Histoire de la Pharmacie - La pharmacie à l'âge moderne Chapitre 2 : Professeur Patrice Trouiller

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Histoire de la Pharmacie - La pharmacie à l'âge moderne Chapitre 2 : Professeur Patrice Trouiller
UE7 – Santé Société Humanité

 Histoire de la Pharmacie
                     Chapitre 2 :
La pharmacie à l’âge moderne
   Professeur Patrice Trouiller
                   Année universitaire 2011/2012
    Université Joseph Fourier de Grenoble - Tous droits réservés.
Histoire de la Pharmacie - La pharmacie à l'âge moderne Chapitre 2 : Professeur Patrice Trouiller
Plan du cours

- Chapitre I : Aux origines de la pharmacie
      1. Introduction à l’histoire de la pharmacie
      2. Emergence de la pharmacie : la boutique des
      remèdes et l’apothicaire

- Chapitre II : La pharmacie à l’âge moderne
      1. Structuration de la pharmacie moderne : le
      médicament, le pharmacien, le laboratoire
      2. La pharmacie du XXIe siècle et ses perspectives
Histoire de la Pharmacie - La pharmacie à l'âge moderne Chapitre 2 : Professeur Patrice Trouiller
Chapitre II : La pharmacie à l’âge moderne
1ère partie   - Profession pharmacien : l’officine, le
   préparatoire, le laboratoire
  1. La pharmacie et les sciences
  - La chimie
  - A la frontière de la chimie et de la pharmacie : la quinine

  2. La pharmacie moderne et la loi de Germinal
  - La loi de 1803
  - Le cadre d’exercice professionnel

  3. Le médicament, un bien de consommation
  - Des remèdes secrets aux spécialités
  - Le médicament : des bénéfices et des risques ?

  4. Le médicament, son industrialisation
  - Isoler, standardiser, rechercher
Histoire de la Pharmacie - La pharmacie à l'âge moderne Chapitre 2 : Professeur Patrice Trouiller
Période chronologique : XVII et XVIIIème siècle (siècle des Lumières)

1. La pharmacie et les sciences
 La chimie
. Enseignements destinés aux apothicaires sur les opérations chimiques de base
pour une préparation rationnelle du médicaments
. Emergence du concept de composé chimique (‘antichambre’ du principe actif)

                                                         Cours de Chymie de Nicolas
                                                         Lémery dispensé au Jardin royal
                                                         des plantes (institution placée sous
                                                         l’autorité du Roi et non de la Faculté
                                                         qui deviendra après la Révolution le
                                                         Muséum d’histoire naturelle)
                                                         L’édit de création du Jardin des
                                                         plantes (1635) qui précisait :
                                                         « Attendu que l’on enseigne point
                                                         dans Paris, non plus qu’une autre
                                                         Ecole de Médecine du Royaume,
                                                         les écoliers à faire les opérations de
                                                         pharmacie… », montre bien le souci
                                                         de combler un vide que ne
                                                         remplissait pas la Faculté, celui de
                                                         structurer l’art de préparer le
                                                         médicament.
Histoire de la Pharmacie - La pharmacie à l'âge moderne Chapitre 2 : Professeur Patrice Trouiller
. L’enseignement de la chimie appliquée aux remèdes (chimie médicinale ou
    pharmaceutique) se structure et fait l’objet d’échanges savants (Europe),
    parallèlement à la dégradation des Facultés de médecine (France)

Cours de Chimie de Guillaume-
François Rouelle,
démonstrateur royal au Jardin
                                                                Les premiers cours de
du Roy (1761) : un des premiers
                                                              « chymie » destinés aux
cahiers de cours diffusés aux
                                                                   apothicaires et aux
élèves (en quelque sorte, une
                                                              médecins, organisés aux
« ronéo » avant la lettre)
                                                                       Jardins du Roy
Histoire de la Pharmacie - La pharmacie à l'âge moderne Chapitre 2 : Professeur Patrice Trouiller
. La chimie qui s’est développée avec la pharmacie, s’individualise comme
    science autonome (Lavoisier) :
     - elle conquiert de nouveaux territoires (eg, chimie organique)
     - elle contraint et subordonne la pratique de la pharmacie

                                   Antoine-Laurent Lavoisier publie avec
Guyton de Morveau, Fourcroy et Berthollet la « Méthode de nomenclature
chimique » (1787) : avec cette nomenclature nouvelle, il ne s’agissait pas
de simplement remplacer la vieille terminologie (celle des alchimistes
réputée comme peu systématique et bourrée de synonymie => facteurs de
confusion), mais de fournir aux chimistes une méthode leur permettant de
caractériser par un nom les différentes substances.
Histoire de la Pharmacie - La pharmacie à l'âge moderne Chapitre 2 : Professeur Patrice Trouiller
. La chimie devient la base de l’enseignement de la pharmacie :
pour que la pharmacie ne soit plus « le seul art d’extraction des jus de
plantes » (Fourcroy)

