L'OUVERTURE PÉTROLIÈRE DE CUBA DANS LE GOLFE DU MEXIQUE: ENTRE L'IMMOBILISME MEXICAIN ET LE BLOCUS DES ÉTATS-UNIS (*)
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L’OUVERTURE PÉTROLIÈRE DE CUBA DANS LE GOLFE DU MEXIQUE: ENTRE L’IMMOBILISME MEXICAIN ET LE BLOCUS DES ÉTATS-UNIS (*) parANGEL DE LA VEGA NAVARRO (**) L’avenir du pétrole pour Cuba, le Mexique et les États-Unis – qui ont des frontières Unis dans la partie qui leur correspond dans maritimes communes – se trouve dans les eaux profondes du golfe du Mexique. Cuba une zone limitrophe avec le Mexique ne fait face à une transition énergétique où cette source d’énergie doit encore jouer un rôle, cessent d’augmenter. De son côté, l’entre- compte tenu des structures économiques et technologiques héritées du passé. Parmi prise Petróleos Mexicanos (PEMEX (1)) s’est d’autres mesures, elle a ouvert son territoire aux compagnies internationales qui limitée à parler des « ressources prospec- accèdent ainsi à des ressources en hydrocarbures dans une zone qui a une importance tives » dans la partie mexicaine du golfe, les- stratégique, au milieu d’une situation énergétique mondiale où chaque baril de pétrole quelles, pour être converties en réserves, exi- compte. Outre des facteurs économiques et technologiques, l’ouverture pétrolière geraient d’énormes moyens financiers, tech- cubaine s’explique par la situation critique créée après la rupture des liens que le pays a nologiques et organisationnels. maintenus durant plusieurs décennies avec l’URSS. Les résultats et la crédibilité de Mais le Mexique n’a pas qu’une frontière cette ouverture sont à mettre en relation avec sa capacité de construire un dans le golfe qui porte son nom (pour une environnement institutionnel et régulatoire susceptible d’attirer les investissements vue d’ensemble de cette zone, voir la carte étrangers dans des activités d’exploration et production (E & P) à haut risque. En n° 1, page suivante). Les frontières ont même temps, Cuba a aussi réussi à compléter l´effort interne conduit avec la représenté trop souvent pour les Mexicains coopération de compagnies internationales, en entrant dans une relation spéciale avec des zones de conflit et de violence, tant au le Venezuela, dans le cadre de nouvelles initiatives d’intégration régionale et de Nord qu’au Sud. C’est peut-être pour cela coopération énergétique impulsées par ce pays. qu’on ne pense pas à une autre frontière, L e Mexique devra faire, au cours des (*) Une première et courte version de cet article a été publiée prochaines années, un grand effort par l’auteur en espagnol: « La frontera olvidada: México y Cuba en el Golfo », Energía a Debate, tome IV, n° 20, Mexico, en matière d’exploration et produc- mai-juin 2007, pp. 8-14. La présente version a bénéficié d’in- tion d’hydrocarbures, non seulement s’il formations recueillies au cours d’un séjour de recherche effec- tué dans le Centre de recherches de l’économie mondiale souhaite maintenir une place importante en (CIEM,Havane,Cuba).Ce séjour,du 28 juin au 21 juillet 2007, tant qu’exportateur de pétrole, mais surtout a permis à l’auteur de réaliser plusieurs entretiens avec des s’il veut faire face à la demande interne de chercheurs et des spécialistes cubains du secteur de l’énergie. pétrole et de gaz. Il est assez probable que (**) Professeur de la faculté d’Économie de l’université natio- nale autonome du Mexique (UNAM),Angel de la Vega Navarro son plus grand effort se dirige vers les eaux a publié des articles dans les numéros suivants de la Revue de profondes du golfe du Mexique, où d’autres l’Énergie: 456, 484, 539 et 548. pays ont pris les devants, comme les États- (1) Société Nationale Pétrolière du Mexique. Revue de l’Énergie, n° 578, juillet-août 2007 231
CARTE 1 très importante et stratégique. « Quand on times (3) (voir la carte n° 2) qui devien- Dans cet article nous privilégierons le cas de réfléchit sur le Mexique et Cuba, nous le dront de plus en plus importantes, ne serait- Cuba, avec des références aux États-Unis et faisons sur deux pays indépendants, assez ce qu’à cause de la nouvelle situation éner- au Mexique, en suivant les points suivants: proches entre eux, sans frontières com- gétique mondiale et des ressources dont munes », ainsi que l’a écrit récemment un cette zone dispose dans les « eaux pro- ancien président du Mexique (2). fondes ». Si les prix internationaux du Les États-Unis et le Mexique partagent pétrole se maintiennent à des niveaux (2) Carlos SALINAS de GORTARI, « Cuba y Estados Unidos. pourtant avec Cuba des frontières mari- proches de ceux atteints actuellement Construyendo puentes para la distensión y el reencuentro », Revue Milenio, Mexico, 5 février 2007, pp. 4-13. (C’est nous (juillet 2007), assez vraisemblablement une qui soulignons,AVN). CARTE 2 bonne partie de ces ressources deviendra des (3) En 1977, sous la présidence de James CARTER, les eaux réserves viables économiquement. Pour ces du golfe du Mexique ont été partagées en zones d’exclusion économique entre les États-Unis,le Mexique et Cuba:Treaty on trois pays, le futur, du point de vue des Maritime Boundaries between the United States and the hydrocarbures, se trouve donc dans les eaux United Mexican Status; the Maritime Boundary Agreement between the United States and the Republic of Cuba profondes du golfe du Mexique. Pour les (16December 1977). Le but de ces traités était de