La Lettre du Circaète - dans la Vienne découvrir, connaître, protéger - lettre d'information épisodique et aléatoire du groupe circaète - LPO ...
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n°1 >>> mars 2020 Lettre la du Circaète dans la Vienne d é c o u v r i r, c o n n a î t r e , p r o t é g e r >>> lettre d’information épisodique et aléatoire du groupe circaète LPO Poitou-Charentes, 25 rue Victor-Grignard 86000 Poitiers, 05 49 88 55 22 1
La Lettre du Circaète 1 La Lettre du Circaète 1 >>> Nouvelles de la migration prénuptiale 2020 Chaque année, lorsqu’arrivent la mi-février (pour la France) et la mi-mars (pour la Vienne) une fiè- vre particulière s’empare des gallicophiles ou « passionnés de circaète ». Jules Romain faisait dire à son médecin Knock, personnage éponyme de sa pièce de théâtre à succès : « Est-ce que ça vous chatouille, ou est-ce que ça vous grattouille ? » Eh bien les gallicophiles « Ça les picote ! » Et, pour certains d’entre eux, ça picote même quelques semaines plus tôt, car chacun sait que les circaètes quittent leurs lieux d’hivernage subsahariens vers la mi-janvier, puisqu’il leur faut 20 à 30 jours pour arriver jusqu’à nous. Le point 2020… En France observation de l’année 2019 a eu lieu le l’écart des dates se resserre sur 6 jours à Cette année 2020, le premier circaète 11 mars, au-dessus des landes du Pinail partir de 2015 (entre le 11 et le 16 mars, observé en France l’a été le 12 février, sur (forêt de Moulière). soit le début de la seconde décade de la commune de Sainte-Anastasie, dans le Quand on récapitule les dates d’ar- mars). Cette contraction s’explique vrai- Gard. Voici le compte-rendu de l’observa- rivée du circaète dans la Vienne au semblablement par la mise en place du teur tel que publié dans Faune France : cours des 20 dernières années, si l’on « Groupe circaète » (2014), en même « Repéré avec deux buses variables, plus excepte l’observation anormalement temps que par une recherche proac- gros qu’elles. Vol stationnaire en Saint- tardive du 19 avril, les dates extrê- tive du premier arrivant dans notre Esprit, puis descente rapide en battant mes courent du 7 mars au 27 mars, département, en particulier sur le site des ailes à la verticale, jusqu’à le perdre de ce qui nous donne une date moyenne très favorable des landes du Pinail – vue derrière des arbres. Pas de doute sur d’arrivée autour du 16 mars (tableau 1) mais chacun peut s’y attacher ailleurs, l’identification, perception de la face infé- – informations extraites de la base de dans ses sites préférés. À noter que rieure blanche uniforme avec tête som- données LPO, 2000-2019. les dates des cinq années 2003, 2009, bre, large queue bien arrondie et assez On remarquera qu’au cours de cette 2012, 2013 et 2014 (réparties entre le courte , ailes très larges et longues ». période de 20 ans, 50 % des circaètes 7 et le 9 mars) prouvent qu’une arri- Avec quelques jours de décalage, les sont notés dans la deuxième décade vée anticipée de 3 à 4 jours est toujours observations de ces oiseaux avant- de mars (tableau 2) et que par ailleurs possible. coureurs se sont enchaînées lente- ment mais régulièrement, avec un ou deux oiseaux à chaque fois : 18 février Année Première obs. Première obs. Année (Isère), 19 février (Lozère), 20 février 7 mars 2014 2000 26 mars (Aude, Ariège), 22 février (Gard) ; et, pour la Nouvelle-Aquitaine : 21 et 24 2001 19 avril 8 mars 2009 février (Dordogne), 25 février (Creuse). 2002 25 mars 9 mars 2003 Avec la fin du mois la tendance s’ac- Figure 1. État de la migration en France au 11 mars 2020 d’après « Faune France » (Fond de carte Wikipedia Commons, photo T. Bergès). 