Estimations des tableaux de chasse nationaux pour la saison 2013-2014 : vanneau huppé et pluvier doré colombidés
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N° 318 ❙ janvier – mars 2018 le bulletin technique & juridique de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage Connaissance & gestion des espèces Estimations des tableaux de chasse nationaux pour la saison 2013-2014 : • vanneau huppé et pluvier doré • colombidés p. 9 et p. 15 © S. Beillard/ONCFS onnaissance C onnaissance C onnaissance C & gestion des espèces & gestion des espèces & application du droit Vison d’Amérique : Castor d’Europe : Police sanitaire relative actualisation de sa répartition la reconquête de l’ouest à la faune sauvage : en France p. 32 entretien croisé entre onnaissance C p. 23 & gestion des habitats DGAL et ONCFS Relation faune-habitat : p. 48 l’exemple du tétras-lyre dans les Alpes françaises p. 42
« La police sanitaire est l’occasion de valoriser les savoir-faire des agents, combinant police et connaissance de la faune. » N° 318 ❙ janvier – mars 2018 le bulletin technique & juridique de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage N° 318 – 1er trimestre 2018 – parution avril 2018 Connaissance & gestion des espèces le bulletin technique & juridique de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage Estimations des tableaux de chasse nationaux pour la saison 2013-2014 : ONCFS – Mission communication – 85 bis avenue de Wagram – 75017 Paris – Tél. : 01 44 15 17 10 – Fax : 01 47 63 79 13 • vanneau huppé et pluvier doré • colombidés p. 9 et p. 15 Directeur de la publication : Olivier Thibault Rédacteur en chef : Richard Rouxel (richard.rouxel@oncfs.gouv.fr) Comité de rédaction : Antoine Derieux, Magali Brilhac, Élisabeth Bro, Yves Ferrand, David Gaillardon, éric Hansen, Christelle Gobbe, Guillaume Rousset, Richard Rouxel, Gérard Ruven, Nirmala Séon-Massin Service abonnement : Tél. : 01 44 15 17 11 – Fax : 01 47 63 79 13 – abonnement-faunesauvage@oncfs.gouv.fr © S. Beillard/ONCFS Connaissance & gestion des espèces Vison d’Amérique : actualisation de sa répartition Connaissance & gestion des espèces Castor d’Europe : la reconquête de l’ouest Connaissance & application du droit Police sanitaire relative à la faune sauvage : Vente au numéro : Service documentation – BP 20 – 78612 Le Perray-en-Yvelines Tél. : 01 30 46 60 25 – Fax : 01 30 46 60 99 – doc@oncfs.gouv.fr en France p. 32 entretien croisé entre Connaissance p. 23 & gestion des habitats DGAL et ONCFS Relation faune-habitat : p. 48 l’exemple du tétras-lyre dans les Alpes françaises p. 42 Prix : 5,60 € ttc le numéro (pays tiers : 6,00 € ttc) Remise de 25 % à partir de 30 exemplaires, participation aux frais de port de 10 € de 30 à moins de 100 exemplaires et 20 € au-delà. Conception : – Réalisation : 04250 Turriers – www.transfaire.com Impression : Jouve – Imprimé sur papier issu de forêts durablement gérées et par un imprimeur certifié Imprim’Vert. ISSN 1626-6641 – Dépôt légal : avril 2018 La reproduction partielle ou totale des articles de ce bulletin est subordonnée à l’autorisation du directeur de la publication. Toute reproduction devra mentionner la source « Faune sauvage, bulletin de l’ONCFS ». Le comité de rédaction remercie les auteurs, les photographes et les relecteurs pour leur contribution.
N° 318 ❙ 1er trimestre 2018 Éditorial © D. Gaillardon, ONCFS La police sanitaire, une mission emblématique pour l’ONCFS Loïc Obled, Directeur de la police À l’heure où nous travaillons au contrat d’objectifs La police sanitaire est l’occasion de valoriser les savoir- 2019-2023, nous tirons aussi le bilan des actions faire des agents, combinant police et connaissance de la conduites sous le précédent contrat. Côté police, faune. L’ONCFS possède, grâce à son Unité sanitaire de la parmi les faits marquants figure l’octroi aux faune (USF) et son implication dans le réseau SAGIR, une agents de l’ONCFS de compétences nouvelles en matière expertise en épidémiologie appliquée à la faune sauvage. de police sanitaire pour la faune sauvage. Les agents sont sensibilisés aux enjeux et aux principes de prévention des épizooties. Ils peuvent proposer des stra- Dans ce numéro, l’interview croisée d’Anne Bronner, tégies de police adaptées dont les objectifs (sensibili- cheffe du Bureau de la santé animale au ministère chargé sation, actions correctives, répression…) et les moyens de l’Agriculture et d’Anne Van de Wiele, inspecteur de la d’action seront définis au regard des risques encourus et santé publique vétérinaire mise à disposition de l’ONCFS du degré de connaissance de la réglementation. Ils ont depuis deux ans pour accompagner le déploiement de ces aussi l’avantage d’être très présents sur le terrain. nouvelles compétences, présente en détail les enjeux et actualités de ce nouveau chapitre. La police sanitaire est enfin un formidable vecteur de partenariats. Elle implique des échanges avec l’adminis- Dans cet éditorial, je souhaite montrer pourquoi la tration (centrale et services déconcentrés) en amont des police sanitaire est emblématique de la contribution de actions de police, pour l’élaboration des normes. En aval, l’ONCFS à la protection de l’environnement, en ce qu’elle les autorités judiciaires et administratives devront gérer répond à des enjeux importants du développement les suites à donner aux constatations opérées. L’ensemble durable (qu’ils soient environnementaux, économiques de la chaîne doit être impliquée pour une action cohérente ou de santé publique), qu’elle nécessite une véritable de l’État. L’USF et les services départementaux peuvent expertise technique et juridique, qu’elle couvre l’ensemble être force de proposition. La police sanitaire