LE CANADA DANS LE MONDE - UNE STRATÉGIE DES RÉSEAUX MONDIAUX

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LE CANADA DANS LE MONDE
   UNE STRATÉGIE DES RÉSEAUX MONDIAUX
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LE CANADA DANS LE MONDE
UNE STRATÉGIE DES RÉSEAUX MONDIAUX

      SOMMAIRE
      La stratégie des réseaux mondiaux vise à aider le Canada à s’ouvrir au monde. Les Canadiens s’ouvrent
      au monde parce qu’ils ont beaucoup à lui offrir et que leur prospérité à long terme en dépend. Ils veulent
      que leur gouvernement soit aussi ouvert, confiant, ambitieux et pragmatique qu’ils le sont eux-mêmes.
      La présente stratégie décrit comment le gouvernement fédéral peut à nouveau assumer un rôle de leader
      auprès des Canadiens dans un monde qui évolue à toute vitesse.
      À l’instar des hiérarchies d’autrefois, ce sont les réseaux qui déterminent comment le monde fonctionne
      aujourd’hui. On acquiert de l’influence en entretenant des liens et en se plaçant au centre de réseaux. C’est
                                             tout à l’avantage du Canada puisque nous sommes réputés pour notre
                                             capacité à travailler en collaboration ; nous avons façonné de nombreux
                                             organismes multilatéraux et notre population actuelle reflète la diversité
                                             de notre monde. La Stratégie des réseaux mondiaux est conçue de
                                             manière à ce que nous tirions profit de ces atouts. Elle désigne des
                                             secteurs prioritaires où le gouvernement fédéral devrait collaborer avec
                                             l’ensemble des intervenants qui contribuent activement – le plus souvent
                                             en réseaux – à la présence canadienne dans le monde, qu’il s’agisse
                                             d’autres gouvernements, d’organisations non gouvernementales,
                                             du secteur privé, des jeunes du Canada, des universités, des groupes
                                             confessionnels, des artistes et d’autres intervenants.
                                               Au cours des prochaines années, l’engagement de notre pays envers
                                               le monde sera pluriel, et reflétera en cela nos intérêts, nos valeurs
                                               et nos capacités. Grâce à notre Stratégie des réseaux mondiaux, un
                                               gouvernement libéral veillera à :

                                                  • proposer un nouveau type d’accord bilatéral avec la
                                                    Chine et l’Inde, ainsi qu’avec d’autres pays au fil du
         « Il est temps que le Canada               temps, de manière à accorder la plus haute priorité pos-
        renoue avec le monde. Nous                  sible à l’établissement de relations fructueuses à long
        avons de formidables atouts                 terme dans les secteurs clés de l’économie, du savoir
           – notre diversité, nos res-              et de la culture et au renforcement des liens à tous les
         sources, notre technologie,                niveaux ;
        notre géographie, nos Forces
         armées les regroupements                 • renouveler nos partenariats avec les États-Unis et le
        de notre société civile, notre              Mexique et œuvrer avec ces pays dans le contexte
        histoire, notre jeunesse – qui
                                                    nord-américain et mondial ;
          sont tous faits sur mesure
              pour que nous tirions               • conclure un nouvel accord multilatéral sur l’Arctique
          profit de la mondialisation
                                                    pour encourager la coopération sur les questions socia-
            telle qu’elle se présente
         aujourd’hui. Nous pourrons
                                                    les, économiques, environnementales et relatives à la
           accomplir tellement plus                 sécurité ;
          pour nous-mêmes et avec
           les autres si nous faisons
                                                  • renverser la politique d’abandon que le gouvernement
        preuve de plus d’intelligence               actuel pratique envers l’Afrique en appuyant des procé-
           et d’ambition dans notre                 dés novateurs visant à assurer l’autonomie des Africains,
        mise en valeur de ces atouts.               à les rendre capables de se gouverner de manière stable
          Mettons-nous au travail. »                et transparente et à encourager l’investissement privé ;
           - Michael Ignatieff -
             Chef du Parti libéral du Canada
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        • mettre en œuvre une approche « pancanadienne » relativement à l’aide que notre
          pays souhaite accorder à ses partenaires des pays en développement en se fondant
          sur des concepts canadiens comme la paix, l’ordre et le bon gouvernement ainsi que
          la responsabilité de protéger ; cette approche qui tirera profit du savoir-faire et de
          l’engagement de la société civile, des entreprises et du gouvernement comprendra
          notamment une reprise des missions de maintien de la paix soutenues par les
          Nations Unies qui seront confiées à nos soldats expérimentés et chevronnés après
          la fin de leur mission de combat en Afghanistan ;

        • faire de l’autonomisation des femmes dans les pays en développement une priorité
          absolue dans le domaine de l’aide au développement ;

        • renouveler le multilatéralisme canadien en vue de participer à la création de nou-
          velles institutions et à la réforme des institutions actuelles en tenant compte à la fois
          des possibilités et des menaces qui naîtront au delà de nos frontières ;

        • mettre en œuvre une initiative de promotion de l’image de marque du Canada
          dans des marchés clés à l’étranger en insistant tout particulièrement sur la culture
          canadienne et les forces de notre système d’éducation supérieure afin de stimuler
          le commerce, l’investissement et l’influence de notre pays ;

        • mettre en valeur le dévouement des jeunes de notre pays en lançant un nouveau pro-
          gramme, le Service des jeunes Canadiens, qui appuiera le travail bénévole à l’étranger ;

        • rebâtir la crédibilité et le leadership canadiens dans les domaines de l’énergie et de
          l’environnement en travaillant avec la communauté internationale pour atténuer les
          effets des changements climatiques tout en assurant notre transition vers une écono-
          mie d’avenir moins dépendante du carbone dans laquelle le Canada offrira de bons
          emplois, sera compétitif et saura innover ;

        • enfin, se donner les moyens de poursuivre sa Stratégie des réseaux mondiaux,
          notamment en réaffectant les montants alloués pour les dépenses différentielles du
          ministère de la Défense nationale en Afghanistan après la fin de la mission de combat
          en 2011.

