Helicobacter Pylori : diagnostic, indications et modalités d'éradication
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POST’U (2022) Helicobacter Pylori : diagnostic, indications et modalités d’éradication ENTÉROLOGIE GASTRO- Fréderic HELUWAERT Service Hépato-Gastroentérologie et Endoscopie Digestive - Centre Hospitalier Annecy Genevois - 1 avenue de l’hôpital - 74370 ÉPAGNY METZ-TESSY fheluwaert@ch-annecygenevois.fr H. pylori provoque chez la personne Quelques infectée une gastrite qui est une données générales maladie infectieuse indépendamment des symptômes et des complications (5). Helicobacter Pylori : 85 % des patients infectés seront un problème fréquent ? asymptomatiques, 10 à 15 % présen- Helicobacter pylori est une bactérie teront un ulcère gastro-duodénal spiralée à Gram négatif, vivant exclu- parfois compliqué (hémorragie, perfo- sivement dans l’estomac humain. ration) et récidivant, d’autant plus La contamination, essentiellement en cas de prise concomitante d’AINS intra-familiale survient tôt dans l’en- et d’aspirine. Seul 1 % développera OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES fance et est responsable d’une infection un adénocarcinome gastrique à la — Connaître les données épidémiolo- chronique sans éradication spontanée. suite d’une lente cascade de lésions giques et bactériologiques récentes histologiques (atrophie - métaplasie La moitié de la population mondiale, — Connaître les situations devant avec une grande disparité géogra- intestinale - dysplasie - cancer) ou un conduire à sa recherche et à son phique, est infectée par H. pylori, lymphome de MALT. éradication et ce d’autant que les conditions de Y a-t-il un intérêt à traiter — Connaître les méthodes diagnos- vie sont défavorisées. En Europe, les l’infection ? tiques migrants sont plus souvent infectés que les populations d’origine (1). Les bénéfices de l’éradication sont — Connaître les méthodes thérapeu- nombreux, entre autres : tiques En France, la prévalence globale est estimée à 20-30 % chez l’adulte. Elle - Améliore parfois la dyspepsie des est très faible chez l’enfant (
Le problème de la résistance La résistance de H. pylori à la clari- d’éradication probabiliste sont diffé- de Helicobacter Pylori thromycine et à la lévofloxacine rents et évoluent selon chaque région aux antibiotiques a atteint des niveaux alarmants du monde. La France est un pays à dans le monde entier, avec une très forte résistance à la clarithromycine et Seuls quelques agents anti-infectieux grande variabilité d’un pays à l’autre à la lévofloxacine (valeur seuil > 15 %) sont utilisables contre H. pylori : il (figures 1 et 2). Pour l’OMS, H. pylori (figure 3). Pour cette raison, l’associa- s’agit de l’amoxicilline, la clarithromy- est un agent pathogène prioritaire tion de seulement deux antibiotiques : cine (mais pas l’azithromycine), le pour la recherche/ développement de amoxicilline + clarithromycine ou métronidazole, la tétracycline (mais nouveaux antibiotiques. lévofloxacine ne doit pas être utilisée pas la doxycycline), la lévofloxacine en traitement probabiliste devant un (mais pas la ciiprofloxacine), la rifabu- La résistance des souches et l’obser- risque trop important d’échec d’éra- tine (même si c’est la rifampicine qui vance thérapeutique insuffisante sont dication. est testée lors des antibiogrammes), et les 2 principaux facteurs prédictifs de les dérivés du bismuth (disponible en l’échec du traitement d’éradication, Les recommandations des sociétés France uniquement dans le Pylera*). raison pour laquelle, les schémas savantes françaises (CNP HGE, HAS, Figure 1 : Taux de résistance primaire des souches de H. pylori à la clarithromycine selon les pays européens en 2018 (8) Figure 2 : Taux de résistance primaire des souches de H. pylori à la lévofloxacine selon les pays européens en 2018 (8) 86
