L'AGRICULTURE, L'EXPLOITATION DE LA FORÊT ET L'ÉLEVAGE
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14 L’agriculture, l’exploitation de la forêt et l’élevage Principales sources : Service du développement rural (SDR), Institut d’émission d’outre-mer (IEOM), Institut de la Statistique (ISPF)
14 14 L’AGRICULTURE, L’EXPLOITATION DE LA FORET ET L’ELEVAGE L’agriculture, l’exploitation de la forêt Les îles Australes, avec leur climat relativement de francs, en augmentation depuis 2011. Afin de et l’élevage frais, sont le grenier des productions tempérées. pérenniser la filière et de diminuer son besoin 14 % des agriculteurs occupent 16 % de la SAU en subventions, plusieurs avancées et projets polynésienne et produisent 7 % de la production sont présentés : utilisation de l’huile de coprah agricole totale de Polynésie. L’autoconsommation pour faire tourner les groupes électrogènes du est importante et l’archipel est spécialisé dans les nouvel hôtel de luxe de Tetiaroa, changement cultures maraîchères et fruitières, comme la pom- de la presse de l’huilerie de Tahiti ou étude de me de terre ou le litchi. Dans cet archipel, le ton- nouvelles techniques pour produire de l’huile de L’agriculture nage total a progressé de 2 % depuis 2005 pour s’établir à près de 2 000 tonnes. coco vierge. Face à la forte production, des problèmes de La monoculture du coprah est localisée aux Tua- séchage peuvent survenir, entraînant une hausse motu où plus de 25 000 ha de cocoteraies ont été de la production de coprah de seconde qualité. Le secteur agricole ne constitue pas un secteur Le nombre d’exploitations a diminué depuis 2006 majeur de l’économie polynésienne. Avec 7,4 pour s’établir à 5 649, la plupart sont familiales et recensées en 2012. 88 % des entreprises agricoles 66 % de la production de coprah a lieu dans les milliards de produits agricoles et agroalimentaires de taille modeste. Les exploitations individuelles exploitent exclusivement le coprah. En progres- Tuamotu mais près de 20 % sont également commercialisés en 2012, l’agriculture arrive représentent 98 %, elles emploient en moyenne sion de 14 % depuis 2005, la production agricole produits aux ISLV et 8 % aux Marquises. Les largement derrière le tourisme (40 milliards) 3 personnes. Les productions agricoles sont totale est de 8 320 tonnes en 2012, dont 8 269 recettes du coprah représentent une ressource ou de la perliculture (11 milliards). Ces chiffres, dominées par le coprah et la polyculture. de coprah. importante pour les îles et particulièrement et la place de l’agriculture dans l’économie, les Tuamotu/Gambier où la chute de l’activité Production de coprah doivent être relativisés à cause de l’importance La politique forestière de reboisement, longtemps perlière a déplacé en partie la main d’œuvre vers de l’autoconsommation des produits agricoles, orientée vers le Pin des Caraïbes est recentrée le coprah. estimée à plus de 10 milliards de FCP par an. La aujourd’hui vers les essences de bois précieux. production agricole ne contribue que pour une (tonnes) faible part (3 %) au produit intérieur brut de la L’élevage des caprins est responsable d’une 14000 Polynésie française. importante perte de biodiversité dans certaines îles. Le secteur occupe un peu plus de 15 000 actifs, Copyright : F. Seguin soit la moitié des chiffres de 2006 et quasiment le Les problèmes environnementaux sont liés aux 12000 même nombre qu’en 1996. ravageurs des cultures ainsi qu’aux pesticides utilisés, bien que le volume de leurs importations L’agriculture polynésienne occupe à peine 9 % ait diminué de 17 % depuis 2006. La lutte biologique 10000 des terres émergées (près de 40 000 ha de est une priorité depuis 2012. Polyculture maraîchère surface agricole utilisée), répartie en 30 000 ha de cocoteraies, 7 000 ha de pâturages et 3 000 ha de 8000 cultures. Les produits de l’agriculture 6000 L’agriculture par Aux îles Marquises, la vocation agricole s’intensi- fie. L’archipel représente plus de 50 % de la SAU Le coprah 4000 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 archipel 199 199 199 199 199 200 200 200 200 200 200 200 200 200 200 201 201 201 avec 15 % des agriculteurs et 6 % de la production. Evolution de la production de coprah - Source : SDR C’est le seul archipel pour lequel l’activité agricole Le cocotier fait l’objet d’une monoculture de La Polynésie française présente un climat propice est en progression depuis le dernier recensement subsistance dans plusieurs atolls des Tuamotu et à l’agriculture tout au long de l’année, notamment de 1995 (+22 % d’agriculteurs et +35 % d’exploi- apparaît comme un complément primordial dans sur les îles hautes. Les surfaces mécanisables sont tations). De très nombreuses exploitations de de nombreuses exploitations. La coprahculture, restreintes en raison du relief mais les sols ont un cultures aromatiques et florales ont vu le jour. forte de près de 30 000 ha représente 36 % des potentiel agronomique satisfaisant. En revanche, la surface de pâturage a diminué de exploitations.Avec plus de 2 000 chefs d’entreprises 56 %. La production totale s’est effondrée depuis et 4 000 actifs, cette activité est une composante Concentrant 22 % de la surface agricole utilisée 2005, perdant 71 % de son tonnage en raison de majeure de l’agriculture polynésienne. (SAU), avec 25 % des agriculteurs et 38 % de la la chute de production du noni passant de 4 800 à production, les îles du Vent sont le premier pôle 436 tonnesSAU entre par2005 type et de 2012. culture par archipel Depuis 1998, la production est globalement à la Copyright : F. Seguin agricole de Polynésie française et alimentent le hausse, avec de légères fluctuations chaque année, marché de la consommation de Papeete. Certaines sauf en 2010 où elle a connu une chute brutale, grandes productions maraîchères et fruitières (ha) avant de repartir fortement en hausse dès 2011. (tomates, concombres, ananas) sont produites dans 800 La production de coprah représente 42 % de la cet archipel. La concentration est particulièrement production agricole totale, elle s’établit en 2012 Séchoir à coprah 700 importante chez les éleveurs, 85 % des volailles, à 12 374 tonnes, soit 21 % de plus qu’en 2006. 68 % des porcins et 47 % des bovins y sont élevés. 