2003 9 mars 9 mars 2012 célère à peine, par contre, à partir du 4 mars les choses deviennent sérieuses 2004 27 mars 9 mars 2013 et prennent une tout autre ampleur 2005 27 mars 11 mars 2019 avec le passage de gros bataillons : 109 2006 15 mars 14 mars 2018 oiseaux le 4 mars (dont 89 dans l’Aude) ; 247 le 5 mars (dont 244 dans les Pyré- 2007 16 mars 15 mars 2006 nées-Orientales) ; 1 706 le 6 mars (dont 2008 20 mars 15 mars 2010 1 299 dans les Pyrénées-Orientales et 2009 8 mars 15 mars 2017 291 dans les Alpes-Maritimes) ; 423 le 7 mars (dont 200 dans les Alpes-Mari- 2010 15 mars 16 mars 2007 times et 161 dans l’Aude). La première 2011 22 mars 16 mars 2015 observation pour le Poitou-Charentes 2012 9 mars 16 mars 2016 est faite le 7 mars à Saint-Palais-sur-Mer, en Charente-Maritime (département 2013 9 mars 20 mars 2008 toujours le plus précode de la région) et 2014 7 mars 22 mars 2011 deux autres les 9 et 10 mars. 2015 16 mars 25 mars 2002 L’an dernier le premier individu français avait été observé le 14 février (Dordogne), 2016 16 mars 26 mars 2000 rien d’exceptionnel donc quant à la pre- 2017 15 mars 27 mars 2004 mière mention française de cette année. 2018 14 mars 27 mars 2005 Dans la Vienne 2019 11 mars 19 avril 2001 Dans la Vienne, il va nous falloir patienter encore un tout petit peu. Rappelons que Tableau 1. Dates d’arrivée du Circaète Jean-le-Blanc dans la Vienne. dans notre département, la première Dans l’ordre des années (à gauche) puis dans l’ordre des dates (à droite). Tableau 2. Dates d’arrivée du Circaète Jean-le-Blanc dans la Vienne, selon les années, les mois et les jours. 2 3
La Lettre du Circaète 1 La Lettre du Circaète 1 >>> Prospections collectives : deux dates à retenir ! Au cours de la saison de nidification 2020, cinq sites ont été retenus dans le but d’y organiser des prospections collectives : forêt de Scévolles, bois de l’Hospice, secteur de Saint-Martin-la-Pallu, forêt de Lussac et forêt d’Autun. Pour l’instant deux dates de prospection ont été fixées. Ces prospections sont une belle opportunité pour découvrir de nouveaux milieux et observer de nombreux oiseaux ! Carte 1. 29 mars, forêt de Scévolles. RDV1, Neuville-de-Poitou, 8 h15 Carte 2. 29 mars, forêt de Scévolles. RDV2, Guesnes, 9 h (Google ©2020 Maxar technologie). (Google ©2020 CNES/Airbus, Landaat/Copernicus, Maxar technologie). Figure 1. Saint-Cyr, RDV prospection 2019. Photo Alain Boullah. Dimanche 29 mars Dimanche 19 avril forêt de Scévolles Carte 3. 19 avril, bois de l’Hospice. RDV1, Mignaloux-Beauvoir, 8 h15 Carte 4. 19 avril, bois de l’Hospice. RDV2, Lussac-les-Chx, 9 h. bois de l’Hospice (Google ©2020 CNES / Airbus, Landaat / Copernicus, Maxar technologie). (Google ©2020 CNES / Airbus, Maxar technologie). Prospection en forêt de Scévolles, ma- Prospection dans le bois de l’Hospice, Les dates et lieux des autres prospections vous seront communiqués par mail quand les arrivées des circaètes et les gnifique massif morcelé de quelque boisement de quelque 400 ha, envi- emplois du temps se seront un peu éclaircis… 5 000 ha situé au nord du départe- ronné d’étangs (dont celui de Beau- ment de la Vienne, au sud de Loudun four) situé à huit kilomètres au sud- et à une quarantaine de kilomètres sud-ouest de Montmorillon. au nord-nord-ouest de Poitiers. Deux points de rendez-vous sont Deux points de rendez-vous sont prévus, où des covoiturages seront mis en place : >>> Consignes générales pour la saison... prévus, où des covoiturages seront mis en place : • RDV 1, Mignaloux-Beauvoir, 8h15 La Base de données LPO ou NaturaList Le Trombinoscope Parking de la place de l’Église (en bor- • RDV 1, Neuville-de-Poitou, 8 h15 Partagez vos observations : Envoyez vos images à vos contacts (voir p. 11) : dure de la RN 147). Départ pour Lussac- Parking, rue de Mavault. Départ pour Des cartes de prospection les-Châteaux à 8h30 (voir carte 3). • Saisissez rapidement vos observations, cela permet Si vous en avez « beaucoup » et sous des angles diffé- Guesnes à 8h30 (voir carte 1). vous seront fournies sur place un suivi au plus près des oiseaux au cours de la saison. rents, cela permet : Dans tous les cas, munissez-vous de • RDV 2, Lussac-les-Châteaux, 9 h • Mentionnez tout commentaire utile : comportements • D’individualiser les oiseaux et les couples en caractéri- • RDV 2, Guesnes, 9 h votre téléphone, de jumelles, d’un Place du 11-Novembre-1918, près de (chasse, déplacement, altercation, cris, transport de proie sant leur plumage : coloration, patron, plumes abîmées Parking du parc de loisir. C’est là que carnet de notes et d’un stylo, de bon- l’office de tourisme. C’est là que se- et direction si vol direct, vol en duo, oiseau posé...), ou plumes en mue... seront formées les équipes de pros- nes chaussures, de vêtements