La liberté de la presse de plus en plus réprimée à Hong Kong - Reforme.net
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Par Sophie Nouaille La liberté de la presse de plus en plus réprimée à Hong Kong Des médias perquisitionnés et fermés comme Stand News, pro-démocratie, des journalistes arrêtés, la liberté de la presse à Hong Kong est sous le coup d’une repression qui s’amplifie. De son côté, Pékin condamne ces critiques occidentales “irresponsables”. Le média en ligne hongkongais défenseur de la démocratie Stand News a annoncé mercredi sa fermeture après avoir été visé par des perquisitions et sept arrestations pour “publication séditieuse”, le dernier épisode en date de la répression exercée sur la presse locale par les autorités fidèles à Pékin. Ce coup de filet survient au moment où la communauté internationale s’inquiète de l’implacable reprise en main à Hong Kong depuis les manifestations pour la démocratie de 2019. “Une attaque ouverte contre la liberté de la presse” Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a dénoncé “une attaque ouverte contre la liberté de la presse déjà en lambeaux à Hong Kong” et Amnesty
international a accusé “les autorités d’instrumentaliser la législation hongkongaise”. Le chef de la police de sécurité nationale de Hong Kong, Steve Li, a déclaré que Stand News était accusé d’avoir publié des articles et billets de blog “séditieux” entre juillet 2020 et novembre 2021. “Ils ont décrit des manifestants à Hong Kong comme ‘portés disparus’ ou ‘violés’… Ce sont des allégations malfaisantes sans aucune base factuelle”, a dit M. Li. Des journalistes menottés Il a nié que la police s’attaque aux médias, assurant que les publications écrivant des articles impartiaux n’auraient pas de problèmes. Mercredi à la mi-journée, la police a été vue sortant des cartons de Stand News. Selon M. Li, des ordinateurs, téléphones, documents et 500.000 dollars de Hong Kong (56.856 euros) en espèces ont été saisis. En outre, 61 millions de HKD d’avoirs appartenant à Stand News ont été gelés, a-t-il ajouté. Plus de 200 agents ont perquisitionné mercredi au siège de Stand News et aux domiciles de plusieurs de ses employés. Un journaliste de l’AFP a vu le rédacteur en chef de la publication, Patrick Lam, conduit menotté à l’intérieur des bureaux de Stand News. Plusieurs médias visés Selon les médias locaux, la police a également arrêté l’ex-rédacteur en chef Chung Pui-kuen et quatre ex-membres du conseil d’administration ayant démissionné en juin, dont la star de la pop cantonaise Denise Ho, l’avocate et ancienne membre du Conseil législatif de Hong Kong Margaret Ng ainsi que l’ex- journaliste de l’Apple Daily Chan Pui-man, épouse de M. Chung. M. Li n’a pas exclu d’autres arrestations, certaines personnes recherchées ne se trouvant pas sur le territoire hongkongais. Le rédacteur en chef adjoint de Stand News, Ronson Chan, également président de l’Association des journalistes de Hong Kong, a raconté que son domicile avait été fouillé et que du matériel informatique avait été saisi. Mais il n’a pas été arrêté. “A cause de la situation actuelle, Stand News va cesser son activité immédiatement et arrêtera d’actualiser son site (internet) et tous ses réseaux sociaux”, a annoncé la publication.