est également du territoire et qu’elle exige de fonctionner en réseau. un sujet fédérateur pour tous les acteurs : profession agricole, monde de la chasse, associations de protection La police sanitaire a d’abord vocation à contenir la pro- de la nature, administration, services de police. Tous, c’est pagation des maladies animales, dont certaines circulent assez rare pour être souligné, ont des intérêts convergents dans la faune sauvage, peuvent contaminer les élevages à la promotion des bonnes pratiques et à la prévention des et sont parfois transmissibles à l’homme. À la dimension épizooties. santé publique s’ajoutent des enjeux économiques souvent majeurs. Il s’agit d’éviter l’abattage des cheptels Ayant renouvelé il y a peu les conventions de coopé- contaminés, mais aussi de préserver les possibilités ration avec l’ONCFS, le ministère de l’Agriculture reconnaît d’export de nos filières animales d’élevage. Nos interven- la compétence et la plus-value de l’établissement, qu’il tions historiques sur la faune s’en trouvent donc complè- compte bien mobiliser, dans des conditions et proportions tement légitimées, y compris le contrôle de pratiques à définir dans notre futur contrat d’objectifs et de perfor- • cynégétiques comme l’importation d’ongulés sauvages mance. Il s’agit d’une véritable reconnaissance pour notre en vue de lâchers, la gestion de la promiscuité entre faune établissement, qui nous oblige. sauvage et domestique, le traitement des déchets de chasse, etc. 1
N° 318 ❙ 1 trimestre 2018 er N° 316 ❙ 3e trimestre 2017 ommaire page 4 page 15 Connaissance & gestion des espèces Connaissance & gestion des espèces 33e congrès de l’Union internationale des biologistes du gibier Estimation des tableaux de chasse Cet article propose une synthèse du dernier congrès de de colombidés en France l’UIGB, qui a été accueilli par la France à Montpellier, en pour la saison 2013-2014 août 2017, sous l’égide de l’ONCFS. Les principaux thèmes et temps forts de cette manifestation bisannuelle, dont le Selon la dernière enquête nationale sur les tableaux de fil conducteur était Relations « faune sauvage et activités chasse à tir, les prélèvements de colombidés en France pour humaines », sont passés en revue. la saison 2013-2014 seraient de l’ordre de 5 330 000 oiseaux. Cette enquête est la première à avoir distingué M. Guillemain, N. Séon-Massin, É. Bro, A. Gastineau, chaque espèce. Ainsi, avec quelque 4 930 000 oiseaux H. Fournet, M. Guinot-Ghestem, Y. Lecocq, R. Leverrier, prélevés, le pigeon ramier confirme son statut de petit gibier L. Pouiol, S. Verzelloni numéro un, tandis que les tableaux de chasse de la tourterelle turque (189 300 oiseaux) et de la tourterelle des bois (91 700) sont en baisse sensible. La répartition de ces prélèvements et leur évolution depuis les précédentes enquêtes sont analysées à l’échelle régionale. La place des prélèvements français est également resituée au niveau européen pour le pigeon ramier et la tourterelle des bois. H. Lormée, P. Aubry page 23 page 9 Connaissance & gestion des espèces Connaissance & gestion des espèces L’expansion du vison d’Amérique Les prélèvements cynégétiques en France – Période 2000-2015 de vanneaux huppés Compte tenu de l’évolution rapide de la et de pluviers dorés en France situation des petits carnivores envahissants, un suivi des trois espèces présentes en Lors de la dernière enquête nationale sur les tableaux de France est requis. Une première enquête chasse à tir pour la saison 2013-2014 (voir Faune sauvage nationale a permis de faire le point n° 310), les prélèvements du vanneau huppé ont été estimés récemment sur le raton laveur et le chien à un peu moins de 100 000 oiseaux et ceux du pluvier doré viverrin (voir Faune sauvage n° 302). Une à un peu plus de 12 000. La répartition de ces prélèvements mise à jour s’imposait également pour le vison est analysée et représentée schématiquement par d’Amérique. L’objet de la présente enquête est département, puis mise en regard des estimations ainsi de réactualiser les connaissances sur la situation d’enquêtes précédentes. Une très nette baisse des tableaux de cette espèce au niveau national pour la période 2000- de chasse des deux espèces est observée, dont les raisons 2015. Une attention particulière est portée aux sont discutées. L’analyse de l’impact et de la durabilité de départements du sud-ouest concernés par le Plan national ces prélèvements sur les populations chassées ne suscite d’actions pour le vison d’Europe et qui abritent les pas d’inquiétude. populations relictuelles de cette espèce sur notre territoire. B. Trolliet, P. Bonnin, S. Farau F. Léger, J. Steimetz, E. Laoué, J.-F. Maillard, S. Ruette 2
N° 318 ❙ 1er trimestre 2018 page 42 Connaissance & gestion des habitats page 32 Relation faune-habitat : l’exemple du tétras-lyre Connaissance & gestion des espèces dans les Alpes françaises La disponibilité d’habitats en période Le castor d’Europe dans les Pays de reproduction est-elle un déterminant essentiel de l’abondance des populations locales ? de la Loire : la reconquête de l’ouest L’importance accordée par les experts à la disponibilité des Le castor d’Europe était présent partout en France jusqu’au habitats d’élevage des nichées de tétras-lyre pour assurer XVIe siècle, mais sous la pression humaine il a commencé la pérennité de l’espèce les a conduits à mettre au point un à régresser, jusqu’à disparaître complètement de l’ouest du diagnostic opérationnel de la distribution spatiale et de la pays au cours du XVIIe siècle. Entre 1974 et 1976, une qualité de ces habitats, à l’usage des gestionnaires d’espaces. tentative de réintroduction a été réalisée sur la Loire, entre Nous avons testé la validité de ce diagnostic au regard Blois et Mer, à partir d’individus issus de la population du des milieux réellement occupés par les nichées, Rhône. Avec succès ! Cet article relate la progression de puis regardé si l’abondance de l’espèce peut l’espèce dans le bassin de la Loire, étape par étape, depuis être prédite par la disponibilité des habitats cette réintroduction jusqu’à nos jours. utilisés pour élever les jeunes. Les résultats obtenus sont positifs, confirmant le bien- J.