L'innovation au service du patient - REPORTAGE - DH Magazine

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L'innovation au service du patient - REPORTAGE - DH Magazine
REPORTAGE
C.Jouannet - CHU Angers

                                  L’innovation au service du patient

                                   PAR JULIEN TALANI

                             98     DH MAGAZINE
                                            L E M A G A Z I N E D U
                                            D E C I D E U R H O S P I TA L I E R
                                                                                   N° 155 - 1er Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU D’ANGERS
L'innovation au service du patient - REPORTAGE - DH Magazine
le CHU d’Angers en chiffres (2015) :

- 5 179 agents hospitaliers
- 1 117 personnels médicaux et pharmaceutiques (internes inclus)
- 484 M de dépenses d’exploitation et 32 M d’investissement
                                                                                      Angers
- 97 000 passages dans les services d’urgence
- 5,6 jours de durée moyenne de séjour (en médecine, chirurgie, obstétrique)
- 1 487 lits et places
- 176 500 patients venus (consultants et hospitalisés)
- 437 000 consultations
- 103 300 hospitalisations
- 4 046 naissances

                                  N° 155 - 1er Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU D’ANGERS   DH MAGAZINE
                                                                                                          L E M A G A Z I N E D U
                                                                                                          D E C I D E U R H O S P I TA L I E R
                                                                                                                                                 99
L'innovation au service du patient - REPORTAGE - DH Magazine
L’innovation pensée pour l’humain

                                                                                                               L’INNOVATION,
                                                                                                              NOTRE PASSION

                                                                                                             www.klsmartin.com

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                                                    N° 155 - 1er Quadrimestre 2017
L'innovation au service du patient - REPORTAGE - DH Magazine
Yann Bubien

Un CHU
ouvert sur la cité
   En octobre 2011, Yann Bubien succédait à Yvonnick Morice, à la tête du CHU
   d’Angers. Précédemment conseiller pour les ministres Roselyne Bachelot et
   Xavier Bertrand (sous la mandature Sarkozy), il revenait ainsi à ses premières
   amours : l’hôpital. « C’est un lieu en perpétuel mouvement, indique-t-il. Au-
   jourd’hui, Yann Bubien s’épanouit au sein de cette structure pavillonnaire de 36
   hectares, réputée à « taille humaine », mais employant tout de même plus de
   six mille salariés. Son souci constant est d’ouvrir l’hôpital sur la cité. Il s’emploie
   pour ça à faire rayonner le CHU sur l’ensemble de son territoire, de sa région,
   et bien au-delà du Grand Ouest.

   Ses positions révèlent un engagement sans faille pour la défense d’un service
   public innovant, éthique, équitable et ouvert sur le monde.

   DH MAGAZINE : Le projet d’établissement du                    Y.B. – L’ élaboration du projet d’établissement
   CHU d’Angers « Horizons 2018 » arrive bientôt                 2014-2018 était un rendez-vous majeur pour
   à son terme. Pouvez-vous nous en rappeler les                 le CHU d’Angers. C’était l’occasion d’associer
   grandes lignes ?                                              tous les collaborateurs ; mais aussi d’impliquer
                                                                 plus largement la société civile. Quatre cents
   Yann Bubien : Le projet « Horizons 2018 » a                   personnes, issues des équipes médicales, soi-
   été adopté en 2014. Il traduit toutes les ambitions           gnantes, techniques ou administratives, ont par-
   du CHU d’Angers qui poursuivent toutes le même                ticipé à la construction de cette nouvelle feuille
   objectif : « innover et exceller pour mieux soigner           de route, à travers vingt-huit groupes de travail.
   ». L’idée force du Projet d’établissement est de pla-         Un « forum citoyen » de vingt-quatre membres a
   cer le patient au cœur d’une médecine de pointe :             également pris part à ce projet. Ce regard exté-
   innovante, humaine et personnalisée. Cela implique            rieur - celui des usagers de l’hôpital - a enrichi les
   des liens renforcés entre université et hôpital et de         débats et influé sur nos prises de décisions. À ce
   nouveaux partenariats avec les acteurs sanitaires et          jour, les membres de ce « forum citoyen » suivent
   socio-économiques pour assumer notre responsa-                toujours la mise en place du projet « Horizons 2018
   bilité territoriale du CHU d’Angers.                          ». Ils sont régulièrement conviés au CHU pour des
                                                                 points d’étapes et invités aux différents événements
   DH MAGAZINE : « Horizons 2018 » a été un bel                  qui rythment la vie de notre établissement.
   exercice de « démocratie sanitaire ». Pouvez-vous
   nous en parler ?                                              DH : Comment fonctionne le groupement hospitalier

