Je viens de lire Madame Bovary, roman de Gustave Flaubert

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Madame Bovary, roman de Gustave Flaubert
L’auteur
Fils d’un riche chirurgien de Rouen, il nait en 1821 et meurt et 1881. Il « couvre » ainsi presque tout le
XIX ème siècle politique, allant de la restauration à la troisième république établie et littéraire (il
fréquente les Goncourt, Daudet, Georges Sand). Il fait des études de droit, est de santé fragile malgré de
nombreux voyages (Corse, Pyrénées, Italie, Afrique du nord, mais aussi la Bretagne à pied)

L’histoire
Le roman comporte près de 400 pages, en trois parties. Les rappels de pagination font référence à
l’édition de 1961 du Livre de poche. Madame Bovary est un livre qui commence par la naissance et qui
finit par la mort de ... Monsieur Bovary (Charles). C’est aussi une histoire dans laquelle les
professionnels de santé (ses propres origines sociales) n’ont pas nécessairement le beau rôle.

                                 Première partie : la genèse de l’histoire

Chapitre 1 : pages 16-26 L’enfance de Charles, socialement, physiquement, et scolairement
douloureuse. La pénible obtention de son diplôme. Son premier mariage alimentaire avec la veuve
Dubuc, 45 ans, laide, sèche, bourgeonnée comme un printemps (seule touche printanière !), maladive,
1 200 livres de rentes. Le mariage alimentaire des jeunes hommes est une pratique fréquente à l’époque
(voir les espoirs d’Anatase dans « la vieille fille » de Balzac).

Chapitre 2 : pages 26-35 Charles soigne le Père Rouault. Il fait ainsi la connaissance de sa fille Emma,
élevée au couvent et au dessus de sa condition. Avec beaucoup d’à propos, son épouse meurt (d’argent),
non sans avoir eu le temps de lui reprocher, avec clairvoyance son intérêt pour mademoiselle Rouault.
En 10 pages, Charles est donc libre de se marier. On remarque que la veuve Dubuc, la première Madame
Bovary, meut de voir sa fortune disparaître. N’est ce pas une façon de prévenir le lecteur que l’on peut
mourir d’argent, comme le fera Emma 350 pages plus tard ? La veuve Dubuc est également une femme
qui a, à sa façon, aimé Charles.

Chapitre 3 : pages 35-41 La noce est décidée. Ce chapitre est très court : il souligne la longueur de
l’attente du mariage et la complexité de la demande : le Père Rouault a bien compris la nature de son
futur gendre qui sera incapable de faire sa déclaration : Il fera lui-même sa proposition à sa fille : si elle
est d’accord, il maintiendra ouvert un certain volet. Charles épouse sans dot Emma qui s’est mariée de
plein gré.

Chapitre 4 : pages 42-48 La noce. Elle est campagnarde, endimanchée, ripailleuse, et bon enfant, un
rien paillarde. Emma aurait souhaité un mariage de nuit éclairé à la torche. Après la nuit de noce,
Charles appelle clairement Emma : « ma femme ». L’arrivée du jeune couple dans la maison de Charles.
Chapitre 5 : pages 48-52 Emma s’installe, en même temps que le malentendu. A l’ivresse de Charles,
enfin heureux, répondent les interrogations d’Emma : où sont la fébrilité, la passion, l’ivresse des
romans ?

Chapitre 6 : 52-58 Description de l’imaginaire d’Emma : Paul et Virginie, (Bernardin de Saint Pierre),
Mademoiselle de la Vallière (la maîtresse du jeune Louis XIV). La vie du couvent, les chansons galantes
apprises en semi-cachette, et aussi la discipline, « antipathique à la constitution d’Emma ».

Chapitre7 : 58-65 Description de l’incommunicabilité entre Emma et Charles. L’amour pataud de
Charles. Emma regrette son mariage. C’est dans se chapitre que se place un évènement qui marquera

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durablement l’imaginaire d’Emma : l’invitation du jeune couple à un bal au château voisin : comme
dans les livres, Emma va côtoyer des comtesses.