                                             Le médecin Antoine François
                                             de Fourcroy insistera sur
                                             l’association étroite qu’il y a
                                             entre la chimie et la
                                             pharmacie.
                                             Outre son travail d’homme
                                             politique durant la Convention
                                             (loi de 1803 fondant la
                                             pharmacie moderne), il
                                             favorise les liens entre chimie,
                                             pharmacie et médecine par la
                                             création de publications
                                             scientifiques, comme le
                                             « Journal de la société des
                                             pharmaciens de Paris » dans
                                             lequel apparaît pour la
                                             première fois le terme
                                             « pharmacologie »
Histoire de la Pharmacie - La pharmacie à l'âge moderne Chapitre 2 : Professeur Patrice Trouiller
 A la frontière de de la chimie et de la pharmacie – La quinine

                                     « Le remède
                                     anglois pour la
                                     guérison des
                                     fièvres » (1683
                                     Nicolas de
                                     Blegny) :
                                     le premier
                                     ouvrage publié
                                     en France qui
                                     décrit l’efficacité
                                     du quinquina
                                     dans les fièvres,
                                     déjà utilisé
                                     depuis plusieurs
                                     années en
                                     Angleterre

                                                              « Les admirables qualitez du Kinkina »
                                                           décrivant l’efficacité du quinquina dans les
                                                                                          fièvres (1689)
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. De l’analyse chimique du végétal (Cinchona) au principe actif (identification et
caractérisation botanique, puis analyse : caractères organoleptiques, physico-
chimiques)

                                    Face à la demande importante
                                    d’écorce de quinquina (comme
                                    fébrifuge, tonique, dans la goutte,
                                    l’hydropisie…) et sa rareté
                                    progressive (=> coût exorbitant *),
                                    il apparaît sur le marché des
                                    « faux quinquinas » (espèces
                                    voisines du Cinchona mais ne
                                    contenant pas de quinine et/ou
                                    cinchonine).
                                    Il s’agit alors de mettre au point
                                    des techniques d’analyse                            Cinchona
                                    permettant de les différencier : on        officinalis, décrite
                                    part des méthodes analytiques                   par Ch. De la
                                    héritées des iatrochimistes                       Condamine
                                    apothicaires ou médecins (eg,
                                    distillation par voie humide, extrait
                                    sec)
                                    * Le coût d’un traitement pouvait aller
                                    jusqu’à l’équivalent de plus d’une année
                                    de revenu annuel d’un maître d’école
Histoire de la Pharmacie - La pharmacie à l'âge moderne Chapitre 2 : Professeur Patrice Trouiller
. Du principe actif au médicament

                                              Détail des propriétés organoleptiques et physico-
Mémoire de Pelletier et Caventou sur   chimiques des alcalis extrait de Cinchona permettant leur
l’isolement de la quinine et de la     caractérisation (action des réactifs, solubilité, fusibilité…)
cinchonine (1821)
. Du principe actif au médicament testable (début de la pharmacologie -
Magendie) et utilisable en clinique
 Avec la quinine
= Construction des pratiques et des méthodes de recherche qui deviendront le
processus normal de la recherche pharmaceutique

                                           Le physiologiste François Magendie va
                                           contribuer à préciser les propriétés
                                           pharmacologiques (activité, toxicité) du
                                           sulfate de quinine : il teste sur des chiens
                                           (modèle animal) par voie intraveineuse
                                           les alcalis du quinquina, puis chez
                                           l’homme.
                                           Avec l’isolement de la quinine (et des
                                           autres alcaloïdes) émerge la notion de
                                           principe actif … dont on peut
                                           caractériser, outres les propriétés
                                           physico-chimiques, les propriétés
                                           pharmacologiques, et les effets en
                                           clinique (animale puis humaine)
                                           C’est alors que l’on peut véritablement
                                           parler de « médicament »
. Premiers pas vers la production industrielle du médicament : de la géopolitique
(malaria et expansion coloniale) à l’industrie pharmaceutique (chimie des
colorants)

                                                                Face à la demande
                                                                massive de quinine
                                                                (conquêtes coloniales
                                                                freinées par la malaria
                                                                => « Tombeau de
                                                                l’homme blanc »),
                                                                2 procédés
                                                                d’industrialisation
                                                                émergent :
                                                                - l’extraction à partir de
                                                                l’écorce (avec
   Pelletier industrialise                                      Pelletier),
   l’extraction du sulfate de                                   - la synthèse chimique,
   quinine à partir de                                          un échec transformé
   l’écorce : partant de 150                                    en succès de la chimie
   tonnes d’écorce, il                                          des colorants (synthèse
   obtient 4 tonnes de                                          de la mauvéine par
   sulfate de quinine !                                         Perkin)
2. La pharmacie moderne et la loi de Germinal (1803)
Naissance des professions de santé