                                   N° 155 - 1er Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU D’ANGERS   DH MAGAZINE
                                                                                                            L E M A G A Z I N E D U
                                                                                                            D E C I D E U R H O S P I TA L I E R
                                                                                                                                                   101
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de territoire du Maine-et-Loire ?                                                                cale d’avant-garde. Ce dernier figure parmi les plus
                                                                                                   en pointe de France. Il devrait être prochainement
  Y.B. – Ce GHT (dont le CHU d’Angers est établis-                                                 agrandi. D’un point de vue éthique, c’est un outil
  sement support) regroupe les établissements publics                                              indispensable à la formation des jeunes médecins (lire
  de santé du Maine-et-Loire. Nous avons l’habitude de                                             l’entretien avec le professeur Jean-Claude Granry).
  travailler ensemble, sans volonté d’hégémonie mais
  dans un souci de qualité du parcours patient. Le GHT,                                            DH : Le CHU d’Angers a-t-il mis en place des moyens
  c’est également une stratégie public-public, qui s’ap-                                           efficaces pour faciliter la vie de ses internes ?
  plique également au champs des achats, du système
  d’information, de la formation, etc.                                                             Y.B. – Annuellement, le CHU d’Angers décerne
                                                                                                   une médaille d’or pour chaque discipline. Elle permet
  DH : Parlez-nous d’« HUGO ».                                                                     aux internes en médecine de la subdivision d’Angers,
                                                                                                   et à certains internes en pharmacie de l’inter-région
  Y.B. – « HUGO » signifie Hôpitaux Universitaires                                                 Ouest, de bénéficier, à l’issue de leur internat, d’une
  du Grand Ouest. Ce dispositif regroupe sept centres                                              année supplémentaire de fonctions rémunérées.
  hospitaliers universitaires (Angers, Brest, Nantes, Poi-
  tiers, Rennes, Tours et Orléans) et rayonne sur quatre                                           DH : Une campagne « web » a été lancée en 2015
  régions. Je préside HUGO depuis 2013. HUGO                                                       en direction des futurs étudiants du CHU d’Angers.
  permet un maillage sanitaire plus efficace, et une                                               Pouvez-vous nous en dire plus ?
  meilleure prise en charge des patients. En mainte-
  nant un juste équilibre entre proximité et excellence,                                           Y.B. – Cette campagne « Adopte un PU-PH » s’ins-
  le groupement contribue à une meilleure prise en                                                 pirait du ton décalé qu’un célèbre site de rencontre
  charge des patients. Nous travaillons à y développer                                             utilise dans ses publicités. L’ objectif était de faire
  les spécialités les plus rares, à travers le soin et le                                          connaître le CHU, l’Université et la ville d’Angers.
  recours (grands brûlés, greffe cardiaque, centre anti-                                           Une deuxième « saison » a été réalisée en 2016, avec
  poison...). Ce partenariat permet aussi de répondre                                              un autre concept mais toujours avec la même note
  conjointement à des appels d’offres nationaux et                                                 d’humour : « Céline choisit son internat ». A chaque
  internationaux, d’assurer un maillage efficace, sans                                             fois, il s’agissait d’une web-série de 4 ou 5 vidéos,
  avoir besoin de construire des mastodontes, et de                                                diffusées sur les réseaux sociaux.
  disposer, pour chaque spécialité, d’une masse critique
  opérationnelle et suffisante.                                                                    DH : Pourquoi vouloir ouvrir le CHU d’Angers sur la
                                                                                                   cité ?
  DH : Dans « Horizons 2018 », le CHU d’Angers af-
  firmait son statut de « site hospitalo-universitaire de                                          Y.B. – L’ ouverture du CHU vers la cité n’est pas
  premier plan » ?                                                                                 une finalité en soi, c’est un moyen ; un moyen pour
                                                                                                   que les usagers s’approprient le CHU différemment,
  Y.B. – Que cela soit pour l’enseignement médical                                                 et permette à celui-ci d’activer tous les leviers pour
  ou paramédical, plusieurs innovations pédagogiques                                               accomplir sa mission de service public. C’est parti-
  ont été mises en place. Le dispositif HUGO permet                                                culièrement vrai dans le domaine de la prévention.
  justement à nos étudiants de trouver des stages plus                                             L’ idée est que l’on puisse se rendre à l’hôpital pour
  facilement, d’enrichir leur cursus grâce à des échanges                                          autre chose que pour recevoir des soins. Déjà plu-
  inter-CHU. Deux internes de deux CHU différents                                                  sieurs expériences ont été tentées dans ce domaine.
  de la zone HUGO peuvent aujourd’hui permuter                                                     Certaines ont eu un succès immédiat, preuve qu’il y
  entre eux. Au niveau paramédical, la Région, l’ARS, le                                           a une vraie attente.
  CHU d’Angers, le CH de Saumur, le CH de Cholet
  et l’Université d’Angers ont signé une convention                                                DH : Par exemple ?
  relative à l’ « universitarisation » des IFSI.
                                                                                                   Y.B. – En septembre 2016, nous avons démarré
  DH : Le CHU d’Angers dispose-t-il d’autres outils at-                                            un cycle de conférences de prévention à destination
  tractifs pour séduire les étudiants ?                                                            du grand public, les Mardis de la santé. Une fois par
                                                                                                   mois, des médecins du CHU animent bénévolement
  Y.B. – Il dispose d’un centre de simulation médi-                                                une conférence sur un thème lié à de grands enjeux

