La guerre comme une folie permanente - Laurent Laplante - Érudit

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La guerre comme une folie permanente - Laurent Laplante - Érudit
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Nuit blanche

La guerre comme une folie permanente
Laurent Laplante

Number 78, Spring 2000

URI: https://id.erudit.org/iderudit/20894ac

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Publisher(s)
Nuit blanche, le magazine du livre

ISSN
0823-2490 (print)
1923-3191 (digital)

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Laplante, L. (2000). La guerre comme une folie permanente. Nuit blanche, (78),
43–46.

Tous droits réservés © Nuit blanche, le magazine du livre, 2000                  This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit
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La guerre comme une folie permanente - Laurent Laplante - Érudit
La guerre comme
      une folie permanente
                                                                Par
                                                         Laurent Laplante

                               Tous ceux que la guerre a touchés jurent
                         leurs grands dieux : « Jamais plus cela ». Pourtant,
                       chaque coin du monde s'empresse, au premier détour
                        du calendrier, à peine ses charniers superficiellement
                              chaulés et ses éclopés encore mal cicatrisés,
                               de rouvrir la saison de la chasse à l'autre.
                      La littérature, forcément, reflète cette intarissable bêtise.

Q
                  uelle logique suivre                                                                       semble-t-il, demeurer sur ce terrain
                  pour aborder le su-                                                                        solide de l'indiscutable compétence
                  jet à travers quel-                                                                        scientifique. Tout comme son éditeur
                  ques œuvres récen-                                                                         aurait pu et dû, de son côté, mieux
                  tes ? Il n'est pas                                                                         défendre les droits du français.
                  de logique adaptée                                                                         Puisque Russel Bouchard fournissait
au non-sens. Tout au plus peut-on                                                                            des descriptions d'une rare précision,
entreprendre la description de la                                                                            on se serait attendu à ce que la
guerre en partant du plus lointain, du                                                                       correction linguistique s'établisse elle
plus périphérique, agissant ainsi                                                                            aussi à ce haut niveau. Ce n'est pas le
comme si la mort violente était moins                                                                        cas. Parler de « coups prohibitifs »
injuste en frappant plus loin ou un                                                                          pour expliquer la rareté d'un arme-
moins parent.                                                                                                ment quelconque, cela... détonne. On
                                                                                                             déplorera également que Russel
De l'arme                                                                                                    Bouchard n'ait pas résisté, dans le
proche au lointain                                                                                           cadre d'un bouquin aussi factuel
                                                                                                             qu'un catalogue spécialisé, à la
génocide                                                                                                     tentation d'entonner la grinçante ren-
En décrivant par le menu Les armes à                                                                         gaine des opposants au contrôle des
feu en Nouvelle-France^, Russel                                                                              armes à feu. Le fait d'être un fin con-
Bouchard s'exprime dans presque                                                                              naisseur de la balistique ne légitime
tout son texte avec la rigueur de                                                                            pas le plaidoyer anticontrôle.
l'entomologiste ou de l'astrophy-         de Vaudreuil avait été renversé d'un coup de sabre                      Jean Carrière, romancier original
sicien : il voit, il mesure, il compar-                                                                      et puissant, n'a que faire des descrip-
timente. Grâce à lui, l'intéressé saura     sation des armes à feu, comment, la chose                    tions techniques des boulets de canon ou
comment la France a imposé à sa colonie     était prévisible, le succès commercial a                     du calibre des fusils. Ce qu'il regarde, c'est
québécoise telle et telle arme, comment     dépendu des bons parrainages autant et                       l'onde de choc propagée par l'horreur des
Amsterdam, Londres et Paris ont divergé     plus que des supériorités technologiques.                    tranchées de 1914-1918 jusqu'aux tré-
dans leurs politiques de commerciali-       Russel Bouchard aurait pu, et dû, me                         fonds de Pierre-Ézéchiel Séguier. Ce