                                              Le médecin
                                                  chimiste
                                             Fourcroy fut
                                                   un des
                                            artisans de la
                                           restructuration
                                                     de la
                                             médecine et
                                                     de la
                                               pharmacie
                                                modernes

                                          La Loi du 21 Germinal de l’An XI
                                          (dite « Loi de 1803 »)
                                          définit l’organisation et la police de la
                                          pharmacie :
                                          prévoyant la création de 3 Ecoles de
                                          Pharmacie, organisant
                                          l’enseignement, et réglementant la
                                          profession.
 Un statut professionnel :
   Pharmacien 1ère (compétence nationale) et 2ème classe (compétence locale) par
   symétrie aux médecins (docteur en médecine vs. officier de santé) ; herboriste
   (non pharmacien) ; création des écoles de pharmacie ; monopole du pharmacien
   sur le médicament

La loi de 1803 établit deux corps de
pharmaciens : de 1ère et de 2ème
classe, conduisant ‘de facto’ à deux
standards d’exercice professionnel.
                                              Bibliothèque de l’Ecole de Pharmacie de Paris (XIXe):
                                       entre 1803 et 1854 plus de 10 000 pharmaciens sont formés,
                                                dont les 2/3 en 2ème classe dans le cadre des jurys
                                           départementaux… un recrutement local souvent de faible
                                         niveau. La dualité « 1ère- 2ème classe » disparaîtra en 1898.
. Un cadre d’exercice professionnel :

- Le Codex : un référentiel officiel , un livre d’ingrédients (liste) et de recettes
médicinales (savoir-faire)
= Un corpus de compétence à valeur normative
- Deux types de médicaments : préparation magistrale et préparation officinale

                         Le Codex Medicamentarius ou Pharmacopée Française sera
                         publié en 1816 (première édition en latin, puis ensuite en français)
                         : c’est un ouvrage officiel de valeur normative que tout pharmacien
                         a l’obligation de posséder et de s’y conformer. Il comporte
                         différentes parties dont une consacrée aux produits à usage
                         pharmaceutique (avec leurs caractères physico-chimiques – eg,
                         point de fusion : cerclage rouge) et une autre comportant les
                         recettes officielles (cerclage jaune) autorisées à la préparation.
. Mais absence d’une définition précise du médicament + peu de rigueur dans
  l’application du Codex et de la police des médicaments
  => Prolifération anarchique de remèdes, et de leurs pourvoyeurs informels
  (herboristes, colporteurs, religieux… )

L’herboriste acquiert avec la loi de 1803 un statut officiel,
une nécessité de diplôme (délivré par les Ecoles de
pharmacie) avec une activité limitée au seul commerce des
« plantes médicinales fraîches ou sèches »… mais bien
souvent l’arrière boutique est transformée en véritable
pharmacie.
De plus les colporteurs herboristes (eg, colporteurs de
l’Oisans) étaient les pourvoyeurs principaux en remèdes              Sœurs religieuses tenant une
dans les zones reculées. Le statut d’herboriste sera                    pharmacie hospitalière et
supprimé en 1941.                                               pratiquant des soins (XIX e siècle)
3. Le médicament, un bien de consommation
En dehors des alcaloïdes (et des antiseptiques), un nombre réduit de produits
efficaces reflet de la persistance de l’impuissance thérapeutique (jusqu’aux
années 1930)

Ce tableau des « inventions pharmaceutiques » montre que le nombre de médicaments efficaces était
faible tout au long du XIX e siècle, avec notablement l’émergence des produits issus de la chimie. Bien
que l’infection soit toujours au XIX e siècle la pathologie prédominante, la classe des anti-infectieux est
peu représentée (en dehors de l’arsphénamine/Salvarsan, et des premiers vaccins).
. Faute de pouvoir soigner avec efficacité (remèdes/médicaments), la médecine du
 XIXe siècle s’attache à prévenir les maladies via les vaccins et l’hygiène
 publique (mouvement hygiéniste, politiques de prévention)

                                                                  Les travaux du
                                                                  médecin français
                                                                  Villermé – ou ceux
                                                                  de l’anglais
                                                                  Chadwick, avec
                                                                  l’utilisation de la
                                                                  statistique
                                                                  médicale, sont les
                                                                  premiers à faire le
                                                                  constat de la santé
                                                                  précaire des
                                                                  populations
                                                                  ouvrières et
                                                                  pauvres et d’inciter
                                                                  à légiférer (Poor
                                                                  law Act, 1834 ; Loi
                                                                  sociale, 1841)
Joseph Lister préconisait (1870) des                              donnant ainsi un
pulvérisations phéniquées (phénol: un des                         début d’assise
premiers antiseptiques à usage médical),                          politique au
technique permettant de limiter les                               mouvement
suppurations postopératoires et la                                hygiéniste
mortalité : diminution de 40 à 15% !
 Les remèdes secrets – Publicité et industrialisation
. Bien qu’interdits les remèdes secrets prolifèrent,
en cause : l’absence de police spécifique du médicament et des intérêts
économiques supérieurs (industrialisation et libéralisme économique du XIXe)