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L'innovation au service du patient - REPORTAGE - DH Magazine
Un établissement connecté
   Le CHU d’Angers est en pointe sur la santé
   connectée, la simulation en santé et la com-
   munication sur les réseaux sociaux.
   On peut citer la première mondiale en neu-
   rochirurgie, réalisée le 27 janvier 2016 ;
   prouesse du service de neurochirurgie dirigé
   par le Pr. Philippe MENEI accomplie dans le                 des lycées de Maine-et-Loire. Deux établissements
   cadre du projet de recherche Cervo -pour                    expérimentaux ont été choisis par l’Inspection d’Aca-
   Chirurgie éveillée sous réalité virtuelle dans le           démie. À l’issue de l’évaluation, il est envisagé une
   bloc opératoire- et ce, en collaboration avec               pérennisation et un élargissement du dispositif.
   l’Esiea, une école d’ingénieurs de Laval spécia-
   lisée dans le numérique.
                                                               DH : Le CHU d’Angers possède aussi une politique
   Ou encore le centre de simulation, l’un des
   plus reconnus en France, avec à sa tête le pré-             culturelle ambitieuse. La culture a-t-elle vraiment sa
   sident de la société francophone de simulation,             place à l’hôpital ?
   le Pr. Jean-Claude GRANRY.
                                                               Y.B. – Pour moi, c’est évident. La culture apaise,
de santé publique actuels (le mal de dos, le cancer            permet de supporter son hospitalisation, de se diver-
de l’intestin, le tabac…). Pour sensibiliser un maxi-          tir et de se reconstruire. Elle est source de joie, de
mum de personnes à ces sujets, cette expérience a              sérénité, d’échanges... Au CHU d’Angers, un service
été menée en partenariat avec la presse locale (Le             spécifique se charge de mener cette politique (voir
Courrier de l’Ouest). D’autres conférences suivront .          l’entretien avec Delphine Belet, attachée culturelle
Certaines auront lieu directement au cœur de la cité.          au CHU d’Angers). Je suis par ailleurs président de
Cela contribue à désenclaver l’hôpital et à renforcer
                                                               l’association « Tournesol ». Cette dernière finance
sa position d’acteur au sein de son territoire.
                                                               une centaine de projets artistiques chaque année,
Dans un objectif similaire, en lien avec l’Université,
le CHU travaille avec l’Inspection d’Académie sur un           sur l’ensemble de la France. En 2016, un budget de
projet de cycle d’ateliers de prévention animés par            500 000 euros a été alloué à plusieurs centaines
des internes et étudiants en médecine, pharmacie,              d’artistes professionnels pour assurer des spectacles
maïeutique et soins infirmiers, dans des collèges et           au sein de nombreuses unités de soins.

                          les projets labellisés par HUGO depuis 2005

Sept établissements composent le regroupement des            La FHU « CAMIn » (CAncer, Micro-environne-
hôpitaux universitaires du Grand ouest (HUGO) :              ment et Innovation) rassemble la filière cancérologie
les CHU d’Angers, Brest, Nantes, Orléans, Poi-               rennaise, dans le domaine des pathologies malignes
tiers, Rennes et Tours. Le groupement HUGO                   pulmonaires, urologiques, dermatologiques et héma-
soutient l’émergence de projets innovants et struc-          tologiques (coordonnée par le Pr. Thierry Lamy, CHU
turants, et tâchent de leur donner une visibilité            de Rennes).
européenne. Ces projets peuvent ainsi être portés
dans une structure labellisée FHU (fédération hos-           La FHU « GOAL » (Grand Ouest Acute Leukemia)
pitalo-universitaire). Depuis 2005, six projets ont          concerne les leucémies aiguës (coordonnée par le
été labellisés , dont quatre en 2013.                        professeur Norbert Ifrah du CHU d’Angers, associant
En voici la liste :                                          des équipes des six CHU).
Le DHU « onco-greffe » fédère l’hémato-cancé-
rologie, l’onco-dermatologie, l’immunologie (La-             La FHU « SUPORT » (SUrvival oPtimization in ORgan
bex Igo), la médecine nucléaire (Labex Iron) et              Transplantation), relative aux greffes et conservation
l’institut de transplantation - urologie – néphrologie       d’organes (coordonnée par le Pr. Thierry Hauet du
(coordonné par le professeur Philippe Moreau,                CHU de Poitiers, associant des équipes de Poitiers,
CHU de Nantes).                                              Limoges et Tours).

Le DHU « 2020 » rassemble l’institut du thorax et            La FHU « TECH SAN » (Technologies innovantes en
l’institut des maladies de l’appareil digestif autour        Santé) se rapporte aux technologies innovantes en
de la promotion de la médecine personnalisée                 santé (coordonnée par le professeur Philippe Mabo
dans les maladies chroniques (coordonné par le               du CHU de Rennes et par le Pr. Eric Stindel du CHU
professeur Bertrand Cariou, CHU de Nantes).                  de Brest, associant des équipes de Rennes et Brest).

                                 N° 155 - 1er Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU D’ANGERS   DH MAGAZINE
                                                                                                          L E M A G A Z I N E D U
                                                                                                          D E C I D E U R H O S P I TA L I E R
                                                                                                                                                 103
L'innovation au service du patient - REPORTAGE - DH Magazine
Radio C culture

                 Delphine Belet                                                     Alexis Thomas

                                                                               Par ici la culture

  La culture complète les fonctions médicales, soignantes, techniques et admi-
  nistratives de l’hôpital. Depuis près de dix ans, elle figure au projet d’établisse-
  ment du CHU d’Angers (2008-2013 puis 2014-2018). En résulte une politique
  culturelle ambitieuse, active et participative. Cette dernière réunit patients,
  usagers et personnels hospitaliers autour de projets communs. Elle s’inscrit
  dans le programme national « Culture et Santé », porté par le Ministère de la
  Culture et de la Communication et celui des Affaires Sociales et de la Santé. Ses
  relais locaux institutionnels sont, pour les Pays de la Loire, l’ARS et la Direction
  Régionale des Affaires Culturelles (DRAC), avec un appel à projets régional
  annuel. Les projets culturels prennent vie au CHU d’Angers grâce à des subven-
  tions culturelles des collectivités publiques et grâce au mécénat.

