La pratique du yoga à l'école primaire : pour une co-disponibilité

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IUFM de l’Académie de Montpellier                Magalie Laborde
Site de Perpignan

                La pratique du yoga à l’école primaire :
                       pour une co-disponibilité

Mémoire professionnel

Tuteur : Jean-Luc Canal

                                                            Classes de
                                    CE1-CE2 de Montesquieu des Albères
                                             et CM1-CM2 de Montescot

Année universitaire 2005-2006
Résumé

    S’il est admis que la pratique du yoga permet d’améliorer l’attention et la
    mémorisation, il m’a semblé intéressant de le faire pratiquer à des élèves en classe,
    pour palier au problème croissant du manque de ces compétences. L’effet de l’activité
    a été estimé par la comparaison de résultats à des tests écrits permettant de mesurer
    l’attention et la mémorisation visuelle et auditive, au début et à la fin d’un stage de 3
    semaines. L’observation du comportement des élèves pendant une tâche écrite
    individuelle précise a également été comparé. Si les résultats ne révèlent qu’une
    tendance des élèves à être plus disponibles aux apprentissages, c’est à dire plus
    attentifs et à mieux mémoriser, ma réflexion sur la pratique m’amène à conclure à une
    meilleure disponibilité du maître après les exercices. Et si la pratique du yoga en classe
    amenait ainsi à une co-disponibilité ?

    Summary

    If it’s an accepted fact that yoga practice improve attention and memorizing, it has
    seemed interesting to me to practice it with pupils in classroom, in order to solve the
    increasing problem of lack of these competences. Activity effect has been evaluated by
    comparison writing test assessing visual and auditory attention and memorizing, at the
    beginning and at the end of three weeks training course. Behaviour’s observation of
    pupils during a definite individual writing exercise has been compared too. If results
    only reveal pupils’ trend to be more receptive, which means more attentive and to
    memorize better, my reflection about practice takes me to conclude for a better
    disponibility from the teacher towards the pupils after exercises. What about yoga
    practice in classroom for a co-disponibility?

    Mots-clés :

    yoga ;    relaxation ;      respiration ;       attention ;   mémoire ;   comportement
d’inattention ; disponibilité

                                                2
Mention et opinion motivée du jury :

                                 3
La pratique du yoga à l’école primaire: quels avantages pour l’apprentissage des élèves
                           et comment la mettre en œuvre ?

Introduction                                                                      p6

I- Pourquoi faire pratiquer le yoga aux élèves de l’école primaire ?              p7
    1- Les difficultés des élèves                                                 p7
    2- Le yoga à l’école : origine, apports, méthode                              p8
        2-1- Le yoga en général                                                   p8
        2-2-Le RYE : Recherche sur le Yoga dans l’Education                       p9
        2-3-Apports                                                               p9
        2-4- Exercices simples à pratiquer en classe                              p 10
                1-     Vivre ensemble                                             p 10
                2-     Nettoyage de la maison corps                               p 11
                3-     Se mettre en bonne posture                                 p 12
                4-     Bien respirer pour garder son calme                        p 13
                5-     Savoir se relaxer                                          p 14
                6-     Savoir se concentrer                                       p 15
    3- Les instructions Officielles                                               p 16

II- la pratique de stage                                                          p 17
   1- Mise en pratique pendant le SR1                                             p 17
      1-1- Protocole                                                              p 17
      1-2- Résultats                                                              p 19
      1-3- Discussion                                                             p 20
   2-Mise en pratique pendant le SR2                                              p 21
      2-1- Protocole                                                              p 21
      2-2- Résultats                                                              p 25
             a- SH1: Items comportementaux d’inattention                          p 25
             b- SH2: Attention visuelle                                           p 26
             c- SH3 : Attention auditive                                          p 26
             d- SH4 a : Mémoire auditive                                          p 26
             e- SH4 b : Mémoire visuelle                                          p 27
             f- Synthèse des analyses                                             p 27
             g- Appréciation finale des élèves                                    p 27
      2-3- Discussion                                                             p 29

Conclusion                                                                        p 33

Annexes                                                                           p 36

Bibliographie                                                                     p 44

                                            4
Table des annexes

Annexe 1 : Fiche d’observation du comportement                                   p 37

Annexe 2 : Production écrite sur l’appréciation du yoga                          p 38

Annexe 3 : Fiche tests                                                           p 39

Annexe 4 : Jeux des 7 erreurs- Première série de tests (réduction taille 25 %)   p 40

Annexe 5 : Jeux des 7 erreurs- Deuxième série de tests (réduction taille 25 %)   p 41

Annexe 6 : Séries de figures pour le test de mémoire visuelle                    p 42

Annexe 7 : Production écrite sur l’appréciation du yoga                          p 43

                                            5
La pratique du yoga à l’école primaire: pour une co-disponibilité

            Introduction
            Savoirs, savoirs-faire et savoirs-être sont les objectifs de l’école1, et pour
    transmettre tout cela, le professeur des écoles doit considérer l’élève comme une personne
    à part entière, le respecter, c’est à dire être attentif à son développement, à ses besoins,
    s’adapter au mieux à ses capacités pour lui présenter les différents obstacles à franchir.
            La société se reflétant en partie dans l’école, il n’est pas étonnant d’y retrouver
    quelques uns des troubles qui la frappent. Le stress touche ainsi les jeunes élèves,
    provoquant troubles de l’attention et du comportement, allant de la simple agitation à de
    la violence envers les autres (adultes ou enfants). Si les signes les plus marquants sont
    l’instabilité (bougeotte) et l’incapacité à se concentrer, il en résulte des difficultés d’
    apprentissage (difficultés de concentration, de mémorisation) face auxquelles l’enseignant
    doit trouver une solution pour aider les élèves.
            Si les nouvelles pédagogies sont bien sûr des réponses à ces maux, il est tout de
    même nécessaire de soigner le trouble à la racine. Si l’on considère que le corps et le
    mental sont étroitement liés, c’est en relaxant le corps que l’on peut arriver à apaiser le
    mental. Les techniques « psycho-corporelles » déjà largement connues et considérées à
    juste titre comme antidote du stress sont une des solutions à apporter à l’école. Le yoga en
    fait parti. Déjà mis en application dans certaines écoles, et enseigné dans quelques IUFM,
    cette méthode semble une solution efficace. D’après de nombreux praticiens, et surtout
    Micheline Flak, à l’origine du développement de cette technique au sein de l’Education
    Nationale2, il permettrait de développer l’attention, et la mémorisation des élèves, par le
    développement d’un mieux être et d’une meilleure connaissance de soi. Partant de ses
    travaux et du constat fait sur le manque d’attention des élèves en classe, je propose de
    tester l’hypothèse selon laquelle la pratique du yoga en classe permettrait d’améliorer
    leur attention, leur mémorisation, ceci permettant une meilleure entrée dans les
    apprentissages.