Chapitre 8 : 66-77 Description du bal à la Vaubyessard. C’est un chapitre un peu plus long que les très
courts, voire brutaux, chapitres précédents : avant de s’allonger sous la pression de l’ennui et de la
difficulté de vivre, le temps se suspend ici légèrement.

Chapitre 9 : 77-90 Ce long chapitre relate la difficile vie après le bal. Le retour à la médiocrité. Les
dépenses de luxe apparaissent. Le mépris d’Emma pour Charles « le pauvre homme » (cf. p 83). Emma
laisse filer son ménage, jusque là bien entretenu.

Pour plaire à Emma, Charles quitte Tôstes, où il commençait pourtant « à se poser » professionnellement
et à être apprécié.

                        Deuxième partie : l’univers et la mise en place du drame

Chapitre 1 : pages 91-102 Ce chapitre décrit l’univers du drame. L’arrivée de Charles et d’Emma à
Yonville-l’Abbaye. « Contrée batârde », comme le mélange fatal des aspirations d’Emma et de sa
position sociale. Yonville est un bourg isolé, sans route praticable. Bourg assez bucolique au demeurant.
On aurait pu y être, sinon heureux, du moins content et satisfait. L’église a été rebâtie à neuf. Il y a une
Halle pour les marchés, deux auberges, dont l’auberge du Lyon d’or, tenue par la veuve Lefrançois. La
veuve Lefrançois entretient également une sorte de diligence qui fait la navette jusqu’à Rouen. La
diligence est joliment nommée : l’Hirondelle. On trouve une pharmacie, tenue par M Homais qui tiendra
une place souveraine dans la suite du roman. Monsieur Homais est un anticlérical notoire, du reste peu
écouté, et qui deviendra dans l’histoire de la littérature française l’archétype de « l’athée stupide ». On
rencontre aussi un bedeau-fossoyeur qui fait « double profit sur les morts ». Un des autres personnages
est le prêtre, Monsieur le Curé Lestiboudois (on méditera sur le patronyme). Il y a également une
deuxième auberge, tenue par Tellier (on pensera peut être à « la maison Tellier », de Maupassant, dont
on connait la filiation avec Flaubert. Parmi les personnages on trouve également Hivert, conducteur de
l’hirondelle, et Polyte, « le pied bot », dont on lira plus tard la triste histoire. Il y a également M Binet,
percepteur « qui n’émarge pas à la police ». On rencontre également Justin, neveu pauvre de Monsieur
Homais, gardé comme domestique par charité par ce dernier. C’est Justin qui délivrera à Emma l’arsenic
fatal. Enfin, monsieur Lheureux fait son apparition dans l’Hirondelle dès ce chapitre. Monsieur
Lheureux, marchand d’étoffe, c’est un peu l’ange de la mort. C’est lui qui surendettera Emma : dès
l’arrivée d’Emma à Yonville, les motifs de sa mort sont en place.

Chapitre 2 : pages 102-109 Dès l’arrivée, Emma rencontre Monsieur Léon, qui sera son deuxième
amant. Il s’appelle Léon Dupuis. Un patronyme dont la banalité souligne la pauvreté de l’univers
fantasmagorique d’Emma. On remarque dans ce chapitre, lors de la scène du repas à l’auberge le soir de
l’arrivée du jeune couple, une belle scène duale : Homais discute avec Charles de rationalité et
médecine, alors qu’Emma et M. Léon parle de romantisme. Dans une de ses rares paroles à Emma, M
Homais lui indique la petite porte discrète sur le fond du jardin de leur maison, porte qui jouera un grand
rôle amoureux par la suite.. On note page 108 une symbolique prise de possession d’Emma par M. Léon
qui « pose son pied sur le barreau de la chaise d’Emma ». Tard dans la nuit, Emma et Charles quittent
l’auberge et se rendent dans leur nouvelle maison. La maison ou mourra Emma. Dès le vestibule, elle
sent tomber sur elle le froid du plâtre.