-C. Brun fondé d’une politique de conservation du tétras-lyre qui mettrait l’accent sur la conservation des habitats à nichées. C. Jourdan, M. Montadert page 48 Connaissance & application du droit Police sanitaire relative à la faune sauvage page 37 La rédaction de Faune sauvage a été reçue par la cheffe du bureau de la santé animale à la DGAl pour réaliser une Connaissance & gestion des habitats interview croisée avec la conseillère technique de l’ONCFS sur la police sanitaire. Les nouvelles missions de l’Office dans ce domaine ainsi que le rôle grandissant de Gestion expérimentale des habitats l’établissement dans la gestion des différents épisodes sur la Réserve de chasse et de faune sanitaires ayant un impact sur la faune sauvage en France ont été évoqués. Ces propos sont complétés par des retours sauvage de Donzère-Mondragon : d’expérience dans des services départementaux. impacts de l’éco-pastoralisme sur les communautés végétales Entretien avec A. Bronner et A. Van de Wiele Des travaux d’étude sont conduits depuis 2014 pour évaluer les effets de la gestion conservatoire appliquée dans la RCFS de Donzère-Mondragon sur la biodiversité. L’objectif est de mesurer les impacts sur la richesse, la diversité et la patrimonialité des communautés végétales de différentes actions de restauration écologique à partir d’herbivores domestiques ou de systèmes mixtes (débroussaillage mécanique/pâturage). Les premiers résultats montrent des effets plus favorables des systèmes de pâturage sur la végétation, sur la diversité des faciès et sur les ressources alimentaires que la fauche ou l’absence de gestion. C. Moinardeau, D. Roux, F. Mesléard, R. Brusson, T. Dutoit 3
Connaissance & gestion des espèces 33e congrès de l’Union internationale © R. Leverrier/ONCFS des biologistes du gibier L’auditoire du congrès lors de la session d’ouverture. L’Union internationale des biologistes du gibier (IUGB en anglais) Matthieu Guillemain1, est une organisation non gouvernementale de droit suisse, Nirmala Séon-Massin2, initialement formée en 1954 dans le but de réunir tous les deux Élisabeth Bro3, ans, dans une atmosphère chaleureuse, les scientifiques et Adrienne Gastineau4,5*, gestionnaires intéressés par la faune sauvage et sa gestion. Hélène Fournet5**, Cet article fait un retour sur le dernier congrès en date, organisé Murielle Guinot-Ghestem5**, par l’ONCFS, qui s’est tenu en août 2017 au Centre des congrès Yves Lecocq6, de Montpellier. Roxane Leverrier7, L Laëtitia Pouiol1, a gestion durable de la faune sauvage, Le congrès 2017 de l’IUGB, Sophie Verzelloni5** de ses habitats et de ses prélèvements un très bon cru 1 ONCFS, Direction de la recherche et de requiert des connaissances scienti- l’expertise, Unité Avifaune migratrice – La fiques rigoureuses, en perpétuelle évo- Le 33e congrès de l’IUGB, accolé au Tour du Valat, Le Sambuc, Arles. lution. Un solide réseau de collaborations 14e symposium Perdix (qui a fait l’objet 2 ONCFS, Direction de la recherche et de internationales est nécessaire aux gestion- d’un article dans Faune sauvage n° 317), l’expertise – Saint-Benoist, Auffargis. naires et aux chercheurs de ce domaine a réuni 353 participants issus de 38 pays. 3 ONCFS, Direction de la recherche et de pour se tenir au fait des derniers dévelop- Si l’Europe, et en particulier la France, était l’expertise, Unité Petite faune sédentaire – pements dans la discipline et échanger sur bien représentée, la délégation nord-amé- Saint-Benoist, Auffargis. les divers retours d’expérience du terrain. ricaine était importante également, et 4 Centre d’Écologie et des sciences de Ce constat a conduit à la création de certains participants sont venus d’Afrique la conservation (CESCO UMR 7204), l’Union internationale des biologistes du du Sud, voire du Japon (voir la carte). Un Sorbonne Universités, MNHN, 4 CNRS, gibier au milieu des années 1950, dans le total de 157 communications orales et UPMC – Paris. but d’organiser tous les deux ans un 89 posters a été présenté, couvrant une 5 ONCFS, Direction de la recherche et de congrès international sur ces thèmes. très large gamme de thèmes et d’espèces. l’expertise, Unité Prédateurs-animaux Depuis le premier congrès de l’IUGB en Les ongulés, lagomorphes, galliformes et déprédateurs – Villeneuve-de-Rivière*, 1954 à Düsseldorf, il est remarquable que anatidés représentaient comme toujours Gières**. l’organisation ait réussi à poursuivre cet l’essentiel des communications ; mais un 6 Ex-secrétaire général de la FACE (1983- objectif sans discontinuer pendant plus de net intérêt pour les prédateurs (y compris 2015) – BE5560 Fenffe 15, Belgique. 60 ans. L’ONCFS a eu l’honneur d’orga- le chacal doré Canis aureus) ou pour des 7 ONCFS, Direction générale, Mission niser la 33e édition, au Corum à Montpellier espèces comme la tourterelle des bois Communication – Paris. du 22 au 25 août 2017, soit pour la troi- (Streptopelia turtur) était également sième fois après les éditions de 1971 à Paris notable dans le programme. Contact : matthieu.guillemain@oncfs.gouv.fr et de 1997 à Lyon. 4 Connaissance & gestion des espèces