Figure 3 : Taux de résistance primaire et secondaire des antibiotiques pour les souches de H. pylori en France (données CNRCH 2020) (9) ENTÉROLOGIE Antibiotique Résistance primaire Résistance secondaire GASTRO- Clarithromycine* 78/392 (19,9 %) 44/92 (47,8 %) Lévofloxacine 45/291 (17,1 %) 12/77 (15,6 %) Métronidazole 164/291 (62,4 %) 64/77 (83,1 %) Tétracycline 0/291 (0 %) 0/77 (0 %) Rifampicine 0/291 (0 %) 2/77 (2,6 %) Amoxicilline 1/291 (0,4 %) 3/77 (3,9 %) *clarithromycine : résultats basés sur la PCR GEFH) sont unanimes pour consi- tage, témoin d’un contact préalable influence peu le résultat du test (arrêt dérer que dès la première ligne, un avec la bactérie, mais ne renseigne recommandé de 48 heures), celle traitement d’éradication « orienté » pas sur la persistance ou non de l’in- d’antiacides (sels d’aluminium, etc.) par l’étude de la sensibilité aux anti- fection. Négative, elle a un intérêt ne le modifie pas. biotiques pour chaque patient est pour exclure une infection à H. pylori. optimal, afin de limiter l’antibiorésis- Positive, elle nécessite un autre test Les tests invasifs tance, tout en améliorant l’efficacité confirmant une infection active. Elle Les biopsies à visée bactériologique et la tolérance des traitements. n’a donc aucune place dans le contrôle (antre + fundus) doivent être réalisées d’éradication puisque la séropositivité en premier (le contact de la pince à peut se maintenir des années après biopsies avec le formol tamponné un traitement d’éradication efficace. compromet la viabilité bactérienne Le diagnostic de l’infection Elle est parfois utile pour le diagnostic et l’analyse PCR), elles seront dépo- quand l’inoculum bactérien est faible sées dans un milieu de transport type (carcinome gastrique, lymphome de Portagerm Pylori*. Dans un deuxième Le diagnostic de l’infection comporte MALT, atrophie gastrique, hémorragie temps, seront réalisées les biopsies à deux volets inséparables : l’identifica- digestive). visée anatomopathologiques dans tion bactérienne à proprement parler 2 pots séparés : deux biopsies an- et l’identification des lésions endos- La détection d’Ag bactérien trales + une de l’angulus dans un pre- copiques et histologiques induites par de Helicobacter Pylori mier pot et deux biopsies fundiques la bactérie. dans les selles dans un second pot. La recherche d’Ag de H. pylori dans les Diagnostic de l’infection (10) selles est réalisée avec un anticorps La culture de Helicobacter Pylori On distingue habituellement les tests monoclonal dirigé contre la bactérie. La culture de H. pylori est la méthode non invasifs (sérologie, test respira- La Se, Spe et VPN de ce test sont de référence pour identifier H. pylori. toire à l’urée-13C, recherche d’Ag de autour de 90 % (10). Le recueil des H. pylori dans les selles) et les tests selles est un obstacle à la diffusion de Son principal intérêt est d’évaluer invasifs (biopsies de la muqueuse cette méthode qui peut être utilisée la sensibilité de la bactérie à tous gastrique par endoscopie à visée en diagnostic pré-thérapeutique et les antibiotiques (antibiogramme) anatomopathologique, et bactériolo- en contrôle d’éradication, de même à savoir l’amoxicilline, clarithromy- gique [cultures de H. pylori ou PCR]). que l’absence de prise en charge par cine, lévofloxacine, tétracycline, rifa- Exception faite de la sérologie, toutes l’Assurance Maladie. mpicine, métronidazole) et de guider les méthodes d’identification sont leur choix. Le test à l’Urée marquée susceptibles de rendre des tests faus- Le test respiratoire à l’urée marquée La culture nécessite des conditions sement négatifs et de conclure à tort détecte une infection active par pré-analytiques rigoureuses (trans- à l’absence de la bactérie, si n’est la mise en évidence d’une activité port à +4°C, dépose rapide au labo- pas respecté un délai de 4 semaines uréasique que possède H. pylori. En ratoire ou milieu de transport type SANS ANTIBIOTIQUE et de 2 semaines présence de H. pylori, l’ingestion Portagerm pylori permettant de SANS IPP. d’urée marquée par un isotope non prolonger la viabilité bactérienne) Les tests non invasifs radioactif du carbone (13C) est suivie (11). La mise à disposition facilitée de du rejet de 13C0² dans les gaz expirés ces milieux de transport rend désor- La sérologie Helicobacter Pylori dont la quantité peut être mesurée. mais la culture potentiellement acces- La sérologie détecte les anticorps sible partout en France. IgG spécifiques de H. pylori dans le La sensibilité et spécificité de ce sérum. Il s’agit du seul test dont les test, par ailleurs très reproductible, Sa réalisation nécessite cependant résultats ne sont pas perturbés par dépassent les 95 %. C’est le test un personnel entraîné, car les condi- la prise d’antibiotiques ou d’IPP. La pour contrôler l’éradication, sous tions de cultures sont spécifiques et sensibilité et la spécificité de ce test réserve qu’il soit réalisé à distance de la bactérie fragile, mais dans un labo- peuvent dépasser les 95 % (10). La l’arrêt des ATB (4 semaines) et des ratoire spécialisé, sa sensibilité est sérologie est un bon test de dépis- IPP (2 semaines). La prise d’anti-H2 proche de 80 %. 87
