Présentation de la note de conjoncture sur les finances locales en France - Février 2004 Par Philippe VALLETOUX, vice-président du Directoire de ...
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Présentation de la note de conjoncture sur les finances locales en France Février 2004 Par Philippe VALLETOUX, vice-président du Directoire de DEXIA CREDIT LOCAL ______________________ _ ______________________
La conjoncture 2003/2004 des finances locales Transparent n°1 Je suis heureux de vous retrouver pour cette présentation de la Note de conjoncture sur les finances locales en France. Notre rendez-vous a lieu au moment où l’actualité des finances locales est particulièrement riche : la discussion du projet de loi sur les responsabilités locales reprendra à l’Assemblée Nationale le 24 février prochain, un texte sera également présenté au Parlement cette année sur la réforme des dotations de l’Etat. Enfin, l’évènement, c’est bien sûr la réforme de la taxe professionnelle annoncée par le président de la République en début d’année. Compte tenu de cette actualité, j’articulerai mon propos en deux temps : 1. d’abord, dans ses très grandes lignes, la conjoncture des finances locales en 2003 et en 2004. Il ne s’agit pas d’éléments complètement définitifs ; même pour l’année 2003, les comptes administratifs ne sont pas encore connus. Pour 2004, il s’agit bien sûr de prévisions. 2. puis, je présenterai quelques éléments de réflexion sur la taxe professionnelle ; et nous en débattrons ensemble. __________________________________________________________________ 2 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
Les principales nouvelles dépenses pour le secteur local En Mds € 2002 2003 2004 APA 1,8 3,3 3,7 TER 2,0 2,3 2,4 RMI - - >5 Transparent n°2 - L’allocation personnalisée d’autonomie (APA) poursuit sa montée en charge. Les projections font apparaître des dépenses de 3,7 milliards d’euros à ce titre en 2004, après 3,3 milliards en 2003 et 1,8 milliard en 2002. Fin 2003, près de 760 000 personnes bénéficiaient de l’allocation, soit un nombre de bénéficiaires bien supérieur à celui de l’ancienne prestation spécifique dépendance. Il s’agit véritablement pour les départements d’une dépense nouvelle - et non d’un transfert de compétence -, liée à la prise en charge du risque de dépendance des personnes âgées. - Les dépenses au titre de la régionalisation des transports ferroviaires représentent près de 2,5 milliards d’euros en 2004, portées à plus de 80 % par les budgets de fonctionnement des régions. Leur montée en charge a été plus régulière ; il faut souligner que la phase d’expérimentation avant la généralisation du transfert de cette compétence à l’ensemble des régions a aidé à mieux calibrer les dépenses et leur impact sur les budgets. - Enfin, en 2004, les dépenses transférées aux départements pour la gestion du RMI représenteraient plus de 5 milliards d’euros. Une incertitude pèse sur le coût global du dispositif en 2004 : la réforme de l’allocation de solidarité spécifique et celle de l’UNEDIC feront basculer certains bénéficiaires vers le RMI. Les départements devront faire l’avance du financement supplémentaire, le remboursement de l’Etat n’intervenant qu’à l’horizon 2005. - Au total, ces nouvelles dépenses représentent plus de 11 milliards d’euros en 2004, soit près de 7% des dépenses totales des collectivités. __________________________________________________________________ 3 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
Évolution des budgets de l'État et des collectivités locales Base 100 en 1994 – évolutions en volume 140 Collectivités locales 135 169 Mds € 130 125 120 115 État 283 Mds € 110 105 100 1994 95 96 97 98 99 00 01 02 03 2004 Transparent n°3 En comparant l’évolution des budgets locaux en volume ces dix dernières années à la dynamique du budget de l’Etat, on voit que les dépenses de la sphère locale augmentent plus rapidement que celles de l’Etat. On a en quelque sorte un processus diffus de décentralisation. Aujourd’hui, avec près de 170 milliards d’euros, les budgets locaux représentent environ 60 % du budget de l’Etat. Au global, rapportées à la richesse nationale, les dépenses de l’Etat ajoutées à celles du secteur local n’ont pas augmenté : elles représentaient 32,1% du PIB en 2002 (selon les données disponibles en comptabilité nationale), contre 33,6% en 1994. __________________________________________________________________ 4 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
