" Frou-frou & dentelles " Cent ans de lingerie (1880-1980) au château de Louvignies
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Chemises de dentelles, cache-corset brodé et pantalons de dessous de la Belle-Epoque « Frou-frou & dentelles » Cent ans de lingerie (1880-1980) au château de Louvignies Château de Louvignies Ouvert : du 1er avril au 30 octobre 2023 Entrée :château+ parc +expo : 12 €. Renseignements : Florence de Moreau Tel 0477/ 45 40 27 chateaudelouvignies@gmail.com
Château de Louvignies Chambre des marquises : Robe de Bal à tournure, lacée dans le dos, en soie rehaussée de passementeries en rinceaux de fils d’or et de perles de verre ; jupon de cérémonie en batiste avec entre-deux et volants de dentelles ; bas en soie avec incrustation de tulle rehaussé de perles dorées ; corset de charme, à baleines, lacé dos en satin brodé de roses. Cet année, le château de Louvignies vous reçoit pour son exposition sur un thème léger, séduisant et intéressant : « Frou-frou et dentelles » Histoire de la femme, à travers sa lingerie, de la Belle-Epoque aux années 1980 ! Cent ans de lingeries dans les salons du château, une vraie cure de jouvence ! Du salon blanc à la chambre de Maria , vous découvrirez les parures élégantes des cocottes du demi-monde,aux corsets de satin brodé, jupons froufroutants et bas de soie perlés, en passant par la brassière réductrice de seins des danseuses de Charleston des Années folles , aux dessous transparents de Sylvia Christelle dans « Emmanuelle »jusqu’à la guêpière de Chantal Thomass des années 1980.. Château de Louvignies Ouvert : du 1er avril au 30 octobre 2023 1 rue de Villegas Entrée :château+ parc +expo : 12 €. 7063 Louvignies chateaudelouvignies@gmail.com https://chateau-louvignies.be
La Belle Epoque, Vedette de l’exposition Toilettes de dîner et toilettes de soirée, issues de La Mode Illustrée de 1883 Le saviez-vous ? Un des principes de base de l’habillement de la fin du XIXème siècle, est l’adéquation d’une tenue pour un lieu ou une circonstance . Les dames changent plusieurs fois par jour de toilettes, leur femme de chambre cousait ou décousait leurs manches tout au long de la journée pour faire varier leur tenue. Ainsi naquit l’expression, « c’est une autre paire de manches » La robe de Bal A la fin du XIXème siècle, époque très collet monté, la pudibonderie de la bourgeoisie boutonne les robes jusqu’au men- ton. Alors que comme on le constate dans cette reproduction de toilettes de La Mode Illustrée de 1883, et sur la photo du dossier de presse, le décolleté s’épanouit encore pour les robes du soir, qui paradoxalement sont qualifiées d’ « habillées » ! Ainsi pour se rendre à l’opéra un décolleté échancré était indispensable sous peine de s’en voir refuser l’entrée Et les dessous ???
Chambre des marquises. Robe de Bal, châle de soie brodé recto et verso de grandes chrysanthèmes, éventail de plumes d’autruches, réticule perlé et jupons froufroutants évoquent l’élégance des dames de la Belle-Epoque. Le saviez-vous ? « S’habiller est plus complexe qu’armer un vaisseau ? » La taille se devait fine, grâce au port du corset et malgré une superposition incroyable de lin- gerie :on enfilait d’abord à même la peau une chemise, puis un corset qui variait de modèle selon les activités de la journée, un cache-corset, des jarretelles, des jarretières de renfort, des bas en fil d’Ecosse pour la journée , en soie pour le soir, un pantalon orné de dentelles, un jupon de dessous, assez court en laine en hiver et en percale en été, un jupon de dessus avec volants superposés, souvent dans un taffetas sec , qui nécessitait jusqu’à 16 mètres de tissu et surtout qui bruissait au déplacement de la dame, laissant entendre à son passage un joli frou…frou ! D’où son nom de jupon froufroutant. Enfin …on enfilait une toilette adaptée à l’activité !!!
