aventures ou de dangers. Le jeune artistes marginalisés, que l’on trouve Vues de l’intérieur. Portraits de l’espace pour tous les âges. Mais le Musée artiste d’origine suisse a réalisé des moins fréquemment dans les institu- habité ouvrira ses portes le 1er juin, prépare des surprises à son public, murales sur mesure, intégrant à son tions culturelles. Février porte en ef- pour une année entière, et touche un tant entre ses murs que dans la rue : travail les œuvres du XVIe au fet un regard critique sur le monde thème de grande actualité : l’inté- à surveiller !
LE DEVOIR / LES SAMEDI 14 ET DIMANCHE 15 mai 2022 / musées C3 Le collectif à l’honneur Du nord à l’est du Québec, l’art contemporain se fait tantôt politique, tantôt pensé pour les beaux jours. Des artistes émergents aux grands noms du monde de l’art, il y a de quoi s’arrêter dans les institutions de la province dans les prochains mois. Voici les expositions à ne pas manquer. Gabrielle Tremblay-Baillargeon Collaboration spéciale Musée d’art contemporain de Montréal Montréal, c’est le travail de l’artiste Mika Rottenberg que l’on présentera dans le cadre d’une exposition im- mersive conçue en étroite collabora- En s’inspirant tion avec l’artiste. Née en Argentine, des écrits de établie à New York depuis plusieurs Marx, Mika années, la créatrice déploiera trois Rottenberg installations vidéographiques en com- propose un pagnie d’objets sculpturaux insolites. « surréalisme En s’inspirant des écrits de Marx, social » Rottenberg propose un « surréalisme qui semble social » qui semble échapper à toute échapper à logique narrative. toute logique Visuellement surchargées et hy- narrative. percolorées, ses œuvres politiques et Ici, son œuvre emplies d’humour empruntent aux Spaghetti codes du documentaire comme de la Blockchain (vue fiction afin de mettre en lumière les d’installation, interactions entre corps et machines. 2019). Pour ce faire, l’artiste juxtapose des Dario Lasagni productions corporelles (éternue- ments, sécrétions…) et des produits manufacturés. Tourné en Chine, NoNoseKnows (2014-2018), qui transforme une salle témoignent matériellement des possi- investis au total) offrent une per- (2015) offre une allégorie subversive d’exposition en salle d’écoute où le bilités offertes à l’artiste lors de ces spective nordique du thème. Tous des pratiques du travail. Cosmic Ge- public est invité à faire jouer ses pro- quelques mois où il s’est rendu dis- proviennent ou travaillent autour du nerator (2017) propose une analogie pres disques vinyle. La Québécoise ponible aux opportunités offertes Grand Nord. ironique entre l’enjeu migratoire et la Vicky Sabourin, elle, puise à même par son milieu de vie. Les sculptures Jusqu’au 26 juin 2022 circulation à grande échelle des mar- ses deuils pour travailler la puissance seront accompagnées d’une série de Parallèlement à cette initiative, la chandises. L’œuvre met en relation d’évocation des odeurs. photographies réalisées lors d’une 10e Biennale des artistes des Cantons- un système de tunnels entre la ville résidence en Allemagne, qui présen- de-l’Est, anciennement le Salon du mexicaine de Mexicali, la ville cali- Visuellement surchargées te des objets du quotidien formant printemps des artistes des Cantons- fornienne de Calexico et un marché et hypercolorées, les œuvres des sculptures improbables et éphé- de-l’Est, présentera le travail de onze d’articles en plastique situé à Yiwu, politiques et emplies mères. Un dialogue de l’ordinaire artistes de la région aux pratiques et en Chine, où l’on découvre des bou- d’humour de Mika Rottenberg s’installe ainsi entre les deux volets aux parcours variés, à travers l’expo- tiques soporifiques remplies d’un tas empruntent aux codes de cette exposition. sition Le temps à l’œuvre. Celle-ci sera de babioles étincelantes. Enfin, Spa- du documentaire comme Du 18 juin au 5 septembre 2022 divisée en deux temps et s’échelon- ghetti Blockchain (2019), féérie sur- nera du 28 avril au 11 septembre 2022. voltée difficile à résumer, présente de la fiction afin Musée des beaux-arts notamment un accélérateur de parti- de mettre en lumière de Sherbrooke Musée d’art contemporain cules que Rottenberg a pu filmer lors les interactions entre Deux biennales s’installent en Estrie. des Laurentides de sa résidence au CERN, près de corps et machines La 6e édition de la Biennale d’art Au nord de la métropole, le MACLAU Genève. Vous en redemandez ? Sa- contemporain autochtone (BACA) accueille C’était possible, expo mé- chez qu’à l’automne, le MAC présen- L’exposition Le lys de ta peau propo- réunira sculptures, photographies et moire qui souligne les 50 ans du Cé- tera Remote, le premier long métrage se la création d’œuvres photographi- performances qui seront regroupées gep de Saint-Jérôme. expérimental de la créatrice. ques, textiles et sculpturales présen- dans l’exposition Land Back faisant Portés par l’histoire des vies ado- Du 21 mai au 10 octobre 2022 tées dans les aires de circulation du escale au Musée des beaux-arts de lescentes revendicatrices, transgressi- MAJ. Enfin, une dizaine de sculptu- Sherbrooke. ves et habitées par tous les possibles, Musée d’art de Joliette res du Québécois Samuel Roy-Bois, Le mouvement du même nom, les