Le contexte économique et l’évolution du déficit de l’État En milliards d'euros courants En % en volume +10 +5% Croissance 0 +4% du PIB -10 +3% -20 +2% -30 +1% -40 0% Déficit de -50 l’État -1% -60 -2% 1982 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 2004 Source : Lois de finances Transparent n°4 Quel est le contexte économique et l’évolution des finances publiques en arrière- plan de nos prévisions ? Sur ce graphique, sur l’échelle de droite, vous pouvez lire l’évolution de la croissance du produit intérieur brut en volume ; sur l’échelle de gauche, celle du déficit de l’Etat en milliards d’euros. En 2003, nous avons frôlé la récession, avec une croissance du PIB de moins de 0,5 %. Vous savez qu’une amélioration est attendue en 2004 : + 1,7 % selon le chiffre du gouvernement en loi de finances. Du côté des finances publiques, le déficit de l’Etat a atteint un record en 2003 : près de 57 milliards d’euros. Ce qui est frappant, c’est évidemment la très forte corrélation entre la dégradation de la conjoncture économique et celle des comptes de l’Etat. Le canal de transmission est principalement celui des recettes fiscales – l’impôt sur les sociétés, la taxe sur la valeur ajoutée –, fortement dépendantes de la conjoncture économique. En arrière-plan donc, une situation économique plutôt morose mais en amélioration et des finances publiques de l’Etat dégradées. __________________________________________________________________ 5 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
Croissance assez soutenue des bases de taxe d'habitation Évolution à législation constante +5% + 3,9 % + 3,8 % +4% + 3,1 % +3% +2% +1% 0% 1994 95 96 97 98 99 00 01 02 03 2004 dont revalorisation forfaitaire Prix du PIB Transparent n°5 Passons à la conjoncture 2003/2004 du secteur local. Je commencerai par ce qui intéresse souvent le plus, par ce qui est toujours ardu à interpréter et qui donne lieu à de nombreux commentaires… la fiscalité locale. Les bases de taxe d’habitation évoluent de manière dynamique (+ 3,9 % en 2003 pour les bases communales). Leur progression devrait rester vive en 2004 : - la revalorisation forfaitaire des valeurs locatives est fixée pour la deuxième année consécutive à + 1,5 % ; - le rythme de la construction de logements reste soutenu : depuis 1999, plus de 300 000 logements sont mis en chantier chaque année ; - les collectivités locales continuent à réviser leur politique d’abattements à la base : en 2003, un certain nombre de grandes villes avaient ainsi enregistré une forte hausse de leurs bases de taxe d’habitation ; en 2004 le mouvement pourrait être relayé par les délibérations adoptées dans certains départements. __________________________________________________________________ 6 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
Impact des réformes sur les bases de taxe professionnelle En milliards d'euros courants 120 100 80 Suppression progressive part salaires 60 40 Abattement général de 16 % Part salaires réduite de 10 % 20 Réduction Embauche Investissement 0 1981 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 2004 Transparent n°6 La taxe professionnelle a subi de multiples réformes. Les modifications législatives, intervenues depuis 1981, marquent de leur empreinte l’évolution des bases notifiées : - 1983 : réduction de 10% de la fraction imposable des salaires réduction pour embauche et investissement ; - 1987 : abattement général de 16% des bases de taxe professionnelle ; - 1999-2003 : suppression progressive de la part « salaires ». Ces réformes visaient un objectif : pallier le caractère anti-économique d’un impôt frappant les facteurs de production et constituant un frein à l’embauche et à l’investissement. __________________________________________________________________ 7 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
Les bases de taxe professionnelle augmentent un peu moins vite en 2004 mais restent toniques +8% +6% +4% + 3,5 % +2% 0% 0% -2% - 1,4 % - 2,1 % - 2,2 % -4% - 4,6 % -6% 1994 95 96 97 98 99 00 01 02 03 2004 Bases notifiées Bases à "législation constante" Prix du PIB Transparent n°7 Sur la période récente, sans l’impact de la suppression de la part « salaires », les bases de taxe professionnelle auraient progressé de manière très dynamique. Plusieurs éléments le montrent : - La valeur locative des biens d’équipements, qui n’a pas été affectée par la réforme et qui constitue désormais la principale composante des bases de taxe professionnelle, a enregistré des évolutions de l’ordre de + 6 % depuis 2001. - En réintégrant aux bases notifiées les fractions de bases « salaires » exonérées, l’évolution à législation constante des bases de taxe professionnelle était de + 6,3 % en 2002, et de + 4,3 % en 2003. - Les investissements