L'ACCORD DE VANCOUVER - PROGRAMME D'ÉTUDES DE CAS DE L'IAPC WWW.IAPC.CA/ETUDESDECAS
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Collection d’études de cas de l’IAPC Rédacteur : Andrew Graham – andrew.graham@queensu.ca Depuis plusieurs années, l'École de la fonction publique du Canada (EFPC), en partenariat avec l'Institut d'administration publique du Canada (IAPC), produit une série d'études de cas utilisées dans le cadre des activités d'apprentissage de l'école et aux fins d'usage général au sein des provinces, et ce, en vue de partager l'apprentissage organisationnel par l'entremise du programme d'études de cas de l'IAPC. Les cas, élaborés en concomitance avec des partenaires répartis sur plusieurs provinces, mettent résolument l'accent sur les activités du gouvernement fédéral. Nous remercions tous les services et ministères qui ont accepté de partager leurs idées et expériences et de les mettre au profit des autres. Chaque cas sera constitué du cas en lui-‐même ainsi que d'une petite note d'apprentissage présentant des suggestions d'usages et de thèmes. Les enseignements tirés, issus des observations des acteurs interrogés, ainsi qu'une documentation écrite et une analyse de la part de l'auteur et du rédacteur du cas seront également inclus. Pour de plus amples informations sur la série ou sur cette étude de cas en particulier, contactez Andrew Graham (Andrew.Graham@queensu.ca), rédacteur de la série des cas d'étude de l'IAPC. Tous les cas ont été élaborés par un chercheur/rédacteur puis montés. La recherche se base sur l'analyse de la documentation publiée et des entrevues réalisées avec les acteurs impliqués dans le cas. Les entrevues sont toutes traitées avec confidentialité et les citations qui en découlent ne sont pas attribuées à un individu identifiable. Site Web pour toutes les études de cas de l’IAPC : www.iapc.ca/EtudesDeCas et www.iapc.ca/Magasin L’Accord de Vancouver Auteur, Andrew Graham, School of Policy Studies, Université Queen’s, Kingston, Canada Sincères remerciements à l’École de la fonction publique du Canada pour l’appui financier qu’elle a apporté pour entreprendre ce travail. Les opinions exprimées dans ce rapport ne sont pas nécessairement celles de l’École de la fonction publique du Canada ni celles du gouvernement du Canada. Sommaire L'Accord de Vancouver est une entente de développement urbain conclue entre les gouvernements du Canada, de la Colombie-‐Britannique et de la ville de Vancouver. Signée en mars 2000 pour une durée de cinq ans, l'entente a été renouvelée en avril 2005 pour une nouvelle période de cinq ans. L'entente a été reconnue comme un exemple novateur de travail fructueux de collaboration en matière de gouvernance urbaine et de coopération intergouvernementale. Elle a reçu le prix de gestion innovatrice de l'Institut d'administration publique du Canada, un prix de l'Organisation des Nations Unies de la fonction publique pour l'amélioration de la transparence, de la reddition de comptes et de la capacité d’adaptation des services publics, ainsi qu’un Prix du partenariat de l'Association professionnelle des cadres supérieurs de la fonction publique du Canada. La présente étude de cas comporte des notes d’enseignement. Date de Publication: 2010 Photo couverture : Bernie Kasper, Madison Indiana Photography -‐ http://sindianavisions.wordpress.com/ Page 1
L'Accord de Vancouver Préparée par Andrew Graham Renseignements de base Cette entente pluri-‐gouvernementale visait à améliorer les services dans le quartier est du centre-‐ville [QECV] de Vancouver et à restaurer le quartier, un secteur rongé par de graves problèmes sociaux, la consommation abusive de drogues et la criminalité. La présente étude de cas examine le processus de création et le fonctionnement de l'Accord pendant sa durée. L'objectif de l'étude de cas est de fournir des informations contextuelles pour l'étude des questions de de gestion et de politique publique, notamment : • la coopération intergouvernementale • la gestion d’accords complexes • la gouvernance d’un projet de collaboration • les négociations • la politique sociale. Pour les praticiens de la gestion et de la politique publique, le cas illustre bien également les leçons tirées de la création de mécanismes de gouvernance utiles, du processus d'engagement