L'Échange " Pourquoi fuis-tu ainsi devant le souffle du vent ? " - première version - TNP Villeurbanne

La page est créée Anne-marie Colin
 
CONTINUER À LIRE
de Paul Claudel
mise en scène
Christian Schiaretti

L’Échange
                                                                          répertoire

première version
                                                      « Pourquoi fuis-tu ainsi
                                                      devant le souffle du vent ? »

                                                  r
                                             ou
                                         m
                                 t   d’a
                            in
                       po
L’Échange
première version
de Paul Claudel             scénographie Fanny Gamet      production
mise en scène               son Laurent Dureux            Théâtre National Populaire
Christian Schiaretti        lumières Julia Grand          coproduction
du jeudi 12 au              costumes                      Théâtre Les Gémeaux -
                            Mathieu Trappler              Sceaux, Scène nationale
vendredi 20 mars 2020
                            maquillage
Grand théâtre               Françoise Chaumayrac
salle Roger-Planchon        conseil littéraire
durée : 2 h 10              Guillaume Carron
                            assistante à la mise
avec                        en scène Marion Lévêque
Francine Bergé              corps Graham Fox
Lechy Elbernon              voix Emmanuel Robin
Louise Chevillotte Marthe   stagiaire à la mise
Robin Renucci               en scène Salomé Vieira
Thomas Pollock Nageoire     stagiaire à la scénographie
Marc Zinga Louis Laine      Lucile Lacaze

                                                              point d’amour
Paul Claudel
                                           Auteur de théâtre, poète, essayiste et diplomate fran-
                                           çais, il est né en 1868. Il écrit son premier drame,
                                           Tête d’or, en 1890. Trois ans plus tard, il sort pre-
                                           mier au concours des Affaires étrangères et sera

Christian
                                           amené, par sa fonction, à voyager dans de nom-
                                           breux pays. Aux États-Unis, il rédige L’Échange ,

Schiaretti
                                           1894, et, en Extrême-Orient, la première version de
                                                               Partage de midi, 1906, d’après
                                                               sa propre histoire. Il puise dans
                                                               ses voyages une grande inspi-
Metteur en scène et pédagogue, il dirige la comédie de         ration poétique, Connaissance
Reims de 1991 à 2001 et le Théâtre National Populaire          de l’Est , Cinq grandes odes ... De
de 2002 à 2019. Au TNP, il reprend et recrée La Jeanne         retour en Europe, il poursuit sa
de Delteil d’après Joseph Delteil et Le Laboureur de           carrière diplomatique sans négli-
Bohême de Johannes von Saaz, puis fait entendre                ger ses productions littéraires. Il
7 Farces et Comédies de Molière. Le 11 novembre                publie jusqu’en 1920 une trilogie
2011, il crée Ruy Blas de Victor Hugo pour l'inau-             sur la société de l’époque com-
guration d’un TNP rénové et agrandi. Il rend hom-              prenant L’Otage, Le Pain dur et
mage à Paul Claudel, avec L'Annonce faite à Marie              Le Père humilié . Ambassadeur
et L'Échange. Il monte les textes de Michel Vinaver ;          de France au Japon, il écrit Le
de Jean-Pierre Siméon ; de Florence Delay et Jacques           Soulier de Satin, 1924 (mise en
Roubaud ; de Denis Guénoun (Mai, juin, juillet, Festival       scène Jean-Louis Barrault à la
d'Avignon 2014). Il célèbre le théâtre de Aimé Césaire         Comédie-Française, 1943). Il
avec Une Saison au Congo et La Tragédie du roi                 est élu à l’Académie française
Christophe. Il s'empare de Alfred Jarry avec Ubu roi           en 1946. Retiré à Brangues, en
(ou presque), de Ionesco avec La Leçon, de Roger               Dauphiné, où il meurt en 1955,
Vitrac avec Victor ou les enfants au pouvoir. Il s'in-         il consacre les dernières années
téresse à William Shakespeare avec Le Roi Lear et              de sa vie à des commentaires
Coriolan ; à Bertolt Brecht avec Mère Courage et ses           de textes bibliques, notamment
enfants et L'Opéra de quat'sous ; à August Strindberg          L’Apocalypse, 1952.
avec Père, Mademoiselle Julie et Créanciers ; à trois
pièces du Siècle d'or et à deux auto-sacramentales
de Pedro Calderón de la Barca présentées aussi à
la Comédie-Française. Plusieurs de ses spectacles
reçoivent des prix. En novembre 2019, il salue une
dernière fois le plateau du TNP avec un diptyque com-
posé de Hippolyte de Robert Garnier et Phèdre de Jean
Racine. Peu après, à l'occasion de la Fête des Théâtres
de la SACD, il reçoit le Prix Plaisir du théâtre – Marcel-
Nahmias pour l’ensemble de sa carrière.
Le vers claudélien est corps