Chapitre 3 : pages 110-122 Le lendemain, dès son réveil, elle aperçoit M. Léon par la fenêtre d’en face.
Elle est en, peignoir... Ce chapitre s’attache à décrire plus précisément l’entourage de Madame Bovary :
M. Léon, « qui sait lire la clé de sol », la famille Homais, les rapports ambigus de M. Homais, qui exerce
illégalement la médecine dans son officine, et de Charles Bovary. C’est ici que naîtra Berthe Bovary.
Emma « se compromet » en allant chez la nourrice de Berthe avec M. Léon. La description de sordide

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de l’univers de la nourrice, contraste durement avec le romantisme d’Emma. Même M. Léon en est
gêné.

Chapitre 4 : pages 122-127 Les soirées à Yonville. Léon hésite à faire sa déclaration pendant qu’Emma
attend la révélation de l’amour, sans avoir conscience que son univers se lézarde. Voir ici la métaphore
de la dernière phrase du chapitre : « elle ne savait pas que, sur les terrasses des maisons, la pluie fait des
lacs quand les gouttières sont bouchées, et elle fût ainsi demeurée en sa sécurité lorsqu’elle découvrit
subitement une lézarde dans le mur ».

Chapitre 5 : pages 127-137 «Ce fut un après midi de février, un dimanche qu’il neigeait », que
Monsieur Lheureux, qui apportera la mort à Emma, fit sa première visite.
Ce chapitre enregistre également une visite de Monsieur Léon. Emma se contraint à une vie sérieuse.
Elle entretient son ménage, s’attache à l’éducation de sa fille, s’occupe de son mari. Elle gagne
l’admiration des bourgeois, mais en même temps, elle est « pleine de convoitise, de rage et de haine », et
refoule son amour pour Léon qu’elle reporte sur son mari.

Chapitre 6 : pages 137-152 Dans ce long chapitre, Emma s’efforce de s’ouvrir au prêtre de son état, de
son « mal de vivre », dirait-on de nos jours. Mais celui-ci considère la misère du seul point de vue
économique et ne peut la comprendre. Dans ce chapitre également, Emma repousse son enfant. Puis, la
considérant : « c’est une chose étrange comme cet enfant est laide ». Léon, devant l’insuccès de ses (peu
visibles) tentatives amoureuses, monte à Paris. Ses adieux avec Emma témoignent de leur
incommunicabilité. Ce chapitre annonce la tenue des comices agricoles. Cet événement tiendra une
place considérable dans le roman : c’est à cette occasion qu’Emma entreprendra une liaison avec
Monsieur Rodolphe : sa première liaison (elle en aura deux au total).

Chapitre 7 : pages 152-162 Dans ce chapitre également long, le souvenir de Léon baigne la vie d’Emma
d’ennui. Elle dépense. Elle tombe malade. Charles s’alarme. Monsieur Rodolphe Boulanger amène son
domestique à Charles. Il découvre Emma. Il considère qu’elle ferait une maitresse acceptable. Il soupèse
les ennuis liés à une trop grande proximité (il est voisin), décide finalement « de l’avoir », et pour cela
de l’entreprendre lors des comices agricoles.

Chapitre 8 : pages 162-188 C’est également un long chapitre. Rodolphe rencontre (fortuitement bien
entendu) Emma. Il l’emmène au premier étage de la mairie, alors désert, pour l’entreprendre. Il ne faut
pas penser qu’Emma est une femme facile. Il faudra à Rodolphe mener de nombreuses attaques (trois
dans ce chapitre et deux dans le suivant).
Pour traduire le caractère lamentable de la situation, Flaubert use d’un artifice efficace : les propos
savamment enamourés de Rodolphe sont ponctués des échos qui parviennent des comices. Par exemple :
    - Pour vous, je suis resté
    - - « … fumier »
    - J’emporterai votre souvenir
    - « … pour un bélier Mérinos »
    - N’est ce pas que je resterai quelque chose dans votre vie ?
    - « … race porcine, premier pris ex aequo… »
    -
Le niveau de l’idylle dans laquelle s’engage Emma est ici clairement posé.