600 Alors qu’à cette époque, c’est la production de La dernière décennie a vu une intensification des fruits qui était majoritaire en Polynésie française Les fruits productions malgré d’importantes contraintes 500 (31 % de fruits pour 27 % de coprah), la tendance foncières. Avec une production en baisse de près 400 s’est inversée et c’est maintenant le coprah qui Les principaux fruits cultivés en Polynésie française de 22 % depuis 2005, les IDV restent le premier est en tête. sont l’ananas (îles du Vent), la pastèque, le melon et producteur de fruits (6 324 t en 2012). 300 La hausse de la production peut s’expliquer par le coco sec (îles Sous-le-Vent). 200 la situation de crise économique qui induit les L’offre en fruits frais varie selon l’année autour de Aux Iles Sous le Vent, 27 % des agriculteurs se familles à reprendre les zones de production et 9 000 tonnes. Les 4 principaux produits représen- concentrent sur seulement 9 % de la SAU et pro- 100 de cueillette jusqu’alors délaissées. Les pouvoirs tent 81 % en tonnage et 71 % en valeur. duisent 21 % de la production agricole totale. L’ar- publics soutiennent financièrement la filière, la L’ananas à lui seul représente près de 50 % de la 0 chipel est caractérisé par la production de vanille, ÎDV ÎSLV Marquises Australes Tuamotu totalité de la production est transformée par production de fruits, en augmentation depuis 2005. cultivée sur 84 ha au sein de 508 exploitations. En l’huilerie de Tahiti appartenant au Pays, qui achète La pastèque représente 13 % de la production Fruitières Vivrières Aromatiques tonnage, fruits et coprah sont ses 2 productions à un prix fixe assez élevé (une subvention lui est de fruits, en diminution (18 % en 2005). C’est la principales avec respectivement 2 420 et 2 412 Maraichères Florales attribuée pour compenser la différence avec le production de bananes qui a le plus évolué, passant tonnes en 2012. La production totale a baissé de Surface agricole utilisée en 2012 par type de culture selon les archipels cours international du coprah). En 2013, cette de 8 % à moins de 3 % de la production. Les 23 % depuis 2005. Source : SDR subvention s’est élevée à plus de 1,3 milliards autres fruits restent à part égale. La production 4 5
14 L’AGRICULTURE, L’EXPLOITATION DE LA FORET ET L’ELEVAGE LES PRESSIONS ET LES ACTIVITÉS HUMAINES Production par type de culture par archipel (tonnes) La production de légumes subit une pression phytosanitaire importante avec une sur-fertilisation La vanille L’agriculture et 6500 et des sur-traitements. Les prix sont élevés pour La production de vanille mûre est traditionnelle- l’environnement une qualité faible. ment implantée dans les îles Sous-le-Vent, prin- 5200 cipalement à Tahaa, Raiatea et Huahine. Dans les Les ravageurs des cultures Le nono années 60, la Polynésie française était l’un des 3900 3 plus gros producteurs mondiaux, avec une récolte En 2010, le SDR a publié un guide de reconnais- La production de nono, ou noni (Morinda citrifolia), annuelle de 200 à 300 tonnes. En 2012, la produc- sance des insectes et acariens des cultures maraî- 2600 a considérablement chuté depuis 2005, passant de tion est de 55 tonnes, en augmentation depuis chères, fruitières et vivrières de Polynésie française. 8 200 tonnes à seulement 2 400 tonnes en moyen- 2005 (49 tonnes). Les exploitations de vanille tra- Ce guide permet l’identification des ravageurs et ne depuis 2009. Cette perte est due en partie à la ditionnelle représentent 40 % du total, après une propose des moyens de lutte. On distingue les 1300 forte concurrence des prix dans le Pacifique et en forte baisse, un retour aux anciennes exploitations ravageur primaires qui causent des dégâts impor- Asie. Les Iles du Vent et les Marquises regroupent s’est opéré suite à la crise économique. Le reste tants dans les cultures et mettent en péril la pro- 0 de 50 à 70 % de la production selon les années. des exploitations se fait sous ombrière, une culture duction, des ravageurs secondaires qui occasion- ÎDV ÎSLV Marquises Australes Tuamotu Le prix moyen au kilo frais stagne depuis 2010 et professionnelle qui devrait normalement voir une nent des dégâts dans certaines conditions et ne Fruitières Vivrières Aromatiques les exportations de produits transformés (jus ou production plus importante, au moins 60 tonnes mettent pas en péril l’exploitation. La Polynésie Maraichères Florales purée) ont beaucoup baissé.. par an. Les exportations de vanille sont en hausse, est la cible de très nombreux acariens et insectes Production agricole en tonnes en 2005 et 2012 par type de culture comme le prix moyen à l’export. ravageurs de cultures, en raison notamment de la Source : SDR température élevée toute l’année accélérant leur de fruits subit une pression phytosanitaire reproduction. On compte aussi des gastéropodes importante, et pâtit du manque de foncier. (escargots et limaces),des oiseaux (bulbuls et merles L’investissement est important, les premières des Molluques) et des rongeurs (souris et rats). années sont sans production ; la production est ensuite trop saisonnière entraînant des difficultés Les principaux ravageurs sont : de commercialisation. • les mouches des fruits pour toutes les cultures fruitières, • l’hispine du cocotier, un coléoptère s’attaquant surtout aux jeunes cocotiers et provoquant leur Copyright : F. Seguin dessèchement et leur mort en moins de 2 ans, • les aleurodes, les mouches mineuses et les thrips, principaux ravageurs des maraîchers, provoquent l’affaiblissement ou la déformation des plants. Exportation Récolte de nonode noni Les mouches des fruits : quatre espèces de (tonnes) mouches des fruits nuisibles sont présentes. 