La communauté juive de Russie, otage des relations entre Moscou et Israël - Reforme.net

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Par Sophie Nouaille

La communauté juive de Russie,
otage des relations entre Moscou
et Israël
Le Grand Rabbin de Moscou, Pinchas Goldschmidt, qui avait refusé de soutenir
l’invasion de l’Ukraine, a dû quitter la Russie en mars et a annoncé le 7 juillet
dernier qu’il quittait son poste et ne reviendrait pas en Russie. Pour tenter de
mieux comprendre cette situation complexe, Réforme a interviewé Philippe de
Lara, maître de conférences en science politique à l’université Panthéon-Assas

Cet épisode est-il un tournant dans les relations entre le Kremlin et les
Juifs de Russie ?

Le rabbin Goldschmidt est une figure éminente du judaïsme russe. Il était grand
rabbin de Moscou depuis 1989 et a joué un rôle central dans la renaissance de la
vie juive en Russie après la fin de l’URSS. Il venait d’être renouvelé dans ses
fonctions, alors qu’il n’était déjà plus en Russie mais a préféré renoncer à son
poste pour ne pas « mettre en danger la sécurité de la communauté ». Comme
toutes les institutions civiles du pays, les communautés juives sont soumises à des
pressions pour soutenir l’invasion de l’Ukraine.

Cet embrigadement gêne même le grand rabbin de Russie, Berel Lazar, pourtant
proche de Poutine. Il a fait une déclaration déplorant la guerre et appelant les
dignitaires de toutes les religions à œuvrer à la paix. D’autres responsables de la
communauté ont déploré l’instrumentalisation de la Shoah et de la lutte contre le
nazisme par le pouvoir russe. Même si, à part le geste spectaculaire du rabbin
Goldschmidt, ces oppositions restent feutrées, elles traduisent un tournant
profond dans le rapport des Juifs russes avec l’État russe.

Depuis 1991, ils affichaient une loyauté discrète mais ferme. En 2014, ils avaient
refusé de se solidariser avec les Juifs ukrainiens lorsque la communauté et le
rabbinat d’Ukraine avaient dénoncé l’annexion de la Crimée par la Russie. Or il
faut savoir que la population juive d’Ukraine est très importante, comparable à
celle de Russie (autour de 200 000 personnes), et que les Ukrainiens forment une
partie significative des Juifs soviétiques installés en Israël depuis 1991. Ces deux
communautés sont proches par la langue et l’expérience de l’oppression
soviétique, et les Juifs russes sont partagés entre l’allégeance traditionnelle à leur
pays et la réprobation de la politique de destruction de l’Ukraine de Poutine.

La communauté juive de Russie doit-elle être inquiète ?

Oui, elle a toujours été soucieuse face à la permanence de l’antisémitisme en
Russie, notamment dans l’Église orthodoxe, mais elle voulait croire que le
Kremlin en était exempt, puisque Poutine était un ami d’Israël. Mais l’inquiétude
a pris une dimension nouvelle avec la guerre. Les Juifs savent bien que le
bellicisme a toujours été le terreau de l’antisémitisme. Aussi le soutien agressif du
patriarche Cyrille à la guerre, ou les propos du ministre Lavrov sur l’existence de
Juifs nazis et sur le soi-disant « sang juif » de Hitler, ont cristallisés le malaise des
Juifs russes, d’où des départs en grand nombre depuis le 24 février. Ils s’installent
en Israël ou se réfugient dans des pays plus accueillants. Cet exil s’inscrit
d’ailleurs dans celui de la « classe créative » russe (ingénieurs, scientifiques,
intellectuels, etc.) qui ne veut plus vivre dans le monde rétrograde et paranoïaque
de Poutine (ils sont entre 300 000 et un million à ce jour).

Quelles conséquences pour les relations entre la Russie et Israël ?

Elles sont évidemment affectées. L’interdiction des activités de l’Agence juive par
le Kremlin suscite pour l’instant des réactions prudentes car Israël ne veut pas
mettre en danger les Juifs russes, mais la blessure est profonde. La période rose
des relations entre les deux pays, poussée par le lobby russe en Israël et par les
calculs géopolitiques, de Netanyahu est révolue.

Propos recueillis par Sophie Nouaille

Par Rédaction Réforme avec AFP

Guerre    en Ukraine   :  ces
Tchétchènes venus prêter main
forte à Kiev
Alors que des milliers de Tchétchènes fidèles au Kremlin se battent au côté des
forces russes, d’autres ont rejoint officieusement les rangs de l’armée ukrainienne
pour combattre Moscou.