Le CNR des Campylobacters et des Figure 4 : Cascade des anomalies histologiques gastriques Helicobacters met à disposition des et risque individuel de cancer, en pourcentages microbiologistes des fiches pratiques afin de conseiller les microbiologistes dans leur démarche diagnostique (www.cnrch.fr). L’amplification génique (PCR) sur biopsies gastriques L’amplification génique (Polymérase Chain Réaction : PCR) est une tech- nique permettant d’obtenir rapi- dement de multiples copies d’un fragment d’ADN bactérien cible à partir de biopsies gastriques (dépo- sées sur milieu de transport type Portagerm, mais pas dans les milieux à visée anatomopathologique) Cette technique de détection molécu- laire de la bactérie est plus sensible que l’histologie et que la culture. thromycine des souches par PCR ou les patients sous IPP, la réalisation de par culture était de 98 % (462/471) biopsies dans le fundus améliore le Elle permet également de détecter les (12). taux de détection. mutations associées à la résistance à la clarithromycine. Des formats de Le test rapide à l’uréase sur biopsie Le diagnostic des lésions PCR temps réels sont disponibles et gastrique permettait un diagnostic histologiques induites commercialisés en France. La détec- rapide (moins d’une heure) d’une par Helicobacter Pylori tion des mutations conférant une infection active à H. pylori. L’utilisation Le diagnostic lésionnel (intensité des résistance aux quinolones est à ce fréquente d’IPP lors de la réalisation lésions de gastrite et leur localisation jour moins pertinente : les mutations d’une endoscopie et son absence de antrale ou fundique) est incontour- associées à cette résistance sont plus prise en charge font qu’il n’est plus nable et repose sur les biopsies systé- diverses et il n’existe pas de kit de recommandé en France. matiques ainsi que sur des biopsies PCR temps réel disponible. L’absence L’examen anatomopathologie additionnelles en pot séparé sur des de cotation à la nomenclature limite zones suspectes. encore à ce jour la diffusion de la PCR L’examen anatomopathologique est dans l’arsenal diagnostic de l’infection la méthode habituelle de détection Il semble exister un « point de non-re- à H. pylori. de H. pylori, par coloration standard tour » dans la constitution des lésions ou désormais par des techniques pré-néoplasiques, possiblement Dans deux évaluations de pratique d’immunohistochimie. Un minimum lors de l’apparition des lésions de courante en France, sur 296 patients, de cinq biopsies sont recommandées métaplasie intestinale, observées les pourcentages de détection de (angle de la petite courbure, petite souvent à partir de 40 ans (figure 4). H. pylori étaient les suivants : PCR et grande courbure antrale dans un (100 %), histologie (90,8 %), culture premier pot, petite et grande courbure Les classifications anatomopatho- (86,4 %). L’histologie n’avait donc pas du corps dans un autre pot) pour logiques OLGA (Operative Link for « détecté » 9 % des patients H. pylori garantir les performances diagnos- Gastritis Assessment) et OLGIM positifs (3). Sur 471 patients, la tiques de l’infection et surtout typer (Operative Link on Gastric Intestinal concordance entre la détection de les lésions de gastrite (inflammation, Metaplasia) stratifient le risque la sensibilité/résistance à la clari- atrophie, métaplasie, dysplasie). Chez néoplasique (figure 5). Figure 5 : Classification OLGA des lésions d’atrophie gastrique prénéoplasiques CORPS Score d'atrophie Pas d'atrophie Atrophie légère Atrophie modérée Atrophie sévère (score o) (score 1) (score 2) (score 3) Pas d'atrophie* Stade 0 Stade I Stade II Stade III (score 0) Atrophie légère* Stade I Stade I Stade II Stade III (score 1) ANTRE Atrophie modérée* Stade II Stade II Stade III Stade IV (score 2) Atrophie sévère* Stade III Stade III Stade IV Stade IV (score 3) * Score incluant l'angle gastrique 88