œuvres et les artéfacts mis en lu- Au MAJ, quatre expositions estivales créées en taille directe ou formées dont s’inspire l’expo, vise à obtenir mière sont tous le produit d’étudiants d’art contemporain attendent le pu- par des assemblages d’objets banals, la gouvernance et le contrôle des de l’établissement collégial. Les finis- blic, dont trois sont proposées par usent de matériaux accessibles dans terres ancestrales, s’ancrant ainsi sants en arts visuels y exposeront des artistes nationaux. D’abord, l’ar- l’atelier ou dans l’environnement dans la décolonisation. La dizaine quant à eux leurs créations les 21 et tiste canadien Kevin Schmidt pré- immédiat de l’artiste. Exposées au d’artistes conviés à ce pôle estrien 22 mai prochains. sente DIY Hifi [Hifi fait maison] Québec pour la première fois, elles de la biennale (on compte sept lieux Du 5 juin au 14 août 2022
C4 LE DEVOIR / LES SAMEDI 14 ET DIMANCHE 15 mai 2022 / musées Un été festif et coloré au musée Pointe-à-Callière 30 ans, ça se fête ! Le musée parmi les milliers qu’il conserve, pour rendre hommage à cette métropole Pointe-à-Callière célébrera cet an- et aux moments marquants qui ont niversaire en grand avec une pro- ponctué son histoire. grammation intérieure et exté- Constituée de meubles, vête- rieure foisonnante et voyageuse. ments, bijoux, jouets, outils, cartes, affiches, iconographies et livres mis en scène, l’exposition Coup de cœur ! Nos collections s’exposent Sophie Ginoux nous propose jusqu’au 8 janvier Collaboration spéciale 2023 de voyager à travers le temps et de tester nos connaissances. « Nous faisons des clins d’œil à ui a dit que l’histoi- Expo 67 et aux Jeux olympiques de Q re, c’était ennuyeux ? 1976, mais aussi aux feux d’artifice Certainement pas les qui ont accompagné l’ouverture du adeptes du musée pont Victoria, ou encore aux Pointe-à-Callière, qui grands magasins qui ont animé le explore depuis 30 ans centre-ville », indique M me Tari. de multiples facettes Elle invite d’ailleurs les visiteurs à de notre passé tangible et immémo- se procurer la publication anniver- rial. Consacrée à ses débuts unique- saire accompagnant l’exposition, ment à l’histoire de Montréal, cette qui réunit pour l’occasion 30 évé- institution se déploie aujourd’hui à nements et 30 activités culturelles. travers sept pavillons qui traitent aus- Une seconde exposition temporai- si bien de notre patrimoine, comme re devrait également séduire de l’histoire des quartiers montréalais, nombreux visiteurs fascinés par l’his- que de celui de grandes civilisations toire et la mythologie scandinaves. humaines, à l’image des Incas ou des Présentée en grande première au reines d’Égypte. Québec, la prestigieuse collection « Nous organisons également de viking du Musée national du Dane- sive majeure dans le quotidien des À compter du 15 mai, l’exposition nombreuses activités rassembleuses mark nous permettra de plonger Vikings de l’an 793 à l’an 1066, extérieure gratuite Un parlement sous et citoyennes », ajoute Katy Tari, jusqu’au 10 octobre dans l’univers promet Mme Tari. « Cette exposi- vos pieds invitera les passants sur la directrice des collections, des pro- de ce peuple qui frappe toujours tion contribuera également, expli- place D’Youville à revisiter l’histoire grammes et des services aux pu- notre imaginaire. que-t-elle, à démystifier la culture de cet endroit, qui a hébergé le pre- blics du musée, qui compte bien Articulée autour de quatre grands et l’histoire de ces farouches guer- mier marché couvert de Montréal et nous émerveiller avec une program- récits contés par le poète scandina- riers, qui étaient aussi des fermiers, le siège du Parlement au XIXe siècle. mation estivale riche et diversifiée. ve Thorvald, de 650 artefacts et des commerçants et de grands Lors de cette même date, rendez- d’une théâtralisation soignée, no- aventuriers. » vous face au musée, où un arbre à De Montréal jusqu’au Valhalla tamment avec des reconstitutions souhaits de huit pieds de haut re- Afin de marquer d’une pierre blanche et des projections du jeu Assassin’s Une foule d’activités cueillera les vœux et les idées de son 30e anniversaire et les 380 ans de Creed Valhalla de Ubisoft Montréal, extérieures tous les citoyens intéressés, en plus Montréal, Pointe-à-Callière a décidé Vikings. Dragons des mers du Nord La saison estivale 2022 du musée de voir un artiste à l’œuvre pour cré- de rassembler 400 objets chouchous, constituera une expérience immer- Pointe-à-Callière sera particulière- er une grande murale au sol sur le ment animée hors des murs de l’ins- thème de l’eau et de la navigation, titution. Jusqu’en octobre, un espace faisant ainsi un pont entre le port de urbain piétonnisé sera d’ailleurs amé- Montréal et l’exposition Vikings. Maison Merry Exposition temporaire nagé autour de l’édifice pour ac- cueillir de nombreuses activités en Ces derniers seront, en prime, au centre d’une vaste série d’anima- Une histoire qui nous touche de près. Crédit photo : Antoine Petrecca lien avec l’histoire de Montréal et les tions familiales les dimanches, du Ndakina. Les Abénakis dans les Cantons-de-l’Est expositions en cours. 