La Stratégie des réseaux mondiaux constitue un plan complet et cohérent qui vise à garantir la prospérité
du Canada et notre place dans un monde complexe et changeant en profitant pleinement des capacités
de tous les Canadiens.
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UNE OUVERTURE CANADIENNE SUR LE MONDE
Les Canadiens ont toujours eu un regard confiant et optimiste sur le monde, qui marie habilement
l’idéalisme contemporain et l’esprit pratique du bon vieux temps. Le goût de réussir dans le monde et avec
le monde nous définit intrinsèquement. Nous avons de tout temps voulu participer au progrès, léguer une
vie meilleure à nos enfants et redresser les torts dans la mesure du possible. Les Canadiens, qui forment
une population modeste étalée sur un vaste territoire, comprennent que ces ambitions sont réalisables
grâce à la concertation avec d’autres au delà de notre frontière. Nous jouissons de la prospérité associée à
une économie occidentale développée sans être lestés par une histoire de conquêtes. Nombreux sont ceux
qui nous accueillent, et souvent nous envient, mais rares sont ceux qui nous en veulent. Nous sommes des
partenaires fiables, des intermédiaires honnêtes, des médiateurs équilibrés et des alliés indéfectibles.

Voilà ce que nous nous racontons.

Cette perception de nous-mêmes a été modelée par notre passé. Mais dans un monde en rapide évolution,
il est essentiel que nous, les Canadiens, revoyions notre rôle, notre manière de contribuer, de défendre nos
intérêts et d’appliquer nos valeurs. Nous ne nous sommes pas encore adaptés à l’évolution du monde, qui
s’est faite à un rythme que nous n’avons pas encore réussi à saisir. N’allez pas croire que nos antécédents
dans le domaine des affaires internationales, dont nous sommes fiers à juste titre, n’ont pas d’importance.
Mais, cela est chose du passé. Nous devons maintenant appliquer à l’avenir les enseignements que nous en
avons tirés en puisant aux idées nouvelles et en délaissant les vieux débats pour répondre aux questions de
la prochaine décennie.

Lester B. Pearson est le père des missions de maintien de la paix des Nations Unies. Or, nous avons dégringolé
à ce chapitre, passant de chef de file mondial au 56e rang parmi les pays contribuant aux efforts de maintien
de la paix. Dans la pratique, ces missions sont devenues passablement plus complexes – et plus dangereuses
– que lors des décennies précédentes. Le Canada représente­t­il l’artisan de la paix et l’agent de prévention des
conflits de demain ? Si tel est le cas, comment devons­nous procéder au cours des prochaines années ?

Pierre Trudeau a piloté l’ouverture du monde sur la Chine, le Canada ayant façonné une habile
reconnaissance diplomatique en 1970 que d’autres pays ont émulée par la suite. Depuis, la Chine s’est
transformée, passant d’une économie isolée et arriérée à une puissance mondiale. Selon les prévisions, elle
pourrait même devenir la plus grande économie au monde d’ici vingt ans. Le Canada pourra­t­il à nouveau
faire figure de chef de file de l’engagement novateur avec la Chine ou s’effacera-t-il de la carte des géants
asiatiques émergents ?

Brian Mulroney a mis en pratique les valeurs canadiennes par le rôle prédominant qu’il a joué au
Commonwealth pour mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud. Cela pourrait bien expliquer pourquoi
nombre d’Africains tiennent le Canada en haute estime. Or, le gouvernement en place a supprimé
de nombreux pays africains de sa liste des priorités, a réduit les engagements à l’égard de l’aide au
développement en Afrique et a dirigé son attention restreinte vers d’autres pays. Le Canada se soucie­t­
il encore assez des plus pauvres du monde pour les soutenir au cours des années à venir et s’associer avec
une Afrique en évolution ? Dans l’affirmative, la question à débattre porte­t­elle sur les sommes qu’il convient
de consacrer à l’aide ou sur la découverte de moyens nouveaux et novateurs de renforcer les moyens des
Africains et d’enrayer la pauvreté ?

Voilà le genre de questions auxquelles le Canada doit répondre au moment où envisage son avenir, où il se
penche sur ses objectifs, ses intérêts, ses valeurs, ses défis et ses avantages dans un monde sans cesse plus
complexe. Le Canada a déjà occupé une place crédible dans les débats mondiaux, il a déjà été une source
de connaissances et d’idées nouvelles. Les Canadiens veulent à nouveau assumer de tels rôles, et ils sont en
mesure de le faire.
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LE CANADA DANS LE MONDE : RAISON D’ÊTRE DU CHANGEMENT
Les événements qui surviennent dans le monde touchent plus que jamais le Canada. Au XXIe siècle,
les décisions et événements à l’échelle planétaire se répercutent directement sur nos collectivités, nos
commerces, nos usines, nos écoles et nos gouvernements. La distance qui sépare un édifice à bureaux
à Mumbai et la rue principale d’une ville canadienne se mesure dorénavant en secondes. Si des doutes
devaient subsister quant à la croyance qu’aucun pays n’est une île, les événements mondiaux ayant marqué
le début et la fin de la première décennie du présent siècle devraient les dissiper, à savoir les attentats du
11 septembre 2001, ourdis dans les grottes éloignées d’Afghanistan, et la toute première récession et crise
financière mondialement synchronisée survenue en fin de décennie. Ces événements ont changé le Canada
même si peu ou pas de liens l’unissent à leurs causes.