Les patients porteurs de lésions de cancer gastrique), les éventuelles avancées d’atrophie ou de métaplasie les indications lésions prénéoplasiques, les adap- (respectivement stade OLGA III-IV et de traitements tations thérapeutiques nécessaires ENTÉROLOGIE OLGIM III-IV) sont à risque de déve- (insuffisance rénale, allergies et inte- GASTRO- lopper des lésions de dysplasie de ractions médicamenteuses, …) et la haut grade ou un cancer gastrique L’attitude thérapeutique est diffé- connaissance que l’on a de la sensibi- (incidence estimée pour stage OLGA rente selon que l’on se situe dans lité de la bactérie aux antibiotiques, III/IV : 20 à 60/1 000 patients années) une zone à faible ou forte incidence notamment à la clarithromycine. et doivent faire l’objet d’une surveil- de cancer gastrique. Dans les zones lance endoscopique, indépendam- à forte incidence, l’éradication systé- Les 3 conditions ment de l’obtention d’une éradication matique de la bactérie est justifiée. La d’un traitement efficace bactérienne (13,14). France est une zone à faible incidence L’efficacité d’un traitement d’éradi et il est raisonnable, en l’absence de cation est dépendante de 3 condi- La classification OLGIM est globale- symptôme, de cibler le dépistage de tions : ment similaire, basée sur le degré et l’infection à Helicobacter Pylori et la localisation de la métaplasie. des lésions pré-néoplasiques chez les - Une durée suffisamment longue patients à haut risque de cancer. du traitement avec bonne obser- De larges études européennes ont vance montré que le risque de cancer Il existe différentes situations où il convient de rechercher et de traiter - Un contrôle optimal du pH intra- gastrique est de 1/256 si la muqueuse gastrique est normale, 1/50 en cas d’atrophie cette infection : (18,19,20) sévère, 1/39 en cas de métaplasie - L’utilisation de 2 antibiotiques • Patients à risque élevé de cancer effi c aces sur les souches de intestinale étendue et 1/20 en cas de gastrique dysplasie (15,16). Helicobacter Pylori - Apparenté à un patient avec anté- cédent de cancer de l’estomac 1 Une durée suffisamment longue de Une large série de 1 246 patients traitement avec bonne observance : a évalué que le risque d’adéno- (parents, frères/sœurs, enfants), 10 jours pour la quadrithérapie carcinome gastrique était 4,9 fois - Syndrome HNPCC/Lynch, (QT) bismuthée et les traitements plus élevé en cas d’atrophie sévère - Gastrectomie partielle ou trai- à base de rifabutine, 14 jours pour par rapport à l’absence d’atrophie, tement endoscopique de lésions les autres protocoles. Il n’y a pas 6,4 fois plus fréquent en cas de cancéreuses gastriques, d’éradication minute ! métaplasie par rapport à l’absence - L ésions pré néoplasiques gas 2 Le contrôle optimal du pH repose de métaplasie, 5 fois plus fréquent en triques (atrophie sévère et/ou sur l’utilisation d’IPP en 2 prises cas de pangastrite par rapport à une métaplasie intestinale, dyspla- par jour. La nécessité d’une forte gastrite antrale et enfin 4,5 fois plus sie), posologie d’IPP est justifiée par le fréquent en cas de gastrite fundique par rapport à la gastrite antrale (17). • Lymphome gastrique du MALT retour des souches de H. pylori à • U lcère gastrique ou duodénal un état réplicatif quand le pH est En pratique, on peut distinguer les (antécédent d’ulcère ou ulcère au-dessus de 5 et permet d’op- tests en : actif, compliqué ou non) timiser l’efficacité des antibio- tiques. Le métabolisme de certains - Test d’orientation diagnostique, • Dyspepsie chronique avec gastros- IPP (oméprazole, lansoprazole) ne renseignant pas sur la persis- copie normale étant dépendant des gènes du tance de la bactérie : sérologie. • Prévention des ulcères avant de cytochrome 2C19 et de MDR-1 et en débuter un traitement prolongé raison d’une proportion importante - Test diagnostiquant la présence par AINS de métaboliseurs rapides chez les actuelle de la bactérie : test respi- • Traitement au long cours par IPP caucasiens, il est préférable d’uti- ratoire à l’Urée 13C ou biopsies liser l’ésoméprazole 40 mg ou le à visée anatomopathologique, • Patient devant avoir une interven- rabéprazole 20 mg en prise biquo- Ag Hp dans les selles. tion bariatrique, isolant une partie tidienne (21). de l’estomac (bypass) - Test affirmant la présence de la 3 L’association d’au moins deux anti- • Anémie ferriprive ou carence en bactérie et évaluant sa sensibi- biotiques efficaces sur la souche avec vitamine B12, sans cause retrouvée lité aux antibiotiques : biopsies une bonne diffusion intraluminale déposées dans un milieu de trans- • Maladies extradigestives : unique- port type Portagerm Pylori* : ment le Purpura Thrombopénique - L’amoxicilline sera toujours privi- Cultures de H. pylori (tous les Immunologique de l’adulte. légiée (absence de résistance