L'innovation au service du patient - REPORTAGE - DH Magazine
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REPORTAGE C.Jouannet - CHU Angers L’innovation au service du patient PAR JULIEN TALANI 98 DH MAGAZINE L E M A G A Z I N E D U D E C I D E U R H O S P I TA L I E R N° 155 - 1er Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU D’ANGERS
le CHU d’Angers en chiffres (2015) : - 5 179 agents hospitaliers - 1 117 personnels médicaux et pharmaceutiques (internes inclus) - 484 M de dépenses d’exploitation et 32 M d’investissement Angers - 97 000 passages dans les services d’urgence - 5,6 jours de durée moyenne de séjour (en médecine, chirurgie, obstétrique) - 1 487 lits et places - 176 500 patients venus (consultants et hospitalisés) - 437 000 consultations - 103 300 hospitalisations - 4 046 naissances N° 155 - 1er Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU D’ANGERS DH MAGAZINE L E M A G A Z I N E D U D E C I D E U R H O S P I TA L I E R 99
L’innovation pensée pour l’humain L’INNOVATION, NOTRE PASSION www.klsmartin.com 100 DH MAGAZINE L E M A G A Z I N E D U D E C I D E U R H O S P I TA L I E R N° 155 - 1er Quadrimestre 2017
Yann Bubien Un CHU ouvert sur la cité En octobre 2011, Yann Bubien succédait à Yvonnick Morice, à la tête du CHU d’Angers. Précédemment conseiller pour les ministres Roselyne Bachelot et Xavier Bertrand (sous la mandature Sarkozy), il revenait ainsi à ses premières amours : l’hôpital. « C’est un lieu en perpétuel mouvement, indique-t-il. Au- jourd’hui, Yann Bubien s’épanouit au sein de cette structure pavillonnaire de 36 hectares, réputée à « taille humaine », mais employant tout de même plus de six mille salariés. Son souci constant est d’ouvrir l’hôpital sur la cité. Il s’emploie pour ça à faire rayonner le CHU sur l’ensemble de son territoire, de sa région, et bien au-delà du Grand Ouest. Ses positions révèlent un engagement sans faille pour la défense d’un service public innovant, éthique, équitable et ouvert sur le monde. DH MAGAZINE : Le projet d’établissement du Y.B. – L’ élaboration du projet d’établissement CHU d’Angers « Horizons 2018 » arrive bientôt 2014-2018 était un rendez-vous majeur pour à son terme. Pouvez-vous nous en rappeler les le CHU d’Angers. C’était l’occasion d’associer grandes lignes ? tous les collaborateurs ; mais aussi d’impliquer plus largement la société civile. Quatre cents Yann Bubien : Le projet « Horizons 2018 » a personnes, issues des équipes médicales, soi- été adopté en 2014. Il traduit toutes les ambitions gnantes, techniques ou administratives, ont par- du CHU d’Angers qui poursuivent toutes le même ticipé à la construction de cette nouvelle feuille objectif : « innover et exceller pour mieux soigner de route, à travers vingt-huit groupes de travail. ». L’idée force du Projet d’établissement est de pla- Un « forum citoyen » de vingt-quatre membres a cer le patient au cœur d’une médecine de pointe : également pris part à ce projet. Ce regard exté- innovante, humaine et personnalisée. Cela implique rieur - celui des usagers de l’hôpital - a enrichi les des liens renforcés entre université et hôpital et de débats et influé sur nos prises de décisions. À ce nouveaux partenariats avec les acteurs sanitaires et jour, les membres de ce « forum citoyen » suivent socio-économiques pour assumer notre responsa- toujours la mise en place du projet « Horizons 2018 bilité territoriale du CHU d’Angers. ». Ils sont régulièrement conviés au CHU pour des points d’étapes et invités aux différents événements DH MAGAZINE : « Horizons 2018 » a été un bel qui rythment la vie de notre établissement. exercice de « démocratie sanitaire ». Pouvez-vous nous en parler ? DH : Comment fonctionne le groupement hospitalier N° 155 - 1er Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU D’ANGERS DH MAGAZINE L E M A G A Z I N E D U D E C I D E U R H O S P I TA L I E R 101