N° 318 ❙ 1er trimestre 2018 La faune sauvage sous l’influence de l’homme : que pouvons-nous faire ? Un thème récurrent dans les différentes sessions Le thème général du congrès était l ’influence de l’homme et de ses activités sur la faune sauvage. Ce thème a été retenu par le comité d’organisation car l’anthropisation des habitats, en parti- culier en Europe de l’Ouest et en France, amène hommes et espèces sauvages à cohabiter de plus en plus intimement, partageant non seulement les territoires, mais aussi les difficultés liées à cette pro- miscuité – déprédation, pollution globa- lisée de certains milieux, pathogènes… Conjointement, ces facteurs peuvent ays d’origine des participants au 33e congrès de l’IUGB. P redéfinir le profil démographique des Le nombre de personnes augmente du jaune (1 participant) au rouge (jusqu'à 114 participants français). populations sauvages, et par conséquent la manière dont elles peuvent être exploitées. Ce thème a été très bien humaines et sociales dans les débats terme des besoins en recherche et gestion introduit par la conférence plénière d’ou- relatifs à la faune sauvage et à sa gestion. sur le thème retenu : verture de Jean-Dominique Lebreton, Une session complète du symposium • Henrik Andrén (Université des sciences membre du Conseil scientifique de Perdix était consacrée à l’écotoxicologie, agricoles de Suède) : « Interactions pré- l’ONCFS et de l’Académie des sciences, ou les conséquences des produits phyto- dateurs-proies dans les paysages anthro- qui donnait son point de vue de démo- sanitaires sur les oiseaux fréquentant les pisés ». Dans cet exposé, H. Andrén graphe sur la capacité pour la faune habitats agricoles. Ce thème était éga- s’interrogeait sur le rôle de l’homme et de sauvage d’être ou ne pas être un gibier lement repris dans la session sur les ses activités dans les relations naturelles durablement prélevé. Les traits d’histoire maladies et l’intoxication de la faune entre les carnivores et leurs proies, via la de vie des différentes espèces, en parti- sauvage, durant laquelle des problèmes limitation des prédateurs, la chasse de culier leur temps de génération et leur tels que ceux des pestivirus chez l’isard, certains herbivores ou la manière dont les capacité de survie, déterminent en effet l’influenza aviaire ou le saturnisme chez pratiques agricoles les affectent ; largement le taux de croissance intrin- les anatidés ont été traités. • Élisabeth Bro (ONCFS) : « Pesticides sèque maximal, et donc la part de la popu- et galliformes de zones agricoles : une lation qui peut être prélevée sans la mettre Des invités prestigieux problématique ancienne mais de nou- en péril. velles craintes ? ». L’auteure appelait à de Ce thème des relations homme-faune La plupart des sessions démarraient par nouvelles études sur les conséquences des sauvage était largement repris dans les la conférence d’un(e) orateur/trice pesticides sur la faune sauvage. sessions parallèles qui ont suivi durant les invité(e), qui présentait un état de l’art sur Maintenant que les produits les plus clai- trois jours de congrès, comme celles sur le sujet et donnait sa vision à plus long rement dangereux ont été interdits, les « Concertation, résolution de conflit et gestion de la faune sauvage », « Êtres humains et faune sauvage partageant le même habitat » ou « Conservation et gestion des territoires privés ». Les exposés présentés durant ces sessions traitaient d’études des réactions compor- tementales des animaux au dérangement humain (liées à la chasse ou à d’autres activités), des dégâts causés par la faune sauvage dans les cultures ou les cheptels, avec un focus particulier sur l’impact du sanglier, ou de la manière dont les conflits entre gestionnaires, agriculteurs, chas- seurs et pouvoirs publics peuvent être abordés et résolus. Outre des biologistes des populations, des épidémiologistes et © R. Leverrier/ONCFS des écologues, il est notable qu’un certain nombre de personnes issues de la socio- logie étaient présentes cette année, témoignant du rapprochement actuel- lement constaté entre ces différentes disciplines et de l’émergence des sciences Plénière d’ouverture de Jean-Dominique Lebreton. Connaissance & gestion des espèces 5
N° 318 ❙ 1er trimestre 2018 © S. Lambert Présentation de Stanley Gehrt (Université de l’Ohio, États-Unis) sur les relations homme-carnivores. molécules utilisées ont plutôt tendance à biologie de la conservation, parfois plus La gestion des populations, avoir des effets sublétaux (par exemple abstraite et génératrice de concepts, et la cœur de cible de l’IUGB sur le système immunitaire ou le succès gestion de la faune sauvage, plus clai- de reproduction), plus difficiles à mettre rement inscrite dans l’action sur le terrain ; La gestion des populations animales en évidence ; • Jesper Madsen (Université d’Aarhus, sauvages était naturellement au cœur de • Luca Corlatti (Université de Fribourg, Danemark) : « Mise en place de la gestion plusieurs sessions, en particulier celle Allemagne, Parc national de Stelvio, Italie, adaptative des oiseaux d’eau migrateurs visant à mieux gérer les populations et Université des ressources naturelles et en Europe : le défi des intérêts multiples ». d’oiseaux d’eau via une approche adap- sciences de la vie de Vienne, Autriche) : À travers l’exemple de la plateforme inter- tative, celle proposant un retour d’expé- « Que représentent les humains pour les nationale de gestion des oies récemment rience concernant les lâchers et réintro- mammifères de montagne ? ». Dans cet mise en place en Europe par l’AEWA, ductions de faune sauvage, ou celle exposé était posée la question générale l’auteur présentait les bénéfices attendus appelant à une approche multi-spécifique des conséquences des activités humaines mais aussi les difficultés à franchir pour pour gérer