  En dix ans, les projets se sont multipliés au CHU, toujours à la demande des ser-
  vices hospitaliers ; et depuis 2006, sous la houlette de Delphine Belet, attachée
  culturelle du centre hospitalo-universitaire, en lien avec le directeur de cabinet,
  des affaires générales et des relations internationales, Alexis Thomas.

  DH MAGAZINE : Comment la culture a-t-elle fait son                                                l’occasion de la restauration des peintures murales de
  entrée au CHU d’Angers ?                                                                          l’ancienne chapelle historique, entre 1998 et 2003.
                                                                                                    En plus, trois années de suite à partir de 2005, le
  Delphine Belet : Plusieurs initiatives de services                                                CHU d’Angers a bénéficié d’un mécénat très im-
  de soins et de directions fonctionnelles ont montré                                               portant, comme d’autres CHU, ciblé pour initier
  l’existence de besoins culturels au sein de l’hôpital. Le                                         des projets culturels. Parallèlement, le CHU s’est
  patrimoine hospitalier est souvent, pour les hôpitaux,                                            engagé dans la création et le financement d’un ETP
  le déclencheur d’un premier contact avec les services                                             destiné à accompagner les projets culturels : un poste
  de la DRAC. Cela fut le cas au CHU d’Angers, à                                                    d’attachée culturelle. En 2012, le CHU a créé un

104    DH MAGAZINE   L E M A G A Z I N E D U
                     D E C I D E U R H O S P I TA L I E R
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L'innovation au service du patient - REPORTAGE - DH Magazine
poste supplémentaire, pour le fonctionnement de sa              de chargé de mécénat a été créé au sein du CHU et
bibliothèque. Dans ces conditions, une vraie politique          participe à la structuration d’un réseau de partenaires
culturelle plurielle au bénéfice des patients, de leurs         économiques autour de ce projet culturel même si
familles et du personnel hospitalier a pu voir le jour.         la démarche « dons et mécénat » ne se réduit pas
                                                                à ce volet. Après avoir fédéré des acteurs culturels
DH : Par où la culture a-t-elle commencé ?                      et institutionnels aux côtés du CHU pour offrir des
                                                                actions professionnelles et de qualité aux patients, il
D.B. – Les premiers projets avaient surtout lieu en             est intéressant d’associer les acteurs économiques du
pédiatrie, antérieurement à 2005. Puis, un équilibre a          territoire aux fondations qui nous soutiennent déjà.
été recherché entre des propositions pour les enfants
et des propositions pour les adultes hospitalisés. En           DH : Comment faire pour susciter une adhésion des
2008, la culture a intégré le projet d’établissement.           services autour des projets culturels mis en place ?

DH : Quelle forme prend la culture au CHU d’Angers ?            D.B. – Les projets sont toujours mis en place en
                                                                accord avec le terrain. Les demandes émanent
D.B. – Elle prend des formes très diverses : rési-              le plus souvent des ser-
dences d’artistes, interventions de musiciens ou de             vices eux-mêmes et font “Les          retours      sont
conteuses au chevet du patient, projection de films             l’objet d’une co-construc- généralement très positifs,
accompagnées de rencontres avec des réalisateurs,               tion avec des représen-
ateliers de création partagée entre artistes et patients                                     de la part des patients
                                                                tants des équipes de soins
mais également des expositions dans les unités de               concernées. C’est en les et de leurs proches. Les
soins... Elles s’adressent aux patients, à leurs proches
                                                                impliquant et en les res- équipes des services de soins
et aux personnels des services où ces actions sont
                                                                ponsabilisant dans l’ac- sont souvent les premiers
menées.
                                                                compagnement du projet
                                                                                             à bénéficier directement
                                                                que l’adhésion vient. Ainsi,
                                                                ces projets peuvent être de ces retours.”
DH : A quel rythme la culture se décline-t-elle au CHU
d’Angers ?
                                                                plus ou moins pérennes,
                                                                les évaluations régulières permettent de questionner
D.B. – Aujourd’hui, le rythme est plus soutenu qu’il
                                                                régulièrement s’ils correspondent toujours au besoin
y a dix ans. Par exemple, sur l’année 2014, on re-
                                                                du service.
cense 347 temps de rencontre entre patients et des
œuvres d’art ou artistes au sein du CHU, au fil de
                                                                DH : Quels retours des patients ?
l’année. Depuis 2012, le projet de la bibliothèque a
été relancé et permet d’apporter une offre de lecture
au chevet des patients comme une possibilité de                 D.B. – Les retours sont généralement très positifs, de
consultation sur place avec un large choix de romans,           la part des patients et de leurs proches. Ils évoquent
documentaires, bandes dessinées, et disques en                  ces échanges culturels comme de bons moments.
prêt gratuit pour les usagers et pour le personnel du           Les équipes des services de soins sont souvent les
CHU.                                                            premiers à bénéficier directement de ces retours.

