La longue marche et le chemin de croix - Martin Wincler - Érudit
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Document generated on 08/02/2022 12:45 a.m. L'Inconvénient Critique - Séries télé La longue marche et le chemin de croix Martin Wincler Number 63, Winter 2016 L’Amérique et nous URI: https://id.erudit.org/iderudit/80614ac See table of contents Publisher(s) L'Inconvénient ISSN 1492-1197 (print) 2369-2359 (digital) Explore this journal Cite this article Wincler, M. (2016). La longue marche et le chemin de croix. L'Inconvénient, (63), 54–57. Tous droits réservés © L’inconvénient, 2016 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/
Séries télé la longue marche et le chemin de croix Martin Winckler rique, par quelles séries sont-elles pour rien au monde, et cela, depuis le La longue marche : représentées de manière cohérente et premier épisode. Je l’ai signalée dans Longmire régulière à la télévision ? Entre 1990 l’une de mes premières contributions à et 1995, la très poétique et gentiment L’Inconvénient, mais ça date un peu, alors Depuis les années 50 (Amos ’n’ Andy, satirique Northern Exposure (Bienve- je vous rafraîchis la mémoire. Créée par 1951-1953), mais surtout depuis les nue en Alaska) transplantait un jeune les scénaristes Hunt Baldwin et John années 90, un grand nombre de produc- médecin juif new-yorkais, Joel Fleisch- Coveny (ils avaient travaillé auparavant tions télévisées ont pour personnages man (Rob Morrow), dans une ville sur l’excellente The Closer, avec Kyra principaux des familles afro-américai- imaginaire d’Alaska, Cicely. Le nouvel Sedgwick) pour la chaîne américaine nes (la page « Black Sitcom » de Wiki- arrivant y faisait la connaissance d’une A&E, c’est l’adaptation d’une série de pédia en recense 163). À l’heure où je communauté hétéroclite, parmi laquelle romans noirs (une douzaine jusqu’ici) vous parle, sur Fox et ABC, le mélodra- des membres de la nation tlingit, en signés Craig Johnson. Elle conte sur un me Empire et la comédie Black-ish enta- particulier Ed Chigliak, jeune autoch- ton mélancolique et désabusé les en- ment leur deuxième saison. Black-ish est tone féru de cinéma qui rêve de devenir quêtes que mènent de nos jours dans le la chronique hilarante d’une famille de le prochain Spielberg, et la flegmatique comté imaginaire d’Absaroka, au Wyo- la classe moyenne dont le père cherche Marilyn Whirlwind, qui, de son propre ming, le shérif Longmire et ses depu- à retrouver ses racines et son identité chef, devient l’assistante du nouveau ties. Walt Longmire est un fantassin de dans une société plus tolérante que celle médecin de Cicely. Plusieurs épisodes l’investigation. Il doit souvent parcourir qu’ont connue ses parents. En 2015, de cette belle série, aujourd’hui dis- des dizaines de kilomètres en voiture – ABC mettait aussi à l’antenne Fresh ponible en DVD, se nourrissaient de et marcher beaucoup dans les bois ou la Off the Boat, les aventures d’une famille l’imaginaire et des légendes des Pre- neige – pour résoudre les énigmes qu’on américaine originaire de Taïwan qui, mières Nations du Nord-Ouest. Mais lui soumet. Et les victimes sur lesquelles après avoir quitté le quartier chinois de après Northern Exposure, on n’a plus vu il se penche sont, le plus souvent, des Washington, D.C., ouvre un restaurant d’Amérindiens sur les écrans cathodi- gens modestes : une strip-teaseuse, un à Orlando (Floride). Et depuis deux ques, sinon de manière anecdotique. fermier, un prisonnier libéré sur paro- ans, l’une des séries-vedettes du réseau En septembre 2015, lorsque Netflix le, un jeune Amérindien qui a fui sa CW, Jane the Virgin, a pour héroïne une s’est mis à diffuser Longmire, le paysage famille d’accueil. Le meilleur ami de jeune femme latino-américaine encein- a changé. Walt, Henry Standing Bear, patron du te après avoir été inséminée par erreur. J’aime beaucoup Longmire, c’est une Red Pony où le shérif va boire sa bière le Mais les Premières Nations d’Amé- des quelques séries que je ne raterais soir, est membre de la nation cheyenne. 54 L’INCONVÉNIENT • no 63, hiver 2015-2016