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La guerre comme une folie permanente - Laurent Laplante - Érudit
conscrit a payé un lourd tribut à la guerre :   précipitent les uns contre les autres des       mettre en perspective, ni du constant
l'amputation d'une jambe sans anesthésie        belligérants également cruels qu'il faut        recours à Fenimore Cooper à travers
aucune. Ce n'est pourtant là pour Séguier       bien vérifier si l'un plus que l'autre pousse   lequel la France n'a jamais cessé de lire le
que le corollaire physique d'une guerre         l'horreur à la vitesse supérieure. Yolande      Québec, et admirons qu'il ait su tant
inhumaine. Plus lourde est la retombée          Mukagasana estime sans doute avoir              assimiler et avec autant de respect en aussi
d'ordre spirituel : Séguier sort de l'hor-      suffisamment expliqué ailleurs la toile de      peu de temps. D'autres n'auraient pas
reur persuadé que seul importe l'Éternel,       fond, car elle se borne à décrire des gestes    assez d'une vie. L'éditeur en dit trop peu
qu'à Lui seul il doit rendre désormais tous     horribles sans faire voir ce qui fait d'un      sur ce qui différencierait cette édition dite
les hommages. D'où son Jardin pour              peuple un génocidaire et de l'autre une         d'origine de la version que l'on connais-
l'Éternel 2 , énorme entreprise secrète         victime exsangue. Ce qu'elle décrit émeut       sait déjà pour permettre un arbitrage
dans laquelle Séguier investit une énergie      par sa vérité, sans pourtant nous convain-      éclairé. Regrettons-le.
dévorante et des dons qui confinent au          cre qu'un seul peuple manie inhumaine-             Mary Soderstrom6 aussi se penche sur
miraculeux. Les choses se compliquent           ment la machette. Yolande Mukagasana            la Rébellion de 1837 et sur les secousses
lorsque le milieu cévenol, pourtant tenu à      lancera au passage de graves accusations        qui ont suivi. Là où Jules Verne s'auto-
l'écart, considère par trop farfelu le projet   contre la France, la Belgique, la Rome          risait l'addition de mystérieux interve-
que Séguier fignole et défend contre tous       catholique, l'ONU sans non plus les             nants, elle s'en tiendra à ce que l'histoire
les démolisseurs. Dans sa foi et sa déme-       rendre probantes. Mais cela n'est déjà plus     consent à lui dire. C'est beaucoup et peu,
sure, Séguier résiste aux vandales, s'entête,   du même ordre.                                  car la traque que mène Mary Soderstrom
multiplie les risques, lance ses foudres et
ses balles contre les opposants. Sa ferveur
devient fureur, sa foi intolérance.
    Jean Carrière, sans moralisme, laisse la
foi de Pierre-Ézéchiel Séguier tout balayer.
Qu'elle soit devenue raz-de-marée, le
lecteur s'en rend bien compte. Visible-
ment, le bien poursuivi sans nuance, sans
contrainte, les fondamentalismes le
démontrent quotidiennement, cause lui
aussi les dégâts qu'on attend des plus
noirs desseins. Thème délicat que Jean
Carrière traite avec délicatesse.
    Le livre de Santiago Arolas3 se situe
dans un autre registre et sur un autre
versant de la guerre. Il entreprend son
parcours avec quelques handicaps : auteur
peu ou pas connu, éditeur récemment
diffusé de ce côté-ci de l'Atlantique, ver-
sion française tout juste parue alors que
le livre date de 1995. Le décor, très vite,
rachète : voici l'Espagne de 1936. Le           La g u e r r e d a n s                          sur la trace de Robert Nelson et les recher-