La mondialisation présente tout autant de                    PROPORTION DE CANADIENS
possibilités que de dangers –pour ceux qui en
comprennent le fonctionnement comme pour
                                                      26%        NÉS À L’ÉTRANGER  24%
                                                      24%
ceux qui sont prêts à prendre les rênes.
                                                      22%
Nous figurons parmi les pays du monde qui              20%
comptent le plus sur le commerce et nous               18%
nous trouvons à la croisée des chemins                                16%
                                                       16%
géographiques et culturels de la circulation des
                                                       14%
biens, des personnes et du savoir qui relient
                                                       12%
les géants émergents d’Asie et les économies
à maturité d’Europe avec le marché nord-               10%
américain, qui représente près de 500 millions                        1991                          2020
de personnes. Les Canadiens sont des citoyens
du monde : d’ici 2020, le quart de notre population sera né dans un autre pays. Nos villes regorgent
d’immigrants courageux d’Asie, d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Amérique latine, des gens faisant partie
des peuples les plus talentueux et les plus travaillants du monde.

                                   De plus, on rencontre des Canadiens dans tous les coins de la planète.
                                   À tout moment, près de 3 millions de Canadiens vivent, travaillent et
                                   voyagent à l’étranger, dont plus d’un demi-million en Asie. De fait, près
                                   de 4 millions de Canadiens sont d’origine asiatique et plus de 1 million de
                                   Canadiens vivent aux États­Unis, ce qui fait du Canada un pays connecté
                                   avec le monde. Les avantages éventuels à tirer sont énormes, si nos
                                   décideurs commencent à reconnaître que ces faits servent des fins autres
                                   que des fins politiques nationales.

                                      Le Canada n’occupe plus la même place qu’avant sur la scène mondiale.
                                      Gouverné par un tacticien aux visées idéologiques qui n’a pas voyagé hors
                                      de l’Amérique du Nord avant de devenir Premier ministre (sauf une fois où,
en qualité de chef de l’Opposition, il a accompagné le Premier ministre Paul Martin à une commémoration de
la Seconde Guerre mondiale), le Canada a fait du surplace dans un monde évoluant à un rythme effréné. On ne
peut prétendre avoir défini la conception de la politique internationale du Canada simplement parce que l’on
est au pouvoir au moment où le Canada est l’hôte de sommets. Comme de nombreux autres Canadiens, les
libéraux croient que le gouvernement Harper se préoccupe d’affaires internationales à des fins exclusivement
tactiques, pour mieux recueillir les voix de groupes démographiques particuliers. Cette attitude a déclenché
une série sans cesse grandissante de situations embarrassantes et d’occasions manquées, dont celles-ci :

        • Lors du sommet de Copenhague sur les changements climatiques, Stephen Harper a
          jeté le discrédit sur le Canada en décidant d’y assister uniquement parce que le prési-
          dent Obama s’y rendait, pour ensuite faire obstacle à l’avancement des travaux sans
          même tenter de rapprocher les opinions divergentes des membres de la délégation
          canadienne qu’il était censé diriger.
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         • L’approche simpliste que le gouvernement Harper adopte à l’égard du conflit israélo­
           arabe et ses efforts calculés pour l’exploiter à des fins partisanes ont non seulement
           miné la crédibilité du Canada, anéantissant ainsi notre influence dans la région,
           mais aussi donné lieu à un malaise chez certains partisans d’Israël, qui craignent
           les conséquences d’une polarisation accrue au Canada.

         • M. Harper a attendu presque quatre ans après avoir été élu Premier ministre pour
           se rendre en Inde et en Chine, fait étonnant qui l’a démarqué à une époque où les
           dirigeants mondiaux s’acharnent à approfondir les liens avec les géants économiques
           émergents. Même s’il s’agit d’un fait sans précédent, il ne faut pas vraiment s’étonner
           si le Premier ministre chinois Wen lui a ouvertement reproché son retard lorsqu’il l’a
           finalement rencontré.

         • Le gouvernement Harper a de nouveau fait très mauvaise figure lorsqu’il a dû, dans
           l’embarras, subir les remontrances que la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton,
           lui a adressées sans mâcher ses mots, contrairement à son habitude, au sujet de trois
           différentes questions, et ce, en une seule visite : le traitement inadéquat d’une rencontre
           des pays de l’Arctique dû au manque d’inclusivité, le fait de ne pas avoir tenu compte des
           données concrètes et de l’expérience concernant la santé des mères dans le tiers monde
           en mettant un terme au consensus sur l’avortement qui définissait depuis de nombreus-
           es décennies la position du Canada, ainsi que l’entêtement à ne pas vouloir préciser le
           rôle du Canada en Afghanistan lorsque prendra fin sa mission de combat en 2011.

De tels ratés témoignent d’une approche sous­jacente en vertu de laquelle toute la politique étrangère
est conduite uniquement en fonction des suffrages qu’elle permet d’obtenir au pays.

Mais le Canada ne peut se permettre de continuer de prendre du retard par rapport aux pays plus
ambitieux. Personne ne nous attend. Évidemment, la situation en Afghanistan fait notablement exception.
Les troupes canadiennes se sont battues avec courage et efficacité aux côtés des alliés de l’OTAN. Nos
diplomates et nos travailleurs de l’aide humanitaire se sont également distingués dans des circonstances
particulièrement difficiles. Mais dans toutes les autres régions, et même dans toutes les autres disciplines, la
présence du Canada se fait moins sentir et le Canada perd des plumes. La réputation d’acteurs constructifs
sur la scène internationale que nous nous sommes forgée au XXe siècle est encore présente dans les
mémoires, mais elle n’est certes plus aussi vive. Ce sont des actes et non pas le souvenir d’une réputation
passée qui nous permettront de redorer notre blason.

Heureusement, des millions de Canadiens comprennent les possibilités qui s’offrent à l’échelle mondiale
et y souscrivent. Nombre de nos concitoyens, surtout parmi nos jeunes, œuvrent dans le domaine du
développement international, mènent des affaires à l’étranger et font des études ailleurs qu’au Canada. Bon
nombre de nos universités ont mis au point de nouveaux programmes d’affaires internationales pour mobiliser
et canaliser les énergies des jeunes désireux d’apporter une contribution constructive dans le monde. Nos
artistes et nos scientifiques réussissent à concurrencer des homologues comptant parmi les meilleurs au monde
et à collaborer en toute confiance avec eux. Mais leur expérience mondiale leur a appris qu’ils parviendraient
à réaliser beaucoup plus s’ils pouvaient compter sur le leadership éclairé et pratique de leur gouvernement.
Ils méritent d’avoir un gouvernement qui accepte le monde dans toute sa diversité plutôt qu’un gouvernement
qui mise sur les divisions et les soupçons.