sauvegar- États-Unis en particulier, compte tenu du der les droits économiques de chaque pays, y compris l’accès aux ressources se trouvant sous les eaux de part et d’autres degré de maturité de leur industrie, ces eaux des frontières maritimes. Malgré ces traités, des zones en dis- représentent aussi la dernière partie de leur pute subsistent:c’est le cas des « donut holes ».On en distingue deux: 1) ceux à l’Ouest, concernent seulement le Mexique et territoire où des réserves importantes de les États-Unis (voir carte n° 3, page suivante) et leurs limites Cette carte provient de: « Current status of exploration-produc- pétrole et de gaz restent à découvrir et à ont été définies par un traité signé entre ces deux pays,le 9 juin tion activities in Cuba », document présenté dans la US-Cuba 2000; 2) ceux se trouvant à l’Est concernent les trois pays et Energy Conference, Mexico, 2 février 2006. valoriser. le tracé de leurs limites doit encore être négocié entre eux. 232 Revue de l’Énergie, n° 578, juillet-août 2007
CARTE 3 Pour les États-Unis, le golfe du Mexique (OCS – Outer Continental Shelf) représente 13 % de leurs réserves prouvées et 1/4 de leur production du pétrole et du gaz. Le Mexique, pour sa part, est le leader mon- dial dans la production offshore, mais seule- ment à une profondeur de moins de 100mètres. Pemex a fait connaître officiel- lement, en 2005, des chiffres de « ressources prospectives » existant en territoire mexi- cain. Plus récemment, concernant les eaux profondes de la partie mexicaine du golfe du Mexique, le chiffre de 29,5 milliards de barils de pétrole brut équivalent a été pré- cisé (4). Ces ressources ont besoin, pour devenir des réserves, d’énormes moyens financiers et technologiques que Pemex n’a pas pu engager encore pleinement (5) et qu’il n’a pas la possibilité d’obtenir en s’as- — la place et les initiatives de Cuba dans le sociant à des compagnies étrangères (6). golfe du Mexique sous la contrainte du blo- I. — LA PLACE Du point de vue des visions d’avenir et des cus des États-Unis; ET LES INITIATIVES DE CUBA stratégies, en matière d’hydrocarbures, le DANS LE GOLFE DU MEXIQUE golfe qui porte le nom du Mexique devien- — les raisons, les conditions et les implica- tions de l’ouverture pétrolière cubaine. SOUS LA CONTRAINTE dra-t-il seulement un golfe de Cuba et des DU BLOCUS DES ÉTATS-UNIS États-Unis? Imaginons que la nouvelle Sur la scène pétrolière internationale, des situation pétrolière et les intérêts des com- acteurs publics et privés se positionnent de Il est inutile d’insister sur l’importance du pagnies conduisent dans un délai plus au façon innovante pour tirer profit des cir- golfe du Mexique dans l’histoire mondiale moins proche à la levée du blocus (7) constances et des ressources dont ils peu- du pétrole, en particulier en relation avec les imposé par les États-Unis à Cuba, ou que vent disposer ou auxquelles ils peuvent États-Unis et le Mexique. Au cours des des exceptions dans le domaine énergétique avoir accès. Après la rupture, en 1992, des décennies récentes, jusqu’aux années 90, il liens établis avec l’URSS, Cuba a dû faire apparaissait cependant comme une « mer face à une situation très difficile, en particu- Morte » (Dead Sea). Les progrès technolo- lier du point de vue de son approvisionne- giques et organisationnels réalisés depuis, en (4) Bulletin de presse 024 du 5 mars 2007: « Pemex main- ment énergétique. Le pays a réagi en pre- particulier pour la prospection en eaux pro- tient son évaluation des ressources prospectives dans le Golfe nant des mesures que certains n’attendaient fondes, sont venus changer cette percep- du Mexique ». pas de la part d’un gouvernement qui a tion. À cela se sont ajoutées les consé- (5) L’objectif de Pemex est de changer cette situation: décidé de maintenir des options socialistes, quences des hausses des prix du pétrole ainsi entre 2004 et 2006 les investissements en exploration dans les eaux profondes ont été de 265 millions de US$, alors que au moment où elles disparaissaient ailleurs que les études montrant avec acuité le carac- pour 2007-2009 est prévue la somme de 1,21 milliard. dans le monde. Un aspect important de son tère fini des ressources fossiles (peak oil, (6) Toute forme d’association ou de contrats (production sha- action a été la mise en oeuvre d’une ouver- déplétion). Soudainement le golfe du ring contracts, par exemple) est bannie par la Constitution du ture pétrolière qui dure depuis une quin- Mexique apparaissait comme une nouvelle Mexique, si elle implique l’appropriation ou le partage de réserves, considérées comme « propriété de la nation ». zaine d’années et qui présente de bons résul- frontière et les activités d’exploration et de (7) Le Gouvernement des États-Unis préfère parler de « trade tats. Il s’agira ici de connaître les caractéris- production (E & P) connaissaient un embargo ». Au-delà des questions sémantiques ou juridiques, tiques et les options prises pour que cette regain: actuellement le pétrole est extrait à hors de notre portée,nous utiliserons le mot blocus dans le sens généralement accepté: ensemble de mesures prises par un ouverture devienne une réalité crédible sur 2000 mètres environ et des forages attei- gouvernement pour empêcher les relations commerciales d’un la scène internationale. gnent plus de 3500 mètres. autre pays. Revue de l’Énergie, n° 578, juillet-août 2007 233