10 juillet au 21 août. Reconstitution Situés en plein cœur du Ndakina, qui signifie « notre d’un campement viking, contes et territoire » en langue abénakise, les Cantons-de-l’Est sont Consacré à ses débuts prestations théâtrales, démonstra- habités depuis des milliers d’années par les Premières Nations. L’univers des Abénakis se dévoile pour vous faire uniquement à l’histoire tions de combats et d’artisanat, ate- découvrir leurs traditions et mode de vie. Kwaï! liers d’armes et de tissage, jeux de de Montréal, le musée En collaboration avec le Musée des Abénakis et le Grand Pointe-à-Callière se déploie société géants, photobooth en costu- Conseil de la Nation Waban-Aki. mes : la civilisation scandinave sera aujourd’hui à travers sept pavillons qui traitent aussi à l’honneur sous toutes ses coutures. bien de notre patrimoine, Parallèlement, les midis-musique (les jeudis, du 7 juillet au 25 août), les Découvrez notre magnifique demeure comme l’histoire des activités entourant le Mois de l’ar- patrimoniale par le biais d’une quartiers montréalais, chéologie en août, ainsi que le popu- programmation variée. que de celui de grandes laire Marché public du XVIIIe siècle •Visites commentées civilisations humaines, de retour après deux ans d’absence, •Atelier familial d’archéologie 708, rue Principale Ouest •Expérience mobile extérieure Crédit photo : Simon Dorval Magog (Québec) J1X 2B3 à l’image des Incas ou s’ajouteront au programme estival 819 201-0727 •Concerts / Conférences / Pique-nique maisonmerry.ca des reines d’Égypte. bien garni du musée Pointe-à-Calliè- historique re. Une visite s’impose !
LE DEVOIR / LES SAMEDI 14 ET DIMANCHE 15 mai 2022 / musées C5 La photo mise en valeur Finalement, la série Switch met en scène des couples hétérosexuels où chaque sujet se glisse dans la peau d’un homme, le temps d’une au Musée McCord photo, et dans celle d’une femme sur une autre. « C’est fascinant par- ce qu’on se demande comment la même personne peut à la fois pren- dre une apparence masculine et fé- minine », explique Mme Samson. Jusqu’au 18 septembre 2022 Dans le cadre de son 100 anniver- e de colon britannique », explique Mme Samson. Niap. Piqutiapiit saire, l’établissement propose plu- Parallèlement à l’exposition, le Rendre hommage au travail d’au- sieurs expositions et événements Musée publiera un livre contenant trefois des Inuites, c’est ce que spéciaux cet été. Tour d’horizon. des photos de l’artiste. Niap, originaire de Kuujjuaq, a vou- lu faire à travers sa pièce murale en JJ Levine. Photographies queers perlage ancestral. Leïla Jolin-Dahel Les genres binaires traditionnels De son vrai nom Nancy Saunders, Collaboration spéciale sont bousculés dans trois séries du l’artiste en résidence au musée s’est photographe montréalais JJ Levine. inspirée de l’amauti, un manteau Plus de 50 portraits mettent en scè- porté par les femmes du Grand Nord ne des sujets queers dans la vie quo- pour garder leur bébé avec elles. Sa Alexander Henderson. Art et tidienne. L’artiste a commencé son création est la pièce maîtresse de nature projet en 2006 et poursuit encore l’exposition qui réunit différents ou- Dès le 10 juin, le Musée McCord aujourd’hui son travail. tils traditionnellement utilisés par présentera pour la première fois La première série, Queer portraits, les Inuites pour confectionner leurs une rétrospective consacrée au reste inachevée à ce jour. Elle montre vêtements. Ainsi, le ulu, un couteau photographe canadien d’origine différents membres queers de l’en- féminin, côtoie les grattoirs, aiguilles écossaise Alexander Henderson. tourage de JJ Levine dans leur milieu et dés à coudre dont usaient les L’établissement possède d’ailleurs familial. L’image de l’affiche est Inuites pour leur habillement. la plus grande collection au monde d’ailleurs une photo inédite prise par Jusqu’au 21 août 2022 des œuvres de l’artiste arrivé à JJ Levine spécialement pour l’exposi- Montréal en 1855. tion au Musée McCord. Voix autochtones d’aujourd’hui. Alors que les photographes de son Savoir, trauma, résilience époque se spécialisaient surtout L’exposition permanente du musée dans les portraits, Henderson a plu- Le musée soulignera la s’inscrit dans une optique de récon- tôt tourné son objectif vers la nature Journée nationale des ciliation en donnant la voix aux canadienne. « On le considère com- peuples autochtones avec communautés autochtones de la me l’un des premiers photographes plusieurs activités au province. Ainsi, on retrouve plus de de paysage au Canada », souligne programme. Ainsi, des 80 témoignages, de même que des Hélène Samson, conservatrice au vidéos de membres des 11 nations Musée McCord. Il a ainsi capturé événements sur le jardin du Québec. sur pellicule les environs de Montré- et les plantes utilisées Divisée en trois temps, l’exposition al, des Laurentides, de l’Estrie et par les Premières Nations se penche sur les savoirs ancestraux d’autres panoramas partout au pays. auront lieu cet été. des Premières Nations, pour ensuite En plus de faire connaître l’œuvre mettre en évidence les impacts du d’Alexander Henderson, l’exposi- colonialisme sur les communautés, Pour la première fois au Québec, tion espère également amener une Alone Time explore l’univers des puis la résilience des peuples autoch- la civilisation viking sera au cœur d’une réflexion sur le