La Belle-Epoque est l’ âge d’or de la lingerie Jupon de cérémonie en batiste avec entre-deux et volants de dentelles ; bas en soie avec incrustation de tulle rehaussé de perles dorées ;corset de charme à baleines, lacé dos en satin brodé de roses (coll. ;JP Rigault), coffret avec flacons de cristal pour les sels …afin de reprendre ses esprits lorsque trop lacées dans leur corset , les dames s’évanouissaient Les dames de la Belle-Epoque, raffolent de lingerie, c’est l’âge d’or de la lin- gerie froufroutante ! Entre 1909 et 1914, l’épouse va abandonner l’austérité de sa lingerie blanche de coton et de lin qui lui donne un air respectable pour suivre la mode des de- mi-mondaines comme Liane de Pougy dont toute la presse suit les moindres faits et gestes et surtout décrit l’élégance de ses tenues. La femme ne veut plus abandonner le do- maine de la séduction aux seules profession- nelles… Elle adopte la soie et ose les couleurs mais pas trop vives, le noir restant toujours réservé aux cocottes. Demi-mondaine parée
Avant-goût de l’exposition Petite Histoire du corset et de la lingerie : 1880 le triomphe du corset A la fin du XIX ème siècle après trois siècles de dictature, le corset est à son apogée : il étrangle plus que jamais la taille des femmes qui ne peuvent même plus se baisser… « Sans conteste, le corset tyrannise les formes, mais la nature, qui ne perd jamais ses droits à la beauté, s’en arrange tout de même » écrivait Auguste Rodin En effet, les messieurs de la Belle-Epoque voueront un vrai culte aux dames à la « silhouette en sablier » étranglée par un corset de satin églantine raconte Béatrice Fontanel dans son livre « Corsets et Sou- tien-gorge » En 1870 on pensait que son port était utile pour la santé parce qu’il permettait de maintenir en place, dans leurs cavités les viscères afin qu’elles ne déforment pas l’abdomen. Les médecins le recomman- Coll.JP Rigaut - © Christian MATHIEU daient aux petites filles, dès leur plus jeune âge (6 ans) pour les aider à se maintenir droites. Le corset « Juvénil » écrit le publiciste de la marque sera « propice à l’éclosion d’une belle nature, la jeune fille se sent soutenue et affermie et ce qui est mieux, soulagée et plus leste… » Parado- xalement, Il n’était pas rare de lire dans la presse, des cas de jeunes filles ,à la taille de guêpe si bien étranglée qui décédaient, au retour d’un bal, le foie percé de trois côtes . Les déplacement d’organes et les fausses couches étaient choses courantes ! Il faudra attendre 1910 et la création de la « ligue des mères de familles contre la muti- lation de la taille par le corset » pour arrêter de penser qu’il est bénéfique Au centre, corset pour nourrisson (La mode illustrée de 1883) Coll.JP Rigaut - © Christian MATHIEU Ainsi en cette fin de siècle, plus séduisant que jamais, le corset se multiplie selon les usages : corset de bal très raffiné en satin blanc, corset du matin plus confortable avec peu de baleines, corset de nuit sans baleines, corset de nourrice à goussets en pont-levis, corset pour le chant, pour la danse…en peau de daim gris perlé plus souple et plus frais pour l’été, corset de filet en cordonnet de soie hortensia…
Dès 1910, la silhouette de rêve en « S », si élégante et parisienne ne fait plus l’unanimité. Surnommé « L’appareil Maudit » par Paul Poiret qui va faire de l’abandon du corset son cheval de bataille, il écrit dans son livre de mémoires : « le dernier de ses appareils maudits s’appelait le Gaches-Sarraute. Certes, j’ai toujours connu les femmes encombrées de leurs avantages et soucieuses de les dissimuler ou de les répartir. Mais le corset les classait en deux massifs distincts, d’ un côté le buste, la gorge, les seins, de l’autre, le train de derrière tout entier ; de sorte que les femmes divisées en deux lobes, avaient l’air de tirer une remorque. » C’est avec Paul Poiret et la créatrice de mode, Madeleine Vionnet, mais aussi avec l’influence des « costumes orientaux » dessinés par Léon Bakste , découverts à travers les représentations des Ballets russes de Serge Diaghilev à Paris, que le corset entonne son chant du cygne . La célèbre danseuse américaine, Isadora Duncan, les