                                Si les remèdes secrets sont interdits par la loi de 1803
                                (cerclage jaune) avec un régime de tolérance qui s’installe
                                et qui profite aux pharmaciens et aux industriels
                                (libéralisme économique), mais a un impact négatif sur la
                                santé publique (accidents, abus commerciaux, accès
                                limité…).
                                La problématique des remèdes secrets n’est pas propre à
                                la France, on la retrouve à l’identique en Angleterre.
                                Ils seront définitivement interdits en France en 1926
. La prolifération des remèdes secrets témoigne de la persistance de l’approche
   hippocratique de la maladie : la « médecine moderne » (eg, Magendie, chimie,
   Bichat) ne diffuse que lentement dans la société du XIXe siècle

Le médicament est demandé par le malade qui privilégie certaines présentations comme les vins, et les
produits présentés comme des fortifiants ou stimulants (ce que l’on a appelé les « remèdes gourmands »),
montrant l’ancrage dans les représentations populaires et hippocratiques de la maladie… le remède n’étant
là que pour renforcer l’évolution naturelle de la maladie, le retour spontané à la santé
. L’industrialisation et la diffusion des remèdes secrets va s ’appuyer sur le
phénomène de la publicité (réclame) : argument d’autorité pour « faire acheter »

                    Le remède secret porte un nom de
                    fantaisie (future nom de « spécialité ») et
                    fait l’objet de publicité (réclame) : le
                    fabriquant y revendique des supposées
                    propriétés thérapeutiques, usant
                    d’arguments d’autorité (référence à un
                    médecin, à une institution, etc.) pour
                    convaincre le malade du sérieux et du
                    caractère scientifique de son remède

                                                                  La publicité pour le médicament est
                                                                      présente dès la publication des
                                                                     premières revues médicales (fin
                                                                                         XIX e siècle)
Le baume de Saint Antoine (préparé selon la
même formule qu’au Moyen Age) est présenté
avec cette réclame-buvard comme une « véritable
découverte thérapeutique », pour vanter son
caractère moderne et technique la caution du
pharmacien est ajoutée…
Info publicité du laboratoire
Publicité « grand public »         Pfizer qui commercialise la
(Nouvelle Zélande, 2009)                                statine
pour le médicament « anti-          hypocholestérolémiante la
obésité » Orlistat (Alli ®,            plus vendue au monde.
Xenical ®), utilisant             Cette publicité a été arrêtée
subtilement une image et un       après que l’OMS ait mis en
message évocateurs (« Lose       avant le risque anxiogène et
weight Gain life ») pour           de minimisation des autres
vanter la perte de poids, sans          facteurs de risque (eg,
mention des risques et effets             obésité, sédentarité,
indésirables. Ce produit est       tabagisme), et l’aspect non
depuis l’objet d’une enquête     éthique que véhicule ce type
de pharmacovigilance                  de message publicitaire
                                                (Lancet, 2003)
. La prolifération des remèdes secrets s’appuie également sur l’ absence de
brevets de produits (loi de 1844)…

                                  Si la loi de 1844 exclut le médicament de la brevetabilité,
                                  elle permet la protection du nom de marque (le
                                  pharmacien dépose la marque de son remède, un nom
                                  fantaisiste, ce qu’on appellera plus tard la « spécialité » :
                                  cerclage rouge), et le brevet de procédé (eg, celui de la
                                  confection de « dragée arabique : cerclage jaune)
… mais le brevet de procédés persiste
=> Prolifération des remèdes secrets (et leurs effets délétères) mais
indirectement encouragement à l’innovation technologique (eg, alcaloïdes,
sulfamides)

Ernest Fourneau est à l’origine de la découverte des propriétés thérapeutiques des
sulfamides antibactériens (1935) à partir de l’amélioration d’un procédé de synthèse
déposé (breveté) par IG Farben – Bayer => l’absence de brevet n’est pas
antinomique de l’innovation
4. Le médicament, des bénéfices et des risques ?
. Jusqu’aux années 1930, rien d’effectif ne permet de mesurer et quantifier le
rapport « bénéfice / risque » d’un médicament

