LA POSSIBILITÉ D'UN TRANSFERT CULTUREL - STRATÉGIES DE TRADUCTION DES NOMS PROPRES ET DES MÉTAPHORES DANS UN TEXTE SOCIO-POLITIQUE - DIVA
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Magisteruppsats La possibilité d’un transfert culturel Stratégies de traduction des noms propres et des métaphores dans un texte socio- politique Författare: Jessica Turesson Handledare: Liviu Lutas Examinator: Nathalie Hauksson Tresch Termin: VT2020 Ämne: Franska Nivå: Avancerad Kurskod: 4FR32E
Abstract The aim of this study is to analyse the translation strategies used in order to translate a socio-political text from French to Swedish with focus on proper names and metaphors. Proper names and metaphors are deeply culture rooted and containers of specific elements familiar only to an initiated audience. The main purpose is to investigate the possibility of transferring these underlying elements from one culture to another, keeping in mind the genre, the aim (or skopos), the Interpretive Theory of Translation and the pragmatic aspect. Vinay and Darbelnet and Rune Ingo offered the methods for the translation of proper names. The most common strategy used was transfer or literal translation, in certain cases followed by a complementary information, and equivalence. The conceptual theory worked as a starting point for the classification of metaphors and the strategies proposed by Peter Newmark structured the translation. With the concepts of war and family the pragmatic aspect needed to be considered more frequently than with the concept of game and the procedures of conversion of metaphor to sense and translation of metaphor by simile were used to a lager extent than that of reproducing the same image. Analysing each case one by one and applying the most suitable strategy according to context and circumstances, with respect to culture differences and sense, helped us to form a coherent unity providing a suitable ground for a cultural transfer to grow, or at least to show. Mots-clés traduction, métaphores, noms propres, transfert culturel, aspect pragmatique i
Table des matières 1 Introduction ______________________________________________________ 1 1.1 Objectif et délimitation __________________________________________ 1 1.2 Matériel ______________________________________________________ 2 1.3 Méthode ______________________________________________________ 3 2 Cadre théorique ___________________________________________________ 4 2.1 Définir un genre et un type _______________________________________ 4 2.2 Le transfert culturel _____________________________________________ 5 2.2.1 Interpréter pour traduire ______________________________________ 5 2.2.2 Fonction, sens et équivalence __________________________________ 5 2.2.3 L’aspect pragmatique ________________________________________ 6 2.3 Les noms propres et les métaphores ________________________________ 7 2.4 Stratégies de traduction __________________________________________ 9 3 Analyse _________________________________________________________ 12 3.1 Classification _________________________________________________ 12 3.2 Les noms propres ______________________________________________ 15 3.3 Les métaphores _______________________________________________ 19 3.3.1 Le concept de la guerre ______________________________________ 20 3.3.2 Le concept de famille _______________________________________ 22 3.3.3 Le concept du jeu __________________________________________ 23 4 Conclusions _____________________________________________________ 25 Bibliographie ________________________________________________________ 27 Annexes Annexe 1. Classement des noms propres et des métaphores 1 Annexe 2. Liste nominative 6 ii
1 Introduction « Énonciation dans une autre langue (ou langue cible) de ce qui a été énoncé dans une langue (la langue source), en conservant les équivalences sémantiques et stylistiques ». Tel est défini le mot traduction dans le dictionnaire Larousse. Dans le Dictionnaire de l’Académie française nous pouvons lire que traduire « signifie, par extension, Expliquer, interpréter, exprimer ». En effet, la responsabilité du traducteur ne s’arrête pas à simplement transférer un énoncé dans une langue vers une autre ; elle exige que l’information transmise soit correcte, de qualité et compréhensible dans la langue cible. Quelles stratégies utiliser afin de transférer les références culturelles d’un texte source à un texte cible ? Est-il question de transmettre les aspects culturels (foreignization) ou les adapter à la culture cible (domestication) ? La question que l’on se pose est de savoir comment garder le fond et la forme du texte source sans se heurter aux normes linguistiques et culturelles de la langue cible. De trouver une stratégie qui à la fois reste fidèle à l’original et qui soit compréhensible dans la langue cible sans pour autant nier l’aspect étranger du premier et de succomber à la domestication et à une traduction ethnocentrique comme l’explique Jeremy Munday dans Introducing translation studies. Theories and applications, en exposant la théorie d’Antoine Berman (2016 : 230). Avant d’entamer un projet de traduction, il est bien nécessaire de connaitre le public visé car sans cette information, ainsi qu’une analyse préalable du texte, le niveau risque d’être erroné et au lieu d’offrir une lecture agréable, d’être une source de frustration et d’incompréhension. De ce fait, nous avons choisi d’étudier la possibilité de transférer des éléments culturels, en nous concentrant sur les noms propres et les métaphores dans un texte sociopolitique. 1.1 Objectif et délimitation L’objectif de cette étude est d´analyser les stratégies de traduction employées lors de la traduction du français vers le suédois des noms propres (NP) et des métaphores, dans un texte sociopolitique. Plus précisément, il s’agit d’étudier la possibilité de transférer le sens d’un texte source fortement ancré dans la société et dans la culture de celui-ci, vers une langue cible dont la culture, sans être diamétralement différente, comporte néanmoins des dissimilitudes au niveau des références culturelles. Le choix des NP et 1(29)