adap- ront formées les équipes de prospec- tés à la météo (dont un chapeau), découvertes de traces en sous-bois (plumes, pelotes), etc. • D’identifier les jeunes oiseaux en fin de saison. pection, avec regroupements selon les tion, avec regroupements selon les d’une collation et d’une boisson à • « Cachez » les observations sensibles : site de nidi- • De suivre l’activité ou les secteurs fréquentés par les compétences (voir carte 2). compétences (voir carte 4). tirer du sac et (si vous en avez) d’une fication effectif ou suspecté. oiseaux régulièrement observés. longue-vue, d’un GPS et d’un appareil Un point sur les observations sera fait • Ajoutez quelques images : individus, comportements • De documenter la saison de nidification. Un point sur les observations sera fait photo (avec zoom ou téléobjectif). ou sites (uniquement si utile pour ces derniers). • De retrouver des oiseaux d’une année sur l’autre. sur place en fin de journée. sur place en fin de journée. 4 5
La Lettre du Circaète 1 La Lettre du Circaète 1 >>> Comme le circaète, la buse aime les reptiles... Quelques observations de buses variables capturant et transportant des serpents, faites au cours des années 2015, 2018 et 2019 dans la Vienne (au nord de la forêt de Moulière pour beaucoup), et pour certaines documentées photographiquement, ont fait l’objet de questionnements de la part de plusieurs ornithos. Dans la mesure où l’on sait que le circaète est un consommateur quasi exclusif de reptiles (tableau 1), il nous a semblé intéressant de faire le point concernant le régime alimentaire de la buse et sur- tout sur la part que ceux-ci y représentent... la posant en concurrente potentielle du circaète en a. b. c. matière de proies disponibles. Accessoirement, tout observateur doit par ailleurs avoir à l’esprit que la buse variable utilise par- distingue la masse d’une aire dans un pin sylvestre, dans l’environnement de faitement – au même titre que le circaète pour lequel cette pratique est récurrente – la techni- laquelle miaule un jeune rapace. Alors que du vol sur place dite en « Saint-Esprit », quand cela lui est nécessaire et tout particulièrement qu’il cherche d’éventuelles traces au quand elle manque de postes d’affût, que le milieu s’y prête et/ou que les mouvements d’air lui sol (plumes, fientes, reliefs de repas…), sont favorables. Un oiseau (observé de loin et/ou dans de mauvaises conditions) qui fait le « Saint- sa vue est attirée par la blancheur de Esprit » et capture un reptile n’est donc pas de facto un circaète. menus ossements perdus dans la végé- tation : la colonne vertébrale d’un petit reptile. Presque aussitôt une jeune buse mal volante se perche sur une grosse branche proche de l’aire (figure 3). >>> 22 mars 2019 Vers 14h30, Jean-Guy Couteau Tableau 1. Proies capturées par le circaète observe et photographie, à l’est de la selon diverses études et pays (in B. Joubert, Le Circaète Jean-le-Blanc, 2001). réserve naturelle du Pinail, une Pour mémoire, les reptiles capturés dans d. buse transportant un long serpent le Centre-Ouest de la France appartien- (vraisemblablement une couleuvre) nent essentiellement aux espèces suivan- Figure 2 (a, b, c, d). Quatre phases du transport d’un serpent (dans les serres) par la dans son bec (figure 4). tes : couleuvre verte et jaune, couleuvre à même buse variable et attaque par une corneille noire (d), 5 avril 2018. Photos Jean- collier, couleuvre d’Esculape, couleuvre Guy Couteau. Quatre de ces observations ont été fai- vipérine, vipère aspic, lézard vert, lézard tes sur le Pinail ou non loin (le Défens), des murailles et orvet. >>> 18 avril 2018 >>> 4 juillet 2018 dans un secteur de lande où des buses Lors d’une prospection circaète sur Lors d’une prospection en fin de sont régulièrement notées en train de Les Observations le Pinail, en fin de matinée, Christian matinée au Défens, dans un boise- pratiquer le vol en « Saint-Esprit » pour Moreau observe une buse variable ment mixte de chênes et de pins syl- chasser ; la cinquième a été faite un peu >>> 10 mai 2015 décollant d’un layon forestier. Quelques vestres avec sous-bois dense (ronces, plus au sud, dans la Vallée des Trembles, Lors d’une prospection busards en minutes