De nos jours, les gouvernements ont leur            « Au XXIe siècle, le monde sera de plus en plus réseauté ou
importance sur la scène internationale,            branché sur l’Internet et, dans ce monde, le pouvoir ne sera
mais autrement qu’au siècle dernier. Le            pas défini en fonction du pays qui possède le plus de biens,
monde devient de plus en plus complexe,            la plus puissante économie ou la plus grosse armée. Il sera
ce qui s’avère tout autant en matière de              défini en fonction du pays qui entretient les plus vastes
conflits que d’échanges commerciaux.                         relations et qui sait comment s’en servir. »
Pendant la guerre froide, on pouvait                                        - Ann Marie Slaughter -
habituellement comprendre les conflits                  Directrice de la planification des politiques au département d’État des États-Unis,
                                                        ancienne doyenne de la Woodrow Wilson School of Public and International Affairs
et les tensions en les situant dans le
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contexte de la rivalité opposant deux superpuissances. Mais de nos jours, les nouveaux centres de pouvoir
politique et économique foisonnent dans un monde multipolaire. Au siècle dernier, nous pouvions nous
concentrer simplement sur les exportations et les importations. Or de nos jours, les stratégies commerciales
et les investissements sont dirigés par des chaînes de valeurs mondiales profondément intégrées dans le
cadre desquelles tous les éléments d’un produit fini – recherche, développement, conception, fabrication,
commercialisation, distribution, etc. – sont isolés et situés dans les régions appliquant les coûts les moins
élevés puis regroupés grâce aux technologies d’information et de transports de pointe.

Notre monde s’articule autour de réseaux, ce qui est de bon augure pour le Canada. De nos jours, l’influence
est concentrée aux centres de réseaux couvrant le globe beaucoup plus qu’au sommet des hiérarchies
d’antan . Dans un monde axé sur les réseaux, ceux qui sont les mieux connectés réussissent le mieux.
Les personnes capables de travailler au delà des frontières et des océans dans le cadre de partenariats
mondiaux, qui se connectent avec des gouvernements, le monde des affaires et la société civile, qui font le
pont entre les cultures, qui parlent différentes langues, qui préconisent la diversité et arbitrent la différence
– ces personnes excelleront au présent siècle. Et ces personnes sont canadiennes.

LE CANADA DANS LE MONDE : QUELS ÉLÉMENTS CHANGER
ET COMMENT LES CHANGER
La stratégie Le Canada dans le monde vise deux objectifs :

         • garantir la prospérité à long terme du Canada en créant les emplois de demain,
           et en s’engageant dès aujourd’hui dans le monde, avec confiance et créativité ;

         • rendre le monde plus sûr et plus sécuritaire en contribuant à améliorer les conditions
           de vie de tous, à accroître le niveau de responsabilité environnementale et à promouvoir
           le respect des droits de la personne.

Ces deux objectifs pointent vers un fait unique : nos valeurs et nos intérêts abondent dans le même sens.
Les libéraux estiment que l’individualisme et l’altruisme sont indissociables dans un monde interrelié. Il est
louable de faire ce que nous pouvons pour améliorer le sort des autres mais c’est aussi un geste intelligent.
Notre prospérité sera assurée dans un monde plus stable et plus équitable, dans un monde qui protège les
échanges commerciaux. Nos enfants pourront progresser dans la voie du succès si nous ne privons pas les
écosystèmes du globe de leur capacité de soutenir les générations futures.

La paix dans les régions agitées du globe est également importante pour le Canada en raison des
liens humains serrés qu’il tisse avec chacune de ces régions. La plupart des Canadiens faisant partie
des diasporas mondiales choisissent le Canada en raison de la paix, de la stabilité et de la prospérité
qui y existent. Ici, les nouveaux arrivants, comme tous les Canadiens d’ailleurs, peuvent résoudre leurs
différends, approfondir leur respect de la diversité, et vivre en paix et dans l’abondance. Les Canadiens de
toutes origines s’attendent à ce que leurs dirigeants n’exploitent pas des divisions ethniques pour réaliser
des gains politiques et soient toujours prêts à décourager et à condamner l’usage ou la promotion de la
violence à des fins politiques.

Évidemment, le Canada s’intéresse aussi à la prévention des conflits et de l’instabilité à l’étranger dans le
souci de maintenir sa propre sécurité. En ce XXIe siècle marqué au coin de la mondialisation, les échanges
commerciaux et l’information ne sont pas les seuls éléments à circuler rapidement. La haine et la violence
qui couvent dans les régions éloignées du globe où l’instabilité perdure peuvent rapidement traverser les
frontières et les océans. Notre sécurité est donc liée à la stabilité dans de nombreux pays.

Le vieux débat rhétorique obligeant à choisir entre les intérêts et les valeurs est dépassé. Tel est également
le cas du faux choix entre continuer d’entretenir d’étroites relations avec les États­Unis ou intensifier les
relations économiques avec les économies émergentes. Nous devons jouer sur les deux tableaux. Dans
un monde axé sur les réseaux, ces deux tableaux se renforcent mutuellement ; ils ne s’excluent pas
LE CANADA DANS LE MONDE - UNE STRATÉGIE DES RÉSEAUX MONDIAUX
LE CANADA DANS LE MONDE : UNE STRATÉGIE DES RÉSEAUX MONDIAUX   7

mutuellement. Dans une économie intégrée, le partenariat entre le Canada et les États­Unis demeure un
élément essentiel de notre prospérité. Des liens familiaux profonds et vastes continueront de nous unir, mais
il serait ridicule de continuer d’ignorer la transformation qui s’opère à l’échelle mondiale et qui voit le centre
de gravité économique se déplacer vers l’Asie. Il s’agit de comprendre comment le monde évolue et de
prendre les mesures qui garantiront le meilleur avenir possible aux Canadiens.