de territoire du Maine-et-Loire ? cale d’avant-garde. Ce dernier figure parmi les plus en pointe de France. Il devrait être prochainement Y.B. – Ce GHT (dont le CHU d’Angers est établis- agrandi. D’un point de vue éthique, c’est un outil sement support) regroupe les établissements publics indispensable à la formation des jeunes médecins (lire de santé du Maine-et-Loire. Nous avons l’habitude de l’entretien avec le professeur Jean-Claude Granry). travailler ensemble, sans volonté d’hégémonie mais dans un souci de qualité du parcours patient. Le GHT, DH : Le CHU d’Angers a-t-il mis en place des moyens c’est également une stratégie public-public, qui s’ap- efficaces pour faciliter la vie de ses internes ? plique également au champs des achats, du système d’information, de la formation, etc. Y.B. – Annuellement, le CHU d’Angers décerne une médaille d’or pour chaque discipline. Elle permet DH : Parlez-nous d’« HUGO ». aux internes en médecine de la subdivision d’Angers, et à certains internes en pharmacie de l’inter-région Y.B. – « HUGO » signifie Hôpitaux Universitaires Ouest, de bénéficier, à l’issue de leur internat, d’une du Grand Ouest. Ce dispositif regroupe sept centres année supplémentaire de fonctions rémunérées. hospitaliers universitaires (Angers, Brest, Nantes, Poi- tiers, Rennes, Tours et Orléans) et rayonne sur quatre DH : Une campagne « web » a été lancée en 2015 régions. Je préside HUGO depuis 2013. HUGO en direction des futurs étudiants du CHU d’Angers. permet un maillage sanitaire plus efficace, et une Pouvez-vous nous en dire plus ? meilleure prise en charge des patients. En mainte- nant un juste équilibre entre proximité et excellence, Y.B. – Cette campagne « Adopte un PU-PH » s’ins- le groupement contribue à une meilleure prise en pirait du ton décalé qu’un célèbre site de rencontre charge des patients. Nous travaillons à y développer utilise dans ses publicités. L’ objectif était de faire les spécialités les plus rares, à travers le soin et le connaître le CHU, l’Université et la ville d’Angers. recours (grands brûlés, greffe cardiaque, centre anti- Une deuxième « saison » a été réalisée en 2016, avec poison...). Ce partenariat permet aussi de répondre un autre concept mais toujours avec la même note conjointement à des appels d’offres nationaux et d’humour : « Céline choisit son internat ». A chaque internationaux, d’assurer un maillage efficace, sans fois, il s’agissait d’une web-série de 4 ou 5 vidéos, avoir besoin de construire des mastodontes, et de diffusées sur les réseaux sociaux. disposer, pour chaque spécialité, d’une masse critique opérationnelle et suffisante. DH : Pourquoi vouloir ouvrir le CHU d’Angers sur la cité ? DH : Dans « Horizons 2018 », le CHU d’Angers af- firmait son statut de « site hospitalo-universitaire de Y.B. – L’ ouverture du CHU vers la cité n’est pas premier plan » ? une finalité en soi, c’est un moyen ; un moyen pour que les usagers s’approprient le CHU différemment, Y.B. – Que cela soit pour l’enseignement médical et permette à celui-ci d’activer tous les leviers pour ou paramédical, plusieurs innovations pédagogiques accomplir sa mission de service public. C’est parti- ont été mises en place. Le dispositif HUGO permet culièrement vrai dans le domaine de la prévention. justement à nos étudiants de trouver des stages plus L’ idée est que l’on puisse se rendre à l’hôpital pour facilement, d’enrichir leur cursus grâce à des échanges autre chose que pour recevoir des soins. Déjà plu- inter-CHU. Deux internes de deux CHU différents sieurs expériences ont été tentées dans ce domaine. de la zone HUGO peuvent aujourd’hui permuter Certaines ont eu un succès immédiat, preuve qu’il y entre eux. Au niveau paramédical, la Région, l’ARS, le a une vraie attente. CHU d’Angers, le CH de Saumur, le CH de Cholet et l’Université d’Angers ont signé une convention DH : Par exemple ? relative à l’ « universitarisation » des IFSI. Y.B. – En septembre 2016, nous avons démarré DH : Le CHU d’Angers dispose-t-il d’autres outils at- un cycle de conférences de prévention à destination tractifs pour séduire les étudiants ? du grand public, les Mardis de la santé. Une fois par mois, des médecins du CHU animent bénévolement Y.B. – Il dispose d’un centre de simulation médi- une conférence sur un thème lié à de grands enjeux 102 DH MAGAZINE L E M A G A Z I N E D U D E C I D E U R H O S P I TA L I E R N° 155 - 1er Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU D’ANGERS