point de vue colo- couples hétérosexuels où un sujet tones d’aujourd’hui. grande exposition immersive au musée nial qu’il avait dans le cadre de son interprète à la fois les personnages L’établissement a sélectionné Pointe-à-Callière. activité. « J’ai voulu mettre son tra- masculins et féminins. Pour ce faire, une centaine d’objets de sa collec- Patrick Desrochers Pointe-à-Callière, vail dans le contexte historique et le photographe a combiné deux tion avec une nouvelle approche. cité d’archéologie et d’histoire de Montréal montrer comment sa vision est tri- images en une seule grâce à la tech- « C’est une façon d’aborder l’his- butaire de sa position de favorisé, nologie numérique. toire et de donner la parole aux communautés. On veut montrer la complexité et la vivacité des com- L’exposition munautés autochtones », précise la Piqutiapiit de cheffe de l’action éducative, ci- l’artiste Niap toyenne et culturelle au Musée réunit différents McCord, Maria-Luisa Romano. outils tradition- nellement Des événements tout l’été utilisés par Le musée soulignera la Journée na- les Inuites pour tionale des peuples autochtones avec confectionner plusieurs activités au programme. leurs vêtements Ainsi, des événements sur le jardin et et rend les plantes utilisées par les Premières hommage Nations auront lieu cet été. à leur travail La Forêt urbaine du musée propo- d’autrefois. sera également une série de concerts MARILYN AITKEN d’artistes issus de la diversité, tous MUSÉE MCCORD les mercredis midis. Pour la famille, il y aura Prendre soin de ma ville, des ateliers qui amènent à réfléchir sur la question, ainsi que Prendre soin de nos histoi- res à Montréal, des ateliers de co- construction citoyenne s’adressant à un public de tout âge présenté en col- laboration avec l’organisme Je suis Montréal, où les participants pourront découvrir des histoires des commu- nautés chinoises, afro-descendantes et autochtones.
C6 LE DEVOIR / LES SAMEDI 14 ET DIMANCHE 15 mai 2022 / musées musées historiques Les 1001 façons de découvrir l’histoire de Montréal Un festival d’histoire sensoriel, Miriane Demers-Lemay m’lasse », participer à un jeu en ligne des personnes et des événements im- Collaboration spéciale sur un crime en Nouvelle-France, portants pour les Afro-descendants des balados, des visites guidées écouter de la musique canadienne an- de Montréal », ajoute celui qui espè- et des expositions sur des thèmes cienne sur des gramophones, ou dé- re que d’autres communautés dont inédits : les musées d’histoire de xplorer les mystères de l’in- crypter le drapeau des patriotes. Du l’histoire est souvent dans l’ombre Montréal débordent de créativité pour explorer différentes facet- tes de l’histoire de la ville cet été. E cendie de la chapelle Bon- secours, écouter un balado sur la vie quotidienne dans l’ancien quartier du « Faubourg à 13 au 15 mai, les musées d’histoire de Montréal offrent des dizaines d’acti- vités de toutes sortes dans le cadre du 2e Festival d’histoire de Montréal. s’inspirent de la création du jeune Afromusée et se joignent au Festival au cours des années à venir. « L’histoire est souvent associée à « Le Festival, c’est l’occasion de quelque chose d’un peu sérieux, mais faire un buffet ! On réunit ensemble elle peut se vivre de façon ludique et des éléments de “dégustation”, pour sensorielle ! » s’exclame M. Leclerc. v ceux qui ne sont pas habitués de con- Il ajoute que les musées d’histoire ne sommer l’histoire, et des plats un peu se limitent pas aux salles d’exposi- plus consistants, avec des conférences tion, mais qu’ils font un important qui vont un peu plus en profondeur », travail de recherche, de reconstitu- explique Jean-François Leclerc, prési- tion et d’éducation qui passe souvent dent du comité d’organisation et porte- inaperçu. « Les musées d’histoire parole du Festival. La plupart des acti- sont créatifs et imaginatifs, [ils utili- vités sont gratuites, quoique certaines sent] à la fois la culture, l’art, la tech- demandent un prix d’entrée. Les ac- nologie, les savoirs, les savoir-faire, tivités sont offertes en personne et poursuit-il. Les historiens qui tra- en virtuel dans 14 musées de la ville. vaillent sur des expositions et qui L’événement marquera d’ailleurs le communiquent l’histoire, c’est notre 380e anniversaire de Montréal. propre gare sur le passé. » « L’autre objectif, c’est de faire com- prendre à tout le monde que l’histoire Des activités pour est très reliée à nos préoccupations ac- tous les goûts tuelles », poursuit le porte-parole. Il Après le Festival d’histoire de Mon- donne l’exemple d’une conférence à tréal, ceux qui veulent continuer d’as- l’horaire du Festival sur l’éducation des souvir leur soif d’apprendre peuvent garçons au XIXe siècle, et qui permet profiter d’une programmation estivale de comprendre comment les jeunes diversifiée offerte par les divers mu- garçons devaient devenir « des hom- sées de la ville. Le Musée des Hospi- mes » avec les valeurs de l’époque — talières continue de mettre en valeur un sujet qui résonne encore dans les le patrimoine religieux montréalais et mentalités d’aujourd’hui. « On essaie l’héritage architectural de Victor de trouver des activités qui vont re- Bourgeau, sous la forme de récitals