les peuplements d’ongulés. sur les modes d’utilisation de l’espace et arriver à une réelle gestion adaptative du Dans ces sessions étaient présentés les la conservation des mammifères de mon- gibier d’eau, dans laquelle non seulement résultats de nombreuses études, suivis à tagne, que ceux-ci soient des ongulés, des le prélèvement est adapté à la taille des long terme et expérimentations relatives carnivores ou des rongeurs ; populations, mais la mise en œuvre à l’impact des pratiques sylvicoles ou de • Jean-Michel Gaillard (CNRS) : permet aussi d’améliorer graduellement gestion des habitats (végétation, eau, etc.) « Comment les ongulés répondent-ils aux notre compréhension des processus sur les populations sauvages, le suivi des changements environnementaux dans les biologiques ; lâchers et leurs liens avec le prélèvement, écosystèmes tempérés ? ». S’appuyant • Giovanna Massei (Agence pour la les interactions entre faune sauvage et sur sa très longue expérience de recherche santé des animaux et des plantes, bétail, etc. La session « Prélèvement sur le chevreuil, l’auteur s’interrogeait ici Royaume-Uni) : « Résolution des conflits durable des oiseaux d’eau » a permis de sur les conséquences du changement cli- entre homme et faune sauvage dans un présenter les différentes facettes (écolo- matique, en particulier la précocité des continent surpeuplé : le contrôle de la gique, démographique, sociologique) de printemps, sur le succès de reproduction fertilité est-il la solution ? ». Cet exposé la récente mise en œuvre de plans de et la dynamique des populations de cet passait d’abord en revue l’augmentation gestion adaptative des populations d’oies ongulé ; du nombre et de la variété des conflits (Anser spp. et Branta spp.) en Europe, • Stanley Gehrt (Université de l’Ohio, associés à l’accroissement de certaines premier pas vers une meilleure coordi- États-Unis) : « Des carnivores chez les populations de faune sauvage, puis la nation internationale de la gestion des humains : écologie urbaine des carnivores, manière dont le contrôle de la fertilité autres oiseaux migrateurs et de leurs pré- le cas des coyotes à Chicago ». Alors que pourrait éventuellement permettre de lèvements à l’échelle des populations les populations de carnivores se déve- réduire certains de ces problèmes ; continentales. loppent dans les milieux anthropisés, en • Marie-Pierre Ryser-Degiorgis Enfin, certaines sessions ont permis, de particulier les villes, le suivi de centaines (Université de Berne, Suisse) : « De la manière plus académique, de présenter de coyotes à l’aide de marques visuelles, gestion de la faune sauvage à la santé pla- les dernières connaissances acquises sur d’émetteurs VHF et de balises GPS a nétaire : un défi multidisciplinaire ». À la biologie et l’écologie des espèces de permis d’explorer la variété de leurs stra- travers le concept de santé planétaire, par faune sauvage, en particulier celles qui tégies, depuis des individus ne faisant que lequel la santé des populations humaines sont chassées (sessions « Faune sauvage traverser les villes jusqu’à des animaux est liée à celle des systèmes naturels dont de montagne », « Relations prédateurs- clairement installés et capables d’établir elles dépendent (populations animales proies », « Démographie et dynamique de de réels territoires en zones urbaines ; sauvages, bétail, etc.), l’auteure envisa- population », « Écologie de la repro- • John Linnell (Institut norvégien de geait l’importance de la gestion de la duction des oiseaux d’eau », « Écologie recherche sur la nature) : « Coexistence faune sauvage sur la santé générale des des ongulés », « Déplacements et utili- entre faune sauvage et humains : diffé- écosystèmes et la manière dont les sation de l’espace »). rences entre gestion de la faune sauvage besoins de connaissance dans ce domaine et biologie de la conservation ». Cette pouvaient conduire à fédérer les efforts Un lieu d’échanges techniques communication à la frontière entre éco- de recherche dans le futur. logie et philosophie mettait en avant les Beaucoup d'études présentées ont complémentarités possibles entre la décrit des outils techniques ou analytiques 6 Connaissance & gestion des espèces
N° 318 ❙ 1er trimestre 2018 conditions météorologiques chaotiques gique le long d’un gradient d’urbani qui en découlent. Dans cet exposé de syn- sation entre continents ». thèse, K. Williams a présenté la manière • 3e prix : Jennifer Hatlauf, « Le chacal selon laquelle les besoins de connaissance doré en Autriche : des premières obser et de gestion sont simultanément pris en vations aux résultats récents ». compte dans les processus de gestion • Prix spécial : Thibaut Marin Cudraz, « La adaptative des populations de faune bioacoustique pour évaluer le nombre sauvage en Amérique du Nord. Cette de lagopèdes alpins : une comparaison approche adaptative permet à la fois d’ap- avec les points d’écoute ». prendre et de gérer en fonction de connais- sances imparfaites et régulièrement mises Toutefois, les jeunes scientifiques n’ont à jour sur l’état des populations. Une telle pas été les seuls distingués : les équipes approche est seulement en train de prendre de recherche du Game and Wildlife forme en Europe, de telle manière que Conservation Trust (GWCT) britannique l’exposé de K. Williams et la vision améri- ont reçu le prix IUGB Jan van Haaften pour caine de la question constituent une bonne saluer l’ensemble de leurs travaux sur la directement utilisables pour la gestion des feuille de route de ce côté de l’Atlantique faune sauvage et sa gestion. C’est Yves populations animales sauvages. Bon pour les années à venir. Lecocq, ancien président de l’IUGB et pré- nombre d’exposants