moment aussi est bien choisi : tout n'est       le Q u é b e c d ' h i e r                      ches ingénieuses et acharnées qu'elle
pas encore tranché et manichéen dans ce                                                         investit pour nous le ressusciter, Robert
pays en instance de guerre civile. Certains     Trois ouvrages, dont une réédition,             Nelson semble se plaire à les déjouer. On
des pauvres et des possédants parviennent       ressuscitent les conflits qui ont marqué le     saura de lui qu'il fut un remarquable
encore à reconnaître des humains et des         milieu du XIXe siècle québécois. Tous           médecin, renseigné, inventif et audacieux.
amis dans les rangs des classes sociales        trois méritent lecture ou relecture.            On admirera son irréprochable respect
adverses. Santiago Arolas mène bien ce              Jules Verne, avec Famille-sans-nom5,        des autochtones et l'amitié dont ceux-ci
stade du récit, avec ce qu'il faut de pana-     tourne vers le Québec une autre antenne         l'entourèrent. On apprendra que sa
che et de noble intransigeance pour que         de son foisonnant génie. Lui, qu'on réduit      rébellion à lui, décalée dans le temps et
l'Espagne se sente honorée. Les choses se       trop souvent à des audaces futuristes et        distincte des combats de 1837, résulte de
gâtent quelque peu quand, en fin de récit,      dont on laisse le Nautilus ou la fusée          la colère qu'a suscitée en lui l'absence
il sollicite avec trop d'insistance un hasard   lunaire dissimuler le reste des récits,         d'équité dans la réaction du pouvoir.
complaisant.                                    patrouille pourtant aussi allègrement le        Robert Nelson ne se mêle pas de 1837 ; s'il
    Faute d'information, rien ne permet de      champ historique que les océans ou les          fulmine en 1838, c'est que 1837 lui a
savoir à qui, de l'auteur ou du traducteur,     entrailles de la terre. La rébellion des        montré le pouvoir sous son vrai jour. Ce
il convient d'imputer une ponctuation,          Patriotes québécois l'intéresse, en tout cas,   qui se passe ensuite dans la vie de Robert
disons, incertaine et d'innombrables fau-       autant que Michel Strogoff. Intéresse est       Nelson, Mary Soderstrom n'en sait que
tes grossières. Dommage, mais l'élévation       peu dire, car Jules Verne semble tout           des bribes. L'homme disparaît aux États-
des sentiments ne dispense pas de l'ortho-      savoir du Québec et de ses pulsions.            Unis, s'y taille une nouvelle carrière
graphe.                                         Depuis les Fils de la liberté jusqu'à la        professionnelle, se noie dans le melting pot.
    C'est autre chose qui fait défaut à la      toute-puissance de la mère québécoise,              Ce livre se lit comme une recons-
terrible dénonciation que hurle Yolande         depuis le débat sur le gouvernement             titution. Les dialogues, certes, ne doivent
Mukagasana4 à propos du drame rwan-             responsable jusqu'aux incessants échanges       rien aux certitudes historiques, mais
dais : tout simplement les quelques pages       entre les USA et le Québec de la contes-        jamais ils ne les contredisent. Après lec-
qui fourniraient les faits, les balises, les    tation, tout y passe. Ne gardons pas            ture, on souhaite que le jour vienne où
repères. Rien, certes, ne justifie les ampu-    rancune à Jules Verne de ses rarissimes         d'aussi intelligents efforts que ceux de
tations à la machette, mais tant de guerres     imprécisions, que l'éditeur aurait pu           Mary Soderstrom préciseront les traits de