DH : Avec quels moyens ?                                        DH : Quel avenir pour la culture au CHU d’Angers ?

D.B. – La politique culturelle du CHU d’Angers                  D.B. – L’ouverture sur la cité est une priorité pour le
existe avec une diversité de moyens financiers et               CHU, il correspond à la prise en compte du parcours
opérationnels : des partenariats avec des structures            global de la personne qui peut, à un moment, être
culturelles, une convention avec la Ville d’Angers, une         patient ou visiteur au sein de l’établissement hospita-
recherche de financement croisé entre subventions               lier. L’ accès à la culture peut en être l’un des vecteurs.
publiques et mécénat pour les actions culturelles et            L’ avenir est, je l’espère, de poursuivre et d’expéri-
un financement croisé entre le CHU et les subven-               menter de nouvelles formes de projets culturels en
tions publiques pour les acquisitions de documents              milieu de santé, pour toujours s’adapter à l’évolution
destinés à la bibliothèque du CHU constituent les               de la prise en charge des patients, qui ne se réduit pas
différents leviers mobilisés. Depuis 2016, un poste             à des gestes techniques.

                                  N° 155 - 1er Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU D’ANGERS   DH MAGAZINEL E M A G A Z I N E D U
                                                                                                              D E C I D E U R H O S P I TA L I E R
                                                                                                                                                     105
L'innovation au service du patient - REPORTAGE - DH Magazine
Larrey

  Immobilier :
  le CHU d’Angers                                                                                     Lionel Pailhé

  investit pour l’avenir

 Depuis 2013, Lionel Pailhé dirige le pôle ressources matérielles du CHU
 d’Angers. Pour nous il revient sur les travaux en cours, les restructurations ré-
 centes et les projets de l’établissement. Après la construction d’un nouvel Hô-
 tel-Dieu Nord en 2016, 2017 verra la restructuration d’un nouvel espace com-
 mercial ouvert sur la cité. La simulation médicale bénéficiera de locaux plus
 grands à partir de 2019. Suivront la restructuration du centre Robert Debré
 (2021) et la conception d’un nouveau secteur « urgences ». Ce dernier projet,
 nommé « U+ », devrait être livré en 2022.

 Soit un investissement total de près de 160 millions d’euros cofinancé par l’ARS,
 le CHU et l’université d’Angers.

  DH MAGAZINE : L’Hôtel-Dieu Nord du CHU
                                                                                                  L.P. – L’Hôtel-Dieu Nord regroupe trois services
  d’Angers a repris du service à l’été 2016 avec l’instal-
                                                                                                  médicaux : le service d’endocrinologie, diabétologie
  lation de trois services ; tout s’est-il bien passé ?
                                                                                                  et nutrition (EDN), celui de médecine interne, ma-
                                                                                                  ladies vasculaires et soins palliatifs, et le service des
  Lionel Pailhé : Ce déménagement, programmé sur
                                                                                                  maladies du sang. Pour celui-ci, la mise au point du
  trois semaines, en a finalement pris quatre, mais cela
                                                                                                  traitement de l’air du secteur protégé, destiné aux
  reste néanmoins une opération menée avec dextérité
                                                                                                  patients immuno-déprimés, a été particulièrement
  et rapidité. Il y a toujours des imprévus à gérer et
                                                                                                  délicate.
  nous avons eu notre lot d’aléas climatiques en fin de
  chantier, avec de grosses intempéries et des inonda-
                                                                                                  DH : Ce déménagement « groupé » faisait partie
  tions au printemps. Passé ce cap, en quatre semaines,
                                                                                                  d’une stratégie ?
  la totalité du bâtiment était occupée. Les équipes
  concernées ont été sous pression mais l’opération a                                             L.P. – Nous voulions un déménagement compact,
  été un succès.                                                                                  d’où un tempo serré. Les déménagements plus étalés
  DH : D’autres sueurs froides ?