réalisés par les entreprises sont restés particulièrement forts ces dernières années mais enregistrent en 2002 une baisse de - 2,9 % en volume, ce qui nous a conduit à envisager pour 2004 un ralentissement de la croissance des bases de taxe professionnelle. Elles pourraient évoluer cette année de + 3,5 %. On retrouve un des « avantages » de la taxe professionnelle pour les collectivités locales : la bonne tenue des bases même dans un contexte économique dégradé ; mais aussi un inconvénient pour les entreprises dont l’activité et le résultat ne suivent pas ce rythme. __________________________________________________________________ 8 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
En 2004, modération de la hausse des taux d’imposition +4% +3% + 2,2 % + 2,1 % +2% + 1,5 % +1% 0% 1994 95 96 97 98 99 00 01 02 03 2004 Transparent n°8 Après deux années de hausse de la pression fiscale, + 2,1 % en 2002 et + 2,2 % en 2003, les collectivités locales pourraient modérer en 2004 la hausse des taux d’imposition. Ceux-ci resteraient orientés à la hausse, mais ne progresseraient que de 1,5 %, toutes taxes et toutes collectivités confondues. __________________________________________________________________ 9 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
Évolution de la pression fiscale par niveau 2002 2003 2004 Ensemble + 2,1 % + 2,2 % + 1,5 % Communes et groupements + 1,6 % + 1,5 % + 1,5 % Départements + 3,4 % + 3,9 % + 1,7 % Régions + 0,2 % + 0,2 % + 0,5 % Transparent n°9 Risquons-nous à vous présenter notre scénario plus en détails en décomposant la hausse globale de la pression fiscale entre les différents niveaux de collectivités. Les communes se trouvent en quelque sorte au milieu du gué, les projets du mandat étant en cours de réalisation. Les groupements intercommunaux doivent assumer les compétences nouvelles qu’ils offrent à la population. Le secteur communal dans son ensemble pourrait être à l’origine d’une hausse de 1,5 % des taux d’imposition. Les départements, après deux années de forte hausse de leurs taux (+ 3,4 % en 2002, + 3,9 % en 2003), liée à la mise en place de l’allocation personnalisée d’autonomie et aux charges générées par les SDIS, seraient cette année plus modérés avec une évolution de l’ordre de + 1,7 %. Les régions devraient rester dans la même ligne, avec une évolution des taux de l’ordre de + 0,5 %. __________________________________________________________________ 10 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
Forte croissance du produit des droits de mutation En milliards d’euros courants 8 Réduction temporaire +4% 7 Produit effectif 6 5 4 3 2 1 0 1991 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 2004 Transparent n°10 En matière de fiscalité indirecte, les droits de mutation constituent la principale ressource (6,5 milliards d’euros en 2003). Ils ont évolué de + 10 % en 2003, après + 9,6 % en 2002. Leur dynamique s’explique à la fois par le nombre élevé de transactions sur le marché de l’immobilier ancien et par la hausse des prix, + 9,2 % en 2002 et + 14,2 % en 2003. Pour 2004, les conditions semblent un peu moins favorables compte tenu du niveau atteint par les prix et de la remontée prévue des taux d’intérêt. Notre prévision, de + 4 %, est prudente. __________________________________________________________________ 11 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
La taxe intérieure sur les produits pétroliers Quantités consommées 2003 Recettes de TIPP 2003 Super ARS Super ARS 2% 4% Super sans plomb Super 36 % sans plomb 20 % Gazole Gazole 47 % 56% Super ARS (63,67 euros/HL) Fioul domestique (5,49 euros/HL) Super sans plomb (58,63 euros/HL) Autres Gazole (38,9 euros/HL) Transparent n°11 La nouveauté en 2004, c’est évidemment l’attribution aux départements d’une fraction de la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) pour compenser le transfert du RMI. Vous savez qu’il y a un débat sur la « nature » de cette ressource : s’agit-il d’une ressource fiscale ou d’une dotation ? Ce sera un élément de la discussion qui aura lieu au printemps sur la définition de l’autonomie financière des collectivités locales. Quelles sont les caractéristiques de cette ressource ? - La TIPP est un impôt indirect qui frappe les produits pétroliers utilisés en tant que carburants ou combustibles de chauffage. - Son assiette est composée de divers produits auxquels des taux d’imposition différents, exprimés en euros par hectolitre, sont appliqués. Les produits les plus fortement taxés sont le super ARS (anti-récession de soupapes), le super sans plomb et le gazole. Le fioul domestique, bien que consommé en quantités élevées, ne représente qu’une faible proportion des recettes de TIPP en raison du faible taux qui lui est appliqué. Les départements vont être intéressés par trois composantes : le super ARS, le super sans plomb et le gazole. Une fraction du tarif appliqué sur ces trois produits leur reviendra chaque année. En 2003, ces trois composantes représentent 69 % des quantités consommées de produits pétroliers et ont généré 95 % des 25 milliards de recettes de TIPP perçues par l’Etat. __________________________________________________________________ 12 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