1
  France. Ministère de l’Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports. Bulletin Officiel du Ministère de
l’Education Nationale du 14 février 2002
2
  Flak, M., Coulon De, J. 1985. Des enfants qui réussissent, Le yoga à l’école, Edition Desclée de Brower.

                                                        6
I- Pourquoi faire pratiquer le yoga aux élèves de l’école primaire ?
               1- Les difficultés des élèves
               Si les enfants sont à l’école entre autre pour apprendre, encore faut-il qu’ils soient
    dans de bonnes conditions pour cela, même si les pratiques du maître sont « idéalement »
    adaptées. En effet si les enfants n’écoutent plus comme le constataient déjà en 1980 Denise
    Chauvel et Christiane Noret3, conseillères pédagogiques, on peut avancer plusieurs causes
    à cela :
         - La fatigue est un premier facteur à prendre en compte résultant du rythme de vie des
    enfants, pas toujours adapté à leurs besoins naturels.
         Les travaux de chrono psychophysiologie ont révélé les variations des fonctions
    cognitives de l’enfant au cours de la journée. Les études montrent l’existence d’une baisse
    des performances vers 13h, et de deux augmentations à 11h et 16h (Testu, d’après
    Dévolvé4). Ainsi, les difficultés d’apprentissages seraient au moins en partie, liées au
    moment de l’apprentissage même.
        Le sommeil nocturne, pas toujours suffisamment long est également un facteur
    important dans la fatigue des enfants. Ils ont en effet besoin d’être couchés tôt pour
    bénéficier d’un sommeil de qualité.
    -   La stimulation excessive imposée par la vie moderne est un autre facteur à considérer.
    L’abus de télévision, provoquant sur stimulation visuelle, auditive et mentale2 provoque
    une sur excitation du mental, sans compter les changements permanents de chaînes
    (zapping), qui habituent ainsi les élèves à avoir une attention de courte durée.
    -   L’état émotionnel de l’enfant est également un facteur important à prendre en
    compte,        car    il   existe    un     impact      réel        des     émotions     sur   l’attention.
    En effet, d’après une étude effectuée en psychologie cognitive6 l’anxiété notamment,
    biaise l’attention des sujets et entraîne une réduction des ressources attentionnelles
    disponibles pour les tâches cognitives à accomplir.                       Cela se traduit au niveau du
    comportement         par   l’agitation    des    élèves,       et    l’incapacité   de    se   concentrer.

3
 Chauvel D., et Noret C. 2001.Apprenez à relaxer vos enfants de 2 à 7 ans, à l’école et à la maison, Editions
Retz.
Chauvel D., et Noret C. 1980. Apprenez à relaxer vos enfants en les amusant, Editions Retz.
4
  Delvolvé N. 2000.Une école et l’aménagement des horaires. Toulouse : INRP.28 décembre 2005. Disponible
sur Internet :
6
 Lemaire P.1999. Psychologie cognitive. De Boek et Lacier SA. Bruxelles : Département De Boek, Université
Paris.

                                                      7
Ainsi, les tensions des élèves et les rythmes physiologiques déphasés influent sur le
    comportement des élèves mais encore et surtout ont un retentissement important sur
    l’attention et la mémorisation de ces derniers. Or, ce sont bien les éléments indispensables
    à tout apprentissage. Comment parvenir à aider les enfants à entrer dans ces
    apprentissages ?

            2- Le yoga à l’école : origine, apports, méthode
            2-1- Le yoga en général.
        C’est une pratique datant d’il y a plus de 4000 ans, développée en inde par des Yogis.
    Le mot yoga signifie « union » du corps et de l’esprit. Cette discipline est la mère de
    toutes les méthodes de relaxation, de celles proposant des étirements doux (stretching, gym
    douce) ou celles proposant des techniques précises pour se relaxer. C’est un sage nommé
    Patanjali qui, à une date incertaine, a transcrit la pratique du yoga jusque là transmise
    oralement, afin de « baliser » le chemin menant l’être humain à la pleine possession de sa
    santé physique et mentale7.
        De façon générale, la pratique du yoga comprend des postures d’étirement, des
    exercices de respiration, et des exercices de relaxation. L’étirement de toute la chaîne
    musculaire du corps, par différentes postures, permet d’en dénouer les tensions, l’attention
    est portée sur les sensations ressenties pendant et après l’étirement. Cela permet une prise
    de conscience du corps dans sa globalité. De même, la prise de conscience de la respiration
    et l’attention prolongée sur celle-ci permet de calmer les pensées et de recentrer la
    personne qui le pratique. Cette écoute intérieure permettant de mieux habiter son corps,
    induit un mieux être propice à la confiance en soi. De plus, les postures agissent en
    profondeur sur la colonne vertébrale, dont elles entretiennent la mobilité et la statique, tout
    en activant les système nerveux central et sympathique, ce qui permet une stimulation
    douce et physiologique des grandes fonctions végétatives8.

7
 Flak, M., Coulon De, J. 1985. Des enfants qui réussissent, Le yoga à l’école, Edition Desclée de Brower.
8
 André van Lysebeth dans Calecki M., Thévenet M., Techniques de bien-être pour les enfants- Expression
corporelle et yoga, Edition Armand Colin Bourrelier.