7500 • Batrocera kirki, présente dans toutes les îles sauf Rapa et les Marquises ; • Batrocera tryoni présente dans toutes les îles sauf Copyright : LHP 6100 Rapa ; • Batrocera dorsalis présente dans les îles de la Copyright : Epic Vanille Champ ananas Société et des Marquises, à Rimatara et Rurutu ; 4700 • Batrocera xanthodes présente à Rurutu et Rimatara. Les légumes 3300 Vanille sur pied Le statut phytosanitaire des îles Marquises a été extrêmement privilégié jusqu’à l’apparition, en Les productions maraîchères du territoire varient 2001 de B. tryoni dans l’île de Tahuata. La mouche autour de 4 700 tonnes par an depuis quelques 1900 Le café a été plus tard identifiée puis éradiquée à Atuona, avant d’être à nouveau observée en 2002 dans la années, alors que jusqu’en 2005 elles atteignaient plus de 6 500 tonnes. Produits en grande partie Le café polynésien est récolté aux Australes où le vallée de Hanameno, au nord de Hiva Oa. dans les Iles du Vent (à 72 %) et aux Australes 500 potentiel de production annuelle avoisinerait les 30 Les effets de la mouche des fruits sur la production sont potentiellement graves : les rendements des 7 8 7 9 8 9 0 0 1 2 3 4 5 6 1 2 3 (à 18 %), les légumes sont représentés par la tonnes. La production est de 12 tonnes en 2012, en 199 199 200 199 200 200 201 201 200 200 200 200 200 200 200 201 201 tomate (22 %), le concombre (14 %) et le choux augmentation depuis 2005 (8,7 tonnes). La faible goyaviers, manguiers et agrumes peuvent être Exportations de nono - Source : ISPF vert (12 %). Salades, pommes de terre et carottes rémunération du travail, les méthodes de récolte fortement diminués (jusqu’à 30 voire 50 %). Les représentent chacune environ 8 % de la production. et de traitement non maîtrisées et l’incertitude citrons sont moins touchés que les autres fruits. On note une augmentation du tonnage produit en du marché local sont les principaux problèmes de La lutte par pose de pièges et par pulvérisation 2012 liée à la production de pommes de terre, de Les produits vivriers cette production. par spot est efficace et diminue les pertes à moins choux verts et de carottes. de 5 %. Certaines éradications ont été observées, La production vivrière se maintient autour des comme B. tryoni à Rapa en 2004. 1 000 tonnes par an depuis des années, c’est L’horticulture une filière peu professionnelle et peu organisée. La lutte contre la mouche des fruits est une priorité L’essentiel des productions vivrières est concentré Elle est caractérisée par la production de plantes en Polynésie. Le service du développement rural aux îles du Vent (60 % du total) et aux Iles Sous le en pot, de fleurs coupées et de feuillages destinés (SDR) a mis en place : Vent (20 %). Le taro est le plus consommé (60 % aux hôtels, aux activités folkloriques ou à l’artisanat. • Une lutte chimique et hormonale : des opérations du total), suivi par les bananes (18 %) et la patate La production varie autour de 400 tonnes par an, de contrôle des mouches des fruits par des douce (12 %). en majorité du tiare Tahiti, des plantes en pot et procédés chimiques ont été conduites par le Les produits sont essentiellement réservés à des musacées, ainsi que du pandanus. Suite à l’arrêt SDR à Tahiti depuis 1997, puis aux Australes et l’autoconsommation, en dehors de Tahiti. Les îles de la production de lys à Tubuai, les recettes de aux Marquises. Copyright : E. Mercier de Rurutu et Rimatara commercialisent une partie la production de fleurs ont diminué de près de • La lutte biologique par l’introduction d’une guêpe des taros vers la zone urbaine de Papeete. La 5 %. L’horticulture est une production irrégulière parasitoïde (Fopius arisanus). filière souffre de la concurrence avec les produits qui manque de diversité. Elle entre en concurrence • Des programmes d’éradication de la mouche importés. avec la fleur artificielle. B. dorsalis à Hao aux Tuamotu, à Tahiti et Moorea. Vente de produits maraîchers 6 7
14 L’AGRICULTURE, L’EXPLOITATION DE LA FORET ET L’ELEVAGE LES PRESSIONS ET LES ACTIVITÉS HUMAINES L’hispine du cocotier La culture sur motu et s’établissent à plus de 700 tonnes en 2013, la hausse étant due uniquement aux importations 2012) par rapport à la LMR. L’hispine du cocotier (Brontispa lonaissima) La culture des pastèques et des melons, notamment, de désinfectants à usage agricole. L’importation Ces mêmes analyses sont réalisées au sein appartient à la famille des Chrysomelidae, ordre se pratique dans les Iles Sous-le-Vent, sur les motu d’insecticide est toujours en baisse. d’un laboratoire ILM-SDR, 2 fois par an, sur les des Coléoptères. Recensée dès le début des années du récif barrière des îles hautes, Huahine, Maupiti, En utilisant le principe de calcul de Venayre produits de consommation courante, sur la base 1960, elle s’est répandue dans toutes les îles de surtout mais également Bora-Bora, Raiatea et (2012) dans son étude sur la consommation de du volontariat des agriculteurs. Le SDR a investi la Polynésie française. Les larves sont à l’origine Tahaa. Le sol calcaire de ces motu est impropre pesticides et d’engrais en Polynésie française (voir dans des machines de précisions pour effectuer des dégâts en se nourrissant aux dépens des à la culture et les pastèques sont donc cultivées encadré), on obtient une utilisation moyenne de ces analyses en interne à partir de 2014. Une série jeunes folioles non ouvertes des cocotiers. Pour dans des fosses remplies de terre issue de l’île produits actifs de : 10 kg/ha de terres arables sur la de tests a été réalisée pour caller les appareils en lutter contre ce ravageur, un parasite Tetrastichus haute. On compte ainsi environ 200 000 trous de période 2010-2013. C’est 23 % de moins que celle envoyant en double les échantillons en France et brontispae fut introduit au début des années 1960 0,4 par 0,2 m, ce qui représente un volume de calculée sur la période 2004-2009, mais cela reste Nouvelle Zélande. à Tahiti. Cet agent de lutte biologique (auxiliaire de terre d’environ 16 000 m3 renouvelée tous les toujours 2,5 fois plus que la consommation de la L’impact des pesticides sur les récifs est mal connu. culture) assure depuis un contrôle satisfaisant sur 2 à 3 ans (50 000 m3 de terre sur 10 ans environ). métropole. Parmi les divers pesticides susceptibles de polluer les cocotiers adultes, des lâchers de ce parasite Outre le problème lié à la terre, ces cultures sont les récifs coralliens, les herbicides paraissent a priori sont réalisés dans tous les archipels infestés. très gourmandes en engrais et pesticides avec un Les insecticides représentent près de la moitié des plus particulièrement redoutables par suite de leurs Avec le réchauffement climatique, on observe risque évident d’impact sur les nappes phréatiques produits importés alors qu’ils en constituaient plus effets potentiels sur les herbiers de phanérogames, le retour de cette peste à Tahiti. Le laboratoire peu profondes de ces motu (source PDADP). de 75 % en 2006. et sur les algues symbiotiques des coraux herma- d’auxiliaires de culture du SDR situé à Papara typiques : endosymbiotes (zooxanthelles) et chlo- permet l’élevage de l’insecte prédateur et de L’institut de la consommation a procédé en 2007 rophycées