Guardian s le village englouti - un ROMAN - Chattycat
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NOTES L’histoire se déroule en 1916, dans un lycée militaire se trouvant dans les Smoky Mountains, une rangée de mon- tagnes traversant deux états du sud-est des États-Unis, la Caroline du Nord et le Tennessee. Les Smoky Mountains font partie des Appalaches. Les lycées américains durent quatre ans. Freshman, sophomore, junior et senior sont des termes désignant respectivement les élèves de troisième, seconde, première et terminale. Les écoles de Premington, Climshire, ainsi que le village, le lac et la forêt de Cedarton, sont fictifs. Pour mieux comprendre les moments historiques men- tionnés dans l’histoire, rendez-vous à la fin du livre. Scannez le code au début de chaque chapitre pour écou- ter la version audio et entendre la prononciation correcte des passages anglais. chattycat.click/thegubaad © 2018 Chattycat. Tous droits réservés 10 rue de Penthièvre, 75008 Paris, France Sous la direction de Keren Eisenzweig www.chattycat.fr
the Guardians tome i le village englouti keren eisenzweig CHATTYCAT
i beware the Guardians
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Ce matin-là, les couloirs de Premington Mili- tary Academy étaient parcourus de rumeurs. On murmurait qu’un jeune écolier de quinze ans était arrivé la veille, et avait réussi à s’inscrire en tant que freshman deux mois après la rentrée des classes. C’était du jamais vu. Mais ce n’était pas cela le plus étrange, selon cer- tains lycéens qui l’avaient rencontré : il était fran- çais. Français ! Il n’y avait jamais eu d’étranger à Premington ! Et pourtant, le Colonel avait permis à un étranger de s’inscrire à son école alors que le reste du monde était en guerre depuis deux ans et que les États-Unis avaient décidé de rester neutres. Et ceux qui partageaient le dortoir du jeune Fran- çais juraient qu’il y avait plus incroyable encore. Selon eux, le nouvel écolier avait un secret. Un secret qui lui donnait des cauchemars. On avait entendu des hurlements au milieu de la nuit. C’est après cette révélation que les rumeurs commencèrent. Quel était son secret ? Ce devait être épouvantable pour le hanter à ce point. Avait-il commis un crime ? 9
Avait-il volé... tué ? On n’en savait rien. Mais il avait prononcé un mot. Powhaka. Edwin Lancaster, le garçon en question, n’était pas conscient des rumeurs qui circulaient à son su- jet. Ce jour-là, après les exercices militaires mati- naux, il regagna son dortoir pour se laver avant le petit déjeuner. Il ne semblait pas remarquer que presque per- sonne ne lui adressait la parole. Debout devant la fenêtre du dortoir, il regardait d’un œil distrait les collines de roches rouges, dont les sommets se perdaient dans la brume épaisse qui donnait leur nom à ces montagnes du sud-est des États-Unis : the Smoky Mountains. Un garçon à la peau mate et aux cheveux noirs un peu longs s’approcha. Il lui tendit la main. — My name is Bob Farris. Welcome to Preming- ton. Edwin sourit. 10
— Nice to meet you, Bob. I’m Edwin. Bob avait brisé la glace. Les autres garçons du dortoir des freshmen se groupèrent autour de lui et se mirent à lui poser une foule de questions avec des accents du Sud si prononcés qu’Edwin avait souvent du mal à les comprendre. Deux garçons semblaient particuliè- rement curieux. — Are you a Frog ? demanda l’un d’eux. Edwin fronça les sourcils. Il savait que «gre- nouille» était un terme utilisé par les Américains pour se moquer des Français. — I’m American and French, répliqua-t-il sèche- ment. I live in France. But I was born in America. — Are you in a society ? demanda l’autre garçon. My name is Virgil. I’m a member of the Dolls. — I’m Walter. I’m with the Roses, dit le premier garçon. — Non, je ne suis pas dans une société, murmura Edwin. Je viens d’arriver. I just got here ! — What society will you join ? insista Virgil. The Dolls or the Roses ? — You should join the Roses. They’re better. — No. Join the Dolls ! 11
— I don’t know, dit Edwin en haussant les épaules. Le garçon qui faisait partie des Roses se rappro- cha de lui. — You know, there is a third society. A secret so- ciety. It’s called... what is it called ? The Savers of... the Guards of... Edwin ouvrit grand les yeux. Une société se- crète ? Voilà qui était mystérieux. Il glissa une main dans sa poche et toucha le bout de papier qu’il avait retrouvé dans son sac, deux jours auparavant. Trois mots étranges, écrits à la hâte, signés par son frère : Beware the Guardians. - James Et si... ? Mais Bob interrompit ses réflexions en souriant. — Walter is making fun of you, expliqua-t-il. Everyone knows that the secret society is a myth. Edwin se mordit la lèvre, vexé. Il n’était pas d’ha- bitude si crédule. Soudain, la porte s’ouvrit. Un senior entra, vêtu de son uniforme, une médaille sur la poitrine. Il était suivi d’un grand 12