Un établissement connecté Le CHU d’Angers est en pointe sur la santé connectée, la simulation en santé et la com- munication sur les réseaux sociaux. On peut citer la première mondiale en neu- rochirurgie, réalisée le 27 janvier 2016 ; prouesse du service de neurochirurgie dirigé par le Pr. Philippe MENEI accomplie dans le des lycées de Maine-et-Loire. Deux établissements cadre du projet de recherche Cervo -pour expérimentaux ont été choisis par l’Inspection d’Aca- Chirurgie éveillée sous réalité virtuelle dans le démie. À l’issue de l’évaluation, il est envisagé une bloc opératoire- et ce, en collaboration avec pérennisation et un élargissement du dispositif. l’Esiea, une école d’ingénieurs de Laval spécia- lisée dans le numérique. DH : Le CHU d’Angers possède aussi une politique Ou encore le centre de simulation, l’un des plus reconnus en France, avec à sa tête le pré- culturelle ambitieuse. La culture a-t-elle vraiment sa sident de la société francophone de simulation, place à l’hôpital ? le Pr. Jean-Claude GRANRY. Y.B. – Pour moi, c’est évident. La culture apaise, de santé publique actuels (le mal de dos, le cancer permet de supporter son hospitalisation, de se diver- de l’intestin, le tabac…). Pour sensibiliser un maxi- tir et de se reconstruire. Elle est source de joie, de mum de personnes à ces sujets, cette expérience a sérénité, d’échanges... Au CHU d’Angers, un service été menée en partenariat avec la presse locale (Le spécifique se charge de mener cette politique (voir Courrier de l’Ouest). D’autres conférences suivront . l’entretien avec Delphine Belet, attachée culturelle Certaines auront lieu directement au cœur de la cité. au CHU d’Angers). Je suis par ailleurs président de Cela contribue à désenclaver l’hôpital et à renforcer l’association « Tournesol ». Cette dernière finance sa position d’acteur au sein de son territoire. une centaine de projets artistiques chaque année, Dans un objectif similaire, en lien avec l’Université, le CHU travaille avec l’Inspection d’Académie sur un sur l’ensemble de la France. En 2016, un budget de projet de cycle d’ateliers de prévention animés par 500 000 euros a été alloué à plusieurs centaines des internes et étudiants en médecine, pharmacie, d’artistes professionnels pour assurer des spectacles maïeutique et soins infirmiers, dans des collèges et au sein de nombreuses unités de soins. les projets labellisés par HUGO depuis 2005 Sept établissements composent le regroupement des La FHU « CAMIn » (CAncer, Micro-environne- hôpitaux universitaires du Grand ouest (HUGO) : ment et Innovation) rassemble la filière cancérologie les CHU d’Angers, Brest, Nantes, Orléans, Poi- rennaise, dans le domaine des pathologies malignes tiers, Rennes et Tours. Le groupement HUGO pulmonaires, urologiques, dermatologiques et héma- soutient l’émergence de projets innovants et struc- tologiques (coordonnée par le Pr. Thierry Lamy, CHU turants, et tâchent de leur donner une visibilité de Rennes). européenne. Ces projets peuvent ainsi être portés dans une structure labellisée FHU (fédération hos- La FHU « GOAL » (Grand Ouest Acute Leukemia) pitalo-universitaire). Depuis 2005, six projets ont concerne les leucémies aiguës (coordonnée par le été labellisés , dont quatre en 2013. professeur Norbert Ifrah du CHU d’Angers, associant En voici la liste : des équipes des six CHU). Le DHU « onco-greffe » fédère l’hémato-cancé- rologie, l’onco-dermatologie, l’immunologie (La- La FHU « SUPORT » (SUrvival oPtimization in ORgan bex Igo), la médecine nucléaire (Labex Iron) et Transplantation), relative aux greffes et conservation l’institut de transplantation - urologie – néphrologie d’organes (coordonnée par le Pr. Thierry Hauet du (coordonné par le professeur Philippe Moreau, CHU de Poitiers, associant des équipes de Poitiers, CHU de Nantes). Limoges et Tours). Le DHU « 2020 » rassemble l’institut du thorax et La FHU « TECH SAN » (Technologies innovantes en l’institut des maladies de l’appareil digestif autour Santé) se rapporte aux technologies innovantes en de la promotion de la médecine personnalisée santé (coordonnée par le professeur Philippe Mabo dans les maladies chroniques (coordonné par le du CHU de Rennes et par le Pr. Eric Stindel du CHU professeur Bertrand Cariou, CHU de Nantes). de Brest, associant des équipes de Rennes et Brest). N° 155 - 1er Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU D’ANGERS DH MAGAZINE L E M A G A Z I N E D U D E C I D E U R H O S P I TA L I E R 103