présentaient aussi sident du panel d’évaluation, qui a remis leurs produits et services durant le le prix à Nicholas Aebischer, directeur congrès, la plupart étant des partenaires La nouvelle génération adjoint de la recherche au GWCT. techniques surtout fournisseurs de balises à l’honneur de géolocalisation. L’utilisation de ces appareils miniaturisés pour étudier la Un comité avait été mis en place, afin Un moyen de faire du lien faune était très fréquemment reprise lors d’évaluer les communications orales et les des exposés, avec également des commu- posters présentés par de jeunes scienti- Comme dans la plupart des congrès nications de synthèse telles que celle de fiques (étudiants ou personnes ayant scientifiques, et particulièrement de Maarten P.G. Hofman et al. (Université de soutenu leur travail de fin d’études depuis l’IUGB, des événements parallèles avaient Göttingen, Allemagne et Université de moins de trois ans). Une nouvelle géné- été prévus afin que les participants Bangor, Royaume-Uni) : « Performance de ration d’étudiants et de jeunes chercheurs puissent renforcer leurs réseaux profes- la télémétrie par satellite pour la recherche très prometteurs est clairement en train sionnels – par exemple un atelier dédié sur la faune sauvage : de quels éléments d’émerger… Ce qui n’a pas facilité le aux lagomorphes. Rassembler une disposons-nous ? ». Par rapport aux édi- travail du comité d’évaluation, compte diversité de congressistes (disciplines, tions précédentes des congrès de l’IUGB, tenu de la qualité des présentations ! il est apparu évident que les méthodes d’analyses statistiques, mais également Meilleures communications orales génétiques, ont aussi beaucoup progressé. L’engouement pour les pièges photogra- • 1er prix : Nathan Ranc, « Le chacal doré phiques et leur démocratisation étaient en Europe : prédictions relatives aux particulièrement visibles, au point qu’une habitats favorables d’un carnivore en session spéciale, intitulée « Les pièges expansion rapide ». photographiques comme outil révolution- • 2e prix : Maarten Hofman, « Perfor naire de suivi », a été organisée. Cette mance de la télémétrie par satellite session a permis d’échanger sur les diffé- pour la recherche sur la faune sauvage : rents usages possibles de ce type de de quels éléments disposons-nous ? ». matériel, depuis la simple détection de la • 3e prix : Mickael Jacquier, « Les renards présence d’une espèce dans une zone « mangeurs de poulets » : preuves iso donnée à de réelles estimations d’abon- topiques d’une spécialisation indivi dance, en passant par la reconnaissance duelle dans une population rurale de individuelle de certains animaux pour des renard (Vulpes vulpes) ». études démographiques de capture- • 1er prix spécial : Deniz Mengulluoglu, recapture. Les participants ont échangé « Préférences de proies chez le lynx sur leur expérience de ces appareils, les d’Anatolie dans trois écosystèmes en limites techniques et les astuces d’utili- Turquie ». sation sur le terrain. • 2e prix spécial : Zea Walton, « Ici, là-bas et partout : écologie spatiale du renard La gestion adaptative, voie de l’avenir roux ». © S. Lambert Le programme scientifique était clos par Meilleurs posters la plénière de Ken Williams, ancien directeur de la Wildlife Society récemment • 1er prix : Julie Fluhr « Évaluation du retraité, sur le thème « Suivre, modéliser risque pour un charognard strict de L es jeunes scientifiques récompensés et gérer les ressources naturelles dans un dépendre de ressources alimentaires (de gauche à droite) : Thibaut Marin Cudraz, Jennifer Hatlauf, Marufa Sultana, Julie Fluhr, environnement fluctuant et incertain ». Un fournies de manière routinière ». Mickael Jacquier, Maarten Hofman, sujet ô combien d’actualité, avec • 2e prix : Marufa Sultana, « Vers l’analyse Nathan Ranc et Deniz Mengulluoglu. notamment l’évolution climatique et les d’un patron général de diversité biolo Zea Walton n’est pas présente sur la photo. Connaissance & gestion des espèces 7
N° 318 ❙ 1er trimestre 2018 © R. Leverrier/ONCFS Échanges durant la session posters. métiers, pays d’origine…) est l'un des nisées le 25 août : à la Réserve naturelle les collègues étrangers peuvent partager objectifs de l’IUGB, et cette édition n’a de l’Estagnol, zone humide proche de avec nous. pas fait exception. En outre, la traduction Montpellier gérée par l’ONCFS ; en Les participants se sont donné rendez- simultanée de certaines des conférences Camargue aux Marais du Vigueirat (site vous aux prochains congrès IUGB, en 2019 a facilité la participation des gestionnaires majeur de baguage des sarcelles d’hiver en Lituanie, puis en 2021 en Hongrie. locaux aux travaux. pour l’établissement) et aux Grandes En plus du programme officiel, des réu- Cabanes du Vaccarès, terrain du nions parallèles ont également pu être Conservatoire du littoral confié à l’ONCFS Remerciements organisées pour les personnes travaillant qui y met en place une gestion exemplaire sur le lièvre variable (Lepus timidus) ou de la chasse et de la biodiversité, avec une Outre les auteurs de cet article, ce pour le Waterbird Harvest Specialist forte contribution à divers programmes congrès n’aurait pas pu se tenir sans le Group de l’IUCN/Wetlands International. scientifiques ; en Crau et dans les Alpilles, soutien de l’ONCFS et de nombreux L’ensemble des participants a aussi pu où l’unité Petite faune sédentaire conduit sponsors, ainsi que du comité scientifique échanger dans une ambiance chaleureuse des travaux sur la perdrix rouge ; ou encore constitué pour l’occasion. Un grand merci et détendue durant les sessions posters, dans la RNCFS du Caroux, où la population aux nombreuses personnes qui ont