Miser sur les réseaux mondiaux
L’approche que les libéraux retiennent quant à la place du Canada dans le monde repose sur nos intérêts,
nos valeurs et une compréhension de la puissance des réseaux mondiaux. Un gouvernement libéral
mettrait en œuvre la toute première Stratégie canadienne des réseaux mondiaux, qui transcende ce que
les gouvernements précédents ont considéré comme des domaines distincts, à savoir la diplomatie, le
commerce, la défense, le développement international et la culture.

Pour tabler sur les forces du Canada, il faudra mettre à profit les possibilités que présentent les réseaux au
pays et à l’étranger. Le gouvernement fédéral est particulièrement bien placé pour assumer la direction
de cette tâche. Il est responsable de la présence et de la représentation officielles du Canada sur le terrain
dans tous les pays du monde, ainsi que du soutien consulaire à tous les Canadiens à l’étranger. De même,
les relations bilatérales et la participation du Canada à un large éventail d’organismes politiques et
multilatéraux spécialisés relèvent de sa compétence. Ces responsabilités officielles sous­tendent un pouvoir
essentiel de rassembler une vaste gamme d’intervenants au pays et de les relier aux sources d’influence
et d’intervention qui vont bien au delà des cercles du gouvernement fédéral. À l’étranger, le pouvoir
rassembleur du Canada est renforcé par sa réputation d’intermédiaire honnête, libre de tout passé colonial.

Or pour mettre à profit les réseaux, il faut non seulement exercer des responsabilités traditionnelles mais
aussi faire preuve d’une nouvelle volonté et de nouvelles capacités d’établir des relations et de collaborer
avec des partenaires du secteur privé, d’autres gouvernements, la société civile, l et l’ensemble des
homologues internationaux. Cette tâche incombe à ceux qui ont exploré le monde et qui le comprennent.
Elle relève de ceux qui comprennent les forces les plus durables du Canada et qui sont disposés à appliquer
des moyens nouveaux pour composer avec des défis nouveaux.

L’approche des réseaux mondiaux suppose du gouvernement fédéral qu’il exerce un leadership
nouveau genre à domicile et à l’étranger. L’époque est révolue où le ministère des Affaires étrangères et
du Commerce international détenait le monopole des intérêts du Canada à l’étranger ou des relations
économiques internationales. De nos jours, de nombreux acteurs contribuent à la présence du Canada dans
le monde, qu’il s’agisse de cadres de services de transport fournissant à la Chine du matériel roulant pour
les transports en commun, d’ingénieurs en logiciels de Waterloo faisant la conquête de marchés étrangers,
du médecin canadien ayant dirigé l’organisme Médecins sans frontières ou du génie artistique mondial
du Cirque du Soleil . Ils sont tous le reflet des intérêts et des valeurs du Canada. Ils ont réussi non pas parce
qu’ils ont exercé un pouvoir au sens hiérarchique du terme, mais parce qu’ils ont compris les besoins et les
désirs des peuples d’autres pays et ont maîtrisé des réseaux mondiaux de relations humaines.

Toutefois, aucun de ces meneurs du secteur privé, de la société civile ou du domaine culturel n’est
autorisé à énoncer les priorités et les objectifs globaux du pays à l’échelle mondiale. C’est là l’apanage
du gouvernement fédéral, à qui il incombe en outre de présenter avec dynamisme ces objectifs aux
administrations étrangères. Au bout du compte, pour obtenir des résultats concrets dans le monde
d’aujourd’hui, qui repose sur les réseaux, le gouvernement fédéral doit être disposé à collaborer avec
beaucoup plus de partenaires qu’il ne l’a fait auparavant. Un leadership du genre peut unir étroitement les
nombreuses contributions et faire en sorte qu’elles forment un tout supérieur à la somme de leurs éléments.
En rassemblant tous ceux qui peuvent contribuer à l’atteinte d’un objectif commun donné, le leadership
national peut cerner des résultats concrets à réaliser et attribuer des responsabilités concrètes. Le défi que
devront relever à la fois les dirigeants politiques et les représentants fédéraux sera donc un engagement
créatif et dynamique de collaboration avec de nombreux partenaires. Il s’appliquera à l’établissement des
priorités canadiennes particulières, à la mise en œuvre de ces priorités à l’étranger et à la mise en œuvre des
obligations qui en découlent au pays.
LE CANADA DANS LE MONDE : UNE STRATÉGIE DES RÉSEAUX MONDIAUX   8

L’approche centrée sur les réseaux propose une manière d’exercer le leadership qui témoigne d’une
excellente compréhension du changement qui s’opère sur le monde et de la façon dont le Canada peut en
tirer parti. Il ne fait aucun doute qu’un changement de fond s’impose mais, pour en comprendre le sens
véritable, il faut le définir et l’évaluer à la lumière d’actes concrets et substantiels. En délaissant la manière
de réaliser les priorités canadiennes en faveur du choix des priorités à retenir, nous devons reconnaître
que la liste éventuelle de ces priorités est presque interminable. Mais il ne s’agira véritablement de
priorités que si elles sont peu nombreuses. Les points qui suivent traitent des secteurs géographiques
d’importance, des impératifs stratégiques transversaux et des concepts déterminants qui composent la
Stratégie des réseaux mondiaux.

Les priorités de la Stratégie des réseaux mondiaux
         • Priorité accordée au projet de conclusion de nouveaux accords bilatéraux avec la
           Chine et l’Inde. Les « accords sur les réseaux mondiaux » s’inscriront dans une dé-
           marche à long terme pour approfondir les liens unissant les gouvernements, les
           industries et les autres intervenants des secteurs stratégiques régissant les relations
           économiques au XXIe siècle.