exosymbiotiques (Ostraebium sp.) (voir l’envoi de flacons d’insectes pour les libérer dans Les auxiliaires de culture, et 2008 à des campagnes de prélèvements pour « chapitre milieu marin » ; source : F. Ramade). les zones infectées. les ennemis naturels des analyser les taux de 150 pesticides dans des produits locaux et importés. Près du tiers des produits ravageurs analysés avaient des taux de pesticides supérieurs Les engrais Biosécurité : Ce sont des prédateurs, des parasitoïdes (micro- aux normes françaises (limites maximales de la protection des végétaux guêpes), des maladies (virus, bactérie, champignons) résidus de pesticides - LMR), le double de la Le tonnage d’engrais importés est en baisse qui tuent les ravageurs et limitent ainsi leurs proportion mesurée dans les produits importés. constante depuis 2004. Il s’établit en 2013 autour Afin de limiter la dissémination des fléaux que sont populations, en évitant les dégâts sur les cultures. Parfois les valeurs sont inquiétantes, comme sur de 1 500 tonnes par an, alors qu’il était de 2 300 les mouches des fruits, pucerons, cochenilles et Ils peuvent s’attaquer à tout type de ravageurs : les salades locales dans lesquelles les taux d’un tonnes en moyenne depuis 1995. En utilisant le autres virus et bactéries ou les graines des plantes acariens, aleurodes, cicadelles, cochenilles, mouches fongicide étaient 1 700 fois supérieurs à la LMR, ou principe de calcul de Venayre (2012) dans son étude envahissantes, la Polynésie française a mis en place mineuses, papillons, pucerons, thrips… ceux d’un insecticide 630 fois trop élevé (Venayre, sur la consommation de pesticides et d’engrais en des règles de transport pour les échanges inter-in- Les parasitoïdes se développent dans les ravageurs Polynésie française (voir encadré), on obtient une sulaires. Au départ de Tahiti, tous les fruits et légu- (ou dans leurs œufs ou leurs larves), en s’en consommation moyenne de : 223,6 kg/ha de terres mes à expédier dans les autres îles, sont présentés nourrissant de l’intérieur). C’est le cas des micro- La « loi pesticide » aux contrôleurs de la station du département de la guêpes qui parasitent l’hispine du cocotier ou les protection des végétaux qui décident de la néces- mouches des fruits, mouches mineuses, aleurodes Le 19 juillet 2011, la loi de Pays relative à la sité et du type de traitement à effectuer. Les fruits et cicadelles. commercialisation et l’utilisation des pesticides en originaires de Rurutu doivent subir une fumigation Les prédateurs capturent et mangent directement Polynésie française est entrée en vigueur. Elle définit au bromure de méthyle en raison de la présence les ravageurs, comme les coccinelles avec les les conditions d’importation des pesticides avec, de la mouche des fruits (B. xanthodes). Un certifi- cochenilles ou les pucerons par exemple. notamment, la délivrance d’un certificat d’aptitude cat phytosanitaire est délivré précisant le type de Source : J.Grandgirard (SDR) guide de reconnaissance des insectes à leur commercialisation. Elle permet de sécuriser traitement. Le bromure de méthyle est également et acariens des cultures, 2010 la vente des produits dangereux en créant une efficace sur les acariens et les nématodes. rubrique d’utilisateurs professionnels dont les agriculteurs font partie. Les pesticides La liste des substances actives autorisées à Autres ravageurs : d’autres ennemis des l’importation est en évolution depuis 2007, vers cultures menacent les îles, dont l’introduction L’utilisation de pesticides pose des problèmes un respect des utilisateurs pour l’environnement. serait catastrophique pour l’agriculture sanitaires et environnementaux : pollution des sols En 2014, 444 substances actives de pesticides sont polynésienne. L’insecte xylophage du cocotier et des eaux, risques pour la santé des agriculteurs autorisées (biocides et produits phytosanitaires) (Oryctes rhinoceros), le coléoptère qui attaque les et des consommateurs, risques pour la biodiversité. dont 16 sont « extrêmement dangereuses » et 16 tubercules de taro (Papuana sp), et la bactérie D’autre part, des problèmes de résistance peuvent « très dangereuses ». C’est presque 50 de moins qu’en 2006. Consommation de pesticides à usage agricole Pseudomonas solanacearum, qui détruit notamment apparaître, le traitement devient alors inefficace, ou Analyses des résidus de pesticides dans les produits locaux et importés - les musacées (bananiers, fei, héliconias…) en sont bien le produit peut tuer les auxiliaires en même Source : Venayre 2012 quelques exemples. temps que les ravageurs, entraînant une pullulation du ravageur une fois l’effet du traitement dissipé. (tonnes) La tristeza des agrumes est un virus transmis 800 1 000 par les pucerons qui a décimé les pieds d’agrumes Le SDR, qui forme les agriculteurs à l’usage non greffés et ceux greffés sur bigaradier (orange raisonné des produits, ainsi que le programme de 700 amère). La tristeza est absente aux Marquises et développement d’une agriculture durable, indiquent 800 aux Australes. Depuis 2000, les plants d’agrumes que l’utilisation des pesticides, tout comme celle 600 intéressants sont greffés sur des porte-greffes des engrais, est importante et systématique sur 500 résistants et la tristeza n’est plus vraiment un les grosses exploitations, parfois même lorsque 600 problème. ce n’est pas nécessaire comme pour la vanille ; les 400 surdosages sont courants, jusqu’au triple des doses 400 La petite fourmi de feu (PFF, également nécessaires et plusieurs associations s’insurgent 300 appelée fourmi électrique) est classée parmi les contre leur emploi abusif. 200 10 espèces invasives les plus néfastes au monde. Les importations de pesticides à usages agricoles 200 Elle est présente à Tahiti depuis 2004 (plus ont connu une augmentation constante jusqu’en 100 probablement 1999) et est déjà considérée comme 2002 où elles ont frôlé 1 000 tonnes. Elles ont 0 0 incontrôlable. Des foyers ont été repérés à Moorea. ensuite légèrement diminué et stagné jusqu’en 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Sa présence sur certaines zones agricoles peut 2007 autour de 850 tonnes avant de chuter entraîner l’abandon des espaces de cultures ou considérablement jusqu’en 2011. Moins de 600 Insecticides Fongicides Herbicides Désinfectants Total en tonnes une difficulté à vendre et exporter les productions. tonnes étaient alors importées. Les importations Voir chapitre « patrimoine naturel ». de pesticides sont de nouveau en augmentation Evolution des importations de pesticides à usages agricoles - Source : ISPF 8 9
