Deux cents ans de rectorat l'académie d'Amiens - pour académie Amiens

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Deux cents ans de rectorat l'académie d'Amiens - pour académie Amiens
Deux cents ans
                                    de rectorat
                                        pour
                               l’académie d’Amiens

                    académie
CRDP
ACADÉMIE D’AMIENS     Amiens
Deux cents ans de rectorat l'académie d'Amiens - pour académie Amiens
Réalisation : service édition du CRDP de l’académie d’Amiens.
Maquette et mise en pages : Christophe Malric, François Dumont.
ISBN 978-2-86615-354-0
© CRDP de l’académie d’Amiens, rectorat de l’académie d’Amiens, 2009.
Dépôt légal juillet 2009.
Deux cents ans de rectorat l'académie d'Amiens - pour académie Amiens
1808                                                                                                                                    2008
Sommaire
Introduction
par Anne-Sancier Chateau                                         7

Grandes dates de l’académie d’Amiens                             8

Le recteur, une création de Napoléon
maintenue par la monarchie                                     10

Les successions rectorales de 1809 à 1848 à Amiens             12
                                                                               La nouvelle académie d’Amiens                             26
Le rectorat, lieu de travail du recteur                        14
                                                                               Les successions rectorales depuis 1964 à Amiens           28
Le recteur et l’enseignement supérierur                        16
                                                                               Robert Mallet, premier recteur
                                                                                                                                               
Le recteur et l’enseignement secondaire                        18              de la nouvelle académie d’Amiens                          30

Le recteur et l’enseignement primaire                          20              Une fonction rectorale renouvelée                         32

La fin du rectorat à Amiens (1848-1854)                        22              L’académie d’Amiens aujourd’hui                           34

L’action des recteurs de 1854 à 1964                           24              Des relations partenariales avec les autorités locales    36

                                                                               Comment s’organise le rectorat ?                          38

                                                                               Le recteur, responsable régional du système éducatif      40

                                                                               Le quotidien du recteur                                   42

                                                                               Entretien avec le recteur Anne Sancier-Chateau            44

                                                                               Deux cents ans de rectorat pour l’académie d’Amiens       46

                                               1808 Deux cents ans de rectorat pour l’académie d’Amiens 2008
Deux cents ans de rectorat l'académie d'Amiens - pour académie Amiens
Deux cents ans de rectorat l'académie d'Amiens - pour académie Amiens
1808                                                                                                        2008

       1808-2008, l’académie d’Amiens fêtait ses deux cents ans.
       Cette année 2009 s’inscrit dans la continuité de ce bicentenaire puisqu’en août 1809, le premier recteur
       de l’académie d’Amiens, Louis-Urbain de Maussion, prenait ses fonctions.

       C’est pourquoi, en cette rentrée, j’invite les écoles et les établissements à prolonger la célébration de
       cet anniversaire par le biais d’un ouvrage qui vient compléter l’exposition itinérante 200 ans de rectorat
       pour l’académie d’Amiens, toujours disponible gratuitement auprès du Centre régional de documentation
       pédagogique (CRDP) de l’académie d’Amiens.

       Réalisé, comme l’exposition, par le CRDP de l’académie d’Amiens, ce livre reprend in extenso les textes
       rédigés pour l’exposition itinérante par Claude Lelièvre, professeur d’histoire de l’éducation à l’université
       Paris V et Bruno Poucet, professeur d’histoire de l’éducation à l’université de Picardie Jules-Verne.           
       Historique, esthétique, pratique, accessible à tous, l’ouvrage, comme l’exposition, donne à connaître
       l’académie et les établissements scolaires qui en sont autant les racines que le cœur. Tous deux offrent
       l’occasion de percevoir, au-delà des aspects de l’histoire académique, la multiplicité des efforts accomplis
       depuis deux siècles par l’État mais aussi par les collectivités et les élites locales pour développer les
       structures éducatives.

       Il portera, auprès de nos élèves et de la communauté éducative et pour les prochaines décennies, la
       mémoire de l’académie d’Amiens.

       Je vous en souhaite une bonne lecture,

       Anne Sancier-Chateau
       recteur de l’académie d’Amiens.

                              1808 Deux cents ans de rectorat pour l’académie d’Amiens 2008
Deux cents ans de rectorat l'académie d'Amiens - pour académie Amiens
Grandes dates de l’académie d’Amiens
    1802-1808                                               Rattachement de l’académie d’Amiens                             La nouvelle académie d’Amiens (1964)
    1802 : loi du 1 er mai sur la création des              à celle de Douai, puis de Lille                                 1959 : ordonnance Berthoin du 6 janvier portant
    lycées.                                                 1848 : création des vingt académies républicaines               prolongation de la scolarité obligatoire à 16 ans ; loi
    1803 : création du lycée d’Amiens.                      par la loi du 7 septembre 1848 – l’académie                     Debré du 31 décembre 1959 sur les rapports entre
    1804 : création de l’école de médecine d’Amiens.        d’Amiens supprimée est répartie entre l’académie                l’État et les établissements d’enseignement privé.
    1806 : loi du 10 mai qui crée l’Université              de Douai (Somme), de Reims (Aisne) et de Paris                  1964 : création de l’académie d’Amiens par décret
    impériale.                                              (Oise).                                                         du 9 juin (Aisne, Oise et Somme).
    1808 : décret du 17 mars qui organise l’Université      1850 : la loi Falloux du 15 mars crée quatre-vingt-             1966-1968 : création des facultés d’Amiens :
    impériale.                                              six académies départementales : Amiens, Beauvais                médecine, lettres, droit.
                                                            et Laon sont siège d’une académie.                              1969 : création de l’université de Picardie dont le
    La première académie d’Amiens                           1854 : la loi du 14 juin crée seize académies.                  premier président est élu en 1971.
    (1809-1848)                                             La Somme et l’Aisne dépendent de l’académie                     1968 : loi d’orientation du 12 novembre, dite loi
    1809 : nomination le 24 août du premier recteur de      de Douai, l’Oise de celle de Paris. Création des                Edgar Faure sur l’enseignement supérieur.
    l’académie d’Amiens et le 15 décembre des deux          inspections académiques de l’Aisne, l’Oise et de                1972 : création de l’Université de technologie de
    inspecteurs de l’académie.                              la Somme.                                                       Compiègne.
    1810 : nomination du secrétaire de l’académie,          1876 : ouverture de l’école normale de jeunes filles            1975 : loi du 11 juillet relative à l’éducation dite loi
    début de son fonctionnement. Elle est composée des      de la Somme à Amiens.                                           Haby sur le « collège unique ».
    trois départements de l’Aisne, l’Oise et la Somme.      1880-1886 : loi Camille Sée sur l’enseignement                  1989 : loi d’orientation sur l’éducation du 10 juillet
    Ouverture de la faculté des lettres à Amiens dans       secondaire des jeunes filles (21 décembre                       dite loi Jospin.
    les locaux du lycée.                                    1880), lois Ferry sur la gratuité (16 juin 1881),               1991 : création de l’IUFM de l’académie d’Amiens
   1811 : installation de l’académie au 13, rue royale     l’obligation et la laïcité (28 mars 1882), loi Goblet           (par fusion des écoles normales et du centre péda-
    (emplacement de l’actuel musée) dans l’ancien           [maire d’Amiens] sur l’organisation générale de                 gogique régional créé en 1952).
    arsenal.                                                l’enseignement primaire (30 octobre 1886).                      2005 : loi d’orientation sur l’avenir de l’École du
    1812 : organisation du conseil académique (10           1881 : création de l’école normale de jeunes filles             23 avril 2005.
    membres).                                               de l’Aisne à Laon.                                              2008 : intégration de l’IUFM de l’académie d’Amiens
    1816 : suppression de la faculté des lettres            1884 : ouverture des écoles normales de garçons                 à l’université de Picardie Jules-Verne.
    d’Amiens.                                               et de filles à Beauvais.
    1818 : le rectorat quitte l’arsenal et s’installe rue   1887 : l’académie de Douai devient l’académie de
    Saint-Jacques, puis en divers lieux de la ville.        Lille, par transfert du siège de l’académie de Douai
    1831 : ouverture de l’école normale de garçons de       à Lille.
    la Somme à Amiens.                                      1919 : loi Astier du 25 juillet sur l’organisation de
    1833 : loi Guizot du 28 juin sur l’instruction          l’enseignement technique.
    primaire.                                               1941 : création de l’école de droit à Amiens.
    1833 : Ouverture de l’école normale de garçons de       1962 : le département de l’Aisne est détaché de
    l’Aisne à Laon.                                         l’académie de Lille et intégré à la nouvelle académie
                                                            de Reims.