Longmire Longmire Et le comté d’Absaroka est le territoire de diffusion, A&E décida d’annuler la suis tourné vers un récent documentaire de son peuple. commande d’épisodes supplémentaires. qui saisit le problème à bras-le-corps. Dès le tout premier épisode (le scé- C’était d’autant plus regrettable que la Il s’agit de Reel Injun – On the Trail of nario a reçu une nomination pour un saison se terminait sur un cliffhanger. the Hollywood Indian (2011) du cinéas- Edgar Award, prestigieuse récompense Quelques semaines plus tard, Netflix te Neil Diamond (de la nation crie). remise par les Mystery Writers of Ame- annonçait qu’il en commandait une Coproduit par la CBC et récipiendaire rica), on sait que Longmire est ce que la quatrième et, tel le guerrier fantôme qui entre autres d’un Gemini de l’Académie télévision a de plus riche à offrir : c’est hante les saisons 2 et 3, Longmire rena- canadienne du cinéma et de la télévision à la fois un western – genre qu’on dit quit de ses cendres. et d’un Peabody Award, le Pulitzer de la sans cesse enterré et qui n’en finit pas Peu avant que Netflix mette dix télévision américaine, ce film retrace la de renaître –, une série noire furieuse- nouveaux épisodes à la disposition de longue marche des Premières Nations à ment bien écrite et une œuvre réaliste, ses abonnés, j’avais commencé la lecture travers la jungle du celluloïd hollywoo- respectueuse de la réalité sociologique d’un livre passionnant et éprouvant : dien, depuis le légendaire et désastreux et humaine du milieu qu’elle décrit. L’Indien malcommode (The Inconvenient Stagecoach ( John Ford, 1939) jusqu’à La série est habitée par d’excellents Indian) de l’écrivain autochtone Tho- l’avènement du cinéma autochtone in- comédiens – à commencer par Robert mas King. Cet essai historique décrit dépendant avec, en 1998, Smoke Signals Taylor dans le rôle de Walt et Lou Dia- avec minutie le traitement qu’ont subi de Chris Eyre (Cheyenne/Arapaho) et, mond Phillips, remarquable, dans celui (au Canada comme aux États-Unis) les en 2001, Atanarjuat: The Fast Runner de Henry – et magnifiquement servie Premières Nations depuis l’installation de Zacharias Kunuk (Inuit). Il rappelle par des décors naturels : le tournage se des Européens en Amérique. Au début en passant les westerns « blancs » qui déroule dans plusieurs petites villes du du deuxième chapitre, King (citoyen donnèrent des rôles de premier plan à Nouveau-Mexique. Et, qu’il s’agisse du canadien né aux États-Unis, mais vi- des acteurs amérindiens : en particulier deuil du protagoniste (la femme de Walt vant à Guelph, en Ontario) raconte Chief Dan George dans Little Big Man est morte assassinée) ou de son secret (il que, lorsqu’ils étaient enfants, son frère d’Arthur Penn (1970) et The Outlaw n’est peut-être pas étranger à la mort de et lui jouaient, comme tous les gamins Josey Wales de Clint Eastwood (1976), l’assassin), des personnages qui l’entou- de l’époque, aux cowboys et aux Indiens. et Graham Greene dans Dances with rent (l’une des deputies, Vic, est amou- Et bien sûr personne ne voulait faire Wolves de Kevin Costner (1990). Pour reuse de lui ; l’autre, Branch, sort avec l’Indien. Pourquoi ? Parce que l’Indien ce rôle, Greene (Oneida) explique dans sa fille) ou de ses adversaires (d’un côté : meurt toujours à la fin. Reel Injun qu’il dut apprendre la langue Barlow Connally, le rancher le plus riche Encore sous le choc de ma lectu- lakota alors qu’il ne savait même pas de la région ; de l’autre, Jacob Nighthor- re, ébranlé par ce que le livre de King parler la langue de son propre peuple. se, chef de la communauté cheyenne et m’avait fait découvrir, mais aussi par le Son interprétation, souligne le critique futur patron du casino qui s’édifie sur la gouffre qui existe entre la réalité de la vie Jesse Wente (Ojibwé), marqua toutes réserve) – tout était là pour tricoter de et du traitement des peuples autochto- celles qui suivirent et qui permirent à très bons scénarios. Mais, malgré un pu- nes et les représentations avec lesquelles des acteurs et à des cinéastes amérin- blic fidèle, à la fin de la troisième année j’avais grandi en allant au cinéma, je me diens de s’exprimer en leur nom, sous L’INCONVÉNIENT • no 63, hiver 2015-2016 55