                                                IM" 7 8   . N U I T   B L A N C H E   . -4-4
La guerre comme une folie permanente - Laurent Laplante - Érudit
cet autre Bethune.                              même attisé celui-là. Oui, les institutions       faire savoir urbi et orbi quel chef-d'œuvre
    Avec autant de rigueur que d'élégance,      que sont un Parlement ou une biblio-              il a signé il y a trente ans et réédite aujour-
Pierre Turgeon7 éclaire le pan suivant de       thèque et que d'autres révolutions ont            d'hui. Le plus drôle, ce sera que l'hom-
l'histoire québécoise. La Rébellion a           laissées intactes ont été cyniquement             mage d'Alain Stanké à Alain Stanké soit
entraîné le pouvoir militaire à une répres-     visées et détruites. Outre la qualité des         en l'occurrence pleinement mérité ! Car
sion si incohérente et si cruelle que la gent   documents réunis par Gaston Deschênes,            l'admirable récit de sa juvénile rencontre
politique a dû, à tête reposée, en confesser    apprécions que l'historien en lui n'ait pas       avec la mort et la guerre, il faut, malgré les
les excès et songer à les réparer. Ce qu'a      muselé le citoyen : ceux des grands               agaçants éloges, préfaces et postfaces
éprouvé Robert Nelson, d'autres, jusqu'à        médias montréalais qui ont soigneuse-             qu'empile Alain Stanké autour de sa per-
Londres, ont fini par le ressentir : il faut    ment évité de rappeler le 150e anniversaire       sonne, le lire ou le relire dans sa douleur
racheter. Mais beaucoup de fanatisés            de l'incendie du siège du Parlement de            première. Un enfant que secoue la guerre,
n'ont vu que justice dans les exactions et      Montréal méritaient une taloche.                  c'est forcément un drame ; Alain Stanké,
les tueries qu'ont subies les Patriotes ;                                                         en maintes pages, fait parler l'enfant qu'il
jamais ceux-là n'accepteront que des            M a i s la g u e r r e                            fut avec une telle justesse de ton que la
compensations soient versées à des gens         de notre temps ?                                  guerre en redevient, Dieu merci, nauséa-
qui n'ont peut-être pas pris les armes,                                                           bonde.
mais qui parlent quand même la même             De la deuxième Grande Guerre, enten-                  Le maître livre du conflit de 1939 à
langue que les Patriotes... Ceux-là, au         dons par là celle de 1939 à 1945, on peut         1945, c'est pourtant, encore et toujours,