des métaphores est fondé sur leur faculté de véhiculer non seulement un sens premier, mais également un sens dissimulé, qui se dévoile par rapport à la culture, à l’histoire et aux connaissances du public. En effet, comment traduire des NP et des métaphores dont le sens a également une forte connotation culturelle ? Comment transférer ces noms et ces métaphores dans un autre milieu culturel et linguistique ? 1.2 Matériel Le texte qui a été retenu pour cette étude est un extrait du livre La possibilité d’un centre. Stratégies de campagne de François Bayrou, paru en 2007 aux Éditions Michalon à Paris. L’auteur, Richard Robert, est agrégé de Lettres modernes. Il est historien des idées, éditeur ainsi qu’écrivain et il a également enseigné à la Sorbonne et à Science Po (Institut d'études politiques de Paris). Le livre, dont la publication a eu lieu quelques mois avant l’élection présidentielle française de 2007, est une analyse, comme le titre l’indique, des stratégies de campagne de François Bayrou, qui en décembre 2006 annonce sa candidature aux présidentielles pour la deuxième fois. Sous le regard analytique de l’auteur nous pouvons suivre l’avancement de François Bayrou, de la campagne présidentielle de 2002 jusqu’au printemps 2007. Ce qui est au centre de l’analyse de Richard Robert est l’ascension étonnante de cet homme politique dans l’esprit du peuple français, une ascension qui repose sur son discours : « Son discours est le lieu d’une restauration des hiérarchies, des rangs, de la ‘distinction’ dont la société française reste au fond nostalgique » (Éditions Michalon 2007, quatrième de couverture). Comme le sujet du livre est fortement ancré dans la société française nous y rencontrons de nombreuses références liées à la vie politique, sociale et culturelle. Ces références présentent un défi même pour un public français est seront inévitablement un obstacle au niveau de la compréhension pour un lecteur d’une autre culture. De même que le texte source s’adresse à un public avisé, le texte cible est destiné à un lecteur éduqué et qui porte un grand intérêt à la culture française et à la vie politique en France. L’étude se limitera par rapport au texte choisi, qui comporte environ 5 300 mots et constitue les trente premières pages du livre, soit approximativement un quart du récit. 2(29)
1.3 Méthode Notre analyse est fondée sur la traduction personnelle, du francais au suédois, d’un texte sociopolitique (voir chapitres 1.2 et 2.1). Au cours de ce travail, nous avons consulté plusieurs outils informatisés ; des dictionnaires bilingues comme Nationalencyclopedin (NE) et Glosbe, des dictionnaires de langue française (Larousse et Dictionnaire de l’Académie Française) ainsi que des dictionnaires de langue suédoise (Svenska akademins ordböcker). Afin d’acquérir une connaissance plus approfondie du système politique français en général et de l’élection présidentielle en particulier, le site du gouvernement français et celui de l’administration française ont été sollicités, de même que le site officiel du gouvernement suédois. Nous avons également interrogé l’encyclopédie collective Wikipédia qui nous a fourni l’information nécessaire en ce qui concerne les anthroponymes (surtout les noms des ministres) et des abréviations dont le nombre est abondant dans le texte. Notre objectif est donc d’étudier les NP et les métaphores et par ce travail tenter de mieux comprendre la possibilité de transférer aussi bien le sens premier que le sens dissimulé (voir définitions dans chapitre 1.1) d’une langue source vers une langue cible, dont les cultures varient. Dans cette analyse, la méthode de Newmark nous a aidé à formuler une stratégie de traduction de même que les notions d’Ingo (voir chapitre 2.3). Les idées de Lakoff et Johnson nous ont servi comme point de départ pour l’analyse et la classification des métaphores. Nous nous sommes également appuyés sur les idées de Newmark qui offre un cadre fonctionnel auquel nous avons eu recours pour la traduction (voir chapitre 2.3). 3(29)
2 Cadre théorique Nous allons dans cette partie présenter les recherches antérieures et les outils théoriques liés à notre étude. 2.1 Définir un genre et un type Stalloni (2016) nous présente l’utilisation du genre comme « un outil opératoire dans la démarche rationnelle qui consiste à passer de l’imprécis au précis, de l’indéterminé au déterminé, du général au particulier » (2016 : 8-9). En effet, la classification des textes aide le traducteur à définir une stratégie et à prendre conscience des aspects différents des textes. Connaitre l’appartenance d’un texte à un certain genre permet une meilleure vision sur les différences qui existent entre la langue source et la langue cible et le sens que chacune donne à un genre précis. Ainsi le traducteur peut s’appuyer sur des règles liées à un contexte précis. Nous pouvons donc constater que l’acquisition des outils nécessaires afin d’analyser et de comprendre un texte est le fondement de toute traduction et qu’il est d’abord nécessaire de bien comprendre le sens du texte pour le traduire correctement. Dans L’Analyse textuelle : méthode, exercices (1990) Lita Lundquist met l’accent sur l’importance de la compréhension, à la fois à un niveau linguistique « de surface » (1990 : 9) et à un niveau extra-linguistique « [où] il convient de déterminer le rapport qui existe entre la forme du texte et son environnement » (1990 : 15). Lundquist (1990) a recours au terme typologie et à la classification des textes selon leur fonction (émotive, référentielle ou conative), leur rapport avec la réalité (fiction ou non-fiction) et leur forme de représentation (forme expressive, forme informative). Suivant la classification de textes que propose Ingo dans L’Art de la traduction (notre traduction) nous devons considérer trois types (2007 : 217) : le texte informatif qui est centré sur le contenu, le texte expressif qui est centré sur celui qui parle et le texte impératif qui est centré sur le lecteur, sans pour autant oublier de souligner que chaque catégorie de texte comporte plusieurs sous-catégories. Selon ces critères nous avons envisagé une traduction de notre texte en le considérant appartenir à la fois au type informatif et expressif car malgré son caractère non-fictif et référentiel il présente des formes expressives. 4(29)
