LA CULTURE DIVERSEMENT IMPACTÉE PAR LA CRISE LIÉE À LA COVID-19 EN ÎLE-DE-FRANCE
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LA CULTURE DIVERSEMENT IMPACTÉE PAR LA CRISE LIÉE À LA COVID-19 NOTE n°202 EN ÎLE-DE-FRANCE JUILLET 2021 © Joséphine Brueder / Ville de Paris De nombreux domaines de la culture ont connu une forte perte d’activité pendant le confinement strict du printemps 2020, mais certains se sont mieux relevés que d’autres : le domaine du livre a ainsi pratiquement retrouvé, début 2021, son niveau d’avant-crise. À l’inverse, - 12 % la perte d’activité en 2020 est sévère dans le spectacle vivant et la musique et perdure début 2021. De chiffre d’affaires des entreprises L’Île-de-France occupe une place pri- France, avec deux emplois français sur vilégiée dans le domaine de la culture : trois du secteur (figure 1). de la culture en 2020 forte présence d’artistes, tissu entrepre- La très grande majorité (88 %) de ces par rapport à 2019 neurial dynamique, pôle de formation, emplois sont concentrés dans la Métro- accès aux financements et réseaux pro- pole du Grand Paris. fessionnels. En 2017, 310 000 emplois En plus de ces 310 000 emplois, 108 000 culturels y sont localisés, dont 147 000 personnes relèvent d’une profession directement liés à une profession cultu- culturelle sans pour autant travailler relle (voir encadré page 7). Le cinéma-au- dans un secteur directement lié à la diovisuel est un domaine d’activité culture : c’est le cas, par exemple, d’un particulièrement concentré en Île-de- designer dans une société de textile ou ATELIER PARISIEN D’URBANISME apur.org
d’un comédien dans un parc d’attrac- musique (22 % chacun). Cette forme tions. Avec, au total, près de 420 000 d’emploi permet de cumuler plusieurs emplois relevant d’un secteur ou d’une activités et de s’adapter plus facilement profession liés à la culture, l’Île-de- au fonctionnement en mode « projet », France est la première région culturelle mais elle peut aussi se traduire par des du pays, concentrant plus de quatre em- conditions de travail plus précaires. Les plois sur dix à l’échelle nationale. Envi- actifs de la culture concernés déclarent ron 230 000 de ces emplois franciliens un revenu moyen mensuel de 1 843 eu- sont localisés à Paris. ros, soit 40 % de moins que celui de l’ensemble des non-salariés franciliens. 177 000 Ce revenu varie selon le secteur d’acti- Un recours fréquent aux vité (de 580 euros dans l’enseignement non-salariés et des conditions artistique à 3 200 euros dans l’archi- d’emplois plus précaires tecture et la publicité) et le statut (de Emplois culturels à Paris, Sur les 310 000 emplois relevant du 533 euros pour les micro-entrepreneurs secteur de la culture, 70 300 sont oc- à 3 477 euros pour les entrepreneurs 310 000 en Île-de-France cupés par des non-salariés, soit 23 % individuels, gérants et professions li- et 747 000 en France de ces emplois : une proportion plus bérales). Il peut s’ajouter à des salaires élevée que dans l’ensemble de l’écono- pour les personnes cumulant cette acti- mie (10 %). Les non-salariés du secteur vité avec un emploi salarié. culturel sont présents, en premier lieu, dans les arts visuels (design, photo, Qu’il soit salarié ou non, un emploi arts plastiques, 59 %) mais aussi dans culturel sur cinq ne correspond pas à un une moindre mesure dans l’architec- emploi à temps complet : 22 % des actifs ture (29 %), le spectacle vivant et la du secteur culturel travaillent à temps Figure 1. L’EMPLOI CULTUREL PAR DOMAINE Effectif France : 101 300 Cinéma, audiovisuel Dont effectif Île-de-France : 68 100 Dont effectif Paris : 38 000 120 200 Spectacle vivant 45 700 26 400 62 400 Publicité 36 500 16 800 88 400 Musique 36 000 20 900 96 000 Presse 35 300 19 900 104 200 Enseignement 28 800 14 000 73 500 Arts visuels 28 700 16 700 54 700 Patrimoine 25 300 18 100 65 600 Architecture 21 200 14 100 29 300 Livre 14 600 9 500 Source : Insee, Recensement de la population 2017 (géographie au 01/01/2019), exploitation complémentaire individus Note de lecture : En 2017, la France métropolitaine compte 120 200 emplois dans le domaine du spectacle vivant, parmi lesquels 45 700 sont localisés en Île-de-France, et 26 400 à Paris. 2