                                                      8
2-2- Le RYE : Recherche sur le Yoga dans l’Education
             C’est une association pédagogique loi 1901, sans but lucratif, fondée en 1978, par
     des éducateurs, pour des éducateurs, reconnue au titre de la formation permanente de
     l’Education Nationale. Fondée par Micheline Flak, professeur d’anglais dans la région
     parisienne, et Jacques de Coulon, professeur de philosophie en Suisse, elle a pour objectif
     de développer la pratique du yoga à l’école, par la formation des enseignants et formateurs
     d’IUFM intéressés. L’enseignement du yoga pour les enfants est ainsi effectué dans
     quelques IUFM (Créteil, Versailles, Orléans, Strasbourg) en formation continue et initiale
     par des intervenants du R.Y.E9. J’ai participé à la mise en place d’un atelier Yoga à
     l’IUFM de Perpignan dans le cadre de l’Association Sportive.
             Si le projet est ambitieux, et ne fait que débuter en France, en Italie la pratique du
     yoga en classe est appliquée dans toutes les écoles, depuis juin 2000.
             2-3-Apports
            Le corps et l’apprentissage
            L’importance des sensations, des émotions dans l’apprentissage est mise en
     évidence par les plus récentes orientations des sciences de l’éducation. Ainsi, Nicole
     Dévolvé10 explique brièvement           dans son ouvrage à destination des parents, que les
     émotions sont le chef d’orchestre de l’ensemble interdépendant métacognition-
     compréhension-accès aux connaissances- émotions. De même que le stress et les rythmes
     biologiques déphasés peuvent influer sur le comportement, l’attention et la mémorisation
     des élèves, quelques étirements et une prise de conscience de la respiration permettent de
     recentrer les élèves sur eux-mêmes et donc de les rendre plus apte à l’apprentissage de
     nouvelles notions.
            Le travail sur la respiration représente une véritable éducation à la santé. Elle a une
     valeur préventive en réduisant les risques d’infection des voies respiratoires. La respiration
     complète (exercice présenté plus loin) permet une meilleure irrigation du cerveau, et
     favorise ainsi la mémorisation et la concentration11. Remède contre le trac et l’anxiété, la
     respiration ample désamorce les effets négatifs que peuvent apporter de fortes émotions.

9
  La revue du R.Y.E, L’YX n°11, 2004-2005.
10
   Delvolvé, N. 2004. Mon enfant cet élève, Toulouse : Edition Milan.
11
   Flak, M., Coulon De, J. 1985. Des enfants qui réussissent, Le yoga à l’école, Edition Desclée de Brower.

                                                       9
L’amélioration des facultés cognitives
            D’après Micheline Flak, on reconnaît aujourd’hui que la relaxation et la
     visualisation améliorent l’acquisition des connaissances intellectuelles, la créativité, et la
     performance sportive.
            Elle cite une étude conduite à l’Université de Haïfa, avec 197 étudiants divisés en 2
     groupes, qui aurait montré que le groupe d’étudiants entraînés à pratiquer l’observation et
     l’exploration rationnelle d’eux-mêmes, la relaxation et des exercices de respiration
     profonde, d’affirmation positive, de confiance en soi, de visualisation, ont obtenu une
     amélioration de leurs fonctions cognitives que l’on a mesurées par une batterie de tests
     établis à cet effet. Il aurait été intéressant de pouvoir consulter ces tests, afin de constater
     les moyens de mesurer ces paramètres.
            Egalement, l’université de Sydney aurait lancé une recherche sur les effets du yoga
     sur les enfants atteints d’hyperactivité12.
            Un article extrait de la revue L’école libératrice13 relate également une thèse menée
     à l’université de Besançon, sur la relaxation et l’apprentissage de la lecture.
            Plus récemment, Nicole Dévolvé, de l’IUFM Midi-Pyrénées fait des recherches sur
     la relaxation et ses effets sur l’apprentissage à l’école primaire. Dans les deux mémoires
     qu’elle a dirigé (ceux de Christine Lozes14 et Perrin Caroline15 en 2004), les élèves ont
     auto- évalué les effets de la relaxation, d’après des grilles construites ensembles, traduisant
     leurs ressentis après la séance. Les items retenus pour le QCM sont : (je me sens) mieux,
     reposé, concentré, motivé pour travailler, énervé.
            Il est intéressant d’amener les élèves à s’interroger sur leur ressenti, mais cette
     méthodologie semble toutefois peu objective, elle peut introduire un biais non négligeable
     (donner la réponse attendue par la maîtresse) dans l’expérience. Si on veut la maintenir, il
     semble toutefois nécessaire de la coupler à d’autres méthodologies comme l’observation
     du comportement de l’élève, les entretiens individuels, et le dessin entre autres.
            N’ayant pas trouvé de références démontrant expérimentalement les effets de la
     pratique de yoga ou de relaxation sur l’attention, même si tout le monde l’admet, c’est
     donc ce que je tenterai de démontrer. Ayant effectué au cours de mes études universitaires
     des études sur le comportement, je mettrai en place ce type d’étude pour cette recherche.

12
   Les techniques RYE, Propositions pour une méthodologie adaptée à l’école.
13
   L’école libératrice n°9. 18 novembre 1989. Edition Ecole et Collège.
14
   Lozes, C. 2003-2004. La relaxation en classe peut-elle aider au bien être de l’élève et favoriser ses
apprentissages, Mémoire professionnel, IUFM de Toulouse.
15
   Perrin C. 2003-2004. La relaxation au service des apprentissages, Mémoire professionnel, IUFM de
Toulouse.