joindre des préoccupations qu’on a d’orgue ou de visites à pied ou en au- Avec les compliments de Glenbow Archives, NC-54-4336. aujourd’hui. Ça peut être l’écologie, tobus à travers la ville. Au Château il y a une activité qui va se dérouler Dufresne, l’exposition Le Château au sur le mont Royal avec l’histoire des temps des collégiens s’intéresse à la pé- JUSQU’AU 5 SEPTEMBRE arbres, illustre-t-il. Il y a l’Afromusée riode, entre 1948 et 1961, où l’édifice qui participe avec une carte des lieux, a été transformé en collège classique Qu’arrive-t-il lorsque les libertés individuelles entrent en conflit avec la sécurité nationale ? Libertés sacrifiées examine les peurs, le racisme et les crises qui ont motivé la suspension des libertés civiles au Canada pendant la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale et la crise d’Octobre en 1970, et présente les récits poignants d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont vécu ces évènements tragiques. Une exposition réalisée par le Musée canadien de l’histoire, avec le généreux soutien financier du Conseil de dotation du Fonds canadien de reconnaissance de l’internement durant la Première Guerre mondiale. Le circuit Légendes et histoires du Vieux-Port permet de visiter des sites extérieurs où se sont déroulés des événements historiques marquants. FANTÔMES MONTRÉAL
LE DEVOIR / LES SAMEDI 14 ET DIMANCHE 15 mai 2022 / musées C7 pour garçons et a formé une élite so- ciale et intellectuelle francophone à la veille de la Révolution tranquille. Au site historique Marguerite- Bourgeoys, ce sont les femmes de science qui sont à l’honneur, et ce, jusqu’en avril 2023. L’exposition Reli- gieuses, enseignantes et… scientifiques ! raconte comment les Ursulines et la congrégation de Notre-Dame ont mis sur pied des programmes novateurs d’enseignement des sciences dès le XIXe siècle, à une époque où ce do- maine était réservé aux hommes et où les études étaient moins valorisées chez les filles. L’exposition présente aussi le parcours sinueux qui a mené les femmes à pouvoir étudier et tra- vailler en science, des options limitées pour elles jusqu’aux années 1960, précise le musée par communiqué. Pour s’évader de la chaleur estivale, les visiteurs pourront aussi visiter les expositions temporaires du Château Ramezay, présentant respectivement une collection sur le monde inuit et les aventures de l’explorateur polaire Roald Amundsen, premier homme blanc à traverser le passage du Nord- Ouest et à atteindre le pôle Sud. Pour plus de détails, la program- mation estivale se trouve sur les sites Web des différents musées d’histoire de Montréal, incluant notamment l’Écomusée du fier monde, la Maison Saint-Gabriel, le MEM – Centre des mémoires montréalaises, le Musée de La cinéaste Annabel Loyola a investigué sur les idéaux ayant guidé les actions des premiers fondateurs de la ville en se basant sur l’Holocauste Montréal, ou encore le e un manuscrit datant du XVII siècle. Musée de Lachine. ARABESQUE FILMS Le plus récent documentaire d’Annabel Loyola en première Dans un manuscrit datant du XVII siècle, un aventurier aurait noté les e mémoires de Jeanne Mance, laquelle est considérée comme la NOUS SOMMES ASSIS.E.S 10 JUIN - 25 SEPTEMBRE 2022 cofondatrice de Montréal. Guidée par ce récit inédit, la cinéaste DANS LE MÊME CERCLE MUSÉE DU BAS-SAINT-LAURENT Annabel Loyola a investigué sur les idéaux ayant guidé les actions des premiers fondateurs de la ville, de la France au Québec. Ses deux WE ARE SITTING IN THE mbsl.qc.ca premiers longs métrages documentaires sur Jeanne Mance et l’Hôtel- SAME CIRCLE Dieu de Montréal ont été reçus avec enthousiasme — le premier lui ayant valu la médaille de la Société historique de Montréal, le second ayant été sélectionné au Festival international du film de Shanghai. Son troisième long métrage, La ville d’un rêve, sera présenté gratuitement en première mondiale au grand public le 15 mai à l’amphithéâtre du CHUM, dans le cadre du Festival d’histoire de Montréal et du 30 anniversaire du Musée des Hospitalières. Les comédiens Pascale Bussières et Alexis Martin, qui ont contribué à la narration du film, seront également présents. « Ce dernier film est, à mon avis, son film le plus abouti, commente Paul Labonne, directeur général du Musée des Hospitalières. Il fait avancer la discipline et les connaissances qu’on a sur les fondateurs et ceux qui ont immigré, comme les artisans. Il fallait construire la ville de toutes pièces, il fallait des serruriers, des charpentiers, ce n’était pas que des paysans. Il y avait toute une expertise artisanale pour construire Ville-Marie. C’est ce qu’elle raconte dans le documentaire. » C’est un peu comme si Annabel Loyola avait pris le fil laissé par Jeanne Mance et le suivait jusqu’à aujourd’hui, poursuit M. Labonne, rappelant qu’Annabel Loyola vient de Langres, la même ville que Jeanne Mance, et elle vit à Montréal depuis plus de 20 ans. « Elle a été capable de comprendre le contexte français et québécois. » Ce cahier spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, grâce au soutien des annonceurs qui y figurent. Ces derniers n’ont cependant pas droit de regard sur les textes. La rédaction du Devoir n’a pas pris part à la production de ces contenus.