politique et bureaucratique, du soutien à un projet pendant les transitions de gouvernements et l'évolution des priorités dans le temps, et cela dans un environnement complexe et exigeant. Documents de référence Le Secrétariat de l'Accord de Vancouver a lui-‐même fourni une grande partie des données de l'étude de cas. La plupart d'entre elles se trouvent sur le site Web de l'Accord http://www.vancouveragreement.ca/. L'information additionnelle provient d'entrevues avec diverses personnes qui ont participé à la gestion de l'Accord. La documentation qui en a été tirée a été organisée en un format d’étude de cas. Il ne s'agit pas de recherche originale, mais de l'assemblage de matière existante. En raison de la richesse de la documentation, des références additionnelles sont fournies à la fin de l’étude de cas, permettant aux étudiants d’approfondir des domaines particuliers. Page 2
Origines de l'Accord Le quartier est du centre-‐ville a été le premier établissement de Vancouver; il comprend les quartiers de Strathcona, Chinatown (quartier chinois), Gastown, Victory Square et Oppenheimer/Japantown (quartier japonais). QUARTIERS DE L'EST DU CENTRE-‐VILLE Burrard Inlet -‐ Inlet Burrard Gastown – Gastown Oppenheimer – Oppenheimer Hastings Street – Rue Hastings Industrial Area – Secteur industriel Hastings Corridor – Corridor de la rue Hastings Victory Square – Victory Square Chinatown – Quartier chinois Main Street – Rue Main Thornton Park – Parc Thornton Strathcona -‐ Strathcona] Cette partie de la ville était autrefois un secteur plein de vie où l’on trouvait des sièges sociaux, des banques, des théâtres, des hôtels, des grands magasins, une bibliothèque et des logements pour personnes à faible ou à moyen revenu. La disparition progressive des habitations à loyer modéré dans d’autres parties Page 3
de la ville et la désinstitutionalisation de milliers de patients des établissements psychiatriques ont poussé plus de personnes à chercher un logement à prix abordable dans le quartier est du centre-‐ville. Au début des années 1990, lorsque les problèmes de stupéfiants se sont aggravés dans l’ensemble de la société, plus de toxicomanes se sont installés dans le quartier et en ont fait un centre pour le trafic de stupéfiants et les activités criminelles qui y sont associées. Cette situation a entraîné des répercussions sur toute la collectivité, et elle a particulièrement touché les entreprises locales. En même temps, d’importants détaillants et de grands édifices publics ont déménagé sur la rue Granville, le nouveau centre-‐ville de Vancouver. Malgré ces changements, les résidents établis ont réussi à maintenir le dynamisme des quartiers centraux. Vers la fin des années 1990, la perception générale du QECV comme étant une zone de crise a fait ressortir les années d'échec persistant des politiques et de négligence politique chronique. Le conseil municipal avait déjà entrepris des démarches pour intégrer la prestation de services au niveau des quartiers dans tout Vancouver. Les planificateurs du quartier est du centre-‐ville soutenaient qu'une telle coordination de la politique entre les services de la ville serait inadéquate pour ce quartier sans la participation active des organismes gouvernementaux provinciaux et fédéraux pertinents. Philip Owen, le maire de Vancouver à l'époque, a consacré énormément d'efforts politiques à l'établissement d'un partenariat de grande envergure entre des organisations gouvernementales et non gouvernementales pour s’attaquer aux problèmes de toxicomanie et de criminalité à Vancouver, particulièrement dans le quartier est du centre-‐ville. Une grave crise de santé dans le QECV a été l'élément déclencheur de l'Accord de Vancouver – une forte incidence de maladies mentales, de toxicomanie et de VIH/sida touchait la population locale. Les autorités sanitaires ont déterminé que le quartier est du centre-‐ville était le centre d’une épidémie de VIH dans la région. En 1998, l’administration municipale de Vancouver a approuvé un programme de mesures stratégiques pour le quartier est du centre-‐ville (Program of Strategic Actions for the Downtown Eastside) afin de s’attaquer à la criminalité, à la pauvreté, à l’abus d’alcool et d'autres drogues, aux problèmes des sans-‐abri, et d’améliorer la santé et la