Évolution des consommations de produits pétroliers Quantités consommées en millions d'hectolitres 600 + 1 % l'an 500 Ensemble 400 + 4 % l'an 300 Gazole 200 + 5 % l'an Super plombé / ARS 100 Super sans plomb - 20 % l'an 0 1993 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 2004 Transparent n°12 Nous avons représenté ici l’évolution de la consommation des trois principales composantes qui alimentent la fraction de TIPP revenant aux départements. Pour déterminer les recettes de TIPP qui reviendront aux départements, les fractions de tarifs (déterminées définitivement par l’Etat au vu du coût effectif du RMI en 2004) seront appliquées chaque année aux quantités consommées l’année précédente au niveau national. En dynamique, vous voyez que, depuis 1993, le rythme annuel moyen de consommation de ces trois composantes est de 1 %, soit une progression plutôt faible mais assez stable dans le temps. __________________________________________________________________ 13 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
Une DGF qui globalise plusieurs autres concours et compensations et qui renforce les mécanismes de péréquation DGF 2003 à champ 2004 19,0 + 17,2 = 36,2 Part « salaires » Compensations fiscales 95 % de la DGD Transparent n°13 Examinons rapidement les principales nouveautés du côté des dotations de l’Etat. Vous le savez, cette année a eu lieu la première étape de la réforme des dotations de l’Etat. En 2005, ce sont les règles de répartition internes de la dotation globale de fonctionnement qui seront modifiées. Au total, 17 milliards d’euros supplémentaires provenant de diverses dotations et compensations sont ajoutés : - la compensation au titre de la part « salaires » de la taxe professionnelle, - 95 % de la dotation générale de décentralisation, - les compensations fiscales au titre de la suppression des droits de mutation régionaux et de la suppression de la part régionale de la taxe d’habitation, - la compensation des baisses de DCTP subies par certaines communes et groupements. Ajoutées à la masse de la DGF de 2003 (19 milliards d’euros), ces dotations et compensations portent la DGF à plus de 36 milliards d’euros « à champ 2004 ». Au global, y compris divers ajustements techniques et abondements, et une fois indexée, la nouvelle DGF s’élèvera à un peu moins de 37 milliards d’euros en 2004. __________________________________________________________________ 14 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
Une mécanique de la DGF favorable à la péréquation 624 +4% Dotation 600 forfaitaire Dotation forfaitaire +2% 306 - 300 Dotation compensation Dotation +4% 208 - compensation 200 Péréquation Péréquation 110 = 1 100 +10 % Transparent n°14 Pour alimenter la péréquation, on met en place une mécanique inverse à celle de la DCTP : ici, la variable d’ajustement, la péréquation, va aller plus vite que la masse. Nous avons voulu illustrer cette mécanique par un exemple fictif : - l’enveloppe de la dotation globale de fonctionnement évolue de son taux d’indexation, ici + 4 % ; - la dotation forfaitaire évolue moins que l’enveloppe. Dans notre exemple, nous avons pris l’hypothèse d’un taux d’évolution de + 2 % ; - la dotation de compensation - qui n’existe que pour les départements - évolue comme la DGF, ici de + 4,0 % ; sont classés parmi les dotations de compensation notamment les CCAS, qui n’ont pas vocation à alimenter la péréquation ; - en conséquence, la dotation de péréquation, qui est alimentée par le différentiel d’indexation entre l’enveloppe globale, la part forfaitisée et les dotations de compensation, progresse, dans notre exemple, de 10 %. __________________________________________________________________ 15 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