Type d'engrais importée 14 L’AGRICULTURE, L’EXPLOITATION DE LA FORET ET L’ELEVAGE LES PRESSIONS ET LES ACTIVITÉS HUMAINES consommateurs s’autocertifient. C’est la Norme (Kg) Océanienne d’Agriculture Biologique (NOAB) qui 3 000 L’agriculture a été retenue. Les produits, estampillés Bio Pasifika, durable et porteront la mention « contrôlés par BioFetia ». Cette certification est reconnue dans la loi de Pays 2 500 organique de 2011. Une seule agricultrice est pour l’instant détentrice de cette certification dont le cahier des 2 000 En 2011, la loi de Pays 2011-01 du 10 janvier charges est très contraignant. D’autres demandes définit les conditions d’utilisation de la mention sont en attente. 1 500 « agriculture biologique » en Polynésie française. Un logotype spécifique est mis en place afin de D’autres producteurs ont une démarche environ- 1 000 reconnaître ces produits. Différentes certifications nementale, sans certification. existent, en fonction du marché visé, local, européen ou international : 500 Les jardins partagés Bioagricert : reconnue par le Pays, cette cer- Depuis 2011, un concept de potager participatif 0 tification internationale permet une accréditation 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 voit le jour à Tahiti. Il s’agit de favoriser l’accès à une pour de nombreuses destinations (USDA Organic, nourriture saine pour les ménages les plus modestes. Agriculture Biologique, Japan Agriculture Standard, Pendant une année qui peut être renouvelée, des Engrais avec 2 ou 3 fertilisants NPK Engrais potassiques (K) Engrais azotés (N) Total import CAAQ Canada…). 3 producteurs de noni en sont familles ont à leur disposition un jardin pour un loyer Evolution des importations d’engrais à usages agricoles - Source : ISPF aujourd’hui bénéficiaires. très modeste ; il va servir à produire des légumes de façon collective que les familles peuvent consommer arables sur la période 2010-2013. C’est 23 % de Il n’y a pas de prise de conscience des problèmes BCS-Öko-Garantie GmbH : c’est une ou revendre afin de soulager leur budget. Le dispositif moins que celle calculée sur la période 2004-2009 liés à l’eau et en particulier des risques de pollution certification indépendante et internationale, la permet la pratique d’une agriculture intégrée tout mais reste encore plus d’une fois et demi de plus due aux nitrates et aux produits phytosanitaires société Royal Tahitian Noni a une centaine de en favorisant un mode de culture respectueux de que leur utilisation en métropole. véhiculés par les eaux. Ce genre de problématique producteurs de noni affiliés. l’environnement. Ce dispositif est en place dans Les engrais complets contenant azote, phosphate sera prise en compte dans les projets de gestion plusieurs communes comme Arue ou Papeete. Il et potassium (NPK) représentent 78 % des intégrée des zones côtières. Biofetia : l’association SPG BIO FETIA fonctionne permet de développer le lien social au sein d’un importations d’engrais. Les engrais azotés depuis 2011 sur le principe du système participatif quartier et de réaliser des actions d’insertion et de représentent ¼ des importations. Les importations formation des jeunes. d’engrais organiques (1,6 tonne en 2006) ont L’érosion de garanti ; les agriculteurs, les distributeurs et les fortement augmenté (8,5 tonnes en 2013). L’érosion des sols et son corollaire, la sédimentation L’impact des engrais : Les engrais apportent terrigène, figurent parmi les causes principales de des nitrates et des phosphates dans le milieu destructions de la faune corallienne des récifs aquatique et causent l’eutrophisation des eaux frangeants, notamment à Tahiti (voir chapitres « récifales. Avec les eaux usées et les évènements milieu marin » et « les sols ») climatiques, ils pourraient être en partie responsables des modifications observées dans les Certaines cultures accentuent les phénomènes peuplements algaux (voir chapitre « milieu marin »). d’érosion, comme l’ananas, particulièrement sur des pentes fortes comme celles de l’île de Moorea. C’est surtout le réseau des routes qui est, la L’exploitation de la forêt La consommation d’eau plupart du temps, à l’origine des saignées d’érosion. La rotation courte des cultures maraîchères Il s’agit plus « d’arrosage » que d’irrigation et (tomates, pommes de terre…) est également une les quantités mobilisées sont mal connues. Les cause d’érosion des sols. L’importance du traitement des résidus lors du La Polynésie française dispose de 2 000 km2 de • 5 900 ha de Pinus caribaea, dont environ la besoins ont été estimés à près de 7 000 m3/j sur forêts et compte plus de 200 espèces forestières. moitié réellement exploitable car accessible. Les la base de ratios de consommation d’eau par type renouvellement des cultures a été démontrée, le paillage ou le mulch lithique (technique qui consiste Les données sur la végétation sont encore large- dernières plantations ont eu lieu en 2002, d’agriculture, appliqués aux surfaces agricoles ment éparses et incomplètes sur l’ensemble du • 400 ha de plantation d’essences d’ébénisterie recensées en 2012, en concertation avec le SDR. à ajouter des graviers à la couche superficielle de terre cultivée pour réduire l’évaporation territoire polynésien (seules 98 espèces forestières (feuillus précieux). et diminuer le ruissellement) étant le meilleur ont été décrites en détail). Les plantations fores- Le département Forêt et Gestion de l’Espace Rural Protection du marché tières sont relativement bien connues mais aucun (FOGER) du SDR se charge de la sylviculture des agricole et qualité traitement (voir chapitre « les sols »). inventaire forestier global n’a jamais été lancé arbres : il boise et entretient les surfaces boisées, sanitaire en Polynésie en Polynésie française, limitant la connaissance des française Les incendies forêts primaires et secondaires (BRGM 2013). La politique agricole Cette étude réalisée en 2012, s’intéresse entre autre à la consommation d’engrais et de pesticides. En raison d’écobuages mal maîtrisés, les incendies En 2013, dans le cadre du programme ARAI 3, Mise en place pour la période 2011-2020, la Un calcul de consommation a été fait en prenant en sont