                                                Avec cette description (encadré ci
                                               dessous) faite par un employé d’hôpital
                                               du traitement des fièvres palustres lors
                                               de l’expédition militaire napoléonienne
                                               des Antilles (1801), on voit que la
                                               question du « bénéfice / risque » d’une
                                               thérapeutique n’avait à ce moment pas
                                               de sens. Dans les effets délétères
                                               observés, ce n’était pas la toxicité
                                               possible du remède qui était
                                               l’hypothèse… mais l’évolution naturelle
                                               de la maladie
                                               (Dessin de H. Philippoteaux : « Evacuation de
                                               Walcheren par les Anglais, embarquement des
                                               malades », 1809)
. Expérimentation à visée thérapeutique (ou de connaissance) :

- Le corps (mort ou vivant) des individus de vile condition (prisonniers, prostitués,
fous, esclaves) peut servir de « matériau expérimental », d’expériences à visées
thérapeutiques (ou de connaissance)
- Les questions du « bénéfice/risque » des thérapeutiques et de l’éthique autour
de l’utilisation de sujets humains sont sans réponses

                                                            Inoculation variolique
                                                            (tableau de Boilly, 1807)
                                                            : l’inoculation ou
                                                            variolisation consiste à
                                                            inoculer du pus
                                                            desséché de pustules
                                                            varioliques dans la peau
                                                            d’un sujet indemne.
                                                            En 1796, Jenner
                                                            introduira la
                                                            « vaccination » en
                                                            utilisant l’effet protecteur
                                                            de la vaccine (cowpox)
Le scorbut provoquait de nombreuses
                             victimes parmi les marins (eg, lors de
                              l’expédition de J. Cartier au Canada,
Scorbut : James           près d’1/4 des hommes d’équipage vont
Lind s’occupant de       succomber) : description par Lind de son
marins atteints de               essai (« A Treatise of the Scurvy »,
scorbut.                   1753), correspondant au premier essai
                                  simple contrôlé non randomisé du
    Image (ci-contre)
                                      traitement du scorbut par une
 décrivant les signes
                           alimentation contenant du citron et des
cardinaux du scorbut
                                                            oranges !
     chez les marins
              (XVIIIe)
. Comment évaluer le bénéfice thérapeutique ?
 - Jusqu’à l’essai « streptomycine », l’expertise individuelle du clinicien est la
seule base,
 - avec Hill (milieu XXe) : définition de l’essai contrôlé randomisé (critères
objectifs de quantification, randomisation) qui permet d’évaluer le médicament,
 - mais la réglementation arrive tardivement : Directive européenne (1975), loi
française dite « Huriet-Sérusclat » (1988)

                                               « Le traitement de la tuberculose
                                               par la streptomycine », Bradford A
                                               Hill (Medical Research Council,
                                               MRC), publié dans le British Medical
                                               Journal (1948): l‘essai contrôlé
                                               randomisé sera considéré comme le
                                               modèle de l’essai thérapeutique.
. Expérimentation humaine :
        L’opinion publique et le milieu médical réagissent aux multiples accidents
        thérapeutiques (aspect juridique de la faute, puis questionnement moral sur la
        justification d’une expérimentation)

Expérimentation sur la physiologie
du métabolisme, hôpital Kaiserin
Victoria Haux (Berlin 1920)

                                           Les expérimentations thérapeutiques qui se déroulent
                                             mal : les affaires « Gailleton » à Lyon (syphilisation
                                             d’un enfant atteint de teigne, 1859), « Neisser » en
                                           Prusse (contamination d’un sérum antisyphilitique), le
                                                     « procès des médecins de Lübeck » (1930)
                                                provoquent des réactions de la population et des
                                                                        condamnations en justice.
                                             Surgit de façon non encore explicite, la question du
                                                  consentement libre du sujet soumis à un essai
                                                                                    thérapeutique
. Expérimentation humaine :
Une police sanitaire émerge en réaction aux catastrophes sanitaires

« Dans l’ordre du normatif, le commencement c’est l’infraction »
(Georges Canguilhem – Le normal et le pathologique, 1943)
. Expérimentation humaine :
Les accidents sanitaires (eg, affaires Gailleton, Neisser, Lübeck) posent d’abord
des questions juridiques (responsabilité), puis morales et éthiques
(consentement, personnes vulnérables)

                          Expérimentation
                          médicale nazie
                          (1942-46) :
                          émasculation
                          d’adolescent.