Chapitre 9 : pages 189-200 Avec l’assentiment de Charles Bovary, Rodolphe emmène Emma faire une
promenade à cheval. C’est au cours de cette promenade, qu’Emma succombera à Rodolphe, à l’issue de
deux nouvelles attaques bien menées.
Ce chapitre, symbolique de la chute morale d’Emma, se place exactement au milieu du roman :
« elle s’abandonna… » Page 196 dans l’édition étudiée ici, le milieu exact du roman étant passe 192.
A son retour Emma s’enivre : « j’ai un amant, j’ai un amant … ». Les visites de Rodolphe deviendront
régulières.

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Chapitre 10 : pages 201-210 C’est le chapitre des premières imprudences. Emma est vue par Binet en
rase campagne à proximité de la demeure de Rodolphe, à une heure indue. Binet se tait. Le mot
« vitriol » est cité à la pharmacie. C’est l’époque des rendez vous avec Rodolphe dans le jardin ou le
hangar, à la barbe de Charles. Emma suggère à Rodolphe de se munir d’un révolver. Rodolphe semble
se désintéresser d’Emma.

Chapitre 11 : pages 221-225 Sur les instances d’Emma ; et assisté de Monsieur Homais, Charles Bovary
opère Hippolithe de son pied bot. Ce dernier n’en réchappe que par miracle … au pris d’une amputation.
Apparition du docteur Canivet, chirurgien de Rouen, qui assistera à la mort d’Emma. Emma et Rodolphe
recommencent à s’aimer.

Chapitre 12 : pages 225-245 Monsieur Lheureux se réintroduit dans le ménage. Il la « sur-endette »
méthodiquement. Emma prend pour elle-même et donne à sa maison « un genre » qui ne plait pas à sa
belle mère, à qui Charles donnera toujours tort.
Emma demande à Rodolphe « de l’emmener » et se livre en cachette à de couteux préparatifs de départ.
Rodolphe renonce au dernier moment.

Chapitre 13 : pages 241-253 Rodolphe travaille comme un écrivain sa lettre de rupture. Il l’envoie dans
un panier de fruits. Vive réaction d’Emma, qui manifeste une fièvre cérébrale. Charles est désespéré. Il
doit faire également face à des soucis d’argent : Monsieur Lheureux se manifeste, sans que cela n’éveille
le moindre soupçon chez Charles.

Chapitre 14 : pages 253-265 Monsieur Lheureux poursuit Charles. Il lui fait signer des billets. Cet
engrenage causera la mort d’Emma. Emma tente une deuxième fois d’obtenir le secours de la religion.
Monsieur Homais, propose une idée funeste à Charles : emmener Emma au théâtre. Elle y rencontrera
Léon, qui a achevé son droit et est revenu en Normandie.

Chapitre 15 : pages 267-275 Emma au théâtre. Elle se replonge dans ses rêves fantasmagoriques.
(Walter Scott…). A l’entracte, Charles ramène Monsieur Léon dans sa loge. Monsieur Léon a jeté sa
gourme et n’a plus sa timidité de jeunesse. Il propose de sortir. Il devient l’ami de la famille.

                                Troisième partie : le bonheur et la chute

Chapitre 1 : pages 276-293 Dès le lendemain de la rencontre au théâtre, Léon va faire sa cour à Emma.
Le rendez vous est fixé à la cathédrale. Elle se termine dans un fiacre qui roule longuement à travers la
ville, les stores fermés. Cette scène du fiacre jouera un rôle central dans l’accusation de Flaubert lors du
procès.

Chapitre 2 : pages 293-304 A l’occasion d’une bourde de Justin, Emma apprendra l’existence de
l’arsenic dans « le capharnaüm » de Monsieur Homais. Elle apprend également la mort du père de
Charles, par un procédé comique que l’on peut laisser au lecteur le soin de découvrir. Charles est
vivement ému de cette mort qui indiffère Emma, laquelle pense alors aux étreintes de Monsieur Léon. A
l’occasion du deuil de Charles, visite de Monsieur Lheureux, décidément étroitement associé à la mort.
Signature de nouveaux billets à ordre (reconnaissance de dette). Monsieur Lheureux travaille Emma
pour qu’elle obtienne une procuration générale de son mari.