pieds nus et vêtue d’une simple tunique, met à la mode le « style grec » et libère le corps de ses contraintes. Jupons superposés et corsets sont tout dou- cement mis au placard. La guerre 14-18 obligera les femmes à prendre la place des hommes aux champs et à l’usine. Une nouvelle tenue plus adéquate sera indispensable : les obusettes travaillent plus de 13 heures par jours, y compris le dimanche pour fabriquer les munitions des soldats montés au front ! Le vêtement plus fonctionnel en journée pour le travail laisse place le soir à une tenue plus osée, pour relâcher la pression et profiter d’une vie , menacée….,mais dans l’effer- vescence ! Ainsi en 1917 la femme s’émancipe. En Angleterre on voit naître les premières femmes policières, en France, les femmes conductrices de tramway qui portent casquettes et va- reuses et les américaines qui viennent soigner nos soldats sur le front ont des cheveux courts, permanentés et…fument ! Aussi pour aider l’armement et la War Industries Board, elles ne portent plus de baleines métalliques dans leur corset et récoltent en un an 28.000 tonnes de métal, de quoi faire deux cuirassiers. La libération 1918 Après avoir assumé tant de responsabilités et avoir goûté à l’indépendance, les femmes sont gentiment priées de regagner leurs foyers…pour y faire des enfants ! Crise démographique oblige ! Mais cette triste période leur a donné le goût d’une certaine liberté qu’elles ne vont pas lâcher. Les femmes se coupent les cheveux, fument, portent des pantalons… et adoptent un look « à la garçonne » .La mode est aux hanches étroites, aux petites poitrines. Pour ce faire, elles portent des « brassières-bandeaux réductrices de seins » qui aplatissent la poitrine. Le crêpe séduit dans des tons blanc, noir, crème ou rose Les années folles(1920) : la ligne Tube L’euphorie bat son plein : bars, dancings font danser ces nouvelles femmes au rythme des premiers orchestres de jazz Leurs robes charleston, courtes et décolletées dénudent leurs jambes, leurs dos, leurs épaules…et pour la première fois, elles s’épileront ! La femme modèle de l’époque est Greta Garbo avec sa silhouette plate, son corps si lisse parfaitement épi- lé, sa coupe de cheveux masculine, sa voix grave Dans les années 20, le mode de vie de la femme change: les femmes font de en plus de sport, jouent au tennis, en- fourchent leurs bicyclettes, montent au volant de leurs splendides automobiles. Elles voyagent aussi davan- tage! Elles veulent donc une lingerie qui leur rend la liberté de leurs mouvements : Suite….lors de la visite de l’exposition « Frou-frou et dentelles » au Château de Louvignies
Petit coup d’œil sur « Cent ans de lingerie » 1880-1900 Règne du corset à armature en busc de baleine, lames de buis et acier qui étrangle la taille jusqu’à avoir une «taille de guêpe». Il se décline sous toutes ses formes, nuptial, de bal, du matin, d’équitation… 1889 : Herminie Cadoll dépose le brevet du 1er soutien-gorge (comme deux passoires à thé en rotin !) Pas de succès ! Il faudra attendre 1923 pour trouver le mot dans le dictionnaire 1914-18 : Première guerre Les femmes prennent la place des hommes aux champs et à l’usine : elles se libèrent de leur corset qui entrave leurs gestes, elles n’ont plus de femmes de chambres pour les habiller. Elles font de plus en plus de sport : tennis et vélo nécessitent un vrai changement . La longue culotte fendue est remplacée par une culotte plus courte et fermée. Coll. JP Rigaut (corset Caudry) Elles usent leur lingerie jusqu’à la corde. 1920 : Les années folles La femme s’émancipe, se masculinise, se coupe les cheveux, «aplatit» sa poitrine et porte le pantalon: c’est la Garçonne. Brassière bandeau réductrice de poitrine Développement des sous-vêtements coordonnés, soutien-gorge et culotte en rayonne. Les co- loris explosent Fin des années 1930 Mae West défie le code Hays du cinéma américain qui censure les trop longs baisers et mesure au mm les décolletés des stars ! La poitrine redevient l’arme de séduction n°1 Coll. JP Rigaut L’invention du latex assimilable aux autres fibres permet enfin de réa- liser de la lingerie élastique et extensible !! La gaine