fréquents, notamment aux Marquises. Les le BRGM a réalisé une étude sur le rôle de la politique agricole du Pays est un cadre pour compte la surface de terres arables (du RGA 1995) zones incendiées sont occupées aujourd’hui par la végétation vis-à-vis des mouvements de terrain accompagner l’agriculture de demain dans sa et la part de substances actives des pesticides et lande à fougères « anuhe » (Dinacropteris linearis) dont la base a nécessité un classement des îles en dimension stratégique. Elle s’interroge sur la place engrais. Pour ces derniers elle s’élève en moyenne ou la lande à « roseaux » (Maiscanthus floridulus). fonction d’Unités de Végétation (UV) appartenant que la société polynésienne entend donner à son à moins de 40 % du poids total des produits. On Ces feux favorisent la multiplication des pins au chacune à un type d’unité écologique (forêt, agriculture et à ses agriculteurs, sur les missions constate alors une utilisation des engrais en détriment des espèces indigènes et conduisent herbacée, cocoteraie…). Ce travail réalisé sur économiques, sociales et environnementales Polynésie de 48 % supérieure à celle de la France, à la disparition d’espèces endémiques (exemple les îles hautes montre que 46 % des UV sont des que l’on souhaite conférer aux agriculteurs en soit de 291 kg/ha. Pour les pesticides le calcul est un à Rapa) ; les feux répétés ne permettent pas à la forêts (voir chapitre « les sols »). BRGM 2013. contrepartie des mesures de soutien. peu plus compliqué. On estime que seulement 27 % végétation de se reconstituer (voir aussi chapitre On estime la surface couverte à environ 144 000 ha Les objectifs de la politique forestière sont des pesticides importés sont réellement utilisés de trouver des solutions pour exploiter les « patrimoine naturel »). En 2012, un important de forêts naturelles et 59 800 ha de plantation peuplements existants et pérenniser la production en agriculture, dans lesquels on trouve 20 % de incendie a ravagé 600 ha de forêt à Nuku Hiva, (FOGER, 2012). substances actives. On aboutit à une consommation de bois. Plusieurs axes sont suggérés à ces fins, soit 16 % du territoire de l’île, menaçant le « Upe » Les plantations sont réparties en : comme alléger les contraintes des privés pour les de pesticides de 16 kg/ha de terres arables, 4 fois (carpophage des Marquises Ducula galeata), cet supérieure à celle de la métropole. • 50 000 ha de cocoteraies, aider à investir, augmenter la taxe à l’importation, oiseau endémique en danger d’extinction dont il • 3 500 ha de forêts de protection (essentiellement trouver des surfaces à boiser… Source : Venayre (2012) ne restait plus que 260 individus. Pinus caribaea), 10 11
Production de bois par archipel 14 L’AGRICULTURE, L’EXPLOITATION DE LA FORET ET L’ELEVAGE LES PRESSIONS ET LES ACTIVITÉS HUMAINES sur le domaine de la Polynésie française et chez des propriétaires privés, qui fournissent la majorité (m3) Impact environnemental Honduras Swietenia macrophylla), Teck (Tectonia grandis), Maru maru (Samanea saman), badamier 650 des surfaces boisées. Des plantations : les tendances d’évolution des (Terminalia catappa). A maturité, les bois sont exploités par les scieries sols sous les pins se traduiraient par une diminution 520 du SDR (2 à Tahiti, 1 à Moorea et quelques unités de la quantité de matière organique et d’azote Il apparaît de plus en plus difficile de satisfaire la dans les îles). Le traitement réalisé par le SDR organique, ce qui pourrait entraîner une diminution demande des artisans en bois précieux local. En consiste en un autoclavage du bois. 390 de leur fertilité (voir aussi chapitre « les sols »). l’absence d’inventaire, ces ressources ne sont pas Les plantations de pins sont moins favorables à la connues tandis que les consommations annuelles La cocoteraie est vieillissante (moyenne d’âge des 260 biodiversité que la lande à fougères, on y constate actuelles et futures n’ont fait l’objet d’aucune arbres supérieure à 60 ans) et les rendements une baisse de l’endémicité des espèces végétales, estimation précise. Le sentiment d’épuisement agricoles sont très inférieurs à ce qu’ils pourraient tandis qu’elles favorisent certaines espèces des ressources provient du fait que les sculpteurs être. La production est de 300 à 500 kg par hectare 130 introduites ; elles sont également désertées par les doivent aller de plus en plus loin dans les vallées et par an, alors que des rendements normaux oiseaux indigènes qui n’y trouvent ni nourriture, ni pour trouver des bois assez gros et assez âgés qui seraient doubles ou triples. En 2013, une mission 0 habitat correct (Profit, 2003). leur permettent de réaliser des objets de qualité. d’expertise et de diagnostic de la filière coco a 2009 2010 2011 2012 Des groupes de sculpteurs ont même obtenu des permis de vérifier l’application des mesures prévues, Îles du vent Îles sous le vent Marquises De plus, l’entretien limité des plantations de pins dérogations pour aller chercher des bois à sculpter 15 ans plus tôt, lors de la précédente mission : Australes Tuamotu (éclaircie et élagage) et le retard de la sylviculture, dans les réserves naturelles domaniales de Motane arrêter les brûlis qui empêchent la fertilisation et du fait des faibles moyens mis en oeuvre, sont et de Eiao. développer les cultures légumineuses pour fixer La production de bois par archipel - Source : SDR préjudiciables à la biodiversité car les plantations l’azote dans le sol. Mais les pratiques n’ont guère très denses et sombres ne permettent pas à un Débutées dans les années 70, les plantations de changé. Le programme de régénération de la sous-étage indigène de s’installer (JF Butaud). bois précieux (tau, miro, tamanu, santal, teck, acajou, cocoteraie est en cours. Il consiste en la fourniture Quelques essences d’ébénisterie sont récoltées etc.) recouvrent 406,5 ha en 2014, dont près de de noix de coco et de matériel pour installer des dans les forêts naturelles et contribuent à 50 % aux Marquises. C’est seulement 41,5 ha de approvisionner les artisans. De l’exploitation : les scieries sont une source pépinières de germination. potentielle de pollutions importantes, notamment plus qu’en 2005. Malgré les efforts, les surfaces Extrait du mémoire de fin d’étude de A.Teriipaia sur en raison de la nécessité de traiter les bois sciés plantées annuellement demeurent modestes pour les