                                                       10
2-4- Exercices simples à pratiquer en classe
              Voici quelques exercices de yoga pouvant être pratiqués en classe. La progression
      suit les différents niveaux de l’échelle de Patanjali 16 :
              1- Vivre ensemble : premier élément essentiel pour un bien-être collectif, le plaisir
      d’être ensemble gouverne toute progression vers un but commun (on peut noter que le
      terme se retrouve dans les Instructions Officielles de 2002 tout au long des cycles de
      l’école primaire).
      - Les prénoms : on se présente chacun son tour.
      - Le courant qui passe : en ronde, on se tient la main, une personne commence en disant
      son prénom, puis serre doucement la main de son voisin de gauche, celui-ci à son tour dit
      son prénom et serre ensuite la main de son voisin de gauche et ainsi de suite pour revenir à
      la première personne. Puis sans dire son prénom, puis le courant part vers la droite.
      - Le tableau magique : les enfants sont 2 par 2, l’un derrière l’autre ; l’un fait le tableau en
      présentant son dos, l’autre fait celui qui va écrire sur le dos de son copain.
              •     vérifier que les montants du tableau sont bien solides : celui qui va écrire se
      place derrière son camarade et lui soulève les épaules en prenant les bras et en relâchant,
      l’autre doit se laisser faire.
              •     effacer le tableau avant de commencer
              •     écrire un chiffre entre 0 et 5, le tableau doit montrer avec ses doigts le chiffre
      qu’il a senti, si c’est juste, on tape doucement sur son épaule, si c’est faux, on fait une croix
      sur le tableau, on efface et on recommence.
              •     effacer le tableau et faire un autre chiffre.
              Inverser les rôles. L’exercice peut se faire également avec des lettres, des mots.
              2- Nettoyage de la maison corps : Ce nettoyage par l’élimination des toxines se
      fait par le déblocage et l’assouplissement des articulations (mains, poignets, épaules, tête,
      yoga des yeux).
      - Nettoyage de la maison
              Les élèves sont assis par terre ou sur leur chaise.
              •     pieds : « Porter votre attention sur vos pieds, écarter les orteils, les fermer 5
      fois, pied flex, pied tendu 5 fois. »
              •     chevilles : « Tourner dans un sens puis dans l’autre 5 fois. »

16
     Flak, M., Coulon De, J. 1985. Des enfants qui réussissent, Le yoga à l’école, Edition Desclée de Brower.

                                                        11
•    mains : « Doigts vers le haut, doigts vers le bas 5 fois, tourner dans un sens
puis dans l’autre. »
        •    coudes : « Bras tendus, amener vos mains aux épaules puis revenir bras tendus
5 fois. »
        •    épaules : « Mains sur les épaules, faites des cercles avec le bout de ses coudes
d’avant en arrière puis inversement. 5 fois. »
        •    cou : « Avant/arrière, droite/gauche, vers oreille droite/oreille gauche, tourner
dans un sens puis dans l’autre 5 fois de chaque. »
- Le bûcheron : exercice de respiration purifiante permettant de libérer les tensions.
        Les élèves sont debout.
        « Vous allez imiter le bûcheron qui coupe du bois dans la forêt.
        •    En expirant, penchez-vous légèrement en avant et saisissez une hache
imaginaire : placez vos deux poings fermés l’un au-dessus de l’autre.
        •    Inspirez à fond par le nez en lavant la hache au-dessus de la tête. Redressez-
vous bien.
        •    Expirez fortement par la bouche en proférant le son « HA » et en abaissant les
bras qui tiennent la hache, comme si vous vouliez fendre un gros tronc…Allez-y de toutes
vos forces
        •    Restez les poumons vides , bras et tête en bas quelques instants.
        •    Recommencez deux fois l’exercice. »
- Yoga des yeux : cela permet de relâcher les tensions dans les globes oculaires, et de
muscler également les muscles oculaires agissant dans l’adaptation de la vision (vision
lointaine/ proche).
        Les élèves sont assis à leur table.
        •    « Vous frottez les mains l’une contre l’autre et vous les placez en coque sur les
yeux, paupières closes.
        •    Regardez alternativement en haut en bas plusieurs fois, puis à gauche- à droite
de même, puis en diagonale.
        •    Puis effectuez des cercles avec vos yeux dans un sens puis dans l’autre. »
        3- Se mettre en bonne posture : il est important d’apprendre aux élèves à ne pas
laisser le corps se tasser et le dos s’arrondir, en veillant à maintenir une posture droite. On
respire d’abord avec son          dos : le redressement de la colonne vertébrale facilite
l’articulation des côtes avec les vertèbres, tout en libérant le jeu du diaphragme et les

                                              12
organes de la digestion17 . Le redressement et l’entretien journalier de la colonne
      vertébrale, appelée « arbre de vie » ont un retentissement positif sur le comportement
      psychique et la santé physique.
      - Position debout correcte
                •    Prise de contact avec le sol : « Répartissez l’appui du corps sur la plante des
      pieds. »
                •    Genoux : « Tournez légèrement les rotules vers l’extérieur. »
                •    Bascule du bassin : « Fléchissez légèrement les genoux, ventre rentré et fesses
      légèrement serrées. »
                •    Haut du dos : « Rapprochez les omoplates, en abaissant les épaules, détendues,
      vers l’arrière. »
                •    Nuque : « Rentrez légèrement le menton de façon à ce que la nuque soit droite
      mais non raide. »
                •    Détendre le visage
      - Position assise rectifiée
              Les pieds sont à plats sur le sol, le dos droit mais pas appuyé sur le dossier de la
      chaise, dégager le cou des épaules et amener le menton sur la gorge. Détendre bien tout le
      corps et respirer tranquillement dans la position
      - Petite salutation au travail
                •    Prendre la position assise rectifiée, sur l’inspir lever les bras au-dessus de la
      tête.
                •    Sur l’expir, plier les bras, croiser les doigts derrière la tête, exercer une forte
      poussée sur la tête comme si on voulait la faire pencher en avant, cependant elle résiste et
      tient bon.
                •    Sur l’inspir, rester bien droit et ferme, les coudes bien écartés vers l’arrière.
                •    Sur l’expir, descendre lentement en planche inclinée. Le dos reste parfaitement
      plat et le mouvement s’arrête quand la poitrine touche la table. La nuque ne doit pas
      s’arrondir.
                •    Sur l’inspir, remonter lentement dos plat et tête bien placée, reprendre la
      position droite rectifiée.
                •    Sur l’expir, ramener lentement les bras le long du corps.