Radio C culture Delphine Belet Alexis Thomas Par ici la culture La culture complète les fonctions médicales, soignantes, techniques et admi- nistratives de l’hôpital. Depuis près de dix ans, elle figure au projet d’établisse- ment du CHU d’Angers (2008-2013 puis 2014-2018). En résulte une politique culturelle ambitieuse, active et participative. Cette dernière réunit patients, usagers et personnels hospitaliers autour de projets communs. Elle s’inscrit dans le programme national « Culture et Santé », porté par le Ministère de la Culture et de la Communication et celui des Affaires Sociales et de la Santé. Ses relais locaux institutionnels sont, pour les Pays de la Loire, l’ARS et la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC), avec un appel à projets régional annuel. Les projets culturels prennent vie au CHU d’Angers grâce à des subven- tions culturelles des collectivités publiques et grâce au mécénat. En dix ans, les projets se sont multipliés au CHU, toujours à la demande des ser- vices hospitaliers ; et depuis 2006, sous la houlette de Delphine Belet, attachée culturelle du centre hospitalo-universitaire, en lien avec le directeur de cabinet, des affaires générales et des relations internationales, Alexis Thomas. DH MAGAZINE : Comment la culture a-t-elle fait son l’occasion de la restauration des peintures murales de entrée au CHU d’Angers ? l’ancienne chapelle historique, entre 1998 et 2003. En plus, trois années de suite à partir de 2005, le Delphine Belet : Plusieurs initiatives de services CHU d’Angers a bénéficié d’un mécénat très im- de soins et de directions fonctionnelles ont montré portant, comme d’autres CHU, ciblé pour initier l’existence de besoins culturels au sein de l’hôpital. Le des projets culturels. Parallèlement, le CHU s’est patrimoine hospitalier est souvent, pour les hôpitaux, engagé dans la création et le financement d’un ETP le déclencheur d’un premier contact avec les services destiné à accompagner les projets culturels : un poste de la DRAC. Cela fut le cas au CHU d’Angers, à d’attachée culturelle. En 2012, le CHU a créé un 104 DH MAGAZINE L E M A G A Z I N E D U D E C I D E U R H O S P I TA L I E R N° 155 - 1er Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU D’ANGERS
poste supplémentaire, pour le fonctionnement de sa de chargé de mécénat a été créé au sein du CHU et bibliothèque. Dans ces conditions, une vraie politique participe à la structuration d’un réseau de partenaires culturelle plurielle au bénéfice des patients, de leurs économiques autour de ce projet culturel même si familles et du personnel hospitalier a pu voir le jour. la démarche « dons et mécénat » ne se réduit pas à ce volet. Après avoir fédéré des acteurs culturels DH : Par où la culture a-t-elle commencé ? et institutionnels aux côtés du CHU pour offrir des actions professionnelles et de qualité aux patients, il D.B. – Les premiers projets avaient surtout lieu en est intéressant d’associer les acteurs économiques du pédiatrie, antérieurement à 2005. Puis, un équilibre a territoire aux fondations qui nous soutiennent déjà. été recherché entre des propositions pour les enfants et des propositions pour les adultes hospitalisés. En DH : Comment faire pour susciter une adhésion des 2008, la culture a intégré le projet d’établissement. services autour des projets culturels mis en place ? DH : Quelle forme prend la culture au CHU d’Angers ? D.B. – Les projets sont toujours mis en place en accord avec le terrain. Les demandes émanent D.B. – Elle prend des formes très diverses : rési- le plus souvent des ser- dences d’artistes, interventions de musiciens ou de vices eux-mêmes et font “Les retours sont conteuses au chevet du patient, projection de films l’objet d’une co-construc- généralement très positifs, accompagnées de rencontres avec des réalisateurs, tion avec des représen- ateliers de création partagée entre artistes et patients de la part des patients tants des équipes de soins mais également des expositions dans les unités de concernées. C’est en les et de leurs proches. Les soins... Elles s’adressent aux patients, à leurs proches impliquant et en les res- équipes des services de soins et aux personnels des services où ces actions sont ponsabilisant dans l’ac- sont souvent les premiers menées. compagnement du projet à bénéficier directement que l’adhésion vient. Ainsi, ces projets peuvent être de ces retours.” DH : A quel rythme la culture se décline-t-elle au CHU d’Angers ? plus ou moins pérennes, les évaluations régulières permettent de questionner D.B. – Aujourd’hui, le rythme est plus soutenu qu’il régulièrement s’ils correspondent toujours au besoin y a dix ans. Par exemple, sur l’année 2014, on re- du service. cense 347 temps de rencontre entre patients et des œuvres d’art ou artistes au sein du CHU, au fil de DH : Quels retours des patients ? l’année. Depuis 2012, le projet de la bibliothèque a été relancé et permet d’apporter une offre de lecture au chevet des patients comme une possibilité de D.B. – Les retours