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L'innovation au service du patient - REPORTAGE - DH Magazine
les façades historiques, tout en démolissant l’arrière
   La réhabilitation de Robert-Debré :                         du bâtiment pour mieux reconstruire. Le patrimoine
                                                               architectural d’origine est conservé et le bâtiment ré-
   Coût estimé à 25 M . Participation de l’ARS à               pond aux standards logistiques et au confort hôtelier
   hauteur de 5 millions d’euros.                              actuel.
   Surface : 17 200 m²
   440 professionnels non médicaux, 83 méde-                   DH : Le bâtiment Robert-Debré doit lui aussi se
   cins et 46 internes travaillent aujourd’hui dans            moderniser ?
   les spécialités concernées par le projet.
   150 lits et 21 places sont annoncés.                        L.P. – Ce bâtiment date de 1979. Il est de bonne fac-
   Les chiffres annuels de la pédiatrie au CHU                 ture architecturale. Il va être rafraîchi à 80% aussi bien
   d’Angers : 9 900 hospitalisations, dont 4 700               techniquement (réseaux, isolation, etc.) que fonction-
   en hospitalisation de jour, 55 600 consulta-                nellement et esthétiquement. Les travaux devraient
   tions, 26 000 passages aux urgences pédia-                  être conduits de 2018 à 2021 et auront lieu en site
   triques                                                     occupé. Ils répondent au besoin de restructurer la fi-
   Ophtalmologie, ORL, chirurgie plastique et
   stomatologie : 4 500 hospitalisations (2 500 en
   hospitalisation de jour).                                       Le Projet U+ :
                                                                   Les urgences adultes générales : 54 000 pas-
                                                                   sages en 2015 (soit une augmentation de 3 à
dans le temps ont parfois un effet pernicieux. Pour le             4 % par an).
service des maladies du sang notamment, il était vital             L’imagerie d’urgence en 2015
de déménager avant l’été en raison de la vétusté des               Près de 22 500 scanners réalisés, 1 600 IRM,
anciens locaux.                                                    près de 3 100 actes de radiologie interven-
                                                                   tionnelle (hors gynécologique-obstétrique et
DH : Quelles particularités architecturales pour l’Hô-             service de cardiologie).
tel-Dieu Nord ?                                                    Projet estimé à 120 M . Financement prévu
                                                                   pour l’ARS de 20 M . Emprunt du CHU à
L.P. – C’est un bâtiment qui date du second empire.
                                                                   hauteur de 100 M .
Il a déjà eu plusieurs vies. Le défi était de conserver

  PBH Iris

                                  N° 155 - 1er Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU D’ANGERS   DH MAGAZINE
                                                                                                             L E M A G A Z I N E D U
                                                                                                             D E C I D E U R H O S P I TA L I E R
                                                                                                                                                    107
lière pédiatrique, en adaptant les locaux aux modes ac-
  tuels de prise en charge ambulatoires et d’hospitalisation
  des enfants et adolescents, en effet cette restructuration
  permettra une organisation innovante : les patients ne
  seront plus regroupés par discipline mais par tranches
  d’âge (petits-moyens et moyens-grands) et par type
  d’hospitalisation (conventionnelle, de semaine ou de
  jour). Chaque secteur sera donc polyvalent, avec
  de la chirurgie et de la médecine. Ce programme
  intégrera également l’accueil de quatre services de
  spécialités chirurgicales pour adultes (ophtalmologie,
  ORL, chirurgie plastique, stomatologie).
  Un premier volet de cette réorganisation a déjà
  démarré, avec la connexion en 2016 du bâtiment
  Robert-Debré au nouvel Institut de Cancérologie de                                               sonnel. « Relais H » a signé la nouvelle occupation du
  l’Ouest. Tous deux partagent désormais un secteur de                                             domaine public nécessaire à l’exploitation commerciale
  blocs opératoires et un secteur d’imagerie.                                                      du site. Les travaux de modernisation seront à sa charge.
                                                                                                   Entre autres boutiques, un « corner Starbucks » verra le
  DH : Parlez-nous du projet « U+ » ?
                                                                                                   jour (reprenant les codes des Starbucks Cafés). Ce
                                                                                                   sera le premier de la ville d’Angers. L’ ouverture est
  L.P. – C’est de loin l’opération la plus complexe,
                                                                                                   prévue pour le printemps 2017.
  la plus ambitieuse et la plus coûteuse depuis 30 ans.
  Elle est estimée à 120 millions. L’ ARS devrait parti-
                                                                                                   DH : Un nouveau centre de simulation verra aussi le
  ciper à hauteur de 20 millions. Ce gros morceau est
                                                                                                   jour bientôt ?
  encore en gestation. Les travaux devraient démarrer
  fin 2019, début 2020.
                                                                                                   L.P. – Notre centre de simulation va évoluer à
                                                                                                   l’horizon 2019. Ce projet phare de recherche et
  DH : Quelles seront ses particularités ?
                                                                                                   d’enseignement est porté depuis le début par le pro-
                                                                                                   fesseur Granry (lire par ailleurs). Il vient d’aménager
  L.P. – U+ englobe le renouvellement complet du
                                                                                                   dans l’ancienne école de sages-femmes. Il est prévu
  secteur des urgences adultes et des services liés aux
                                                                                                   de restructurer les trois niveaux de ce bâtiment pour
  prises en charges aiguës (soins critiques, réanimation
                                                                                                   disposer de locaux plus spacieux et mieux adaptés.
  et soins critiques intensifs). Les maîtres mots sont :
                                                                                                   Ce programme sera co-financé par le CHU et l’Uni-
  accueil, fluidité, technicité, innovation et pluridisci-
                                                                                                   versité d’Angers, à hauteur d’un million chacun. Ce
  plinarité. Un secteur imagerie et un bloc opératoire,
                                                                                                   projet s’inscrit dans le cadre du groupement d’intérêt
  incluant une salle hybride, permettra aux spécialistes
                                                                                                   scientifique APLHUSS (Angers Plate-Forme
  d’interagir ensemble autour du patient, notamment
                                                                                                   Hospitalo-Universitaire de Simulation en Santé).
  pour les filières neurovasculaires et traumatologiques.
  Ce bâtiment accueillera également des unités d’aval
  permettant d’hospitaliser les patients passés par les                                               Le nouvel              Hôtel-Dieu         Nord
  urgences. L’importance de ce projet à grande échelle                                                en chiffres
  implique une réorganisation de la majeure partie des                                                Coût : 34 M .
  activités médicales et chirurgicales dans les autres                                                Capacité d’accueil de 106 lits et 34 places
  bâtiments du CHU.                                                                                   (40 lits et 4 places en médecine interne
                                                                                                      et maladies vasculaires ; Endocrinologie – Dia-
  DH : Des projets plus proches de nous ?
                                                                                                      bétologie – Nutrition : 30 lits et 8 places,
                                                                                                      Maladies du sang : 36 lits et 22 places, dont
  L.P. – Le CHU d’Angers a souhaité rénover son                                                       20 lits consacrés à l’unité protégée. Sur
  espace commercial, en service depuis 1997. C’est                                                    22 places, 7 seront dédiées aux patients greffés).
  un lieu central et ouvert sur la ville. Il se situe à cent                                          Effectifs : 350 professionnels dont une
  mètres du « tram ». Il va bénéficier d’ un « relooking »                                            quarantaine de médecins.
  complet cette année, pour se moderniser et devenir
  plus attractif pour les patients, les visiteurs et le per-