sécurité des résidents et de favoriser la revitalisation économique. Un programme d'ensemble de cinq ans portant sur la revitalisation du QECV visait à « créer une collectivité saine et sûre ». Le plan avait reçu l'aval d'une coalition d'organisations locales, de groupes d’intervention, des prestataires de services de première ligne de tous les paliers de gouvernements et de nombreux citoyens des diverses collectivités. Empressé d'institutionnaliser la toute nouvelle collaboration établie par la coalition, le maire Owen a cherché une plateforme politiquement viable pour l'appuyer – une plateforme qui lierait stratégiquement les gouvernements provincial et fédéral, de qui relevaient des secteurs de compétences particulières dans le quartier. Dans le cours des discussions qui ont eu lieu entre le bureau du maire et le personnel du gouvernement fédéral de Santé Canada sur les problèmes de Vancouver en matière de stupéfiants, il n'est donc pas surprenant si les ententes relatives au développement urbain ont rapidement été reconnues comme un modèle de gouvernance prometteur. Bien qu'il n'existe aucune définition rigide dans de telles ententes, on y retrouve certaines caractéristiques : Page 4
• l'intégration ou la coopération horizontale entre les organismes gouvernementaux et non gouvernementaux, • un modèle de gouvernance à long terme, • une attention prioritaire aux problèmes sociaux et économiques dans une région ou un territoire particulier, et l'engagement envers un processus continu de résolution de problèmes ou d'orientation de politique. De telles ententes, sous diverses formes pour convenir à leur situation particulière, existent à Winnipeg, Saskatoon et Regina, tout comme à Vancouver Il est important de souligner que la ville de Vancouver n'avait pas la compétence ni le financement voulu pour remédier pleinement aux problèmes sociaux et économiques complexes et systémiques associés au QECV. À mesure que la compétence, les connaissances spécialisées et le financement ont été répartis entre les trois paliers de gouvernement et divers organismes au sein de ces gouvernements, la participation de ces autres paliers de gouvernement a été nécessaire. La formulation de l'Accord de Vancouver, qui s'est poursuivie sur une longue période, témoigne de la complexité des négociations nécessaires pour attirer divers organismes publics de trois paliers de compétence. Un facteur important dans de tels efforts provient de la difficulté que pose la coordination entre les entités partenaires. Dans le cas présent, dès le départ, 12 ministères fédéraux, 19 ministères ou organismes provinciaux et 14 services municipaux avaient une certaine forme de responsabilité consistant à remédier aux problèmes du QECV, et cela incluait le conseil scolaire de Vancouver et les autorités sanitaires de Vancouver (Vancouver Coastal Health Authority). Par ailleurs, selon les estimations, quelque 300 organismes communautaires intervenaient dans le QECV. Les participants au projet ont indiqué que cette phase et le démarrage initial ont constitué des périodes de grande vulnérabilité. Comme l'a fait remarquer un observateur, « Pour arriver à lancer une initiative, il faut qu'au moins une personne s’y consacre pleinement ». Dans le cas présent, le maire et la directrice générale de la ville, ainsi que le sous-‐ministre adjoint de Diversification de l'économie de l'Ouest Canada ont joué ce rôle clé pour lier les parties, persuadant les moins convaincus, les moins enthousiastes ou ceux qui ne s'étaient engagés qu'à moitié. Les trois gouvernements ont donné leur aval à une version provisoire de l'Accord de Vancouver en juillet 1999; un processus d'examen qui a suivi au quartier est du centre-‐ville [Conseil municipal de Vancouver, 1999] a donné lieu à une rétroaction positive, et la signature officielle de l'Accord de Vancouver a eu lieu en mars 2000. L'Accord initial L'intention originale de l'Accord avait été de rallier les efforts de collaboration au profit d'une situation unique et exigeante – le quartier est du centre-‐ville (le QECV). Il n'existait aucun objectif de créer un nouveau palier d'organisme gouvernemental en tant que tel. Tous les gouvernements conservaient leur autonomie. Le projet même de l'Accord n'avait pas pour but d'obtenir du financement indépendant, mais devait plutôt devenir un mécanisme permettant d'orienter les efforts et les ressources. La situation a changé en 2003 avec l'injection de financement sous le contrôle du projet. Pour ce qui est de la façon dont les gouvernements se sont organisés pour participer au projet, la ville était peut-‐être mieux qualifiée que les autres paliers de gouvernement. Son infrastructure comprenait un groupe de Page 5