soient acceptées. Il est intéressant de remar- compte tenu de la situation géographique des exportations possibles de Sherritt ne quer que des réunions et des déclarations se stratégique de Cuba. On en trouve la sont pas élevés, mais sont significatifs quand succèdent pour analyser les perspectives preuve dans les importations réalisées par les on se trouve à côté du consommateur le cubaines, autant dans les sphères gouverne- États-Unis en provenance des pays des plus assoiffé du monde. La production de mentales que dans les milieux universitaires Caraïbes, comme Trinidad et Tobago, les Sherritt est actuellement en moyenne de et même les compagnies (8). Antilles hollandaises, les îles Vierges, ou 30,000 barils par jour (b/j), en provenance Porto Rico. Que Cuba soit exclu de ces des champs de pétrole lourd qui se trouvent Il est vrai que jusqu’ici, les États-Unis, qui se mouvements, et d’autres plus importants le long de la côte nord de Cuba. présentent comme le porte drapeau du libre encore, en particulier du point de vue scien- Les États-Unis violent le droit international commerce et de l’ouverture, n’ont pas tifique et technologique, montre bien qu’il et leurs propres lois avec le blocus, mais trouvé, depuis près d’un demi siècle une ne s’agit pas seulement d’un blocus écono- agissent aussi contre leurs propres intérêts, meilleure attitude vis-à-vis d’un voisin avec mique, mais aussi mental, ancré dans les non seulement parce que des compagnies lequel ils partagent une frontière maritime schémas des années cinquante et soixante, d’autres zones (Europe, Asie, Amérique que de le laisser en dehors des très impor- correspondant aux pires moments de la latine), ont pris quelques longueurs tants flux économiques, scientifiques et guerre froide. technologiques. Ceci malgré le fait que la d’avance, mais aussi parce que des res- proximité géographique commanderait une Mais les compagnies pétrolières des États- relation plus étroite, par exemple pour Unis ne pensent pas rester inactives, en appuyer la rénovation complète des infra- regardant comment, malgré les menaces du structures énergétiques cubaines. Helms-Burton Act, ses rivaux européens, canadiens, asiatiques et latino-américains (la (8) Un exemple est une réunion très importante qui a eu lieu Le produit intérieur brut (PIB) par tête de compagnie vénézuélienne PDVSA) pénè- à Mexico, le 2 février 2006:The US-Cuba Energy Conference Cuba, selon la Commission Économique trent dans les eaux profondes de la Zone dans laquelle ont été représentés: ExxonMobil,Valero Energy, pour l’Amérique Latine (CEPAL), a connu Louisiana Department of Economic Development, parmi Économique Exclusive (ZEE) cubaine, d’autres, pour échanger des informations avec des fonction- une croissance de 6,1 % en moyenne située à quelques kilomètres des côtes des naires cubains sur les opportunités d’investissement dans l’in- entre 2000 et 2006. Pour maintenir ce taux États-Unis. De fait, une initiative législative dustrie pétrolière cubaine. de croissance, une consommation accrue récente cherche des exceptions à l’applica- (9) Cuba a souvent fait des appels au dialogue avec les États- Unis, en particulier depuis que Raul Castro est le chef de l’État d’énergie sera nécessaire, même si on prend tion du blocus, au seul profit des compa- cubain par intérim. Le 26 juillet de cette année, à l’occasion de en compte les nouvelles options qui orien- gnies pétrolières (10) dans le but, en parti- la fête nationale cubaine, il a renouvelé encore une fois son tent ce pays vers une économie capable de appel, s’adressant à la future administration américaine: elle culier, de permettre l’exploration d’hydro- « devra décider si elle maintient la politique absurde, illégale et produire des services d’une valeur ajoutée carbures dans les eaux cubaines. infructueuse contre Cuba, ou si elle accepte le rameau d’olivier élevée, comme ceux qui ont une relation que nous lui avons tendu » le 2 décembre 2006 (date de la avec les sciences de la médecine, l’éduca- En appuyant cette proposition, les compa- première offre de dialogue depuis que Raul Castro assure l’in- gnies n’ont certainement pas été indiffé- térim). tion, le sport et la culture, etc. Ces options impliquent des complémentarités claires rentes aux nouvelles concernant les réserves (10) Voir, par exemple, la « Western Hemisphere Energy Security Act » de 2006, portant les labels H.R. 5353 à la avec le voisin du Nord, mais à la logique du pétrolières au nord de Cuba, tout près des Chambre des Représentants et S. 2787 au Sénat. Cette pro- côtes des États-Unis. Il aurait été étonnant position législative cherchait une exception à l’embargo, per- voisinage géographique s’est superposée une mettant aux compagnies américaines de réaliser des activités que la ZEE cubaine, proche des zones avec logique politique de distance et de rup- d’exploration dans les eaux cubaines, en la présentant comme des réserves prouvées ne possède pas de res- une mesure qui collaborerait à la solution de la crise énergé- ture (9). sources. Sherritt International Corp., com- tique. La disponibilité de technologies, les coûts, pagnie canadienne, a non seulement parlé (11) Sherritt International, dans un rapport où elle faisait état les nouvelles préoccupations des États-Unis de découvertes en territoire cubain, mais a de ses profits en 2006, a affirmé qu’en 2007 elle avait des « plans to export