NOTE n°202 – LA CULTURE DIVERSEMENT IMPACTÉE PAR LA CRISE LIÉE À LA COVID-19 EN ÎLE-DE-FRANCE partiel (14 % pour l’ensemble des actifs travaillant en Île-de-France). Dans les domaines de la musique et du spectacle vivant, qui comprennent entre autres les intermittents du spectacle (encadré 1), cette proportion est encore plus élevée. Dans le contexte de crise sanitaire, le temps partiel peut fragiliser les profes- sionnels de ces domaines, et ce malgré les aides dispensées par les pouvoirs pu- blics (encadré 2). © Guillaume Bontemps / Ville de Paris Une majorité d’emplois qualifiés Les activités culturelles recouvrent un large éventail de métiers et une grande diversité de profils. Plus diplômés que la moyenne (57 % détiennent un di- Décors pour le tournage du film de Cédric Klapisch « En corps » plôme de deuxième ou troisième cycle universitaire, contre 40 % tous secteurs confondus), les actifs de ce secteur oc- cupent aussi plus souvent des emplois Encadré 1. UNE ANNÉE BLANCHE POUR LES INTERMITTENTS DU SPECTACLE de cadres (51 % des emplois contre 30 % Au premier trimestre 2020, l’Île-de-France compte 76 200 intermittents du tous secteurs confondus), notamment spectacle, dont 47 % résident à Paris. Ils ont généré un total de 385 millions dans les domaines de l’architecture d’euros de masse salariale pour 15 millions d’heures travaillées. Selon Pôle (73 %) et de l’enseignement (65 %). emploi, leur activité s’est contractée de 15 % par rapport au premier trimestre 2019. Plus prononcé pour le spectacle vivant, ce recul a occasionné des baisses Le secteur culturel s’est nettement de salaire pour une grande partie des intermittents. féminisé : en 2017, le secteur em- Une « année blanche » a été accordée aux intermittents du spectacle dont les ploie presque autant de femmes que droits d’indemnisation ont été prolongés jusqu’à fin décembre 2021. d’hommes, contre moins d’un tiers en 1991. Pour autant, dans le cinéma-au- diovisuel, près de six actifs sur dix sont des hommes, en lien avec leur plus forte PROFIL DES EMPLOIS CULTURELS présence dans certains métiers tech- niques du spectacle (producteurs, réali- sateurs, ingénieurs du son, etc.). Hommes 51 % Dans les domaines du livre, de l’ensei- Non-salariés gnement et du patrimoine, les femmes 23 % sont plus nombreuses. Les domaines du CDI cinéma-audiovisuel et de la publicité se 57 % caractérisent par l’emploi plus fréquent Temps partiel de jeunes : par exemple, près de la moi- 22 % tié des graphistes et des designers ont Cadres moins de 35 ans, contre moins de 20 % 51 % des bibliothécaires et des conserva- Diplômés teurs, métiers relevant respectivement (niveau Bac+3 ou plus) de la presse et du patrimoine. 57 % Moins de 35 ans 35 % Source : Insee, recensement 2017 ATELIER PARISIEN D’URBANISME 3