antibiotiques) et PCR d’H. pylori primaire) : la posologie utilisée sera (clarithromycine uniquement). de 1 gramme x2/j empiriquement, mais pour des raisons pharmaco- - Test évaluant les lésions induites Les modalites logiques, des doses adaptées au par l’infection : examen anatomo poids (50 mg/Kg/j en 3 prises/j, ou de traitements en 4 x/j si dose>6gr/j) sont recom- pathologique avec multiples biopsies (minimum 5) dans des mandées dès la 2e ligne. pots séparés (antre + angulus) et Le traitement devra toujours prendre - La clarithromycine (20 % de résis- corps gastrique avec classifica- en compte le contexte clinique (âge, tance primaire) : à la dose de tions OLGA -OLGIM. lésion endoscopique, ATCD familial 500 mg matin et soir 89
- La lévofloxacine (17 % de résis- clarithromycine, de métroni- trithérapie (2 ATB et IPP) est néan- tance primaire) : à la dose de dazole et d’un IPP en 2 prises/ moins souvent à privilégier. 500 mg matin et soir jour pendant 14 jours Le choix du traitement orienté répond - La rifabutine (absence de résis- • Si la sensibilité aux antibiotiques a aux règles suivantes : tance primaire) : à la dose de été testée, comme le recommande 300 mg/j possible en une prise, cet - Utilisation systématique de les sociétés savantes, le traitement antibiotique doit être réservé aux l’amoxicilline optimisée à 50 mg/ est alors une trithérapie asso- situations validées en RCP Kg/j en 3 prises (ou en 4 prises ciant un IPP et deux antibiotiques si dose > 6gr/j), à laquelle on - Le métronidazole : utilisée habi- pendant 10 à 14 jours. associe en priorité la clarithromy- tuellement à la dose de 500 mg - L’amoxicilline sera toujours privi- cine, puis la levofloxacine, puis la x 2/j (ou 375 mg x4/j lors de la QT légiée, à laquelle on associera rifabutine. bismuthée) selon la sensibilité des souches, - Pas d’utilisation de clarithromy- - La tétracycline (absence de résis- en priorité la clarithromycine, cine, de lévofloxacine ou de rifa- tance) n’est disponible qu’à dose puis la lévofloxacine et en dernier butine sans connaissance de la fixe en association avec le métro- recours la rifabutine (devant être sensibilité de la souche. nidazole et les sels de bismuth réservée aux situations validées - Les sels de bismuth : dose fixe en en RCP) - Pas d’utilisation de métronidazole association avec métronidazole et dans une nouvelle association en Dans cette situation, les 80 % des cas d’échec d’une QT bismuthée tétracycline patients infectés par une souche Clari (car échec d’une posologie de Il n’y a jamais d’urgence à envisager Sensible bénéficient d’un traitement métronidazole à 375 mg x 4/j soit un traitement d’éradication ! En cas « orienté » de 14 jours par amoxicil- 1500 mg/j) de grossesse ou d’allaitement par line 1 gramme 2 x/j, clarithromycine 500 mg x2/j et IPP (ésoméprazole - Utilisation de la QT bismuthée exemple, il doit être différé. avant un schéma à base de lévo- 40 mg ou rabéprazole 20 mg) x2/j. On a donc le temps d’attendre d’avoir Cette association habituellement floxacine ou de rifabutine. l’ensemble des données pour pres- mieux tolérée (par l’absence de métro- On est alors le plus souvent dans les crire le traitement, bien l’expliquer nidazole) est efficace dans plus de situations suivantes (après un échec afin d’améliorer l’observance, ou le 90 % des cas et permet de réserver préalable de la QT bismuthée) déléguer au médecin généraliste, en éventuellement la QT bismuthée aux lui délivrant un protocole de traite- 20 % des patients porteurs d’une - Souche CLARI R, LEVO S → AMOX ment détaillé. La diffusion des fiches souche Clari R. optimisée + LEVO 14 j d’amélioration et de collaboration de - Souche CLARI R, LEVO R RIFA S prise en charge (disponible sur les Le contrôle d’éradication → AMOX optimisée + RIFA 10 j sites de l’HAS et du GEFH) doit être est impératif ! (après avis RCP GEFH) largement encouragée. Les schémas d’éradications de - Souche CLARI R, LEVO R, RIFA R → Tout traitement d’éradication est première ligne ont une efficacité impasse thérapeutique → surveil- indissociable du contrôle de son effi- proche de 90 %. Il y a donc potentiel- lance endoscopique à discuter cacité. On doit considérer en une seule lement 10 % des schémas proposés qui se soldent par un échec ! - A llergie pénicilline et souche entité le « traitement suivi d’un test CLARI S LEVO S → CLARI + LEVO contrôlant l’éradication et l’éven- Quel que soit le traitement prescrit, un 14 j (après avis RCP GEFH) tuelle surveillance endoscopique ulté- contrôle d’éradication « au minimum - A llergie pénicilline et souche rieure ». 