108    DH MAGAZINE   L E M A G A Z I N E D U
                     D E C I D E U R H O S P I TA L I E R
                                                            N° 155 - 1er Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU D’ANGERS
Simulation avec mannequin

         Jean-Claude Granry

               La simulation
               au service de l’éthique

En France, le CHU d’Angers est un pionnier en matière de simulation en
santé. En 2007, il aménageait un premier centre, dédié à l’anesthésie et à la
réanimation. D’autres formations ont suivi et ont fédéré de nombreux acteurs
locaux. Dix ans plus tard, le CHU et l’Université d’Angers ont dédié à cette
activité pédagogique un espace plus vaste et hyperspécialisé. Visant à déve-
lopper l’expertise professionnelle et à améliorer la sécurité des soins, la simu-
lation suit un principe clair : « jamais la première fois sur un patient ». Cette
pédagogie permet également aux professionnels de suivre la médecine dans ses
avancées permanentes et, aux patients, d’être mieux soignés. La simulation est
aujourd’hui encouragée par les plus hautes instances publiques et médicales.

Une situation dont se réjouit le Professeur Jean-Claude Granry, précurseur ange-
vin et auteur, avec le Docteur Marie-Christine Moll, d’un rapport commandé par
la HAS en 2011 et d’un « guide des bonnes pratiques » sur ce sujet.

                              N° 155 - 1er Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU D’ANGERS   DH MAGAZINE
                                                                                                        L E M A G A Z I N E D U
                                                                                                        D E C I D E U R H O S P I TA L I E R
                                                                                                                                               109
Nous avons également des demandes d’associations
                                                                                                  de patients, de parents d’enfants atteints de mala-
                                                                                                  dies chroniques (formation aux gestes d’urgence, à
                                                                                                  certaines techniques…), de professionnels d’autres
                                                                                                  métiers (formation à l’annonce en particulier). Sur ce
                                                                                                  point la plate-forme angevine fait figure de pionnière.
                                                                                                  « Au croisement de la théorie et de la pratique, la
                                                                                                  simulation répond à une double logique : développer
                                                                                                  l’expertise professionnelle et améliorer la sécurité des
                                                                                                  soins ».

                                                                                                  DH : Pourquoi faut-il mieux former les professionnels
                                                                                                  de santé ?

                                                                                                  J-C.G. – C’est avant tout une question d’éthique.
                                                                                                  La formule « jamais la première fois sur un patient »
                                                                                                  traduit bien cette notion. Bien sûr, il y a toujours une
                                                                                                  « première fois » sur le patient. Mais, comme pour les
                                                                                                  sportifs par exemple, il est essentiel de « répéter », de
                                                                                                  « reproduire » un geste ou une attitude, avant d’en-
                                                                                                  visager une compétition… Faire un geste « agressif »
                                                                                                  chez un patient sans l’avoir jamais réalisé auparavant
                                                                                                  ne doit plus être admissible aujourd’hui. Cette notion
                                                                                                  éthique doit absolument être intégrée par les futurs
                                                                                                  professionnels. Par ailleurs, dans la vraie vie, on est
  DH MAGAZINE : Qu’est-ce que la simulation en                                                    rarement seul face à une situation, un geste. Travailler
  santé ?                                                                                         en équipe s’apprend aussi et la simulation est pour
                                                                                                  cela un excellent outil.
  Jean-Claude Granry : C’est une méthode péda-
  gogique permettant l’amélioration des compétences                                               DH : La simulation médicale est-elle prise au sérieux
  techniques et comportementales dans un environne-                                               en France ?
  ment sécurisé sans aucun risque pour le patient. Trois
  grands « modes » de simulation peuvent être décrits :                                           J-C.G. – Oui, bien sûr. Nous avons eu la chance de
  la simulation synthétique (portions de mannequins                                               développer cette méthode depuis les années 2007-
  ou mannequins « corps entiers » pouvant être pilotés                                            2008, avec l’appui des instances nationales et en
  par ordinateur), la simulation humaine ou relation-                                             particulier de la Haute Autorité de Santé. Le ministère
  nelle, faisant appel à des acteurs (patients simulés et                                         a rapidement suivi et de nombreuses ARS ont ac-
  standardisés) et la simulation numérique actuellement                                           compagné ce développement (création par exemple
  en plein développement (« jeux sérieux », réalités                                              d’une mission simulation au sein de l’ARS Pays de
  virtuelle et augmentée…). C’est aujourd’hui un                                                  Loire). Une instruction ministérielle relative au dé-
  complément indispensable aux formations, initiale et                                            veloppement de la simulation en santé a été publiée
  continue, de tous les professionnels de santé.                                                  en novembre 2013, accompagnée par une dotation
                                                                                                  nationale annuelle de 8.26 millions d’euros. Notre
  DH : À quel public s’adresse plus précisément la                                                Ministre actuelle a annoncé en 2016 que tous les
  simulation ?                                                                                    CHRU devaient être dotés d’un centre de simulation.