On n’en entend pas souvent parler de ces Tchétchènes. Islam n’est pas un
combattant comme les autres. “Si les Russes me prennent, je ne serai pas
échangé“, dit ce Tchétchène engagé auprès de l’armée ukrainienne près du front.
“On va me torturer puis m’exhiber à la télé“. Âgé de 33 ans, ce dissident réfugié
en Pologne depuis près de deux décennies a intégré en avril le bataillon Cheikh
Mansour, fondé en 2014 après l’annexion de la Crimée et composé principalement
de vétérans des guerres de Tchétchénie. Le groupe a été baptisé du nom d’un
commandant militaire tchétchène contre l’expansion russe dans le Caucase au
XVIIIe siècle, histoire de rappeler que la soif d’indépendance de son peuple ne
datait pas d’hier.

Comme Islam, crânes rasés et barbes longues, ils sont “quelques centaines
d’hommes” à avoir convergé volontairement vers l’Ukraine depuis le début de
l’invasion russe en février, pour prêter main forte à Kiev et combattre Moscou.
Combien sont-ils exactement ? Où sont-ils positionnés ? Rencontré à Zaporijjia
(sud-est) avec deux autres membres en marge des affrontements, Islam ne veut
pas le dire. Il ne souhaite pas non plus révéler leur identité exacte, pour protéger
les proches restés en Tchétchénie des représailles. Car juste de l’autre côté de la
ligne de front se trouvent d’autres Tchétchènes, fidèles eux au Kremlin et
embrigadés dans des commandos de “Kadyrovtsy”. Ces milices de sinistre
réputation sont déployées aux côtés de l’armée russe. On parle de 8 000 hommes,
un chiffre invérifiable.

Diaspora tchétchène                                  de        250          000
personnes
“Nous voulons montrer que tous les Tchétchènes ne sont pas comme eux, mais
que nous sommes nombreux à voir les Russes comme des agresseurs et des
occupants“, détaille Islam sous le bruit des sirènes qui signalent un risque de
bombardement. Pour lui, la guerre ici a un air de déjà-vu. “C’est comme un
voyage dans le passé, une continuation de ce qui a commencé dans le Caucase“,
énonce-t-il calmement en treillis, après s’est extirpé d’une fourgonnette noire au
pare-brise brisé, repeinte sommairement à la bombe. Sa capitale, Grozny, a subi
le même sort que Marioupol, écrasée sous les bombes russes, il y a plus de deux
décennies. La petite république a majorité musulmane a été ravagée par deux
guerres meurtrières. La dernière, déclenchée par Vladimir Poutine en 1999, a
abouti à la mise en place à sa tête en 2007 du redoutable Ramzan Kadyrov,
accusé de réprimer ses détracteurs.

En conséquence, une diaspora tchétchène, estimée à 250 000 personnes, s’est
formée en Europe, en Turquie et aux Émirats arabes unis. “J’ai décidé de
rejoindre le bataillon pour laver l’honneur des Tchétchènes que Moscou tente de
faire passer pour des terroristes“, explique Islam, célibataire, qui documente sur
internet les crimes de guerres commis par la Russie, ce qui lui vaut des
menaces. Il obéit aux ordres du commandant adjoint Mansour, un colosse de
quarante ans arborant d’importantes blessures cicatrisées. “Deux d’entre nous
sont morts, d’autres sont blessés. Mais il est important qu’on soit là. On a des
choses à enseigner sur la guerre aux soldats locaux”, estime ce volontaire. Non
intégrés officiellement à l’armée ukrainienne, ces Tchétchènes sont équipés avec
le matériel récupéré à l’ennemi. Ils sont nourris par la population locale,
majoritairement orthodoxe, qui semble plutôt les voir d’un bon œil.

“Honneur et dignité”
“On n’est pas là pour imposer les préceptes islamiques mais pour combattre un
ennemi commun et défendre la liberté”, résume Mansour, pour qui c’est “une
forme de jihad”. De nombreux Tchétchènes résidant en Europe ayant rejoint les
rangs de l’État islamique par le passé, les autorités ukrainiennes, elles, sont
longtemps restées sceptiques face à ces soutiens. Certains ont été placés sur une
liste de sanctions pour terrorisme par des éléments prorusses du pouvoir, parce
qu’ils sont recherchés par Interpol à la demande de Moscou.

“Mais tout cela c’était avant l’invasion et désormais le regard porté sur nous par
le gouvernement a changé”, estime Islam, qui rappelle que des chrétiens
combattent aussi dans le bataillon, vu maintenant comme un “allié”. Au point que
certains Ukrainiens préfèrent s’y intégrer plutôt que de rejoindre les rangs de
l’armée. C’est le cas d’Asadulla, athlète aux yeux bleus qui s’est converti à l’islam
et dit “admirer ces gens gardant honneur et dignité”, malgré les exactions subies.
“Leur soif d’indépendance et de justice est un exemple pour nous autres”, souffle-
t-il, très fier d’avoir été accepté par ses “frères d’armes“.
Par Rédaction Réforme avec AFP

Ukraine     :    une     médaille
du Nobel de la paix vendue plus de
100 millions de dollars pour les
enfants ukrainiens
Lundi 20 juin, le journaliste russe Dmitri Mouratov a vendu sa médaille de
prix Nobel de la paix 103,5 millions de dollars. Une somme destinée aux enfants
ukrainiens déplacés à cause de la guerre.