                                                            1808 Deux cents ans de rectorat pour l’académie d’Amiens 2008
Deux cents ans de rectorat l'académie d'Amiens - pour académie Amiens
AD 2T416.
                                                                                                                             

                                                                Affiche organisant le baccalauréat ès lettres
1808 Deux cents ans de rectorat pour l’académie d’Amiens 2008   dans l’académie d’Amiens, alors que la faculté
                                                                des lettres a érté supprimée.
Deux cents ans de rectorat l'académie d'Amiens - pour académie Amiens
Le recteur, une création de Napoléon maintenue par la monarchie
                                                                                                                                  Combien gagne le recteur ?
                          À  partir de 1808, un
                             recteur est le chef de
                          l’académie, circonscrip-
                                                                Il préside le conseil académique et approuve
                                                                la liste des ouvrages destinés aux écoles. À
                                                                partir de 1816, il nomme et révoque les ins-
                                                                                                                                  Le recteur, initialement, ne devait pas être
                                                                                                                                  payé. Il l’a finalement été. Ses émoluments
                            tion territoriale de l’Uni-         tituteurs et partage ses compétences avec le                      annuels de 6 000 francs en font sans conteste
                             versité impériale ; elle           préfet et le curé qui surveillent également les                   le premier personnage de l’académie : loin
                             recouvre le territoire de          écoles primaires. Le recteur, à partir de 1824,                   devant le proviseur du lycée (classé en troi-
                             la cour d’appel. Celle             ne contrôle plus que les aspects pédagogiques                     sième classe) qui, comme l’inspecteur, gagne
                           d’Amiens comprend les                des établissements confessionnels. À partir                       3 000 francs, le secrétaire 2 000 francs. À
                          départements de l’Aisne,              de 1833, il doit veiller à mettre en place des                    cette somme s’ajoutent des frais de tournée
                        de l’Oise et de la Somme.               écoles normales.                                                  ou de représentation.
                    Le recteur contribue à unifier
              l’espace national et à répandre une               Le recteur, chef de l’université

                                                                                                                                       AD 2T12.
     culture commune. L’académie commence                       dans l’académie
     réellement à fonctionner en 1810.                          Le recteur de l’académie, placé sous les ordres
                                                                du Grand Maître de l’Université, est nommé
     La fonction de recteur                                     pour cinq ans et aussi longtemps que le Grand
     Le recteur gouverne l’académie et assiste aux              Maître le juge utile. Il réside dans le chef-
     examens des facultés, délivre les diplômes rati-           lieu de l’académie. Il                                          AD 2T12.

     fiés par le Grand Maître. Il entend les rapports           représente
     sur l’administration des facultés, des lycées              l’Université
10   et des collèges : il en contrôle les dépenses et           devant les
     la discipline. Il doit récolter le vingtième des           autres corps
     frais de pension versés par chaque élève des               constitués
     établissements secondaires : c’est souvent                 et participe
     difficile à obtenir.                                       à l’anima-
     Il fait surveiller les autres établissements               tion de la vie
     d’enseignement ou d’éducation par les ins-                 culturelle de la
     pecteurs d’académie. Il visite lui-même des                cité. Il occupe
     établissements et fait établir un registre du              la septième
     personnel : ainsi en 1811, il part en tournée à            place dans
     Péronne, en passant par Albert, il poursuit vers           la hiérarchie
     Saint-Quentin et revient à Amiens en passant               universitaire.
     par Roye. En 1837, il part en tournée pendant
     onze jours de Montdidier à Château-Thierry, en
     passant par Compiègne et Soissons.

                                Compte sommaire des frais de tournées en 1836 (détail).

                                                                1808 Deux cents ans de rectorat pour l’académie d’Amiens 2008
Deux cents ans de rectorat l'académie d'Amiens - pour académie Amiens
AD 2T43
                                                                                                                                                                             11