Figure 2. VOLUME ET ORIENTATION DE L’EMPLOI CULTUREL PAR COMMUNE ET ARRONDISSEMENT PARISIEN EN ÎLE-DE-FRANCE Pierrefitte- sur-Seine Sartrouville Gennevilliers Saint-Denis Colombes Asnières- sur-Seine Aubervilliers Seine- Saint-Ouen Saint-Denis Clichy Pantin Levallois- Perret 18e Puteaux Neuilly- 17e 19e Les Lilas sur-Seine 9 e Suresnes 10e 8e 2e Bagnolet Montreuil 20 Hauts-de-Seine 3 e 16e 1er e 11e 7e 4e Vincennes Le Perreux- Saint-Cloud 6e 5e sur-Marne Boulogne- 15e 12e Billancourt Bry-sur-Marne 14e 13e Sèvres Issy-les- Vanves Moulineaux Joinville- Malakoff le-Pont Meudon Montrouge Ivry- Versailles Le Kremlin- Clamart sur-Seine Viroflay Bicêtre Val-de-Marne Saint-Maur- Cachan des-Fossés Sceaux Vitry- sur-Seine Châtenay-Malabry Jouy-en-Josas © IGN-Insee 2021 Nombre d'emplois culturels en 2017 10000 10000 1000 1000 Val-d’Oise (Ci-contre) (Ci-dessus) Orientation dominante de l'emploi culturel Cinéma, Audiovisuel Enseignement Publicité, Presse Livre Patrimoine Non spécifique Yvelines Arts visuels, Architecture, Spectacle vivant Seine-et-Marne Source : Insee, recensement de la population 2017 (géographie au 01/01/2019), exploitation complémentaire individus Méthode : L’orientation de l’emploi culturel (indiquée par la couleur du rond) est déterminée Essonne au moyen d’une typologie réalisée à partir d’une analyse en composantes principales (ACP) avec pour variables la part de l’emploi culturel par domaine dans l’emploi total. Une orientation « Non spécifique » signifie qu’aucun domaine ne se distingue particulièrement dans l’emploi culturel de la commune concernée. Par construction, le domaine « Enseignement » regroupe l’enseignement culturel dans son ensemble mais également une part de l’enseignement supérieur, ce qui explique que les grandes écoles, localisées notamment au sud de Paris, ressortent dans cette © IGN-Insee 2021 typologie de l’emploi culturel. 4
NOTE n°202 – LA CULTURE DIVERSEMENT IMPACTÉE PAR LA CRISE LIÉE À LA COVID-19 EN ÎLE-DE-FRANCE 88 % de l’emploi culturel et les arts visuels, tels que le jeu vidéo, francilien est situé dans majoritairement à l’est de la rive droite la métropole du Grand Paris parisienne et en très proche couronne, En Île-de-France, les trois quarts des notamment à Montreuil. À l’ouest de emplois culturels sont concentrés à Paris Paris, les entreprises de la presse et de et dans les Hauts-de-Seine alors que ces la publicité sont aussi très présentes départements représentent 48 % de l’en- dans le quartier d’affaires du Triangle semble de l’emploi francilien (figure 2). d’or (Champs-Élysées, Paris 8e) et, dans Cela s’explique par l’implantation his- la continuité, en petite couronne à Cli- torique du livre dans le Quartier latin à chy ou Levallois-Perret (Hachette, Elle Paris (éditions Larousse, Hatier…), des International). musées et institutions culturelles le long © Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris de la Seine à Paris (Musées du Louvre Dans d’autres domaines, la localisation et d’Orsay, Bibliothèque François Mit- des entreprises est moins concentrée. terrand…) et de l’audiovisuel à Paris Ainsi, les établissements de spectacle vi- (Maison de la radio…), à Boulogne-Bil- vant se répartissent sur l’ensemble du ter- lancourt et Issy-les-Moulineaux (TF1, ritoire régional mais gardent néanmoins Canal+, C8…). Certaines localisations une très forte présence à Paris (environ dans la région ont été impulsées par des 500 salles de théâtre et de spectacle pri- Librairie « Le monte en l’air », pendant la pandémie du Covid-19 politiques publiques : l’audiovisuel dans vées) et, en proche couronne, notam- les 15e et 16e arrondissements parisiens, ment à Montreuil, Boulogne-Billancourt en continuité avec Boulogne-Billan- et Courbevoie, où l’offre en équipements court et Issy-les-Moulineaux, les studios publics culturels est abondante. Les salles et les industries techniques à la Plaine de cinéma sont davantage réparties sur le © Guillaume Bontemps / Ville de Paris Saint-Denis (Cité du cinéma, école Louis territoire de la métropole du Grand Paris. Lumière). D’autres implantations sont liées à des effets d’aubaine (opportunités foncières, friches industrielles reconver- Des pertes d’activité contrastées ties), particulièrement dans le nord-est selon