Cette somme sera destinée aux enfants déplacés à cause du conflit en Ukraine. Le
rédacteur en chef russe du journal d’investigation indépendant Novaïa Gazeta
Dmitri Mouratov a vendu, lundi 20 juin, aux enchères sa médaille de
prix Nobel de la paix 103,5 millions de dollars. Il avait remporté le prestigieux
prix en 2021, aux côtés de la journaliste philippine Maria Ressa, le comité les
honorant “pour leurs efforts visant à préserver la liberté d’expression”. Il l’avait
dédié à son journal Novaïa Gazeta et à ses collaborateurs “morts en défendant le
droit des gens à la liberté d’expression”. La vente, qui se déroulait à New York, a
été très animée, ponctuée de nombreux applaudissements et stimulée par les
enchérisseurs qui s’encourageaient les uns les autres pour tirer la vente vers le
haut.

Dmitri Mouratov enregistrait des vidéos de l’écran de l’enchère et de l’ambiance
dans la salle. Le montant de la vente, décrochée par téléphone par un
enchérisseur dont l’identité n’a pas été dévoilée, sera reversé au programme de
l’Unicef consacré aux enfants ukrainiens déplacés par la guerre, selon Heritage
Auctions, qui s’est chargé de la vente. Lorsque l’offre finale est tombée,
augmentée de dizaines de millions de dollars par rapport à la précédente, la salle
a été prise de stupéfaction, y compris Dmitri Mouratov lui-même. Son choix de
l’Unicef comme bénéficiaire des fonds était motivé par le souci “essentiel pour
nous que cette organisation n’appartienne à aucun gouvernement”, mais puisse
“travailler au-dessus”, sans “frontières”.

Six journalistes ou contributeurs tués
depuis les années 1990
Dmitri Mouratov fait partie des fondateurs du journal Novaïa Gazeta en 1993
après la chute de l’Union soviétique et en a dirigé la publication de façon quasi
continue depuis. Connu notamment pour ses enquêtes sur la corruption et les
atteintes aux droits humains en Tchétchénie, le tri-hebdomadaire est devenu cette
année le dernier grand journal à critiquer le président Vladimir Poutine et ses
tactiques à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Novaïa Gazeta a annoncé fin mars
suspendre ses publications en ligne et au format papier en Russie jusqu’à la fin de
l’intervention en Ukraine, en plein durcissement du Kremlin contre les voix
dissonantes. “Il n’y a pas d’autre solution. Pour nous, et, je le sais, pour vous,
c’est une décision terrible et douloureuse. Mais il faut que nous nous protégions
les uns les autres”, avait alors écrit Dmitri Mouratov dans une lettre adressée aux
lecteurs du journal.

Selon lui, sa rédaction avait poursuivi son travail pendant 34 jours “dans les
conditions d’une censure militaire”, depuis le lancement de l’offensive russe. Le
journal a déjà payé le prix fort pour son engagement : six de ses journalistes ou
contributeurs ont été tués depuis les années 1990, dont la célèbre journaliste
Anna Politkovskaïa, connue pour ses critiques de la guerre sanglante du Kremlin
en Tchétchénie et assassinée le 7 octobre 2006. Les commanditaires de ce crime
n’ont jamais été identifiés. Ebranlé par ce meurtre, Dmitri Mouratov avait
envisagé de fermer le journal, qui lui semblait “dangereux pour la vie des gens”,
confiait-il en mars 2021 à l’AFP, mais avait décidé de continuer face à la
détermination de sa rédaction.

“Aider les gens qui souffrent le plus”
Lundi, il a salué la persévérance des journalistes, qui constituent un frein
important pour les gouvernements et un moyen de prévenir la guerre. “Peu
importe le nombre de fois où chacun d’entre nous veut rendre son préavis et
démissionner, nous devons rester à notre poste”, a-t-il déclaré à l’AFP. Dans une
vidéo publiée par Heritage Auctions, le journaliste déclare que gagner le
prix Nobel “vous donne une opportunité d’être entendu”. “Le message le plus
important aujourd’hui, c’est que les gens comprennent qu’un conflit se passe et
que nous devons aider les gens qui souffrent le plus”, a-t-il ajouté, désignant en
particulier “les enfants dans les familles réfugiées”.

Par Sophie Nouaille

UE : première réponse vendredi
pour l’intégration de l’Ukraine
La Commission européenne se prononce vendredi sur l’octroi à l’Ukraine du
statut de candidat à l’UE mais tout feu vert sera assorti de conditions et devra
être validé à l’unanimité par les Vingt-Sept avant l’ouverture de longues
négociations en vue de son adhésion. Le président français, le chancelier
allemand et le président du Conseil des ministres d’Italie rencontraient jeudi
Volodymyr Zelensky à Kyiv en Ukraine.