                                                                                                                     Lettre de Fontanes, Grand Maître de l’Université impériale,
Budget de l’exercice de 1836 avec les rétributions   1808 Deux cents ans de rectorat pour l’académie d’Amiens 2008   du 8 janvier 1810 au recteur sur le découpage de l’académie.
Deux cents ans de rectorat l'académie d'Amiens - pour académie Amiens
Les successions rectorales de 1809 à 1848 à Amiens
                                                                                                                         Louis-Urbain de Maussion (1765-
     L  ’académie d’Amiens a été dirigée par onze
        recteurs de 1809 à 1848.
                                                         (A.-L. Boubé à Metz, puis Orléans,
                                                         J.-J. Soulacroix à Lyon, puis au ministère,
                                                         L. Camaret à Douai). D’eux d’entre eux sont
                                                                                                                         1831) : une longévité inégalée
                                                                                                                         Premier recteur de l’académie, originaire de
     Les recteurs de l’académie d’Amiens                 mis à la retraite à l’issue de leur passage à                   l’Yonne, il est le recteur napoléonien. Licencié
     originelle (1809-1848) :                            Amiens (J.-M. Guillon, P. Martin).                              en droit, officier de marine, professeur d’his-
     Oise, Somme, Aisne                                  Trois sont titulaires d’un doctorat ès lettres                  toire ; après avoir été recteur à Amiens, il est
     Louis-Urbain De Maussion                            (Dijon, P. Durand, L. Camaret), ou d’un doctorat                nommé préfet de la Meuse. Après sa retraite
     (24 août 1809-10 juin 1815)                         ès sciences (A.-L. Boubée, J.-J. Soulacroix),                   en 1817, il devient membre du Conseil royal
     Honoré Dobignie                                     d’un doctorat en théologie (l’abbé Dallery), l’un               de l’Instruction publique. Il est l’organisateur
     (10 juin-2 septembre 1815)                          d’une agrégation d’histoire (P. Martin), deux                   de la première académie.
     Alphonse-Louis Boubée de Lespin                     d’une simple licence (L.-U. de Maussion et
     (2 septembre 1815-avril 1818)                       J.-M. Guillon) ou même du seul baccalauréat                     Pierre Martin
     Jean-Baptiste Dijon (avril 1818-mars 1823)          (S. de Coiffier, ancien député).                                (1793-1864)
     Simon de Coiffier de Moret                          L’itinéraire professionnel des recteurs com-                    Recteur pendant 14
     (juin 1823-février 1826)                            prend généralement une période dans l’en-                       ans (du 7 janvier 1833-
     Chanoine Louis-Gabriel Dallery                      seignement (dans un collège communal ou                         au 23 juin 1847).
     (mars 1826-novembre 1826)                           royal, ou comme précepteur dans une famille                     Parisien, né en 1793,
     Jean-Marie Guillon (mars 1827-août 1830)            noble), suivi d’une fonction administrative                     agrégé d’histoire, le rec-
     Pierre Durand (août 1830-juillet 1832)              (quatre ont été proviseurs, sept inspecteurs                    teur Martin, après une
     Jean-Joseph Soulacroix                              d’académie). C’est après quarante ans que                       carrière dans divers collè-
12   (juin 1832-janvier 1833)                            l’on devient recteur (quatre d’entre eux), ou                   ges et lycées, doit sa pro-
     Pierre Martin (juin 1833-juin 1847)                 après la cinquantaine (trois d’entre eux), voire                motion à ses qualités, mais
     Louis Camaret (octobre 1847-septembre 1848)         au-delà (deux recteurs), l’accès à 37 ans est                   également à ses années
                                                         une exception, au début d’une carrière féconde                  de préceptorat auprès de
     Les recteurs restent en fonction environ trois      (A.-L. Boubée).                                                 petits-neveux de Talleyrand
     ans, cinq d’entre eux font exception : L.-U. de     Les recteurs sont aidés par un secrétaire, un                   dont il est un temps secré-
     Maussion (six ans), P. Martin (quatorze ans), les   garçon de bureau et un ou deux employés de                      taire (1818-1821). Inspecteur
     trois derniers pour leur brièveté (à peine trois,   bureau, chargés de tenir l’abondante correspon-                 d’académie à Montpellier
     sept et neuf mois).                                 dance, d’adresser les circulaires du ministre.                  (1830-1833), il termine sa
     Trois des onze recteurs sont des nobles, un est                                                                     carrière à Amiens et prend sa
     ecclésiastique (le chanoine Dallery). Trois sont    Secrétaires de l’académie d’Amiens                              retraite. Il met en œuvre la loi
     morts en fonction (l’abbé Dallery, J.-B. Dijon      (1810-1848)                                                     Guizot, doit faire face à l’aug-
     et S. de Coiffier). Quelques-uns ont poursuivi      M. de Villemagne (1810-1814)                                    mentation de la charge de tra-
     leur carrière après leur passage à Amiens : soit    M. Puzos (1815-1816)                                            vail (envoi de 3 000 circulaires).
     comme préfet (L.-U. Maussion dans la Meuse,         M. Devallée, secrétaire provisoire                              Il sillonne son académie, préside
     puis membre du Conseil royal de l’Instruction       (1817-1819)                                                     les commissions d’examen. À la retraite, il se
     publique, secrétaire général du ministère de        Pierre Vérany (1819-1830)                                       montre un adversaire de la politique religieuse
     l’Instruction publique), soit comme recteur         Pierre François Candas (1830-1848)                              italienne de Napoléon III.

                                                         1808 Deux cents ans de rectorat pour l’académie d’Amiens 2008
AD 2T43.

                                                                                                                                                                    13

Lettre circulaire n° 1 du recteur du 31 janvier 1810 annonçant
sa nomination ainsi que celle des deux inspecteurs de l’académie.

                                                                                                                                                                     AD 2T12.
                                                                    1808 Deux cents ans de rectorat pour l’académie d’Amiens 2008   Lettre de Fontanes, 9 janvier 1809.
Le rectorat, lieu de travail du recteur
     Où loge le recteur ?                                 cette académie dans une autre ville de son                             Le personnel rectoral
     Rien n’est prévu pour loger le recteur. « Il n’est   arrondissement où elle serait assurée de jouir                                 Le premier recteur est aidé par deux inspec-
     dû de logement à aucune des personnes qui            des avantages que les actes du Gouvernement                                    teurs particuliers d’académie : MM. Dobignies
     occupent des places dans l’académie. Si néan-        lui ont assurés. » (Lettre du 28 mai 1818).                                    et De Clausel. Ils sont chargés d’inspecter et
     moins dans le local choisi pour l’établissement,     Finalement, la ville loge provisoirement le rec-                               de surveiller les écoles, les collèges, les insti-
     il se trouvait quelques parties où le recteur        teur en face du lycée rue Watelets, puis dans                                  tutions et les pensions : examiner les mœurs,
     pût se loger et placer son bureau, la ville n’y      le cloître de l’abbaye des Prémontrés (actuelle                                surveiller la discipline et le personnel, le pro-
     mettrait pas d’obstacle ; mais elle n’aurait pour    salle Dewailly). Le rectorat déménage de nou-                                  grès des études, veiller à la bonne adminis-
     cela à faire aucune dépense et elle n’entrerait      veau provisoirement en 1839, puis en 1848.                                     tration financière des collèges, améliorer la
     pour rien dans les dispositions qui pourraient                                                                                      qualité de l’enseignement primaire. C’est une
     être nécessaires pour approprier, soit à cet                                                                                        fonction de suppléance du recteur.
     usage, soit à quelque autre de même nature,                                                                                         Le recteur dispose d’une administration diri-
     une portion quelconque de l’édifice. » (Circulaire                                                                                                   gée par un secrétaire d’acadé-
     de Montalivet du 23 juin 1810.)                                                                                                                      mie et un employé, aidé par
     Le conseil municipal de la ville d’Amiens offre                                                                                                      deux garçons de bureau. Le
     le 27 juillet 1810 une indemnité temporaire                                                                                                           secrétaire de l’académie est
     de logement de 1 700 F. Par ailleurs, le préfet                                                                                                       secrétaire du conseil acadé-
     demande au maire le bâtiment de l’arsenal                                                                                                              mique, gardien des archives
     13, rue Royale (future rue de La République,                                                                                                           et du sceau, chef du secré-
     ancienne rue des Rabuissons), pour loger le                                                                                                            tariat de l’académie. Il tient
14   recteur, ses bureaux et la faculté des lettres.                                                                                                         le registre des élèves, celui
                                                                                                                                                              des enseignants et celui de
     Déménagement                                                                                                                                             la rétribution scolaire. Lui
     Mais en mars 1816, le ministre de la Guerre                                                                                                               et ses aides remplissent
     réclame ce bâtiment pour le matériel de                                                                                                                   les tâches administratives
     l’artillerie. Par manque d’argent, ni la ville                                                                                                             du recteur : expédition
     ni l’Instruction publique ne veulent payer les                                                                                                             des brevets de capacité
     dépenses. La ville espérait loger l’académie                                                                                                                pour enseigner à l’école
     dans le collège royal (lycée, rue Frédéric-Petit)                                                                                                           primaire, procès-ver-
     mais le proviseur, dans une lettre au préfet du                                                                                                             baux d’examens, cir-
     25 avril 1817 refuse : « Je ne puis vous dési-                                                                                                               culaires aux comités
     gner aucun bâtiment qui puisse être mis à dis-                                                                                                               cantonaux, aux maires
     position de l’administration de l’académie. »                                                                                                                des communes et aux
     Le ministre de l’Intérieur menace la ville de                                                                                                                 instituteurs, lettres et
     transférer l’administration académique : « Dans                                                                                                                rapports au ministre de
     le cas où la ville d’Amiens (ce que je ne puis                                                                                                                 l’Instruction publique,
     croire) se refuserait à assigner un local, je me                                                                                                                aux proviseurs et aux
                                                               1R29/1.