2.2 Le transfert culturel Cette section est divisée en trois parties selon la théorie présentée : Interpréter pour traduire (2.2.1), fonction, sens et équivalence (2.2.2) et l’aspect pragmatique (2.2.3). 2.2.1 Interpréter pour traduire Dans l’introduction de ce mémoire, nous avons évoqué que l’Académie française inclut par extension, le sens interpréter au verbe traduire. Danica Seleskovitch, interprète de conférence et directrice de l’École Supérieure d’Interprètes et Traducteurs (ÉSIT) de 1980 à 1989, conjointement avec Marianne Lederer, qui lui a succédée au poste de directrice de l’ÉSIT en 1990, est à l’origine de ce qui est connu aujourd’hui sous le nom de « Théorie interprétative de la traduction » (TIT). Le modèle de traduction proposé par Seleskovitch se divise en trois temps : interprétation, déverbalisation et réexpression, ce qui est repris par Lederer qui se concentre sur la phase de déverbalisation ainsi que le sens (Guidère 2016 : 71-72). De même, dans Interpréter pour traduire, Lederer nous explique que la traduction fonctionnelle utilisée pour transmettre un message est également discours et par ce fait marquée par les caractéristiques du discours : « Pour rendre intelligible le sens original, elle doit, après l’avoir cerné, le séparer soigneusement de l’enveloppe verbale première pour le recouvrir de l’enveloppe approprié dans l’autre langue. [...] il s’agit, [...] non d’interpréter le sens du texte, mais d’interpréter le texte pour en restituer le sens intact » (2014 : 81-82). En conclusion, Guidère met l’accent sur l’aspect cibliste de la TIT, fondé sur l’importance du lecteur cible et de l’acceptation de la traduction dans la culture d’accueil (2016 : 73). 2.2.2 Fonction, sens et équivalence L’importance de la fonction du texte est le fondement de skopos. Munday nous présente la théorie de Katharina Reiss et Hans Vermeer et nous explique que selon cette doctrine la traduction est une action avec un but bien précis dont le résultat dépend de fonction du texte cible (2016 : 126-127). Rune Ingo insiste également sur la notion de fonction. Il constate que si le texte à une fonction autre que de transmettre de l’information, le traducteur se doit d’aller au-delà de la signification et de s’efforcer de trouver un équivalent à un autre niveau (2007 : 133). Ainsi, le modèle de Justa Holz-Mänttäri auquel Munday se réfère s’aligne sur cet aspect et s’approche du lecteur du texte cible : 5(29)
Translatorial action focuses very much on producing a TT that is functionally communicative for the receiver. This means […] that the form and genre of the TT must be guided by what is functionally suitable in the TT culture. […] The needs of the receiver are the determining factors for the TT. (Munday 2016 : 125) L’importance de transmettre le sens d’un texte est également développée par Eugène Nida et se cristallise dans sa notion d’équivalence dynamique et Munday d’expliquer que : « This receptor-oriented approach considers adjustments of grammar, of lexicon and of cultural references in order to achieve naturalness » (2016 : 68). De même, dans Textbook of Translation Peter Newmark nous explique que « the translator of a cultural word, which is always less context-bound than ordinary language, has to bear in mind both the motivation and the cultural specialist (in relation to the texts topic) and linguistic level of the readership » (1988 : 96). Il poursuit la réflexion et précise que plus le niveau de connaissance du lecteur est élevé, plus l’importance de transférer le sens augmente (1988 : 100) et par ce fait de constater que « [w]ithin the limits of comprehension, the more that is transferred and the less that is translated, then the closer the sophisticated reader can get to the sense of the original [...] (1988 : 101). 2.2.3 L’aspect pragmatique Ingo (2007) explique que l’aspect pragmatique est un des quatre aspects dont un traducteur doit tenir compte. Il s’agit d’assurer que le texte traduit puisse fonctionner correctement dans son nouvel environnement linguistique et culturel. Il décrit ce processus en s’appuyant sur l’importance de prendre en considération les différents facteurs relatifs à la situation de la culture d’arrivée lors de l’établissement d’une stratégie de traduction et de bien définir la fonction de chaque partie du texte source afin de trouver la traduction adéquate à celle-ci (2007 : 126-129). Newmark (1991) accorde également une place importante à l’aspect pragmatique et le place à côté de la nécessité d’une exactitude référentielle comme étant les éléments indispensables pour la réalisation d’une traduction correcte. Selon lui, le facteur pragmatique a deux constituants : « the first is relatively extra-contextual, and relates to the reader’s characteristics at the time of reading […] and the time distance from the compilation of the [source language] SL text » (1991 : 117). En effet, le temps passé entre l’écriture du texte source et la traduction de celui-ci joue un role important dans les choix que le traducteur sera amené à faire. Cela est d’autant plus important pour un 6(29)