Jamais un avis n’aura été rendu en si peu de temps sur une demande de
candidature, une urgence due à la guerre menée par la Russie depuis plus de
trois mois et qui s’inscrit dans le soutien apporté par les Européens à l’Ukraine
face à Moscou. Paris, Berlin et Rome sont toutes pour l’octroi “immédiat” du
statut officiel de candidat, a déclaré jeudi le président français Emmanuel Macron
lors d’une visite à Kiev où il était accompagné du chancelier allemand Olaf Scholz
et du chef du gouvernement italien Mario Draghi. L’Ukraine est “prête” à
travailler pour devenir “membre de plein droit” de l’Union, leur a assuré le
président Volodymyr Zelensky.

Des critères précis pour rentrer dans l’UE
Kiev a présenté sa candidature fin février, peu après le début de l’invasion, et M.
Zelensky n’a cessé depuis de mettre l’UE au défi de prouver que “les mots sur
l’appartenance du peuple ukrainien à la famille européenne ne sont pas vains”.
Pour être candidat à l’adhésion à l’UE, un pays doit satisfaire à une série de
critères politiques (démocratie, Etat de droit, protection des minorités),
économiques (économie de marché viable) et s’engager à intégrer les règles du
droit européen.

L’Ukraine et l’UE déjà associées
L’Ukraine est déjà liée à l’UE par un accord d’association entré en vigueur en
septembre 2017. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der
Leyen, qui s’est rendue à deux reprises en Ukraine, a reconnu que les autorités de
ce pays avaient “fait beaucoup” en vue de leur candidature, mais estimé qu’il y
avait encore “beaucoup à faire”, notamment en matière de lutte contre la
corruption et du respect de l’Etat de droit. La corruption en Ukraine reste
endémique: dans son rapport 2021, l’ONG Transparency International la classe
122e sur 180. C’est mieux qu’en 2014 (142e) , mais encore très loin derrière ses
voisins de l’UE (le moins bien placé, la Bulgarie, est au 78e rang).

L’unanimité requise
“Il s’agit d’un exercice très délicat pour la Commission car elle ne peut pas être
moins exigeante pour l’Ukraine que pour les autres pays pour lesquels elle a
rendu un avis favorable par le passé. Sa crédibilité exige le maintien de standards
élevés”, estime Sébastien Maillard de l’Institut Jacques Delors.

Il s’attend à un avis positif sur l’octroi du statut à l’Ukraine, mais avec des
conditions à remplir assorties d’un délai. Le même traitement pourrait être
accordé à la Moldavie, également candidate, tandis que la Géorgie pourrait être
reconnue comme “candidat potentiel” –comme le sont le Kosovo et la Bosnie qui
ne remplissent pas encore les critères d’adhésion. L’avis de la Commission servira
de base de discussions au sommet des dirigeants de l’UE les 23 et 24 juin à
Bruxelles.

Dégager un consensus
Il faudrait “faire tout le nécessaire” pour “trouver l’unanimité” sur les
candidatures de l’Ukraine et la Moldavie, a reconnu jeudi le chancelier allemand,
alors que des pays comme le Danemark ou les Pays-Bas ont exprimé des réserves.
En assortissant le statut de candidat de conditions à remplir, les Etats pourraient
trouver des marges de manœuvre pour dégager un consensus.

La reconnaissance du statut de candidat sera le début d’un long processus, avec
la mise en place par la Commission d’une “stratégie de pré-adhésion”:
un programme de soutien aux réformes nécessaires à l’intégration, assorti d’une
aide financière. L’ouverture de négociations officielles exigera ensuite, là encore,
un feu vert unanime des Vingt-Sept.

Une communauté politique européenne en
attendant
Cinq pays sont déjà officiellement candidats: Turquie (1999, un processus
aujourd’hui gelé), Macédoine du Nord (2005), Monténégro (2010), Serbie (2012)
et Albanie (2014). Les négociations ne sont toujours pas ouvertes avec la
Macédoine du Nord et l’Albanie, et Emmanuel Macron, dont le pays exerce
actuellement la présidence de l’UE, avait estimé en mai qu’une adhésion de Kiev
prendrait “des décennies”.

Dans l’attente d’une intégration, il a proposé la création d’une communauté
politique européenne pour accueillir les pays désireux de rejoindre l’UE, une
initiative accueillie avec méfiance par l’Ukraine.
Sophie Nouaille avec AFP

Par Sophie Nouaille

Le patriarche russe orthodoxe,
Kirill, sanctionné par le Royaume-
Uni
Le Royaume-Uni a sanctionné jeudi le patriarche Kirill, chef de l’Eglise orthodoxe
russe, dans le cadre d’une nouvelle salve de mesures en réponse à l’invasion de
l’Ukraine, des représailles qualifiées d'”absurdes” par l’Eglise russe.