Stand News protégeait des valeurs fondamentales Stand News a également indiqué que tout son personnel avait été licencié, que son rédacteur en chef Patrick Lam avait démissionné et que le site internet serait mis hors-ligne prochainement. “Stand News était indépendant au plan éditorial et se consacrait à protéger les valeurs fondamentales de Hong Kong comme la démocratie, les droits humains, la liberté, l’Etat de droit et la justice”, a poursuivi le média, créé en 2014 et nominé en novembre pour le Prix de la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF). Mais John Lee, l’adjoint de la cheffe de l’exécutif hong-kongais Carrie Lam, a affirmé que les personnes arrêtées étaient des “éléments malfaisants (…) abusant de leurs fonctions (…) d’employés de médias”. Pendant les manifestations de 2019, plusieurs journalistes de Stand News avaient eu maille à partir avec la police. Dans un épisode resté célèbre, une de ses reporters avait filmé en direct l’attaque ultraviolente réalisée par un groupe d’individus masqués contre des manifestants pour la démocratie dans une station de métro, continuant à filmer alors que les assaillants s’en prenaient à elle. Stand News était la cible ces derniers mois de vives critiques des autorités. C’est le deuxième média local réduit au silence par les autorités. Réduire les derniers médias indépendants au silence En juin, le journal défendant la démocratie Apple Daily avait fermé après le gel de ses actifs et l’arrestation de ses principaux dirigeants, en vertu d’une nouvelle loi drastique sur la sécurité nationale imposée par Pékin en juillet 2020. Plusieurs opposants hongkongais ayant fui à l’étranger ont condamné les arrestations de mercredi. “Le Parti communiste chinois continue à poursuivre les journalistes et médias qui osent le contredire et dire la vérité”, a tweeté l’opposant Nathan Law, en exil au Royaume-Uni. “Stand News représente un des derniers vestiges du journalisme indépendant à Hong Kong et nous ne sommes pas sûrs qu’il puisse survivre à cette répression”, a estimé pour sa part Brian Leung, un représentant du mouvement Hong Kong Democracy Council, dont le siège est aux Etats-Unis. L’Association des journalistes de Hong Kong et le Foreign Correspondent Club,
qui représentent respectivement les journalistes locaux et étrangers, se sont déclarés “profondément préoccupés”. Réactions de l’Union européenne Le porte-parole de la diplomatie de l’Union européenne, Peter Stano a dénoncé une “poursuite de la détérioration de la liberté de la presse” à Hong Kong. Ces “perquisitions (…) montrent une fois de plus que la loi sur la sécurité nationale et d’autres dispositions sont appliquées de manière arbitraire et sélective pour lutter contre les voix critiques”, a estimé le ministère allemand des Affaires étrangères. Deux nouveaux journalistes ont été inculpés de “sédition” jeudi à Hong Kong après l’opération de police de la veille contre le site d’information pro-démocratie Stand News, qui a déclenché une vague internationale de réprobation. La Chine, quant à elle , a dénoncé jeudi des critiques “irresponsables” des pays occidentaux. Sophie Nouaille avec AFP Par Sophie Nouaille
Promotion du Hijab : le Conseil de l’Europe retire sa campagne Une campagne promouvant la liberté en Europe en mettant en avant le port du Hijab et censée lutter contre les discriminations, lancée par le Conseil de l’Europe la semaine dernière, a été retirée devant la polémique suscitée en France. Lancée jeudi dernier par le Programme pour l’inclusion et la lutte contre les discriminations, géré par le Conseil et cofinancé par l’Union européenne, cette campagne proposait des portraits de plusieurs jeunes femmes, voilées sur une seule moitié de l’image. Un message en anglais indiquait notamment: “Beauty is in diversity as freedom is in hijab” (“la beauté est dans la diversité comme la liberté est dans le hijab”). La campagne a provoqué une vive polémique Passée dans un premier temps relativement inaperçue, elle a fini par déclencher une vive polémique, de l’extrême droite au gouvernement. “L’islam est l’ennemi de la liberté. Cette campagne est l’ennemie de la vérité”, a tweeté le polémiste Eric Zemmour, probable candidat à la présidentielle, dénonçant un “djihad publicitaire”. “Cette communication