plus tard, alors que Michel bruyère à balai et arbustes…), sur une secteur actuellement en taillis, clairières forêt de Moulière (lieu-dit la Vallée Granger se déplace à une centaine pente ensoleillée, Michel Granger et petits pins (figure 5). des Trembles), Alain Boullah observe de mètres de lui, il observe le même et photographie une buse. Après oiseau, en vol à une cinquantaine de avoir pensé à un transport de maté- mètres au-dessus du sol. Il semble riaux dans les serres, il s’aperçoit, ce transporter une petite « branche bis- que l’on voit bien sur ses images, qu’il cornue », la maintenant dans les serres s’agit d’un serpent (encore animé de d’une de ses pattes tendue. Alors qu’il contractions), vraisemblablement une commence à suivre l’oiseau aux jumel- vipère au vu de la taille et de la courte a. b. les, cette branchette lui échappe et queue (figure 1). tombe. Immédiatement, la buse pique et, grâce à une manœuvre rapide et un >>> 5 avril 2018 ressaut acrobatique, elle parvient à la Figure 1 (a, b, c). Peu après 15h, Jean-Guy Couteau récupérer en vol. C’est à l’occasion de Transport d’un serpent observe et photographie sur le Pinail, (dans les serres) par la la chute, de la recapture aérienne et vers la Gassotte, une buse variable même buse variable, du transport qui suit que l’observateur transportant un serpent (vraisembla- 10 mai 2015. s’aperçoit qu’il s’agit en fait d’un ser- blement une couleuvre) dans ses ser- Photos Alain Boullah. pent de bonne taille, encore souple et res. Alors qu’elle s’élève en tournoyant qui se contorsionne vigoureusement. elle est attaquée par une corneille L’oiseau s’éloigne ensuite vers l’est et (figure 2). c. disparaît. Figure 3. Squelette de reptile (L. 145 mm ; l. 6 mm), 24 juillet 2018. Photo MG. 6 7
La Lettre du Circaète 1 La Lettre du Circaète 1 Tableau 2. Régime alimentaire de la buse variable selon les années de présence forte (H) ou faible (B) de micromammifères, étudié par les mêmes équipes dans chaque pays. In Walls S. & Kenward R., The Common buzzard, 2020). Figure 4. Transport d’un serpent (dans le bec) par une buse variable et agrandissement, 22 mars 2019. Photo Jean-Guy Couteau. Petretti (2008), dans son remarqua- les monts de la Tolfa (au nord-ouest de (Natrix sp.), la couleuvre verte et Que dit la Littérature ? dont on s’aperçoit quand une même lerégime alimentaires de la buse, mais ble ouvrage sur le circaète, se pose Rome) les buses sont très herpétopha- jaune (Hierophis viridiflavus) et d’une technique est utilisée pour étudier constituent rarement la majeure par- la question d’une éventuelle concur- ges, c’est ainsi que « 33 % des proies au bonne part de vipères (Vipera aspis) Tous les auteurs s’accordent à reconnaî- celui-ci dans différents lieux au fil des tie de sa nourriture ». On compren- rence alimentaire entre le circaète et plan numérique et 18,47 % à celui de (tableau 4). Exception faite d’une tre qu’il est difficile de déterminer avec années, les biais [d’étude] étant alors dra dans ces conditions que même la buse variable dont l’alimentation est la biomasse prélevée apportée au nid, couleuvre verte et jaune mesurant un exactitude ce que consomme la buse les mêmes » (Walls S. ; & Kenward R., si l’herpétofaune est nettement pré- très variée et, au-delà de la part impor- consistent en lézards sp, lézards verts et mètre de longueur, tous les autres colu- variable « du fait des lacunes liées aux 2020). Ces deux auteurs, au milieu des sente dans l’alimentation des buses tante de mammifères et d’oiseaux, serpents ; ces derniers apparaissant de bridés ainsi que les vipères étaient des différentes techniques utilisées pour mammifères, oiseaux, oiseaux gibiers, nord-européennes (Ormvrak, son concerne également les reptiles manière significative. Il s’agit de colu- individus de modeste dimension, d’un l’étudier ». Il est cependant clair que invertébrés, charognes, citent égale- nom suédois, se traduit par « tueur- (figure 6). Dans son secteur d’étude, bridés, parmi lesquels des natricidés poids moyen de 50 grammes. Ce sont « son régime alimentaire varie en fonc- ment les reptiles et amphibiens qui de-serpents »), elle représente cepen- donc des proies généralement igno- tion du lieu et du moment de l’année, ce « apparaissent très régulièrement dans dant une part plus importante dans le rées du circaète, qui, pesant deux fois régime alimentaire des oiseaux médi- Petits rongeurs (campagnols. Mulots.. 