aidé ainsi que pendant les événements plus de mouflons et ses habitats font l’objet le comité d’organisation et assuré l’accueil festifs tels que le cocktail de bienvenue du de recherches de long terme par l’ONCFS. sur place : Marianne Bernard, Coline premier soir ou le dîner de gala organisé à Ces visites de territoires ont permis de Canonne, Agathe Chassagneux, Benjamin proximité de Montpellier. Enfin, les comprendre la réalité de terrain et de Folliot, Alexandra Froment, Régis Gallais, congressistes ont pu découvrir la diversité mieux présenter les études de l’établis- Thibault Gayet, Véronique Herrenschmidt, des habitats et quelques espèces emblé- sement – qu’elles soient des suivis ou des Mickaël Jacquier, Sébastien Lambert, • matiques de la faune sauvage des environs expérimentations – pour répondre aux Julie Louvrier, Françoise Ponce, Élodie de Montpellier lors d’excursions orga- préoccupations et aux enjeux concrets que Portanier. Pour en savoir plus ◗◗ La liste exhaustive des partenaires et des personnes impliquées dans l’événement ainsi que l’ensemble des présentations sont dispo- nibles jusqu’au 01/09/2019 sur le site internet du congrès : www.iugb2017.com. © V. Croquet/ONCFS L a sortie Crau-Alpilles… dans les Alpilles. 8 Connaissance & gestion des espèces
N° 318 ❙ 1er trimestre 2018 Connaissance & gestion des espèces Les prélèvements cynégétiques de vanneaux huppés et de pluviers dorés en France © T. Trolliet Bande de vanneaux huppés. La France est l’un des rares pays où sont chassés le vanneau Bertrand Trolliet1, huppé et le pluvier doré, deux espèces souvent associées. Pascal Bonnin2, C’est aussi celui où leurs effectifs sont, de loin, les plus Sébastien Farau2 importants en hiver. Les prélèvements y ont été estimés 1 ONCFS, Direction de la recherche et de durant la saison de chasse 2013-2014 à environ 97 700 l’expertise, Unité Avifaune migratrice – et 12 600 oiseaux respectivement. Ces prélèvements ont Chanteloup, L’Île-d’Olonne. fortement diminué depuis le début des années 1980. 2 Fédération départementale des chasseurs de la Vendée – La Roche-sur-Yon. Ils sont durables et n’ont pas d’impact sur la dynamique de ces populations. Contact : bertrand.trolliet@oncfs.gouv.fr L a chasse est très prisée en France, et parce qu’elle permet d’estimer le prélè- Le vanneau huppé peut être chassé sur le nombre de chasseurs y est particu- vement de chaque espèce de gibier. l’ensemble du territoire en période d’ou- lièrement important. Il y est donc En période de chasse, le vanneau huppé verture générale de la chasse, c’est-à-dire spécialement nécessaire de connaître et et le pluvier doré occupent en France à de septembre (date variable suivant les de suivre les prélèvements cynégétiques, peu près les mêmes milieux (plaines agri- départements) au 31 janvier. Le pluvier de façon à les adapter si besoin aux pos- coles, prairies, marais, etc.) et sont fré- doré peut être chassé à partir du premier sibilités des populations chassées. quemment ensemble. Parmi les samedi d’août sur le domaine public Des enquêtes nationales avaient déjà 10 811 groupes comprenant au moins maritime et quelques autres sites lorsque permis d’estimer les tableaux de chasse à l’une de ces deux espèces qui ont été des arrêtés préfectoraux n’y restreignent tir réalisés en France métropolitaine recensés en France par l’ONCFS au début pas l’exercice de la chasse en août, à partir durant les saisons de chasse 1974-1975, de janvier de 2005 à 2013, environ 9 % du 21 août sur les autres zones humides, 1983-1984 et 1998-1999. Une nouvelle étaient mixtes ; 55 % de 1 788 groupes de et à partir de l’ouverture générale sur le enquête sur les tableaux de chasse à tir a pluviers dorés, et 64 % de 475 100 indi- reste du territoire, jusqu’au 31 janvier. été menée durant la saison 2013-2014. vidus, étaient mélangés à des vanneaux. Dans le département des Ardennes, 15 ins- Elle se distingue des précédentes, d’une Ils sont donc couramment associés dans tallations sont autorisées à pratiquer la part par le fait qu’elle a suivi un protocole les tableaux de chasse. tenderie aux vanneaux et aux pluviers plus rigoureux (encadré), d’autre part dorés, c’est-à-dire à capturer ces espèces Connaissance & gestion des espèces 9
N° 318 ❙ 1er trimestre 2018 Carte 1 E stimation des niveaux de prélèvements au filet (pantes), de mi-octobre à fin de vanneaux huppés par département durant février. Leur quota global annuel est fixé la saison de chasse 2013-2014. à 2 000 vanneaux et 50 pluviers dorés. Le vanneau huppé a une aire de repro- duction particulièrement étendue, de l’Atlantique à la mer du Japon, principa- lement entre 50° et 60° N. Les vanneaux fréquentant la France, et susceptibles d’y être tués à la chasse, proviennent de toute la partie européenne de cette aire, et mar- ginalement de Sibérie. Le nombre de van- neaux d’origine européenne en hiver est estimé entre 5,5 et 9,5 millions (Wetlands International, 2018), dont environ 3,7 mil- © S. Beillard/ONCFS lions en France. Le pluvier doré se reproduit en Islande ainsi que dans le nord de l’Europe et de la Sibérie, principalement en zones subarctique et arctique. Les plu- viers dorés hivernant en France pro- L e pluvier doré (g.) et le vanneau huppé (d.) viennent au moins du nord de l’Europe et partagent les mêmes milieux et s’y côtoient d’Islande, et peut-être de Sibérie. La popu- fréquemment ; c’est pourquoi ils sont couramment associés dans les tableaux de lation européenne est en hiver de l’ordre chasse. de 2,4 millions d’individus, dont les deux Carte 2 E stimation des niveaux de prélèvements tiers en France. de pluviers dorés par département durant la saison de chasse 2013-2014. et doivent être considérées comme