     verrai forcé de proposer le transfèrement de                                                              pr ot es ta tio n, 18 23.                             principaux.
                                                                                           ral n’est pas logé,
                                                                         Le secrétaire géné

                                                          1808 Deux cents ans de rectorat pour l’académie d’Amiens 2008
les.
                                                                                Archives départementa
Plan du rectorat.

                                                                                                                                                15

                                                                                                             Gravure de l’arsenal, fonds Duthoit.
                    1808 Deux cents ans de rectorat pour l’académie d’Amiens 2008
Le recteur et l’enseignement supérieur
     L   a fondation de l’Université impériale
         entraîne l’ouverture de deux facultés
     auprès de chaque lycée du chef-lieu acadé-
                                                       Une école pratique de santé est créée en 1804
                                                       à l’hôtel-Dieu (ruines près de l’actuel CRDP, à
                                                       Amiens). Elle prépare au diplôme d’officier de
                                                                                                                       Saint-Louis), Rothman (6e, maître élémentaire
                                                                                                                       au collège de Rennes).
                                                                                                                       « Le jury exprime son vœu pour qu’une correc-
     mique : une de sciences, une de lettres. Les      santé et non de médecin. L’enseignement dure                    tion soit rapportée aux décisions qui ont fixé à
     facultés délivrent le baccalauréat, la licence    cinq ans. Cette école se transforme en 1806                     trois seulement le nombre d’agrégés de gram-
     et le doctorat, l’un des trois grades nécessai-   en cours pratiques de médecine, de chirur-                      maire à donner dans le présent concours…
     res pour appartenir à l’Université impériale.     gie et de pharmacie. C’est la seule institution                 S’il n’est pas possible que tous soient déclarés
     Pour remplacer les professeurs de lycée           d’enseignement supérieur qui subsiste dans                      agrégés, le jury demande que les six premiers
     partant à la retraite, malades ou absents, le     l’académie jusqu’à nos jours.                                   au moins jouissent de ce titre. » Rapport du
     concours de l’agrégation (qui remonte à 1766)     Au jardin botanique, des cours botaniques                       jury, 28 septembre 1827 : le ministre refuse
     est réaffirmé. Le nouveau concours ne sera        sont délivrés. Enfin, une école de commerce                     d’accéder à cette demande.
     mis en place qu’à partir de 1821, d’abord         a ouvert brièvement ses portes, mais a dû les
     académiquement (deux à Amiens en 1825             refermer par manque d’élèves. Des cours de
     et 1827) puis nationalement à partir de 1830.     dessin, de droit, de chimie, de langues sont
     Un conseil académique assiste le recteur.         donnés, sur initiative privée ou municipale, à
                                                       Amiens et dans d’autres villes de l’académie
                                                       (Saint-Quentin, par exemple).

                                                       Un concours d’agrégation à Amiens
                                                       en 1825 et 1827
16                                                     Trois places sont mises au concours de l’agré-
                                                       gation de grammaire en 1827. Le jury est com-
                                                       posé de cinq personnes (le recteur, les deux
                                                       inspecteurs de l’académie, M. Hubert profes-
                                                       seur de rhétorique, l’abbé Vincent professeur
                                                       de seconde). Le jury a classé les quinze candi-
                                                       dats présents : Bedel (1er, bachelier ès sciences
                                                       et droit, licencié ès lettres, répétiteur à Paris),
                                                       Cadart Ferdinand (2e, né en 1800, bachelier
     Enseignement supérieur                            en 1821, régent de rhétorique au collège de
     La faculté des lettres, située dans le lycée      Saint-Pol), Delalleau Adolphe (3e, né en 1801,
     impérial, fonctionne à partir de 1810. On y       bachelier en 1822, régent au collège de
     enseigne la philosophie, les lettres latines et   Maubeuge, nommé professeur de sixième au
     grecques. Les professeurs sont les mêmes          collège d’Amiens, il est provisoirement chargé
     que ceux du lycée. Cette faculté, supprimée       en 1831 de la chaire d’histoire et souhaite se
                                                                                                                            AD2T427.

     en 1815, sera remplacée par une commission        présenter à l’agrégation d’histoire en 1832),
     des lettres d’Amiens faisant office de jury du    Joly (4e, régent de classe de sixième au collège                                                          médecine, 1847.
                                                                                                                                       Affiche pour l’école de
     baccalauréat.                                     d’Armentières), Bardin (5e maître d’études à

                                                       1808 Deux cents ans de rectorat pour l’académie d’Amiens 2008
AD2T19.
                                                                                                                                 17