17
     Michel Roy in : La revue du R.Y.E. l’Y.X. n°11, 2004-2005.

                                                      13
L’exercice permet de tonifier les muscles de la colonne vertébrale. Il est inspiré de
la salutation au soleil, exercice courant de la pratique du yoga.
        4- Bien respirer pour garder son calme : De nombreuses expressions populaires
(prendre la temps de souffler, être à bout de souffle, avoir le souffle court, avoir le souffle
coupé) sont une preuve directe du lien existant entre le souffle et le mental. Le travail sur la
respiration est bénéfique autant dans la journée pour calmer le mental, que le soir pour
faciliter l’endormissement.
- Respiration consciente :
        « Installez-vous confortablement le dos droit. Sentez bien vos narines, bouche
fermée. Placez votre attention dans cette zone, et sentez l’air entrer et sortir. Ne cherchez
pas à modifier l’amplitude respiratoire, constatez simplement l’état de la votre. »
- La respiration complète (Sentir les trois respirations) :
        •      Respiration abdominale et diaphragmatique : « Placez une main au dessus du
nombril et l’autre un peu au dessus. Faites sortir l’air par le nez et remarquez qu’un creux
se fait sous vos paumes. Inspirez et à l’inverse, sentez vos mains repoussées en avant. Ceci
constitue une respiration refaites en plusieurs. »
        •      Respiration thoracique : « Les mains, doigts repliés, sont placés en dessous du
creux des aisselles. En respirant, constatez le jeu d’accordéon des côtes qui se soulèvent et
s’abaissent. »
        •      Respiration claviculaire : « Les mains sont placées au creux des clavicules,
doigts tendus vers le haut de la poitrine. Sentez cette zone bouger avec votre souffle. »
- La bulle :
        Position de départ : debout, corps replié le plus possible sur lui-même, tête rentrée
        ƒ      « Inspirez, la bulle s’emplit d’air : étirer et déplier le corps, s’arrondir comme
une bulle
        ƒ      Expirez, la bulle se dégonfle peu à peu, revenir à la position de départ. »
        ƒ      Répéter l’exercice 2 ou 3 fois.
- Le serpent qui siffle : C’est un exercice de respiration purifiante qui permet d’éliminer les
tensions, et l’agressivité.
        Les élèves sont assis à leur table, la tête est penchée en avant, les mains sur la table.
        « Inspirez profondément en restant tête penchée, puis expirez vigoureusement en
contractant l’abdomen, en sifflant l’air entre vos dents, redressez la tête et regardez vers le
haut. Gardez les poumons vides un instant et ramenez la tête sur la poitrine. »
        Reproduire 3 fois l’exercice.

                                                 14
5- Savoir se relaxer : La nécessité des périodes de repos pendant les périodes
d’apprentissage pour que l’imprégnation des connaissances à acquérir se fasse est
démontrée par de nombreuses études scientifiques. Le traitement de l’information se fait
pendant les périodes de repos, quand le cerveau n’a plus rien d’autre à traiter : en fermant
les portes des sens pour se brancher aux espaces intérieurs, tel une tortue qui rentre dans sa
carapace. Ce changement de régime permet de se recentrer et de récupérer ses énergies.
- La pause parking : Les élèves sont assis, les bras croisés sur leur table et la tête dans les
bras. Le silence règne. Les élèves se mettent à l’écoute de leur respiration.
- Le fermeture des portes : Les élèves sont assis, dos droit. Le maître montre l’exercice
avant que les élèves ne le fassent : « Supposons que notre tête soit une maison, nos yeux et
nos oreilles en seraient des portes. Pour reposer les yeux, on peut fermer les paupières et
poser très doucement les index sur la ligne des cils. Avec les pouces, je ferme les oreilles,
et je n’entends plus. Quand vous aurez fermé vos portes, vous entendrez très bien votre
souffle, comme des vagues sur le sable de la plage. Vous compterez sept vagues. Puis
doucement, vous retirerez les mains et ouvrirez les yeux. »
- L’abeille : exercice de respiration calmante. Les élèves sont assis à leur table.
       « Fermez les yeux et bouchez vos oreille avec les pouces, écoutez le son de votre
souffle qui traverse votre corps. Puis fermez la bouche, et rendez ce son plus audible en
faisant « mmm » sur l’expir. »
       6- Savoir se concentrer : La concentration est la capacité à fixer son attention
jusqu’alors dispersée, sur un objet précis.
- Ecoute des bruits extérieurs puis intérieurs :
       Les    élèves   sont   assis,   la   tête     dans   les   bras   croisés   sur   la   table.
« Portez votre attention sur les bruits les plus lointains que l’on puisse entendre à
l’extérieur, puis sur les bruits les plus proches à l’extérieur de la pièce.
Ecoutez les bruits à l’intérieur de la pièce.
       Ecoutez chacun vos propres bruits, le passage de l’air dans les narines, de bruit de
son ventre, peut-être de son cœur.
       Maintenant je suis à l’intérieur de moi, je sens que je suis bien. Mes jambes sont
lourdes, mes bras sont lourds, je me sens bien.
       Je rend mes jambes légères, mes bras légers, et je m’étire dans tous les sens en
baillant. »

                                                15
- Exercices de respiration et d’écoute de celle-ci (vus précédemment): la respiration
     complète, respiration calmante. Ils permettent de stimuler la concentration.
            Tous ces exercices ne sont que des exemples à pratiquer en classe pendant quelques
     minutes seulement pour éviter l’effet contraire de l’effet recherché : la dissipation des
     élèves. Il est important d’apprendre aux enfants à pratiquer pour eux, en oubliant toute
     compétition.    La consigne doit être adaptée au public pour des raisons évidentes de
     compréhension.
            D’autres exercices peuvent être pratiqués pendant des moments plus longs, comme
     en EPS.18
            - posture du chat : se mettre à quatre pattes, genoux légèrement écartés, jambes
     parallèles, baisser la tête, regarder le nombril, rentrer le ventre, arrondir le dos en expirant.
            - posture du chien : relever la tête le plus haut possible, lever le postérieur en l’air,
     creuser les reins au maximum pour faire avec le dos une petite cuvette, en inspirant.
            - la pince : assis les jambes allongées, le dos droit, lever les bras à la verticale en
     inspirant, se pencher en avant, le dos plat, lentement et d’un façon continue en expirant.
     Attraper les mollets ou les chevilles, tirer le corps en direction des pieds. Respirer plusieurs
     fois normalement dans la posture, se redresser lentement en inspirant.