Chapitre 3 : pages 304-306 C’est le plus cout chapitre : le moment idyllique passé à l’hôtel avec Léon
par Emma qui est allée à Rouen s’occuper de la procuration à laquelle Charles a consenti.

Chapitre 4 : pages 307-310

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Léon revient quelques jours à Yonville. Sous prétexte de leçons de piano auprès de Mademoiselle
Lempereur; Emma obtient de Charles d’aller à la ville une fois par semaine. C’est donc un chapitre bref,
mais décisif puisqu’il organise la liaison de Léon et d’Emma.

Chapitre 5 : 310-329 Ce long chapitre qui succède aux deux très courts précédents décrit la vie
amoureuse, presque maritale, d’Emma avec Léon à Rouen. Les retours pénibles pour Emma à Yonville.
Charles à rencontré Mademoiselle Lempereur qui ne connait pas Emma. Emma trouve une explication
convaincante pour Charles. « Dès lors, son existence ne fut plus qu’un assemblage de mensonges ».
Monsieur Lheureux, qui a vu Emma au bras de Léon à Rouen, se fait de plus en plus pressant. Il la
pousse à vendre en cachette (elle a désormais la fameuse procuration), un bien de Charles pour régler
une partie de ses dettes. Madame Bovary mère prend connaissance des dépenses d’Emma, mais son fils,
une fois de plus, lui donne tort et la chasse.
Ce chapitre est celui de l’engluement financier d’Emma, qui se terminera par l’arsenic.

Chapitre 6 : pages 329-348
Monsieur Homais en goguette à Rouen sur l’invitation de Léon. Il saccage son rendez vous avec Emma
Ce rendez vous manqué ternira leurs rapports. Les billets à ordre de monsieur Lheureux font leur
réapparition. L’atmosphère du foyer se tend. Léon est mis en demeure par son employeur de rompre
cette liaison qui ternit la réputation de sa maison. Léon et Emma se détachent insensiblement l’un de
l’autre. A Rouen, Emma va même s’encanailler dans un bal masqué. Quand elle rentre chez elle, la
saisie l’attend. Lheureux ne veut rien entendre.

Ce chapitre est celui ou tout se désunit.

Chapitre 7 : pages 348-364 L’huissier vient faire le relevé de la saisie en l’absence de Charles. C’est le
chapitre de la déchéance. Il se termine par le mot « prostitution » Emma demande à Léon qui refuse de
voler son employeur pour lui donner l’argent dont elle a besoin. Elle aura ensuite une entrevue glauque
avec le notaire, mais elle résistera. En retournant à Yonville, elle aperçoit Rodolphe dans son cab. La
boucle est bouclée. Aux abois, elle décide d’aller chez lui.

Chapitre 8 : pages 364-384 C’est le chapitre de l’agonie d’Emma. Elle tente de renouer avec Rodolphe.
Cela pourrait fonctionner, mais elle lui demande de l’argent trop rapidement. Elle n’a d’ailleurs que peu
de temps. Rodolphe refuse. Semble t il c’est parce que la somme est forte et qu’il ne l’a pas. Elle sort.
Elle sent la folie la gagner. Elle se dirige chez l’apothicaire. Elle subjugue Justin. Elle mange de
l’arsenic à pleine main. Plus tard, en pleine douleur, elle montre à Charles éperdu la lettre ou elle
s’explique.
Ce chapitre se termine en trois phrases courtes, presque brutale. : Une convulsion la rabattit sur le
matelas. Tous s’approcheraient. Elle n’existait plus.

Chapitre 9 : pages 384-393 Le désespoir de Charles. M Homais camoufle le suicide en accident. Après
tout, l’arsenic sort de chez lui. Après mille douleurs, Charles règle les obsèques d’Emma., d’une façon
romantique qui étonne. On note ici la cruelle ironie de cette histoire : si Emma avait pu capter le
romantisme de son mari, si celui-ci avait su l’exprimer …
Monsieur Homais et le prêtre se disputent sur le cadavre d’Emma pendant la veillée de la morte, dans
une scène qui restera dans la littérature anticléricale.
Monsieur Homais est omniprésent. Le père Rouault, mal mis au courant par Homais, s’évanouit devant
le cadavre de sa fille.