a portion of its Cuban production as a conse- pour leur sécurité énergétique sont des fac- aussi commencé cette année l’exportation quence of anticipated production growth and limited demand teurs qui devraient favoriser une relation d’une partie du pétrole qui lui revient dans for domestic heavy oil». Sherritt International est le plus impor- énergétique bénéfique pour les deux pays, tant producteur étranger de pétrole à Cuba. le cadre des contrats signés (11). Cuba pays non seulement dans les activités d’explora- exportateur de pétrole au cours de la décen- (12) Dans un rapport à la SEC (Securities and Exchange Commission) des États-Unis, dont la presse mexicaine a fait tion et de production, mais aussi dans nie prochaine? L’ironie est que des scénarios état le 26 juillet 2007, Pemex a signalé qu’au 31 décembre d’autres activités comme le raffinage et le construits au Mexique prévoient que, sur ce 2006, les réserves prouvées de pétrole brut s’élevaient à 8,98 milliards de barils, tandis que la production annuelle, en stockage de produits pétroliers ou les prépa- même horizon, ce pays deviendra un 2006, a été de 1,33 milliard. À ce rythme, le Mexique a du rations et distributions de gaz naturel, importateur net de pétrole (12). Les chiffres pétrole pour sept ans seulement. 234 Revue de l’Énergie, n° 578, juillet-août 2007
sources importantes peuvent rester en cubaine), a identifié en 2004 cinq champs « Les fournisseurs des États-Unis de biens et dehors de leur orbite alors que ce pays qu’elle a classifiés comme étant « d’une de services pétroliers sont invitées à partici- insiste tant sur sa sécurité énergétique. grande qualité » dans les eaux profondes du per à l’industrie pétrolière cubaine émer- Certains aux États-Unis sont conscients des détroit de Floride, 32 km à peine au nord-est gente, sur la base du respect et de bénéfices enjeux: « For the first time in 45 years, de la Havane (14). Quelques mois après, en mutuels ». Cuba now has something of strategic février 2005, le US Geological Survey a Comment expliquer cette attitude de Cuba, importance to the US-oil and [natural] confirmé que le bassin au nord de Cuba qui contraste avec celle du Mexique, face à gas, » a fait récemment remarquer Kirby contenait du pétrole en quantités impor- la participation des compagnies pétrolières Jones, président de la US-Cuba Trade tantes et de bonne qualité: entre 4,6 et internationales sur son territoire? Outre le Organization (13). 9,3 milliards de barils de brut et entre 9,8 et degré insuffisant de développement techno- 21,8 milliards de pieds cubes de gaz naturel Paradoxalement, si le blocus est levé les logique et la capacité financière réduite de (15). On considère, dans des milieux infor- compagnies pétrolières des États-Unis, qui l’industrie pétrolière cubaine, il y a une més du secteur énergétique cubain, qu’une ne peuvent pas entrer dans les eaux de la compréhension claire du rôle des investisse- fois convertie en réserves, une bonne partie Floride à cause des normes en vigueur, ments privés. Les Cubains ont parfaitement de ces ressources pourrait être commerciali- pourraient pénétrer dans une zone proche, compris que, du point de vue économique, sée aux environs de l’an 2012. ayant été invitées de manière souveraine par il n’est pas possible d’entrer seuls dans l’ex- Cuba. Aux compagnies pétrolières qui sont traction de pétrole en eaux profondes, à déjà présentes dans le golfe du Mexique, cause des risques économiques inhérents Cuba offre l’opportunité d’explorer, de réa- II. — LES RAISONS, aux activités exploratoires (dry holes). Deux liser des forages et d’extraire du brut dans LES CONDITIONS autres ensembles de facteurs peuvent être des zones avoisinant celles qui leur sont ET LES IMPLICATIONS aussi avancés pour expliquer l’ouverture interdites du côté des États-Unis. Une suc- DE L’OUVERTURE cubaine: 1) la situation énergétique créée à cion possible de pétrole (« effet de paille », partir de la disparition de l’URSS; 2) les PÉTROLIÈRE CUBAINE dit-on au Mexique) pourrait avoir lieu, caractéristiques de l’environnement institu- appliquée par les compagnies américaines tionnel et régulatoire pour attirer les inves- aux gisements de leur propre pays à partir De plusieurs manières Cuba a manifesté tissements étrangers. Concernant ce dernier de Cuba. Cette situation, tout à fait envisa- son intérêt pour la participation de capitaux étrangers, en provenance d’horizons les plus geable, ne serait pas sans intérêt. divers, dans l’exploration et l’exploitation En effet, tout près des côtes des États-Unis, de ses ressources. Dès 1993, des compagnies dans les eaux du détroit de Floride, un pétrolières on répondu favorablement aux potentiel important d’hydrocarbures est premières ouvertures cubaines (16), y com- (13) International Oil Daily, 2 février 2006. Kirby Jones a été déjà entré dans les activités des compagnies pris des compagnies françaises comme le principal organisateur de la US-Cuba Energy Conference qui provenant d’horizons divers: Chine, Inde, a eu lieu à Mexico (voir note 8). Total (17). Norvège, Espagne, Canada, Venezuela. (14) Cependant, après avoir dépensé 53 millions de US$, Dans les cas concrets des compagnies des Repsol a dû abandonner, car bien que de bonne qualité le Depuis 2003 elles réservent des blocs pour pétrole se trouvait « dans des quantités non commerciales ». États-Unis, selon un