Évolution de l’index de la DGF : faible hausse en 2004 4,5% + 4,07 % 4,0% 3,5% 3,0% 2,5% + 2,29% + 1,93% 2,0% 1,5% 1,0% 0,5% 0,0% 1994 95 96 97 98 99 00 01 02 03 2004 Transparent n°15 Le mode d’indexation de la DGF, lui, n’a pas changé. Le taux d’indexation repose toujours sur l’inflation prévisionnelle (hors tabac) de l’année augmenté de la moitié de la croissance du produit intérieur brut de l’année précédente. Ce qui fait pour 2004, une fois divers ajustements techniques pris en compte, une augmentation de moins de 2 % par rapport à 2003, soit une hausse un peu moins forte que celle en moyenne sur la période 1994-2003 (2,3%) ; certaines années ont été plus difficiles. __________________________________________________________________ 16 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
Croissance toujours soutenue des frais de personnel Évolutions en valeur +7% +6% +5% +4% +3% +2% +1% 0% 1998 99 00 01 02 03 2004 Transparent n°16 Nous avons examiné la dynamique des recettes courantes, intéressons-nous maintenant à l’évolution des charges de fonctionnement. Du côté des dépenses de gestion (+ 10,2 % en 2004, après + 6,3 % en 2003), je ne reviendrai pas sur les dépenses nouvelles (TER, APA, RMI), qui constituent le principal facteur de croissance. Une indication sur un poste important, les frais de personnel, qui représentent 40 milliards d’euros : ils enregistrent une progression toujours rapide, autour de 5%, soit un chiffre proche de la tendance historique. La revalorisation du point d’indice de la fonction publique de 0,5 % au 1er janvier de l’année, la nouvelle hausse du taux des cotisations employeurs à la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales (la CNRACL) de 0,4 point sont les principaux facteurs de hausse, au côté de la progression automatique due au « glissement-vieillesse-technicité ». __________________________________________________________________ 17 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
Une croissance des dépenses courantes plus vive que celle des ressources Évolutions en %, en valeur + 12% + 10% + 8% + 6% + 4% + 2% 0% 1994 95 96 97 98 99 00 01 02 03 2004 Recettes réelles de fonctionnement Dépenses de gestion Transparent n°17 Ce graphique reprend les évolutions des recettes courantes des collectivités locales et celles de leurs dépenses de gestion. Depuis 2001, vous constatez que le rythme d’évolution des dépenses est bien supérieur à celui des recettes ; on constate donc depuis plusieurs années un effet de ciseaux sur les budgets. Côté recettes, le rythme d’évolution, bien qu’inférieur à celui des dépenses de gestion, reste élevé (+ 7,8 % en 2004, après + 4,2 % en 2003). Cette nouvelle hausse est évidemment liée à l’intégration de la fraction de TIPP revenant aux départements. Mais cet effet de ciseaux n’entraîne pas forcément un repli des soldes d’épargne. __________________________________________________________________ 18 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
Une stabilisation des soldes d’épargne En milliards d'euros courants 40 Épargne de gestion 35 Intérêts de la dette : 4,6 Mds € 3 % des recettes courantes 30 Intérêt de la dette : 8,9 Mds € Épargne brute 25 10 % des recettes courantes 20 15 10 5 0 1994 95 96 97 98 99 00 01 02 03 2004 Transparent n°18 Voyons la conséquence de l’effet de ciseaux sur les soldes d’épargne. Depuis trois ans, les soldes d’épargne des collectivités locales enregistrent une stabilisation. En 10 ans, le montant des frais financiers – la différence entre l’épargne de gestion et l’épargne brute – a quasiment été divisé par deux ; leur poids dans les recettes courantes est plus de trois fois inférieur en 2004 à ce qu’il était en 1994. __________________________________________________________________ 19 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
Des dépenses d’investissement en hausse En milliards d’euros courants 45 +10% en 2 ans 40 35 30 25 20 15 10 5 0 1982 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 2004 Transparent n°19 Quelques observations sur le long terme ; on distingue assez clairement trois périodes : - de 1982 à 1992, une progression très nette des dépenses d’investissement : + 3,5 % l’an en moyenne en volume ; - de 1992 à 1997, période de stabilisation en valeur ; - depuis 1997, une hausse plus vigoureuse: + 3,6 % en volume chaque année des dépenses d’investissement. 2003 et 2004 se situent bien dans cette tendance. En 2003 et en 2004, le panorama de l’investissement local est plutôt flatteur : près de 10 % de progression en deux ans. Voilà une excellente performance qu’il faut relever au moment où l’investissement des entreprises est particulièrement morose ! A l’origine de cette bonne performance : - l’arrivée à maturité des projets d’investissements dans les groupements à fiscalité propre. Les premières communautés d’agglomération sont maintenant installées depuis quatre ans ; c’est souvent la durée de mise en place des projets lourds, comme dans le domaine des ordures ménagères. Beaucoup de projets ne sortent donc de terre qu’aujourd’hui. Leurs investissements représentent d’ores et déjà en moyenne 100 à 150 euros par habitant ; - le niveau des taux d’intérêt, toujours très bas aujourd’hui ; - les prix à la hausse, sous l’impact du prix du pétrole essentiellement ; - le cycle communal bien orienté, particulièrement en 2003. __________________________________________________________________ 20 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