leur identité propre. Pour le cinéma, il nait la vie au Golem en glissant dans sa et de Batman, se taille la part du lion était temps. Pour la télévision, la route bouche un papier portant le mot vie, les dans les grands réseaux avec Arrow, The est encore longue. Même si Graham habitants de la réserve déposaient près Flash, iZombie et Legends of Tomorrow Greene, aux côtés de nombreux acteurs d’un mur consacré des lettres décrivant sur CW, Gotham et bientôt Lucifer sur amérindiens beaucoup moins connus, la source de leurs malheurs. Armé de Fox, Supergirl sur CBS. De son côté, figure au générique de Longmire, en ses seuls poings, Hector allait punir les Marvel squatte ABC avec Agents of 2015 les Amérindiens des États-Unis criminels intouchables. Mais au cours S.H.I.E.L.D. et la minisérie Marvel’s sont toujours cantonnés dans leurs de la troisième saison, Hector meurt. Agent Carter, mais concentre son offen- réserves – à l’écran comme dans la réa- Devant le désespoir et la frustration sive narrative sur Netflix. Le distributeur lité. Et ce que montre admirablement la de son peuple, le frêle Henry prend la d’images a en effet passé la commande quatrième saison de Longmire, c’est que place du colosse. Lou Diamond Phillips de quatre séries mettant en scène Dare- l’oppression et les abus d’autrefois n’ont (Cherokee/Sioux, et d’origine philip- devil, Jessica Jones, Luke Cage et Iron pas cessé. pine) incarne ce beau personnage avec Fist, et d’une cinquième qui les réunira. Par bonheur et par chance, le rachat fragilité et détermination. Contrairement aux superhéros cinéma- de Longmire par Netflix n’a pas seule- Je ne vais pas vous raconter la sui- tographiques, ces personnages n’ont pas ment donné une saison supplémentaire te, j’en ai déjà trop dit. Il faut regarder pour mission de sauver l’univers d’une (et bien d’autres, on le souhaite) à cette Longmire, la seule série contemporaine invasion extraterrestre ou la Terre d’un série remarquable. Il lui offre aussi un qui tente de rendre justice, symbolique- coup d’État mondial : ce sont des aven- public considérable (soixante-cinq mil- ment du moins, à la situation actuelle turiers urbains, luttant contre le chaos lions d’abonnés dans le monde !) et lui d’une nation amérindienne en la décri- dans les bas-fonds d’un New York ima- permet de développer sa narration : vant avec finesse, sans pathos et sans la ginaire. Et même s’ils sont peu connus chaque segment dure quinze minutes de moindre complaisance. Pour cela, vous du public, la forme sérielle et la liberté plus que sur A&E, et le récit s’étend sur n’avez pas besoin d’acheter les DVD : conférée par le diffuseur promettent de toute la saison au lieu d’être fragmenté les quatre saisons – et la cinquième, donner naissance à des séries plus som- en épisodes unitaires. Il en résulte une j’espère – sont toutes disponibles sur bres et audacieuses que celles des gran- quatrième saison politiquement très en- Netflix. des chaînes – comme l’atteste Daredevil, gagée et dans laquelle, de manière assez Prenez la piste, vous ne le regrette- dont la première saison est accessible saisissante, le personnage principal n’est rez pas. depuis l’été 2015 parmi les programmes plus le shérif blanc, mais son meilleur de Netflix. ami, Henry Standing Bear. … et le chemin de croix : Le quartier Clinton à Manhattan Dès les premiers épisodes, l’ambi- Daredevil (également nommé Midtown West) est guïté du personnage était visible : loin un rectangle compris entre la 34e et la de n’être que le confident de Longmire, Élevé aux comic books, j’ai été ravi 59e Rue, la rivière Hudson et la 8e Ave- Henry lui servait aussi d’intermédiaire de voir les héros de mon enfance deve- nue. Aujourd’hui embourgeoisé, c’était auprès de la communauté cheyenne, nir des personnages de films. Lorsque autrefois un quartier pauvre, celui des lui expliquant (ainsi qu’au spectateur) la technologie numérique a permis au immigrants et ouvriers irlandais, que les coutumes et les aspirations de son Spider-Man de Sam Raimi de se balan- l’on surnommait Hell’s Kitchen – la peuple et des peuples voisins. À la fin cer entre les gratte-ciels de New York et cuisine de l’enfer. Dans les comic books de la troisième saison, Henry trouve de au Dark Knight de Christopher Nolan de Marvel, il demeure un quartier som- plus en plus difficile de rester un témoin d’arpenter les rues de Gotham City, bre et misérable, où le crime est souvent passif. j’étais dans la salle. Et je n’ai pas raté le seul moyen de survivre. Matt Mur- Sur le territoire cheyenne, un shé- les apparitions d’Iron Man, de Captain dock a grandi dans ces bas-fonds. Son rif blanc n’a pas d’autorité. L’ordre est America, des Avengers et des Guar- père, boxeur de deuxième catégorie, y assuré par des policiers autochtones, dians of the Galaxy. est mort, et Matt y a perdu la vue à la dont les prérogatives sont