indi- Tableaux de chasse estimés catives. L’espèce a été prélevée dans 67 départements. Les six départements Le tableau de chasse à tir national de dans lesquels le tableau de chasse estimé vanneaux huppés durant la saison 2013- a été le plus élevé (carte 1) concentrent 2014 a été estimé à environ 96 400 indi- 56 % du total national. Cette proportion vidus (intervalle de confiance à 95 % : était de 33 % en 1983-1984 et de 60 % [71 000 - 121 700]), et celui de pluviers en 1998-1999. dorés à environ 12 600 oiseaux (IC 95 % : Le pluvier doré est moins répandu et n’a [7 200 - 17 900]) – (Aubry et al., 2016). été prélevé que dans 31 départements. Un Les tendeurs autorisés à en capturer au peu plus de la moitié du tableau de chasse filet dans les Ardennes ont déclaré un pré- national a été réalisé dans quatre dépar- lèvement de 1 333 vanneaux et 4 pluviers tements (carte 2). dorés durant cette saison de chasse Dans le cas des deux espèces, la répar- (S. Debrielle, com. pers.). Les prélève- tition des prélèvements diffère de celle des ments nationaux de vanneaux et de plu- oiseaux en hiver (exemple du vanneau – viers dorés peuvent donc être estimés carte 3). Elle est plus concentrée dans respectivement à environ 97 700 et quelques départements littoraux, 12 600 individus. notamment parce que la pression de chasse au gibier migrateur y est plus forte et parce qu’une partie du tableau de Carte 3 épartition schématique du vanneau huppé R Répartition des prélèvements chasse concerne des oiseaux en migration. en hiver en l’absence de vague de froid. Le prélèvement estimé de pluviers dorés (Exemple de début janvier 2007 – La carte 1 montre la répartition sché- ne représente que 13 % de celui de van- d’après Trolliet, 2007) matique, par département, des prélève- neaux huppés, alors que les effectifs de ments à tir estimés de vanneaux huppés. pluviers dorés en hiver représentent 43 % Ces estimations départementales de ceux de vanneaux huppés. Cela peut (P. Aubry, com. pers.) sont très imprécises s’expliquer par le fait que le pluvier doré Encadré • Méthode de sondage de l’enquête 2013-2014 L’enquête a porté sur un échantillon aléatoire, stratifié par département, de près de 60 000 chasseurs. Le protocole d’enquête a été prévu pour réduire fortement le biais de non-réponse. Ce biais est dû à ce que les chasseurs interrogés qui ren- seignent spontanément ce type d’enquête, sans relance, ont en moyenne un tableau de chasse supérieur à celui des non-répondants (Aubry, 2017). Une partie de ceux qui n’avaient pas répondu initialement ont donc été relancés, par voie postale puis téléphonique. 10 Connaissance & gestion des espèces
N° 318 ❙ 1er trimestre 2018 Figure 1 épartition mensuelle moyenne des prélèvements (% du total de la saison de chasse) de vanneaux R huppés (1998-1999 à 2016-2017) et de pluviers dorés (2000-2001 à 2016-2017) en Vendée. 45 % 40 % 35 % vanneau huppé pluvier doré 30 % 25 % 20 % 15 % 10 % 5% 0% août/sept. octobre novembre décembre janvier Figure 2 Importance relative des prélèvements de vanneaux huppés en novembre, décembre et janvier de 1998-1999 à 2016-2017 en Vendée. 1 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 janvier 0,4 est nettement plus concentré dans des 0,3 décembre régions où ces espèces sont peu chassées, 0,2 novembre comme le sud-ouest du Bassin parisien, 0,1 particulièrement en Eure-et-Loir. 0 Chronologie Figure 3 Importance relative des prélèvements de pluviers dorés en novembre, décembre et janvier de 2000-2001 à 2016-2017 en Vendée. 1 L’enquête nationale sur les tableaux de 0,9 chasse de 1998-1999 précisait leur répar- 0,8 tition mensuelle : ils étaient de loin les 0,7 plus élevés, pour les deux espèces et par 0,6 0,5 ordre d’importance décroissante, en janvier 0,4 novembre, décembre et janvier (Trolliet 0,3 décembre & Girard, 2000). Celle de 2013-2014 ne 0,2 novembre précise pas cette chronologie. Mais les 0,1 enquêtes annuelles conduites en Vendée 0 montrent que la chronologie moyenne des /01 /02 /03 /04 /05 /06 /07 /08 /09 /10 /11 /12 /13 /14 /15 /16 /17 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 prélèvements y est un peu différente, puisque la prépondérance de ces trois pour le pluvier doré), et c’est en décembre probablement par la position géogra- mois est moins nette (79 % du total de la que le tableau de chasse est le plus élevé phique de ce département. saison de chasse pour le vanneau et 87 % (figure 1). Cette différence s’explique On sait que des vagues de froid, privant les vanneaux et les pluviers dorés de pos- sibilités de s’alimenter, peuvent entraîner des déplacements massifs susceptibles d'influer sur les prélèvements. Pourtant, la chronologie des prélèvements de van- neaux varie somme toute assez peu selon les années (figure 2), et n’est pas net- tement liée à l’occurrence de coups de froid. La figure 3 montre, pour le pluvier doré, deux saisons qui se démarquent des autres (2008-2009 et 2013-2014), sans que cela ne paraisse pouvoir être relié à des particularités météorologiques. C’est vraisemblablement dû à l’imprécision des estimations, le pluvier doré étant peu représenté dans les tableaux de chasse. Il y a pourtant souvent, au début des vagues de froid, une augmentation perceptible © S. Beillard/ONCFS des reprises de bagues de vanneaux et de pluviers dorés en Vendée. Il est probable que les suspensions de la chasse prévues par arrêté préfectoral en cas de gel pro- L a chronologie des prélèvements de vanneaux varie peu d’une année sur l’autre et ne paraît pas être longé compensent et masquent cet effet nettement influencée par les coups de froid. du froid hivernal. Connaissance & gestion des espèces 11
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