texte traitant un sujet d’actualité, comme le nôtre, et dont l’aspect sociologique et politique est une source de changement continuel. 2.3 Les noms propres et les métaphores « Le nom propre possède une fonction fondamentale de désignateur social ou spatial mais il contient aussi du sens par sa motivation et l’histoire de l’individu qui le porte » (Ballard 2011 : 39). Comme l’explique Michel Ballard, le NP n’est pas uniquement une unité que l’on transfère d’un milieu culturel-linguistique vers un autre, mais il est également un récipient de sens qui va au-delà du nom-même. Il est d’avis que face à une traduction, le traducteur ne doit pas seulement identifier la nature et la fonction des NP mais aussi tenir compte de la manière dont le NP sera exprimé par rapport aux données existantes (2011 : 39). Traditionnellement, il est pourtant généralement admis que les NP ne se traduisent pas, que, sémantiquement, ils n’ont pas de véritable sens à part comme identificateur. Cependant, comme Ingo en fait mention (2007 : 137), il existe des situations où il faut envisager le statut extralinguistique du NP. En effet, un nom peut avoir un sens d’origine encore sémantiquement valable et de ce fait pourrait être traduisible. Il ajoute qu’il y a des noms qui ont des équivalents connus dans d‘autres langues, souvent les noms des grandes villes (London > Londres), des personnes historiques (Vilhelm Erövraren > Guillaume le Conquérant) et des prénoms (Karl > Charles) et il propose aussi quelque directives au sujet de la traduction des villes comme suit : s’il existe un nom équivalent dans la langue cible il est conseillé de l’utiliser ; si la langue cible n’a pas d’équivalent, on adopte la forme de la langue source ; si le nom est inconnu dans la langue cible, il est d’usage d’employer la dénomination qui est utilisée par la population locale ou une variation qui soit adapté à la situation donnée (2007 : 138). En évoquant quelques solutions afin de mener à bout le travail de traduction des NP, Peter Newmark commence par souligner qu’un nom (prénom, nom de famille) ne doit pas être traduit, à condition qu’il ne soit pas porteur d’une connotation particulière. Comme Ingo, il met l’accent sur la possibilité de traduire un nom qui se réfère à une personne appartenant à la sphère historique comme les rois et les saints. Il parle de naturalisation, la procédure qui décrit une équivalence de prononciation avec une équivalence morphologique dans la langue cible, et donne comme exemple les classiques grecs (Sofokles – Sophocle), et il constate que les noms dont la connotation se 7(29)
trouve dans le monde littéraire imaginaire, comme les contes pour enfants, se traduisent, si l’importance de garder l’empreinte de nationalité n’est pas primordiale (1988 : 214- 215). Selon Lakoff et Johnson, contrairement à la notion de métaphore comme un ornement figuratif dont l’usage est propre à la poésie et à la rhétorique, notre langage, celui de tous les jours, est constamment accompagné par les métaphores. Certains aspects fondamentaux de notre vie sont d’emblée métaphoriques car les concepts que nous utilisons afin de percevoir ces aspects sont métaphoriques. Afin de montrer comment un concept peut être métaphorique et structurer une activité quotidienne, ils nous présentent l’exemple de la métaphore conceptuelle « ARGUMENT IS WAR » et expliquent que nous abordons la discussion sur le modèle de la guerre et de ce fait, il y a métaphore lorsque nous percevons quelque chose en termes d’autre chose (2003 : 3-5). Les métaphores conceptuelles apparaissent sous trois formes : structurales, d’orientation et ontologiques (2003 : 3-32) : - La métaphore structurale, comme son nom l’indique, implique que la structure conceptuelle d’un phénomène est définie par la structure conceptuelle d’un autre phénomène. C’est en comparant les deux structures que nous pouvons comprendre et expliquer le sens de la structure source. - La métaphore d’orientation est largement fondée sur nos expériences physiques et culturelles du monde. Elle donne une orientation spatiale à un concept tel que la direction et la distance. - La métaphore ontologique utilise l’expérience physique de l’homme, où le corps humain constitue un instrument très important, afin de catégoriser un concept. La catégorisation de ces expériences en termes d’objets ou de substances permet de quantifier ou de définir des phénomènes à l’aide de différentes propriétés physiques. « Whenever you meet a sentence that is grammatical but does not appear to make sense, you have to test its apparently nonsensical element for a possible metaphorical meaning ... » (1988 : 106). Ainsi décrit Newmark l’éventuelle présence d’une métaphore dans un texte et sa détection, en ajoutant que n’importe quel mot peut s’avérer être une métaphore dont le sens premier doit être considéré par rapport au 8(29)
contexte linguistique, situationnel et culturel. Il souligne que les métaphores demandent une connaissance détaillée de la culture source et de la langue cible afin de produire une traduction correcte (1988 : 106-113). En ce qui concerne les métaphores dans des textes informatifs il constate que la question fondamentale est de savoir « when and whether one is permitted to convert sense to metaphor and vice versa » (1988 : 207). 2.4 Stratégies de traduction Dans L’Art de la traduction (2007) Ingo met l’accent sur l’importance de préalablement définir une stratégie de traduction et d’établir un « programme de principe ». Il nous explique les différents principes à considérer lors de l’établissement d’un tel programme : ceux liés à la traduction du texte même, se positionnant au niveau grammatical, sémantique, pragmatique et stylistique et ceux liés au niveau d’exactitude de la traduction où sont à évaluer la nécessité/l’obligation, la possibilité et la volonté du traducteur de produire un texte qui soit fidèle ou libre (2007 : 338-339). Peter Newmark, (1988) nous expose sa théorie sur le processus de traduction en s’appuyant sur l’importance de garder une forme « naturelle » dans le texte traduit : […] when the main purpose of the text is to convey information and convince the reader, a method of translation must be ‘natural’; if, on the other hand, the text is an expression of the peculiar innovative (or clichéd) and autoreactive style of an author […], the translator’s own version has to reflect any deviation from a ‘natural’ style. (Newmark 1988 : 19-20) En effet, il existe un certain nombre de théories autour des différentes stratégies à utiliser pour mener à bien une traduction. Nous souhaitons ici en présenter quelques- unes qui nous ont servi comme base pour le travail de cette étude. Premièrement les stratégies de Vinay et Darbelnet et d’Ingo suivies par des stratégies plus adaptées pour les métaphores comme celles définies par Newmark. Nous avons également pris en considération les stratégies d’Ingo concernant les idiomes. Nous sommes d’avis que ces modèles sont également applicables aux métaphores car les idiomes demandent les mêmes connaissances culturelles et linguistiques que les métaphores. En ce qui est des NP, quelques procédées ont été présentées auparavant dans chapitre 2.3. 9(29)