remplace le corset 1938 : Dupont de Nemours annonce la découverte du Nylon : il est résistant, léger, brillant, sèche vite et…ne se repasse pas ! Après avoir été utilisé pour la fabrication de la lingerie, il est rapidement ‘militarisé ‘ pour la fabri- cation des tentes, des cordes et des parachutes de soldats 1940-1945 Restrictions obligent, les femmes s’adaptent aux dures conditions de la deuxième guerre : sous-vêtements au crochet, faux bas teints à la chicorée 1943 : Howard Hugues lance le soutien-gorge à armature renforcée qui rend les seins poin- tus : le soutien-gorge obus ! Lors du débarquement les GI’s apportent les premiers bas Nylon crées par Du Pont de Nemours (1942), mais aussi le chewing-gum ! 1947 : Le nylon revient à la lingerie: Marcel Rochas invente la guêpière pour son actrice fétiche Mae West 1950 : le Style New Look de Christian Dior exalte le luxe et la femme Coll.JP Rigaut © Christian MATHIEU 1939/1945 : Succès de la Pin-up Avec ses seins globes hauts perchés, taille fine : Marylin Mon- roe, Sophia Loren, Jane Mansfield font fantasmer les hommes. C’est le retour des soldats vers la généreuse poitrine maternelle et nourricière, écrivent les psychanalystes Pour soutenir ces lourdes poitrines, utilisation d’un soutien-gorge à surpiqûres circulaires, le soutien-gorge «obus»
1956 : LeJaby invente le soutien-gorge pigeonnant 1960 Les golden-sixties Société de consommation : le revenu des ménages a triplé depuis 1945. Emer- gence d’une nouvelle clientèle qui a de l’argent de poche : les Ados, nouvelle cible des fabricants de lingerie 1962 : La société « Dimanche »lance le 1er bas sans coutures. En 1965 , elle rac- courcit son nom : DIM La Mini-jupe de Mary Quant fait fureur et relègue les porte-jarretelles au placard : les collants deviennent omni présents ! Apparition de La pilule contraceptive, qui va modifier la silhouette de la femme dont la poitrine va prendre rapidement quelques cm(en 1970 la taille moyenne du bonnet est de 85, en 1997 elle est passée à 90-95 !) Mai 68, les femmes brûlent leur soutien-gorge Guêpière blanche comme celle de Brigitte Bardot ,les seins se libèrent et pointent sous les tuniques dans’ Et Dieu créa la femme’ de Roger Vadim indiennes. Coll.JP Rigaut - © Christian MATHIEU La mode est aux femmes plates, aux longues jambes, aux seins menus et les sociologues constatent que plus la société se développe, mange à sa faim, plus on admire les femmes minces comme Jane Birkin et le mannequin Twiggy. Playtex crée Cœur Croisé, le 1er soutien-gorge à armatures non métalliques.(1969) 1970 La lingerie, quand elle existe, continue dans la lignée de mai 68 : elle se veut naturelle, trans- parente, légère; elle est en voile, en tulle, à peine moulante. Cette mode du sein libéré va causer la faillite de nombreuses sociétés de lingerie française : A la fin des années 60, on en comptait 200 pour n’en avoir que 15 à la fin des années 90 ! DIM ose toutes les couleurs de collants 1974 :Le film « Emmanuelle » avec Sylvia Christel, dans ses dessous sexy , va faire revenir la lingerie fine et séduisante sur le devant de la scène. 1977 : AUBADE affiche clairement son objectif : séduire les hommes 1978 : création du caraco, doux léger et sensuel 1980 Photo G.Morleghem Guêpière bustier en guipure à bal- connets, guêpière en tulle brodé, caraco en dentelle et porte-jarre- telles en tulle brodé (1975-1980) Parure de lingerie de Chantal Thomass
A la Belle-Epoque, le corset, la lingerie sculptaient artificiellement le corps des femmes pour le rendre plus désirable à l’homme. Depuis les années 1980, grâce au sport, au fitness, la femme a pris conscience de sa ligne et modèle son corps pour son propre plaisir et le laisse se dévoiler à travers un écrin de lingerie Bibliographie BERTHERAT Marie, de HALLEUX Martin, GIRARD Véronique, 100 ans de lingerie, Editions Atlas, 1996 FONTANEL Béatrice, Corsets et soutien-gorge, l’épopée du sein de l’Antiquité à nos jours, Editions de la Martinière, 1997 ORMEN Catherine, Lingerie française, XIX-XXI siècle,Plon, 2012 ST-LAURENT Cecil, L’histoire imprévue des dessous féminins, solar, 1966
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