document offi- l’exploration pétrolière sur la base de En association avec Norsk Hydro (30 %) et ONGC-Videsh ciel (18), des questions directes sont posées: (30 %), Repsol (40 %) se propose maintenant de revenir dans contrats de partage de production « Pourquoi les compagnies pétrolières des les eaux profondes cubaines. (Production Sharing Contracts ou PSC). États-Unis ne pourraient-elles pas participer (15) Voir le rapport de l’USGS « Assessment of Undiscovered Dans ce domaine Cuba s’aligne sur les pra- Oil and Gas Resources of the North Cuba Basin 2004 »,publié dans le tout proche et important potentiel tiques usuelles de l’industrie pétrolière en février 2005. des eaux profondes de la nouvelle frontière internationale, en améliorant même les (16) Quarante-huit compagnies pétrolières s’étaient montrées du golfe du Mexique? Les activités cubaines intéressées en 1993 à l’appel d’offres international présenté conditions pour les compagnies, comme d’exploration et production on shore et off- par Cuba pour la prospection et l’exploitation de 11 zones nous le verrons plus loin. pétrolières (Cf. réunions à Calgary et Londres en février 1993). shore, qui sont en augmentation, deman- Les compagnies des États-Unis ont sûrement dent des quantités énormes de fournitures (17) Total a abandonné Cuba en 1995 après avoir réalisé des activités de forage dans deux « Dry holes ». bien pris note quand la compagnie espa- et de services, pourquoi pas des États- (18) « Current status of exploration-production activities in gnole Repsol-YPF, en association avec Cupet Unis? ». Une fois posées ces questions, les Cuba », document présenté dans la US-Cuba Energy (Cubapetroleo, la compagnie nationale compagnies ont reçu une invitation claire: Conference mentionnée plus haut. Revue de l’Énergie, n° 578, juillet-août 2007 235
point, l’aspect fondamental est qu’à Cuba culier les graves coupures d’électricité La situation a donc changé avec le rôle que s’est imposée une conception moderne de la encore courantes il y a deux ans), tout en joue maintenant le Venezuela, mais Cuba propriété publique qui n’assimile pas la pro- avançant sur la voie d’un approvisionne- semble décidé à ne pas se trouver dans la priété de la nation sur les ressources du ment énergétique plus propre (énergie même situation de dépendance presque sous-sol à l’intervention exclusive de l’État éolienne et solaire, éthanol sur la base de la totale qu’elle a connue avec l’URSS. dans leur exploration, exploitation et valori- canne à sucre). Progressivement est née une En 1991, Cuba produisait seulement sation. « révolution énergétique » qui ne peut pas, 10 000 b/j, tandis qu’actuellement la cependant, ignorer le rôle et la place du production s’élève à 85 000 b/j, pour 1. La situation énergétique cubaine pétrole, compte tenu des structures écono- une consommation totale d’environ miques et technologiques de l’économie 180000b/j. Cette multiplication de la pro- à partir de la disparition de l’URSS cubaine. En 2004, le pétrole brut produit à duction est le résultat, selon le gouverne- Faisant partie du camp socialiste – et Cuba couvrait déjà 57 % de l’offre natio- ment cubain lui-même, de la participation compte tenu aussi d’autres considérations nale d´énergie primaire et le gaz naturel un des compagnies étrangères pétrolières et de spéciales concernant son isolement produit peu plus de 10 % (19). Le reste, importé, services : une coopération qu’il semble bien décidé à continuer, y compris avec la parti- par le blocus des États-Unis – Cuba a pu représentait un poids important pour l’éco- cipation des compagnies pétrolières des assurer durant plusieurs années son approvi- nomie cubaine, avant les accords avec le États-Unis. Une question qui serait intéres- sionnement énergétique, en grande partie Venezuela. Encore en 2003, selon le Bureau sante à explorer concerne l’attitude du grâce à des importations de pétrole à des national des statistiques, Cuba devait Venezuela face à l’ouverture cubaine et à ses prix préférentiels. En 1989, Cuba recevait importer environ un milliard de dollars de conditions contractuelles. Comme on le 220.000 barils par jour, dont une partie brut et produits pétroliers chaque année, ce sait, depuis l’avènement au pouvoir du pré- était écoulée sur le marché international. qui représentait près de 22 % du total de ses sident Hugo Chávez, des mesures à carac- Dans ces conditions, la consommation importations. tère nationaliste ont été prises à l’égard des d’énergie a augmenté à Cuba, basée massi- Une précision importante: jusqu’à mainte- compagnies étrangères et des révisions des vement sur le pétrole. L’offre totale d’énergie nant la production est composée surtout de modalités de l’ouverture pétrolière réalisée primaire, c’est-à-dire toute l’énergie utilisée pétrole très lourd (entre 10° et 20°) avec dans les années 90 se sont succédées. y compris les pertes, est passée de une teneur élevée en soufre. Ce pétrole peut 10934 Mtep (millier de tonnes d’équivalent être utilisé seulement dans certaines installa- pétrole) en 1971 à 16877 Mtep en 1989, tions industrielles: production de ciment, l’année de la chute du mur de Berlin. Après de nickel et, surtout, d’électricité. Cette der- avoir baissé de façon drastique, ce volume nière utilisation a posé énormément de pro- est remonté en 1999 à 12464 Mtep et attei- blèmes (20) et a commencé à diminuer dès (19) Cubaenergía : (http://www.cubaenergia.cu/lo_ultimo/ gnait en 2003 un total de 11 381 Mtep 2004: tandis que cette dernière année la datinteres.htm). (production nationale plus importations). part du pétrole national dans la production (20) « Ainsi qu’il est largement connu, le pétrole brut national a été utilisé en grande partie pour la génération d’électricité Cette même année, la partie qui représentait d’électricité était de 81 %, en 2002 elle dans les centrales thermoélectriques du SEN (Système Élec- le pétrole dans l’offre totale d’énergie a été de s’élevait à 92 %. En plus de l’effort interne, trique National). Cela a produit un certain nombre de difficul- 80 %. Si on prend en compte seulement le tés à ses technologies et composantes, à cause de la haute appuyé par les compagnies étrangères teneur en soufre, la viscosité élevée et d’autres inconvénients pétrole, le gaz et le charbon, le pétrole et les depuis l’an 2000, Cuba a pu compter sur le techniques que présente ce combustible », Julio Torres produits pétroliers représentaient 96.2 %, pétrole vénézuélien. Les chiffres varient, MARTÍNEZ et RicardoTORRES PÉREZ [2007], p. 42. dont 80 % importés. mais selon des évaluations bien informées (21) Le 30 octobre 2000 les présidents Hugo Chavez et Fidel Castro ont signé un accord sur un approvisionnement de La situation créée par l’interruption de l’ap- recueillies sur place, les importations en pétrole dans des conditions favorables de paiement pour Cuba, provisionnement soviétique a exigé un provenance du Venezuela atteignent envi- une partie à court terme et une autre à long terme. De plus, des modalités de troc ont été accordées,prévoyant la fourniture énorme effort: des mesures radicales de ron 95000 b/j entre brut et produits pétro- par Cuba des services, technologies et produits divers pour conservation d’énergie, la recherche de nou- liers, sous des conditions financières favo- appuyer le développement du Venezuela. L’accord était prévu pour une durée de cinq ans, renouvelable, mais il a été conti- veaux fournisseurs et des efforts pour aug- rables. En outre, dans le cadre d’un accord nué dans le cadre de nouvelles initiatives concernant de nou- menter la production nationale de pétrole, signé en 2000, Cuba envoie au Venezuela velles formes d’intégration en Amérique latine (ALBA : Alternative Bolivarienne pour l’Amérique) et Petrocaribe, une parmi d’autres. Des efforts ont été faits pour des médecins, des enseignants, des infir- initiative de coopération énergétique entre les pays des résoudre le problème énergétique (en parti- mières, des entraîneurs sportifs, etc. (21). Caraïbes, sous l’impulsion du Venezuela. 236 Revue de l’Énergie, n° 578, juillet-août 2007
2. la construction d’un cadre et cubaines. La Constitution cubaine, doit être soumis aux règles de conciliation et institutionnel et régulatoire modifiée en 1992, a reconnu la propriété d’arbitrage de la chambre de commerce de spécifique pour obtenir des sociétés, des entreprises conjointes et des Paris. associations économiques constituées selon D’autres caractéristiques des contrats mis en la participation des compagnies la loi. Pour ce qui concerne le pétrole, le œuvre à Cuba sont les suivantes: pétrolières principal élément du cadre légal est la loi pour l’investissement étranger (loi n° 77 de • durée: Onshore and Shallow, 25 ans; eaux « Tu peux faire des contrats à risque et tu n’as profondes, 30 ans pour le pétrole et 35 pour la République de Cuba). Ainsi, Cupet, ni la technologie ni le capital. Ce que tu dois le gaz; société nationale pétrolière de Cuba, est connaître très bien ce sont toutes les normes légalement autorisée à négocier et à entrer • des achats obligatoires ne sont pas requis; internationales qui régissent ces accords, discu- en association avec les compagnies pétro- ter en détail et avec fermeté », • les droits de douane sur les équipements et lières internationales désireuses d’investir Fidel Castro (22). matériaux importés sont remboursables; dans la prospection et l’exploitation de Pour Cuba, l’introduction de technologies pétrole sur le territoire cubain dans le cadre • le contractant a le droit de: avancées en exploration et forage est indis- de PSC (Production Sharing Contracts). – ouvrir des comptes bancaires à Cuba; pensable pour une meilleure connaissance C’est sur cette base que les 112000 km2 de et exploitation de ses ressources en pétrole et la zone économique exclusive cubaine ont – recevoir et retirer des fonds sur ses en gaz, en particulier celles qui se trouvent été divisés en 59 blocs d’exploration, d’en- comptes bancaires; dans les eaux profondes du golfe du viron 2000 km2 chacun, pour attirer les – réaliser des paiements et des transferts à Mexique, entre 2000 et 4000 mètres. Ces compagnies étrangères en leur offrant ce l’étranger. technologies et méthodologies avancées type de contrats, qui est l’une des modalités sont la propriété et sous la maîtrise des com- des contrats à risque. Depuis 1999, Repsol-YPF, Pebercan, pagnies étrangères avec lesquelles Cuba doit Sherritt International et Sinopec sont deve- Dans le cadre de ce type d’association éco- nus des noms usuels dans les publications négocier. Des entreprises de différents pays nomique, la compagnie étrangère apporte le internationales en rapport avec le pétrole sont présentes, mais le blocus appliqué par capital, la technologie et le savoir-faire en