Les sept procédés de Vinay et Darbelnet (1977 : 47-54) : - Emprunt : On utilise le même mot dans la langue cible que dans le texte source - Calque : On emprunte la structure de la langue source mais les différents éléments sont littéralement traduits dans la langue cible - Traduction littérale : On transfère mot-à-mot - Transposition : On garde le sens du texte source mais les éléments grammaticaux sont modifiés - Modulation : Consiste en un changement de point de vue - Équivalence : On utilise des moyens stylistiques différents pour exprimer une situation connue dans la langue cible. - Adaptation : On remplace une situation dans la langue source, dont la référence culturelle est inconnue dans la langue cible, par une situation équivalente connue. Quelques stratégies de traduction évoquées par Rune Ingo (2011 : 123-124, 134, 287 ) : - Complément : Une information complémentaire est ajoutée dans la langue cible - Explicitation : Une information connue mais implicite dans la langue source est rendue explicite dans la langue cible - Omission : Une information considérée superflue dans la langue source n’est pas transférée dans la langue cible - Généralisation : On utilise une structure plus générale dans la langue cible Les stratégies d’Ingo concernant les idiomes (2011 : 144-145) : - Traduire l’idiome par un autre idiome - Traduire l’idiome littéralement - Convertir l’idiome en une expression standard - Traduire une expression par un idiome Les stratégies de Newmark pour la traduction des métaphores (1981 : 88-91) : - Reproduire la même image de la langue source dans la langue cible - Remplacer l’image dans la langue source par une image standard dans la langue cible - Traduire la métaphore par une image similaire - Traduire la métaphore par une image similaire avec une explication 10(29)
- Transformer la métaphore en une explication (de sens) - Omission - Conserver la métaphore et rajouter une explication Certaines de ces stratégies seront plus amplement étudiées dans la troisième partie de ce mémoire. 11(29)
3 Analyse Afin de résoudre les difficultés rencontrées et de trouver un ton juste, pour à la fois plaire à un lecteur suédois et sauvegarder l’essence et le sens de la culture d’origine, nous avons eu recours à certaines stratégies. Nous allons dans cette partie étudier ces stratégies en espérant trouver la réponse à l’objectif établi dans chapitre 1.1, à savoir, comment traduire des NP et des métaphores dont le sens a une forte connotation culturelle et par quel moyen les transférer dans un autre milieu culturel et linguistique. Nous commençons par une classification des NP et des métaphores afin de proposer une vue d’ensemble de leur disposition dans le texte. Par la suite nous faisons une analyse plus approfondie des NP et des métaphores selon les dispositions présentées dans chapitre 1.3. 3.1 Classification Le but de cette classification est d’offrir une synthèse des NP et des métaphores que nous avons choisis d’examiner. L’objectif d’une telle présentation est de montrer comment ils sont repartis dans un texte classé comme sociopolitique, en partant de leur catégorie (NP) et leur concept (métaphores). Les NP présents dans le texte ont été classés par catégories selon le tableau ci-dessous : Quantité Quantité Catégories unique par % totale par % catégorie catégorie Anthroponymes : 45 59% 147 68% dont personnes réelles 38 50% 140 65% dont personnes fictives 7 9% 7 3% Noms des partis politiques 7 9% 9 4% Toponymes 6 8% 21 10% Noms des plateformes audiovisuelles 6 8% 8 4% Noms des journaux 3 4% 3 1% Abréviations 9 12% 28 13% 76 100% 216 100% Figure 1 : Tableau des catégories de NP et leur quantité (nombre et %) 12(29)
Pour chaque catégorie, nous avons relevé leur taux de représentation dans le texte en procédant à une étude quantificative selon deux systèmes : 1. Représentation unique (aucun doublet n’a été pris en compte) 2. Représentation multiple (tous les NP, même cités à plusieurs reprises ont été prise en compte) Comme nous pouvons le constater, la majorité des NP sont des anthroponymes. En effet, les noms des candidats et des hommes et femmes politiques sont fréquemment mentionnés. Sans surprise, en haut de la liste nous trouvons François Bayrou, dont le nom est cité à 55 reprises. Les partis sont également fortement représentés ; comme nous avons opté pour une classification avec une catégorie à part pour les abréviations, le taux n’est pas entièrement visible dans ce tableau, mais en incluant les cinq abréviations désignant un parti politique ainsi que leur taux de présence dans le texte (25 citations), nous arrivons à une vue plus juste. Nous avons également souhaité classifier les NP par rapport à leur appartenance à un domaine précis, défini par le texte. Ainsi, nous avons voulu montrer que leur présence est une marque significative du genre et du type de texte auquel appartient notre texte. Dans le tableau suivant, nous pouvons observer que le domaine politique est le plus important suivi par le domaine de la communication, fait qui n’est guère surprenant pour un texte d’analyse politique portant sur la stratégie communicative de François Bayrou. Catégories Anthro- Partis Plateformes Domaines Toponymes Journaux Abréviations Total % ponymes politiques audiovisuelles Communication 5 2 7 9% Divertissement 1 1 1% Historique 1 1 1% Journalistique 2 3 5 7% Judiciaire 1 1 1% Littéraire 3 3 4% Géographique 6 6 8% Politique 33 7 6 46 61% Religieux 4 4 5% Société 1 1 1% Symbolique 1 1 1% Total 45 7 6 6 3 9 76 % 59% 9% 8% 8% 4% 12% Figure 2 : Présentation des NP dans le texte, par catégorie et domaine (nombre et %) 13(29)