opportunités d’agroforesterie en PF (2013). La filière bois local est ralentie par le peu plusieurs raisons : d’acteurs privés pour exploiter les peuplements, contre les attaques de moisissures, pourritures, termites et autres insectes xylophages. Les • la baisse de l’effectif des personnels affectés à le fait que ces peuplements soient dégradés par l’entretien des forêts et des moyens financiers ; manque d’entretien, le peu de connaissance sur traitements par trempage induisent la manipulation de milliers de litres d’insecticides – fongicides, sans • le peu de terrains disponibles et propices à la la sylviculture des essences locales ou la difficulté sylviculture d’essences parfois exigeantes (sols d’adapter les essences importées. compter les jus de sciures lavées par les pluies. Le traitement des bois par autoclave emploie des riches et bien alimentés en eau) ; produits dangereux (chrome, cuivre, arsenic) qui • le manque de maîtrise du foncier sur le long De plus, la pression foncière est importante et terme (40-60 ans). l’investissement coûteux, les taxes sur le bois nécessitent des précautions de mise en œuvre, importé sont faibles et les financements du secteur notamment pour le traitement des résidus (fond de cuves). A cet effet, depuis 2007, le FOGER a mis en Les plantations réalisées dans les années 70 et sont maigres, autant de menaces qui pèsent sur 80 sont aujourd’hui au stade d’éclaircie. Ces cette filière. place une collecte des résidus avec la SEP (Société environnement polynésien) dont une partie est éclaircies de bois jeunes de miro, to’u, mais aussi envoyée en Nouvelle Zélande pour y être traitée. teck et acajou permettent d’approvisionner Le pin des Caraïbes Bien connues et prévenues (comme le fait le SDR) les sculpteurs en bois noble de faible section. Mais leur maturité n’arrivera qu’à partir des les pollutions peuvent ainsi être évitées. années 2025 pour les plantations des années 75 Le pin des Caraïbes représente l’ensemble des (10 hectares), et 5 ans plus tard pour les plantations plantations de pins (exploitables et déclassés en Les plantations de de 80-84 (37 hectares). En attendant, les ressources protection). C’est une espèce choisie en raison disponibles connues sont estimées, selon le SDR de sa croissance rapide et de son potentiel de protection et selon la plupart des sculpteurs interrogés, à substitution et utilisée en plantation depuis les moins de cinq ans de consommation au rythme années 1970. L’objectif initial était de constituer La protection des sols contre l’érosion naturelle fut l’un des premiers objectifs des plantations actuel. Une stratégie pour le creux de la période un massif de production de 11 250 hectares de 2007-2025 est nécessaire. En l’absence de stratégie pins de Caraïbes en 25 ans, soit 450 hectares sur le territoire. Les essences utilisées sont le collective, on peut s’attendre en effet notamment Copyright : F. Seguin de plantations par an. 40 ans plus tard, moins de falcata (P. falcataria/F. moluccana), le aito (Casuarina equisetifolia) ou l’eucalyptus. Les surfaces plantées à une extinction complète des ressources en 50 % du programme a été réalisé. Les dernières bois précieux « sauvages », y compris dans les plantations ont été réalisées en 2002. Cependant, n’ont pas évolué (aux environs de 3 500 ha) et sont essentiellement concentrées dans les Iles- aires protégées (notamment dans les réserves la régénération naturelle observée aux Australes territoriales de Eiao, Hatutu et Motane, où elles Cocoteraie et aux Marquises par exemple, permettent aux Sous-le-Vent (45 %) et aux Australes (25 %). Le pin plantations de s’étendre. Ainsi à Rapa, 12 ha des caraïbes a également été planté en protection supplémentaires ont été colonisés par les pins sur certaines zones des Marquises (Terre Déserte La filière bois dont les plantations avaient été réalisées entre de Nuku Hiva). 1978 et 1989. Actuellement, seuls les peuplements de Pinus caribaea sont arrivés à maturité. Moins de 1 000 m3 Aujourd’hui, les plantations sont à maturité et en Les plantations de bois de bois scié est produit chaque année, alors que phase croissante d’exploitation. précieux les peuplements actuels pourraient permettre d’en produire 14 400 m3 par an. Cela représente La gestion de la pinède s’est concentrée sur ces Les feuillus sont utilisés pour la production de bois 46 % de la consommation annuelle locale. Les 2 000 ha exploitables, les autres (3 900 ha environ) d’œuvre, bois d’ébénisterie ou bois d’artisanat plantations polynésiennes couvrent donc un très étant consacrés au maintien des terrains en pente. local (sculptures), principalement aux Marquises. faible pourcentage de la demande, essentiellement Les principales essences de bois précieux utilisées fournie, de ce fait, par les importations (31 000 m3 L’exploitation industrielle est encore peu dévelop- en reboisement sont : en 2013). pée aujourd’hui, pourtant elle est encouragée par • Essences locales : Miro (Thespesia Populnea) et le to’u (Cordia Subcordata), les plus utilisés aux Copyright : F. Jacq En revanche, la présence d’une ressource le Pays, auquel participe également le FOGER. Des exploitable et la bonne qualité de la ressource unités de transformation existent à Nuku-Hiva, Marquises, ou le Tamanu (Calophyllum inophyllum) locale (comparable à celle du bois importé) sont Tubuai, Tahiti et Moorea, mais l’investissement est et le Santal (Santalum insulare); des atouts, ainsi que la forte demande. très important. • Essences introduites : Mahogany (acajou du Plantation de bois Teck de l’arboretum de Ua Huka 12 13