Évolution des dépenses d'équipement des communes par année de mandat Évolutions en volume + 20 % + 15 % + 10 % 2001 +5% 2002 89 +0% - 5 % 71 2003 83 95 2004 - 10 % 77 - 15 % Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5 Année 6 Transparent n°20 En 2003, les dépenses d’équipement des communes ont été très bien orientées, avec une hausse en volume supérieure à 5%. C’est un résultat supérieur à celui que nous avions prévu prudemment. En 2004, la quatrième année du mandat, le cycle communal d’investissement se trouve dans une phase généralement moins active même s’il peut toujours y avoir des exceptions. 1998, par exemple, a en effet constitué un excellent « cru ». En 2004, vous voyez que notre prévision est prudente sur l’investissement communal. __________________________________________________________________ 21 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
Dépenses d'investissement des communes, des départements et des régions En milliards d'euros courants 20 18 Communes 16 14 12 Départements 10 8 Régions 6 4 2 0 1994 95 96 97 98 99 00 01 02 03 2004 Transparent n°21 Nous avons évoqué les tendances concernant l’investissement communal. J’ajoute que les départements et les régions poursuivent leur effort d’investissement. Depuis quatre ans, leurs dépenses d’investissement sont régulièrement en hausse. L’investissement des régions est dynamisé par les dépenses en matière de transports express régionaux, qui représentent environ 550 millions d’euros en 2004. Dans les départements, les dépenses dans le domaine de la rénovation des collèges portent toujours des montants importants. Je relèverai toutefois deux inquiétudes pour le panorama 2004 : - les gels de crédits auront sans doute un impact sur les programmes cofinancés par les collectivités locales – les contrats de plan Etat-régions –, notamment dans le domaine des transports ; - enfin, sur le plan institutionnel, les élections dans les régions et les départements pourraient entraîner un certain attentisme. Il faut toutefois relativiser leur impact : la « jeunesse » des conseils régionaux ne permet pas d’identifier un cycle électoral très marqué ; par ailleurs, seule une moitié des conseils généraux sera renouvelée. __________________________________________________________________ 22 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
Légère inflexion du schéma de financement des investissements locaux En milliards d'euros courants 45 40 Désendettement 35 30 Dépenses d'investissement 25 20 Épargne brute * 15 Endettement 10 5 Subventions et participations 0 1982 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 2004 * corrigée de la variation du flux de créances et de trésorerie Transparent n°22 Comment les investissements locaux sont-ils financés ? La structure de financement a beaucoup évolué depuis 1982. En 1982, l’épargne finançait 41% des dépenses d’investissement ; la part des subventions et participations (les aides à l’investissement) représentait 21% de l’investissement. Le solde, c’est-à-dire l’endettement, représentait une source de financement très importante : 38%. Je ne reviens pas sur le basculement de la situation financière du secteur local à partir de 1996-1997 que nous avons ici souvent commenté. Pour 2003/2004, lors de nos rencontres précédentes, nous avions évoqué un très léger désendettement (dans l’épaisseur du trait), mais en fait l’investissement a été plus tonique et nous devrions constater un léger retour à l’endettement. En 2004, l’épargne finance environ 77% de l’investissement local. La contribution des subventions n’a pas tellement évolué (21%). Le solde est constitué par la variation de la dette : moins de 1,5 % du financement global des dépenses d’équipement du secteur local. Cette approche « long terme » nous permet de relativiser le message sur la reprise de l’endettement des collectivités locales. La réalité est que le recours à l’endettement reste encore tout à fait marginal aujourd’hui. Il est surtout le fait des départements et des régions. __________________________________________________________________ 23 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