Un tableau complet d’analyse des NP est disponible dans l’annexe 1 de cette étude. Nous allons par la suite regarder la classification des métaphores. Pour ce faire nous proposons une classification fondée sur la structure conceptuelle de Lakoff et Johnson (2003) dont la théorie est présentée dans chapitre 2.3.2. En nous inspirant de leur méthode nous considérons ici que le concept POLITIQUE, qui est le fondement de notre texte, peut être structuré ou plus précisément être compris par d’autres concepts et de ce fait former un possible classement qui est présenté ci-dessous (Figure 3). La disposition proposée se base sur un choix de métaphores relevées dans le texte, un choix dont la liste n’est pas exhaustive. Cette liste est également disponible dans l’annexe 1. Figure 3 : Vue conceptuelle des métaphores dans le texte Ce classement nous servira comme point de départ dans l’analyse que nous regarderons dans chapitre 3.3. Afin de compléter le classement des métaphores il nous a semblé important de les identifier et de les quantifier, comme nous l’avons fait pour les NP. Dans Figure 4 nous avons détaillé les différents concepts ou domaines ainsi que leur quantité, en nombre et en pourcentage. Il en ressort que le concept LA POLITIQUE EST UNE GUERRE est le plus représenté dans le texte suivi par LA POLITIQUE EST UN JEU, UNE FAMILLE et UN POUVOIR. À notre avis, ce résultat est la confirmation que nous nous trouvons bien en face d’un texte sociopolitique. 14(29)
Figure 4 : Présence dans le texte des métaphores par concept (nombre et %) Nous tenons à rappeler que les classifications présentées dans cette partie sont des classements parmi d’autres et ne sont en aucun cas porteurs d’une vérité autre que celle sur laquelle repose cette étude. 3.2 Les noms propres « La traduction commence par une lecture et à ce stade apparaît le fait que le nom propre est loin d’être un signe inerte, sa fonction primordiale de désignateur (et souvent de désignateur culturel) fait appel non seulement à une connaissance encyclopédique mais aussi au bon sens, au jugement, à l’attention » (Ballard 2011 : 36). Ainsi dépeint Ballard la complexité du NP et le travail que doit faire le traducteur afin de bien le définir pour produire un texte dont le sens est correct. Comme nous l’avons fait remarquer, le fondement de notre texte repose en grande partie sur un certain nombre de NP. Comme nous considérons que ces NP sont des marqueurs significatifs de la culture source nous souhaitons ici en faire l’analyse en nous concentrant sur les anthroponymes. Dans le texte source, comme nous l’avons indiqué auparavant, il y a une forte présence d’anthroponymes. Parmi les 45 anthroponymes (avec les doublets ce nombre est de 147), 38 désignent des personnes réelles et 7 des personnes fictives. 15(29)
Le fait qu’un nom ne devrait pas être traduit, cela nous a été indiqué aussi bien par Newmark que par Ingo (voir chapitre 2.3) mais par la même occasion, nous apprenons qu’il existe des situations dans lesquelles cette règle ne s’applique pas d’une manière exhaustive. La manière dont ces noms sont transférés du texte source au texte cible varie mais l’objectif a été de transmettre le sens du nom tout en restant vigilant à son poids culturel. Nous allons ici regarder les stratégies utilisées afin d’atteindre cet objectif. Dans la plupart des cas, nous avons opté pour un transfert, ou, selon le classement de Vinay et Darbelnet, la traduction littérale, sans aucune adaptation. Ainsi nous restons fidèles au texte source et le transfert est immédiat. (3) ... une campagne présidentielle ... valkampanjen domineras av [7] dominée par l'affrontement huvudmotståndarna Chirac och Chirac/Jospin. Jospin. Ce choix repose sur le nombre abondant d’anthroponymes et une volonté de ne pas alourdir le texte avec trop de précisions. Les noms présents dans (3), (Jacques) Chirac et (Lionel) Jospin ne devraient pas poser de problème pour un public averti mais afin de ne pas laisser le lecteur du texte cible dans le doute sur l’identité des personnes dont le nom est cités dans le texte, nous proposons en complément, une liste nominative en ordre alphabétique (voir annexe 2). Par contre, dans le texte nous trouvons des noms dont la signification va au-delà de l’identification simple, des noms qui représentent autre chose et dont la signification est étroitement soudée avec la culture source. Dans le but de transmettre cette signification cachée nous avons choisi le transfert avec un complément, comme le propose Ingo pour expliquer des phénomènes ou des expressions qui sont peut-être inconnus pour le lecteur cible (2011 : 134). Dans (82) le nom Marianne n’a pas d’autre sens que celui d’un prénom féminin pour un lecteur suédois. Sans une explication complémentaire de la signification de Marianne, le message véhiculé par cette phrase serait entièrement perdu et risquerait même d’être incompréhensible. (82) ... les épousailles du candidat avec ... alliansen mellan kandidaten och [15] Marianne : la dimension den franska republikens matrimoniale reste un classique de nationalsymbol Marianne. Den äktenskapliga dimensionen förblir en 16(29)