14 L’AGRICULTURE, L’EXPLOITATION DE LA FORET ET L’ELEVAGE LES PRESSIONS ET LES ACTIVITÉS HUMAINES sont déjà régulièrement prélevées) ; des tensions entre les îles ou entre les vallées pour le contrôle de ces ressources, qui sont inégalement réparties L’agroforesterie L’élevage C’est l’association, sur une même parcelle, d’une pourraient également se produire. composante arboricole et agricole (culture ou élevage), en interaction et en compétition pour L’implantation de bois précieux dans les îles les différentes ressources disponibles. Cette de la Société ou dans des zones où les plantes intégration agriculture, élevage, sylviculture, envahissantes sont abondantes et vigoureuses L’élevage concerne les porcs, poulets, vaches et 20 porcs de plus de 30 kg nécessite une autorisation suppose la possibilité d’obtenir des bénéfices chèvres en Polynésie française. La production pour ICPE (installation classée pour la protection nécessite beaucoup plus d’entretien d’autant que marchands ou non marchands supérieurs sur une la croissance des bois précieux est faible et que la animale est de 6 020 tonnes en 2012, en hausse de l’environnement). Le nombre d’ICPE pour surface agroforestière limitée. C’est également une depuis des années, mais toujours très largement porcherie est passé de 86 en 1999 à 169 en 2005. fertilité des sols est dans lesquels ils sont plantés meilleure valorisation des ressources disponibles, facilite la croissance des envahissantes (exemple inférieure aux besoins. En effet, les importations de Depuis, une seule nouvelle exploitation a vu le jour. optimisation de la lumière, de l’eau et des viande représentent près de 25 000 tonnes chaque Les élevages autorisés ne respectent pour la plupart de Raiatea où plusieurs passages par an sont minéraux. nécessaires pour sauver les plantations (source : année. L’élevage est principalement pratiqué à Tahiti pas leurs arrêtés d’autorisation. JF Butaud). où est implanté l’unique abattoir industriel. Les Inscrite dans la politique agricole 2011-2020, l’agroforesterie existe déjà en Polynésie, sous 3 produits principaux sont les œufs (3 177 t), le La majorité des systèmes d’assainissement en lait (1 342 t) et le porc charcuterie (1 031 t) qui place ne sont pas exploités, ni entretenus comme Le santal la forme d’une association élevage bovin sous représentent 92 % du total. il le conviendrait. Les conditions d’épandages des cocoteraie ou de jardins agroforestiers de petite taille à proximité des habitations. On trouve lisiers bruts ou des refus de tamisage restent à Le santal de Polynésie est endémique à la Polynésie définir dans la plupart des cas. De nombreux rejets orientale avec 7 variétés propres au Pays (Butaud, également du sylvopastoralisme (élevage bovins ou 2006). Il est présent dans 10 îles (voir également équins sous Pinus caribaea) ou de l’agri-sylviculture L’élevage porcin directs ou indirects continuent de polluer les eaux (association cocotiers-agrumes ou maraîchage). de surface. Les problèmes d’odeurs sont inhérents chapitre « patrimoine naturel). Il est utilisé pour son à la profession et aux techniques d’élevage (source : bois de cœur odorant, soit pour la sculpture soit Sur des parcelles domaniales, le SDR autorise des L’effectif total du cheptel porcin pour l’ensemble exploitants à cultiver de la vanille sous les arbres. de la Polynésie est estimé à 13 679 têtes pour 283 étude BET VETEA). en médecine. Il a été surexploité pendant tout le 19ème siècle. Un inventaire exhaustif de la ressource exploitations au dernier recensement agricole de avait permis de dénombrer environ 4 600 arbres Un réseau de 15 parcelles expérimentales 2012, soit la moitié du cheptel de 1995. 25 élevages, Les conditions de stockage des aliments sont en 2006 et un programme de sauvegarde a été d’agroforesterie a été programmé en 2012, dont dont une dizaine situés à Tahiti, sont à l’origine de directement à l’origine des problèmes de pullulation mis en place à travers des mesures conservatoires 3 sont effectivement mises en place à ce jour à 91 % de la production. Les élevages industriels de de rats donc de leptospirose. (étude du mode de multiplication en pépinières, Raiatea et Moorea : Tahiti et Moorea fournissent l’abattoir en porcs création de vergers à graines abrités de la • Association acajou/papayes-ananas à raison de engraissés pour la boucherie et la charcuterie L’élevage de caprins prédation des rongeurs…), mesures qui viennent 250 arbres/ha. tandis que les petits élevages sont destinés à renforcer la réglementation qui interdit tout • Association acajou/vivrier avec 192 arbres/ha. l’autoconsommation ou à une valorisation dans les et bovins abattage. En 2014, on compte 4 925 pieds de cet • A ssociation acajou-teck-badamier/bananiers- circuits de distribution informelle. arbre emblématique. ananas-papayes avec 192 arbres/ha. Concentré aux Marquises, le cheptel caprin s’élève Ce réseau s’établit sur une base de partenariat Depuis 2010, la production est à la baisse en raison à environ 10 000 têtes, difficile à estimer en raison entre le SDR, qui fournit la parcelle et plante les de la brucellose, une maladie infectieuse et conta- de son extension. La production est mal connue et L’arboretum de Taravao arbres et le partenaire agricole, qui cultive les gieuse qui diminue les performances d’élevage. probablement sous-estimée (66 t). interlignes et en assure l’entretien. Géré par le SDR sur un terrain de 280 hectares, Les élevages de porcs constituent une nuisance Le cheptel bovin, estimé en 2012 à 4 670 animaux l’arboretum de Taravao occupe 11 ha et a été créé Si l’intérêt de l’agroforesterie est certain pour en 1996. L’objectif premier de cet espace est d’offrir importante en raison des grandes quantités d’eau pour 125 exploitations (la moitié du cheptel de les filières forestière et agricole polynésiennes et utilisées, polluées par les excréments d’animaux 1995) permet une production de 164 tonnes de aux visiteurs une vitrine des principales espèces s’il existe un public d’exploitants intéressés, ce indigènes ou introduites plantées en Polynésie et rejetées dans la nature. Un élevage de plus de viande. Le marché de Papeete écoule 70 % de dans un but de production de bois d’œuvre et projet n’est qu’une étape du développement de d’ébénisterie. Avec la plantation de santal en 2007 l’agroforesterie sur le territoire. C’est une pratique et d’autres espèces rares ou protégées, le SDR évolutive qui nécessite un changement de culture s’associe avec la DIREN pour mettre en place au bout de quelques années et implique une bonne un plan ambitieux de conservation d’espèces connaissance des fonctions environnementales de menacées. Le reste du domaine est consacré aux l’arbre (dont les essences forestières sont moins activités forestières avec des reboisements en connues que les essences fruitières). quinquina en altitude datant des années 1940, un verger à graines de Pins des Caraïbes (1981) et des Source : A.Teriipaia, mémoire de fin d’étude 2013, plantations de Kaori sur plus d’un hectare (1983). Opportunité de l’agroforesterie en PF. Copyright : F. Seguin Elevage bovin à Moorea 14 15
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