Le dirigeant religieux âgé de 75 ans, que l’Union européenne a renoncé
récemment à inscrire sur sa liste noire, “est sanctionné pour son soutien à la
guerre de Poutine”, a expliqué le ministère des Affaires étrangères dans un
communiqué.

Interdiction de territoire
“Les tentatives d’intimider le patriarche de l’Eglise russe ou de le forcer à
abandonner ses vues sont absurdes, insensées, sans issue”, a réagi dans un
communiqué Vladimir Legoïda, le porte-parole de l’Eglise orthodoxe russe.
Les mesures annoncées par Londres, qui prévoient interdiction d’entrer sur le
territoire britannique et gel des avoirs au Royaume-Uni, visent également Maria
Lvova-Belova, médiatrice pour les droits des enfants auprès du Kremlin, en raison
de “l’adoption et le transfert forcés d’enfants ukrainiens”.

Sanctions aussi pour les “complices”
Sont aussi ciblés des dirigeants du secteur des transports et des militaires
accusés d’avoir “tué, violé et torturé des civils” à Boutcha, près de Kiev. “Nous
ciblons les complices et les auteurs de la guerre de Poutine qui infligent des
souffrances indicibles à l’Ukraine, notamment le transfert et l’adoption forcés
d’enfants”, a déclaré la cheffe de la diplomatie Liz Truss dans un communiqué.

Pour une Russie dominatrice
Le patriarche Kirill, chef des orthodoxes russes depuis 2009, a mis son Eglise au
service du président russe Vladimir Poutine, le qualifiant de “miracle”, partageant
son ambition d’une Russie conservatrice dominatrice et soutenant l’offensive en
Ukraine.
La Commission européenne avait proposé de le sanctionner mais l’UE y a renoncé
en raison de l’opposition de la Hongrie.

Sophie Nouaille avec AFP
Par Rédaction Réforme avec AFP

Russie : l’ONU appelle Moscou à
ne   pas    adopter    d’enfants
ukrainiens
Une responsable de l’ONU a appelé les autorités russes à ne pas adopter les
enfants venus d’Ukraine, alors que nombre d’entre eux auraient été transférés
dans le pays.

Le message est clair. Aucun enfant venant d’Ukraine ne doit faire l’objet
d’une adoption en Russie, a affirmé mardi à New York une responsable de l’ONU,
alors que plusieurs milliers d’entre eux sont présumés avoir été transférés dans
ce pays depuis l’invasion russe du 24 février. “Nous insistons toujours pour
qu’aucun enfant ne soit proposé à l’adoption lors d’un conflit” car l’ONU
privilégie “le retour des enfants dans leurs familles”, a déclaré lors d’une
conférence de presse Afshan Khan, directrice régionale de l’Unicef (Fonds des
Nations unies pour l’enfance) pour l’Europe et l’Asie centrale, qui revient d’un
séjour en Ukraine.

Risque d’adoption forcée
“Toute décision de déplacer un enfant doit être fondée sur son intérêt supérieur
et tout déplacement doit être volontaire”, avec un accord de la famille, a-t-elle
ajouté. “Nous réaffirmons, notamment à la Fédération de Russie, que
l’adoption ne devrait jamais avoir lieu pendant ou immédiatement après une
situation d’urgence” humanitaire, car les enfants qui sont alors séparés de leur
famille “ne peuvent être considérés comme orphelins”, a-t-elle insisté. Concernant
les enfants “qui ont été envoyés en Russie, nous travaillons étroitement avec des
médiateurs et des réseaux pour voir comment nous pouvons documenter au mieux
ces cas”, a dit Afshan Khan, sans pouvoir donner de chiffres.

Interrogée pour savoir si l’Unicef avait accès aux enfants transférés en Russie, la
responsable a répondu par la négative. “Nous n’avons pas accès aux enfants au-
delà des frontières de la Fédération de Russie. C’est quelque chose qui doit se
faire en accord avec le gouvernement de la Fédération de Russie, à sa demande”,
a-t-elle précisé. L’ONU s’était déjà inquiétée début mars du risque
d’adoption forcée d’enfants ukrainiens, notamment ceux, au nombre d’environ
100 000, vivant dans des institutions ou internats pour beaucoup localisés dans
l’est du pays, sans être forcément orphelins et dont la moitié sont handicapés.

Par Rédaction Réforme avec AFP

Guerre en Ukraine : Amnesty
accuse la Russie de crimes de
guerre
Lundi 13 juin, l’ONG a dénoncé des crimes de guerre perpétrés à Kharkiv, la
seconde ville ukrainienne, par l’armée russe qui utiliserait des armes interdites
par des traités internationaux tuant de nombreux civils.