4 semaines sans prise d’antibiotique CLARI R LEVO S RIFA S → LEVO + ou 2 semaines sans IPP » est indispen- Le traitement de première ligne RIFA 10 j (après avis RCP GEFH) sable, habituellement par test respira- Deux situations sont donc possibles toire quand il n’y a pas d’indication de - A llergie pénicilline et souche (19,22) gastroscopie. CLARI R LEVO R RIFA S → impasse thérapeutique → surveillance • En l’absence d’évaluation de la Que faire en cas d’échec endoscopique à discuter sensibilité aux antibiotiques, le ou de situation délicate traitement est « probabiliste ». Il Il est à noter que l’association « fixe » repose impérativement sur une QT - En cas d’échec d’un premier traite- des 3 composants de la QT bismu- associant un IPP et trois antibacté- ment probabiliste : utilisation de la thée, rend sa prescription délicate riens. QT non utilisée ou discussion d’une ou impossible en cas d’insuffisance endoscopie pour proposer un trai- rénale/hépatique ou lorsqu’une adap- - Soit une QT bismuthée : associa- tement orienté. tation de posologie de l’un de ses tion fixe de tétracycline, métroni- dazole, bismuth : 3 gélules 4 fois/ - En cas d’échec d’un traitement constituants s’avère nécessaire, les jour avec de l’oméprazole 20 mg orienté : traitements ultérieurs traitements « orientés » ont ici tout x2/j pendant 10 jours (selon guidés par les données de la leur intérêt. l’AMM), à privilégier en cas d’al- culture++ Dans les cas d’échecs multiples, ou lergie à la pénicilline ou en cas de En cas d’échec d’un premier traite- si un traitement à base de rifabutine prise antérieure de clarithromy- ment probabiliste (QT bismuthée est envisagé, un avis auprès de la RCP cine. habituellement), bien que la QT du GEFH est préconisé contactgefh@ - Soit La QT concomitante : probabiliste non utilisée puisse être helicobacter.fr (fiche de RCP dispo- association d’amoxicilline, de proposée, un traitement orienté par nible sur le site www.helicobacter.fr). 90
Figure 6 : Surveillance de la gastrite chronique atrophique et de ses lésions ENTÉROLOGIE GASTRO- Gastrite chronique Gastrite chronique DBG DHG DBG ou DHG extensive ou MI antrale en muqueuse plane en muqueuse plane sur lésion ou MI diffuse Résection Pas de Surveillance Surveillance Survelllanoe endoscopique surveillance à 3 ans à I an à 3-6 mois ou chirurgie MI : métaplasie intestinale ; DBG : dysplasie de bas grade ; DHG : dysplasie de haut grade Les véritables échecs d’éradication lésions et mieux cibler les lésions reste rare de l’ordre de 1 à 1,5 %/an sont rares, mais parfois, il faut parfois néoplasiques (23), surtout dans les (voire moins) dans les pays de faible savoir accepter de ne pas chercher à rares cas d’échecs d’éradication ! endémie (possiblement comme en tout prix une éradication et se limiter France). dans l’attente d’autres alternatives à Les protocoles de sur veillance long terme à une surveillance endos- proposés sont les suivants (24,25) copique si nécessaire. (figure 6) : L’analyse des situations d’échecs - Atrophie légère à modérée limitée Conclusion à l’antre : pas de surveillance. soumis à la RCP du GEFH partagent souvent les mêmes erreurs : poso- - Atrophie gastrique de stade avancé En 2022, la prise en charge d’une logies d’IPP ou d’antibiotiques trop (atrophie sévère ou métaplasie infection à Helicobacter Pylori devrait faibles, utilisation de schémas désor- intestinale à la fois de l’antre et du reposer sur l’évaluation de la sensibi- mais non validés (séquentiel ou fundus : stade OLGA-OLGIM III/IV : lité aux antibiotiques. Les indications trithérapie probabiliste) ou compor- contrôle endoscopique (HD+CE) à de recherche et de traitement sont tant des antibiotiques non recom- 3 ans, éventuellement à 1-2 ans désormais bien validées. Lors d’une mandés (doxycycline, ciprofloxacine, si associé à un ATCD familial de K endoscopie, la détection par PCR ou azithromycine, rifampicine) et des gastrique au 1er degré. culture de H. pylori doit être encou- durées de traitement trop courts. La - Dysplasie sans lésion macros- ragée au même titre que la réalisation prescription d’un traitement d’éradi- copique : nouvelle endoscopie systématique de biopsies antrales et cation doit être rigoureuse ! de bonne qualité (HD+CE) avec fundiques à visée anatomopatholo- contrôle