Arrêté de nomination des membres du bureau d’administration du
collège de l’arrondissement académique d’Amiens, 1810.           1808 Deux cents ans de rectorat pour l’académie d’Amiens 2008
Le recteur et l’enseignement secondaire
                                                                                                                          Les bacheliers en 1809
     L   ’enseignement secondaire public et privé
         est peu développé et décerne moins
     de cent diplômes de bachelier par an, en
                                                          Lucien ; dans la Somme à Montdidier, Saint-
                                                          Acheul, Saint-Riquier, Roye. Dans ces éta-
                                                          blissements, en principe, on se prépare à
                                                                                                                          Herbette François (le 20 septembre)
                                                                                                                          Horlier (le 5 octobre)
     moyenne, dans l’académie. Il est payant et la        être prêtre, mais une partie des élèves envi-                   Lamotte (le 3 octobre)
     préoccupation du recteur est de faire rentrer        sage uniquement de passer le baccalauréat.                      Henriet, principal du collège de Château-
     la rétribution universitaire dans les caisses        Il existe des institutions dans l’Aisne (Laon,                  Thierry (le 31 octobre)
     de l’académie : l’affaire demande beaucoup           Saint-Quentin, Soissons, Marle, Pontavert,                      Jean-Baptiste Charlet (le 15 novembre)
     d’énergie et de démarches. L’enseignement            La Fère, Vervins, Flavy-le-Martel, Chevregny,                   Gérard Hanquet (le 15 novembre)
     secondaire est donné dans les lycées (pris en        Mortefontaine, Guise), dans l’Oise (Beauvais,                   Claude Pignon (le 15 novembre)
     charge par l’État), les collèges communaux           Menneville, Noyon, Senlis, Crépy-en-Valois),
     (pris en charge par les communes), les éco-          dans la Somme (Abbeville, Amiens, Flixecourt,                   En 1842, soixante-dix-huit diplômes sont
     les secondaires ecclésiastiques (à la charge         Léalvillers, Moreuil, Nesle, Roye, Péronne,                     décernés, mais soixante-dix candidats sont
     de l’évêque), les institutions et les pension-       Saint-Valery-sur-Somme).                                        ajournés. On relève les noms d’Édouard Branly
     nats (par des personnes privées). Il prépare                                                                         (a fait des études « domestiques », il est né le
     au seul baccalauréat. C’est un enseignement          Le baccalauréat                                                 12 avril 1816 dans le Pas-de-Calais à Prétefin),
     humaniste où littérature française, latin et grec    Jusqu’en 1830, cet examen se passe unique-                      Jules Baudelocque (né le 17 mars 1823 à
     occupent la place principale, les sciences étant     ment à l’oral, devant une commission de pro-                    Montdidier, études au collège royal et à l’insti-
     réduites à peu de chose.                             fesseurs de facultés qui enseignent également                   tution de Montdidier), Alfred Duméril (20 février
                                                          au lycée de garçons. Les dates d’examen sont                    1825, élève au collège royal d’Amiens).
18
     Les institutions d’enseignement en 1804              variables, en fonction de la disponibilité des
     Le lycée impérial d’Amiens est le premier lycée      candidats et des examinateurs. Ainsi, entre
     créé dans l’académie en 1804. La première            septembre et novembre 1809, sept élèves ont
     rentrée n’a lieu qu’en 1806 dans l’ancienne          obtenu dans
     abbaye Saint-Jean des Prémontrés, rue des            l’académie
     Loriots (actuelle rue Frédéric-Petit). Il remplace   leur diplôme de
     l’école centrale située dans l’ancien collège        bachelier.
     d’Amiens (en face de l’actuelle statue du
     Maréchal Leclerc). Il existe dix collèges com-
     munaux : Abbeville, Beauvais, Château-Thierry,
     Clermont de l’Oise, Compiègne, Laon, Péronne,
     Roye, Saint-Quentin, Soissons, Vervins. Les col-
     lèges particuliers comme celui de Montdidier
     et le collège Saint-Vincent de Senlis.
     On trouve les écoles secondaires ecclésias-
     tiques dans l’Aisne à Bucy-le-Long, Crouy,
     Oulchy-le-Château, Laon, Notre-Dame de
     Liesse, Soissons ; dans l’Oise à Beauvais,
                                                                                    AD2T416.

     Compiègne, Noyon, Saint-Germer, Saint-                                                                                            Affiche pour le baccalauréat à Amiens, 1845.

                                                          1808 Deux cents ans de rectorat pour l’académie d’Amiens 2008
AD2T291.
                                                                                                                        19

                                                                Le diplôme de bachelier ès lettres décerné au sieur Charlet,
1808 Deux cents ans de rectorat pour l’académie d’Amiens 2008   en 1821.
Le recteur et l’enseignement primaire
     L

                                                                                                                                                                                      AD 2T447.
         ’école primaire est payante, mais pas obli-       possession
         gatoire. Il existe aussi, dans certaines villes   d’un brevet de
     de plus de 6 000 habitants, des écoles primai-        capacité mais
     res supérieures.                                      dans la plupart
     En 1833, l’académie d’Amiens dispose de               des départe-
     2 700 écoles (1 025 dans la Somme, 752                ments, il n’y a
     dans l’Aisne et 983 dans l’Oise). Si la qualité       pas d’école de
     des maîtres s’est progressivement améliorée,          formation pro-
     la fréquentation scolaire est irrégulière : trop      fessionnelle.
     souvent, les enfants travaillant aux champs ou        Le jeune maître
     à l’usine, ne fréquentent pas l’école pendant         apprend sur le
     toute l’année ou le font pendant une durée trop       tas ou au sein
     limitée. Les maîtres, mal payés, mènent une           de cours ratta-
     vie difficile : beaucoup préfèrent ignorer ces        chés à une ins-
     absences ou être payés en nature plutôt que           titution privée.
     voir les parents retirer leurs enfants de l’école.                                                                           Brevet de capacité d’enseignement primaire, 1831.
     Instituteurs et curés constatent aussi que la loi     Former
     sur le travail des enfants de 1841 n’est pas          Beaucoup d’instituteurs sont recrutés et for-                   lieu à Amiens, puis ensuite également à l’école
     respectée. Ainsi, en 1844, le recteur estime          més par leur congrégation : Frères des écoles                   normale de Laon : la participation est déce-
     que 40 000 enfants sont excessivement pau-            chrétiennes, religieuses de la Sainte-Famille                   vante. Des conférences cantonales sont alors
20   vres et dépourvus de tout livre élémentaire.          d’Amiens, sœurs de la Providence de Laon.                       progressivement mises en place.
                                                           Pour la formation des laïcs, la grande affaire,
     Organiser une administration                          c’est la création en 1831 à Amiens de l’école                   Contrôler
     Le recteur doit organiser une administration          normale, puis plus tard de celle de Laon. Mais                  Le recteur peut également prendre des mesu-
     nouvelle. En 1830, les comités d’arrondisse-          les instituteurs de Beauvais sont formés à                      res disciplinaires à l’encontre des instituteurs :
     ment dans la Somme et les comités cantonaux           l’école normale de Versailles jusqu’en 1882.                    suspension et plus souvent révocation. Ivresse
     (Aisne et Oise) ne lui permettent pas de fournir      Comme les écoles normales ne sont ouver-                        ou ivrognerie, libertinage ou inconduite, sont
     au ministre un état exact des écoles. À partir        tes qu’aux garçons, à Amiens, les institutri-                   les motifs les plus fréquents. Il s’agit plus
     de 1836, le recteur est aidé dans sa tâche par        ces fréquentent le pensionnat normal de la                      rarement de motifs idéologiques, comme l’ir-
     trois inspecteurs primaires et autant de sous-        Sainte-Famille.                                                 réligion (à Jouy-sous-Thelle en 1821, Beauvais
     inspecteurs, non sans résistance de la part de        Dans un premier temps, les écoles norma-                        et à Compiègne en 1823, à Biarre en 1820, à
     certaines écoles congréganistes.                      les diffusent la méthode mutuelle (apparue à                    Saint-Léger-lès-Domart en 1822, Ecquencourt
                                                           Amiens dès 1816, mais également à la cam-                       en 1829) ou encore de menées politiques
     Recruter                                              pagne, à Caulincourt, à La Fère).                               (à Villers-Vermont en 1816, à Beauvais en
     Au début du xlxe siècle, il faut répondre à la        Dans un second temps, le choix est fait de                      1830).
     demande d’instruction élémentaire : toutes les        promouvoir la méthode simultanée.
     bonnes volontés sont acceptées. L’ordonnance          En 1833, le recteur organise des conférences
     de février 1816 impose théoriquement la               pour les instituteurs de l’académie. Elles ont