D’après Amnesty International, les forces russes auraient mené des frappes sur
Kharkiv avec des bombes à fragmentation. Ainsi, l’ONG a accusé, lundi 13 juin, la
Russie de crimes de guerre en Ukraine, affirmant que des centaines de civils
avaient péri dans des attaques incessantes sur la deuxième ville du pays. Au cours
d’une enquête approfondie, l’ONG de défense des droits de l’Homme affirme avoir
trouvé des preuves montrant que dans sept attaques sur des quartiers de Kharkiv,
dans le nord-est du pays, les forces russes ont utilisé des bombes à sous-
munitions de type 9N210 et 9N235 et des mines à dispersion, deux catégories
interdites par des traités internationaux.

Intitulé “Tout le monde peut mourir à tout moment”, ce rapport montre comment
les forces russes ont tué et provoqué d’immenses dégâts en bombardant sans
relâche des quartiers résidentiels de Kharkiv depuis le début de l’invasion de
l’Ukraine le 24 février. “Des personnes ont été tuées chez elles et dans la rue, sur
des terrains de jeu et dans des cimetières, alors qu’elles faisaient la queue pour
obtenir de l’aide humanitaire ou des achats de nourriture et de médicaments“, a
déclaré Donatella Rovera, chercheuse sur les situations de crise et de conflit au
siège d’Amnesty. “L’utilisation répétée d’armes à sous-munitions largement
interdites est choquante et témoigne d’un mépris total pour la vie des civils“, a-t-
elle ajouté.

“Ma jambe droite avait disparu”
Bien que la Russie ne soit signataire ni de la Convention sur les armes à sous-
munitions ni de celle sur les mines antipersonnel, le droit international
humanitaire interdit les attaques et l’utilisation d’armes qui, par nature, frappent
sans discrimination et constituent un crime de guerre, souligne le rapport
d’Amnesty. La justice ukrainienne a ouvert plus de 12 000 enquêtes pour crimes
de guerre dans le pays depuis le début de l’invasion russe, selon le parquet. Parmi
les témoignages recueillis par Amnesty, Tetiana Agaïeva, une infirmière de 53
ans, se tenait à l’entrée de son immeuble lorsque plusieurs bombes à
fragmentation ont explosé le 15 avril. “Il y a eu un bruit soudain de pétards
partout. J’ai vu des bouffées de fumée noire là où les explosions ont eu lieu. Nous
nous sommes jetés à terre et avons essayé de nous mettre à l’abri. Le fils de notre
voisin, un garçon de 16 ans, a été tué sur le coup“, a-t-elle dit.
Le 12 mars, Veronika Tcherevytchko a perdu sa jambe droite lorsqu’une roquette
Grad a frappé une aire de jeux devant chez elle : “J’étais assise sur un banc
lorsque l’explosion s’est produite. Je me souviens avoir entendu un sifflement
juste avant l’explosion. Puis je me suis réveillée à l’hôpital, ma jambe droite avait
disparu“, a raconté cette mère de famille de 30 ans. Trois personnes ont été tuées
et six blessées lorsqu’une série d’armes à sous-munitions ont explosé dans le
même quartier le 26 avril, selon Amnesty. Olena Sorokina, 57 ans, a perdu ses
deux jambes dans l’explosion. Elle attendait une livraison d’aide humanitaire
lorsqu’elle a entendu le bruit d’un obus volant et couru vers l’entrée de
l’immeuble. “Après la bataille contre le cancer, je dois maintenant affronter une
autre bataille pour apprendre à vivre sans jambes“, a-t-elle dit. Amnesty a
enquêté sur 41 frappes qui ont fait au moins 62 morts et au moins 196 blessés.

Par Rédaction Réforme avec AFP

Ukraine : le président du Sénat
français va “prochainement” se
rendre dans le pays
Invité par le président du Parlement ukrainien, le sénateur LR des Yvelines
Gérard Larcher a annoncé, mardi 7 juin, qu’il se rendra “prochainement” à Kiev.

L’annonce a été faite lors d’une conférence de presse conjointe à Paris. Le
président du Sénat français Gérard Larcher (opposition de droite) a indiqué qu’il
se rendra “prochainement” à Kiev, à l’invitation du président de la Rada
(parlement ukrainien) Rouslan Stefantchouk. Le président du Sénat français a
précisé qu’il rendrait “naturellement” compte de cette visite au président de la
République Emmanuel Macron “parce qu’il y a des moments où la France doit
parler d’une voix“.

“Le chemin de l’Ukraine est en direction
de l’Europe”
Gérard Larcher a aussi réaffirmé son soutien à l’Ukraine dans sa demande de
statut de candidat à l’adhésion à l’Union européenne. “Je le dis en mon âme et
conscience et en toute responsabilité, l’Ukraine a écrit en lettres de sang
plusieurs des conditions exigées pour obtenir le statut de candidat“, a-t-il déclaré,
affirmant que “l’Union européenne ne peut tourner le dos à l’Ukraine en lui
refusant” ce statut.