besoin, incendieront et répandront              parler de différentes manières. Avec,             celui de Jean-Jules Richard. Écrivain
l'émeute. Telle est, grosso modo, la toile de   comme Roch Carrier9, un humour qui                colossal et sous-estimé, Jean-Jules Richard
fond contre laquelle Pierre Turgeon             étouffe la rage et le hurlement ou bien,          résiste sans ride aucune à l'usure du
présente, à son habitude, un récit vibrant,     comme Alain Stanké 10 et Jean-Jules               temps. Cette guerre, c'est la sienne, celle
alerte, enraciné dans les connaissances et      Richard", l'art de faire porter par des           qu'il a rampée dans la boue comme un
les préjugés de l'époque. Tout y passe,         mots quotidiens et malgré tout contenus           Louis-Ferdinand Céline, jour après jour,
depuis le tâtonnement médical jusqu'à la        les récits les plus hallucinants. Le seul ton     atteint jusqu'à l'âme par la bêtise des
montée des voracités capitalistes en pas-       qu'on ne doive pas adopter à propos de la         officiers plus encore que par le terrain et
sant par les trouvailles de l'art militaire.    guerre, c'est, n'en déplaise à Pierre             les balles, déconcerté par ce que la folie
Dans chaque domaine, Pierre Turgeon se          Vennat12, celui qui consiste à répandre à         guerrière fait surgir de démesure et de
comporte en guide, en compagnon, en             ce sujet la version élaguée et trompeuse          cruauté même chez les plus civilisés des
conteur, en historien. Ce qui n'a pas la        qu'en livrent les états-majors.                   humains. Il suffit que Jean-Jules Richard,
caution historique est si plausible qu'on           Roch Carrier, c'est Roch Carrier. Une         arbitrairement, génialement, choisisse
s'en passe. Et ce qui serait moins plausible    écriture dont on ne se lasse pas même             neuf moments de l'interminable conflit
est si ardemment dramatique qu'on se            après récidive, un geyser de piques et de         pour que l'image d'ensemble en soit
laisse emporter. Comme le talent rend les       rebondissements à la fois insanes et déli-        clairement et douloureusement établie. Le
choses faciles...                               cieux, une truculence qui chez tout autre         ton, d'autant plus dévastateur qu'il est
    On appréciera peut-être davantage           confinerait au mauvais goût et n'est chez         feutré, n'entre que rarement dans le
encore le récit de Pierre Turgeon si on lit,    lui que vitalité. Son bouquin, trente ans         registre de la fulmination. Pourquoi
avant, pendant ou tout de suite après,          après son premier tour de piste, séduit           hurler quand l'euphémisme dit, juge,
l'intelligent regroupement de textes que        toujours. Qu'on sache entrevoir pourtant,         condamne ? Au sortir de ce livre fabuleux,
publie Gaston Deschênes8. Car ce qui,           en lisant ce chef-d'œuvre, à quelle superbe       on sait, irrévocablement, que la guerre,
sous la plume du romancier, pouvait sem-        liberté il ouvrait à l'époque. Regrettons         même la plus légitime, même la plus
bler excessif, se révèle, grâce à Gaston        que l'éditeur, qui se traitera d'ailleurs de la   défensive, extirpera toujours l'humain du
Deschênes, honteusement véridique. Oui,         même manière, ait choisi de le rééditer en        cœur humain et que les vainqueurs eux-
des élites invitèrent sciemment la popu-        caractères microscopiques.                        mêmes n'en sortiront que salis.
lace à l'émeute raciale. Oui, celui qui avait       Alain Stanké, qui n'a jamais détesté             Cette vérité, Pierre Vennat consacre
charge de combattre les incendies a lui-        attirer sur lui les feux de la rampe, tient à     plus de 1 300 pages à l'occulter : d'après