sont généralement très positifs, de consultation sur place avec un large choix de romans, la part des patients et de leurs proches. Ils évoquent documentaires, bandes dessinées, et disques en ces échanges culturels comme de bons moments. prêt gratuit pour les usagers et pour le personnel du Les équipes des services de soins sont souvent les CHU. premiers à bénéficier directement de ces retours. DH : Avec quels moyens ? DH : Quel avenir pour la culture au CHU d’Angers ? D.B. – La politique culturelle du CHU d’Angers D.B. – L’ouverture sur la cité est une priorité pour le existe avec une diversité de moyens financiers et CHU, il correspond à la prise en compte du parcours opérationnels : des partenariats avec des structures global de la personne qui peut, à un moment, être culturelles, une convention avec la Ville d’Angers, une patient ou visiteur au sein de l’établissement hospita- recherche de financement croisé entre subventions lier. L’ accès à la culture peut en être l’un des vecteurs. publiques et mécénat pour les actions culturelles et L’ avenir est, je l’espère, de poursuivre et d’expéri- un financement croisé entre le CHU et les subven- menter de nouvelles formes de projets culturels en tions publiques pour les acquisitions de documents milieu de santé, pour toujours s’adapter à l’évolution destinés à la bibliothèque du CHU constituent les de la prise en charge des patients, qui ne se réduit pas différents leviers mobilisés. Depuis 2016, un poste à des gestes techniques. N° 155 - 1er Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU D’ANGERS DH MAGAZINEL E M A G A Z I N E D U D E C I D E U R H O S P I TA L I E R 105
Larrey Immobilier : le CHU d’Angers Lionel Pailhé investit pour l’avenir Depuis 2013, Lionel Pailhé dirige le pôle ressources matérielles du CHU d’Angers. Pour nous il revient sur les travaux en cours, les restructurations ré- centes et les projets de l’établissement. Après la construction d’un nouvel Hô- tel-Dieu Nord en 2016, 2017 verra la restructuration d’un nouvel espace com- mercial ouvert sur la cité. La simulation médicale bénéficiera de locaux plus grands à partir de 2019. Suivront la restructuration du centre Robert Debré (2021) et la conception d’un nouveau secteur « urgences ». Ce dernier projet, nommé « U+ », devrait être livré en 2022. Soit un investissement total de près de 160 millions d’euros cofinancé par l’ARS, le CHU et l’université d’Angers. DH MAGAZINE : L’Hôtel-Dieu Nord du CHU L.P. – L’Hôtel-Dieu Nord regroupe trois services d’Angers a repris du service à l’été 2016 avec l’instal- médicaux : le service d’endocrinologie, diabétologie lation de trois services ; tout s’est-il bien passé ? et nutrition (EDN), celui de médecine interne, ma- ladies vasculaires et soins palliatifs, et le service des Lionel Pailhé : Ce déménagement, programmé sur maladies du sang. Pour celui-ci, la mise au point du trois semaines, en a finalement pris quatre, mais cela traitement de l’air du secteur protégé, destiné aux reste néanmoins une opération menée avec dextérité patients immuno-déprimés, a été particulièrement et rapidité. Il y a toujours des imprévus à gérer et délicate. nous avons eu notre lot d’aléas climatiques en fin de chantier, avec de grosses intempéries et des inonda- DH : Ce déménagement « groupé » faisait partie tions au printemps. Passé ce cap, en quatre semaines, d’une stratégie ? la totalité du bâtiment était occupée. Les équipes concernées ont été sous pression mais l’opération a L.P. – Nous voulions un déménagement compact, été un succès. d’où un tempo serré. Les déménagements plus étalés DH : D’autres sueurs froides ? 106 DH MAGAZINE L E M A G A Z I N E D U D E C I D E U R H O S P I TA L I E R N° 155 - 1er Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU D’ANGERS
les façades historiques, tout en démolissant l’arrière La réhabilitation de Robert-Debré : du bâtiment pour mieux reconstruire. Le patrimoine architectural d’origine est conservé et le bâtiment ré- Coût estimé à 25 M . Participation de l’ARS à pond aux standards logistiques et au confort hôtelier hauteur de 5 millions d’euros. actuel. Surface : 17 200 m² 440 professionnels non médicaux, 83 méde- DH : Le bâtiment Robert-Debré doit lui aussi se cins et 46 internes travaillent aujourd’hui dans moderniser ? les spécialités concernées par le projet. 