            3- Les instructions Officielles à l’Ecole Primaire

            La Loi d’Orientation 1989 soulignait l’intérêt de respecter les besoins de l’enfant,
     notamment la prise en compte des rythmes d’apprentissages de chaque élève.
            Mettant l’accent sur l’épanouissement de l’enfant, les instructions officielles 2002
     soulignent l’importance de la connaissance du corps de l’élève pour la construction de sa
     personne :
            Cycle I : « L’école doit offrir à l’enfant l’occasion d’élargir le champ de ses
     expériences dans des milieux et des espaces qui l’aident à mieux se connaître et à
     développer ses capacités physiques.
            La découverte du corps dans sa globalité et dans ses différentes parties, leur
     désignation, sont sources d’intérêt pour le jeune enfant. »
            Cycle II et III : « L’EPS permet l’acquisition de compétences et connaissances
     utiles pour mieux connaître son corps, le respecter et le garder en bonne santé. »

18
  Calecki M., Thévenet M. Techniques de bien-être pour les enfants, expression corporelle et yoga. Paris :
Armand Colin Bourrelier.

                                                     16
Ainsi, la connaissance de son corps est un facteur important apparaissant dans les
Instructions Officielles.
       De même, dans la présentation résumée des objectifs du cycle II (p 74 dans
Qu’apprend-on à l’école élémentaire ? et p 24 dans Qu’apprend-on à l’école
maternelle ?), à propos du travail d’interprétation des œuvres littéraires à mettre en place
en classe, « autant d’occasions de donner sens et consistance au texte écrit, qu’il s’agisse
de poésie et de prose, avec un travail sur le souffle et le corps qui renforce la confiance
en soi ». Le yoga est bien une pratique permettant de travailler le souffle et le corps comme
nous venons de le voir à travers les différents exercices présentés. Les Instructions
Officielles reconnaissent bien l’effet de cette pratique sur le mental des élèves et
encouragent son utilisation.

       II- La pratique de stage
       1- Mise en pratique pendant le SR1
       1-1- Protocole
       La classe était une classe double niveau CE1-CE2 dans un milieu rural, avec 23
élèves, dont 6 suivis par le RASED, mais aucun avec de gros problèmes de
comportements.
       L’objectif était de se familiariser avec la pratique du yoga à l’école et de voir les
réactions des élèves afin de pouvoir mieux            tester l’effet de cette pratique sur leur
comportement et leur apprentissage par la suite. L’hypothèse principale est que la pratique
du yoga devrait permettre l’augmentation de l’attention des élèves.
       L’attention n’est pas une valeur facilement mesurable. L’ayant étudiée à
l’université, je me suis servi de ce précédent travail pour établir le protocole. J’ai ainsi
choisi de quantifier l’attention des élèves par les manifestations comportementales de
l’inattention, qui lui est inversement proportionnelle. La capacité de concentration a une
durée limitée au delà de laquelle des pensées parasites viennent troubler l’attention.
Souvent accompagnées de fatigue, elles sont source d’un conflit interne, extériorisé sous
forme de gestes et attitudes dont le sujet prend rarement conscience :
        -   les changements de positions,
        -   le changement de direction du regard,
        -   les mouvements autocentrés : lorsque l’individu se touche le visage, les
            cheveux, les mains…
        -   les bavardages, rires avec les voisins,

                                            17
-    la manifestation de signes de fatigue : bâillement…
            Les observations sont effectuées pendant des phases de travail individuel
   silencieux. Les phases d ‘observation sont de 10 minutes chacune. L’ambiance générale de
   la classe est appréciée le plus objectivement possible par l’observateur, puis les 4 élèves
   choisis sont observés : 2 élèves suffisamment rapprochés dans l’espace sont observés
   simultanément pendant 5 minutes, puis 2 autres de la même façon. Lors de chaque phase
   d’observation, tous les gestes appartenant au répertoire précédant, caractérisant
   l’inattention est relevé.

            L’auto-évaluation a également été utilisée : l’appréciation de la pratique a été
   demandée par écrit à la fin des trois semaines de stage.

            Planning des exercices de yoga
                                              7/11 8/11 9/11 10/11 14/11 15/11 17/11    18/11 24/11
                                                                               ½ classe
Vivre ensemble
Autoportraits écrits                           x
Les prénoms                                    x
Tableau magique                                                                x
Courant qui passe                                                              x
Nettoyage de la maison corps
Déblocage des articulations                        x            x   x          x        x     x
Etirements                                                      x   x          x        x     x
Le bûcheron
Yoga des yeux
Posture
Debout / arbre                                                  x                             x
Assise / pharaon                                                    x    x              x
Respiration calmante
Respiration consciente                                                   x              x
Respiration complète
La bulle                                                                       x
Le serpent qui siffle
Relaxation
Pause parking                                               x
Fermeture des portes
Concentration
Ecoute des bruits extérieurs puis intérieurs       x        x
Exercices de respiration et écoute de celle-ci                                                x

   7/11 :        - Annonce du projet aux élèves dés le premier jour du stage « Nous allons faire
   des petits exercices de yoga, surtout dans les moments où vous vous sentez fatigués, où il
   est difficile de se mettre au travail ».
                 - Présentation de chacun à l’écrit et échange des productions (dans le cadre
   d’un projet sur la réalisation d’un trombinoscope écrit/ dessiné)

                                                       18
9/11 :        - Questionnement des élèves « A quels moments de la journée vous sentez vous
fatigués quand vous êtes à l’école ? de quels moyens disposez-vous pour vous reposer ? à
l’école ? Et à la maison que faites vous quand vous êtes fatigués ? ». Les réponses sont
notées au fur et à mesure alors que les élèves interviennent oralement.
24/11 :       - Répondre individuellement par écrit et de façon anonyme au questions
suivantes :
« Qu’avez-vous ressentis lors des petits exercices de yoga que nous avons fait ? Qu’en
avez-vous pensé ? Comment avez-vous trouvé cela ? Comment vous sentez-vous après ces
exercices ? plus détendu, plus calme, ou cela ne vous fait-il rien du tout ? » (L’accent a été
mis également sur la nécessité de répondre franchement.)