                                                     7 8   . N U I T   B L A N C H E    . -4.5
lui, « nos » soldats n'ont pu se salir. Tôt               être les mêmes dans le cas d'un journaliste                 brutalité et l'arbitraire du conquérant.
r e n d u orphelin par la guerre, Pierre                  et dans celui d'un thuriféraire. Pierre                     Une horreur que certains préfèrent quand
Vennat entreprenait pourtant son récit                    Vennat n'a pas vu la nécessité de définir                   m ê m e e n r o b e r de flonflons et de
dans les meilleures conditions. Comment,                  son statut.                                                 médailles. •*___.
en effet, ne pas suivre dans sa peine l'en-                    Rédiger 1 300 pages exige q u a n d
fant que la guerre a privé de son père ? On               même une recherche énorme ? Oui et
souhaitait, d'autre part, même dans les                   non. Pierre Vennat, c'est évident, a fouillé,
milieux pacifistes, qu'une œuvre sérieuse                 écouté, voyagé. Jamais, cependant, il n'a
vide enfin l'abcès des présumées lâchetés                 résumé, synthétisé, réfléchi. En ce sens, il
                                                                                                                          1. Les armes à feu en Nouvelle-France, par Russel
et absences québécoises à l'égard de la                   a fait œuvre de compilateur plus que                        Bouchard, Septentrion, Sillery, 1999, 177 p. ; 18,95 $.
conscription. En théorie, la mission que se               d'historien. Il nomme les gens, leur remet                      2. Un jardin pour l'Éternel, par Jean Carrière,
confiait Pierre Vennat pouvait d o n c                    minutieusement chaque fois chacune de                       Robert Laffont, Paris, 1999, 326 p. ; 42,95 $.
déboucher sur un texte à la fois émouvant                 leurs décorations, cite au texte la langue                      3. L'été rouge, par Santiago Arolas, Mon Village,
et socialement utile. Le magma publié                     de bois des états-majors. Il pille d'ailleurs               Vulliens, 1999,208 p. ; 26,95 $.
n'est ni l'un ni l'autre.                                 bien au-delà des limites acceptables les                        4. N'aie pas peur de savoir, Rwanda : un million
     Les trois tomes, à peu de nuances près,              articles de Maurice Desjardins, les                         de morts, Une rescapée tutsi raconte, par Yolande
sont également mal écrits. Les fautes                     bouquins de Pierre Sevigny, de Charly                       Mukagasana, Robert Laffont, Paris, 1999, 316 p. ;
                                                          Forbes, de Georges Verreault, de Ronald                     39,95 $.
surabondent, le passif règne comme dans
                                                          C o r m i e r , de Jean-Victor Allard, les                      5. Famille-sans-nom, par Jules Verne, Stanké,
une conversation anglaise, les répétitions
                                                                                                                      Montréal, 1999, 404 p. ; 14,95 $.
incessantes remplissent paresseusement                    sermons de l'épiscopat québécois.
                                                                                                                          6. Robert Nelson, médecin rebelle, par Mary
les chapitres. Au fil des pages, déferlent les                 Le plus grave d e m e u r e le biais                   Soderstrom, l'Hexagone, Montréal, 1999, 348 p. ;
décorations, les médailles, les citations à               constant, affiché, bétonné qui satisfait                    29,95 $.
l'ordre du jour, les promotions évidem-                   Pierre Vennat : l'armée canadienne est                          7. Jour de feu, par Pierre Turgeon, Flammarion
ment méritées. Jamais, pourtant, Pierre                   grande, entièrement composée de héros,                      Québec, Montréal, 1998, 270 p. ; 19,95 $.
Vennat n'a senti le besoin de familiariser                et Pierre Vennat est son prophète. Leur                         8. Une capitale éphémère, Montréal et les
son lecteur une fois pour toutes avec la                  guerre s'en trouve ennoblie, l'idée même                    événements tragiques de 1849, textes réunis par
granitique stratification militaire. Pas un               de la guerre édulcorée. À la vérité, tous les               Gaston Deschênes, Septentrion, Sillery, 1999,
organigramme, pas un tableau, quitte à                                                                                161 p.; 15$.
                                                          soldats, quoi qu'il en dise, ne sont pas des
rappeler cent fois que les « grades » de la                                                                               9. La guerre, yes sir ! La trilogie de l'âme sombre,
                                                          héros, m ê m e les médaillés. L'armée
                                                                                                                      par Roch Carrier, Stanké, Montréal, 1998, 138 p.;
marine ne sont pas ceux de l'armée.                       canadienne, pas plus que les autres, ne                     12,95 $.
     La méthodologie ne vaut guère mieux.                 mérite, l'actualité le confirme à satiété, la                   10. Des barbelés dans ma mémoire, par Alain
D'un bout à l'autre, le journal où Pierre                 c a n o n i s a t i o n . Un j o u r n a l i s t e qui se   Stanké, Stanké, Montréal, 1998, 191 p. ; 12,95 $.
Vennat a fait carrière, La Presse, qui joue               conduit, avec la connivence de La Presse,                       11. Neuf jours de haine, par Jean-Jules Richard,
ici au mécène, est le seul média cité                     en relationniste militaire se discrédite. En                Bibliothèque québécoise, Montréal, 1999, 401 p. ;
constamment. Pierre Vennat, qui ne veut                   racontant neuf jours de haine, Jean-Jules                   10,95 $.
pas, dit-il, réamorcer le débat sur la                    Richard en a dit plus long et plus vrai sur                     12. Les héros oubliés, L'histoire inédite des
c o n s c r i p t i o n , multiplie p o u r t a n t les   la guerre que Pierre Vennat en plus de                      militaires canadiens-français de la Deuxième Guerre
charges contre le nationalisme et contre                  1 300 pages.                                                mondiale, par Pierre Vennat, tome 1 : De la
                                                                                                                      mobilisation au raid de Dieppe, Méridien, Montréal,
Le Devoir... qu'il ne cite pas. Pierre                         La guerre ? Une horreur qui laisse                     1997, 352 p., 29,95 $ ; tome 2 : De septembre 1942
Vennat ne se montrera laconique qu'à                      l'homme sans défense contre la folie, qui                   à la veille du « Jour J », Méridien, Montréal, 1997,
p r o p o s de ses relations avec l'armée                 incruste les barbelés dans la chair de                      444 p., 29,95 $ ; tome 3 : Du « Jour J » à la
canadienne. Ces relations, légitimes et                   l'enfant, qui lance l'ethnie contre l'ethnie,               démobilisation. Méridien, Montréal, 1998, 550 p.,
nécessaires, ne peuvent quand même pas                    qui burine dans la mémoire des peuples la                   34,95 $.

                                                                7 8    . N U I T     B L A N C H E        . -46
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