garçon pâle aux cheveux noirs, arborant lui aussi une médaille. Un troisième garçon, plus jeune, était chaussé de mocassins, au lieu des bottines en cuir portées par les autres. Les freshmen se rangèrent en ligne droite et sa- luèrent par leurs noms et leurs grades les officiers quand ces derniers passèrent devant eux. Major Floyd Hunter... Lieutenant Peter Laswell... Junior Captain Horace Gordon... L’officier appelé Floyd s’arrêta devant Edwin. Il le dévisagea pendant quelques secondes. Puis il murmura : — What did you dream of ? — Nothing, répliqua Edwin, mal à l’aise. Major Floyd l’étudia en silence encore quelques instants. Puis il quitta le dortoir, suivit du Lieute- nant Peter et du Junior Captain Horace. La première journée d’Edwin passa comme un éclair. Il suivit les autres freshmen à la chapelle, où il fit la rencontre du Colonel, le directeur de l’école. Puis il se rendit en cours de chimie, suivi par le latin et la trigonométrie. 13
Ce dernier cours était celui qu’Edwin redoutait le plus. Il avait toujours eu du mal avec les maths. Entrant dans la grande salle, il vit un groupe mé- langeant freshmen, sophomores et juniors. Il trouva une place près du fond de la classe, de- vant un garçon aux cheveux châtains très courts et à la taille fine qu’il avait déjà aperçu ce matin-là. Le Captain Horace Gordon, assis au premier rang, se tourna et lui lança un sourire moqueur. — Who can tell me the purpose of the Pytha- gorean Theorem ? questionna le Professor Kruger, debout devant le tableau. You, the new boy... Edwin Lancaster ! Edwin se leva, le cœur battant fort. Il fallait vrai- ment que le professeur l’appelle, lui ! Il n’avait pas de chance. — Euh... je... je ne sais pas... — In English, please, Mr. Lancaster ! — I... I don’t... — He’s French, Professor Kruger, ricana Captain Horace de sa voix traînante du Sud. — At least, he’s not a Rose ! riposta Virgil. — That would be worse, siffla un autre garçon. If he was French and a Rose, he might as well leave ! 14
Les cadets se mirent tous à se disputer. Tandis que Kruger essayait de les calmer, Edwin entendit quelqu’un chuchoter : — The purpose of the Pythagorean Theorem is to find the unknown side of a right triangle. — Quiet ! Quiet ! hurla Kruger. You two societies can fight if you want, but not in my class ! Quiet ! Well, Mr. Lancaster ? What is the answer ? Edwin répéta avec hésitation les mots qu’il ve- nait d’entendre. — Correct. Thank you, Lancaster. Now, Mr. Far- ris, can you tell me... Edwin se retourna discrètement et vit le garçon mince aux cheveux courts. — Thank you, souffla-t-il. Après les cours, Edwin retrouva Virgil et Walter devant la cantine. — I don’t like Professor Kruger, se plaignait Wal- ter. He’s strict. And he’s German. — Herman is German, too, dit Virgil. Well, he was born in America. But his parents are German. 15
— Herman ? répéta Edwin. Who is Herman ? — Herman is the boy who helped you in trigono- metry, répondit Walter. Edwin fronça les sourcils. Le garçon qui lui avait donné la réponse en cours de maths était donc al- lemand ! Alors que son grand frère se battait en France contre les Allemands, lui, Edwin, venait d’en remercier un ! — It’s not right, s’exclama Walter en voyant son expression. There is a war, but we let Germans in our school ! It’s not patriotic ! — But we’re neutral, fit remarquer Virgil. — Real men aren’t neutral. Real men fight ! But then, you’re a Doll. Dolls don’t fight ! — We fight better than the Roses... Tout en se disputant, les deux cadets entrèrent dans la cantine. Edwin n’avait pas faim. Il les regarda s’éloigner pendant quelques instants. Puis il se dirigea vers son dortoir. La salle commune était déserte. Edwin s’assit dans un fauteuil et ouvrit ses livres. Il essaya de ré- viser pour ses deux cours du lendemain, mais cela l’ennuya vite. 16