Une très faible augmentation de la dette Encours de dette au 31/12 en Mds d’euros En % du PIB 120 10 % 9% 100 8% 7% 80 6% 60 5% 4% 40 3% 2% 20 1% 0 0% 1982 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 2004 Transparent n°23 Le stock de dette s’établit à moins de 101 milliards d’euros et représente moins de 6,5 % du PIB. Au total, en 2003 et 2004, la dette augmente de moins de 700 millions d’euros. __________________________________________________________________ 24 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
En conclusion, quatre points forts pour la conjoncture 2003 et 2004 du secteur local : ! Une vive progression des budgets locaux ! Une hausse de la pression fiscale, qui s’atténue un peu en 2004 ! Une progression sensible de l’investissement ! Un retour à une politique d’endettement maîtrisée Transparent n°24 En conclusion, je retiens quatre points forts pour la conjoncture 2003 et 2004 du secteur local ; 1. La vive progression des budgets locaux, qui atteignent aujourd’hui près de 170 milliards d’euros, en hausse de 18% en 3 ans, 2. La hausse de la pression fiscale, qui s’atténue un peu en 2004, 3. Une progression sensible de l’investissement : près de 10% en deux ans, 4. Un léger retour à une politique d’endettement maîtrisée. Je tire un grand coup de chapeau au secteur local. Trop souvent considérés en bout de chaîne des décisions publiques, les responsables locaux arrivent tout à la fois : - à prendre en charge leurs nouvelles compétences avec succès, alors même que souvent les dispositifs n’ont pas toujours été clairement mis en place par l’Etat, - à conserver le moral dans une période riche de réformes. Nous allons aborder maintenant la deuxième partie de cet exposé. Pour lancer le débat sur la réforme à venir de la fiscalité locale, je vous propose de commencer en répondant à une question que l’on se (nous) pose souvent et qui n’est pas si évidente : « A quoi sert la fiscalité locale ? » __________________________________________________________________ 25 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
Schéma d’utilisation du produit voté en 2003 Annuités Recettes de Remboursements Dépenses fonctionnement de gestion hors produit Intérêts voté 101 85 17 16 Subventions et participations 8 Produit voté Dépenses Emprunts 51 d’investissement 13 39 18 Transparent n°25 Nous avons tenté de répondre en inventant un schéma qui, bien sûr, n’a rien de comptable (la comptabilité empêche toute affectation dépenses/recettes) mais qui illustre – je l’espère – pourquoi nos élus locaux doivent voter de la fiscalité. Je vous en décris rapidement le fonctionnement avant de vous dire comment il a évolué depuis 1982. Le produit voté s’est élevé à 51 milliards d’euros environ en 2003. Sur ces 51 milliards, 16 (30 % environ) vont au paiement des services quotidiens. C’est logique, les tarifs et les dotations ne couvrent pas tout ! 17 milliards d’euros (soit 34 % du produit voté, 9 % pour les frais financiers et 25 % pour les remboursements de dette) sont affectés à la couverture de l’annuité de la dette. Cela correspond au paiement des investissements passés. Enfin, le produit de fiscalité restant – soit 18 milliards d’euros (36 %) – est utilisé pour le financement des investissements utilisés pour le futur. __________________________________________________________________ 26 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
Schéma d'utilisation du produit voté En % des dépenses d’investissement 23 % 43 % 47 % 100 % 90 % Dépenses d'investissement 24,4 % 80 % 35,5 % 41,6 % 70 % Remboursements 17,4 % de dette 60 % 50 % 24,9 % 20,6 % Intérêts de la dette 25,0 % 40 % 9,2 % 30 % Dépenses de gestion 26,3 % 20 % 33,2 % 30,4 % 10 % 11,5 % 0% 1982 1989 2003 En % du produit voté Transparent n°26 Pour évoquer les tendances de long terme, nous avons choisi quelques années où les résultats sont assez tranchés. En 1982, la fiscalité est très absorbée par les dépenses de gestion (33 %) et la couverture des annuités de dette (42 % du produit voté). Seul 24 % du produit fiscal est consacré aux dépenses d’investissement. Cette part de produit voté représente alors 23 % des dépenses d’investissement, l’emprunt étant fortement sollicité pour compléter le financement des équipements. En 1989, les dépenses de gestion absorbent une faible partie du produit voté (11 %). L’annuité représente une part toujours importante de la fiscalité locale (47 %). Une partie importante de la fiscalité directe (42 %) est consacrée au financement des