les domaines parisien : les agences d’architecture et de En 2019, en Île-de-France, le chiffre d’af- Un été particulier, Paris 20e publicité (BETC à Pantin, par exemple) faires global des entreprises franciliennes des domaines culturels approchait 52 mil- liards d’euros. En 2020, du fait des restric- tions liées à la crise sanitaire, ce chiffre Encadré 2. DES PLANS DE SOUTIEN À DIFFÉRENTS NIVEAUX d’affaires a chuté de près de 12 %, soit un Au niveau de l’État, sur les 100 milliards d’euros prévus dans le plan de relance recul similaire à celui observé dans toute adopté en octobre 2020, 2 milliards d’euros ont été débloqués pour soutenir la la France. Le volume d’heures rémuné- culture à l’échelle nationale : musées et monuments nationaux, art vivant, fi- rées a diminué quant à lui de 11 % en lière livre, cinéma-audiovisuel. Cette somme est venue compléter les mesures Île-de-France entre 2019 et 2020, contre d’urgence (année blanche pour les intermittents, activités partielles, exonéra- - 9,5 % au niveau national. tions de charges et prêts garantis par l’État). Au niveau de la région, l’État a apporté une aide supplémentaire de 408 millions d’euros en mars 2021. La diminution du chiffre d’affaires va- La Région Île-de-France a débloqué 38,5 millions d’euros pour le plan régional rie selon les domaines : - 43 % dans le de relance du secteur culturel : aides Covid-19 pour compenser la perte de spectacle vivant, - 28 % dans la musique, recettes du secteur du spectacle vivant et des commerces culturels, aménage- - 13 % dans le patrimoine, mais - 5 % ment et équipements de protections pour la réouverture des lieux, maintien seulement dans le cinéma-audiovisuel et des financements, mise en place d’un programme estival #MonÉtéMaRégion… - 4,5 % dans le livre (figure 3). La Ville de Paris a apporté un soutien de 26 millions d’euros à la culture : aides à projets en fonctionnement et en investissement, contributions aux Fonds Selon les activités prédominantes dans de l’État ou à d’autres organismes, exonérations de loyers et de redevances les territoires de la région, la crise sa- d’occupation du domaine public, organisation d’évènements comme « Un été nitaire a ainsi plus ou moins impacté particulier » en 2020, lancement d’un appel à projets pour l’organisation de l’emploi local. En Seine-Saint-Denis, où spectacles et de concerts pour l’été 2021, acquisition directe d’œuvres d’art… dominent spectacle vivant, musique et arts visuels, activités très restreintes par ATELIER PARISIEN D’URBANISME 5
les règles sanitaires, le volume d’heures se sont également développées alors que ma (édition de chaînes de télévision, rémunérées a reculé de 18 %. l’édition musicale (- 4 %) et le commerce production et post-production de films) en détail de disques (- 5 %) ont limité les a pu maintenir son activité (environ À l’opposé, dans le département des pertes grâce aux achats de fin d’année. 14 milliards d’euros de chiffre d’affaires Hauts-de-Seine, il n’a baissé que de 9 % en 2019 en Île-de-France). Malgré leur car les activités culturelles dominantes La situation sanitaire a également ac- interruption totale durant le confine- sont celles qui ont été moins impactées cru les besoins d’information du public. ment strict du printemps 2020 et l’ab- par la crise (audiovisuel et publicité). À L’activité des services d’information, sence des productions étrangères due Paris, la perte d’activité a été d’environ des journalistes, des photographes, des à l’impossibilité de voyager, Paris a 12 %. agences de presse et de la diffusion ra- accueilli en 2020 les tournages de 93 diophonique est restée stable, voire en longs métrages, 64 séries et 223 films légère croissance en 2020. publicitaires, soit presque autant qu’en Jeux