                            En 1932, une étude sur l’évolution naturelle de la syphilis chez des
                            populations noires américaines est lancée (Tuskegee study, Alabama,
                            USA). Malgré l’arrivée de la pénicilline (1942) l’étude sera poursuivie
                            jusqu’en 1972 laissant certains sujets étudiés sans soins. Le Président
                            Clinton demandera pardon au nom des Etats-Unis (1997)
. Après Nuremberg :
Passage d’un quasi vide normatif à une « l’inflation » réglementaire, autour des
principes d’autonomie de la personne, de bienveillance et de justice

« Enlever les décisions morales des mains fragiles des humains sans pourtant les
remettre entre les mains de Dieu »
(Anne Fagot-Largeault)
5. Le médicament, son industrialisation
. Industrialisation par transformation de l’officine : du préparatoire officinal à
l’atelier puis à la coopérative et finalement à la fabrique (usine) de médicaments
eg, Pharmacie centrale de France

                                      L’exemple de la Pharmacie Centrale de France fin
                                      XIXe) est une bonne illustration de l’évolution « à la
                                      française » de l’officine pharmaceutique en industrie du
                                      médicament.
                                      De gauche à droite: Hall central de la pharmacie où
                                      sont préparées les commandes des pharmaciens
                                      (fonction de coopérative grossiste) - Véhicule à cheval
                                      servant à approvisionner les officines – Atelier de
                                      pulvérisation pour la fabrication de médicaments (usine
                                      de St Denis)
. Industrialisation par diversification de l’industrie chimique des colorants
  eg, IG Farben-Bayer (Allemagne), Imperial Chemical Industries (Angleterre)

                                                                        Matériel de
                                                                        laboratoire
                                                                        pour la
                                                                        préparation
                                                                        des
                                                                        médicaments :
                                                                        de l’officine au
                                                                        laboratoire
                                                                        (Angleterre,
                                                                        1849)

Usine Bayer à Leverkusen (1938) :
diversification de l’industrie chimique
(IG Farben) dans la pharmacie (Bayer
AG : atelier de synthèse)
 Les défis de l’industrialisation du médicament :
 Isoler [1], standardiser [2], rechercher [3]

 . Isoler [1] un principe actif, le synthétiser ou l’extraire, l’analyser (appel à la
 physico-chimie, pharmacologie, et/ou bactériologie)

Photos : atelier industriel de
préparation d’extraits végétaux
et serre de culture industrielle
de plantes – usine Madaus -        Sous l’impulsion de Magendie la détermination de l’action spécifique
Allemagne, 1920)                   des drogues pures devient possible (pharmacologie expérimentale):
                                      il publie dès 1821 le premier formulaire fondé uniquement sur les
                                                                                      substances pures
. Standardiser [2] un principe actif - La standardisation biologique de l’insuline
   = Savoir mesurer une activité biologique pour assurer une activité et une qualité
   constantes (eg, opothérapie)
   => Apparition des concepts de lot de fabrication et d’unité internationale

Avant que l’insuline
ne soit découverte
(Banting et McLeod, 1921 - prix Nobel), on traitait    La découverte de l’insuline : laboratoire et cahiers de
le diabétique par un régime hypocalorique : si les          laboratoire de Banting (expérimentation chez le
adultes survivaient, le plupart des enfants mourrait    chien : la glycémie baisse de 33 à 29) est le résultat
: à gauche la photo d’un enfant « avant et après                     d’un réseau de travail inédit, industriels /
l’insuline » - à droite le retentissement médiatique   universitaires / hospitaliers… qui deviendra la norme
de cette invention                                                    du processus de la recherche médicale
. Standardiser [2] un produit commercial industriel avec comme objectif :
qu’il corresponde aux besoins thérapeutiques et qu’il plaise au malade
=> Diversification des formes galéniques et des présentations

                                                                       Atelier de
                                                                       fabrication
                                                                       de capsules
                                                                       (vers 1900)

                                  C’est autour de 1840
                                  que le dauphinois
                                  Pravaz a mis au point la
                                  seringue permettant
                                  d’administrer les
                                  médicaments par voie
                                  injectable (photo:
                                  ampoule-sérum, 1900)
                                                                  Appareil à granuler
. Standardiser [2] un produit commercial industriel avec comme objectif :
  d’incitation du médecin à le prescrire
  = Naissance du « marketing médical » (eg, Diuril® : ‘le médicament se vend
  comme un paquet de lessive’)

Campagne de lancement du concept marketing
du Chlorothiazide – Diuril® : le symptôme
(hypertension artérielle) est transformé en
maladie à la quelle correspond un médicament
ad-hoc. Le laboratoire crée un environnement                  Objet dérivé
marketing familier pour le prescripteur via des               publicitaire :
produits dérivés (« the Diuril Man »), des journaux           « The Diuril
« maisons », et des éditions spéciales (eg, édition                 Man »
du JAMA de janvier 1958)…
. Rechercher [3] : de la recherche à la recherche-développement avec
 l’hypothèse du concept de « récepteur » et d’interaction ligand-récepteur (Ehrlich)
 => La notion de cible pharmacologique apparait