européenne en faveur du voile islamiste est scandaleuse et indécente alors que des millions de femmes se battent avec courage contre cet asservissement”, a lancé de son côté Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national. Unanimité politique pour désapprouver les visuels “Ceci n’est pas un campagne de propagande des Frères musulmans mais du Conseil de l’Europe”, a ironisé de son côté le député souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, toujours sur Twitter. A droite, la présidente de la Région Île-de-France Valérie Pécresse a elle aussi fait part de sa “stupeur”, estimant que le voile n’était “pas un symbole de liberté mais
de soumission”. Prétendant à l’investiture des Républicains pour 2022, le maire de Nice Eric Ciotti a dénoncé une “promotion du voile islamique” et une “négation de nos racines judéo-chrétiennes, de notre civilisation, de l’esprit des Lumières”. Quant au chef de file des sénateurs LR, Bruno Retailleau, il a estimé que le Conseil de l’Europe promouvait “désormais ouvertement la soumission aux mœurs islamistes”. La campagne a également fait réagir à gauche, l’ancienne ministre des Droits des femmes, la sénatrice socialiste Laurence Rossignol, estimant que “dire que la liberté est dans le hijab” revenait à “en faire la promotion”. L’ancien Premier ministre PS, Manuel Valls, l’a lui jugée “choquante, ahurissante et dangereuse”. Au sein du gouvernement, la secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse Sarah El Haïry a indiqué sur LCI que la France avait “fait part de sa désapprobation extrêmement vive, d’où le retrait de cette campagne dès (mardi)”. “Ces tweets ont été retirés et nous allons réfléchir à une meilleure présentation de ce projet”, a confirmé dans un communiqué transmis à l’AFP le Conseil de l’Europe, l’organisation paneuropéenne basée à Strasbourg. Un projet européen de lutte contre les discriminations Ils “faisaient partie d’un projet conjoint” du Conseil et de l’Union européenne lancé en 2019 contre la discrimination, dont l’objectif est “de sensibiliser à la nécessité de respecter la diversité et l’inclusion et de combattre tout type de discours de haine”, a encore justifié le Conseil. Les tweets “reflétaient les déclarations faites de manière individuelle par des participants dans l’un des ateliers du projet et ne représentent pas la position du Conseil de l’Europe ou de sa Secrétaire Générale” Marija Pejčinović Burić, a encore assuré l’organisation. Si la Commission européenne a bien contribué à financer à hauteur de 340.000 euros l’ensemble du projet, qui s’efforce d’associer “jeunes et organisations de la société civile” à des ateliers et campagnes de sensibilisation, le Conseil de l’Europe “joue un rôle de chef de file” et Bruxelles “n’a pas validé les éléments” controversés, a déclaré mercredi un porte-parole de l’exécutif européen. Pour autant, la Commission appelle à prendre en considération “les autres
actions” de ce programme contre les discours haineux, a-t-il ajouté. “Notre position est extrêmement claire: les femmes doivent pouvoir porter ce qu’elles veulent, selon les lois du pays où elles vivent”, a insisté un second porte-parole de l’institution. Sophie Nouaille avec AFP Par Rédaction Réforme Libres ou solidaires Le pasteur Jean-Paul Morley interpelle librement, à travers ce texte, notre goût pour la liberté en même temps que notre sens de la solidarité. L’exigence toujours croissante de libertés individuelles, m’étonne et m’inquiète. Pourquoi, en ces malheureux temps de Covid, de confinements et de couvre-feu, cette revendication de libertés individuelles devient-elle une obsession majeure ? Elle n’a pourtant jamais été une priorité absolue, il y a toujours eu des lois. Libertés individuelles et bien commun Trois exemples : la guerre ; l’automobile ; les vaccins. En situation de guerre – le