          1-2- Résultats
          Verbalisation des élèves
          D’après les élèves, les moments de fatigue dans la journée sont le matin, surtout en
début et fin de matinée, et en début d’après midi. Les moyens de se reposer à la
maison sont : écouter de la musique, regarder la télé, dormir, colorier ; les moyens de se
reposer à l’école : mettre les coudes sur la table et la tête dans les bras.
          Tout le monde participait activement à cet échange collectif. Les élèves ont semblé
très touchés que l’on puisse s’intéresser à eux sous cet angle là : comment leur fatigue à
l’école pouvait bien intéresser quelqu’un ?
          Observation des comportements
          - Les élèves ont été un peu surpris de la pratique au début, beaucoup verbalisaient
leur ressenti, mais ils sont globalement bien rentrés dans l’activité. Les exercices de
nettoyage de la maison corps étaient devenus comme un rituel chaque demi journée où je
prenais la classe, et cela permettait d’établir une ambiance sereine et détendue dans la
classe pour se mettre au travail par la suite.
          - La séance du 9/11 en milieu d’après-midi était nécessaire vu l’état d’excitation
des élèves, en partie dû à la pluie et à l’impossibilité de se défouler en récréation. Ils
étaient particulièrement réceptifs et ont été vraiment détendus pour poursuivre la journée
dans de bonnes conditions.
          Peu d’observations de comportement selon le protocole initial ont été réalisées
compte tenu de sa lourdeur. En effet, ce protocole demande d’être appliqué dans des
conditions identiques qui sont des exercices écrits individuels. Or, ce type de tache n’a pas
été suffisamment souvent effectué par les élèves.

                                              19
Appréciation finale des élèves
   Les productions écrites sont en annexe 2. Sur 23 élèves, 22 appréciations ont été positives,
et une seule négative. Les productions intégrales se trouvent en annexe 2.

   Analyse des textes des élèves
         On peut extraire                   plusieurs        thèmes          de   ces    réponses       d’élèves :

Appréciation de            « j’aime bien la (le) yoga », « j’ai trouvé ça bien », « je trouve ça dur » , « j’aime faire du
l’activité elle même
                          yoga » (2 reprises), « j’aime le yoga « (2 reprises), « le yoga j’adore ça », « ça m’a plu » (3
                          reprises), « moi j’aimais tout », « j’aimais bien », « j’ai bien aimé », « je crois que j’aime
                          bien le yoga », « j’aime un petit peu le yoga », « j’aime bien les exercices » ;
Effets
Sensation générale
                       « ça m’a fait du bien » (10 reprises), « ça ne m’a pas fait du bien » ,« ça me fait rien »
Sensation de détente   « je me suis bien détendu et après je me suis senti en forme », « ça m’a détendu », « je me suis
                       détendu » (2 reprises), « j’ai bien senti »,
Sensations précises    « ça ne m’a pas chauffé les yeux », « ça me tire » « tout a lâché » ;
                       « j’étais contente de faire ça car c’était rigolo »
Emotion
Réinvestissement       « je le referai chez moi quand je me sentirais mal », « à la maison ou en classe, je le ferai »,
possible               « « des fois j’en ferai chez moi »(2 reprises), « Quand tu seras partie, j’en ferai quand je serai
                       fatigué ».
Exercices cités        « bouger la tête en haut en bas à gauche à droite », « on frottait les mains et on les mettait sur
                       les yeux », « les étirements des animaux »,
Connaissance ou        « non je ne connaissais pas », « je connais », « je ne connaissais pas »
non connaissance
du yoga

            1-3- Discussion

            Si ce premier stage était l’occasion pour moi de découvrir le métier d’enseignant, il
   m’a permis également de mettre en place la pratique du yoga en classe, et d’affiner mon
   protocole en vu du prochain SR.
            En effet, si je reste persuadée de l’effet positif de la pratique du yoga en classe, la
   difficulté est de le prouver « scientifiquement » avec un réel souci de rigueur
   pédagogique, surtout après une période de 3 semaines de pratique en classe seulement.
            ƒ      L’observation du comportement des élèves était difficile à mettre en place
   pendant une durée de 10 minutes.                      L’hypothèse étant que le nombre d’items
   caractéristiques d’un manque d’attention doit diminuer, doit se faire pendant une tâche

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précise, identique entre les deux périodes comparées (avant et après 3 semaines de pratique
de yoga).
        ƒ   Seuls quelques élèves doivent être observés.
        ƒ   Des tests d’attention et de mémorisation devraient permettre d’appuyer les
résultats de l’observation comportementale.
        ƒ   On peut regretter dans l’appréciation finale des élèves le manque de liberté
dans les réponses données, probablement due à une question initiale trop fermée.
        ƒ   Le fait de les faire s’exprimer à l’écrit sur la pratique est une situation
d’écriture intéressante pour les élèves comme pour le maître, puisque différents thèmes de
l’ordre du sensible sont abordés par les élèves : sensations, appréciations, projection dans
le futur.
     Il me semble opportun de citer le cas d’une élève très refermée sur elle même, très
tendue lors de la visite préparatoire avant les vacances et au début du stage, qui s’est
transformée au cours des trois semaines : elle s’est épanouie, se tenant plus droite,
souriante, s’est mise à participer à l’oral. Sa mère est même venue nous rendre visite à
l’école pour s’entretenir avec nous de cette transformation soudaine. Si il est clair que l’on
ne peut mettre cette transformation seulement sur le compte de la pratique du yoga, il est
évident pour moi que c’est un des facteurs qui lui a permis de s’épanouir.
     Enfin, si les effets de la pratique ont été perceptibles chez les élèves, même si cela est
difficilement démontrable, les bénéfices de cette pratique pour l’enseignant sont évidents :
ces moments privilégiés permettent d’installer une atmosphère calme et sereine en classe,
ils ont l’avantage de faire baisser la pression et de diminuer les tensions des élèves et de
l’enseignant qui s’en trouve ainsi davantage disponible par la suite, ce qui est
également indispensable pour une bonne qualité des apprentissages.