51,1 % le poids d’une buse, recherche plutôt terranéens. « Il n’en reste pas moins Taupes…………………………………………..…. 11,4 % la capture de proies représentant au que dans la littérature, l’herpétofaune moins 100 grammes de nourriture ». dépasse rarement les 20 % du régime Gros insectes………………………………….... 11,2 % Il en conclut que « la compétition alimentaire de la buse » (tableau 2), cette Passereaux……………………………………….. 8,6 % [envisagée] entre les deux espèces ne consommation se concentrant bien sûr doit de fait pas exister. Mais il n’en est Poissons……………………………….………..... 4,2 % hors période hivernale. pas moins vrai que les colubridés tués Dans un fascicule du Fonds d’interven- Musaraignes………………………………….…. 3,9 % par les buses auraient été d’excellen- tion pour les rapaces (FIR) consacré à la Reptiles…………………………………….……… 3,6 % tes proies pour le circaète l’année sui- buse, l’auteur insistait surtout sur le fait vante, qui par ailleurs, en période de que parmi « les proies apportées au nid Lapereaux…………………………….………….. 1,8 % pénurie alimentaire, n’hésite pas à pour nourrir les jeunes, on constate que Amphibiens………………………………………. 1,4 % réduire ses prétentions et à chasser les campagnols en constituent de 30 à Lombrics………………………………………..... 1,0 % des animaux de dimensions modes- 62 % suivant les régions concernées, et tes comme le lézard vert ou de petits même quelquefois plus » (Bloc A., 1987), Carnivores (belettes, hermines)……….. 0,9 % serpents, vipères ou couleuvres, voire ajoutant qu’éclectique, elle attrape toute Charognes………………………………………... 0,5 % même des seps. Il ne fait aucun doute autre proie passant à sa portée, « pour peu qu’entre les deux espèces existe un que la capture ne nécessite pas beaucoup Corvidés……………………………………….... 0,3 % chevauchement de niche écologique de rapidité ou d’agilité », dont les reptiles, Volailles et oiseaux gibier…………….…... 0,1 % du point de vue trophique qui justifie les serpents étant quelquefois très utilisés le fait que les deux espèces ne placent pour l’élevage des jeunes. Tableau 3. Régime alimentaire de la buse variable (Lorraine, Limousin et Champagne). jamais leurs nids à proximité ». J.-M. Thiollay, T. Nore et C. Riols (1987) In Bloc A., La Buse variable, édition FIR/FRIR, 1987. donnent les chiffres suivants pour le À titre de comparaison et d’infor- régime alimentaire de la buse variable * Les statistiques présentées ici sont faites en majorité à partir des pelotes de réjection. mation nous proposons ci-après en France d’après les proies apportées au Si par exemple les arêtes de poisson sont facilement détectées, les lombrics au contraire quatre images (figures 7, 8, 9 et 10) Figure 5. Points d’observations de buse variable en lien avec des reptiles nid* (tableau 3). ne peuvent être mis en évidence que par un examen au microscope. C’est pourquoi on montrant un circaète qui ayant (Google ©2020 CNES / Airbus, Landaat / Copernicus, Maxar technologie). Plus intéressant, l’italien Francesco peut considérer que le pourcentage de lombrics ingérés est nettement sous-estimé ici. capturé un serpent le transporte 8 9
La Lettre du Circaète 1 La Lettre du Circaète 1 successivement dans ses serres puis par Bernard Couturaud. Compte-rendu penche la tête et avale progressive- Figure 6. Rapport entre reptiles (vert) et dans son bec – il s’agit bien du même de l’observation : « Chasse avec vol en ment le serpent [identifié par un spé- autres proies (gris) dans le régime alimen- oiseau. Photos et observation du Saint-Esprit à basse altitude, se laisse cialiste comme étant] une couleuvre à taire de la buse variable (à gauche) et du circaète Jean-le-Blanc (à droite) dans les 9 mars 2019, au lieu-dit Les Essarts tomber et prend un serpent, s’en- collier ». monts de la Tolfa, Italie. In Petretti F., (à l’ouest du Pinail, forêt de Moulière), vole avec sa proie dans les serres […] L’Aquila dei serpenti, 2008. Figure 8. Passage du serpent des serres au bec (assemblage de deux images). Photos B. Couturaud. Figure 7. Transport