Ciel nous en préserve longtemps… – depuis plus d’un million d’années et l’apparition des pré-sapiens, tous les hommes et souvent les femmes sont réquisitionné(e)s, disponibles pour tuer et être tué(e)s, sans avoir le choix. Les “libertés individuelles” n’existent plus. L’invention de l’automobile s’est rapidement suivie d’un code de la route, ses obligations et ses interdictions. Tout conducteur doit réussir une épreuve et suivre des règles impératives, au risque de la maréchaussée, de sa vie et de celle des autres. Les “libertés individuelles” du conducteur n’existent plus guère. En France, onze vaccins sont obligatoires pour chaque nouveau-né, malgré les craintes et les réticences exprimées par un pourcentage de Français sans équivalent dans le monde. Là encore, les “libertés individuelles” n’existent plus. Enfin, concernant le Covid, n’est-il pas étonnant que les “libertés individuelles” s’opposent au vaccin, face à une épidémie qui tue par millions ? Autant d’exemples où les libertés individuelles se heurtent à la solidarité et au bien commun. Une dérive de la culture des droits individuels? Alors je me demande pourquoi, aujourd’hui, ces “libertés individuelles” deviennent absolues, comme une obsession, surtout parmi les nouvelles générations. Exemple : le refus brutal de la limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires, qui a bloqué une décision propre à sauver des vies et diminuer la pollution. Pourquoi, aujourd’hui, cette obsession des libertés individuelles, jusqu’à l’absurde et contre la solidarité collective ? Comme si cette revendication était évidente, universelle et de tous temps, alors qu’à ma connaissance elle n’a jamais été l’impératif majeur d’aucune communauté humaine ni d’aucune Constitution politique ? On pourrait évoquer la dérive d’une culture des droits de l’individu, la pression de l’idéologie et de l’économie libérales, l’influence galopante des réseaux sociaux, ou encore la marée du consumérisme… Mais, au-delà de ces réponses spontanées, ne s’agirait-il pas d’une peur ? La grande peur face à l’avenir de la planète et de l’humanité ? Une réaction, peut-
être inconsciente, devant cet avenir sombre et angoissant, déjà en partie inéluctable. On pressent collectivement, on sait déjà, qu’on ne s’en sortira pas sans graves restrictions de libertés individuelles, sans larmes et sans douleur. Alors, inconsciemment, on réagit d’avance pour occulter cette évidence, et peut- être sauver tout ce qui peut l’être en libertés individuelles. Quitte à risquer de reculer pour mieux subir : on voit bien combien, déjà, les gouvernements ont de mal à prendre les décisions nécessaires. Liberté, fraternité, solidarité… Et pourtant : c’est uniquement en acceptant de restreindre nos libertés individuelles au profit de la solidarité et de la fraternité, de l’acceptation de sacrifices également répartis, que l’humanité pourra survivre sans trop de violences, de souffrance et de drames. Nous aurons terriblement besoin de vivre un amour du prochain augmentant à mesure de l’augmentation des contraintes. Cette nécessité ne ressemble-t-elle pas étrangement à l’Évangile de Jésus de Nazareth ? Jean-paul Morley Par Laure Salamon
La culture en colère attend la réponse du Conseil d’État Le monde de la culture en colère dénonce une différence de traitement injuste entre les lieux culturels, les lieux cultuels et les commerces non-essentiels. Le Conseil d’État doit rendre son arbitrage mercredi. Théâtres, cinémas, salles de spectacle et musées étant fermés jusqu’au 7 janvier, le monde de la culture est en colère. La semaine dernière, un cinéma à Caen a projeté un film dans une… église pour manifester son mécontentement. De nombreuses organisations professionnelles du spectacle vivant et du cinéma ont déposé des recours auprès du Conseil d’État. Ce dernier doit rendre ses arbitrages, mercredi 23 décembre, sur la fermeture des cinémas et théâtres. D’ici là, le Conseil d’État examine la demande. Ce lundi, le représentant du ministère de la Santé, Charles Touboul, était entendu. Il a expliqué que le gouvernement faisait une «balance» entre les impératifs sanitaires et «l’intérêt économique et social». Il a aussi souligné qu’aucune étude ne prouvait que les lieux culturels étaient plus propices aux contaminations. Il a en revanche rappelé les risques encourus pour les personnes dans les espaces clos. Lieux culturels et lieux cultuels Le monde de la culture dénonce une différence de traitement entre lieux culturels et lieux cultuels. L’enjeu n’est pourtant pas le même. «La liberté de culte» est une liberté fondamentale d’une autre nature, a rappelé le représentant du ministère de la Santé, Charles Touboul. «Les activités de loisirs, de culture et de sport sont traitées de la même façon». À l’audience, lundi, les avocats des organisations culturelles ont plaidé sur la différence de traitement entre les lieux cultuels et lieux culturels, en insistant sur le fait que la fermeture des théâtres et salles de concert étaient contraire à quatre libertés fondamentales : liberté d’entreprendre, liberté d’association, liberté artistique et principe d’égalité avec les autres commerces. Les acteurs et actrices du monde de la culture manifestent pour dénoncer