la présidentielle française. klassiker i det franska presidentvalet. La situation est presque identique dans l’exemple ci-dessous. N’ayant pas la connaissance nécessaire afin d’identifier les noms cités, la signification de l’expression « de Rocard à Barre » demeurerait inaccessible pour un lecteur du texte cible et l’axe réformiste n’aurait aucun sens. (157) ... d'un axe réformiste allant « de ... en reformatorisk linje som går ” [27] Rocard à Barre »... från Rocard till Barre” [Michel Rocard, socialistisk politiker och Raymond Barre, högerpolitiker, övers. anmärkning]... Nous avons envisagé d´omettre les anthroponymes et adopter une expression plus générale comme « de gauche à droite » mais, craignant par ce fait de perdre une partie trop importante de la culture source et par un souci de vouloir transférer autant que possible de cette culture, cette option a été rejetée. La situation dans l’exemple ci-dessous peut d’emblée avoir la même apparence mais nous tenons à la mettre à part car nous considérons que la problématique de compréhension va encore plus loin. Nous sommes ici en face d’une référence dont l’identification des personnes ne suffit pas pour bien comprendre l’impact de l’allusion dans la langue cible. Pour y remédier, un complément d’information incluant une référence connue pour un lecteur suédois a été ajouté. Effectivement, nous sommes conscients que Bernard Tapie et Philippe de Villiers ne sont pas Bert Karlsson et Ian Wachtmeister mais ils représentent des références similaires, dont chacune est connue dans la culture concernée. Par cette stratégie nous avons essayé de transférer le sens sous-jacent des anthroponymes en question. (19) ... chacun sait que les européennes, ... alla vet att valet till [9] ce ne sont pas des élections Europaparlamentet inte är seriöst. sérieuses : on s'y défoule, on vote Man släpper loss och röstar på Villiers ou Tapie pour faire bisquer Villiers eller Tapie [Philippe de les partis de gouvernement. Villiers och Bernard Tapie. För tankarna till Ian Wachtmeister och Bert Karlsson, övers. anmärkning] för att reta upp de etablerade regeringspartierna. 17(29)
Quant aux noms de personnages fictifs nous nous sommes appuyés sur les propos d’Ingo qui explique qu’il existe des circonstances quand la traduction d’un nom est envisageable, à savoir que, s’il existe un nom équivalent dans la langue cible, il est conseillé d’appliquer cette solution (2007 : 137-138) comme le montre l’exemple ci- dessous. (38) Moïse ou Dom Juan, l'homme qui Moses eller Don Juan. En som [10] coupe les liens pour les renouer à sa klipper band för att på eget vis åter mode. knyta dem samman. Ainsi Moïse et Dom Juan se sont adaptés à la langue cible et ont pris l’orthographe acceptée par la culture cible. Ceci est valable pour les noms fictifs venant de la littérature. Dans (129), nous trouvons une référence au conte pour enfants de Charles Perrault, le Petit Poucet. Comme cette histoire a été traduite en suédois auparavant, le nom a déjà un équivalent dans la langue cible et est largement connu par le lecteur suédois. (129) Bayrou : le Petit Poucet contre Bayrou är Tummeliten mot jätten, [23] l'ogre, David contre Goliath, Eliott David mot Goliat, Eliot Ness mot Ness contre la mafia municipale. maffian. Si l’équivalence présente une solution confortable au niveau de la compréhension, le cas où l’information demeure inexprimée est un cas qui demande plus d’attention. Dans (41) l’anthroponyme n’est pas exprimé directement. Il est implicitement présent dans le texte source est son identité repose uniquement sur la connaissance du lecteur. Si l’auteur ici compte sur le niveau d’éducation du public francais pour saisir la signification, le public suédois aurait besoin de plus d’information afin de profiter du sens de la phrase. Dans le but de rendre l’information implicite visible, nous avons fait le choix d’avoir recours à l’explicitation. Charles de Gaulle a été rendu explicite par un ajout et par ce fait, le nom et son sens a pu être transmis au lecteur cible. (41) Dans l'histoire de la Ve République, Under den femte republikens historia [11] Pompidou l'héritier est l'exception är det enbart Pompidou som är qui confirme la règle, élu comme undantaget från regeln då han valdes l'ombre respectée d'un fondateur i egenskap av en respekterad arvinge 18(29)
encore sacré. till en högt värderad ledare [Charles de Gaulle, övers. anmärkning]. Dans un dernier exemple, nous allons regarder un cas où l’anthroponyme est porteur de plusieurs niveaux de sens et qui présenterait un défi pour un public suédois. Dans (171) le nom Gaston Defferre désigne une personne avec un rôle bien précis, aussi bien dans le monde réel que dans le texte. (171) Cela étant, le pari de Bayrou réside Detta sagt så är det underförstått att [29] implicitement dans l'échec de Bayrou satsar på att Ségolène Ségolène Royal, et ce n'est pas un Royal förlorar. Det är inte en slump hasard s'il rappelle de temps à autre att han med jämna mellanrum tar l'échec de Gaston Defferre à la upp den socialistiska kandidaten présidentielle de 1969. Gaston Defferres förlust i presidentvalet 1969 [då mittenpartiets kandidat Alain Poher gick vidare till andra valomgången, övers. anmärkning]. Afin de transmettre la totalité du message, il ne suffit pas de simplement transférer le nom, il est également nécessaire de le compléter et finalement de l’expliciter. Gaston Deferre ne signifie probablement rien pour un lecteur suédois. Le nom a été transféré mais sans information complémentaire il reste inaccessible car « la présidentielle de 1969 » ne donne aucun renseignement sur la couleur politique du candidat Deferre, une information assez importante dans cette situation spécifique. Une fois cette précision fournie (socialistiska kandidaten), il nous a semblé essentiel de fournir un troisième niveau d’information afin de rendre l’allusion à « l’échec de Gaston Defferre » visible pour le lecteur cible. Ainsi une explicitation a été donnée pour clarifier un événement implicitement compris dans le texte source. Par ces dispositifs nous espérons avoir réussi à transférer non uniquement le nom mais également l’empreinte culturelle dont le nom est doté. 3.3 Les métaphores Malgré son sujet catégorisé comme informatif, le texte est parsemé d’expressions émanant de la sphère esthétique. En effet, on y trouve un langage qui puise son 19(29)