investissements, situés à leur plus haut. La fiscalité locale autofinance alors 43 % l’investissement. En 2003, comme on l’a vu il y a un instant, 30 % du produit voté est consacré à la couverture des dépenses de gestion. L’annuité de la dette en représente plus du tiers. Une fraction importante de la fiscalité locale directe (36 % du produit voté) autofinance les investissements, à hauteur de 47 %. Au-delà de l’aspect chiffré, c’est sur l’aspect stratégique qu’il convient de s’interroger ; c’est l’arbitrage essentiel sur lequel les élus se penchent : qui doit supporter le coût des investissements, le contribuable d’aujourd’hui ou le contribuable/utilisateur de demain ? __________________________________________________________________ 27 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
Répartition du produit voté (PV) 2003 Répartition du PV Répartition du PV par niveau de collectivité par taxe Communes 23,3 45% Taxe d’habitation 11,9 23% EPCI 10,2 20% Foncier bâti 15,8 31% Départements 14,8 29% Foncier non bâti 0,9 2% Régions 3,0 6% Taxe professionnelle 22,7 44% Total 51,3 Total 51,3 Répartition de la TP par niveau de collectivité Communes 4,9 22% Groupement à TPU 8,8 39% Autres groupements 0,5 2% Départements 6,6 29% Régions 1,9 8% Total 22,7 Transparent n°27 En 2003, le produit voté atteint plus de 51 milliards d’euros, en hausse de 3,7 %. Nous avons fait figurer ici le détail par collectivité et par taxe, ainsi que la répartition de la TP par niveau de collectivité. Vous voyez que la taxe professionnelle pèse près de 23 milliards d’euros, soit 44 % du produit voté en 2003. En 1998, avant la suppression de la part « salaires », elle en représentait 50 %. Il faut souligner qu’une part croissante de la TP est levée par les groupements à taxe professionnelle unique - au 1er janvier 2004, 1 028 EPCI à TPU sont dénombrés, soit près de 38 millions d’habitants et plus de 13 000 communes regroupées. Sur les 10 milliards d’euros de fiscalité directe levée par les groupements de communes en 2003, près de 9 milliards revenaient aux seuls EPCI à taxe professionnelle unique. Tous ces ordres de grandeur sont utiles lorsque l’on veut évoquer l’importance de la taxe professionnelle dans les budgets locaux. __________________________________________________________________ 28 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
Circuit "simplifié" de la taxe professionnelle en 2003 En milliards d’euros ENTREPRISES cotisation CHAMBRES 1 21 22 CONSULAIRES Frais d'assiette Cotisation COLLECTIVITES LOCALES et de nationale de dégrèvement péréquation Produit perçu 35 34 2 1 Produit voté * 24 23 17 18 6 10 1 dégrèvements ETAT compensations 17 17 péréquation Transparent n°28 Mais j’ajouterai qu’un point particulièrement complexe fait que cette fiscalité « locale » est différente si on la regarde du côté des entreprises. Le circuit qui va du contribuable à la collectivité présente quelques fuites : - les organismes consulaires (chambres de commerce et d’industrie, chambres des métiers) ; - l’Etat : frais d’assiette et de dégrèvement, la cotisation nationale de péréquation due par les entreprises faiblement imposées car situées dans une commune où le taux global de taxe professionnelle est relativement faible. Une partie de cette cotisation, augmentée des dotations et abondements de l’Etat, retourne toutefois aux collectivités locales via le FNPTP. Le circuit est aussi alimenté par l’Etat : - via les compensations d’exonérations, dont certaines viendront abonder la DGF en 2004 ; - via les dégrèvements, notamment au titre du plafonnement de la taxe professionnelle par rapport à la valeur ajoutée. Le produit de taxe professionnelle perçu par les collectivités locales ne correspond donc pas aux cotisations acquittées par les entreprises. En 2003, sur les 33 milliards d’euros de produit perçu (hors péréquation) par les collectivités locales, la contribution de l’Etat (compensations et dégrèvements) s’élevait à près de 50 %. Cette adéquation fiscalité payée/fiscalité perçue n’est pas vraie au niveau macroéconomique et encore moins au niveau microéconomique (celui d’une collectivité ou d’une entreprise). Une avancée serait de retrouver une telle adéquation, facteur de responsabilisation, et pour les élus (leur politique fiscale à la hausse ou à la baisse serait clairement ressentie par leurs contribuables), et pour les entreprises (qui comprendraient d’où vient leur imposition). __________________________________________________________________ 29 Finances locales en France – Grandes tendances 2003/2004 – le 10 février 2004
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