vidéo, plateformes 2019. À l’inverse, en aval de la filière, de streaming et services la distribution et la projection de films d’information dopés par la crise Livre et production de films de cinéma ont rencontré davantage de En 2020 et début 2021, la crise sanitaire se sont relevés à l’issue difficultés, avec une perte de 30 % du et les différents confinements ont accé- du premier confinement chiffre d’affaires et de 14 % du volume léré le développement de certains sec- D’autres domaines d’activité ont été par- d’heures rémunérées en 2020. teurs. C’est notamment le cas des pro- ticulièrement impactés par le confine- duits culturels « consommés » à domicile, ment du printemps 2020 mais se sont re- comme le jeu vidéo : en 2020, le chiffre dressés par la suite. Parmi eux, les filières Spectacle vivant, musique, d’affaires dans ce domaine dégagé par les du livre et de la presse ont bénéficié du musées guides… des activités entreprises régionales (1,7 milliard d’eu- classement fin 2020 des librairies parmi fortement impactées ros) a bondi de 28 % par rapport à 2019. les commerces dits essentiels. Les restrictions de rassemblements et L’édition et la distribution de vidéos l’absence de la clientèle internationale (+ 10 %) ou encore les plateformes de De même, grâce à une adaptation des ont également fortement impacté l’or- streaming et de téléchargement (+ 17 %) conditions de tournage, la filière ciné- ganisation des festivals et, plus généra- lement, le secteur du spectacle vivant. L’activité des filières de production des Figure 3. ÉVOLUTION DU CHIFFRE D’AFFAIRES PAR DOMAINE CULTUREL artistes et de gestion des salles de spec- ENTRE 2019 ET 2020 tacle a diminué de 59 % en 2020 et le vo- lume d’heures rémunérées s’y est réduit d’un tiers (figure 4). Dans ce domaine où Spectacle vivant - 43 % l’emploi non salarié et le statut d’inter- dont Production des artistes - 59 % dont Gestion de salles de spectacles - 59 % mittent du spectacle sont fréquents, la baisse de l’activité est difficile à mesurer. Musique - 28 % dont Spectacle vivant musical - 43 % dont Plateformes de streaming & téléchargement 17 % Dans les domaines très subventionnés Publicité - 15 % ou relevant du secteur public comme la Patrimoine gestion des musées, des sites et des mo- - 13 % dont Activités des guides conférenciers - 61 % numents historiques, la perte d’activité dont Gestion des musées - 57 % se mesure à l’aune de leur fréquentation. Presse - 13 % Entre mars 2020 et mai 2021, ces établis- sements culturels ont totalisé plus de Arts visuels - 11 % onze mois de fermeture. Dans les musées Architecture - 10 % de la Ville de Paris, le nombre d’entrées Cinéma, Audiovisuel -5% a chuté en 2020 de 52 % pour les expo- dont Distribution et projection de films de cinéma - 30 % dont Édition et distribution de vidéos sitions temporaires et de 55 % pour les 10 % dont Édition de jeux vidéo 28 % collections permanentes. Le chiffre d’af- Enseignement -5% faires des galeries d’art a reculé dans une moindre mesure (- 20 %) du fait de pé- Livre -4% riodes de fermeture moins longues et de Source : Fichiers CA3, calculs Insee l’alternative qu’elles ont pu constituer Note de lecture : Le chiffre d’affaires du domaine de la musique a chuté de 27,6% entre 2019 et 2020. pour les amateurs de musées. 6