150 lits et 21 places sont annoncés. L.P. – Ce bâtiment date de 1979. Il est de bonne fac- Les chiffres annuels de la pédiatrie au CHU ture architecturale. Il va être rafraîchi à 80% aussi bien d’Angers : 9 900 hospitalisations, dont 4 700 techniquement (réseaux, isolation, etc.) que fonction- en hospitalisation de jour, 55 600 consulta- nellement et esthétiquement. Les travaux devraient tions, 26 000 passages aux urgences pédia- être conduits de 2018 à 2021 et auront lieu en site triques occupé. Ils répondent au besoin de restructurer la fi- Ophtalmologie, ORL, chirurgie plastique et stomatologie : 4 500 hospitalisations (2 500 en hospitalisation de jour). Le Projet U+ : Les urgences adultes générales : 54 000 pas- sages en 2015 (soit une augmentation de 3 à dans le temps ont parfois un effet pernicieux. Pour le 4 % par an). service des maladies du sang notamment, il était vital L’imagerie d’urgence en 2015 de déménager avant l’été en raison de la vétusté des Près de 22 500 scanners réalisés, 1 600 IRM, anciens locaux. près de 3 100 actes de radiologie interven- tionnelle (hors gynécologique-obstétrique et DH : Quelles particularités architecturales pour l’Hô- service de cardiologie). tel-Dieu Nord ? Projet estimé à 120 M . Financement prévu pour l’ARS de 20 M . Emprunt du CHU à L.P. – C’est un bâtiment qui date du second empire. hauteur de 100 M . Il a déjà eu plusieurs vies. Le défi était de conserver PBH Iris N° 155 - 1er Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU D’ANGERS DH MAGAZINE L E M A G A Z I N E D U D E C I D E U R H O S P I TA L I E R 107
lière pédiatrique, en adaptant les locaux aux modes ac- tuels de prise en charge ambulatoires et d’hospitalisation des enfants et adolescents, en effet cette restructuration permettra une organisation innovante : les patients ne seront plus regroupés par discipline mais par tranches d’âge (petits-moyens et moyens-grands) et par type d’hospitalisation (conventionnelle, de semaine ou de jour). Chaque secteur sera donc polyvalent, avec de la chirurgie et de la médecine. Ce programme intégrera également l’accueil de quatre services de spécialités chirurgicales pour adultes (ophtalmologie, ORL, chirurgie plastique, stomatologie). Un premier volet de cette réorganisation a déjà démarré, avec la connexion en 2016 du bâtiment Robert-Debré au nouvel Institut de Cancérologie de sonnel. « Relais H » a signé la nouvelle occupation du l’Ouest. Tous deux partagent désormais un secteur de domaine public nécessaire à l’exploitation commerciale blocs opératoires et un secteur d’imagerie. du site. Les travaux de modernisation seront à sa charge. Entre autres boutiques, un « corner Starbucks » verra le DH : Parlez-nous du projet « U+ » ? jour (reprenant les codes des Starbucks Cafés). Ce sera le premier de la ville d’Angers. L’ ouverture est L.P. – C’est de loin l’opération la plus complexe, prévue pour le printemps 2017. la plus ambitieuse et la plus coûteuse depuis 30 ans. Elle est estimée à 120 millions. L’ ARS devrait parti- DH : Un nouveau centre de simulation verra aussi le ciper à hauteur de 20 millions. Ce gros morceau est jour bientôt ? encore en gestation. Les travaux devraient démarrer fin 2019, début 2020. L.P. – Notre centre de simulation va évoluer à l’horizon 2019. Ce projet phare de recherche et DH : Quelles seront ses particularités ? d’enseignement est porté depuis le début par le pro- fesseur Granry (lire par ailleurs). Il vient d’aménager L.P. – U+ englobe le renouvellement complet du dans l’ancienne école de sages-femmes. Il est prévu secteur des urgences adultes et des services liés aux de restructurer les trois niveaux de ce bâtiment pour prises en charges aiguës (soins critiques, réanimation disposer de locaux plus spacieux et mieux adaptés. et soins critiques intensifs). Les maîtres mots sont : Ce programme sera co-financé par le CHU et l’Uni- accueil, fluidité, technicité, innovation et pluridisci- versité d’Angers, à hauteur d’un million chacun. Ce plinarité. Un secteur imagerie et un bloc opératoire, projet s’inscrit dans le cadre du groupement d’intérêt incluant une salle hybride, permettra aux spécialistes scientifique APLHUSS (Angers Plate-Forme d’interagir ensemble autour du patient, notamment Hospitalo-Universitaire de Simulation en Santé). pour les filières neurovasculaires et traumatologiques. Ce bâtiment accueillera également des unités d’aval permettant d’hospitaliser les patients passés par les Le nouvel Hôtel-Dieu Nord urgences. L’importance de ce projet à grande échelle en chiffres implique une réorganisation de la majeure partie des