du serpent dans les serres (assemblage de deux images). Photos B. Couturaud. Figures 9 et 10. Transport dans le bec (une partie du serpent est toujours avalée à cette occasion). Photos B. Couturaud. Nous remercions tous les photographes qui ont accepté de nous prêter leurs images pour illustrer cet article, car elles présentent, même si elles ne satisfont pas toujours leurs préoccupations de qualité, un incontestable intérêt documentaire. >>> Vos contacts au « Groupe Circaète » : Thierry Bergès : thierry.berges@gmail.com Jack Berteau : jackberteau@gmail.com Michel Granger : michel.granger86@orange.fr Benoît Van Hecke : circus86@free.fr LPO Poitou-Charentes / Vienne : 05 49 88 55 22, vienne@lpo.fr Tableau 4. Proies de la buse variable dans les monts de la Tolfa (n = 300). In Petretti F., L’Aquila dei serpenti, 2008. 10 11
La Lettre du Circaète 1 La Lettre du Circaète 1 les massifs forestiers. Suivre visuelle- >>> Observer et découvrir le circaète ment un oiseau transportant une proie est recommandé, bien que certains cir- caètes peuvent errer ainsi, le serpent L’observation des différentes activités de la vie du circaète ne présente pas de difficultés particuliè- au bec, sans destination précise. res quand on a l’opportunité d’opérer dans une région accidentée, mais ce n’est que rarement le cas Lorsque le premier site est enfin décou- dans la Vienne. Si l’expérience augmente les chances de contact et d’observation, encore faut-il l’acquérir. vert et que la lecture des comporte- ments commence à être maîtrisée, les Voici donc, quelques conseils pour ceux qui seraient désireux de suivre « nos » circaètes. nouvelles trouvailles deviennent plus Les éléments qui suivent, émanant des vingtaine de minutes en volant de long cependant pas de venir évoluer dans le aisées. Pour autant, il convient de ne pratiques de Bernard Joubert et Jean- en large, festonnant à quelques repri- site de reproduction et de se poser sur pas se construire des schémas men- le nid pour l’échange de nourriture. taux rigides car à plus d’un titre, les Figure 1. Circaète transportant un serpent. La proie est toujours à rechercher au niveau du Pierre Malafosse* dans les zones de ses pour se signaler. Un tel comporte- bec, duquel elle dépasse plus ou moins (car elle est transportée en grande partie avalée). moyenne montagne du Massif central, ment permet normalement de repérer Entre ces périodes, il est bien entendu circaètes savent se montrer déconcer- ont été adaptés à nos régions de plaine un site de loin. Dans les secteurs à boise- possible de faire d’autres observations, tants. Enfin, ces oiseaux sont très fidè- où la quête se fonde (pour partie) sur le ments étendus, on ne trouve pas faci- notamment celles des séquences de les à leurs sites, par conséquent, les hasard, la fréquence des contacts avec lement les sites sélectionnés pour la chasse. Il faut se rappeler que l’incuba- heures et les journées investies dans le circaète étant faible et les contrôles reproduction par l’observation des atti- tion est longue (47 jours) et que pendant la découverte d’un site ne sont pas per- visuels de courte durée. Entre mars et tudes nuptiales, sauf si on dispose déjà 3 semaines environ après l’éclosion, un dues même si l’année de la découverte début octobre, quelques moments par- de quelques indices récoltés les années adulte – souvent la femelle – reste pres- n’a pas été très fructueuse en matière ticuliers s’avèrent favorables à l’obser- antérieures. Par contre si les bois sont que en permanence au nid. d’observation. vation, si on cherche à localiser un site épars et peu étendus, le repérage Notons par ailleurs que le mâle a cou- de reproduction et à repérer un nid. devient plus facile. tume de venir dormir dans le site et ________ que de son perchoir, il voit générale- * Joubert & Malafosse, La quête du Circaète, L’installation et la ponte Le nourrissage ment le nid. Rapaces de France n°11, 2009. Du début de mars (retour) à la première D’avril à mai, pendant la période de quinzaine d’avril (ponte). Dès leur couvaison, tâche réalisée pour l’essen- Trouver les bons sites arrivée, les oiseaux se cantonnent dans tiel par la femelle, le mâle la ravitaille en d’observation Tableau 