NOTE n°202 – LA CULTURE DIVERSEMENT IMPACTÉE PAR LA CRISE LIÉE À LA COVID-19 EN ÎLE-DE-FRANCE Figure 4. ÉVOLUTION DU VOLUME D’HEURES RÉMUNÉRÉES PAR RAPPORT À LA MOYENNE DE 2019 10 % 0% Évolution par rapport à la moyenne de 2019 - 10 % - 20 % - 30 % - 40 % IDF Paris Livre - 50 % Patrimoine Spectacle vivant Tous secteurs de l'économie - 60 % Sept. Oct. Nov. Déc. Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept. Oct. Nov. Déc. Janvier Février 2019 2019 2019 2019 2020 2020 2020 2020 2020 2020 2020 2020 2020 2020 2020 2020 2021 2021 Source : Insee, Déclarations sociales nominatives Note de lecture : En février 2021, le volume d’heures rémunérées dans le domaine du spectacle vivant en Île-de-France reste inférieur de 42% à son niveau moyen de 2019. POUR COMPRENDRE Le dénombrement des emplois salariés et non-salariés est maines culturels dans l’emploi total. Une classification issu du recensement de la population 2017 (exploitation ascendante hiérarchique (CAH) permet ensuite de dres- complémentaire au lieu de travail). ser une typologie des communes afin de déterminer leur orientation dans l’un des dix domaines définis. Le champ économique de la culture a été défini par le service statistique du ministère de la Culture, d’après une Les chiffres d’affaires par domaine sont estimés à partir grille européenne adaptée dans le contexte de la pandémie d’une source fiscale, le formulaire CA3, que doivent rem- de Covid-19 afin de cibler plus spécifiquement les activités plir les entreprises pour le paiement de la taxe sur la valeur impactées par la crise sanitaire. Elle se base essentielle- ajoutée (TVA) tous les mois ou tous les trimestres. Cette ment sur la nomenclature d’activité française NAF rév. 2 de estimation est réalisée sur le champ des entreprises régio- l’Insee. En complément à cette approche, l’emploi culturel nales, c’est-à-dire celles pour lesquelles au moins 80 % de peut être défini comme un ensemble de métiers issus des l’emploi salarié est localisé en Île-de-France. nomenclatures de professions et de catégories socioprofes- sionnelles (PCS). Dans cette étude, c’est l’approche par les Les volumes d’heures rémunérées sont calculés à partir activités qui a été retenue. des déclarations sociales nominatives (DSN). Les activités culturelles sont ainsi regroupées en dix do- Les revenus des non-salariés sont estimés à l’aide la base maines : architecture, arts visuels, cinéma-audiovisuel, en- non-salariés de l’Insee qui permet d’analyser le profil des seignement, livre, musique, patrimoine, presse, publicité non-salariés et leurs niveaux de revenus par secteur d’ac- et spectacle vivant. La filière du spectacle vivant musical tivité détaillé et à un niveau infra national (la commune (30 300 emplois en Île-de-France) est intégrée à la fois aux d’activité étant connue). domaines de la musique et du spectacle vivant, mais n’est pas comptée en double dans le total de l’emploi. L’intermittence du spectacle concerne les emplois en « CDD d’usage » accordés aux artistes et aux techniciens Dans la cartographie, l’orientation de chaque commune est du spectacle vivant. Il leur permet d’alterner des périodes déterminée à l’aide d’une analyse en composantes princi- travaillées et des périodes de non-activité pour lesquelles pales (ACP) réalisée à partir de la part de chacun des do- ils bénéficient de prestations de chômage. ATELIER PARISIEN D’URBANISME 7
Conclusion ont permis de compenser l’absence ou En 2017, la France métropolitaine la baisse de recettes. Pour en savoir plus compte 747 000 emplois culturels, dont Bourlès L., Nicolas Y., « Impact de la 310 000 sont localisés en Île-de-France Certains domaines de la culture ont été crise sanitaire sur l’évolution des chiffres et 177 000 à Paris. Le poids du secteur relativement épargnés car ils se sont d’affaires enregistrés dans le champ de la culture », Note de conjoncture du ministère culturel étant important dans l’écono- relevés plus vite que d’autres à l’issue de la culture, février 2021. mie parisienne, métropolitaine et ré- du premier confinement, comme les fi- Calvier C., Camors C. Casarotti A., gionale, l’évolution de l’activité dans ce lières du livre et de la presse ainsi que Soulard