Chapitre 10 : pages 393-400 Les obsèques. Le chagrin des proches (le père Rouault, Charles), contraste
avec l’indifférence de l’entourage. Cette nui là, Rodolphe et Léon dormirent tranquillement.
Ce bref chapitre d’une infinie tristesse, se termine par un procédé comique comme pour en atténuer la
violence : le Curé découvre que c’est Justin qui, depuis longtemps, lui dérobe ses pommes de terre.

Chapitre 11 (et dernier) pages 400-414 Ce chapitre est celui de la mort de Charles, et du triste devenir
de sa petite fille Berthe, vouée au malheur et à la misère, sans doute à une mort prochaine La

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domestique se sauve chez Rodolphe après avoir volé toutes les robes, auxquelles Charles tenait tant.
Léon, devenu notaire, se marie (« Comme Emma aurait été heureuse », soupire Charles. Charles finit par
découvrir une lettre de Rodolphe. Il adopte le mode de vie couteux qui plaisait à Emma. : « Elle le
corrompait par delà le tombeau ». Il s’endette à son tour, souffrant par ailleurs de voir sa petite Berthe
en haillons.
Monsieur Homais tourne à Bouvard et Pécuchet à lui tout seul. Il veut la croix. Pour l’obtenir, « il se
vendit, il se prostitua ». Par cette expression Flaubert montre clairement au lecteur, qui, de l’apothicaire
ou d’Emma, est réellement méprisable.
Charles découvre au grenier toute la correspondance d’Emma. Cette fois, il est obligé de comprendre. IL
s’enferme. « pour boire », dit charitablement son entourage.
Il meurt de chagrin. C’est la petite Berthe, dernière cruauté de cette histoire, qui le découvre : « croyant
qu’il voulait jouer, elle le poussa doucement. Il tomba par terre. Il était mort. »
On note encore une fois les phrases extrêmement courtes qui traduisent une situation violente.
Il ne reste aucun argent. Berthe est orpheline, sa grand-mère la recueille mais meurt rapidement. Une
tante pauvre la recueille à son tour, mais la place (à 5 ans !) dans une filature. C’est donc dire que son
sort est scellé.

Monsieur Homais, quant à lui, vient de recevoir la Croix d’honneur.

Le sens de l’histoire

A traduire dans la sensibilité d’aujourd’hui, Emma est morte plus de surendettement que d‘un
romantisme exacerbé et inadapté. C’est aussi l’histoire d’une incapacité à communiquer, tant de la part
d’Emma que de Charles. C’est aussi l’histoire d’un univers extrêmement réduit : Emma « n’a pas eu tant
d’amants que cela », s’est débattue longuement avant de succomber, et revient de l’un à l’autre.
C’est aussi le malheur d’être femme dans une société patriarcale. Cela est transparent au moment de la
naissance de Berthe : « C’est une fille, dit Charles. Elle tourna la tête et s’évanouit ».
Cela n’est pas la perception de l’époque. Cet ouvrage (le premier de Flaubert) a mérité à son auteur un
procès dont il sortira libre et qui fera date dans l’histoire de la littérature française. De façon paradoxale,
on note la fascination du procureur pour l’ouvrage, son résumé de l’histoire a la qualité d’un travail
universitaire. Flaubert est poursuivi pour atteinte à la morale publique, pour lascivité. En particulier, la
scène du cab (le rendez vous avec Léon à Rouen) est citée extensivement. Le procureur souligne
également que l’opinion publique est représentée par la personne grotesque de Monsieur Homais.
La plaidoirie de son avocat est habile. Il convoque Lamartine, Ronsard, etc. Mais au fond, le procureur
voulait il la condamnation de Flaubert ?
Les attendus du jugement, sont à la fois ambigus dans leur formulation mais clairs dans leur
conséquence : Flaubert, de même que l’imprimeur et le libraire également poursuivis, sortent libres sans
même être condamnés aux frais du procès.
 On cite ici l’un des « attendus » du jugement :
« …attendu qu’il y a des limites que la littérature, même la plus légère, ne doit pas dépasser, et dont
Gustave Flaubert et co-inculpés paraissent ne pas s’en être suffisamment rendu compte ;
Mais attendu que l’ouvrage dont Flaubert est l’auteur est une œuvre qui parait avoir été longuement et
sérieusement travaillée, au point de vue littéraire et de l’étude des caractères ; que les passages relevés
par l’ordonnance de renvoi, quelque répréhensibles qu’il soient, sont peu nombreux si on les compare à
l’étendue de l’ouvrage ; que ces passages soit dans l’idée qu’ils exposent, soit dans les situations qu’ils
représentent, , rentrent dans l’ensemble des caractères que l’auteur a voulu peindre, tout en les
exagérant et les imprégnant d’un réalisme vulgaire et souvent choquant »