C8 LE DEVOIR / LES SAMEDI 14 ET DIMANCHE 15 mai 2022 / musées La science du contact avec la nature Les musées scientifiques auront la cote cet été à Montréal. Plus que des sorties idéales en famille, les expositions proposées par Espace pour la vie et le Centre des sciences offrent aux plus jeunes un début de compréhension du monde qui nous entoure, et aux plus vieux une occasion de « créer un contact émotif avec la nature ». Pierre-Yves Robert tique, et Espace pour la vie a un rôle Collaboration spéciale clé à jouer dans la mobilisation ci- toyenne nécessaire pour accélérer la transition socio-écologique, indi- epuis une quinzaine d’années, Espace que Julie Jodoin. Chacune de nos D pour la vie, le plus grand complexe expériences et de nos actions vise à en sciences de la nature au pays, créer un contact émotif avec la natu- multiplie les investissements. L’ob- re, pour donner envie de la protéger, jectif derrière les 200 millions de de l’aimer et, ultimement, d’agir dollars déployés depuis 2008-2009 pour la préserver. » est clair : permettre au complexe muséal, qui regroupe le Biodôme, le À l’échelle de la nature Jardin botanique, la Biosphère, l’In- Dernier investissement d’Espace sectarium et le Planétarium Rio Tin- pour la vie, le nouvel Insectarium a to Alcan, « de mieux accomplir sa récemment achevé sa métamorphose. mission de vivre la nature », expli- Trois ans de travaux et une envelop- que Julie Jodoin, directrice par inté- pe de 38 millions de dollars ont rim de l’organisation. transformé le premier musée consa- Espace pour la vie est le plus grand complexe en sciences de la natu « On partage tous une grande vo- cré aux insectes en Amérique du et le Planétarium Rio Tinto Alcan. lonté d’agir face à l’urgence clima- Nord en une nouvelle expérience im- MéLANIE DUSSEAULT
LE DEVOIR / LES SAMEDI 14 ET DIMANCHE 15 mai 2022 / musées C9 « On souhaite que la Biosphère Un monde scientifique soit l’hôte de discussions portant sur Le monde qui nous entoure, c’est la transition socio-écologique. Si on aussi un monde de curiosités, qui veut bien répondre aux aspirations de s’expliquent la plupart du temps la communauté, il faut qu’elle se sen- par la science. Ça, le Centre des te impliquée », tranche Julie Jodoin. sciences de Montréal l’a bien com- Au menu : comprendre ce qui in- pris, et propose cet été deux expo- terpelle les citoyens au sujet des sitions temporaires s’adressant aux changements climatiques, et déter- familles. À partir du 12 mai et jus- miner collectivement des thémati- qu’au 5 septembre, le seul Centre ques porteuses, qui peuvent inciter à des sciences au Québec proposera poser des gestes concrets en tant une nouvelle exposition interactive que citoyens. portant sur la science derrière les records du monde. La culture au jardin À travers des activités ludiques Institution phare d’Espace pour la axées sur la force, l’équilibre, la vi- vie, le Jardin botanique s’apprête de tesse ou encore la dextérité, le mu- son côté à se parer de ses plus beaux sée invitera petits et grands à battre atours, avec la floraison de mai. Un certains records, mais surtout à moment, le printemps, où la visite est comprendre la logique derrière l’im- mémorable, et qui le demeure d’an- pressionnant. née en année grâce au budget réser- Une autre exposition temporaire, vé au maintien de ce lieu patrimonial Au-delà des limites humaines, consa- qui fêtera ses 100 ans en 2031. crée aux sports extrêmes, s’ajoute à « Le Jardin botanique, il est ancré la programmation estivale du Cen- dans le cœur des Montréalais, illustre tre des sciences, qui compte encore Julie Jodoin. Mais c’est aussi un lieu sur ses offres permanentes, notam- de rencontre, où trois jardins culturels ment Fabrik, Humain, Mini Mondo nous permettent d’entrer en relation et Explore — La science en grand. avec des communautés, et où l’arbo- retum nous offre un regard différent sur ce qui compose le Québec ». 