services communautaires qui offrait un cadre organisationnel logique au sein même de la ville. Les gouvernements fédéral et provincial ont dû créer des organes spécialement conçus pour l'Accord. Au palier fédéral, cependant, Diversification de l'économie de l'Ouest Canada, un petit ministère fédéral de développement régional dont les fonctions de coordination étaient explicites, a pu fournir la plateforme de collaboration. Aux termes de l'entente, la responsabilité des décisions incombait à un Comité des politiques comprenant le ministre fédéral de Diversification de l'économie de l'Ouest Canada, le ministre provincial des Services aux communautés, aux Autochtones et aux femmes et le maire de Vancouver. Parce qu'il s'est avéré difficile de planifier des réunions auxquelles les trois personnes pouvaient être présentes, dans la pratique, le Comité des politiques ne s'est pas réuni plus de deux fois par année, déléguant la direction stratégique et les responsabilités de mise en œuvre à un Comité de gestion composé de trois hauts représentants de chaque palier de gouvernement. Malgré des différences appréciables en matière de compétence et de capacité financière, une règle exigeant que les décisions soient prises à l'unanimité a permis à chaque partenaire gouvernemental d'exercer un pouvoir égal dans les deux collectivités. Le principal comité opérationnel de l'Accord de Vancouver était une Équipe de coordination qui se réunissait toutes les deux semaines et assurait la liaison avec une série d'équipes de travail chargées de mener à bien les objectifs stratégiques que précisait le Comité de gestion. L'équipe de coordination a également encouragé la création d'une série d'équipes de travail axées sur les problèmes à résoudre et portant sur la réduction des méfaits, le logement, les femmes, la sécurité alimentaire et les Autochtones, équipes avec qui elle se réunissait régulièrement et qui œuvraient à la mise en place des objectifs stratégiques dans la rue. Les équipes de travail n'avaient pas le pouvoir de prendre de décisions. Elles n'avaient pas de fonds. Elles devaient obtenir le financement dans les structures existantes, et les ministères en conservaient entièrement le contrôle. C'est ainsi qu’ont été créés, ce qu'une personne interrogée a appelé des « comités d'anticipation », qui s'efforçaient d'évaluer les possibilités au sein des programmes existants. Les secteurs stratégiques d'intervention de l'Accord étaient la santé, la revitalisation économique, la sécurité et le logement. Dynamique de collaboration Après la signature de l'Accord, la mise en place des éléments liés tant à la gouvernance qu'à l'action a fait que l’on a perdu du temps. Très peu de travail a été fait pour établir la dynamique de travail du modèle de gouvernance décrit précédemment. En fait, pendant la période initiale, le milieu était caractérisé par une absence de formalité. Les réunions se déroulaient sans qu'on en prenne le procès-‐verbal et le suivi sur les décisions était laissé aux membres participants. C'est ainsi qu'il a fallu du temps et énormément d'énergie pour faire avancer le projet. Un participant a fait remarquer que « les processus auraient pu être mieux structurés ». En fait, ce n'est pas avant 2002 que les divers gouvernements ont réussi à s'entendre sur un plan stratégique, ce qui a été perçu comme une perte de potentiel et d'énergie du processus. Certains ont peut-‐être jugé que cette période avait été nécessaire pour clarifier les rôles. Pour ce qui est des forces politiques entourant l'Accord, le maire Philip Owen, qui était au cœur de l'activité municipale initiale, a été défait en 2002. Bien que l'entente ait alors perdu un de ses champions originaux, son successeur, le maire Larry Campbell, était tout aussi engagé envers les quatre piliers de la philosophie et le Page 6
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