La Gestion des données en pratiques : un processus réflexif 06.03.2018 - FORS

La Gestion des données en
 pratiques : un processus
          réflexif

06.03.2018       Pablo Diaz

La gestion des données en tensions
 Tension entre les injonction à l’ouverture
  des données (open data) et à la protection
  des données
 Crainte d’une certaine standardisation
  des pratiques de recherche
 Craintes liées à l’ouverture : contrôle

Une pluralité de postures
Les chercheurs ont des rapports différenciés à leurs
données (en fonction de leurs appartenances /
méthodes)
«There are strong rules in anthropology about the intensely private
nature of fieldnotes»

«The people being observed forget you’re there. (…) So to have
fieldnotes that reflect your direct observations become public
property is to me a betrayal of trust»
                                                 (Jackson 1990)

Une pluralité de postures
Les chercheurs ont des rapports différenciés à leurs
données (en fonction de leurs appartenances /
approches)

« L’historien, lui, compte tenu des exigences de sa discipline, a
besoin que le témoignage soit rendu public, qu’il puisse être
accessible, identifié, vérifié, contrôlé. Plus le témoignage est
exploité, plus il est utilisé publiquement et nominativement,
finalement mieux c’est » (Florence Descamps in Müller 2006)

Une pluralité de postures
Les chercheurs ont des rapports différenciés à
leurs données (en fonction de leurs
appartenances / méthodes)
«Researchers who have produced quantitative data only tended to
judge data sharing as more important than researchers who have
produced qualitative data only (respectively 91% and 69% said it is
very important)» (Heers et al. : 2017)

Processus « top-down » ou « bottom-
up » ?
 Les débats ont émergé avec la mise en place
  de décisions top-down
 Les premiers mouvements étaient pourtant
  bottom-up
  80% des chercheurs estiment le partage
  « très important » (Heers et al. : 2017)

Que faire de ces tendances dans le
contexte suisse?
Saisir l’opportunité de réfléchir à nos pratiques de
recherche :
    La réflexivité fait partie intégrante de nos
     pratiques, il est important de la systématiser
    La réflexivité permet l’élaboration d’outils de
     gestion des données « sur mesure »

La gestion des données en pratique
Etape 1: conception du projet
a. Identifier les socles normatifs
        Juridique
        Ethique
        Culturel
        Institutionnel

La gestion des données en pratique
Loi fédérale du 19 juin 1992 sur la protection des données (LPD)
Art.3 Définitions
« a. données personnelles (données), toutes les informations qui se
rapportent à une personne identifiée ou identifiable »
« c. données sensibles, les données personnelles sur : les opinions ou
activités religieuses, philosophiques, politiques ou syndicales, la santé, la
sphère intime ou l’appartenance à une race, des mesures d’aide sociale,
des poursuites ou sanctions pénales et administratives »

Art.4 Principes
« 5 Lorsque son consentement est requis pour justifier le traitement de
données personnelles la concernant, la personne concernée ne consent
valablement que si elle exprime sa volonté librement et après avoir été
dûment informée. Lorsqu'il s'agit de données sensibles et de profils de la
personnalité, son consentement doit être au surplus explicite »

La gestion des données en pratique
Etape 1: conception du projet
a. Identifier les socles normatifs
        Juridique
        Ethique
        Culturel
        Institutionnel

La gestion des données en pratique
Etape 1: conception du projet
b. Qualifier ses données
   Quel est le statut de mes données: informatif?
    Interprétatif?
   Quelle est ma démarche? Patrimonialisation?
   De quels types de données ais-je besoin?
    Personnelles? Sensibles?
   Quel type de population vais-je approcher?
    Vulnérable? Notables?

La gestion des données en pratique
Etape 2: La production des données
Obtenir un consentement
 « … bien souvent le pacte d’entretien que l’on essaie d’instaurer
 avec un témoin, le protocole de communicabilité que l’on met en
 place dans une campagne d’archives orales vise avant tout à
 rendre le plus ouvert possible l’accès aux témoignages. Certains
 formulaires formalisent contractuellement les engagements
 déontologiques des parties et incluent des clauses concernant la
 publication nominative des témoignages ou leur futur dépôt dans
 des institutions patrimoniales. Dans le cas des mémoriaux pour la
 déportation par exemple, les témoignages recueillis sont destinés
 à être rendus publics immédiatement et les témoins signent un
 papier en ce sens » (Müller 2006 : 108)

La gestion des données en pratique
Etape 3: La préparation des données
Documenter ses données (métadonnées)
    Problèmes de la mémoire (headnotes)
    Problèmes du travail en équipe
    Problèmes du partage

La gestion des données en pratique
Etape 4: L’archivage / préservation des données

   A la fin d’une enquête les données vont forcément
    quelque part…

   Pourquoi (ne pas) partager ses données ?

La gestion des données en pratique
Etape 4: L’archivage / préservation des données
Enquête FORS 2017: Dans quelle mesure êtes-vous d’accord avec
les propositions suivantes?
% of respondents that agreed “somewhat” or “strongly”:
   I want to publish my results before anyone else uses my data (85%)
   I lack the time or resources to prepare my data for sharing (70%)
   My data are too sensitive to share with other researchers (42%)
   Other researchers would not fully understand my data or might use the data
    improperly (31%)
   My data are probably not of interest or use to others (20%)
   My data are my intellectual property and should not be used by others (19%)
   None outside the research team should ever have access to the data (13%)
   Data should be destroyed as soon as the purpose of their collection has been
    fulfilled (10%)

La gestion des données en pratique
Etape 4: L’archivage / préservation des données

   Controverses scientifiques sur l’achivage /
    réanalyse

   Les données sont des constructions ad hoc

   Question du terrain comme structurant des
    identités professionnelles

Conclusion
 Nous sommes dans une période de changement

 La gestion des données est une opportunité
  d’accompagner ce changement avec réflexivité

 Il faut un dialogue compréhensif

MERCI

Bibliographie
 Heers, Marieke, Ferrez, Eliane, Morgan De Paula, Emilie, “Data
  sharing and re-use : Researcher practices, attitudes and needs,
  FORS survey of social science researchers in Switzerland,
  disponible        en     ligne      :     http://forscenter.ch/wp-
  content/uploads/2017/04/DARISSurveyReport.pdf
 Jackson, Jean E., « “I am a fieldnote” : Fieldnotes as a Symbol
  of Professional Identity », in Sanjek, Roger, Fieldnotes. The
  Makings of Anthropology, Ithaca and London, Cornell University
  Press, pp. 3-33
 Laurens, Sylvain, Neyrat, Frédéric (dir.), Enquêter de quel
  droit? Menaces sur l’enquête en sciences sociales, Paris, Le
  Croquant
 Müller,     Bertrand,  «     Archives   orales     et   entretiens
  ethnographiques. Un débat entre Florence Descamps et
  Florence Weber, animé par Bertrand Müller », Genèses, 2006/1
  (no 62), pp. 93-109