                                                           1808 Deux cents ans de rectorat pour l’académie d’Amiens 2008
AD 2T190.
                                                                                                                     21

1808 Deux cents ans de rectorat pour l’académie d’Amiens 2008   Arrêté créant une école normale primaire à Amiens, 1831.
La fin du rectorat à Amiens (1848-1854)
     E   n septembre 1848, le rectorat dispa-
         raît à Amiens. L’académie d’Amiens,
     démembrée, est répartie sur celles de
                                                       L’ O i s e e s t i n t é g r é e d a n s l ’ a c a d é -
                                                       mie de Paris : Hippolyte Rousselle
                                                       (février 1848-mars 1850).
                                                                                                                       Lettre du maire d’Orléans soutenant
                                                                                                                       la protestation des élus d’Amiens à propos
                                                                                                                       de la suppression de l’académie d’Amiens, 1848.
     Douai, Reims et Paris. Lors de la suppres-
     sion de l’académie de Reims, l’Aisne rejoint      Les petites académies départementales
     la Somme dans l’académie de Douai ; l’Oise        (15 mars 1850-juin 1854)
     est intégrée dans la grande académie              Somme : Jean-Baptiste Allou
     de Paris. Il ne reste plus que dix-               (mars 1850-juin 1854).
     neuf académies au lieu de vingt-sept              Aisne : Achille François (mars 1850-1852),
     en France métropolitaine.                         Charles-Joseph Hubert (1852-juin 1854).
     De 1850 à 1854, l’académie d’Amiens réta-         Oise : Pierre Laville (mars 1850-novem-
     blie n’a plus qu’un seul département. Chaque      bre 1853), Jean-Baptiste Labastide
     département comportant une académie,              (novembre 1853-juin 1854).
     Beauvais et Laon deviennent des chefs lieux
     d’académie. La France en compte quatre-           L’académie d’Amiens disparaît
     vingt-six ! On parle des « petits recteurs ».     (1854-1964)
     Leur rôle est essentiellement de contrôler et     La loi du 14 juin 1854 réaffirme le pouvoir de
     de surveiller étroitement le corps enseignant.    l’État sur l’Instruction publique : la France com-
     Ces recteurs ne sont pas exclusivement issus      prend seize circonscriptions académiques.
     de l’enseignement public. Il suffit de posséder   Jusqu’en 1964, l’administration académique
22   un titre de licence ou d’avoir exercé pendant     est assurée pour la Somme et l’Aisne par
                                                                                                                                         .
     dix ans une responsabilité administrative pour    l’académie de Douai, puis de Lille (à partir                             AM 1R29/1

     être nommé par le Président de la République,     de 1887-1888), puis brièvement par celle de
     puis par l’Empereur, en 1852. Le recteur prête    Reims pour l’Aisne (1962-1964), pour l’Oise
     serment de fidélité entre les mains du préfet.    par l’académie de Paris.
     Il est également surveillé par l’évêque du dio-   Le recteur dirige les établissements d’ensei-
     cèse. La fonction rectorale sort très affaiblie   gnement supérieur, il inspecte l’enseignement
     de cette période.                                 secondaire ; il surveille aussi l’enseignement
                                                       secondaire libre. Jusqu’à la Libération, le pré-
     Les académies républicaines                       fet conserve la haute main sur des instituteurs,
     (septembre 1848-15 mars 1850)                     mais le recteur veille sur leurs méthodes péda-
     La Somme est intégrée dans l’académie de          gogiques. Signe de son importance retrouvée,
     Douai : Henri Braive (1848-février 1849), Louis   il doit désormais être docteur. Et il reste sou-
     Camaret (février 1849-septembre 1852).            vent en place très longtemps : Georges Lyon,
     L’Aisne est intégrée dans l’acadé-                Albert Châtelet ou Guy Debeyre, ont occupé
     mie de Reims : Jacques Edom (1848-                à Lille la fonction de recteur pendant 21, 13
     décembre 1849), Bernard Forneron                  et 17 ans.
                                                                                                                                2.
                                                                                                                               AD 2T1

     (décembre 1849-mars 1850).

                                                       1808 Deux cents ans de rectorat pour l’académie d’Amiens 2008
AD 9T3616.
                                                                                                                                                              23