200 millions Différents événements, comme le Rendez-vous horticole, à la fin mai, C’est le montant en dollars la Journée nationale des peuples au- déployé depuis 2008-2009 tochtones, le 21 juin, et la série Les pour permettre au complexe arts s’invitent au jardin, où artistes et muséal, qui regroupe ature au pays et regroupe le Biodôme, le Jardin botanique, la Biosphère, l’Insectarium musiciens offriront des prestations le Biodôme, le Jardin en pleine nature cet été, viendront botanique, la Biosphère, aussi ponctuer l’aspect rencontre qui l’Insectarium et le anime l’institution. Planétarium Rio Tinto Alcan, Mais le Jardin botanique, c’est d’accomplir sa mission aussi un lieu vibrant de recherche mersive. Aujourd’hui, une visite pro- faune et de la flore des Amériques, technologique, « parce que les plan- met de réinventer notre rapport aux tout en révélant la richesse patrimo- tes offrent des moyens innovants de Faire en sorte qu’un contenu scienti- insectes, « afin de mieux comprendre niale de l’endroit, l’ancien Vélodro- résoudre des problèmes environne- fique devienne « tellement fascinant le rôle essentiel qu’ils jouent dans la me conçu par Roger Taillibert pour mentaux », précise Julie Jodoin. Mé- qu’on a envie d’en savoir davanta- biodiversité », explique Julie Jodoin. les Jeux olympiques de 1976. Et le connue du public, cette fonction du ge » est au cœur de l’ADN du Cen- Le bâtiment, conçu par les fir- succès ne se dément pas, alors que musée, qui se dédouble en haut lieu tre des sciences, croit Cybèle Robi- mes Kuehn Malvezzi, Pelletier de les visites attirent petits et grands de savoir et de recherche entre chaud, directrice. Ouvert depuis le Fontenay et Jodoin Lamarre Pratte depuis l’automne. chercheurs, botanistes et partenaires 1er mai 2000, l’établissement du architectes, a déjà reçu un prix Présentement, c’est la Biosphère, universitaires, permet au Jardin bo- Vieux-Port de Montréal a su « déve- d’excellence en architecture depuis cadet des musées d’Espace pour la tanique de demeurer ancré dans son lopper une expertise de sensibilisa- son dévoilement. Ouvert depuis le vie, qui reçoit sa cure de rajeunisse- époque, croit Julie Jodoin. tion » et une capacité à « générer 13 avril, il affiche complet quotidien- ment. Baptisé Musée de l’environ- D’ailleurs, le Jardin a prouvé son l’intérêt des familles pour des conte- nement. Un succès qui s’explique nement, l’endroit vise à s’ancrer utilité alors que tout était fermé. En nus scientifiques. » par le fait que l’endroit, de son amé- davantage dans la communauté, pleine pandémie, le Jardin botani- « Ce qui est fantastique, c’est nagement à son mandat, nous invite afin de devenir « un lieu de rencon- que a connu une hausse de son qu’après 22 ans d’existence, on com- à repenser notre rapport aux insec- tre et d’appel à l’action face à l’ur- achalandage, passant de 250 000 vi- mence à assister au retour de ceux tes, puis à valoriser et à développer gence d’agir face aux changements siteurs en 2020 à 1 million en 2021, qui nous ont visités à nos débuts, un respect pour leur rôle dans les climatiques », révèle Julie Jodoin. un résultat obtenu malgré des res- conclut Cybèle Robichaud. Des pa- écosystèmes, croit Julie Jodoin. trictions sanitaires sévères. Bon an rents d’aujourd’hui qui étaient d’un « La pandémie nous a ouvert les mal an, c’est près de 2 millions de groupe scolaire autrefois, et qui nous yeux sur l’importance de la science et de la protection de la biodiversité, 38 millions visiteurs par année, avec une pro- portion d’environ 40 % de touristes disent que leur intérêt pour la science a commencé ici. On se donne comme souligne Julie Jodoin. On doit plus C’est le montant investi étrangers. C’est l’objectif que se fixe mission d’être un premier contact que jamais la préserver, et Espace qui a permis de transformer Espace pour la vie pour ses cinq mu- pour les jeunes envers la science. » pour la vie veut mobiliser les ci- l’Insectarium en une nouvelle sées cette année, ce qui correspond Avec une quantité de nouvelles toyens, mais aussi les outiller, et leur expérience immersive à des recettes avoisinant les 30 mil- activités interactives pour les fa- démontrer le rôle qu’ils peuvent lions de dollars. milles, gageons qu’une nouvelle gé- jouer. On prend le pari que de vivre « Une des leçons de la pandémie, nération de futurs chercheurs se une expérience immersive, entrer en « C’est un changement de posture. c’est que l’humain et la nature sont formera entre les murs du Centre relation avec la nature, donne ensuite Notre objectif, avec la Biosphère, intrinsèquement liés, conclut Julie Jo- des sciences cet été. envie de passer à l’action et de chan- est de prioriser des gestes con- doin. Les changements climatiques ger de comportement. » crets. La grande transition écologi- menacent la biodiversité, on le sait. L’administration de que ne se fera pas entre nous, entre On a donc le devoir d’agir pour sa Entre éducation et action chercheurs d’un seul musée : elle protection, et Espace pour la vie a la Biosphère développe La même approche guide toutes les doit mobiliser tous les acteurs de la plus que jamais un rôle fédérateur à à l’heure actuelle une salle refontes des cinq institutions du société. » jouer. Notre