1. Phénologie du circaète Jean-le-Blanc dans la Vienne (dates en rouge : obser- vation la plus précoce et la plus tardive). Tirets en noir et rouge : échelle des décades. le futur site de reproduction. Pendant proies. Ensuite, de mai à août, quand le Un observateur bien en vue face à la journée, ils se déplacent beau- jeune est né, le nourrissage est d’abord un site peut gêner les oiseaux même coup. Entre les moments de chasse, assuré par le mâle puis par la femelle à grande distance. Devant la grande les confrontations éventuelles avec les également lorsque leur progéniture est variabilité des susceptibilités indivi- Huit comportements clés pour découvrir l’aire voisins et les prospections en vol pour suffisamment grande pour être laissée duelles, il convient d’être très attentif à se réapproprier le domaine, les deux seule au nid. Les transports de proies tout signe de dérangement affiché par 1 >> Deux oiseaux sortent d’un secteur le ma- 5 >> Un circaète portant un serpent dans le bec oiseaux ne manquent pas de venir sur- (une à cinq par jour, surtout entre 9h les oiseaux. L’observateur devra donc tin de bonne heure alors que l’air commence à en rejoint un second en vol ou perché. Ils volent en- voler « leur » site avec insistance. À plu- et 15h ou en fin d’après-midi) peuvent adapter son comportement. Comme se réchauffer ou bien y plongent le soir : site de semble un instant puis le premier (le mâle) entraîne sieurs reprises, seuls ou ensemble, ils alors être très instructifs lors de trajec- tout rapace, le circaète est doté d’une l’autre dans un secteur. Il faut bien les suivre pour voir nidification très probable (mars à août). vont se poser sur un arbre, proba- toires directes vers le site de nidifica- vision excellente mais plus que la où va s’effectuer l’offrande car ce sera l’emplacement blement celui qui servira de support tion ; d’autant qu’ils sont en général forme, c’est le mouvement qui capte 2 >> Manifestations vocales de plusieurs cir- de l’aire. L’offrande de proie est un indice parmi les au nid. En fin d’après-midi, ils gagnent faciles à détecter puisqu’une partie son attention. caètes (2 à 4 individus volant à basse altitude). plus forts pour désigner le nid (mars/avril). leur reposoir nocturne, un arbre sou- de la queue du serpent (transporté en Le repérage d’un circaète en vol n’est Les oiseaux se poursuivent, certains ont le cou vent dégagé ou dépassant les autres. grande partie avalé) dépasse du bec. pas difficile du fait de la taille impo- tendu, les ailes relevées et « cassées » à la pointe 6 >> Un circaète vole avec un serpent dans le bec. Ainsi posés, bien à découvert, on peut Il suffit alors de prendre un azimut et de sante, du vol stationnaire particu- (rémiges primaires pliées), les battements d’ailes Il plonge dans un site favorable à la nidification et réap- les repérer à la tache blanche que faire des recherches en croisant cet axe lier, des déplacements à découvert et sont profonds et agressifs : il s’agit d’une lutte ter- paraît au bout d’un court instant (1 à 2 minutes) sans forme leur corps vu de face. Au lever avec les réalités du terrain (emplace- de la tendance à évoluer à des hau- son serpent : c’est un nourrissage de la femelle qui ritoriale sur le site même de nidification (mars à du jour – et jusqu’à tard dans la matinée ment des boisements, essences arbus- teurs modérées lors des périodes de couve, ou du jeune si la saison est avancée (avril à selon la date et les conditions météoro- tives, zones de tranquillité, etc.) et/ou août). chasse. La connaissance des terrains août/septembre). logiques –, on retrouve ainsi nos deux de tenter de refaire des observations de chasse demande du temps ainsi 3 >> Deux oiseaux sont sur un site potentiel. circaètes. Sans équivoque aucune, la vers les mêmes endroits pour affiner que l’apprentissage de l’importance Ils volent à basse altitude, sans grandes mani- 7 >> Un circaète arrive sur un site favorable. Avec ou présence d’un ou deux individus au les choses. de certains paramètres météorolo- festations et se posent régulièrement sur les sans manifestation vocale un autre oiseau sort des coucher et au lever du jour dans un giques. Un même secteur peut ainsi