Dans son déploiement mouvementé, fait              bord de plage, d’action, marchandage des
de terre lourde, de glèbe épaisse mais de          corps, de temps, de l’aube au crépus-
mers ouvertes aux vents du monde aussi,            cule. La puissance de l’opéra dans la rete-
le théâtre de Paul Claudel tend au réper-          nue d’un orchestre de chambre. La ques-
toire dramatique français une proposi-             tion du décor, entendons de la nécessité
tion baroque. Non seulement parce que le           décorative de la scène, doit nécessaire-
monde s’y expose, parce que le déplace-            ment tomber : autant colorier une parti-
ment y domine, parce que les formes pro-           tion. La dépense de l’interprétation doit
posées bousculent l’attendu, mais parce            être, impérativement, l’objet même de la
qu’une langue le constitue, l’achève et l’ini-     représentation. Au fond, ces quatre âmes
tie totalement.                                    ne sont qu’une. Le plateau comme celui
Poète, il offre à l’actrice, à l’acteur, un vers   d’une balance : nu.
dont le mus­cle et l’architecture supposent        Qu’y voit-on d’autre que ce que l’on voit
une maîtrise p­ récise de leur art : celui de      aujourd’hui encore : la puissance marchande
l’interprétation. Au sens musical du terme,        dérégulée et en un sens admirable, dans
surtout pas cette fuite dans un psycholo-          son goût du risque, avançant dollars en
gisme flou qui permet de négocier avec le          main avec, à son bras, le sourire dansant
souffle fort de l’affirmation. Jouer Claudel,      de l’actrice avide, diable à la joie forcée,
c’est se battre en toute conscience, à sa          bruyant emblème de la pomme croquée.
propre forge, sans coulisse. Art d’athlète,
tous ne peuvent le jouer.                          Le couple américain avance vers son
Ou plutôt le faire sonner comme l’on dirait        miroir inversé, le couple en fuite, le couple
d’une cloche. Antidote assuré à l’usage            insensé, les âmes inspirées, la foi chré-
de ces prothèses sournoises que sont les           tienne et la force libertaire d’un sang-
micros en scène, le vers ­claudélien est           mêlé. La foi comme la poésie peuvent-elles
corps aussi, impossible d’ignorer le tra-          s’acheter, devenir propriété, ou plus per-
vail de dépense qu’il demande, dépense             vers, peuvent-elles se vendre ?
partagée entre salle et plateau du reste.
                                                   Christian Schiaretti mars 2018
Le curieux avec L’Échange est que ce gra-
veur de mots vigoureux et de scènes hors
normes – s’il ne perd rien de sa mons-
truosité poétique –, propose un cadre
classique à sa narration. Unité de lieu,
Tout s’échange-t-il ?