mission, c’est de redon- citoyenne, où Espace pour complexe muséal. En 2020, le nou- L’administration de la Biosphère ner le pouvoir d’agir. On regroupe la vie tiendra des ateliers veau Biodôme ouvrait ses portes, développe à l’heure actuelle une salle cinq institutions patrimoniales, qui éducatifs et de diffusion une beauté refaite au coût de citoyenne, où Espace pour la vie tien- sont dépositaires de collections presti- du savoir, notamment 37 millions. Les grandes parois blan- dra des ateliers éducatifs et de diffu- gieuses, et on a le devoir de mobiliser en matière de conservation ches, qui enrobent les écosystèmes, sion du savoir, notamment en matière la société civile autour de ce qui fait la et de recherche offrent une balade au cœur de la de conservation et de recherche. beauté du monde qui nous entoure. »
C 10 LE DEVOIR / LES SAMEDI 14 ET DIMANCHE 15 mai 2022 / musées puis d’utiliser son art comme exutoire Des expositions à voir à ses émotions. « Son témoignage touchant fait écho à notre propre ré- flexion sur la vieillesse, la solitude et la tristesse », dit Annie Gauthier, du MNBAQ. Cette exposition est présen- dans la ville de Québec tée jusqu’en janvier 2023 dans le pas- sage Riopelle du musée. En complément à l’expo, une sé- lection d’œuvres d’art québécoises du MNBAQ (Visites velours) est pré- sentée les 14 et 28 mai en guise d’im- mersion dans la contemplation et Dès ce printemps, de grandes ex- d’art, souligne Annie Gauthier, di- de permettra d’éclairer le visiteur l’introspection. rectrice des expositions et des parte- sur les enjeux sociaux et historiques positions prennent l’affiche au nariats internationaux du MNBAQ. des États-Unis — multiculturalisme, Menm vye tintin. Les vies possibles Musée national des beaux-arts Et c’est le résultat de discussions en- féminisme, racisme — et sur la per- Pour sa première exposition muséa- du Québec et au Musée de la ci- tre notre commissaire et celui du ception collective du territoire. Cette le en solo, l’artiste plasticien Stanley vilisation de Québec. Hirshhorn Museum and Sculpture exposition est présentée jusqu’au Février propose une série de sculp- Garden, à Washington. » De grands 5 septembre 2022. tures, de dessins et d’installations noms comme Jackson Pollock, Loui- qui explorent la souffrance humaine se Bourgeois, Edward Hopper, Wil- Comment ça va ? qui marque les sociétés du monde Nathalie Schneider lem de Kooning ou Andy Warhol Cette formule de politesse, presque moderne. Collaboration spéciale font partie des 80 artistes de cette banale à force d’être posée par prin- L’artiste canadien d’origine haï- sélection prestigieuse. cipe, n’a jamais eu autant de réso- tienne travaille autour de ses thè- nance après deux années de pandé- mes de prédilection que sont la bru- Musée national des beaux-arts mie. Cette exposition de 26 gravures talité policière, les migrations de du Québec De grands noms comme mettant en valeur les bienfaits de masse, la crise environnementale, America. Entre rêves et réalités Jackson Pollock, Louise l’art et de la créativité sur notre san- ou encore la surconsommation. Cet- Cent ans d’histoire de l’art améri- Bourgeois, Edward Hopper, té mentale, émotionnelle et physique te brillante rétrospective de ses an- cain : c’est l’ambitieuse exposition Willem de Kooning ou Andy est organisée par le MNBAQ en col- nées de création montre l’engage- présentée dès le 9 juin au Musée Warhol font partie des laboration avec trois organismes ment remarquable de Stanley Févri- national des beaux-arts du Qué- 80 artistes de cette communautaires. er et la foi qu’il place dans l’art bec (MNBAQ). Près d’une centaine sélection prestigieuse Le témoignage artistique de Clé- comme facteur de transformation d’œuvres — peintures, sculptures, ment Gravel (alias « Papy ») sert de sociale. Les visiteurs sont invités à photos et vidéos — composent cette trame narrative pour illustrer le lien laisser une trace de leur passage en BGL rétrospective centenaire, qui démarre L’idée de cette exposition est de tra- entre art et mieux-être. Celui-ci a écrivant leurs propres réflexions sur durant la Grande Dépression et duire l’impact de l’histoire sociocul- commencé à peindre en 2016, alors un mur à la sortie de l’expo. Cette s’achève à l’époque contemporaine. turelle des États-Unis sur l’art du qu’il se trouvait au chevet de son exposition est présentée jusqu’au « C’est un feu d’artifice d’œuvres XXe siècle à nos jours. Un audiogui- épouse malade, et il n’a pas cessé de- 16 octobre 2022. 18 juin au 6 novembre 2022
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