l’injustice de traitement depuis les annonces gouvernementales de maintenir les commerces non-essentiels ouverts pour permettre aux consommateurs de faire leurs achats de Noël. «C’est un choix économique qui est fait» sans être assumé publiquement, a dénoncé à l’audience le directeur du théâtre du Rond-Point, Jean- Michel Ribes, insistant sur «l’aspect thérapeutique du théâtre et du cinéma». Garder l’espoir d’un redémarrage Pour Capucine Keller, soprano et administratrice d’une compagnie et d’un festival de musique baroque, «nous donnons du bonheur aux gens, il est dommage que cela ne semble pas suffisamment essentiel.» Les musiciens comme beaucoup d’autres acteurs du monde culturel s’interrogent sur leur avenir : les financements seront-ils au rendez-vous ? Le public reviendra-t-il au spectacle ? «C’est une situation difficile car nous ne savons ce qu’il adviendra, nous travaillons dans le vide. Pouvons-nous garder espoir dans le futur ?» La chanteuse soliste garde la foi et pas seulement en son métier mais en Dieu. De confession protestante, comme vous le lirez bientôt dans un portrait de Réforme, Capucine Keller a confiance et garde cette espérance que les projets pourront redémarrer dans le monde d’après. Le gouvernement, en choisissant de miser sur l’économie, n’a pas vraiment rassuré le monde de la culture qui aimerait avoir des garanties sur le soutien de l’État pour la suite. Laure Salamon avec AFP Ajout du 23 décembre 2020 Mercredi 23 décembre, le juge des référés du Conseil d’État a estimé que “la fermeture de ces lieux culturels n’est justifiée que par la récente dégradation du contexte sanitaire et les incertitudes qui pèsent sur son évolution à court terme. Dans un contexte plus favorable, leur fermeture nepourraitêtre maintenue au seul motif qu’il existe un risque de transmission du virus aux spectateurs.”
Par Laure Salamon 100 protestants signent une tribune pour défendre la liberté Dans une tribune publiée le 2 décembre, 100 protestants, pasteurs et membres de différentes Églises protestantes, défendent la liberté sous toutes ses formes : liberté de croire, liberté de circuler, liberté d’informer, liberté de manifester… Une tribune intitulée « Le courage des libertés », signée par 100 protestants, pasteurs et membres de plusieurs Églises protestantes, a été publiée le 2 décembre sur un blog hébergé par Médiapart. Dans ce texte engagé, les signataires demandent aux élus et aux responsables du pays de renoncer aux politiques liberticides qui construiraient une société de la surveillance et de la méfiance envers les migrants, les journalistes, les magistrats, les manifestants, les militants, les croyants et les non-croyants… « Ces hommes et ces femmes ne sont pas à considérer comme potentiellement nuisibles à la République », rappelle la tribune. Certains de ces croyants parlent à partir de leurs expériences personnelles car ils sont investis en tant que chrétiens et/ou citoyens dans des associations. Ils appellent aussi à être « vigilants à ce que la croyance ne soit pas cantonnée dans la sphère privée » et à ce qu’« aucune interprétation de la loi 1905 ne permette la stigmatisation d’individus ». Ils soulignent enfin l’importance de la