Lettre du 28 septembre 1848 sur l’apurement                                                                   Première page d’un rapport mensuel du recteur
des comptes de l’académie supprimée.          1808 Deux cents ans de rectorat pour l’académie d’Amiens 2008   départemental de la Somme au ministre, 1850.
L’action des recteurs de 1854 à 1964
     D    ans leur académie, les recteurs de Douai
          (puis de Lille) ou de Paris ont poursuivi
     le développement de l’Instruction publique.
                                                        De nombreux collèges communaux sont
                                                        construits ou reconstruits à Abbeville, Château-
                                                        Thierry, La Fère, Péronne, Soissons. Des écoles
                                                                                                                            raux, souhaitent que renaisse une académie
                                                                                                                            à Amiens afin de développer l’enseignement
                                                                                                                            supérieur. Par ailleurs, la gestion de plus
     Bénéficiant d’un pouvoir retrouvé grâce à la       primaires supérieures sont également créées                         en plus lourde des académies de Lille et de
     loi de 1854 et d’une longévité dans la fonc-       ou développées, par exemple à Abbeville,                            Paris, l’explosion des effectifs scolaires à partir
     tion, ils ont pu jouer un rôle important, non      Corbie, Péronne, Villers-Bretonneux.                                des années 1940, font que les recteurs sont
     seulement en matière éducative, mais aussi         Le recteur a relayé les nombreuses enquêtes                         favorables à une redéfinition du périmètre de
     en matière culturelle. Ils ont affirmé les pré-    lancées par le ministère en matière d’ensei-                        leur académie. L’académie d’Amiens pouvait
     rogatives de l’État en matière éducative par       gnement : la plus connue est l’enquête parle-                       renaître.
     rapport à l’Église catholique, en arbitrant la     mentaire de 1899, à l’initiative du député
                                                                                                                                                                         AD 99T396584.
     concurrence, parfois rude, existant entre les      du Pas-de-Calais, Alexandre Ribot, qui
     établissements publics et privés.                  aboutit à la réforme de l’enseignement
     Le recteur rédige pour le ministre un rapport      secondaire de 1902.
     mensuel sur les établissements secondaires,        En revanche, l’enseignement supérieur,
     il exerce la présidence du conseil académique      à l’exception de l’école préparatoire
     et du conseil d’université (après 1896), il ins-   de médecine d’Amiens (1804), s’est
     pecte les établissements secondaires publics.      développé essentiellement soit grâce
     Il doit aussi faire face aux circonstances         à des initiatives communales (école
     exceptionnelles : occupation prussienne, puis      de droit à Amiens en 1941, puis
     allemande à trois reprises, programmes de          école supérieure de sciences et de
24   reconstruction des nombreux établissements         lettres), soit à des initiatives privées
     scolaires, détruits pendant les deux guerres       – individus ou organismes (école de
     mondiales. L’action du recteur a été particuliè-   commerce à Amiens, école d’agri-
     rement efficace pour l’enseignement féminin :      culture à Beauvais, sur l’initiative
     création des lycées de jeunes filles d’Amiens      des Frères des écoles chrétiennes).
     (1883), de Laon, de Saint-Quentin (1897), des      Par ailleurs, des initiatives indivi-
     cours secondaires, puis des collèges d’Ab-         duelles, comme celle d’un avocat,
     beville, de Château-Thierry (1880), d’Hirson       donnent naissance à Amiens, en
     (1881), de La Fère (1878), un peu plus tard        1854, à des cours de droit com-
     de Péronne, Saint-Quentin, Soissons. Création      mercial. Pour poursuivre leurs
     des écoles normales de jeunes filles dans les      études supérieures, les étudiants
     trois départements.                                de Picardie doivent fréquenter les
                                                        facultés lilloises ou parisiennes.
     De nouveaux établissements scolaires
     On crée de nouveaux lycées, répondant ainsi        Pour une nouvelle académie
     aux vœux souvent anciens de villes, telles         Dans les années 1950, nombre
     Saint-Quentin, Compiègne, Beauvais ou Laon         d’édiles locaux, d’industriels,
     (1883).                                            voire de responsables préfecto-
                                                                                                               Enquête parlementaire de 1899.

                                                        1808 Deux cents ans de rectorat pour l’académie d’Amiens 2008
AM1R29/1
                                                                                                    25

                                                                Annonce par le recteur de Douai
1808 Deux cents ans de rectorat pour l’académie d’Amiens 2008   de la rentrée des facultés, 1866.
La nouvelle académie d’Amiens
     D    epuis 1848 – 116 ans exactement – la Picardie avait cessé
          d’être le siège d’une académie. La création de l’académie
     est le résultat d’une volonté politique nationale et d’une volonté
                                                                                           1 500 étudiants. La ville d’Amiens prenait en charge l’essentiel
                                                                                           des dépenses de fonctionnement et d’investissement et avait
                                                                                           consenti à un effort financier important sous l’impulsion de
     politique locale désireuse de contribuer au développement de                          Camille Goret, puis de Maurice Vast. Naissait ainsi, en 1958,
     la région au moment où l’on commence à parler de déconcen-                            le Centre universitaire de Picardie (CUP) : en 1961, il organi-
     tration et de régionalisation : le préfet Henri Larrieu, les maires                   sait sa première rentrée solennelle. Toutefois, cette structure
     des villes d’Amiens, Beauvais et Saint-Quentin, le président du                       était uniquement d’ordre symbolique, car les écoles étaient
     conseil général de la Somme, des universitaires (les professeurs                      scientifiquement et juridiquement subordonnées à la maison
     Perdu, Moreau, Lebesgue), la chambre de Commerce et d’In-                             mère, l’université de Lille. Son président, le recteur Guy Debeyre,
     dustrie. En 1960 est née la circonscription d’action régionale                        pouvait ainsi en inaugurant le collège scientifique universitaire
     de Picardie, après bien des hésitations du pouvoir central. Le                        déclarer « qu’il [était] satisfait de voir son université s’agran-
     recteur de Lille soutient également ce projet. L’effectif scolaire                    dir » (Courrier Picard du 21 décembre 1957).
     lui paraît de plus en plus difficile à gérer, compte tenu de la
     taille de son académie : outre deux départements picards sur                          L’acte de fondation, enfin
     trois, elle inclut les Ardennes.                                                      La section permanente du Conseil supérieur des universités
                                                                                           émet, le 17 décembre 1963, un avis favorable à la création d’une
     Une création difficile, mais voulue localement                                        académie à Amiens et à Rouen. Pour autant, certains édiles
     La décision de création d’une nouvelle académie et – à terme                          de l’Aisne auraient souhaité que le siège de l’académie soit à
     – d’une université, est rien moins qu’évidente : si le pouvoir                        Saint-Quentin, voire que l’Aisne restât attachée à Reims. Le
     central avait fait le choix de déconcentrer les universités pari-                     3 juin 1964, le Conseil des ministres prend un décret de création
26   siennes en créant des académies à Nantes, Reims et Orléans                            des académies d’Amiens et de Rouen, signé le 9 juin 1964 et
     en 1962, en revanche, il a hésité sur le périmètre à donner à                         publié au Journal officiel le 10 juin 1964 sous le n° 64-525, avec
     la nouvelle académie d’Amiens. Dans une étude de 1961, est                            effet au 1er octobre de la même année. Le 17 juin 1964, le recteur
     prévue la création d’une académie de Rouen regroupant les                             est nommé : il s’agit de l’universitaire Robert Mallet, doyen et
     départements de Seine-Maritime, Somme, Eure, Oise, le dépar-                          créateur de la faculté des lettres de Tananarive. La situation à
     tement de l’Aisne restant rattaché à l’académie de Reims dont                         laquelle il doit faire face est difficile.
     il relevait depuis 1962. Un tel projet affirmant la non-existence
     de la région picarde.                                                                 Une situation scolaire difficile
     Il ne pouvait rencontrer l’assentiment des élites locales qui                         « Les effectifs du niveau du second degré dans les établisse-
     avaient contribué, en 1941, sous l’impulsion du docteur Perdu,                        ments publics et privés s’élevaient en 1958-1959 à 45 416 élèves
     au développement de l’école de médecine et de pharmacie                               pour les trois départements picards ; ils traduisent un taux de
     (fondée en 1804), à la création d’une école supérieure de droit                       scolarisation beaucoup plus faible que celui de la moyenne
     en 1941, d’une école de notariat et d’une école de commerce                           française (25,87 % au lieu de 39 %). Le rang occupé par chaque
     en 1942, puis d’un collège scientifique universitaire en 1957 et                      département rend compte de cette sous-scolarisation : l’Oise
     d’une école de lettres l’année suivante. Cinq cents étudiants                         en effet se place au 72e rang de l’ensemble des départements
     étaient ainsi répartis dans les locaux de l’ancien évêché ou ceux                     de la France métropolitaine avec un taux de 27,6 %, l’Aisne au
     de l’abbaye des Prémontrés, ancien lycée d’Amiens. La crois-                          76e rang avec 26,1 % et la Somme au 86e rang avec seulement
     sance des effectifs était rapide, puisqu’en 1962, on comptait                         24,1 %. » (Plan d’action régionale « Picardie » AD 80 31W15.)