  J-C.G. – Les formations ouvertes dans cette plate-                                              DH : Quels indicateurs prouvent que la simulation
  forme s’adressent aux étudiants en formation initiale                                           médicale est sur de bons rails ?
  mais aussi à tous les professionnels de santé en parti-
  culier dans le cadre du DPC (Développement Profes-                                              J-C.G. – Plusieurs indicateurs le montrent. En
  sionnel Continu) : médecins, pharmaciens, infirmiers,                                           octobre 2015 est paru un rapport sur la formation
  sages-femmes, aides-soignants, kinésithérapeutes…                                               clinique des étudiants en médecine rédigé par la
                                                                                                  conférence des Doyens des facultés de médecine.

110    DH MAGAZINE  L E M A G A Z I N E D U
                    D E C I D E U R H O S P I TA L I E R
                                                           N° 155 - 1er Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU D’ANGERS
Simulation en pratique
                                                                 fessionnels et avec les patients et leurs proches, peut
                                                                 être réalisé par la simulation. Ce n’est bien entendu
                                                                 pas la seule méthode pour cela mais, à mes yeux, elle
                                                                 demeure sans doute la plus efficace. Nous avons le
                                                                 devoir éthique de tout faire pour améliorer la qualité
                                                                 et la sécurité des soins.

                                                                 DH : Par exemple qu’est-ce qu’une séance de simu-
                                                                 lation haute-fidélité ?

                                                                 J-C.G. – On parle de simulation « haute-fidélité »
                                                                 lorsque l’on utilise par exemple des mannequins
                                                                 sophistiqués pilotés par ordinateur dans un environ-
                                                                 nement aussi réaliste que possible, comme un bloc
                                                                 opératoire reconstitué ou une salle de réveil, avec les
                                                                 mêmes appareils que dans la « vraie vie ». Mais, lors
                                                                 d’une consultation d’annonce, avec un ou des acteurs
                                                                 dans un bureau médical, on pourrait parler aussi de
                                                                 « haute-fidélité » car les participants sont dans des
                                                                 conditions identiques à la réalité de tous les jours.
                                                                 Ces séances doivent s’inscrire dans un programme
                                                                 prédéfini, encadrées par des formateurs compétents
                                                                 et évaluées, dans une structure équipée et organisée.
                                                                 Les bonnes pratiques de simulation, telles que défi-
                                                                 nies dans le guide de la HAS, doivent être respectées.
                                                                 On ne s’improvise pas formateur en simulation. C’est
                                                                 encore, là aussi, une question d’éthique…
                                                                              Photos fournies par le CHU d’Angers

 La conclusion est claire : C’est la généralisation des             Quelques chiffres clés (2015)
 techniques de simulation dans toutes leurs applica-
 tions. Plus récemment, lors des quinzièmes assises                 - 2 831 passages en formations
 nationales hospitalo-universitaires à Toulouse en dé-              - 180 sessions de simulation haute fidélité
 cembre 2016, la simulation en santé a été adoubée                    (avec mannequins et équipements
 par l’ensemble des Doyens, des Présidents de CME                     vidéo) /an
 et des Directeurs généraux de CHU. Son dévelop-                    - 111 sessions de simulation procédurales
 pement a été inscrit parmi les propositions de syn-                - 49 ateliers haute-fidélité et 29 ateliers
 thèse retenues. C’est une très bonne chose.                          procéduraux figurent au « catalogue »
                                                                      de formations dispensées dans l’actuel
 DH : Pourquoi la simulation en santé doit être une                   centre de simulation ; anesthésie-
 priorité au niveau national et mondial ?                             réanimation adulte et enfant, néonatalogie,
                                                                      gynéco-obstétrique, cancérologie
 J-C.G. – Plusieurs travaux ont démontré l’intérêt                    (annonce d’une mauvaise nouvelle).
 de la formation par simulation dans la préven-                     - Enseignants : 56 paramédicaux,
 tion d’événements indésirables graves, en particulier                90 médecins, 6 psychologues,
 pour les gestes techniques. Ces événements indési-                   4 sages-femmes, 1 ingénieur qualiticien
 rables graves sont encore trop fréquents aujourd’hui,              - 18 comédiens participent également
 concernent des milliers de malades et sont en grande                 aux formations (pour des rôles de patients
 partie liés à des défaillances humaines. L’apprentissage             et proches)
 du travail en équipe, de la communication entre pro-

                                   N° 155 - 1er Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU D’ANGERS   DH MAGAZINE     L E M A G A Z I N E D U
                                                                                                                    D E C I D E U R H O S P I TA L I E R
                                                                                                                                                           111
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