neutralité de l’État par rapport à l’égalité de traitement des individus. Prendre la parole publiquement Joël Dahan, pasteur de l’Église protestante unie du Bergeracois, a élaboré ce texte avec ses collègues de la pastorale de Dordogne. De leurs discussions sur l’actualité, ils sont arrivés à la conclusion qu’ils devaient dire publiquement leur désaccord et leur crainte par rapport aux projets et propositions de loi qui sont actuellement dans le débat parlementaire. « Nous ne sommes pas les seuls à nous inquiéter de ce qui est discuté au parlement. La preuve, les rapporteurs de l’ONU aussi interpellent la France. Il nous semblait important de dire que nous réagissons en tant que chrétien et citoyen », explique Joël Dahan. « Nous craignons aussi les dégâts collatéraux sur les libertés religieuses, poursuit-il. Au nom de la lutte contre l’islamisme et le terrorisme, nous avons peur des répercussions, notamment pour nos associations partenaires. Par exemple, s’il fallait que certaines structures protestantes ou avec des références chrétiennes, du secteur social, médico-social ou de l’éducation populaire soient obligées de changer leur statut, de renoncer à leurs références ou d’arrêter leur aumônerie pour être plus neutre. C’est l’État qui doit être neutre. » « Risque de dérive » Joël Dahan donne un autre exemple avec les mesures prises pour lutter contre les financements étrangers des mosquées. « Ces mesures nous empêcheront-elles demain de recevoir des financements d’Églises sœurs pour soutenir un projet d’Église ici ? Les Églises veulent continuer à être solidaires les unes des autres dans le monde. L’arsenal juridique actuel est suffisant pour empêcher les dérives. Il ne faut pas aller plus loin. Il y a un très grand risque de dérive au niveau de la liberté. Ces outils mis en place nous inquiètent vraiment car ils pourraient devenir des armes dangereuses sous un autre gouvernement. » Les signataires de la tribune ne veulent pas donner de leçons, juste partager leurs convictions sincères qu’ils relient clairement à l’Évangile. « Nous devions partager publiquement ce que nous pensions à l’intérieur de nos Églises sur ce
que nous observons autour de nous », conclut le pasteur. Le texte se termine avec une adresse aux élus et responsables politiques pour qu’ils aient « le courage de répondre à la violence et aux peurs sans renoncer aux libertés qui fondent une démocratie ». Par Rédaction Réforme Des masques à démasquer Chaque jour, Réforme invite à une méditation en lien avec l’actualité ; Aujourd’hui, le pasteur Jean-Philippe Lepelletier invite à « tomber les masques ». Les masques ne sont pas seulement un accessoire devenu indispensable avec la crise sanitaire. Ils nous accompagnent, dans leur version métaphorique, depuis toujours… Une réflexion du pasteur Jean-Philippe Lepelletier. « Mais, comme il est écrit : “Lorsqu’on se tourne vers le Seigneur, le voile est enlevé.” Or le Seigneur, ici, c’est l’Esprit ; et là où l’Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté. Nous tous, le visage dévoilé, nous contemplons en Christ, comme dans un miroir, la gloire du Seigneur ; ainsi, nous sommes transformés pour être semblables au Seigneur, et
nous passons d’une gloire à une gloire plus grande encore. Voilà en effet ce que réalise le Seigneur, qui est l’Esprit. », 2 Corinthiens 3.16-18 Depuis quelques semaines, dans les commerces, dans les transports, dans les cultes, un élément est venu se rajouter à nos vies pour devenir un indispensable : notre masque. Parfois jetable, parfois en tissu, parfois personnalisé, tout le monde s’affiche désormais avec un masque pour protéger son prochain et soi-même. Et pourtant, il est encombrant, il empêche de respirer les uns, donne des maux de crâne aux autres, et embue les lunettes de certains. Il transforme notre rapport aux autres, en créant de fait une distance relationnelle, nécessaire à la protection. De masques en masques… Nous devrions pourtant y être habitués, car nous avons toujours porté des masques pour nous protéger. Ces derniers sont peut-être plus psychologiques ou métaphoriques, mais ils restent des masques. Le masque de la réputation, de la fierté, du statut social : chacun se cache derrière ses propres masques qui voilent nos vies. Nous les avons tellement intégrés que nous croyons qu’ils font partie de notre être profond, au point que même notre relation à Dieu est faussée par eux. Et pourtant, les écritures bibliques pourraient être considérées comme le récit global de Dieu qui se démasque, qui se dévoile petit à petit pour abolir toute distance entre lui et l’humain. L’Évangile est une invitation à laisser de côté nos masques intérieurs pour vivre en Vérité devant Dieu, pour contempler sa gloire dans le miroir. Il est aussi une invitation pour nous à rechercher cette communion en vérité avec l’autre, même derrière nos masques. Jean-Philippe Lepelletier, pasteur de l’UEPAL