arbres du site : l’aire est toute proche ou les arbres, il n’y a pas agression, le premier circaète plon- secteur forestier indique le présence L’envol du jeune être exploité pendant plusieurs jours oiseaux marquent un arbre qui sera choisi pour ge dans la végétation, le second part au loin : il s’agit d’un site. L’arbre choisi, les oiseaux vont La période qui suit l’envol du jeune, puis délaissé à d’autres moments. d’une relève de la femelle durant la période d’incuba- porter le nid (mars/avril). construire l’aire ou recharger celle de dans la première décade d’août, est Les oiseaux ont cependant des terrains tion par le mâle (avril à juin). l’an passé. Les matériaux sont le plus également très favorable. En effet, de chasse favoris. Les zones de chasse 4 >> Un circaète chasse ou passe sur un site. souvent prélevés à proximité du nid. celui-ci stationne longuement dans peuvent se trouver dans les environs Un autre oiseau s’élève du bois, le chasse avec 8 >> Manifestations vocales d’un circaète envers un Par ailleurs, à de nombreuses reprises son secteur de naissance, perché bien immédiats du site de reproduction ou des manifestations analogues à celles décrites ou deux congénères. Un oiseau semble solliciter un avant que la ponte ne soit déposée, en évidence non loin de l’aire. Toujours … à des kilomètres de distance ! ci-dessus, puis retourne dans le bois : il s’agit circaète ou le couple sur le site ; les cris sont forts et le mâle offre des proies à la femelle. nourri par les parents, il les appelle dès L’observation est souvent rendue d’une femelle sortie momentanément de l’aire, appuyés yok, yok. Ils sont émis toujours par le même À chaque fois, cette offrande est effec- qu’il les aperçoit et va souvent à leur difficile par les déplacements fré- en l’absence du mâle, pour chasser l’intrus oiseau. Il s’agit du jeune et nous avons alors un indice tuée sur l’aire choisie. Si la femelle est rencontre en criant. Vers la fin d’août, quents des oiseaux. L’observateur doit de reproduction et des indices forts pour l’année sui- (mars à juin). trop éloignée, le mâle patiente au des- le jeune peut suivre ainsi un adulte lui aussi se déplacer beaucoup, en vante (août/septembre). sus du site de nidification pendant une très loin. Les oiseaux ne manquent essayant de trouver une trouée dans 12 13
>>> Pour en savoir plus... < Le site de la LPO consacré au circaète http://rapaces.lpo.fr/circaete Outre de nombreuses informations, on peut y consulter et télécharger : La Plume du Circaète publication numérique du Groupe circaète national, depuis son premier numéro (2003). < La seule publication en langue française entièrement consacrée au circaète, par B. Joubert, un spécialiste de l’espèce. Ouvrage de 72 pages, ft 21x21 cm, éditions Belin, 2001. La Lettre du Circaète est une publication numérique gratuite et aléatoire, imaginée et conçue par le Groupe Circaète de la Vienne. Elle est envoyée aux gallicophiles de la LPO résidant dans le département de la Vienne (passionnés, obser- vateurs, photographes, contemplatifs, amoureux de la nature...) et bien sûr à toute personne qui en fera la demande. Sa parution est le fruit de notre actualité « circaétique », mais elle vise également à faire découvrir à chacun ce magnifi- que rapace, aux mœurs passionnantes, et à développer sa connaissance. © Toute reproduction et/ou utilisation des textes et des images par quelque moyen que ce soit sont interdites, sauf auto- risation des auteurs et de la LPO. Seule la LPO est habilitée à diffuser cette « Lettre ». Toute personne ne souhaitant plus la recevoir est priée de nous le faire savoir, en adressant un mail à : vienne@lpo.fr N°1 - mars 2020. Comité de rédaction : Thierry Bergès, Jack Berteau, Michel Granger, Benoît Van Hecke. Conception, mise en page, rédaction : Michel Granger. Images : Thierry Bergès, Alain Boullah, Jean-Guy Couteau, Bernard Couturaud, Michel Granger. Merci à Bernard Joubert et à wJean-Pierre Malafosse pour leur aide et leur passion communicative. LPO Poitou-Charentes, 25 rue Victor-Grignard, 86000 Poitiers, 05 49 88 55 22, vienne@lpo.fr La Lettre du Circaète dans la Vienne n°1 >>> mars 2020
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