         • Revitalisation de l’engagement avec les États-­Unis et le Mexique, par la mise à profit
           de la vaste gamme d’interactions transfrontalières entre tous les pouvoirs publics, les
           entreprises, les universités, les particuliers, les groupes culturels et d’autres groupes
           non gouvernementaux.

         • Adoption, à l’égard du Nord canadien et de la région arctique internationale, d’une
           nouvelle démarche participative qui repose sur un partenariat avec les peuples du
           Nord, un engagement de confiance avec les pays nordiques et un nouvel accord
           multilatéral visant à encourager la coopération sur les plans social, économique, envi-
           ronnemental et sécuritaire.

         • Renversement de la tendance récente du Canada à s’éloigner de l’Afrique, grâce à
           des moyens novateurs qui viseront à assurer l’autonomie des Africains, à les rendre
           capables de se gouverner d’une manière stable et transparente et à encourager
           l’investissement privé.

         • Adoption d’une démarche intégrée en matière de développement humain qui se
           fonde sur les forces interreliées du Canada en matière de défense, de diplomatie et de
           développement, les trois « D ». Les États agités ont surtout besoin d’aide pour assurer
           la stabilité et la transparence de la gouvernance. Un gouvernement libéral mobilise-
           rait donc le savoir-faire canadien dans les ministères et organismes fédéraux et ailleurs.
           Notre tradition de « paix, maintien de l’ordre et bon gouvernement » fournira le
           cadre directeur de l’intégration des trois « D ».

         • Les militaires canadiens aguerris mettront en place ce programme de développement
           humain lorsque tous les efforts diplomatiques auront échoué. Ainsi, le Canada recom-
           mencera à exercer des opérations de maintien de la paix soutenues par les Nations
           Unies. Le concept de responsabilité de protéger, d’inspiration canadienne, veillera
           à ce que l’intervention militaire soit de fait une mesure de dernier recours. Toutefois,
           lorsque les États souverains n’arriveront plus à protéger leurs populations et que la
           communauté internationale se mobilisera pour mettre un terme à des torts profonds
           causés à des innocents (notamment dans le cas de génocides et de purges ethniques),
           le Canada interviendra.
LE CANADA DANS LE MONDE : UNE STRATÉGIE DES RÉSEAUX MONDIAUX   9

         • Adoption d’une approche musclée en matière de renouvellement du multilatéralisme
           canadien, qui tentera de réformer au besoin les anciennes organisations, de mettre
           sur pied de nouvelles organisations, surtout le G20, et de tirer pleinement parti de
           l’adhésion du Canada à de nombreux organismes mondiaux pour faire progresser
           l’atteinte de nos objectifs. Au pays, un gouvernement libéral travaillerait de concert
           avec les gouvernements provinciaux pour tenter d’arriver au préalable à un consensus
           et appuierait la mise en œuvre des obligations prises en compte dans les négociations
           multilatérales.

         • Instauration d’un programme de promotion de l’image de marque du Canada établi
           de concert avec le secteur privé, les artistes et les universitaires, qui fera mieux con-
           naître les forces du Canada, tout spécialement en éducation supérieure et en culture,
           dans des marchés clés à l’étranger.

         • Prise de mesures pour rebâtir la crédibilité du Canada en matière d’énergie et de
           changements climatiques. Il est primordial de reprendre le terrain perdu sur le front
           de l’emploi dans le secteur de l’énergie propre dans l’économie de demain, dont la
           dépendance à l’égard du carbone sera réduite. Pour ce faire, nous devrons adopter
           de nouvelles politiques et collaborer avec toutes les provinces et nos homologues
           internationaux.

DES ACCORDS SUR LES RÉSEAUX MONDIAUX
AVEC LA CHINE ET L’INDE
Le Canada doit faire preuve d’audace et de confiance et saisir les possibilités qui s’offrent à lui dans les grandes
économies émergentes qui façonnent l’avenir. Un gouvernement libéral tendrait la main aux principaux
partenaires et négocierait des accords novateurs qui resserreront les liens et établiront des relations de longue
durée dans les domaines de l’économie, du savoir et de la culture. Notre priorité sera d’offrir nos services pour
négocier des accords sur les réseaux mondiaux avec la Chine et l’Inde. Ces projets d’accords serviront de cadre
pour accélérer l’échange et renforcer les réseaux dans les domaines stratégiques qui tiennent dûment compte de
l’ampleur des possibilités qui existent entre le Canada et ces géants émergents. Il pourrait notamment s’agir des
domaines suivants :

         • commerce et investissements ;

         • services financiers ;

         • transports, logistique et chaînes de valeurs mondiales ;

         • enseignement supérieur, recherche-développement;

         • énergie, ressources naturelles et viabilité ;

         • eau et autres technologies et savoir-faire environnementaux ;

         • santé mondiale ;

         • salubrité des aliments ;

         • culture, loisirs et tourisme ;

         • immigration.
LE CANADA DANS LE MONDE : UNE STRATÉGIE DES RÉSEAUX MONDIAUX   10

                                                         CROISSANCE RÉELLE DU PIB                                                        China
                                                  12.0
                                                                                                                                         India
                                                  10.0                                                                                   ASEAN 5*

                   CROISSANCE RÉELLE DU PIB (%)
                                                   8.0                                                                                   Canada
                                                                                                                                         US
                                                   6.0

                                                   4.0

                                                   2.0

                                                   0.0
                                                          2008                  2009                  2010                  2011
                                                  -2.0

                                                  -4.0   * ASEAN 5: Indones i a , Ma l a ys i a , Phi l l i pi nes , Tha i l a nd a nd
                                                         Vi etna m