inspiration dans plusieurs registres. Nous souhaitons ici regarder comment ces différents registres sont transmis au travers des métaphores conceptuelles, en portant une attention particulière aux métaphores structurales, dont nous avons parlé dans le chapitre 3.1, et cela sans perdre de vue les propos de Dobrzyńska dans Journal of Pragmatics : […] transfer of a metaphor into another language puts it into an entirely different communicative situation, and the change in the pragmatic factors automatically brings about a change of the audience's response. A metaphor becomes then a product of a different world of ideas and begins to generate a different sense. (Dobrzyńska 1995 : 598-599) Nous allons focaliser sur les trois concepts les plus représentatifs de notre texte, à savoir : la guerre, la famille et le jeu. 3.3.1 Le concept de la guerre De trouver un vocabulaire émanant du registre martial dans un texte parlant de stratégies de campagne pour les présidentielles en France n’est pas surprenant. L’histoire du pays est ponctuée de guerres dont la Révolution française, avec ces conséquences sur la structure de la société, ainsi que les deux guerres mondiales, ont imprégné la culture française d’un fort sentiment de mobilisation et de puissance nationale. En Suède, peut-être en raison d’une politique de neutralité et d’une paix qui règne depuis plus de 200 ans, le vocabulaire de guerre n’a pas beaucoup d’espace dans la sphère politique. Après avoir consulté plusieurs discours du gouvernement suédois accessibles sur le site officiel du gouvernement (regeringen.se) ainsi que des articles traitant des sujets politiques dans la presse quotidienne et hebdomadaire - dont la liste est disponible dans la partie Bibliographie - nous avons pu constater que, dans la culture cible, la guerre n’est pas une image qui est fréquemment utilisée, ni pour exprimer une intention politique ni pour l’analyse de cette dernière. En tenant compte de cette observation nos choix de stratégies de traduction varient tout en gardant notre objectif : une volonté de transmettre la culture d’origine. En nous appuyant sur les stratégies de Newmark (voir chapitre 2.4) nous avons opté pour des solutions que nous considérons plus pragmatiques afin de ne pas déconcerter le lecteur suédois. Dans les deux exemples ci-dessous, attaques et guerre ont semblé appartenir à un registre trop fort par rapport au sujet traité et par ce fait nous avons 20(29)
choisi de traduire la métaphore par une image similaire, plus générique (guerre > strid et attaque > utfall). (13) Son passé ministériel tient en une Hans erfarenhet som minister kan [8] ligne, et s'il a défrayé la chronique sammanfattas på en rad. Måhända en relançant la guerre scolaire en lyckades han nå huvudrubrikerna 1993... 1993 genom att sätta fart på striden om skolan, (89) ... tout comme il serait réducteur Likväl skulle bilden av att hans [16] d'expliquer sa popularité par ses popularitet enbart grundar sig på seules attaques contre TF1. hans utfall mot tv-kanalen TF1 vara förenklad. Comme la stratégie ci-dessus a été adoptée dans de nombreuses situations, la volonté de revenir au registre d’origine afin de sauvegarder la notion de combat a été une force motrice dans le travail de traduction. Dans (1) nous avons donc conservé la métaphore, campagne, dans le sens militaire et rajouté une explication (val) pour guider le lecteur, sachant que ce terme est également utilisé en Suède pour désigner la même activité politique. (1) La possibilité d’un centre : Mittens möjligheter: François Stratégies de campagne de François Bayrous valkampanjsstrategier Bayrou En regardant l’exemple ci-dessous nous sommes allée plus loin dans la volonté de conserver la couleur locale. Ici, le choix de reproduire la même image dans la langue cible a été adopté car nous avons estimé que cette solution s’accordait favorablement avec la suite de la phrase en suédois où le mot éléphants a été substitué par veteranerna (fr. les vétérans). (123) Une partie des troupes déserte, Delar av trupperna deserterar [23] donnant raison aux éléphants vilket ger de socialistiska socialistes qui rappellent à l'envi veteranerna rätt i sin tävlan om att que Bayrou est de droite. påvisa att Bayrou är till höger. 21(29)
3.3.2 Le concept de famille Comme l’explique Newmark : « Each linguistic culture has its own set of political metaphors. » (1991 : 158). Ceci apparait dans l’attachement de l’auteur au concept de famille pour structurer l’image d’une appartenance politique, une image qui s’adapte mal à la vie politique en Suède. Au lieu d’utiliser le concept familial, la langue cible est plus prédisposée à employer des termes plus génériques, comme groupement ou bloc (voir les textes consultés dans la partie Bibliographie). De ce fait, la traduction a dû s’adapter pour que le lecteur cible puisse se reconnaitre dans les références structurales. Regardons l’exemple (82) ci-dessous. Ici, deux stratégies différentes (voir Newmark 1981 dans chapitre 2.4) ont été appliquées. En ce qui concerne les épousailles du candidat nous avons décidé de traduire la métaphore par une image similaire. En effet, le concept du mariage est trop éloigné de la culture cible et risquerait de générer une image incomprise et erronée. Par contre, afin de ne pas entièrement perdre cette notion, le choix de reproduire la même image dans la langue cible a paru possible, étant donnée la référence culturelle qui suit et qui s’introduit naturellement dans le texte. (82) L'une des fonctions symboliques de En av valets mer symboliska [16] cette élection reste les épousailles funktioner är alliansen mellan du candidat avec Marianne : la kandidaten och den franska dimension matrimoniale reste un republikens nationalsymbol classique de la présidentielle Marianne. Den äktenskapliga française. dimensionen förblir en klassiker i det franska presidentvalet. Par contre, comme le montrent les exemples ci-dessous, l’option de sauvegarder le concept familial a été rejetée car elle aurait provoqué un écart entre le texte source et le texte cible. Ainsi nous avons adopté la stratégie de transformation de la métaphore en une explication (de sens) et crée une généralisation au niveau de la signification. Dans (71) chef de famille devient chef en suédois et famille politique se transforme en groupement politique ou, dans (181), en blocs politiques. (71) C'est bien ici un chef de famille qui Vi har här en ledare som uttalar [14] s'exprime, le chef d'une famille sig, en ledare för en politisk politique ... gruppering ... 22(29)
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