Par Rédaction Réforme De la liberté d’être soi-même, sans prédestination ni déterminisme Réforme propose quotidiennement une méditation. Aujourd’hui, la liberté d’être soi-même, à l’abri de toute prédestination ou fatalité, avec Gilbert Grezet. La Bible semble parfois nous mettre face à une forme de prédestination. Comment le comprendre ? Une réflexion du pasteur adventiste Gilbert Grezet. « Celui qui est mauvais, qu’il continue à faire le mal ! Celui qui aime ce qui est impur, qu’il continue à aimer ce qui est impur ! Mais celui qui est bon, qu’il continue à faire le bien ! Et celui qui vit pour Dieu, qu’il continue à vivre pour Dieu ! », Apocalypse 22,11 Pour cette réflexion, je me permets de vous proposer un verset biblique vraiment difficile, inquiétant même ! Décidément, oui, il semble que même la Bible soit en accord avec cette maxime : « on ne prête qu’aux riches », dont les conséquences sont parfois difficiles, comme nous l’avons vu précédemment. Celui qui est mauvais, qu’il continue à faire le mal ! Mais celui qui est bon, qu’il continue à faire le bien ! Est-ce vraiment si déterminé ? Coulé dans le marbre à tout jamais… Et la liberté, alors ? Ni prédestination, ni hasard Même si cela contrarie un esprit épris de liberté, force est de reconnaître que parfois, le confinement et la peur du virus ont mis les humains en face d’un quitte
ou double… Certains n’aimaient pas trop Dieu, et encore moins les églises. On peut presque parier qu’ils ne les aiment plus du tout aujourd’hui. Alors qu’à l’opposé, certains croyants se sont réfugiés dans leur vie de foi et de prière pour résister aux peurs ou au découragement. Quoi qu’il en soit, je veux garder à l’esprit cet autre verset du même livre de la Bible : « Voilà : je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je mangerai avec lui et il mangera avec moi. » (Apocalypse 3,20). Cette offre est permanente et universelle. Soyons reconnaissant(e)s ! Gilbert Grezet, pasteur de l’Église adventiste en Suisse Par Joan Charras-Sancho Redevenir des esclaves du monde d’avant ? Réforme propose chaque jour une réflexion en lien avec l’actualité. Aujourd’hui, se libérer de tout ce qui rend esclave, par Joan Charras-Sancho. L’homme moderne se rêve ne homme libre mais ne demeure-t-il pas
esclave de certains fonctionnements ? La théologienne Joan Charras- Sancho invite à faire le point. « Mais à présent que vous avez connu Dieu, ou plutôt que vous avez été connus de Dieu, comment retournez-vous à ces faibles et pauvres rudiments, auxquels de nouveau vous voulez vous asservir encore ? Vous observez les jours, les mois, les temps et les années ! Je crains d’avoir inutilement travaillé pour vous. », Galates 4,8-11 Combien ces exhortations, en Galates 4 sont percutantes pour notre « après confinement » ! J’en retiens deux questions : tout d’abord, de quoi notre présence au monde dit « d’avant » était-elle l’esclave ? Quelles pouvaient être ces forces sans pouvoir et misérables dont parle l’épître ? Esclave moderne On devine, dans le contexte, qu’il s’agissait des dieux païens dont le culte pouvait être mortifère voire meurtrier. Si je transpose cela à mon quotidien, qu’est-ce que je sacrifie dans mon éthique de vie pour suivre le rythme généré par l’accélération de nos modes de vie ? Je donne un exemple (sans les exemples c’est souvent abstrait) : décider, en conseil municipal, de bétonner des espaces pour construire des pistes cyclables… sans prévoir d’arbres pour les protéger du soleil ! On obtient alors une situation intenable avec, d’une part, le label « ville amie des cyclistes » et l’impossibilité de les utiliser en pleine canicule. Le passage de l’épître se termine avec un questionnement ouvert : tous les efforts pour sortir de ce monde de paradoxes épuisants sont-ils inutiles ? On attribue à Martin Luther la phrase suivante : « S’il ne me restait qu’un jour à vivre, je planterai un pommier », et je la complète : « que je planterai en bordure de piste cyclable ! » Retrouvez également cette chronique sur YouTube :