                                                      Coloration au bleu trypan de cellules
                                                      de parasite : Ehrlich montre que les
Ehrlich fait l’hypothèse du concept de récepteur et   colorants ont des affinités en fonction
d’interaction récepteur-ligand => notion de cible     des tissus ou des micro-organismes
pharmacologique, base de la pharmacodynamie           avec lesquels ils sont mis en
Cette hypothèse sera effectivement démontrée dans     présence
les années 1940.
. Rechercher [3] : émergence de la technique du « criblage moléculaire » (eg,
le composé 606 – Salvarsan®)
=> Le chimiste synthétise puis le pharmacologue/toxicologue et/ou bactériologiste
testent (développement non clinique)

Ehrlich, avec le développement du Salvarsan®
(arsphénamine) qui est le 606ème composant testé, établit     Criblage moléculaire automatisé
une nouvelle méthodologie dans la recherche : le criblage   et informatisé : les molécules sont
moléculaire (ou « screening »)                                   synthétisées en grand nombre
                                                                     puis testées sur des cibles
. Rechercher [3] : des résultats et des limites
- Résultats : les innovations et les acquis thérapeutiques de la période glorieuse
de l’industrie pharmaceutique (1930-1980)
- Limites : une baisse du rendement (quantitatif et qualitatif) du modèle de R&D
reposant sur la chimie à partir des années 1990

 Tableau : nombre de nouvelle entités chimiques (NCE) pour les périodes 1961-1980, 1981-1990 et
                                           1991-2001

En 2009 - selon le système d’évaluation de la Haute Autorité de Santé (HAS), sur 109 médicaments
évalués, 10 ont obtenus (=> < 10%) un niveau d’ASMR (amélioration du service médical rendu) majeur ou
important, c’est à dire ont été considérés comme innovants, et 99 considérés comme non innovants.
. Rechercher [3] :
La biologie moléculaire et les biotechnologies comme nouveau modèle de la
pharmacie et possible débouché commercial (?)

Les médicaments issus des biotechnologies (peptides, protéines, produits de l’ingénierie
cellulaire ou tissulaire) prennent une place accrue dans le marché de la pharmacie
Chapitre II : La pharmacie à l’âge moderne

2ème partie – La pharmacie, enjeux et perspectives

  1. La pharmacie et ses perspectives

  2. Conclusion

  - Bibliographie
  - Mode d’emploi du cours
1. La pharmacie et ses perspectives
. L’histoire de la thérapeutique et du médicament :
- Ne se réduit pas à celle de la pharmacie (eg, streptomycine et tuberculose)
- Ne peut se résumer à une opposition simpliste entre un passé obscur (ie,
impuissance thérapeutique) et un présent héroïque (ie, révolution thérapeutique)

                                 C’est en 1947 que le streptomycine est évaluée et utilisée
                                 efficacement dans la tuberculose, constituant le premier
                                 médicament antituberculeux.
                                 Pour autant, le taux de mortalité par tuberculose avait
                                 commencé à chuter dès le XIXème siècle, avec comme
                                 causes principales : les avancées de l’hygiène et de la
                                 salubrité l’habitat urbain, une alimentation moins carencée.
. La pharmacie du XXIème siècle peut se lire via une triple grille :

            (1) Médicalisation de la société

                       (2) Economie de la santé et justice sociale

                                  (3) Sécurité sanitaire et risques
    (1) Médicalisation (« sanitarisation ») de la société :
      . Amorcée avec l’idéologie hygiéniste (XIXe),
      . Déviée par des pratiques eugénistes (loi eugénistes),
      . Amplifiée avec la médicalisation de questions qui relevaient du champ social

                                                                    L’extension de la norme médicale
                                                                    au champ social : des problèmes
Dans le premier quart du XXe siècle de nombreux pays (Etats-           qui relevaient auparavant de la
Unis, Suisse, pays scandinaves) ont mis en place des lois                  vie naturelle (eg, puissance
eugénistes préconisant la stérilisation des malades mentaux, des             sexuelle, infertilité…) sont
criminels, des déviants sociaux…                                     médicalisés, et pour certains pris
Si des pratiques actuelles comme le DPI (diagnostic                  en charge par une thérapeutique
préimplantatoire) ou le DPN (diagnostic prénatal) ne relèvent pas                médicamenteuse (eg,
de cette idéologie - demeurant des pratiques individuelles, on          impuissance, ostéoporose) ou
peut s’interroger sur les conséquences de leur généralisation                   non médicamenteuse.
sous la pression de la société et de l’offre technologique.
  (2) Omniprésence de l’économie de la santé
La question de l’accès aux produits de santé (et aux soins) et celle d’une inflation
illimitée des coûts : d’une question morale (charité) à une question de justice
sociale (eg, accès aux thérapies innovantes fonction du pouvoir d’achat)

                                         Si la question de l’accès aux thérapeutiques
                                         disponibles se pose depuis longtemps, la question
                                         s’est acutisée avec l’augmentation de l’efficacité des
                                         traitements et de leurs coûts d’acquisition : on est
                                         passé d’un problème moral à une question de justice
                                         sociale (eg, accès aux antirétroviraux)
 (3) Sécurité sanitaire et risques
  - Une préoccupation ancienne (eg, quiproquo, charlatanisme) qui a changée
  d’échelle avec l’industrialisation du médicament (un lot en cause => toute une
  population à risque), dans un contexte de philosophie du risque zéro
  - Une question qui se lit à l’aune de la faute, du risque et/ou accident iatrogène, et
  de la finance.