cubain. Plus récemment ont signé des les États-Unis a empêché Cuba de compter échange de 50 % de la production, laquelle avec les technologies les plus avancées, les- contrats pour différents blocs : Petronas (la peut être vendue à Cupet (qui a la priorité) compagnie pétrolière nationale de la quelles sont contrôlées en grande partie par ou exportée. Dans le premier cas, la vente se des compagnies de ce pays. En outre le blo- Malaysie), ONGC (la compagnie pétrolière fait aux prix internationaux, et si la produc- nationale de l’Inde), PDVSA et cus oblige à chercher des services et des tion est exportée elle n’est pas imposée fis- équipements dans des conditions telles que Petrovietnam. Quelques uns des blocs calement. Les profits nets annuels des tran- octroyés se trouvent juste au sud de trois les coûts d’opération augmentent, souvent sactions réalisées à Cuba sont imposés à au-delà de 30 %. Malgré ces difficultés, sur sections du US Minerals Management hauteur de 30 %. Le pourcentage de la pro- Service, proches des côtes du sud-est de la la base des travaux effectués par les compa- duction pour récupérer les coûts (Cost reco- gnies présentes sur le terrain, qui ont Floride. Au total, actuellement, 24 blocs se very oil) doit être négocié sur la base du trouvent sous contrat pour un total de accepté de participer à l’ouverture pétrolière potentiel et des caractéristiques de chaque cubaine, on considère que le secteur cubain 45000 km2 : six avec un consortium de bloc. Deux aspects des contrats sur lesquels trois compagnies (Repsol, Norsk Hydro, du golfe du Mexique peut contenir plus de certains pays producteurs s’efforcent de ne 4 milliards de barils de réserves récupé- ONGC Videsh, de l’Inde), quatre avec pas céder sont acceptés dans les PSC Sherritt International, deux avec ONGC rables, dans les conditions économiques et cubains: le régime fiscal n’envisage pas le technologiques actuelles. paiement de royalties et de bonus de signa- Depuis 1991, dans plusieurs secteurs clés de ture (signature bonus). De fait, l’État cubain l’économie, les investissements étrangers impose fiscalement les compagnies pétro- ont été encouragés et pour cela des change- lières comme n’importe quelle autre entre- ments ont été effectués dans le cadre insti- prise, c’est-à-dire qu’il ne demande pas une (22) Cette citation, traduite de l’espagnol, se trouve dans le tutionnel et régulatoire, pour définir par rente. L’autre aspect important que Cuba livre: Ignacio RAMONET, Fidel CASTRO, « Biografía a dos voces »,Debate,México 2006,655 p.Il existe une version fran- exemple les droits de propriété dans le cas accepte dans ces contrats est l’arbitrage çaise de ce livre (Fidel CASTRO, « Biographie à deux voix », des associations entre entreprises étrangères international: en cas de désaccord, le litige Fayard/Galilée, 2006). Revue de l’Énergie, n° 578, juillet-août 2007 237
CARTE 4 — des innovations régulatoires pour le développement des activités d’E & P ont été effectives. CONSIDÉRATIONS FINALES Dans une situation complexe, Cuba s’est situé sur la carte pétrolière mondiale d’une façon assez inattendue, même pour les experts. Le pays a réussi, en effet, à rendre crédible une ouverture de son territoire aux compagnies étrangères et peut présenter maintenant des résultats significatifs. Outre des facteurs économiques et technolo- giques, l’ouverture pétrolière cubaine s’ex- plique par la situation critique créée après la rupture des liens qu’elle a maintenus durant plusieurs décennies avec l’URSS. Les résul- tats et la crédibilité de cette ouverture sont à mettre en relation avec sa capacité de construire un environnement institutionnel seule, quatre avec Petronas (Malaisie), type stratégique doivent être prises en et régulatoire susceptible d’attirer les inves- quatre avec Petrovietnam, quatre avec compte dans cette évaluation, en particulier tissements étrangers dans des activités PDVSA. Vers la fin de 2006, la distribution du point de vue cubain. Cependant, d’E & P à haut risque. des blocs se présentait comme le montre la quelques éléments peuvent être avancés. carte n° 4, mais elle se trouve désormais Les deux côtés sont en train de trouver leur Depuis le début de l’ouverture, Cuba: dépassée. Elle ne peut être utile maintenant compte. Cuba a besoin de pétrole pour que pour situer l’ensemble des blocs. — a reçu 1,5 milliard de dollars d’investis- acquérir une certaine autonomie, en même Certaines absences dans la liste des compa- sements étrangers pour le développement temps qu’il doit faire face à une transition gnies qui participent à l’effort cubain dans de l’exploration dans le golfe du Mexique; énergétique dans laquelle le pétrole jouera les eaux profondes sont à remarquer. C’est encore un rôle important, compte tenu des — sa production de brut a été multipliée structures économiques et technologiques le cas de la brésilienne Petrobras, leader par sept (on shore et offshore); héritées du passé. Les compagnies, elles, technologique mondial dans l’exploration en eaux profondes, qui a été présente à — le gaz associé obtenu est utilisé pour la accèdent à des ressources en hydrocarbures d’autres moments. Il ne faut pas oublier, en génération d’électricité et la consommation dans une zone qui a une importance straté- tout cas, que des aspects politiques inter- gique, dans une situation énergétique mon- domestique; viennent sans doute dans