Ouvrant son sac, il en sortit le journal qu’il avait acheté avant de prendre le train pour Premington et parcourut rapidement la première page. Un ar- ticle donnait les dernières nouvelles de la Grande Guerre : la Bataille de la Somme, qui avait débuté le 1er juillet, continuait toujours. Les Anglais venaient de déployer leurs premiers chars d’assaut. Edwin ferma les yeux pendant quelques instants, essayant d’imaginer son frère se battant au front. Quels dangers James y rencontrait-il ? Si seule- ment Edwin pouvait être avec lui ! Soupirant, il replia le journal et voulut le mettre sur la table. C’est alors qu’il se rendit compte que le meuble avait disparu. Il se leva. Mais il n’y avait plus de sol sous ses pieds. Il essaya de s’accrocher à son fauteuil. Trop tard. Il tomba dans le vide. Puis, avec une violente secousse, il atterrit. Le ciel au-dessus de lui était mauve. Le sol était boueux et les rails de train sur lesquels il se trouvait étaient rouillés. L’air était si humide qu’il avait du mal à respirer. À l’horizon, il aperçut quelques tentes à l’ap- parence indienne, ainsi qu’un panneau en bois 17
moisi. Il essaya de discerner les mots inscrits des- sus, mais il était trop loin. Soudain, Edwin entendit un sifflement aigu. Un train apparut, faisant monter des nuages de fumée. Il essaya de bouger, de toutes ses forces. Mais il n’y parvint pas. Il ne pouvait pas s’échap- per. Ses pieds étaient comme collés au sol. Le train de couleur rouge, rouillé et noirci par le temps, s’approchait. L’air lui brûlait les poumons. Des perles de sueur coulaient le long de ses tempes, sa veste trempée lui collait au dos. Le train n’était plus qu’à quelques mètres de lui. — I will die here, pensa-t-il. Le sifflement aigu se fit de nouveau entendre. Le train était devant lui. Dans un instant, il serait écrasé. Juste avant de fermer les yeux, il se tourna vers la pancarte en bois. Les mots inscrits dessus lui ap- parurent dans un éclat de lumière : powhaKa. 18
Edwin se réveilla en sursaut. Il était dans la salle commune, toujours assis dans le fauteuil. — Another nightmare ? fit une voix. C’était Bob. Il se tenait debout devant lui et le regardait avec sympathie. — It’s nothing, dit Edwin en rougissant. — I have something for you. It will help you. Bob lui donna un curieux objet rond en bois, tra- versé par des fils sur lesquels étaient suspendues des plumes. — It’s a dreamcatcher, expliqua-t-il. It will catch your bad dreams. — Merci, murmura Edwin en acceptant l’at- trape-rêves indien. Tu l’as trouvé où ? Where did you find it ? Bob hésita. Mais au lieu de répondre, il changea brusquement de sujet. — This is bad, dit-il, regardant le journal qui était tombé par terre. I don’t like this war news. I’m not ready to fight yet. — Tu n’es pas encore prêt à combattre ? But you won’t have to. You’re a freshman. You can’t be older than fifteen. — I’m eighteen, soupira Bob. I... I went to 19
another school before. Edwin n’eut pas le temps de lui en demander plus. Le clairon se fit entendre et les cadets durent se disperser, chacun vers son dortoir. Edwin s’assit devant son bureau. Il prit une plume et une pile de papier à lettres. Mais soudain, quelque chose glissa de la pile et tomba par terre. C’était un bout de papier. Il le ramassa et lut : Dear Lancaster : We are the secret society of Premington. We invite you to our initiation on Friday the eighth of November. We will meet at midnight near the big oak tree. I hope you are not scared of ghosts. Dangerously yours, The Guardians Edwin regarda le message avec stupéfaction. Il n’arrivait pas à y croire : il y avait donc réellement une société secrète ! Ce n’était pas une rumeur. Et ils s’appelaient The Guardians. 20
Beware the Guardians... mais oui ! Il repensa au mot étrange qu’il avait trouvé dans son sac. James lui avait dit de se méfier des Guardians ! Edwin retourna la petite feuille de papier entre ses mains. Que devait-il faire ? Il se sentait perdu. *** Je continue ma lecture ***
TABLE I. Beware the Guardians ................... 7 II. The Initiation ................................. 23 III. Nettie .............................................. 35 IV. The Hole ......................................... 47 V. Powhaka ......................................... 55 VI. The Fight ........................................ 63 VII. In Danger ....................................... 79 VIII. Snowed In ...................................... 89 IX. Return to Powhaka ........................101 X. Answers .........................................109 XI. The Guardians ...............................119 XII. The War .........................................135
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Retrouvez bientôt la suite des aventures d’Edwin Lancaster dans le deuxième tome de la saga bilingue the Guardians. #THEGUARDIANS Rejoignez la communauardtéian!s.saga facebook.com/thegu Dépôt légal : avril 2018 ■ ISBN 979-10-96106-20-2 Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse modifiée par la loi n° 2011-525 du 17 mai 2011 Achevé d’imprimer en mars 2018, en Union européenne par Alphabook www.chattycat.fr
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