De son côté le président de la Rada, en tenue kaki et s’exprimant en ukrainien, a
exhorté l’UE à “ouvrir la porte” à son pays. “Le chemin de l’Ukraine est
uniquement en direction de l’Europe“, a-t-il affirmé. Ce dernier a souligné que si
l’Ukraine souhaitait “aller vite” dans la procédure d’adhésion, elle ne demande
pas de “faveurs“. La demande de l’Ukraine doit être examinée lors d’un sommet
européen les 23 et 24 juin.
Par Rédaction Réforme avec AFP

Ukraine : la guerre ne doit pas
faire oublier les déplacés au Sahel,
estime le HCR
Pour l’agence onusienne, le conflit ukrainien ne doit pas éclipser les violences et
l’insécurité alimentaire auxquelles sont exposés les déplacés et réfugiés au Sahel.

Dans une chronique publiée dans nos colonnes en mars dernier s’intitulant “Pas
de concurrence des souffrances !“, la théologienne Valérie Duval-Poujol l’écrivait
déjà : “Si l’urgence impose évidemment des mesures rapides et conséquentes,
cela ne devrait sans doute pas être au détriment d’autres mobilisations à plus
long terme, peut-être moins visibles ou moins spectaculaires mais tout aussi
fondamentales.” Et d’insister sur le fait qu’il ne devrait pas y avoir de compétition
entre les désespoirs. Mardi 7 juin, la directrice du bureau régional du HCR pour
l’Afrique de l’Ouest et centrale a fait une déclaration en ce sens : la guerre en
Ukraine ne doit pas faire oublier aux Européens la nécessité d’aider les déplacés
et réfugiés au Sahel qui fuient les violences et sont exposés à l’insécurité
alimentaire, a-t-elle plaidé.

Présente à Bruxelles pour rencontrer des responsables européens, Millicent
Mutuli a alerté sur l’accélération et l’expansion des déplacements de populations
dans les pays du Sahel, alors que les attaques de groupes jihadistes se sont
étendues. “Ce qui est inquiétant c’est de voir que (…) les régions du nord du
Togo, du Bénin et de la Côte d’Ivoire sont désormais affectées par des attaques
sur des cibles comme des postes de police, mais aussi par des déplacements de
population“, a-t-elle déclaré à l’AFP. Elle souhaite obtenir de l’UE “un
engagement qu’elle continuera à porter son attention sur la région d’Afrique
centrale et du Sahel“, et à y consacrer des fonds, même si les yeux sont
actuellement tournés vers l’Ukraine, avec plus de huit millions de personnes
déplacées à l’intérieur du pays et 6,9 millions réfugiées à l’étranger.

“Populations vulnérables”
Depuis 2015, les déplacements forcés de population en Afrique de l’Ouest et
centrale ont presque quadruplé. Dans cette région 7,4 millions de personnes ont
été déplacées à l’intérieur de leur pays et 1,6 million sont réfugiées ailleurs, selon
des données du HCR de janvier. Pour le seul Sahel (Burkina Faso, Mali,
Mauritanie, Niger, et Tchad) les déplacés se montent à 4,7 millions de personnes.
Les populations sont poussées pour des raisons de sécurité à quitter les zones
rurales pour s’installer dans des centres urbains, a souligné la responsable, citant
comme exemple de ce phénomène les villes de Kaya et Dori, dans le nord du
Burkina Faso. A la différence des plus âgés, les jeunes de 20 à 30 ans qui
s’installent en ville ne comptent pas revenir dans les villages, a-t-elle indiqué.

L’aide à fournir à ces populations doit donc notamment se concentrer sur la
formation professionnelle, afin que les jeunes puissent travailler, a-t-elle dit. Elle
a pointé le risque de voir grossir les mouvements migratoires dans la région et
vers l’Europe “si aucune réponse n’est apportée aux besoins immédiats de ces
populations vulnérables“. Millicent Mutuli a également souligné que l’impact de
la crise alimentaire qui affecte en particulier le Tchad est encore plus fort pour
les réfugiés. “Nous avons besoin de moyens pour la production alimentaire près
des camps de réfugiés“, a-t-elle dit. Et le blocus des ports ukrainiens qui empêche
les exportations de céréales de ce grand pays producteur menace
particulièrement les réfugiés et déplacés, car “dès l’instant où il y a une pénurie,
cela crée des tensions avec les populations locales“.
Par Rédaction Réforme avec AFP

Ukraine : des familles évacuées de
Marioupol forcées d’aller en
Russie
Des Ukrainiens racontent comment, après leur évacuation de Marioupol, ville
assiégée par Moscou pendant des semaines, ils ont été obligés de se rendre en
Russie plutôt qu’une autre région d’Ukraine.