En 2007, des lots d’héparine ont été contaminés par de la chondroïtine persulfatée à la suite d’une
opération de falsification. Cette contamination frauduleuse a été à l’origine de plusieurs décès et de
nombreux accidents allergiques dans le monde (2008). Cette problématique du risque par « défaut de
qualité » n’est pas propre aux pays émergents : en 2008 tout un lot de Nelfinavir (antirétroviral d’origine
industrielle suisse) était retiré suite à une contamination accidentelle par une substance génotoxique.
2. Conclusion

. Niveau épistémologique

La démarche scientifique est née quand les conditions de « vérificabilité »
(expérience + instruments) sont ajoutées et font parties du raisonnement initial :

- Avec Hippocrate, Galien, Dioscoride :
des théories (raisonnement) parfois sur la base d’observation, mais sans
expérience de vérification, ou des théories transformées en dogmes non
questionnables (les « Anciens » au Moyen âge)

- Avec Paracelse :
une théorie (vue comme un dogme intangible) avec des pseudo expériences
(monstration et non démonstration), et des instruments (laboratoire, alambic…)

- Avec la Chimie médicinale :
des théories (eg, « Traité élémentaire de chimie » de Lavoisier, concept de
récepteurs d’Ehrlich), une expérimentation et des expériences (eg, Seguin,
Pelletier, Magendie…), et des instruments (distillateur, calorimètre, animal de
laboratoire, statistique…)
. Niveau sociologique

- Le pharmacien
      Un paradoxe : quand il acquiert un statut professionnel et une
      reconnaissance (loi 1803, chimie), son rôle/expertise décroit (il vend et ne
      prépare plus), et se dilue dans le réseau technoscientifique industrie /
      hôpital avec des tentatives de réaffirmation (eg, de l’uroscopie du Moyen
      âge à la pharmacie clinique du XXe siècle).

- Le médicament (et les produits de santé)
      Pas simplement un bien de consommation, mais un « objet frontière »
      (non réductible à sa seule matérialité) dont les conditions d’utilisation sont
      questionnées (eg, marketing médical, risque), et ainsi que celles de son
      accès inéquitable (eg, de Renaudot aux antirétroviraux).

      De plus en plus une panacée technique, bien que, malgré son caractère
      nécessaire (période glorieuse de 1930-1980), il ne soit pas suffisant (eg,
      tuberculose et streptomycine).

      A des maladies de plus en plus individualisées (eg, cancer) correspondent
      des thérapeutiques (médicamenteuses ou non) de plus en plus ciblées…
      a priori bénéfiques pour l’individu, mais insupportables à terme sur le plan
      collectif (coûts financiers pour la société).
Bibliographie

-   La médecine et les sciences, XIXe-XXe siècles
    Jean-Paul Gaudillières, éditions La Découverte 2006
-   Histoire et médicament aux XIXe et XXe siècles
    Christian Bonah, Anne Rasmussen (sous la direction), éditions Glyphe 2008
-   La philosophie du remède
    Jean-Claude Beaune (sous la direction), éditions Champ Vallon 1993
-   Histoire de la pensée médicale en Occident (tomes I, II et III)
    Mirko Grmek (sous la direction), éditions Seuil 1993
-   Dictionnaire de la pensée médicale
    Dominique Lecourt (sous la direction), éditions PUF
-   Histoire de l’expérimentation humaine en France (1900-1940)
    Christian Bonah, édition Les Belles Lettres 2007
-   Des médicaments pour les pauvres - Ouvrages charitables et santé
    publique
    Olivier Lafont, édition Pharmathèmes 2010
Mode d’emploi

                Dans la perspective du concours (PACES),
                pour appréhender au mieux ce cours,
                composé d’un contenu audio et d’un
                contenu vidéo [texte + iconographie
                commentée + tableau] :
                - seul le texte est à apprendre (cerclage
                rouge),
                les tableaux (cerclage vert),
                l’iconographie commentée avec le texte en
                italique encadré (cerclage bleu),
                ainsi que l’audio ne sont pas à apprendre
                formellement,
                mais là pour aider à comprendre et
                illustrer les idées et points forts
                développés (résumés dans le cerclage
                rouge) dans cet enseignement autour de
                l’histoire de la pharmacie.
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