… dans ces circonstances, attendu qu’il n’est pas suffisamment établi que Pichat, Flaubert et Pillet se
soient rendus coupables des délits qui leurs sont imputés ;
Le tribunal les acquitte …et les renvoie sans dépens ».

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Quelques mots et citations

Dans cet ouvrage, Flaubert s’attache plus à décrire qu’à faire des mots. Il produit des images. Il est assez
ingrat, donc, de rechercher des phrases susceptibles de faire « des citations ».
On peut voir néanmoins son humour à l’œuvre :
A propos du violoniste de la noce : « il cirait longuement de colophane les cordes de son archet, afin
qu’elles grinçassent mieux » ;
Au couvent : « elle s’irritait contre la discipline, qui était quelque chose d’antipathique à sa
constitution » ;
Monsieur Binet : « il encombrait sa maison de ronds de serviette (qu’il faisait lui-même), avec la
jalousie d’un artiste et l’égoïsme d’un bourgeois ».
Les enfants Homais : « ils portaient tous, impitoyablement, des bourrelets matelassés » ;
A propos de la promenade à cheval avec Rodolphe : « quand le costume d’Emma fut prêt, Charles
écrivit à Rodolphe que sa femme était à sa disposition » (sic !) ;

On trouve aussi des images d’une belle poésie :
L’eau qui court au bord de l’herbe sépare d’une raie blanche la couleur des prés et celle des sillons, et
la campagne ainsi ressemble à un grand manteau déplié qui avait un collet de velours bordé d’un gallon
d’argent (II, 1)
De même, lors de sa promenade à cheval avec Rodolphe « Les ombres du soir descendaient. Le soleil
horizontal, passant entre les branches, lui éblouissait les yeux. Ça et la, tout autour d’elle, dans les
feuilles ou par terre, des tâches lumineuses tremblaient, comme si des colibris, en volant, eussent
éparpillé toutes leurs plumes »,
Ou plus durement :
« Son voyage à la Vaubyessard avait fait un trou dans sa vie, comme ces crevasses que font parfois les
orages... »
Sa fille : « c’est une chose étrange, pensa Emma ; comme cet enfant est laide » ;
Rodolphe : « son amour… parut se diminuer sous elle, comme l’eau d’un fleuve qui s’absorberait dans
son lit, et elle aperçut la vase (NDLR : de leur union)

Bibliographie
La tentation de Saint Antoine (1849)
Madame Bovary -1851-1856)
Salammbô (1858-1862)
L’éducation sentimentale (1863-1869)
Trois contes (1877) – vif succès
Bouvard et Pécuchet 1880- inachevé
Quelques essais malheureux au théâtre :
Le candidat (1874)
Le château des cœurs (1879)
On lira également avec grand plaisir le très utile « dictionnaire des idées reçues »
Sa première Œuvre date de 1836 –à 15 ans- Elle s’intitule « mémoire d’un fou ». Peut être une autre
filiation avec Maupassant ?

Remerciements
Le livre de Poche dont la post face est utilisée ici pour la biographie et la bibliographie. Lire également
la préface de Félicien Marceau : Madame Bovary est elle une « raseuse » ?

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