Par Florence Blondon Confinés, mais libres et actifs au service des autres Comme chaque jour, Réforme vous invite à une méditation en lien avec l’actualité. Aujourd’hui, liberté et service, par Florence Blondon. La grâce nous met en liberté, et cette liberté nous pousse au service des autres. Une réflexion de la pasteure de l’ÉPUdF Florence Blondon. « Mes frères, vous avez été appelés à la liberté ; seulement, que cette liberté ne devienne pas un prétexte pour vivre selon les désirs de votre propre nature ; par amour, faites-vous plutôt serviteurs les uns des autres. Car toute la loi est accomplie dans une seule parole, celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. », Galates 5,13-14 Chaque soir à 20 heures nombre d’entre nous sont à la fenêtre ou sur leur balcon pour applaudir, chanter, encourager les soignants, les invisibles, toutes celles et ceux grâce à qui nous continuons à vivre de manière confortable, malgré le manque de liberté. Celles et ceux qui sont au service. Paul nous parle de liberté et de service de l’autre, deux termes antinomiques. Quelle est donc cette liberté à laquelle nous sommes appelés ? Dans un contexte de confinement, il peut être salutaire de s’interroger à ce sujet. Il ne s’agit
certainement pas de la liberté de circuler, la liberté de faire ce que nous voulons. Il s’agit de faire l’expérience de l’amour de Dieu qui nous délivre, même lorsque nous sommes confinés. La liberté nous appelle au service des autres Cette liberté nous est offerte par grâce, elle nous sort de notre condition de pécheur, de la haine, de la peur, de tout ce qui nous enferme. Elle nous ouvre à l’amour. Le paradoxe de cette liberté, c’est qu’elle nous appelle à nous mettre au service des autres ! Désormais nous ne sommes plus enfermés dans notre agressivité, notre égoïsme, nous nous découvrons capables de tourner notre regard vers le monde. Et de découvrir qu’aimer, servir rend libre ! Même confinés nous pouvons être au service, cela demande parfois de l’inventivité, c’est aussi cela être libre, ne pas se laisser enfermer dans nos habitudes, accueillir l’inattendu. Continuons à aimer, à nous mettre au service de notre prochain, c’est le remède gratuit et sans cesse renouvelable à tous les maux qui nous enferment. Par David Guiraud
Lecture: “Sans la liberté”, de François Sureau Dans cet essai, François Sureau dénonce les atteintes multiples de l’État et de la société moderne à la liberté de conscience. Avocat et écrivain, François Sureau est aussi ce précieux “lanceur d’alerte” qui, depuis plusieurs années, s’attache à dénoncer la perte insidieuse de ce qui fonde la vitalité d’une démocratie et la raison d’être de ses citoyens: leur liberté. Paru dans la nouvelle collection “Tracts”, lancée par Gallimard, ce texte ramassé d’une cinquantaine de pages, à l’écriture subtile et puissante, met pleinement en lumière les multiples abus dont l’État et la société moderne se rendent coupables au détriment de la liberté de conscience de chacun, quelle que soit sa condition. Les exemples abondent. Rabotage en règle de la liberté de penser et d’écrire, de manifester et d’agir. Atteinte silencieuse faite à l’intégrité des personnes au prétexte d’une douteuse efficacité politique exigée par les sondages face aux soubresauts d’une société en transformation. Peur grandissante des gouvernants soumis à l’individualisme bêlant, légiférant dans l’urgence pour contrer un improbable risque jusqu’à bafouer sans état d’âme les principes mêmes de la Constitution. “Nous assistons sans mot dire au remplacement des libertés par le culte des droits”, destinés essentiellement à punir le voisin. Ellul n’est pas loin, cité au côté de Simone Weil, pour rappeler combien la technique et ses armées de l’ombre soumettent l’humain plus que l’inverse. Ce paternalisme étatique vide progressivement de son sens toute notion de fraternité, instillant le doute quant à la capacité même du citoyen à exercer un jugement et alimenter le nécessaire débat d’opinions qui forge une société vivante. C’est ainsi, subrepticement, que fleurissent les pires tyrannies. Le lecteur protestant appréciera cet appel à la responsabilité individuelle et à l’esprit de résistance contre cette nouvelle forme du syndrome de Stockholm qui nous voit nous “exprimer avec les mots de nos maîtres, cependant que ces maîtres ne survivent que dans leur docilité à nos passions”. Sans la liberté, François Sureau, Gallimard, 64 p., 3,90 €.
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