        2-Mise en pratique pendant le SR2
        2-1- Protocole
        La classe était une classe CM1-CM2 de 23 élèves (4 CM1- 19 CM2),
particulièrement agités, pour lesquels le cadre de l’attitude à avoir en classe n’était pas
fixé.
        Après le premier SR, j’ai mis en place un nouveau protocole pour tenter de
démontrer que la pratique du yoga pouvait améliorer l’apprentissage des élèves. J’ai choisi
de continuer d’observer le comportement des élèves mais il fallait mettre au point des tests
pouvant mesurer la mémoire et l’attention visuelle et auditive des élèves. Ne trouvant

                                            21
aucun exemple correspondant à cela dans les ouvrages consultés, j’ai choisi de les monter
      moi-même, en cadrant ces « expérimentations » selon la psychologie cognitiviste, c’est à
      dire en élaborant des tâches telles qu’elles et leurs performances puissent être facilement
      analysées, tout en comportant les même caractéristiques (ou une partie) que les tâches que
      les sujets accomplissent quotidiennement19 . Dans son ouvrage P Lemaire reprend les
      différentes définitions de l’attention, chacune permettant d’aborder un aspect de
      l’attention :
                      •   Capacité à sélectionner une partie des stimuli présents dans notre
                          environnement,
                      •   Forme de concentration mentale,
                      •   Ce qui nous permet un accès conscient au contenu de notre mémoire.
              A l’école, les stimuli sont majoritairement visuels et auditifs. Ainsi, le jeux des 7
      erreurs m’a semblé un exercice bien adapté pour mesurer l’attention visuelle, puisqu’il
      s’agit de déceler les 7 différences existant entre deux dessins apparemment identiques. De
      même, il m’a semblé que le fait de devoir traiter un énoncé oral de façon simple (noter les
      initiales de chaque mot), en même temps qu’une musique perturbatrice était diffusée, m’a
      semblé représentatif d’une situation de classe (dans laquelle la musique est plus souvent
      remplacée par un bruit de fond).
              La mémoire est une activité biologique et psychique qui permet d’emmagasiner, de
      conserver et de restituer des informations. Il existe deux types de mémoire : la mémoire à
      court terme (stockant de petites quantités de connaissances pendant peu de temps), et la
      mémoire à long terme dont la capacité est en principe illimitée. Il existe également
      différentes parties de la mémoire stockant les différents types d’information auxquelles un
      sujet peut avoir affaire au cours de sa vie : la mémoire épisodique concerne les
      évènements, la mémoire sémantique est relative aux connaissances générales et
      encyclopédiques sur le monde et le langage, la mémoire déclarative concerne les
      informations relatives à la fois aux connaissances générales encyclopédiques et aux
      souvenirs personnels, la mémoire procédurale concerne les connaissances relative à la
      manière de faire quelque chose20.
              Si l’ensemble de ces types de mémoire sont sollicités à l’école, l’apport
      d’information empruntant plusieurs canaux (visuel, auditif principalement), il fallait

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     Lemaire P.1999. Psychologie cognitive. Bruxelle : De Boeck Université, Paris.
20
     Lemaire P.1999. Psychologie cognitive. Bruxelle : De Boeck Université, Paris.

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trouver une tâche type de situation scolaire pouvant servir à mesurer la mise en mémoire.
      Si l’apprentissage d’une liste de mots par cœur est fréquemment utilisée en psychologie
      cognitive21, cette tâche ne me semblait pas représentative d’une situation de classe. Aussi,
      j’ai choisi d’en inventer deux plus représentatives à mon avis, mettant en jeu le canal
      auditif, et le canal visuel :
               -    la lecture d’une histoire à haute voix par le maître, que les élèves doivent
                    immédiatement restituer à l’écrit : cet exercice demande une attention
                    auditive importante, compréhension, mise en mémoire partielle pour une
                    restitution correcte. Cette tâche sera effectuée pour évaluer la mémoire
                    auditive.
               -    la mise en mémoire pendant un temps bref d’une série de figures, puis leur
                    restitution immédiate à l’écrit. Cette tâche sera effectuée pour évaluer la
                    mémoire visuelle.
      Les hypothèses et les protocoles correspondants sont donc les suivants :
      Hypothèse générale : La pratique du yoga en classe permet d’améliorer l’attention et
      la mémorisation des élèves.
              Cette hypothèse générale est décomposée en 4 sous-hypothèses pour pouvoir être
      vérifiée. A chaque sous-hypothèse correspond un ou deux tests nécessaires à effectuer pour
      la valider ou l’invalider.
      Sous-hypothèse 1 : Les items comportementaux de l’inattention diminuent quand les
      élèves pratiquent le yoga.
       Pour l’observation du comportement des élèves, la grille du SR1 est reprise, l’observation
      est effectuée pendant des phases de 1 min 30s sur les 4 mêmes élèves à chaque fois, pour
      plus de cohérence, pendant une tâche précise d’une durée de 10 minutes: l’écriture du
      résumé d’une histoire entendue, tâche d’écriture individuelle. Les élèves sont filmés, de
      dos, classe entière avec un appareil numérique, après autorisation préalable des parents. Le
      film est analysé par la suite : les gestes considérés comme signes d’une baisse de
      l’attention sont comptabilisés.
      Le nombre de ces gestes devrait augmenter entre les 2 séries de tests.
      Sous-hypothèse 2 : L’attention visuelle est améliorée par la pratique du yoga.
      Le jeu des 7 erreurs à trouver entre 2 dessins pendant une durée de 3 minutes a été utilisé.
      Le nombre d’erreurs trouvées devrait augmenter entre les 2 séries de tests.

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     Lemaire P.1999. Psychologie cognitive. Bruxelle : De Boeck Université, Paris.

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