Nous avons besoin d’un nouveau modèle maintenant pour conclure des accords économiques bilatéraux.
Depuis l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis, peu d’innovations ont été constatées à
ce chapitre, et ce, même si, depuis, la nature des interactions économiques dans une économie mondiale
en rapide évolution a changé du tout au tout. Les exportations et importations simples de biens produits
exclusivement dans un pays et vendus dans un autre deviennent un élément de moins en moins important
dans la création de la richesse mondiale. Ce sont les flux complexes, rapides et multidirectionnels de
connaissances, de personnes et de facteurs de production des chaînes de valeurs qui régissent maintenant
la prospérité. Les gouvernements peuvent contribuer pour une large part à faciliter ces flux, mais les
politiques et réglementations qu’ils adoptent peuvent y nuire par inadvertance. L’importance des relations
qui transcendent les frontières et les océans n’a jamais été aussi grande. Dans les économies émergentes,
en particulier la Chine et l’Inde, les relations unissant les homologues des secteurs public et privé sont
devenues monnaie courante, mais elles supposent un engagement soutenu. Les accords sur les réseaux
mondiaux dicteront les mesures permanentes qui devront être prises pour favoriser les relations qui profitent
mutuellement aux parties à tous les niveaux et pour faciliter les flux qui régissent le commerce au XXIe siècle.

Au Canada, les accords sur les réseaux mondiaux témoigneront de l’engagement solide qu’un
gouvernement libéral aura pris à l’égard d’un leadership national et d’un partenariat avec l’éventail complet
des intervenants désireux de collaborer qui sont issus de tous les pouvoirs publics, du secteur privé, des
milieux universitaires et de la société civile. On fera surtout appel aux communautés des diasporas au
Canada et aux Canadiens vivant à l’étranger à titre d’éléments clés des réseaux humains qui porteront les
possibilités économiques à de nouveaux niveaux.

Les accords sur les réseaux mondiaux proposés comporteront des engagements de dirigeants du plus haut
niveau pour faciliter et soutenir l’échange formel et informel entre les différents pouvoirs publics, de même
qu’entre le secteur privé, les établissements d’enseignement supérieur et d’autres organisations intéressées
dans chacun des secteurs choisis. Ils exigeront la mise au point conjointe de programmes d’action assortis
de calendriers et de résultats à atteindre bien précis. Le gouvernement canadien s’inspirera de l’énergie et
des idées de tous ses partenaires pour cerner des initiatives novatrices qui profiteront à toutes les parties
afin d’étoffer ces accords.

Le renouvellement des missions d’Équipe Canada s’inscrira dans les accords sur les réseaux mondiaux.
Chacune de ces missions représentera une version modernisée du modèle précédent, qui a connu du
succès, et se concentrera sur un ou plusieurs des secteurs visés, s’accompagnera d’un programme officiel de
soutien de l’interaction continue plutôt que des activités ponctuelles et prévoira des visites réciproques au
Canada d’un éventail semblable de dirigeants des pays partenaires.
LE CANADA DANS LE MONDE : UNE STRATÉGIE DES RÉSEAUX MONDIAUX   11

D’autres pays pourraient aussi vouloir conclure des partenariats dans le cadre des nouveaux accords sur
les réseaux mondiaux. Le modèle pourrait réussir à faire progresser l’engagement du Canada envers des
pays comme le Brésil, la Russie, l’Afrique du Sud, la Turquie, l’Indonésie et d’autres encore, avec le temps.
Le Canada pourrait faire beaucoup plus pour conclure des partenariats avec la Russie, par exemple, dans
plusieurs domaines cruciaux comme ceux du matériel d’exploitation du pétrole et du gaz naturel, de
l’agriculture, de la cartographie de l’Arctique et des changements climatiques. Évidemment, les nouveaux
accords bilatéraux ne diminueront pas pour autant les efforts qui déboucheront, dans le cadre de
l’Organisation mondiale du commerce, sur un accord multilatéral qui servirait les intérêts du Canada.

                                                        Notre pays est vaste, et nous ne devons pas avoir peur
  « Les changements qui se produisent en                d’aborder ainsi le monde ni d’adopter une attitude défensive
  Asie sont profonds et, à mon avis, nous,              à cet égard. Certes, nous avons des intérêts nationaux et,
   les Canadiens, devons non seulement
                                                        pour les défendre, le gouvernement et le monde des affaires
  en prendre conscience mais également
     réfléchir à ce que nous ferons et à la
                                                        doivent avoir une présence qui se fait mieux sentir dans le
    manière dont nous tirerons profit de                monde. Il se peut que, pour défendre ardemment les intérêts
          cette énorme possibilité. »                   du Canada, nous devions examiner de près les offres d’autres
                                                        pays, par exemple, la prise en charge d’entreprises par des
               - Dominic Barton -
      Directeur général mondial chez McKinsey & Company
                                                        sociétés contrôlées par des gouvernements étrangers dans des
                                                        industries critiques. Nous appuierons nos fleurons nationaux et
                                                        assurerons la sécurité des Canadiens. Mais nous serons mieux à
même d’y réussir grâce à la force et à la maturité des relations que nous aurons établies avec d’autres pays.
Un accord sur les réseaux mondiaux fournira le mécanisme pour tenter de répondre à des intérêts communs
et protéger les intérêts nationaux à la fois.

Il en va de même pour les droits de la personne. Au XXIe siècle, il est révolu et unidimensionnel de penser
que l’amélioration des droits de la personne dans le monde entier passe par des débats interminables entre
ministres étrangers au profit des caméras.

De nos jours, les progrès en matière de droits de la personne et de possibilités humaines sont réalisés
grâce à des réseaux – grâce à une myriade d’interactions non seulement entre des dirigeants politiques
mais aussi entre des dirigeants commerciaux ; ils sont le fait de l’échange de connaissances, de l’aide au
développement, de la transmission du savoir-faire en matière de gouvernance, du dialogue entre les
religions, d’échanges jeunesse et d’échanges culturels, de l’éducation, des voyages et du tourisme, ainsi que
de la communication par voie numérique et en personne entre les gens. Autrement dit, en approfondissant
et en élargissant les interactions humaines, nous ferons progresser les droits de la personne. Les accords sur
les réseaux mondiaux contribueront à cette cause, car ils élargiront les interactions humaines et établiront
des relations plus mûres dans lesquelles le dialogue pourra s’épanouir avec le temps.