Nos paroles ont-elles une valeur ? Il ne       le dialogue et le malentendu humain pre-
s’agit pas seulement ici de vérité ou de       naient le pas sur l’échange matériel et com-
mensonge, mais bien du gain et de la perte     mercial. Mais chez Claudel, le mot est déjà
que les mots peuvent produire. Fasciné         mouvement, vibration, corps. Sa constitu-
par les États-Unis, Claudel découvre un        tion charnelle nous conduit très vite de la
monde à la parole efficace et commer-          parole à l’acte. « Toi, reçois à l’oreille de
ciale, où l’on ne s’encombre pas de mots       ton cœur cette parole muette que dépêche
inutiles quand l’argent est en question.       une haleine issue de la main », écrit-il dans
Riche de cette expérience, il compose une      la préface à Cent phrases pour un éventail .
tragédie en trois actes : L’Échange.           La distance s’efface entre le dialogue et la
                                               poignée de main qui conclut un marché. Le
Mais qu’échange-t-on exactement aux            « deal » est bien celui de l’argent et du mot.
États-Unis ? Un jeune homme, Louis Laine,      Parce que la langue fait l’action et le drame,
est prêt à vendre sa femme à un homme          c’est elle que Christian Schiaretti se pro-
d’affaires peu scrupuleux pour recouvrer       pose de faire entendre. L’espace scénique
la liberté. Apparemment, la pièce pose         doit être nu, pour que le passage réciproque
une question radicale : tout s’échange-        du dialogue à la négociation commerciale
t-il ? Peut-on acheter l’amour d’une femme     puisse prendre corps sous nos yeux. Que
ou la liberté d’un homme ? Claudel interro-    valent les mots de Laine qui a quat’sous
gerait-il les limites morales de l’échange ?   en poche ? Les aveux de Marthe dont la dot
Sa foi chrétienne pourrait le laisser pen-     est dilapidée ? Les promesses de Thomas
ser. Pourtant, lui-même avouait s’identifier   Pollock Nageoire sont-elles fiables parce
à tous les personnages de la pièce parce       qu’il est riche ? Et Lechy Elbernon est-elle
que chacun donnait corps aux désirs            crédible quand ses tirades dépendent de
contradictoires traversant sa conscience.      la fortune d’un autre homme ? La récipro-
L’enjeu moral, bien que présent, n’est         cité tragique de la parole et de sa valeur
peut-être pas le cœur de la pièce.             monétaire révèle la « dramaturgie de l’or »
                                               à laquelle Claudel a souvent songé.
Alors pourquoi cette interrogation du désir
à travers le commerce et l’argent ? Dans       Guillaume Carron
la première version de L’Échange, le verbe
« échanger » apparaît pour la première
fois à la fin de l’acte I, dans la bouche de
Lechy Elbernon, pour évoquer l’échange
de paroles des personnages. Comme si
Autour du spectacle                 En même temps                    Prochainement
◊ Audiodescription                  ◊ ANTIS                          ◊ Mort prématurée
samedi 14 mars 2020                 résidence de création            d'un chanteur populaire
                                    Perrine Gérard                   Arthur H
◊ Théâtromôme
                                    Julie Guichard                   Wajdi Mouawad
dimanche 15 mars 2020
                                    Maxime Mansion                   du jeudi 26 mars au
à 15 h 30
                                    du mercredi 11 au                dimanche 5 avril 2020
◊ Rencontre après spectacle         samedi 28 mars 2020
jeudi 19 mars 2020                                                   ◊ La Tempête
                                                                     William Shakespeare
                                                                     Juliette Rizoud
                                                                     du jeudi 2 au
                                                                     samedi 18 avril 2020

    Brasserie
    du TNP
◊ les midis, du lundi au vendredi
◊ les soirs de représentation
09 51 80 75 72
contact@brasseriedutnp.com
brasseriedutnp.com

La Librairie Passages               Théâtre National Populaire
vous accueille avant                Direction Jean Bellorini
et après la représentation.         04 78 03 30 00
                                    tnp-villeurbanne.com
Covoiturez !
Sur le site internet du TNP,        Le Théâtre National Populaire
vous pouvez déposer votre           est subventionné par
                                    le Ministère de la Culture       Graphisme : Perluette & BeauFixe
annonce ou votre demande.
                                    la Ville de Villeurbanne         Imprimerie Valley, mars 2020
Un nouvel outil, sans               la Région Auvergne-Rhône-Alpes   Licences : 1-145339 ;
inscription et gratuit !            et la Métropole de Lyon.         2-1000160 ; 3-145341
Vous pouvez aussi lire