cependant En revanche, je suis plus circonspect suite d’un accident qui l’a doté de sens limitées. Cette séparation des pouvoirs, devant la prolifération des personna- exacerbés. Malgré sa cécité, et grâce à censée protéger l’autonomie du peuple ges de comic books à la télévision. À la une ouïe, à un odorat et à une sensibi- cheyenne, le dessert cruellement. Car rentrée 2015-2016, pas moins de dix- lité aux vibrations hors du commun, il les auteurs des crimes commis dans la huit séries étaient en diffusion ou sur perçoit le monde avec une infinie pré- réserve ne peuvent pas être poursuivis le point de l’être ! À l’exception de The cision. « Adopté » après la mort de son hors de celle-ci. La seule « justice » à Walking Dead et de son dérivé, Fear the père par Stick, mystérieux maître en laquelle les victimes pouvaient recourir Walking Dead (AMC), et de Wynonna arts martiaux aveugle lui aussi, Matt a pendant les deux premières saisons était Earp (SyFy), un « western fantastique » appris à combattre avec ses poings, ses incarnée par Hector, guerrier colossal et qui débutera en 2016, les séries actuelles sens hypertrophiés et sa colère. À l’âge silencieux, qui servait de protecteur à la sont toutes inspirées par des personna- adulte, devenu avocat, il s’installe dans réserve comme le Golem au ghetto de ges des deux géants du comic book. La le quartier de son enfance aux côtés de Prague. De même qu’un rabbin don- firme DC, propriétaire de Superman Foggy Nelson, son camarade d’universi- 56 L’INCONVÉNIENT • no 63, hiver 2015-2016
Daredevil té. Le jour, les deux avocats désargentés l’indique son surnom, le « Daredevil » que la virtuosité de sa mise en scène, s’attachent à défendre les plus démunis des années 60 était un joyeux casse-cou, comme en témoigne la dernière scène contre les propriétaires crapuleux, les un diable bondissant et joueur. Dans du deuxième épisode : lorsque Matt promoteurs avides, les trafiquants et la série de Goddard et DeKnight, c’est Murdock entreprend de libérer un pe- leurs hommes de main. La nuit venue, à une figure sombre qui combat à poings tit garçon kidnappé, un plan-séquence l’insu de son associé et de leur collabo- nus et soumet son corps à des violences époustouflant et éprouvant long de six ratrice Karen Page, Matt revêt des vête- inouïes en expiation de ses fautes. La minutes le montre en pénitent – ou en ments noirs, se couvre le visage et sort narration, qui se déroule presque tou- ange déchu –, les bras ceints de corde- s’attaquer aux malfaiteurs de tout poil jours durant la nuit, évoque d’ailleurs un lettes, affrontant à poings nus dans un qui rôdent dans les rues sinistres. double chemin de croix : celui du héros, étroit couloir une demi-douzaine de Au même moment, le puissant Wil- qui ne cesse de tomber et de se relever ; gros bras. Lorsqu’il ressort de cet enfer, son Fisk, lui aussi originaire de Hell’s et celui de l’impitoyable Wilson Fisk, vainqueur et épuisé, il est saint Christo- Kitchen, planifie alliances, trafics et éli- poursuivi par un crime originel aussi phe portant l’Enfant Jésus. minations pour faire de « son » quartier poignant qu’inattendu. « Plus le mé- Ite, missa est. un lieu d’ordre et d’harmonie. chant est réussi, meilleur est le film », Drew Goddard, créateur de la série, déclarait volontiers Alfred Hitch- et Steven S. DeKnight, son coproduc- cock, et Daredevil n’échappe pas à la teur, furent tous deux scénaristes des règle. Car, face à Charlie Cox, parfait en excellentes Buffy (UPN puis CW) et Matt Murdock aussi cabossé que l’était Angel (Fox) ; DeKnight créa et dirigea son boxeur de père, Vincent D’Onofrio de son côté la récente série Spartacus incarne un formidable Wilson Fisk, (Starz). Cette expérience sert admira- richissime et fragile, émouvant lorsqu’il blement leur transposition du person- est amoureux, effrayant quand il tue un nage inventé par Stan Lee. Leur héros homme de ses mains. est un justicier urbain plus sombre que Daredevil n’est pas du tout une série Batman, plus désespéré et singulier par pour adolescents, mais un serial noir son dénuement. Matt Murdock n’est pas pour adultes en treize épisodes. Son seulement fauché, il est aussi masochiste âpreté et sa violence, impressionnan- au point de paraître suicidaire. Comme tes mais jamais gratuites, n’ont d’égale L’INCONVÉNIENT • no 63, hiver 2015-2016 57
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