O., « L’Île-de-France, première région secteur a eu un impact direct sur l’éco- la production et la post production de française de l’économie culturelle », Insee nomie de ses territoires. La situation films ou encore l’édition de chaînes de Analyses Île-de-France n° 82, avril 2018. devrait s’améliorer progressivement télévision. Bisault L., Picard T., « La culture : une dans les semaines et mois à venir, avec activité capitale », Insee Première n° 1644, avril 2017. la levée du couvre-feu et la réouverture La crise a même accéléré le développe- récente des salles de cinéma et de spec- ment de certains secteurs, c’est le cas tacle, des théâtres, des musées et des notamment des produits « culturels » monuments. consommés à domicile tels que le jeu vidéo et les nouveaux modes de diffu- Toutefois, par son ampleur inédite, son sion en streaming. Toutes les activités intensité et sa durée, la crise de la Co- en lien avec les services d’information vid-19 a mis à mal et fragilisé les pro- ont également été dopées pour donner fessionnels et les emplois du secteur suite à des besoins plus importants. Cette note s’inscrit dans le deuxième volet culturel dans la durée. L’annulation des de l’observatoire de l’économie parisienne. festivals et des tournées de certains Les impacts sur les territoires seront par https://www.apur.org/fr/nos-travaux/observatoire- economie-parisienne spectacles, la poursuite d’une partie des conséquent différenciés. Les territoires mesures sanitaires et l’affaiblissement tournés vers le spectacle vivant et la de la demande se traduisent par une re- présence de personnes physiques vec- Note réalisée conjointement avec prise lente pour le spectacle vivant (mu- trices de lien social seront plus impac- la direction régionale de l’Insee Île-de-France sique, théâtre, danse, cirque et arts de la tés, à l’inverse des territoires davantage et l’Institut Paris région. rue) et le cinéma. De même l’annulation portés vers la production de « produits de certaines expositions et la forte dé- culturels ». Par exemple dans l’est mé- pendance à la reprise de l’industrie du tropolitain (9e, 10e, 11e, 12e, 18e, 19e, 20e tourisme font peser un risque important arrondissements de Paris, Montreuil, Ba- sur l’activité des musées. gnolet, Les Lilas) où les établissements du spectacle vivant sont plus présents, Le développement d’une offre culturelle l’impact risque de perdurer plus long- en ligne a aidé certains professionnels temps que dans les territoires de l’ouest Directrices de la publication : Dominique ALBA à maintenir une activité, voire déga- métropolitain (6e, 8e, 15e, 16e, 17e arron- Patricia PELLOUX ger des revenus pendant cette période dissements de Paris, Boulogne-Billan- Note réalisée par : Cécile LE FILLÂTRE, transitoire, toutefois cette pratique ne court, Issy-les-Moulineaux, Neuilly-sur- Jean-Philippe MARTIN (Insee), concerne qu’un nombre limité d’acteurs Seine, Puteaux, Levallois-Perret, Clichy, Marina RIBEIRO, Sandra ROGER compte tenu des coûts d’investisse- (Apur), Carine CAMORS, Odile Gennevilliers) où le cinéma-audiovisuel, SOULARD (Institut Paris Région) ments importants qu’elle implique. le livre et la presse prédominent. Sous la direction de : Stéphanie JANKEL et Émilie MOREAU Durant toute la durée de cette crise, le Photos et illustrations : secteur culturel a bénéficié de plans de Apur sauf mention contraire soutien mis en œuvre par l’État, la ré- Mise en page : Apur gion et d’autres collectivités, ces aides www.apur.org L’Apur, Atelier parisien d’urbanisme, est une association loi 1901 qui réunit autour de ses membres fondateurs, la Ville de Paris et l’État, les acteurs de la Métropole du Grand Paris. Ses partenaires sont :
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