à 12 mois si dysplasie de gique. bas grade et 6 mois si dysplasie de Les traitements orientés, l’utilisation haut grade. de posologie adaptée d’IPP et d’anti- Après l’éradication - Résection d’une lésion néopla- biotiques, des fiches HAS ou du GEFH, sique superficielle : surveillance à doivent permettre une meilleure effi- 6-12 mois puis annuelle. cacité et tolérance des traitements. Le Surveillance contrôle d’éradication, réalisé dans de à l’issue du traitement Risque de recontamination bonnes conditions, est impératif pour Lors de l’endoscopie diagnostique La récidive après éradication affirmer une guérison le plus souvent initiale, 4 à 7 % des patients (2,3) confirmée de l’infection à H. pylori définitive, ainsi que la surveillance présentent une atrophie gastrique de peut se produire soit par récurrence endoscopique rigoureuse des sujets stade avancée, et méritent une sur- (réapparition de souche d’origine non présentant des lésions prénéopla- veillance particulière même après l’ob- détectée) du fait d’un test de contrôle siques. tention de l’éradication bactérienne. d’éradication faussement négatif, le plus souvent car réalisé trop tôt Les patients OLGA ou OLGIM III/ (< 4 semaines après la fin du traite- IV doivent bénéficier d’une surveil- ment) ou par une réinfection par une lance endoscopique haute définition nouvelle souche. avec chromo-endoscopie (HD+CE) et nombreuses biopsies (au moins La réinfection, qui peut atteindre douze), au mieux sous anesthésie, jusqu’à 10 %/an ou plus dans les afin de réaliser une cartographie des pays soumis à une forte prévalence, 91
Infection à H. pylori en pratique ÉVALUER LE CONTEXTE • Âge • ATCD familial et personnel (cancer gastrique, ulcère GD, dyspepsie) • Comorbidités (insuffisance rénale/hépatique, espérance de vie…) • Allergie médicamenteuse et traitements habituels (interactions médicamenteuses ?) • Échec préalable de traitements d’éradications (lesquels ?) ENDOSCOPIE (à distance de l’arrêt des traitements : ATB 4 semaines et IPP 2 semaines) • 2 biopsies à visée bactériologique (sur milieu Portagerm pylori* : cultures ou PCR) • 5 biopsies à visée anatomopathologique : antre et fundus dans 2 pots différents : classification OLGA OLGIM • Lésions endoscopiques • Lésions histologiques TRAITEMENT • Soit prescrit par HGE, soit délégué au généraliste (avec fiche HAS ou GEFH ) • Orienté ++ ou Probabiliste (QT bismuthée ou QT concomitante) et observance ++ • Contrôle éradication par test respiratoire ++ (sans ATB 4 semaines, sans IPP 2 semaines) -> éradication « définitive » ÉCHEC TRAITEMENT ? • Lignes ultérieures « orientées » ++ avec optimisation posologie IPP, ATB (amoxicilline 50 mg/Kg/j), durée, discussion en RCP GEFH (si rifabutine, situations délicates, échec multiples) SURVEILLANCE ENDOSCOPIQUE • Si lésions prénéoplasiques : Endoscopie Haute Définition, chromo-endoscopie, cartographie, nombreuses biopsies Fiche HP spécialistes 2021 92
10. Lamarque D, Burucoa C, Courillon-Mallet 19. Lamarque D, Burucuo C, Courillon Références A, et al. Révision des recommanda- tions françaises sur la prise en charge Mallet A ,et al. recommandations sur le traitement de l’infection à Helicobacter de l’infection par Helicobacter pylori. pylori chez l’adulte – Hepato gastro ENTÉROLOGIE 1. Zamani M, Ebrahimtabar F, Zamani Hepato Gastro 2012 ; 19 : 475-502. 2017 ;24 : 157-70. GASTRO- V et al., Systematic review with 20. recommandation HAS, pertinence des 11. Heep M, Scheibl K, Degrell A, Lehn N. meta-analysis: the worldwide prevalence soins – Diagnostic de l’infection à Helico- Transport and storage of fresh and frozen of Helicobacter pylori infection Aliment bacter pylori chez l’adulte, mai 2017. gastric biopsy specimens for optimal Pharmacol Ther. 2018;47:868–76. recovery of Helicobacter pylori. J Clin Microbiol 1999.37(11):3764-6. 21. McNicholl AG, Linares PM, Nyssen OP, 2. Heluwaert F, Nahon S, Lesgourgues B et Calvet X, Gisbert JP. Meta-analysis al., JFHOD 2016 : CO 54 - PYLORI HEBDO* : esomeprazole or rabeprazole vs. 12. Heluwaert F, Band S, Petiprez H. Journées : résultat d’une enquête de pratique sur first-generation pump inhibitors in GEFH 2020 – CO – Expérience 2018-2019 la prise en charge d’Helicobacter pylori the treatment of Helicobacter pylori du CH d’Annecy sur l’utilisation du dans 31 centres ANGH en 2014 infection. Aliment Phar macol Ther kit Amplidiag H pylori+ clari R test 3. Heluwaert F, Tracanelli L, Abousalihac (mobidiag) sur les souches H pylori +. 