Les accords sur les réseaux mondiaux assureront en outre une atmosphère saine et respectueuse favorisant
le dialogue entre les gouvernements sur les droits de la personne. Dans le contexte d’un engagement
ferme de longue durée à l’égard du renforcement des relations, les Canadiens peuvent s’attendre à ce que
les échanges fructueux deviennent la norme. Évidemment, les accords internationaux ne peuvent à eux
seuls régler tous les problèmes en matière de droits de la personne. S’il est essentiel de respecter le droit
international, cela ne saurait suffire.

Le Canada est un pays de la région Asie Pacifique car il compte près de 4 millions de citoyens d’origine
asiatique, profite de nombreux liens familiaux, culturels et économiques avec cette région et dispose des
ports de mer les plus rapprochés de l’Asie et de routes aériennes efficaces liant l’Amérique du Nord et l’Asie
qui permettent la circulation dans les deux sens de biens, de personnes et de connaissances. En outre, avec
l’émergence de la Chine et de l’Inde en tant que leaders mondiaux du développement économique, la
croissance rapide d’autres pays asiatiques comme l’Indonésie et le Vietnam, de même que les partenaires
de longue date que sont le Japon et la Corée du Sud, l’avenir du Canada dans une économie mondiale qui
évolue rapidement sera de plus en plus axé sur l’Asie.
LE CANADA DANS LE MONDE : UNE STRATÉGIE DES RÉSEAUX MONDIAUX   12

Le Canada adoptera cette vision de l’avenir dans le cadre de sa Stratégie des réseaux mondiaux. Cela
signifie un leadership plus vigoureux de la part du gouvernement fédéral, au pays comme à l’étranger,
une collaboration avec les diverses diasporas, la promotion de l’apprentissage des langues asiatiques
et l’approfondissement par les fonctionnaires et les gens d’affaires canadiens de leurs connaissances
sur les cultures asiatiques. La Stratégie nécessite également une collaboration avec les provinces et les
établissements d’enseignement supérieur afin d’accroître de façon marquée la présence canadienne dans
les principaux marchés de l’Asie par le biais de notre savoir-faire en éducation, ainsi que la facilitation des
échanges constants d’étudiants entre le Canada et ses partenaires de la région Asie Pacifique. Voilà des
secteurs auxquels les accords sur les réseaux mondiaux donneront une nouvelle impulsion d’envergure.

Le service extérieur canadien doit jouer un plus grand rôle dans les efforts pour resserrer les liens du Canada
avec l’Asie. Les fonctionnaires et les spécialistes d’un bon nombre d’autres secteurs fonctionnels, comme le
commerce, les transports, les ressources naturelles, l’énergie, l’agroalimentaire et les finances doivent faire
de même, car notre réussite future repose dans une large mesure sur une meilleure compréhension de nos
partenaires asiatiques et sur le renforcement de nos liens avec eux.

Bien sûr, l’avenir du Canada en tant que pays de la région Asie Pacifique ne repose pas exclusivement sur le
travail de l’administration publique. Ce n’est pas d’hier que les entreprises canadiennes comptent sur une
devise faible et la proximité des États-Unis pour assurer leur rentabilité. Notre voisin américain demeurera
notre principal partenaire économique, mais notre avenir ne peut se restreindre à des relations avec ce seul
pays. À l’instar de leurs prédécesseurs devenus grands connaisseurs des États-Unis, les chefs d’entreprise
innovateurs apprendront à connaître à fond la Chine, c’est à dire ses besoins, ses tendances, ses régions, ses
peuples, ses coutumes, son histoire, sa culture, ses créneaux économiques et sa langue, bien sûr.

Après une longue collaboration avec le gouvernement de la Colombie Britannique, le gouvernement libéral
a annoncé en 2005 la Stratégie sur la porte d’entrée du Pacifique. La province demeure un chef de file de la
promotion des liens avec l’Asie. Le gouvernement Harper a maintenu les volets axés sur le commerce et le
transport, mais a restreint la portée de la stratégie. Il semble d’ailleurs s’être désintéressé de celle ci après
le versement de fonds pour l’infrastructure et la détérioration des relations avec la Chine découlant de
provocations inutiles de nature politique du gouvernement.

Le concept de porte d’accès constituait une occasion intéressante d’établir des relations avec des partenaires
commerciaux importants, par le groupement des principaux acteurs en chaînes d’approvisionnement
et de transport et leur adhésion à un objectif commun, soit celui d’accroître les échanges commerciaux
bidirectionnels. Intéressé, le secteur privé a fait sa part, mais le leadership politique fédéral a été de courte
durée : une présence lors des séances de photos pour le lancement de projets. Le gouvernement Harper n’a
d’ailleurs pas encore annoncé les deux stratégies promises sur les portes d’entrée, alors qu’une date butoir
était fixée à ce sujet dans les ententes officielles conclues avec des gouvernements provinciaux de la région
atlantique et du centre du Canada.

Il est possible pour le gouvernement fédéral d’exercer son leadership dans le domaine, s’il œuvre sans
relâche et en collaboration avec ses partenaires du secteur privé et d’ailleurs à améliorer les relations avec
ses homologues asiatiques et ainsi appuyer les intérêts économiques à long terme du Canada. Autrefois,
les politiques commerciales pouvaient être axées sur la promotion des intérêts canadiens au début et à la
fin des itinéraires d’exportation ; elles doivent maintenant chercher à aider les entreprises canadiennes à
investir et à participer aux chaînes et aux réseaux mondiaux qui régissent les échanges commerciaux au XXIe
siècle. En clair, notre prospérité future requiert la mise en œuvre d’une Stratégie des réseaux mondiaux.
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