l’ouverture diale où chaque baril de pétrole compte. cubaine: la présence de la compagnie véné- — des progrès technologiques et la moder- Pour Cuba, les premiers résultats de son zuélienne ou celle de Petrovietnam pourrait nisation de l’infrastructure d’E & P ont été ouverture sont donc satisfaisants, du point s’expliquer à ce niveau, hormis d’autres fac- accomplis; de vue de la couverture d’une partie impor- teurs qui concernent les caractéristiques et tante de la consommation interne. Il a — une percée dans l’exploration des eaux les performances de ces entreprises. réussi, en même temps, à compléter cet profondes du golfe du Mexique a été réus- À ce propos, les résultats de l’ouverture ne sie; effort qu’il mène avec la coopération des peuvent pas être évalués seulement en compagnies étrangères, en entrant dans une termes de ressources trouvées ou de produc- — un entraînement de personnel cubain a relation spéciale avec le Venezuela, dans le tion obtenue. D’autres considérations de été réalisé; cadre de nouvelles initiatives d’intégration 238 Revue de l’Énergie, n° 578, juillet-août 2007
régionale et de coopération énergétique de son peuple. Il est pour le moins para- voisin du Nord, pour son manque de impulsées par ce pays. doxal qu’au moment où, aux États-Unis on confiance en soi-même face au possible Que dire alors des États-Unis et de ses com- lance des appels pressants et on exerce des retour des compagnies pétrolières interna- pagnies pétrolières, invités par Cuba à parti- pressions pour que le Mexique ouvre son tionales, exprimé sur le ton du discours qu’il ciper à son ouverture? Peut-être qu’un jour sous-sol, ce pays reste sourd aux appels et tenait lors des nationalisations de 1938. l’invité inflexible se décidera à faire un signe invitations de Cuba pour que ses compa- Mais quel pays peut paraître plus archaïque, de tête: ce serait moins effrayant et terrible gnies pétrolières participent à l’exploration que de lancer une offensive contre un pays et à l’exploitation des ressources énergé- en ce début du XXIème siècle, que ces qui situe au plus haut point les valeurs d’in- tiques de sa Zone économique exclusive. Le mêmes États-Unis, au vu du discours tenu à dépendance, de souveraineté et de dignité Mexique est très souvent critiqué par son l’égard de Cuba? ■ BIBLIOGRAPHIE BENJAMIN-ALVARADO J. [2006], « Prospects for HAEBERLE Frederick [2005], « Gulf of Mexico teenth Annual Meeting of the Association for the Sustainable Energy », in FONT Mauricio A. (Ed.) reservoir properties are helpful parameters for Study of the Cuban Economy (ASCE), Miami, with the assistance of Scott Larson, « CUBA: in explorers », Oil & Gas Journal, Volume 103 Issue Florida, 4-6 août, 2005, pp. 110-123. Transition? Pathways to Renewal, Long-Term 24, Jun 27. RODRÍGUEZ CASTELLÓN Santiago [2002], Development and Global Reintegration » MINERALS MANAGEMENT SERVICE, (International Symposium, March 13-15), Bildner « Consideraciones sobre el Sector Energético http://www.mms.gov/. Le MMS est, aux États- Center for Western Hemisphere Studies, The Cubano », Cuba Siglo XXI, Economía, Unis, l’organisme régulateur chargé des licitations Graduate Center, The City University of New York publiques pour l’exploitation des hydrocarbures. http://www.nodo50.org/cubasigloXXI/econo- (http://web.gc.cuny.edu/dept/bildn/cuba/publica- mia/rodriguez1_310102.htm MORA CONTRERAS Jesús [2007], « Ventajas para la tions/conferences/cubaintransitionbook.pdf). integración energética de América del Sur », travail TORRES MARTÍNEZ Julio et TORRES PÉREZ BOUÉ Juan Carlos with JONES Edgar [2006], « A qui sera présenté dans le congrès conmémoratif Ricardo [2007], « Reflexiones sobre la problemá- Question of Rigs, of Rules, or of Rigging the des 50 ans de FLACSO (Faculté Latinoaméricaine tica energética actual en el mundo y en Cuba », Rules? Upstream Profits and Taxes in the US Gulf des Sciences Sociales), Quito, Équateur, octobre. présenté dans le cadre du séminaire annuel du Offshore Oil and Gas », Oxford Institute for MINISTERIO DE LA INDUSTRIA BÁSICA, Centre d’Études de l’Économie Cubaine 2005. Energy Studies, 396 p. République de Cuba, des matériaux divers sur les Publié en avril 2007 dans : CUPET (Unión Cuba-Petróleo, société nationale activités de cette société et sur les activités d’explo- http://www.nodo50.org/cubasiglo XXI/econo- pétrolière cubaine): des matériaux divers sur les ration et de production à Cuba. mia. htm activités de cette société et sur les activités d’explo- PÉREZ Guillermo H., BLICKWEDE Jon Frederic ration et de production à Cuba. Articles divers d’information parus dans des jour- [2000], « Cuba deepwater exploration opportuni- naux: La Jornada, Financial Times, The Economist, COUNCIL ON FOREIGN RELATIONS [2007], ties described in southeastern Gulf of Mexico », Oil & Gas Journal, 15 mars. Oil & Gas Journal, Granma, etc. « Cuba After Castro: The Future of US-Cuba Relations », janvier 1923, consulté le 30 mars PIÑON CERVERA Jorge R. [2005], « Cuba’s Sites Web: Cubaenergía (Centre de Gestion de 2007 dans le site: http://www.cfr.org/publica- Energy Challenge: a Second Look », in « Cuba in l’Information et du Développement de l’Énergie): tion/12493/cuba_after_castro. html,. Transition », Papers and Proceedings of the fif- http://www.cubaenergia.cu/ Revue de l’Énergie, n° 578, juillet-août 2007 239
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