2012;36:414-25. et al. JFHOD 2018 : CO 76 - Diagnostic 22. recommandation HAS, pertinence des 13. Rugge M, Genta RM, Fassan M, et al. et traitement de l’infection à H pylori au soins, traitement de l’infection à Helico- OLGA gastritis staging for the prediction centre hospitalier genevois, Apport de la bacter pylori chez l’adulte, mai 2017 of gastric cancer risk: a long-term PCR et de la culture pour le diagnostic follow-up study of 7436 patients. Am J 23. Liou J-M,Malfertheiner P, Lee Y-C,,et 4. De Martel C, Georges D, Bray F, Ferlay Gastroenterol 2018;113:1621–8. al. Screening and eradication of J, Clifford GM. Global burden of cancer Helicobacter pylori for gastric cancer 14. Rugge M, Meggio A, Pravadelli C, et attributable to infections in 2018: a prevention: the Taipei global consensus. al. Gastritis staging in the endoscopic worldwide incidence analysis. Lancet Gut 2020;69:2093–112. follow-up for the secondary prevention Glob Health 2020;8: e180–90 of gastric cancer: a 5-year prospective 24. Lecomte T, Godart B, rahmi G - Acta 5. Sugano K, Tack J, Kuipers EJ, et al. Kyoto study of 1755 patients. Gut 2019;68:11–7. endoscopica 2017, DOI 10.1007/s10190- global consensus report on Helicobacter 017-0599-9. 15. Song H, Guncha Ekheden I, Zheng Z, pylori gastritis - Gut 2015;64:1353–67. Ericsson J, Nyren O, Ye W - Incidence 25. Pimentel-Nunes P, Libanio D, Marcos 6. Il Ju Choi, Chan Gyoo Kim, Jong Yeul of gastric cancer among patients with Pinto R, et al. Management of epithelial Lee, et al. Family history of gastric cancer gastric precancerous lesions : observa- precancerous conditions and lesions in and helicobacter pylori treatment – tional cohort study in a low risk Western the stomach (maps II): European Society NEJM 2020; 382 : 427-36 population - BMJ 2015;351:h3867. of Gastrointestinal Endoscopy (ESGE), 7. Il ju Choi, Myeong-Cherl Kook, Young-Il 16. De Vries A, Van Grieken N, Looman European Helicobacter and Micro- Kim, et al. Helicobacter pylori therapy for C, et al. Gastric cancer risk in patients biota Study Group (EHMSG), European the prevention of metachronous gastric with premalignant gastric lesions: Society of Pathology (ESP), and cancer – NEJM 2018;378 : 1085-95 a nationwide cohort study in the Sociedade Portuguesa de Endoscopia Nederlands - Gastroenterology.2008 Digestiva (SPED) guideline update 2019. 8. Megraud F, Bruyndonckx R, Coenen Apr;134(4):945-52. Endoscopy 2019;51:365–88. S, et al. Helicobacter pylori resistance to antibiotics in Europe in 2018 and its 17. Uemera N, Okamoto S, Yamamoto S, et relationship to antibiotic consumption in al. Helicobacter pylori infection and the the community. . Gut 2021;70:1815–22. development of gastric cancer - NEJM 2001; 345:784-9 9. Benejat L, Ducournau A, Domingues Martins C. et al. - Epidémiologie de 18. Malfertheiner P, Megraud F, O’morain l’infection à Helicobacter pylori en C, et al. Management of Helico- France en 2020 : Données de surveillance bacter pylori infection—the Maastricht du CNR Campylobacters et Helico- V/Florence Consensus Report Gut bacters, BEH 15- 12 octobre 2021 : 275-82. 2017;66:6–30. 93
5 Les cinq points forts ● Hormis la sérologie, tous les tests diagnostiques peuvent conclure à tort à l’absence d’infection par Hp, si un délai de 4 semaines sans antibiotique et de 2 semaines sans IPP n’est pas respecté. ● Les niveaux de résistance aux antibiotiques, principale cause d’échec des traitements d’éradication, sont extrêmement variables selon le pays d’origine du patient. En France, les taux de résistances primaires à la clarithromycine et à la lévofloxacine, atteignent respectivement 20 % et 17 %. ● La réalisation de biopsies à visée bactériologique (antre x1 et fundus x1) et à visée anatomopathologique (antre x 2, angulus x 1, fundus x 2) est recommandée pour évaluer la sensibilité aux antibiotiques et permettre un diagnostic lésionnel précis. ● En 2022 en France, le traitement de l’infection est au mieux orienté par la sensibilité aux antibiotiques (trithérapie avec un IPP et 2 antibiotiques efficaces), sinon probabiliste avec l’une des deux quadrithérapies (bismuthée ou concomitante). ● À l’issue d’un traitement, il faut contrôler l’éradication, le plus souvent par test respiratoire, et assurer une surveillance endos- copique et histologique en cas de lésion pré néoplasique. 94
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