Kiev n’hésite pas à comparer cette politique à des “déportations“. Des Ukrainiens
ayant quitté Marioupol, port stratégique pris par les Russes après des semaines
de siège, ont raconté à l’AFP comment ils ont été contraints d’aller en Russie
plutôt que vers une autre région d’Ukraine. Après des semaines passées dans une
cave du centre de la ville assiégée, et la mort de son père, tué dans une frappe de
missile, Tetiana, une comptable de 38 ans, a décrit à l’AFP comment elle a décidé
de quitter la ville pour “sauver sa fille” de neuf ans.

Profitant d’un répit dans les bombardements, elle se rend sur un lieu de
rassemblement désigné par les autorités. Des responsables des évacuations,
nommés par les autorités prorusses, lui annoncent alors que ce ne sera possible
que vers la Russie. “On était sous le choc, on ne voulait pas aller en Russie“,
raconte-t-elle par téléphone depuis Riga, en Lettonie, où elle est désormais
réfugiée avec sa famille. “Comment aller dans un pays qui veut te tuer ?” Depuis
plusieurs semaines, les autorités ukrainiennes accusent Moscou d’avoir
“illégalement transféré” plus d’un million d’Ukrainiens en Russie ou dans la partie
orientale de l’Ukraine contrôlée par les séparatistes prorusses.

Les hommes ont dû se déshabiller
Un responsable du ministère russe de la Défense, Mikhaïl Mizintsev, a confirmé
ce chiffre d’un million. Mais Moscou assure que son seul but est de permettre aux
civils d'”évacuer” des “zones dangereuses“. Svitlana se cachait elle aussi dans
une cave avec son mari et ses beaux-parents à Marioupol lorsque des militaires
russes leur ont ordonné de partir pour une zone contrôlée par Moscou. “Quand un
homme armé te le dit, tu ne peux pas lui dire non”, dit cette Ukrainienne de 46
ans, qui a pu depuis repartir en Ukraine, à Lviv, non loin de la frontière polonaise.
Elle a cependant demandé que son prénom soit changé pour protéger sa famille.

Elle et ses proches ont été transportés à Starobechevé, à 80 kilomètres au nord
dans la zone séparatiste. Puis la famille a été interrogée dans le cadre d’une étape
de “filtration” obligatoire. Dans un bâtiment de la police séparatiste prorusse, ils
ont dû répondre à des questions écrites pour savoir s’ils avaient des proches dans
l’armée ukrainienne, donner leurs empreintes digitales et leur smartphone pour
vérification. Les hommes ont dû se déshabiller pour prouver l’absence de
tatouages patriotiques ou de blessures de combat. “Mon mari a dû tout enlever
sauf son slip et ses chaussettes“, raconte Svitlana. “Nous avons également
supprimé toutes les photos et les réseaux sociaux de nos téléphones” par peur de
représailles à cause de sa “position pro-ukrainienne“, ajoute-t-elle.

“Ils voulaient nous envoyer au fin fond de
leur pays”
Ivan Drouz a quitté Marioupol avec son demi-frère en avril. Il est également passé
par cette “filtration” à Starobechevé. Il espérait pouvoir ensuite regagner le
territoire contrôlé par Kiev, mais après cinq jours de déplacements chaotiques en
territoire séparatiste prorusse, quand “on a demandé comment évacuer vers le
coté ukrainien, on nous a dit ‘Pas possible’”, raconte à l’AFP ce jeune homme de
23 ans, qui lui aussi s’est depuis réfugié à Riga. “D’abord ils t’épuisent, et puis ils
te disent que tu ne peux partir que dans une seule direction“, s’insurge-t-il. Arrivé
la frontière russe, il a dû se déshabiller et répondre à des questions sur ses
échanges en ukrainien avec sa tante : “Ils demandaient pourquoi elle m’écrivait
en ukrainien” et “voulaient vérifier que je n’étais pas un nazi“, dit-il.

Une fois en Russie, les familles de Tetiana et d’Ivan ont été envoyées à Taganrog,
à une centaine de kilomètres de Marioupol. À peine arrivés, des responsables
russes leur ont dit d’aller en train vers Vladimir, à plus de 1 000 kilomètres au
nord. De là, Ivan et son frère ont dû repartir, cette fois vers Mourom, à 130
kilomètres au sud-est. “Ils voulaient nous envoyer au fin fond de leur pays pour
qu’on ne puisse pas raconter la vérité” sur le “génocide” organisé par la Russie
à Marioupol, accuse Tetiana. Grâce à des amis russes, les familles d’Ivan, Tetiana
et Svitlana ont finalement pu se rendre à Moscou. Et de là, prendre des bus pour
la Lettonie ou l’Estonie, où ils savaient que les réfugiés ukrainiens étaient bien
accueillis. “Une fois en Lettonie, on s’est enfin senti en liberté“, dit Tetiana.
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