                                                     1808 Deux cents ans de rectorat pour l’académie d’Amiens 2008
ole de droit.
Enveloppe à en-tête de l’éc                                                                                       Organigramme du rec
                                                                                                                                     torat (1971).
 Collection particulière.

                                                                                                                                                                                27
                                                                                                                                                     Collection particulière.

Copie d’étudiant de l’école de droit,                                                                Collection particulière.
1944.

                                            1808 Deux cents ans de rectorat pour l’académie d’Amiens 2008
Les successions rectorales depuis 1964 à Amiens
     L ’académie d’Amiens, dans sa configu-
       ration actuelle, a été dirigée par dix-
     neuf recteurs depuis 1964.
                                                         1985, professeur d’histoire contemporaine.
                                                         Jean Gallot (né en 1934), recteur de 1985 à 1986,
                                                         professeur de physique.
                                                                                                                         Tanneguy Larzul (né en 1962), recteur du 13 juin
                                                                                                                         2007 au 25 juin 2008, professeur de droit.
                                                                                                                         Ahmed Charaï (né en 1957), recteur du 25 juin
                                                         Édouard Bridoux (né en 1945), recteur de 1986 à                 au 19 novembre 2008, professeur de physique.
     Robert Mallet (1915-2002), recteur de 1964 à        1990, professeur d’électronique.                                Anne Sancier-Chateau (née en 1946), recteur
     1969, professeur de littérature française.          Jérôme Chapuisat (né en 1943), recteur de 1990                  depuis le 19 novembre 2008, professeur de lettres
     Marius-François Guyard (né en 1921), recteur de     au 20 mai 1992, professeur de droit.                            modernes.
     1969 à 1970, professeur de littérature française.   Françoise Renversez (née en 1933), recteur
     Renaud Paulian (1913-2003), recteur de 1970 à       du 20 mai 1992 au 13 octobre 1993, professeur                   Avec l’appui des secrétaires généraux
     1972, professeur de sciences naturelles.            d’économie.                                                     d’académie
     Marcel Bonvalet (né en 1928), recteur de 1972 à     Claude Gour (né en 1930), recteur du 13 octobre                 M. Daumasson de 1964 à 1965
     1975, professeur de sciences de l’ingénieur.        1993 à 1995, professeur de droit.                               Jacques Mouha de 1965 à 1971
     Raymond Prieur (né en 1921), recteur de 1975 à      Alain Morvan (né en 1944), recteur de 1995                      Jean Mazel de 1971 à 1982
     1978, docteur en sciences politiques, inspecteur    au 3 juillet 2002, professeur d’anglais.                        Alain Bellet de 1982 à 1987
     général de l’Instruction publique.                  Michel Leroy (né en 1948), recteur du 31 juillet                Serge Ronchin de 1987 à 1996
     Loïc Sparfel (né en 1937), recteur de 1978 à        2002 au 15 juillet 2004, inspecteur général de                  Alain Plaud de 1996 à 1999
     1981, professeur de pharmacie.                      l’Éducation nationale.                                          Brigitte Bruschini de 1999 à 2003
     Christian Gras (né en 1935), recteur de 1981 à      Marie-Danièle Campion (née en 1953), recteur                    Laurent Gérin de 2003 à 2008
     1984, professeur d’histoire contemporaine.          du 15 juillet 2004 au 23 mai 2007, professeur de                Louis Masliah depuis 2008.
     Claude Mesliand (né en 1928), recteur de 1984 à     pharmacie.
28

     B   rillants élèves, un certain nombre de recteurs sont pas-
         sés par l’École normale supérieure. Tous sont docteurs soit
     d’État, soit habilités à diriger des recherches. Presque tous sont
                                                                                               teur d’école supérieure (trois), responsables d’administra-
                                                                                               tion centrale (deux), voire inspecteurs généraux (deux).
                                                                                               Quelques-uns, après leur rectorat, ont fait carrière dans la
     agrégés du second degré. Quelques-uns (dans les disciplines                               politique, en occupant souvent des fonctions de chargé de
     pharmaceutiques ou juridiques) sont agrégés de l’enseigne-                                mission ou de conseiller technique dans un cabinet ministé-
     ment supérieur. Il n’y a jamais eu à Amiens de recteur médecin,                           riel, ou auprès du maire d’une ville importante, voire auprès
     professeur de sciences et techniques du sport, professeur de                              d’un Premier ministre (Edouard Bridoux auprès de Jean-Pierre
     mathématiques ou de philosophie. Un recteur est donc un lit-                              Raffarin). Seul le recteur Sparfel, en devenant adjoint au maire
     téraire ou un juriste, sauf exception. Seulement trois femmes                             de Nantes, a tenu une fonction élective. Le parcours du recteur
     sur dix-neuf ont exercé la fonction, dont l’une très brièvement,                          Prieur est, lui, très atypique : il n’a jamais exercé dans l’en-
     à cause de l’alternance gouvernementale.                                                  seignement supérieur, mais a fait carrière dans l’inspection
     Même si la plupart d’entre eux ont enseigné brièvement                                    avant de devenir brièvement secrétaire d’État aux Armées avant
     dans le second degré avant d’être, pour la plupart, profes-                               d’accéder au rectorat.
     seurs d’université (dix-sept), ils ont très vite exercé des                               Le plus jeune recteur avait 41 ans à sa nomination, le plus âgé
     fonctions administratives avant d’être nommés à Amiens :                                  63 ans : la moyenne d’âge est de 50 ans. Les recteurs restent en
     que ce soit comme recteurs d’autres académies (six), pré-                                 fonction environ trois ans.
     sidents d’université (quatre), doyens de faculté ou direc-

                                                         1808 Deux cents ans de rectorat pour l’académie d’Amiens 2008
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