Coût : 34 M . activités médicales et chirurgicales dans les autres Capacité d’accueil de 106 lits et 34 places bâtiments du CHU. (40 lits et 4 places en médecine interne et maladies vasculaires ; Endocrinologie – Dia- DH : Des projets plus proches de nous ? bétologie – Nutrition : 30 lits et 8 places, Maladies du sang : 36 lits et 22 places, dont L.P. – Le CHU d’Angers a souhaité rénover son 20 lits consacrés à l’unité protégée. Sur espace commercial, en service depuis 1997. C’est 22 places, 7 seront dédiées aux patients greffés). un lieu central et ouvert sur la ville. Il se situe à cent Effectifs : 350 professionnels dont une mètres du « tram ». Il va bénéficier d’ un « relooking » quarantaine de médecins. complet cette année, pour se moderniser et devenir plus attractif pour les patients, les visiteurs et le per- 108 DH MAGAZINE L E M A G A Z I N E D U D E C I D E U R H O S P I TA L I E R N° 155 - 1er Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU D’ANGERS
Simulation avec mannequin Jean-Claude Granry La simulation au service de l’éthique En France, le CHU d’Angers est un pionnier en matière de simulation en santé. En 2007, il aménageait un premier centre, dédié à l’anesthésie et à la réanimation. D’autres formations ont suivi et ont fédéré de nombreux acteurs locaux. Dix ans plus tard, le CHU et l’Université d’Angers ont dédié à cette activité pédagogique un espace plus vaste et hyperspécialisé. Visant à déve- lopper l’expertise professionnelle et à améliorer la sécurité des soins, la simu- lation suit un principe clair : « jamais la première fois sur un patient ». Cette pédagogie permet également aux professionnels de suivre la médecine dans ses avancées permanentes et, aux patients, d’être mieux soignés. La simulation est aujourd’hui encouragée par les plus hautes instances publiques et médicales. Une situation dont se réjouit le Professeur Jean-Claude Granry, précurseur ange- vin et auteur, avec le Docteur Marie-Christine Moll, d’un rapport commandé par la HAS en 2011 et d’un « guide des bonnes pratiques » sur ce sujet. N° 155 - 1er Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU D’ANGERS DH MAGAZINE L E M A G A Z I N E D U D E C I D E U R H O S P I TA L I E R 109
Nous avons également des demandes d’associations de patients, de parents d’enfants atteints de mala- dies chroniques (formation aux gestes d’urgence, à certaines techniques…), de professionnels d’autres métiers (formation à l’annonce en particulier). Sur ce point la plate-forme angevine fait figure de pionnière. « Au croisement de la théorie et de la pratique, la simulation répond à une double logique : développer l’expertise professionnelle et améliorer la sécurité des soins ». DH : Pourquoi faut-il mieux former les professionnels de santé ? J-C.G. – C’est avant tout une question d’éthique. La formule « jamais la première fois sur un patient » traduit bien cette notion. Bien sûr, il y a toujours une « première fois » sur le patient. Mais, comme pour les sportifs par exemple, il est essentiel de « répéter », de « reproduire » un geste ou une attitude, avant d’en- visager une compétition… Faire un geste « agressif » chez un patient sans l’avoir jamais réalisé auparavant ne doit plus être admissible aujourd’hui. Cette notion éthique doit absolument être intégrée par les futurs professionnels. Par ailleurs, dans la vraie vie, on est DH MAGAZINE : Qu’est-ce que la simulation en rarement seul face à une situation, un geste. Travailler santé ? en équipe s’apprend aussi et la simulation est pour cela un excellent outil. Jean-Claude Granry : C’est une méthode péda- gogique permettant l’amélioration des compétences DH : La simulation médicale est-elle prise au sérieux techniques et comportementales dans un environne- en France ? ment sécurisé sans aucun risque pour le patient. Trois grands « modes » de simulation peuvent être décrits : J-C.G. – Oui, bien sûr. Nous avons eu la chance de la simulation synthétique (portions de mannequins développer cette méthode depuis les années 2007- ou mannequins « corps entiers » pouvant être pilotés 2008, avec l’appui des instances nationales et en par ordinateur), la simulation humaine ou relation- particulier de la Haute Autorité de Santé. Le ministère nelle, faisant appel à des acteurs (patients simulés et a rapidement suivi et de nombreuses ARS ont ac- standardisés) et la simulation numérique actuellement compagné ce développement (création par exemple en plein développement (« jeux sérieux », réalités d’une mission simulation au sein de l’ARS Pays de virtuelle et augmentée…). C’est aujourd’hui un Loire). Une instruction ministérielle relative au dé- complément indispensable aux formations, initiale et veloppement de la simulation en santé a été publiée continue, de tous les professionnels de santé. en novembre 2013, accompagnée par une dotation nationale annuelle de 8.26 millions d’euros. Notre DH : À quel public s’adresse plus précisément la Ministre actuelle a annoncé en 2016 que tous les simulation ? CHRU devaient être dotés d’un centre de simulation. J-C.G. – Les formations ouvertes dans cette plate- DH : Quels indicateurs prouvent que la simulation forme s’adressent aux étudiants en formation initiale médicale est sur de bons rails ? mais aussi à tous les professionnels de santé en parti- culier dans le cadre du DPC (Développement Profes- J-C.G. – Plusieurs indicateurs le montrent. En sionnel Continu) : médecins, pharmaciens, infirmiers, octobre 2015 est paru un rapport sur la formation sages-femmes, aides-soignants, kinésithérapeutes… clinique des étudiants en médecine rédigé par la conférence des Doyens des facultés de médecine. 110 DH MAGAZINE L E M A G A Z I N E D U D E C I D E U R H O S P I TA L I E R N° 155 - 1er Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU D’ANGERS
Simulation en pratique fessionnels et avec les patients et leurs proches, peut être réalisé par la simulation. Ce n’est bien entendu pas la seule méthode pour cela mais, à mes yeux, elle demeure sans doute la plus efficace. Nous avons le devoir éthique de tout faire pour améliorer la qualité et la sécurité des soins. DH : Par exemple qu’est-ce qu’une séance de simu- lation haute-fidélité ? J-C.G. – On parle de simulation « haute-fidélité » lorsque l’on utilise par exemple des mannequins sophistiqués pilotés par ordinateur dans un environ- nement aussi réaliste que possible, comme un bloc opératoire reconstitué ou une salle de réveil, avec les mêmes appareils que dans la « vraie vie ». Mais, lors d’une consultation d’annonce, avec un ou des acteurs dans un bureau médical, on pourrait parler aussi de « haute-fidélité » car les participants sont dans des conditions identiques à la réalité de tous les jours. Ces séances doivent s’inscrire dans un programme prédéfini, encadrées par des formateurs compétents et évaluées, dans une structure équipée et organisée. Les bonnes pratiques de simulation, telles que défi- nies dans le guide de la HAS, doivent être respectées. On ne s’improvise pas formateur en simulation. C’est encore, là aussi, une question d’éthique… Photos fournies par le CHU d’Angers La conclusion est claire : C’est la généralisation des Quelques chiffres clés (2015) techniques de simulation dans toutes leurs applica- tions. Plus récemment, lors des quinzièmes assises - 2 831 passages en formations nationales hospitalo-universitaires à Toulouse en dé- - 180 sessions de simulation haute fidélité cembre 2016, la simulation en santé a été adoubée (avec mannequins et équipements par l’ensemble des Doyens, des Présidents de CME vidéo) /an et des Directeurs généraux de CHU. Son dévelop- - 111 sessions de simulation procédurales pement a été inscrit parmi les propositions de syn- - 49 ateliers haute-fidélité et 29 ateliers thèse retenues. C’est une très bonne chose. procéduraux figurent au « catalogue » de formations dispensées dans l’actuel DH : Pourquoi la simulation en santé doit être une centre de simulation ; anesthésie- priorité au niveau national et mondial ? réanimation adulte et enfant, néonatalogie, gynéco-obstétrique, cancérologie J-C.G. – Plusieurs travaux ont démontré l’intérêt (annonce d’une mauvaise nouvelle). de la formation par simulation dans la préven- - Enseignants : 56 paramédicaux, tion d’événements indésirables graves, en particulier 90 médecins, 6 psychologues, pour les gestes techniques. Ces événements indési- 4 sages-femmes, 1 ingénieur qualiticien rables graves sont encore trop fréquents aujourd’hui, - 18 comédiens participent également concernent des milliers de malades et sont en grande aux formations (pour des rôles de patients partie liés à des défaillances humaines. L’apprentissage et proches) du travail en équipe, de la communication entre pro- N° 155 - 1er Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU D’ANGERS DH MAGAZINE L E M A G A Z I N E D U D E C I D E U R H O S P I TA L I E R 111
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